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Mythologie
 
 

 

 

La troisième république (1870 - 1945)

CHAPITRE SIXIEME : La Seconde Guerre mondiale

(septembre 1939 à septembre 1945)

 

III : 1940

           

            1° La campagne de Norvège (avril à juin 1940) – Malgré la fin de la guerre d’Hiver, la France et l’Angleterre n’avaient pas abandonné leurs projets concernant les pays nordiques. En effet, ces deux pays étaient d’une grande importance stratégique, la Suède étant productrice de grandes quantités de fer, qui transitaient par la Norvège (alors que la mer Baltique était prise par les glaces en hiver, les matières premières étaient exportées via le port de Narvik, sur la façade atlantique.). Par ailleurs, le gouvernement britannique considérait qu’un débarquement dans les pays nordiques inciterait ces derniers à rejoindre le second conflit mondial, tout en évitant que la frontière franco-germanique ne soit une fois encore ravagée.

 

Côté allemand, le pays était dépendant des importations de fer suédois ; par ailleurs, la Norvège était considérée par les théoriciens du régime nazi comme le pays d’origine de la race aryenne[1].

Pendant l’hiver 1939-1940, l’OKW[2] reçut l’ordre d’Hitler d’élaborer un plan d’invasion de la Norvège (l’objectif n’était pas d’envahir le pays dans l’immédiat, mais de pouvoir réagir rapidement en cas de débarquement allié dans les eaux norvégiennes.).

 

a) L’incident de l’Altmark (février 1940) : à la mi-février 1940, le pétrolier allemand Altmark, détenant à son bord 300 prisonniers de guerre britanniques, reçut l’autorisation du gouvernement norvégien de naviguer dans les eaux du pays (les règlements internationaux stipulant qu’un navire belligérant peut s’abriter temporairement en eaux neutres, s’il en a reçu l’autorisation.).

Toutefois, faisant fi du droit international, le navire britannique HMS Cossack[3] décida de pénétrer dans le fjord, aborda l’Altmark, et libéra les prisonniers de guerre.

Le pétrolier Altmark.

 

Cet incident ne plut guère à la Norvège, qui craignait que ce viol de leur neutralité ne soit perçu comme un signe de faiblesse ; côté allemand, Hitler décida d’accélérer les plans d’invasions du pays, craignant un débarquement allié imminent (à noter qu’il fut aussi décidé de s’emparer du Danemark, en vue d’y installer une base arrière, même si ce pays n’était pas visé par les projets alliés.). 

Propagande allemande présentant les soldats britanniques comme des bouchers violant les lois de la guerre.

 

b) Le déclenchement de l’opération Weserübung (avril 1940) : l’opération Weserübung[4] fut déclenchée début avril 1940 (la propagande allemande présenta cette dernière comme une protection militaire de la neutralité norvégienne.).

 

Apprenant que la flotte allemande faisait route vers le nord, l’Etat-major britannique crut dans un premier temps qu’Hitler tentait de forcer le blocus[5]. Ce n’est que dans la soirée, lorsque de nouveaux rapports arrivèrent à Londres, faisant état d’une concentration de navires ennemis au sud de la Norvège, que l’Etat-major commença à douter de l’hypothèse d’une tentative de rupture du blocus.

 

Côté norvégien, plusieurs rapports signalèrent au gouvernement que des combats avaient eu lieu contre des navires allemands, et que ces derniers s’étaient emparés de plusieurs fortifications de côte.

Il fut donc décidé de procéder à une mobilisation partielle, le gouvernement norvégien donnant l’instruction de ne pas attaquer les navires franco-britanniques.

 

Le 9 avril, l’ordre fut donné aux troupes  allemandes de débarquer. C’est ainsi que plusieurs villes côtières furent prises en l’espace de quelques heures.

Le débarquement ne fut guère problématique à Narvik (deux navires norvégiens qui défendaient le port furent coulés.), Trondheim, Egersund et Bergen (même si la défense côtière parvint à endommager deux croiseurs allemand[6], elle fut toutefois contrainte de déposer les armes suite à l’arrivée de la Luftwaffe.).

Cependant, la résistance fut vive à Kristiansand (les Allemands trompèrent l’ennemi grâce à l’utilisation d’un code norvégien, profitant de la confusion pour débarquer.) et à Drobak, port protégeant l’entrée du fjord d’Oslo : deux croiseurs allemands furent endommagés (le Blücher coula avec l’essentiel du personnel administratif chargé de superviser l’occupation de la Norvège.), et la flotte fut contrainte de faire demi-tour afin de débarquer à quelques kilomètres au sud.

Cependant, si Oslo fut prise dès le lendemain par les troupes de la Luftwaffe, ce court laps de temps fut mis à profit pour évacuer le roi Haakon VII[7], le Parlement norvégien et le trésor national.

Haakon VII de Norvège.

 

c) L’invasion du Danemark (avril 1940) : alors que les troupes allemandes s’emparaient des ports norvégiens, le Danemark était envahi par la Wehrmacht.

L’armée danoise, de taille modeste et mal équipée, ne fut pas en mesure de résister, même si des accrochages plus sérieux eurent lieu autour du palais royal de Copenhague.

Le lendemain de l’invasion allemande, le roi Christian X[8] décida de capituler (à noter que l’essentiel de la flotte marchande danoise décida de rallier des ports alliés ou neutres ; quelques jours plus tard, les britanniques s’emparèrent des îles Féroé.).

Christian X du Danemark.

 

d) La première bataille de Narvik (10 avril 1940) : alors que les allemands s’étaient emparés d’une série de ports norvégiens dans la journée du 9 avril, l’Etat-major britannique décida dans l’après midi de débarquer ses troupes à Bergen. Cependant, des patrouilles de reconnaissance de la Royal Air Force[9] rapportèrent que les troupes allemandes étaient plus nombreuses que prévu, et disposaient vraisemblablement des batteries de défense côtière.

Cette information contraignit la flotte britannique à se replier plus au nord, d’autant plus qu’elle fut la cible des bombardiers de la Luftwaffe, qui coulèrent un destroyer.

 

La flotte britannique, comptant dix destroyers, décida de se diriger plus au nord, en direction de Narvik, plutôt que d’attaquer Bergen à nouveau. En effet, l’Etat-major avait appris par un officier posé à terre à 80 kilomètres de là, que le port était gardé par cinq destroyers et un sous marin.

 

A l’aube du 10 avril, les navires britanniques attaquèrent la flotte ennemie, profitant du brouillard pour bénéficier de l’effet de surprise.

Cette première bataille de Narvik permit aux Anglais de couler deux destroyers, et à endommager sévèrement un troisième. Cependant, n’ayant pas de troupes de débarquement, les navires britanniques furent contraints de faire demi-tour deux heures après le début de l’affrontement.

Diorama de la bataille de Narvik.

 

Cependant, en quittant le port de Narvik, la flotte britannique fut prise entre deux feux, et subit d’importants dégâts. Les Allemands, quant à eux, ne purent procéder à une poursuite plus efficace de l’ennemi, se trouvant à court de carburant.

 

Jusqu’à la mi-avril 1940, plusieurs opérations aériennes furent lancées par la Royal Air Force contre les ports norvégiens, parvenant à couler ou à endommager plusieurs navires de la Kriegsmarine.

 

e) La seconde bataille de Narvik (13 avril 1940) : le 12 avril, l’Etat-major britannique décida de lancer une nouvelle offensive contre Narvik, envoyant cette fois-ci une flotte composée d’un cuirassier et de huit destroyers.

 

Le 13 avril, un avion de reconnaissance fut envoyé dans la baie de Narvik (où il parvint à couler un sous-marin ennemi.), puis la flotte britannique passa à l’attaque.

Maquette de sous-marin allemand U-Boot 995, musée de la Marine, Paris.

Au cours de cette seconde bataille de Narvik, trois destroyers allemands furent détruits, cinq furent sabordés par leur équipage (qui se réfugia dans les montagnes avoisinantes.), et trois parvinrent à s’enfuir, déplorant un manque de munitions. Par ailleurs, les batteries côtières furent sévèrement endommagées.

 

Dans la soirée du 13 avril, la flotte britannique décida de se retirer, ayant éliminé toute présence allemande dans Narvik. Cependant, le port fut repris peu de temps après par la Wehrmacht, les alliés n’ayant pas débarqué de troupes à Narvik.

 

f) L’échec de l’opération Hammer (avril à mai 1940) : à la mi-avril, le gouvernement norvégien ayant fui Oslo, le pouvoir fut récupéré par Vidkun Quisling, ancien ministre de la Guerre, qui avait fondé en 1933 le parti fasciste Nasjonal Samling[10] (Quisling, s’inspirant du parti nazi, n’obtint que des résultats modestes : 2% aux élections législatives de 1933.).

Quisling, annonça sa nomination au poste de premier ministre lors d’une allocution radiophonique, annula l’ordre de mobilisation décrété par le gouvernement en exil.

Vidkun Quisling.

 

Toutefois, le colonel Otto Ruge[11], nommé à la hâte général par Haakon VII, refusa de céder face à l’armée allemande. Ainsi, ce dernier décida de s’établir sur une ligne Oslo-Trondheim, se lançant dans des opérations de guérilla.

Toutefois, les Allemands continuaient leur progression vers le nord, prenant Elverum le 20 avril.

Le général Otto Ruge.

 

Côté britannique, l’Etat-major prépara un plan d’attaque sur trois fronts, l’opération Hammer : un débarquement à Namsos, au nord (baptisé Force Maurice.) ; un débarquement à Andalsnes, au sud (Force Faucille.) ; et un débarquement à Trondheim, au centre (Force Marteau.).

Cependant, le plan initial fut remanié, et le débarquement sur Trondheim fut annulé (l’Etat-major britannique considérait qu’un assaut frontal sur cette position serait trop coûteux en vies humaines.).

 

A la mi-avril, la Force Maurice fut débarquée à Namsos. Cependant, privée de soutien aérien, elle fut la cible de la Luftwaffe, qui détruisit le petit port. Parvenant néanmoins à progresser jusqu’à Steinkjer, où les Britanniques firent jonctions avec une division norvégienne, ces derniers furent repoussés par les troupes allemandes.

Occupant Steinkjer, la Wehrmacht parvint à empêcher la jonction de la Force Maurice et de la Force Faucille, perturbant ainsi le bon déroulement de l’opération Hammer.

Troupes allemandes en Norvège.

 

Ayant débarqué à Andalsnes, les Britanniques se dirigèrent vers le village de Dombas, soucieux de rejoindre Trondheim au plus tôt. Cependant, en faisant jonction avec les forces du général Ruge, ce dernier indiqua que l’armée norvégienne n’était plus en mesure de stopper la progression allemande vers Trondheim.

Ainsi, la Force Faucille décida de marcher vers Lillehammer, au sud. Cependant, repoussés par la Wehrmacht, les Britanniques furent contraints de reculer vers Dombas, puis se réfugièrent à Andalsnes avec l’appui des troupes du général Ruge.   

 

Les deux forces expéditionnaires ayant échoué dans l’accomplissement de leurs missions, elles furent rapatriées en Angleterre au début du mois de mai 1940.

 

g) La troisième bataille de Narvik et l’opération Alphabet (avril à mai 1940) : alors qu’au cours de l’opération Hammer, la capture de Narvik n’était plus une priorité, l’échec des Forces Faucille et Maurice contraignit l’Etat-major britannique à s’intéresser davantage à la Norvège septentrionale[12].

 

Comme nous l’avons vu précédemment, la deuxième bataille de Narvik avait permit à la flotte anglaise de débarrasser ce port de toute présence allemande ; cependant, la Wehrmacht s’était rapidement emparé de Narvik quelques jours après l’affrontement, les alliés n’ayant procédé à aucun débarquement.

 

C’est ainsi qu’un contingent franco-britannique débarqua à Harstad à la mi-avril 1940, à une centaine de kilomètres de Narvik. Bientôt rejoint par plusieurs bataillons norvégiens, les alliés ne parvinrent toutefois pas à s’entendre sur la marche à suivre pendant plusieurs semaines, ce qui entraîna un retard dans la mise en place des opérations militaires.

 

A la mi-mai, les alliés, renforcés par cinq chars français, descendirent vers le sud, capturant Bjerkvik. Après quelques affrontements, les Allemands, se sachant entourés par l’ennemi, décidèrent d’évacuer Narvik à la fin du mois.

 

Cependant, l’opération Alphabet, prévoyant le rapatriement des toutes les troupes alliées stationnées en Norvège, avait été programmée peu de temps avant la prise de Narvik.

En effet, à la fin du mois de mai 1940, l’armée allemande avait lancé une grande offensive contre la France et la Belgique, et les Etats-majors français et britanniques avaient préféré rapatrier leurs troupes pour défendre la frontière.

 

Le rapatriement des soldats installés en Norvège s’effectua au cours de la première semaine de juin 1940.

Suite au départ des franco-britanniques, la Wehrmacht bombarda Narvik en représailles, entrainant la destruction d’une grande partie de la cité.

 

h) Bilan de la campagne de Norvège : l’invasion de la Norvège fut un franc succès pour Hitler, permettant à l’Allemagne nazie de sécuriser son approvisionnement en fer suédois, et offrant à la Luftwaffe un base avancée en Norvège. Par ailleurs, le blocus britannique destiné à étouffer l’économie allemande fut levé (ce qui handicapait la stratégie de défense française, qui comptait sur ce blocus pour épuiser l’Allemagne, comme cela avait été le cas en 1918.)

 

Toutefois, si les victimes du conflit restaient peu nombreuses (4 000 soldats tués et 1 500 blessés.), la flotte allemande déplorait de sérieuses pertes : trois croiseurs, dix destroyers et six sous-marins.

La Kriegsmarine, déjà inférieure à la Royal Navy[13], sortait donc très affaiblie de ce conflit. A noter néanmoins que la flotte anglaise avait elle aussi subi des dégâts (un porte-avions, deux croiseurs, sept destroyers et un sous-marin.), mais restait bien supérieure à celle de l’ennemi (d’autant plus que la Royal Navy fut renforcée par une partie des marines marchandes norvégienne et danoise.).

 

La grande majorité de la Norvège, contrairement à la France de Vichy, n’avait aucune estime pour Vidkun Quisling, qui profita des évènements pour établir une dictature dans le pays. Ainsi, la Norvège fut un des plus importants foyers de résistance en Europe, profitant de la neutralité de la Suède pour y entrainer ses troupes.

Le Danemark, bien qu’ayant été envahi par le troisième Reich, conserva une certaine autonomie ; la Suède, toujours neutre mais plus que jamais isolée, consentit à mettre en place une coopération économique avec l’Allemagne.

 

En Angleterre, l’échec des opérations norvégiennes furent très mal acceptées au Parlement. Ainsi, Chamberlain, premier ministre britannique, fut renversé au profit de Winston Leonard Spencer-Churchill[14] (plus connu sous le nom de Winston Churchill.) en mai 1940.

Winston Churchill.

 

            2° La bataille de France (mai à juin 1940) – Alors que la guerre faisait rage en Norvège, la drôle de guerre se poursuivait en France, le général Gamelin ayant refusé de lancer une offensive contre l’Allemagne.

 

a) Le ministère Reynaud (mars 1940) : En début d’année 1940, c’est une bataille politique qui se jouait à Paris, opposant les partisans de la poursuite de la guerre à ceux réclamant un armistice. 

Daladier ayant présenté sa démission, Lebrun décida de céder la charge de président du conseil à Paul Reynaud (22 mars 1940.).

Membre de l’AD, le nouveau venu confirma Chautemps à la vice-présidence du conseil, confiant à Sarraut le portefeuille de l’Education nationale, et confirmant Daladier au ministère de la Guerre. Par ailleurs, le colonel Charles de Gaulle[15] fut nommé secrétaire d’Etat à la Défense.

Le colonel de Gaulle (à droite) aux côté du président Lebrun (à gauche).

 

Le 27 mars, Reynaud signa un accord avec le gouvernement britannique, s’engageant à ne pas conclure de paix séparée ou d’armistice avec l’Allemagne.

 

b) La percée de Sedan (10 au 13 mai 1940) : C’est dans ce contexte politique tendu que la Wehrmacht passa à l’attaque le 10 mai 1940, mettant à exécution le Fall Gelb[16].  

A noter toutefois que sur les 3 000 chars alignés par l’armée allemande en septembre 1939, il n’en restait plus que 2 500 en mai 1940 ; toutefois, si à l’origine la Heer était équipée d’une majorité d’anciens modèles de Panzers, elle s’était équipé de nouveaux modèles : ainsi, au début de la bataille de France, l’armée allemande comptait 500 Panzer I, 1 000 Panzer II, 350 Panzer III et 300 Panzer IV (plus 300 chars tchécoslovaques LT vz 35 et LT vz 38[17].).

Panzer III.

 

La Belgique et les Pays-Bas[18] ayant été envahis par l’armée allemande, Gamelin décida de procéder à la manœuvre Dyle-Bréda, le généralissime étant convaincu que l’Etat-major allemand mettait à exécution le plan Schlieffen (qui prévoyait une invasion de la Belgique afin de contourner les lignes française.).

Cette manœuvre, vivement critiquée par de nombreux officiers, entraîna le départ vers la frontière hollandaise de la VII° Armée du général Henri Giraud[19], qui était à l’origine une armée de réserve[20].

Décoration du général Giraud, musée de l'Infanterie, Montpellier.

 

Mais le même jour, d’autres divisions allemandes envahirent la moitié sud de la Belgique ainsi que le Luxembourg, visant le massif des Ardennes, le point faible de la ligne de défense française.

Cette zone, que l’Etat-major français jugeait infranchissable par les troupes ennemies, était donc mal défendue (la ligne Maginot s’arrêtait quelques kilomètres avant.) ; moins bien équipée en matériel moderne ; enfin, les troupes de réserves chargées de protéger les Ardennes avaient été envoyées en Belgique, conformément à l’application de la manœuvre Dyle-Bréda. 

 

Les troupes allemandes, progressant dans la moitié sud de la Belgique, se dirigèrent vers Bouillon, au nord de la frontière française. L’objectif de la Wehrmacht était de traverser la rivière Semois afin de se diriger vers Sedan.

L’Etat-major français, averti de l’avancée allemande, ordonna la destruction du pont de Bouillon. Cependant, malgré l’importance de leur objectif, l’aviation militaire ne parvint pas à détruire le pont, laissant les Panzers traverser la frontière le 12 mai.

 

L’armée allemande, se dirigeant désormais vers Sedan, fut toutefois momentanément stoppée sur les rives de la Meuse, les ponts ayant été détruits par l’artillerie française.

 

La région de Sedan, visée par l’ennemi, était la charnière de deux secteurs, les ouvrages de Montmédy (ces derniers faisaient partie intégrante de la ligne Maginot.) et le massif des Ardennes.

Cette zone était défendue par la IX° Armée du général André Georges Corap[21] (installée sur la ligne Dinant-Sedan.) et la II° Armée du général Charles Huntziger[22] (Sedan-Longuyon.).

Les généraux André Georges Corap (à gauche) et Charles Huntziger (à droite).

Bien que constituant un point faible dans la ligne de défense française, la zone était malgré tout mal défendue. Près de 80% des soldats étaient en permission le 10 mai 1940 ; beaucoup de militaires étaient des réservistes issus de classes anciennes ; peu de canons antichars et de mines antichars avaient été distribués à la troupe ; enfin, les casemates en béton armé, érigées depuis le commencement de la guerre, restaient inachevés (pas de couleur camouflage, pas de portes blindées, pas de couverture mutuelle, etc.).

Toutefois, si le secteur des Ardennes constituait un véritable point faible, il faut savoir que l’Etat-major français s’était entêté à le laisser dans cet état. En effet, Gamelin avait reçu à plusieurs reprises des informations en provenance de Belgique, indiquant que l’offensive allemande viserait les Ardennes ; cependant, le généralissime avait décidé de ne pas en tenir compte.

 

Au petit matin du 13 mai, alors que les troupes allemandes s’apprêtaient à franchir la Meuse en direction de Sedan, la zone était pilonnée par la Luftwaffe.

Ainsi, le point de jonction entre la IX° et la II° Armée fut bombardé pendant plusieurs heures par près de 600 bombardiers HE-111 et 250 Stuka JU-88, ces appareils étant protégés par plus de 500 chasseurs Me-110.

Junkers JU-87.

Toutefois, malgré un bombardement ininterrompu qui dura jusqu’en début d’après midi, les casemates françaises étaient toujours intactes. Repoussant plusieurs offensives allemandes, les Français ne parvinrent toutefois pas à stopper l’avancée d’un bataillon allemand, qui s’infiltra dans une faille entre Glaire et Torcy-Ecluse. Ce bataillon, neutralisant plusieurs bunkers français en pris à revers, permit à de nombreux soldats de franchir la Meuse (cette tactique allemande, consistant à appuyer les troupes au sol par un renfort aérien, fut surnommée la Blitzkrieg[23] par la presse britannique.).

Avancée des troupes allemandes dans les Ardennes.

 

Côté français, la confusion était à son comble, les soldats subissant l’assaut allemand de plein fouet, les liaisons téléphoniques étant coupées, les tirs d’artillerie incertains, et les tranchées hors d’usage.

En fin d’après midi, une unité de DCA[24] se débanda, plongeant dans la panique les régiments alentours. Craignant que l’ennemi ne soit déjà à Bulson, au sud de Sedan, plusieurs milliers de soldats se débandèrent dans la panique.

Dans la confusion, plusieurs batteries d’artillerie lourde furent abandonnées, par ailleurs, plusieurs soldats continuèrent à se battre sur le front, ignorant ce qui se passait à l’arrière.

 

Les Allemands, restant maitres du terrain à la tombée de la nuit, commencèrent à construire des ponts flottants près de Floing à compter du 13 mai au soir, permettant aux Panzers et aux unités motorisées de traverser la Meuse à l’aube du 14.

 

c) Tentatives de contre-attaque (14 au 17 mai 1940) : dans un premier temps, l’Etat-major français considéra l’offensive menée contre Sedan comme un simple « incident local. » Ce n’est que dans la soirée du 13 mai, ayant appris que la position avait subi un intensif bombardement aérien, que le général Gamelin se rendit compte de la situation.

La percée de Sedan.

 

Dans un premier temps, l’Etat-major français donna l’ordre à l’aviation de bombarder les ponts flottants installés par les Allemands sur la Meuse.

C’est ainsi qu’une dizaine de LEO-451 et d’Amiot 143 tentèrent de détruire les installations ennemies, en vain (plusieurs appareils furent abattus le 14 mai par la DCA allemande.).

Lioré et Olivier LEO-451 (en haut) et Amiot 143 (en bas).

 

Cependant, les troupes françaises regroupées autour de Chéhéry, au sud de Sedan, tentèrent une contre-attaque, équipées de chars FCM 36. Les blindés allemands étant en train de traverser la Meuse, un premier bataillon de Panzers fut envoyé contre la position française, mais les FCM 36 firent beaucoup de dégâts.

Lieutenant de char français, uniforme modèle 1935, musée des Invalides, Paris.

Ce n’est qu’en début d’après-midi que les Français, encerclés, décidèrent de reculer.

 

A noter que d’autres combats se déroulèrent à Stonne, à une dizaine de kilomètres au sud de Bulson, du à compter du 15 mai 1940.

Les troupes françaises, équipés de chars lourds B1, firent face pendant plusieurs jours à une armée allemande dotée d’une forte supériorité numérique (40 000 Français et 130 chars contre 90 000 Allemands et 300 Panzers.).

Tank Renault B1.

Changeant de mains à plusieurs reprises, Stonne fut définitivement prise par la Wehrmacht le 17 mai, au prix de fortes pertes : 3 000 tués et 23 000 blessés côté allemand contre 1 000 tués et 6 500 blessés côté français (à noter que plusieurs poches de résistances continuèrent la lutte jusqu’à la fin du mois.).

 

d) L’opération Dynamo (17 mai au 4 juin 1940) : la percée de Sedan, loin d’être un simple « incident local », contribua à déstabiliser complètement la ligne de front. En effet, le général Corap n’ayant plus de liaison avec Sedan, ce dernier décida de se replier sur la frontière franco-belge ; cette décision contraignit la I° Armée qui combattait en Belgique à se replier sur les rives de l’Escaut.

 

Côté hollandais, la reine Wilhelmine avait quitté les Pays-Bas le 14 mai pour se rendre en Angleterre, laissant l’armée déposer les armes le même jour. Quant au général Giraud, à la tête de la VII° Armée (qui devait porter assistance aux Hollandais en application de la manœuvre Dyle-Breda.), il arriva après la reddition. Giraud reçut alors l’ordre du général Gamelin de se retirer vers la Somme, ce qui ne fit qu’ajouter à la confusion ambiante (d’autant qu’il fut capturé par les Allemands le 19 mai.).

Côté belge, la défection des hollandais menaçait désormais le flanc gauche de la ligne de front, d’autant plus que les munitions commençaient à manquer (principalement pour l’artillerie.).  

 

Le 19 mai, Reynaud décida de limoger Gamelin, qui fut remplacé par le général Maxime Weygand[25]. Le même jour, le président du conseil procéda à un remaniement ministériel : Reynaud récupéra le ministère de la Guerre ; Daladier reçut le portefeuille des Affaires étrangères ; enfin, le maréchal Philippe Pétain[26] fut nommé à la vice-présidence du conseil.

Le général Maxime Weygand (à gauche) et le maréchal Philippe Pétain (à droite).

Reynaud, faisant face à une situation dramatique, envisagea la formation d’un « réduit breton », ce qui permettrait à l’armée française de poursuivre la lutte (cependant, ce projet fut rapidement annulé.). 

 

Cependant, ce changement à la hâte au sein de l’Etat-major français ne fit que retarder la mise en place d’une contre-offensive, d’autant que Weygand demanda à rencontrer les généraux belges et britanniques avant d’adopter une stratégie.

Cette immobilité française eut d’importantes répercussions : ainsi, alors que la Wehrmacht s’avançait vers la Somme depuis les Ardennes (20 mai.), l’Etat-major britannique ordonna un repli via Dunkerque (25 mai.) ; les Belges, contraints d’étendre leur ligne de front pour remplacer les Anglais, furent contraints de déposer les armes, Léopold III[27] décidant de faire reddition le 26 mai[28].  

Allocution radiophonique de Léopold III.

 

Weygand, mis devant le fait accompli, décida de participer à l’opération Dynamo, destinée à rapatrier en Angleterre un maximum de soldats britanniques et français (toujours dans l’optique du « réduit breton ».).

En cette dernière semaine du mois de mai 1940, la situation était catastrophique. En effet, la Wehrmacht avait percé dans les Ardennes et sur la Somme : désormais, non seulement l’armée française était coupée en deux ; en outre, le million de soldats franco-britanniques, réfugié à Dunkerque, était pris en étau par l’ennemi.

 

Les Allemands ne perdirent pas de temps, atteignant Bourbourg le 24, cité se trouvant à seulement à vingt kilomètres de Dunkerque. Cependant, Hitler ordonna à ses troupes de marquer un coup d’arrêt le 27, sans que l’on en connaisse la raison aujourd’hui. Peut être voulait t’il faire reposer ses troupes avant de marcher sur Paris ; ou bien décida t’il de ménager l’Angleterre, espérant que les Britanniques acceptent de participer à la future expédition contre l’URSS ?

Quoi qu’il en soit, ce court laps de temps fut mis à profit par les troupes franco-britanniques, qui en profitèrent pour sécuriser leurs positions.

 

Dans un premier temps, Weygand tenta d’organiser une contre-attaque, mais en fut toutefois dissuadé par le général John Gort[29], chef du corps expéditionnaire britannique. Ce dernier considérait que l’évacuation par voie de mer était la seule option viable à long terme.

Ainsi, alors que le 26 la ligne de défense était établie sur une ligne Gravelines-Douai-Audenarde-Terneuzen, à la fin du mois le réduit français ne comptait plus qu’un corridor reliant Dunkerque à Nieuport (la garnison de Calais, isolée, avait déposé les armes le 27.). 

 

Début juin, la Wehrmacht reprit l’offensive, bombardant Dunkerque. En proie à la panique, les Britanniques firent leur possible pour rapatrier un maximum d’hommes et de matériel. L’opération Dynamo fut toutefois une réussite, 235 000 Britanniques et 115 000 Français ayant été évacués en l’espace d’une semaine.

L'opération Dynamo.

Le 4 juin, le dernier navire évacuait la cité, laissant cette dernière entre les mains de l’armée française (35 000 hommes au total, plus quelques centaines de Britanniques.). Le même jour, Dunkerque ouvrit ses portes aux troupes allemandes.

Soldats britanniques faits prisonniers à Dunkerque, juin 1940.

 

e) L’exode (juin 1940) : au début du mois de juin 1940, l’armée allemande approchait à grands pas de la capitale. C’est dans ce contexte que l’Etat-major allemand déclencha l’opération Paula le 3 juin, destinée à bombarder les aérodromes de la région parisienne. Toutefois, si l’offensive de la Luftwaffe se solda sur un échec[30], les Français perdirent 35 avions et eurent 900 tués et 250 blessés.

Puis, le 10 juin 1940, faisant face à la progression irrésistible de la Wehrmacht, le gouvernement français décida de se replier vers Tours. A cette occasion, Paris fut déclarée ville ouverte (c'est-à-dire qu’elle ouvrirait ses portes à l’ennemi sans combattre.) afin d’éviter un siège qui pourrait être destructeur.

Hitler pris en photo devant la tour Eiffel depuis le palais du Trocadéro, été 1940.

 

Le même jour, Mussolini décida de déclarer la guerre à la France, à une époque où la victoire de l’Allemagne semblait imminente. En effet, l’objectif de Mussolini était de mettre la main sur les terres irrédentes[31] appartenant à la France, tels que la Savoie, la région de Nice et la Corse[32] (Hitler avait indiqué à Mussolini qu’il pourrait annexer les territoires dont il réussirait à s’emparer.). Mais les Français, bien retranchés derrière la ligne Maginot, faisant face à une armée italienne désuète, parvinrent à repousser l’ennemi sur la frontière des Alpes.

Par ailleurs, le dictateur espagnol Francisco Franco[33], sommé par l’Allemagne de déclarer la guerre à la France, préféra ne pas intervenir.

A noter qu’au même moment, Staline profitait du chaos ambiant pour envahir les pays Baltes[34].

 

Cependant, alors que le gouvernement fuyait à Tours, l’annonce de l’arrivée imminente des troupes allemandes à Paris provoqua un mouvement de Panique en île de France.

Défilé des troupes allemandes sous l'arc de Triomphe.

Ainsi, alors que déjà quatre millions de Belges, Hollandais et Français des régions frontalières avaient quitté leurs habitations en mai 1940, plus de 6 millions de franciliens (dont les deux tiers de la population parisienne.) prirent à leur tour le chemin du sud.

Ces réfugiés, se déplaçant en voiture, en charriot et parfois à pied, n’arrivèrent toutefois pas tous à destination. Ainsi, les Français ayant quitté trop tard les régions du nord de la France furent pris en tenaille par l’armée allemande ; en outre, près de 100 000 civils furent victimes des attaques des stukas de la Luftwaffe.

Au final, l’on estime que près de 10 millions de Français (soit le quart de la population française.) participèrent à l’exode du printemps 1940.  

Scène de l'exode, été 1940.

 

A noter toutefois que ce mouvement de masse, déclenché à une époque où la guerre battait son plein, gêna considérablement les déplacements de l’armée française.

 

f) L’armistice (22 juin 1940) : le général Weygand, après avoir participé à l’opération Dynamo, décida de constituer une ligne de défense reliant la Somme à l’Aisne, baptisée la ligne Weygand.

Toutefois, privée du soutien belge et britannique, et souffrant d’un rapport de force devenu trop inégal, l’armée française ne parvint pas à tenir ses positions.

Ainsi, Weygand décida de faire reculer son armée sur le Cher, dans le courant du mois de juin.

 

A Tours, le gouvernement était dans une situation catastrophique, alors que les Allemands marchaient sur Paris (ils s’emparèrent de Rouen le 9 juin, de Compiègne le 12, et de la capitale le 14.).

Lors de la conférence de Briare[35], réunissant les 11 et 12 juin 1940 les dirigeants français et britanniques, de nombreuses divergences concernant la poursuite des opérations refirent surface : ainsi, alors que Churchill demandait la mise en place d’opération de guérilla afin de retarder l’avancée de l’ennemi, Weygand lui rétorqua que les lignes de défense étaient trop fragiles pour poursuivre la lutte. Par ailleurs, ce dernier éluda la stratégie du « réduit breton », ce qui contraignit Reynaud à se prononcer en faveur de la poursuite de la guerre en Afrique du nord.

A noter que Churchill s’inquiétait principalement du sort réservé à la marine française, alors la quatrième mondiale (derrière les Etats-Unis, l’Angleterre et le Japon.). Toutefois, l’amiral François Darlan[36] lui affirma qu’elle ne tomberait jamais entre les mains de l’Allemagne.

 

Le lendemain, une nouvelle réunion fut organisée, qui cristallisa encore plus les divergences. Désormais, les partisans de l’armistice étaient majoritaires (Pétain, Weygand, Pierre Laval[37], l’amiral Darlan.).

Pierre Laval et François Darlan.

Reynaud, malgré le soutien du chef de l’Etat et du général de Gaulle, décida alors de présenter sa démission dans la nuit du 16 au 17 juin 1940. Lebrun décida alors  de confier la charge de président du conseil au maréchal Pétain.

 

Ce dernier, rejoignant Bordeaux, constitua donc un nouveau gouvernement. Confirmant Chautemps à la vice-présidence du conseil, Pétain confia le ministère de la Défense nationale à Weygand ; l’amiral Darlan eut le portefeuille de la Marine marchande et militaire.

Ce gouvernement sans couleur politique particulière (la plupart des ministres étaient des militaires.) reçut toutefois le soutien des radicaux et des socialistes.

A noter que Laval, sollicité pour le ministère de la Justice, réclama le portefeuille des Affaires étrangères (qu’il avait longtemps occupé au cours des années 1930.). Toutefois, Pétain refusa de transiger, et comme Laval était un politique de premier rang, il fut décidé de lui céder la vice-présidence du conseil. 

 

Le 17 juin à midi, le nouveau président du conseil s’adressa à la population française lors d’une allocution radiophonique : Français! A l'appel de M. le président de la République, j'assume à partir d'aujourd'hui la direction du gouvernement de la France. Sûr de l'affection de notre admirable armée, qui lutte avec un héroïsme digne de ses longues traditions militaires contre un ennemi supérieur en nombre et en armes […], sûr de la confiance du peuple tout entier, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur. En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés, qui dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude. C'est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat. Je me suis adressé cette nuit à l'adversaire pour lui demander s'il est prêt à rechercher avec moi, entre soldats, après la lutte et dans l'honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités. Que tous les Français se groupent autour du gouvernement que je préside pendant ces […] dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour n'obéir qu’à leur foi dans le destin de la patrie.

Le maréchal Pétain, réclamant la fin des combats, ne fit qu’accentuer la confusion au sein de l’armée, à une époque où de nombreuses unités combattaient encore.

 

Le général de Gaulle, évincé du gouvernement par les pacifistes, avait rejoint Londres le 16 juin, muni d’un ordre de mission de Reynaud et d’une somme de 100 000 francs, afin de constituer une force française de résistance. Hostile à la décision du maréchal Pétain, de Gaulle prononça, le 18 juin 1940, un discours resté célèbre, mais passé quasiment inaperçu à l’époque : Le gouvernement français a demandé à l’ennemi à quelles conditions honorables pourrait cesser le combat. […] Nous avons été surpris et submergés par la force mécanique, la tactique de l'ennemi. Mais il y a, malgré tout, des raisons d’espérer. Croyez-moi, rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent nous apporter la victoire. La France n'est pas seule ! La France n'est pas seule ! La France n'est pas seule ! Elle peut faire bloc avec la Grande-Bretagne et disposer d’immenses réserves. La guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Toutes les fautes qui ont été commises n’empêcheront pas qu’un jour l’ennemi sera écrasé. Cela pourra se faire grâce à une force mécanique supérieure encore. Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent actuellement en Grande-Bretagne ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi. […] Quoi qu’il arrive, la force intérieure de la résistance des Français ne doit pas faiblir.

Au cours des mois qui suivirent, de Gaulle donna naissance à la France libre, une organisation de résistance extérieure destinée à poursuivre la lutte contre l’Allemagne.

Affiche résumant les discours du 18 et 22 juin 1940, baptisée à tort "appel du 18 juin", musée des Invalides, Paris.

 

Le gouvernement français ayant fait le choix d’entamer des pourparlers avec l’Allemagne, Hitler exigea que ces négociations s’effectuent dans la forêt de Compiègne, non loin de la commune de Rethondes, à bord de ce même wagon où la délégation allemande avait signé l’armistice du 11 novembre 1918[38].).

En tant que ministre de la Défense, Weygand posa trois vétos à la délégation française chargée de négocier les clauses de l’armistice (la guerre continuerait en cas de refus des autorités allemandes.) : occupation de tout le territoire métropolitain, livraison de la flotte française, installation de troupes allemandes dans les colonies françaises.

 

Côté allemand, Hitler avait fait le déplacement en personne, présidant la réunion inaugurale, le 21 juin 1940. Il était accompagné de Rudolf Hess[39] (il s’agissait d’un proche du Führer.), de Joachim von Ribbentrop[40] (ministre des Affaires étrangères du troisième Reich.), ainsi que de plusieurs officiers (le général Wilhelm Keitel[41], chef de la Wehrmacht, Hermann Goering[42], commandant de la Luftwaffe, et l’amiral Erich Raeder[43], commandant de la Kriegsmarine.).

De gauche à droite : Rudolf Hess, Joachim von Ribbentrop, Wilhelm Keitel, Hermann Goering et Erich Raeder.

Si la délégation allemande comptait des personnalités de premier rang, côté français l’on retrouvait une majorité d’officiers de second ordre, tels que le général Huntziger (représentant l’armée de terre.), le général Jean Bergeret (aviation.), le vice-amiral Maurice le Luc (Marine.), et le diplomate Léon Noël[44].

 

Après deux jours de discussions, l’armistice fut finalement signé dans la soirée du 22 juin 1940.

Les clauses étaient les suivantes : l’Alsace et la Lorraine étaient annexées par le troisième Reich ; la moitié nord de la France (ainsi que la côte atlantique.), passait sous domination allemande (la zone occupée.), le reste constituant la zone libre ; l’Empire colonial restait sous le contrôle du gouvernement français ; la France était chargée de pourvoir à l’entretien des forces d’occupations (soit plus de cent millions de francs par jour.) ; l’armée de la zone libre était limitée à 100 000 hommes ; la flotte française était épargnée, mais devait rejoindre ses ports d’attache de temps de paix (à savoir Cherbourg, Brest et Lorient, en zone occupée.) ; les prisonniers de guerre français (1.5 millions d’hommes.) resteraient en détention jusqu’à la signature d’un traité de paix définitif ; le gouvernement devait livrer au troisième Reich les réfugiés politiques allemands et autrichiens réfugiés en France ; enfin, les clauses de cet accord n’entreraient en application qu’après la signature d’un armistice avec l’Italie.

La signature de l'armistice, 10 juin 1940.

 

A noter qu’Hitler avait préféré laisser à la France sa souveraineté et son Empire colonial, car la Wehrmacht n’était pas en mesure de conquérir un territoire africain aussi vaste. Par ailleurs, le Führer souhaitait pouvoir s’attaquer au plus tôt à l’URSS, la conquête de l’Empire colonial français n’entrant pas dans ses plans.

 

A noter qu’à l’issue des pourparlers, le wagon de l’armistice fut envoyé en Allemagne, Hitler souhaitant effacer la défaite allemande de 1918[45].

Affiche de propagande allemande (la légende indique : "populations abandonnées, faites confiance au soldat allemand").

 

g) L’armistice franco-italien (24 juin 1940) : deux jours après la signature de l’armistice avec l’Allemagne, un second rendez vous fut mis en place, cette fois-ci avec l’Italie (l’objectif était de mettre un terme à la guerre franco-italienne qui s’était conclu sur un échec côté italien.).

 

La délégation française, présidée une fois encore par le général Huntziger, fut invitée à la villa Incisa, dans un village près de Rome. Côté italien, Mussolini étant absent, l’on retrouvait Gian Galeazzo Ciano[46], ministre des Affaires étrangères, et le maréchal Pietro Badoglio[47].

 

Après quelques heures de négociations, l’armistice fut signé dans la soirée du 24 juin 1940.

 

Alors que Mussolini avait affirmer sa volonté d’annexer la Provence, Nice, la Savoie, la Corse, ainsi que la Tunisie, la Somalie française, Alger, Oran et Casablanca, Hitler lui avait fait remarquer que ses prétentions étaient démesurées. Ainsi, le Duce[48] fut contraint de se contenter d’une petite zone d’occupation en Savoie et sur la côte d’Azur (soit 800 km² au total.).

Par ailleurs, une zone démilitarisée, d’une largeur de 50 kilomètres, reliait la frontière suisse à la Méditerranée (une autre zone démilitarisée fut mise en place en Algérie et en Tunisie le long de la frontière libyenne.).  

 

La signature de l’armistice italien permit aux deux accords d’entrer en vigueur le 25 juin à minuit trente.

 

A noter toutefois que malgré la signature de ces armistices, plusieurs régiments de la ligne Maginot refusèrent de déposer les armes, certaines unités poursuivant la lutte jusqu’à la mi-juillet 1940.

 

h) Le bilan de la campagne de France : malgré une légende tenace qui affirme que les soldats français se rendirent sans combattre, lors de l’offensive allemande, les chiffres nous donnent un éclairage bien différent.

Ainsi, en l’espace de six semaines, près de 85 000 soldats furent tués, pour près de 120 000 blessés et 1.8 millions de prisonnier.

 

Les pertes françaises étaient bien supérieures à celles des pays voisins : 6 000 tués et blessés pour la Pologne ; 12 000 morts, 15 000 blessés et 300 000 prisonniers pour la Belgique ; 3 000 tués et 7 000 blessés côté hollandais ; 3 500 morts, 13 000 blessés et 48 000 prisonnier pour la Grande-Bretagne ; enfin, côté allemand, l’on dénombrait 27 000 tués, 110 000 blessés et 18 000 prisonniers et disparus.

 

Caricature britannique critiquant la signature de l'armistice (Marianne, enchainée et aveuglée, signe le document sous la pression d'Hitler et de Mussolini).

 

            3° La création du régime de Vichy (juillet 1940) – Bordeaux ayant été rétrocédée à l’Allemagne en vertu de l’armistice du 22 juin, le maréchal Pétain, le gouvernement et le Parlement décidèrent de s’installer à Vichy, cité thermale située à quelques dizaines de kilomètres de la zone de démarcation.

 

a) La révision constitutionnelle (10 juillet 1940) : depuis la mi-juin 1940, date de la nomination du maréchal Pétain au poste de président du conseil, de nombreux parlementaires évoquaient une possible réforme des actes constitutionnels de 1875[49], afin de donner plus d’autorité au pouvoir exécutif.

Toutefois, si les décrets de l’époque conféraient au chef de l’Etat de fortes responsabilités (dissolution de la Chambre des députés, initiative des lois, chef des armées, etc.), le rôle de ce dernier avait été réduit à sa portion congrue suite à l’adoption de la constitution Grévy[50], qui avait consacré l’effacement présidentiel.

 

Ainsi, alors que Laval était favorable à l’adoption d’une nouvelle constitution, plusieurs députés, tels que Pierre Etienne Flandin[51], proposèrent que le maréchal Pétain soit nommé président de la république, en remplacement de Lebrun[52] (ce qui permettait de revenir aux actes de 1875 stricto sensu, sans procéder à aucun remaniement constitutionnel.).

Cette proposition fut toutefois écartée par le chef de l’Etat, qui refusait d’abandonner sa charge au profit du maréchal qu’il n’appréciait guère.

 

A la fin juin, Laval proposa donc aux députés un projet de nouvelle constitution, conférant les pleins pouvoirs au gouvernement, sous l’autorité du maréchal Pétain.

De nombreux députés y furent favorables, à une époque où un renforcement des pouvoirs exécutifs était vivement souhaité (l’effacement présidentiel ayant montré ses limites lors de la bataille de France.).

Le projet de Laval, accepté le 4 par le gouvernement, fut présenté le 8 aux députés.

 

Le 9 juillet, les deux chambres s’étant prononcées à la quasi-unanimité sur une révision constitutionnelle, la Chambre des députés et le Sénat se réunirent le lendemain en assemblée nationale au sein de la salle d’Opéra du casino de Vichy.

Députés et sénateurs réunis au sein de la salle d'Opéra du casino de Vichy, 9 juillet 1940.

 

Laval, soucieux que la réforme constitutionnelle soit adoptée, multiplia les promesses quant à l’avenir du régime, tentant de rassurer les députés et les sénateurs du bien fondé de la révision. Ainsi, ce dernier en appela à l’aura du maréchal Pétain, le vainqueur de Verdun[53] ; affirma que les chambres continueraient à fonctionner ; que la future constitution, ratifiée par la nation, entraînerait la mise en place d’un régime plus solide ; etc.

Dans l’après-midi du 10 juillet, les parlementaires se préparèrent à voter la réforme constitutionnelle. A noter toutefois que Laval décida de voter le texte à la majorité des suffrages exprimés, et non à la majorité des membres de l’assemblée nationale[54].

Au final, la réforme constitutionnelle fut adoptée à 569 voix contre 80[55].

Caricature britannique critiquant la réforme constitutionnelle de juillet 1940 (Marianne, enchainée, arbore une robe parsemée de croix gammées, élaborée par le "tailleur Laval". Hitler, quant à lui, assiste à la scène d'un air satisfait).

 

b) Les premiers actes constitutionnels du maréchal Pétain (juillet 1940) : le maréchal Pétain ayant désormais les mains libres, il promulgua dès le 11 juillet les trois premiers actes constitutionnels.

 

Pétain, désormais « chef de l’Etat », abrogeait de facto l’amendement wallon[56], qui stipulait que le président de la république était élu pour sept ans par le peuple français.

Le second acte conférait au chef de l’Etat les pouvoirs exécutifs et législatifs, le troisième acte ajournait les chambres jusqu’à convocation ultérieure[57].

C’est dans ces conditions que le terme de république française fut remplacé dans tous les documents officiels par Etat français.

 

En parallèle de ces actes constitutionnels (neuf autres furent adoptés d’ici novembre 1942.), Pétain décida de dissoudre la franc-maçonnerie et les sociétés secrètes. Tous les fonctionnaires d’obédience maçonnique (plus de 2 000.) furent alors limogés (13 août 1940.) ; puis, pendant l’été, furent arrêtés les anciens ministres et hommes politiques jugés responsables de la défaite (leur procès s’offrit en février 1942[58].).

 

A noter enfin que le 16 juillet 1940, Laval procéda à un remaniement ministériel[59], confirmant Weygand et Darlan respectivement à la Guerre et à la Marine (le vice-président du conseil récupéra le portefeuille des Affaires étrangères à la fin octobre 1940.).

 

c) Les réactions internationales (été 1940) : si à l’origine, le général de Gaulle n’était entouré que de 7 000 hommes, plusieurs colonies décidèrent de se rallier à la France libre pendant l’été 1940, notamment après la promulgation des actes constitutionnels du régime de Vichy : le Tchad, le Cameroun, le Congo, l’Oubangui et Chari[60], les comptoirs d’Inde, la Nouvelle-Calédonie, etc.

 

De Gaulle, présent à Brazzaville en octobre 1940, prononça le discours suivant : La France traverse la plus terrible crise de son Histoire. Ses frontières, son Empire, son indépendance et jusqu'à son âme sont menacés de destruction. Cédant à une panique inexcusable, des dirigeants […] ont accepté et subissent la loi de l'ennemi. Cependant, d'innombrables preuves montrent que le peuple et l'Empire n'acceptent pas l'horrible servitude. Des milliers de Français ou de sujets français ont décidé de continuer la guerre jusqu'à la libération. Des millions et des millions d'autres n'attendent, pour le faire, que de trouver des chefs dignes de ce nom. Or, il n'existe plus de gouvernement proprement français. En effet, l'organisme sis à Vichy et qui prétend porter ce nom est inconstitutionnel et soumis à l'envahisseur. Dans son état de servitude, cet organisme ne peut être et n'est, en effet, qu'un instrument utilisé par les ennemis de la France contre l'honneur et l'intérêt du pays. Il faut donc qu'un pouvoir nouveau assume la charge de diriger l'effort français dans la guerre. Les événements m'imposent ce devoir sacré, je n'y faillirai pas. J'exercerai mes pouvoirs au nom de la France et uniquement pour la défendre, et je prends l'engagement solennel de rendre compte de mes actes aux représentants du peuple français dès qu'il lui aura été possible d'en désigner librement. […] J'appelle à la guerre, c'est-à-dire au combat ou au sacrifice, tous les hommes et toutes les femmes des terres françaises qui sont ralliées à moi. En union étroite avec nos Alliés, qui proclament leur volonté de contribuer à restaurer l'indépendance et la grandeur de la France, il s'agit de défendre contre l'ennemi ou contre ses auxiliaires la partie du patrimoine national que nous détenons, d'attaquer l'ennemi partout où cela sera possible, et de mettre en œuvre toutes nos ressources militaires, économiques, morales, de maintenir l'ordre public et de faire régner la justice. Cette grande tâche, nous l'accomplirons pour la France, dans la conscience de la bien servir et dans la certitude de vaincre.

 

Le général de Gaulle instaurait ainsi le conseil de défense de l’Empire, organe gouvernemental de la France libre (à noter que ce dernier était constitué d’officiers.).

Plaque de la place Carlton Gardens, siège de la France libre à Londres, musée des Invalides, Paris.

 

 

A l’étranger, les réactions furent diverses. Côté britannique, le gouvernement Churchill confirma son soutien au général de Gaulle ; par contre, le président américain Franklin Delano Roosevelt préféra préserver des relations diplomatiques avec Vichy (de Gaulle étant considéré comme un « apprenti-dictateur » par Washington[61], même si la presse était majoritairement favorable à la France libre.)

 

d) Politique intérieure du régime de Vichy : Pétain, qui avait annoncé sa volonté de se sacrifier pour le bien être de la nation dans son discours du 17 juin, faisait encore bonne figure malgré ses 85 ans. Toujours auréolé par le rôle qu’il avait joué pendant la première guerre mondiale, et particulièrement à Verdun, le maréchal reçut à l’été 1940 l’approbation d’une majorité de Français.

 

Pétain personnifiant le régime de Vichy, une intense propagande fut rapidement mise en place, présentant le maréchal comme l’homme-providence du nouvel Etat.

C’est ainsi que la francisque[62], emblème du maréchal, fut frappée sur les pièces de monnaie ; la devise « travail, famille, patrie[63] » remplaça le traditionnel « liberté, égalité, fraternité » hérité de la Révolution française ; enfin, si la Marseillaise demeurait hymne national de l’Etat français, la chanson « maréchal, nous voilà ! » fut abondamment utilisé par la propagande.

La francisque pétainiste accompagnée de la devise du régime de Vichy : "travail, famille, patrie".

 

L’idéologie du régime de Vichy fut exposée plus en détail par Pétain lui-même dans son long discours du 11 octobre 1940 : Français, la France a connu, il y a quatre mois, l'une des plus grandes défaites de son histoire. […] Le désastre n'est […] que le reflet, sur le plan militaire, des faiblesses et des tares de l'ancien régime politique. Ce régime, pourtant, beaucoup d'entre vous l'aimaient. Votant tous les quatre ans, vous vous donniez l'impression d'être les citoyens libres d'un État libre, aussi vous étonnerai-je en vous disant que jamais, dans l'histoire de la France, l'État n'a été plus asservi qu'au cours des vingt dernières années. […] Par des coalitions d’intérêts économiques et par des équipes politiques ou syndicales prétendant […] représenter la classe ouvrière. […] Des majorités se succédaient au pouvoir, animées trop souvent du souci d'abattre la minorité rivale. Ces luttes provoquaient des désastres. […] Tout criait l'impuissance d'un régime [qui] s'acheminait ainsi, à grands pas, vers une révolution politique que la guerre et la défaite ont seulement hâtée. […] Un jour de septembre 1939, […] une guerre presque perdue d'avance, fut déclarée. Nous n'avions su ni l'éviter, ni la préparer. C'est sur cet amas de ruines qu'il faut, aujourd'hui, reconstruire la France. L'ordre nouveau ne peut, en aucune manière, impliquer un retour […] aux erreurs qui nous ont coûté si cher. […] L'ordre nouveau ne peut être une imitation servile d'expériences étrangères. […] Chaque peuple doit concevoir un régime adapté à son climat et à son génie. L'ordre nouveau est une nécessité française. Nous devrons […] réaliser dans la défaite la révolution que, dans la victoire, dans la paix […] nous n'avons même pas su concevoir. Le régime nouveau […] doit se libérer de ces amitiés ou de ces inimitiés, dites traditionnelles. […] Il remettra en honneur le véritable nationalisme, celui qui, renonçant à se concentrer sur lui-même, se dépasse pour atteindre la collaboration internationale. Cette collaboration, la France est prête à la rechercher. […] L'Allemagne peut […] choisir entre une paix traditionnelle d'oppression et une paix toute nouvelle de collaboration. […] L'Allemagne peut préférer une paix vivante pour le vainqueur, une paix génératrice de bien-être pour tous. Le régime nouveau sera une hiérarchie sociale. Il ne reposera plus sur l'idée fausse de l'égalité naturelle des hommes, […] seuls le travail et le talent deviendront le fondement de la hiérarchie française. […] Ainsi renaîtront les élites véritables que le régime passé a mis des années à détruire. […] Devant la faillite universelle de l'économie libérale, presque tous les peuples se sont engagés dans la voie d'une économie nouvelle. Nous devons nous y engager à notre tour. […] Deux principes essentiels nous guideront : l'économie doit être organisée et contrôlée. […] Une monnaie saine est […] une monnaie qui permet de satisfaire aux besoins des hommes. Notre nouveau système monétaire […] implique un double contrôle : sur le plan international, contrôle du commerce extérieur […] ; sur le plan intérieur, contrôle vigilant de la consommation et des prix, afin de maîtriser le pouvoir d'achat. […] Ce système […] n'est conçu qu'en fonction de l'intérêt national. Que la classe ouvrière et la bourgeoisie fassent, ensemble, un immense effort pour échapper aux routines de paresse et prennent conscience de leur intérêt commun de citoyen, dans une nation désormais unie. Telle est, aujourd'hui, Français, la tâche à laquelle je vous convie. Il faut reconstruire. Cette reconstruction, c'est avec vous que je veux la faire. […] Une révolution ne se fait pas seulement à coups de lois et de décrets. Elle ne s'accomplit que si la nation la comprend et l'appelle, que si le peuple accompagne le gouvernement dans la voie de la rénovation nécessaire. Bientôt, je vous demanderai de vous grouper pour qu'ensemble réunis autour de moi, […] vous meniez cette révolution jusqu'à son terme, […] en faisant régner, dans la France nouvelle, la véritable fraternité nationale.

 

Ce discours, prononcé dix jours avant l’entrevue de Montoire[64], permettait au maréchal d’exposer ses idées directrices. Ainsi, ce dernier fustigeait la politique pacifiste menée par le gouvernement français depuis les années 1920, ainsi que les luttes de pouvoirs générées par la république, qui avaient entraîné la France sur le chemin de la guerre.

Pétain, affirmant sa volonté de faire table rase du passé, proclamait donc la mise en place d’un « ordre nouveau », premier pas vers la « révolution nationale. » Afin d’atteindre son objectif, Pétain annonçait l’adoption de mesures protectionnistes, afin de lutter contre la hausse des prix, tout en réclamant l’adhésion de toute la nation au nouvel Etat français.

Enfin, le maréchal annonçait la mise en place d’une politique de collaboration avec l’Allemagne, volonté n’émanant pas d’Hitler mais de Pétain lui-même. A l’été 1940, la victoire de l’Allemagne nazie semblait inéluctable. Le maréchal souhaitait donc que la France ne soit pas traitée en vaincue mais en alliée de l’Allemagne. Son objectif était donc de collaborer avec l’occupant afin de lui prouver sa bonne foi. Toutefois, chose dont Pétain ne prit jamais réellement conscience, Hitler était résolument francophobe, et en cas de victoire ne comptait réserver aucun régime de faveur envers la France.

Affiche de propagande vichyste, glorifiant la révolution nationale (l'illustration présente deux maisons d'aspects très différents. A gauche, une masure délabrée "France et compagnie", surmontée d'un drapeau rouge et d'une étoile de David, dont les fondations effondrées sont représentées par le communisme, le capitalisme, le radicalisme, le parlement, l'antimilitarisme, les juifs, la paresse, la démagogie et l'internationalisme. A Droite, la maison "France", installée sur des bases solides : travail, famille, patrie, discipline, ordre, épargne, paysannerie, école, artisanat, etc.)

 

Afin d’asseoir son autorité, Pétain n’hésita pas à faire appel à l’Eglise catholique, qui avait été la cible des gouvernements anticléricaux depuis le début du XX° siècle[65].

Ainsi, les religieux reçurent l’autorisation d’enseigner dans les établissements publics (septembre 1940.) ; en outre, l’enseignement privé reçut d’importantes subventions.

A noter toutefois que de nombreux membres du clergé prirent leurs distances envers le régime de Vichy au cours des années, principalement en raison de la politique antisémite menée par l’Etat français.

 

Enfin, les associations d’anciens combattants (déjà acquises à la cause pétainiste à cette date.) furent fusionnées en août 1940 au sein de la Légion française des combattants.

L’un des principaux buts de cette organisation était de propager la Révolution nationale, la Légion étant divisée en section départementales.

Par ailleurs, afin d’inclure au sein de l’organisation les jeunes n’ayant pu participer à la première au à la deuxième guerre mondiale, la légion fut rebaptisée Légion française des combattants et des volontaires de la Révolution nationale en novembre 1941.

A son apogée, cette organisation comptait près de 1.5 millions de membres (en métropole et dans les colonies.). Ses effectifs déclinèrent rapidement à compter de l’hiver 1942 et de la fascisation du régime de Vichy.  

Affiche de propagande vichyste en faveur de la Légion française des combattants (la légende indique "la Légion française veut faite la révolution pour la famille).

 

e) Les décrets antisémites du régime de Vichy (été à hiver 1940) : se calquant sur les décrets promulgués par l’Allemagne nazie, le régime de Vichy adopta à partir de l’été 1940 une série de mesures ouvertement antisémites.

 

Ainsi, un premier Statut des Juifs, promulgué le 3 octobre 1940, interdit aux Français de confession juive d’exercer un certain nombre de professions (fonctionnaire, journaliste, chef d’entreprise, etc.), tout prévoyant l’internement de tous les juifs étrangers installés sur le sol français.

Au même moment fut aboli le décret Crémieux de 1870, qui accordait la nationalité française à tous les juifs d’Algérie.

Une du quotidien collaborationniste "Le Matin", annonçant la promulgation du statut des juifs.

 

A noter que les mesures antisémites ne firent que s’aggraver au fil des années[66].

 

f) L’entrevue de Montoire (24 octobre 1940) : le régime de Vichy ayant été instauré depuis maintenant plusieurs mois, une rencontre entre Hitler et Pétain fut organisée à Montoire-sur-le-Loir, le 24 octobre 1940 (à noter que le Führer rentrait d’Hendaye, non loin de la frontière espagnole, où il avait en vain tenté de convaincre le général Franco de participer à la guerre.).

Après avoir échangé une poignée de main sur le quai de la gare, Hitler et Pétain prirent place dans le Führersonderzug, le train spécial du Führer.

L'entrevue de Montoire.

 

Le maréchal, qui comme nous l’avons vu était prêt à démontrer sa bonne foi pour faire de la France une alliée de l’Allemagne, n’obtint que des vagues promesses de la part du Führer.

En effet, Hitler ne souhaitait pas faire de la France une nation alliée, bien au contraire. Ainsi, ce dernier accepta le principe de la collaboration franco-allemande, sans pour autant conclure d’accords concrets avec le maréchal.

Exploitant ce désir français de s’ériger en allié de l’Allemagne via la collaboration, le Führer ne fit que durcir les conditions d’occupation, sans jamais concéder de contreparties en retour.

Affiche de propagande vichyste (la légende indique : "Français ! Vous n'êtes ni vendus, ni trahis, ni abandonnés. Venez à moi avec confiance").

 

g) L’éviction de Laval (décembre 1940) : les seul gestes du troisième Reich, suite à l’entrevue de Montoire, furent la rétrocession à la France des cendres du duc de Reichstadt[67], fils de Napoléon I°, à la mi-décembre 1940 ; mais aussi la libération de quelques prisonniers de guerre français (anciens combattants de la première guerre mondiale, agriculteurs, fils aînés de familles de quatre enfants, etc.). Toutefois, 1.5 millions de soldats restaient en détention en Allemagne.

Le retour des cendres du duc de Reichstadt, décembre 1940.

 

En fin d’année 1940, Laval multiplia les attentions à l’égard de l’Allemagne. Partisan d’une offensive commune contre la Grande-Bretagne, il céda aux Allemands la majorité des actions des mines de Bor, en Serbie (6 novembre.) ; fit livrer au troisième Reich l’or que le gouvernement belge avait confié à la France au printemps 1940 (29 novembre.) ; enfin, il se rapprocha de l’Etat-major allemand en vue d’une action commune contre l’AEF (2 décembre.). 

 

Cette politique, outrepassant largement les conditions de l’armistice, fut vivement critiquée par Pétain, qui décida de procéder à un remaniement ministériel le 13 décembre 1940.

Ainsi, Pierre Etienne Flandin fut nommé vice-président du conseil et ministre des Affaires étrangères ; l’amiral Darlan conservait le ministère de la Marine ; Weygand fut nommé délégué général en Afrique du nord et commandant en chef des forces françaises en Afrique du nord ; enfin, le général Huntziger reçut le portefeuille de la Guerre.

 

Cette décision d’évincer Laval ne plut guère aux Allemands, qui demandèrent des comptes au maréchal (ce dernier répondit que l’ancien vice-président du conseil n’avait plus sa confiance.).

En représailles, Berlin fit strictement fermer la ligne de démarcation, à compter du 18 décembre 1940 ; le 30 janvier 1941, les Allemands réclamèrent 400 millions de francs par jour pour les frais d’occupation (contre 100 à l’origine.).

Uniforme de Feldgendarme (la Feldgendarmerie, unité policière au sein de l'armée allemande, avait une fonction de maintien de l'ordre. En France, elle participa entre autres à la surveillance de la ligne de démarcation).

 

            4° La bataille d’Angleterre (juillet 1940 à mai 1941) – Depuis la signature de l’armistice franco-allemand, la Grande-Bretagne se retrouvait isolée, privée d’alliés sur le continent.

Côté allemand, l’invasion de l’Angleterre n’était pas à l’ordre du jour, Hitler souhaitant se lancer au plus tôt dans sa conquête de l’URSS. En effet, le Führer considérait que le gouvernement Churchill ne tarderait pas à son tour à demander un armistice, voire même qu’il accepterait de rejoindre la guerre contre les soviétiques[68].

 

Toutefois, Churchill ayant annoncé son intention de refuser toute négociation avec l’Allemagne, Hitler se rapprocha de la Kriegsmarine en vue d’élaborer un plan d’invasion de l’Angleterre.

L’amiral Raeder lui affirma alors que pour qu’un débarquement s’effectue dans de bonnes conditions, l’Allemagne devait avant tout s’assurer de la supériorité aérienne du ciel britannique (à noter que la flotte allemande, déjà inférieure à la Royal Navy lors du déclenchement de la guerre, avait perdu plusieurs navires au cours de la campagne de Norvège.).

 

C’est ainsi que fut élaboré l’opération Lion de Mer[69], dont la mise en œuvre était prévue pour la mi-septembre 1940. Mais encore une fois, Hitler espérait que l’annonce de ses projets d’invasion de l’Angleterre provoque une panique à Londres et contraigne le gouvernement à transiger.

 

a) L’opération Catapult : alors que le gouvernement Reynaud avait affirmé à Churchill que la marine française ne passerait jamais sous contrôle allemand, les conditions d’armistices stipulaient que la flotte restait à disposition du gouvernement français, mais devait rejoindre ses ports d’attache de temps de paix (à savoir Cherbourg, Brest et Lorient, en zone occupée.). Ainsi, l’objectif d’Hitler était de placer la flotte française sous surveillance, voire de s’en emparer au besoin.

Maquette du porte-avions français le Béarn, dérouté vers les Antilles suite à l'armistice, musée de la Marine, Paris.

 

Le 22 juin, le gros de la flotte française se trouvait dans les ports de Dakar, Mers-el-Kébir et Alexandrie ; les navires français les plus anciens ayant été sabordés dans les ports de Cherbourg, Brest et Lorient. Enfin, l’on retrouvait une centaine de navires dans les ports britanniques de Plymouth et Portsmouth, s’étant réfugiés là suite à l’opération Dynamo.

C’est dans ces conditions que fut élaborée l’opération Catapult, visant à s’emparer ou à couler la flotte française sous contrôle du régime de Vichy. A noter toutefois que cette opération souhaitée par Churchill ne fit pas l’unanimité au sein de l’amirauté britannique, de nombreux officiers craignant d’entrainer une radicalisation du régime de Vichy.

 

La capture des navires français mouillant dans les ports britanniques se fit sans difficultés le 2 juillet 1940.

 

Le lendemain, une escadre britannique commandée par l’amiral James Fownes Somerville se présenta à Mers-el-Kébir, sommant la flotte française de rejoindre les ports anglais afin de poursuivre la guerre, de partir pour les Etats-Unis[70], ou bien de se saborder.

Toutefois, après plusieurs heures de négociations, Somerville capta un message selon lequel l’escadre de Mers-el-Kébir allait bientôt recevoir des renforts. Ainsi, ce dernier ordonna d’ouvrir le feu. En l’espace d’une dizaine de minutes, la flotte française subit d’importants dégâts, causant la mort de plus d’un millier d’hommes.

La bataille de Mers-el-Kébir.

 

Le 4 juillet, une escadre britannique commandée par l’amiral Andrew Browne Cunningham se rendit à Alexandrie, autre port d’attache de la marine française. L’officier anglais entra alors en contact avec l’amiral René-Emile Godfroy, qu’il connaissait bien.

Après plusieurs heures de négociations, les deux hommes conclurent un accord : la flotte française devait vider ses soutes à mazout, retirer les mécanismes de tir des canons, et débarquer une partie des équipages[71].

 

Enfin, une dernière escadre britannique envoya un ultimatum à la flotte française réfugiée à Dakar, le 7 juillet 1940. Les officiers français, indigné par les évènements de Mers-el-Kébir, refusèrent d’y répondre. Dès le lendemain, le cuirassier Richelieu, fleuron de la marine française, fut torpillé par des avions Fairey Swordfish[72] lancés depuis un porte-avion britannique, et gravement endommagé.

Maquettes de navires français de la seconde guerre mondiale, le haut en bas, le cuirassier Richelieu, le cuirassier Jean Bart, le cuirassier Dunkerque et le croiseur l'Algérie, musée de la Marine, Paris.

 

Au final, l’opération Catapult fut un franc succès pour la flotte britannique, qui s’assurait ainsi du contrôle des mers ; cependant, l’attaque provoqua une vive émotion en France, ce qui contribua à accroitre un sentiment d’anglophobie en sommeil depuis le premier conflit mondial. A l’annonce de ce coup de force, Laval et Darlan réclamèrent l’entrée en guerre de la France contre l’Angleterre, mais en furent dissuadés par Pétain.

Affiche de propagande du régime de Vichy, fustigeant les offensives britanniques en Afrique du nord, 1940, musée des Invalides, Paris.

 

A noter par ailleurs que Churchill décida d’établir un blocus des côtes françaises (31 juillet 1940.), bloquant le trafic maritime entre la France et l’Afrique du nord.

 

b) L’opération Ambassador (mi-juillet 1940): alors que les îles anglo-normandes étaient tombées sous domination allemande en juin 1940, Churchill décida de lancer l’opération Ambassador à la mi-juillet 1940.

 

C’est ainsi qu’un commando de 140 soldats débarqua à Guernesey dans la nuit du 14 juillet, chargé de rentrer en contact avec la garnison allemande installée sur l’île.

Cependant, comme les Allemands restèrent introuvables, les Britanniques furent contraints de rembarquer.

 

c) Les forces en présence à l’aube de la bataille d’Angleterre : Hitler ne parvenant pas à contraindre le gouvernement britannique de déposer les armes, ce dernier décida de déclencher la bataille d’Angleterre à compter de juillet 1940.

 

Nous avons vu précédemment que la flotte aérienne allemande était composée d’engins modernes, qui avaient profité de cette supériorité pour vaincre les avions français lors de la bataille de France.

Ainsi, l’on retrouvait principalement le chasseur BF-109, fleuron de la Luftwaffe, ainsi que le chasseur-bombardier ME-110 (ce dernier était équipé de deux canons de 20 et deux mitrailleuses.) ; ainsi que trois différents bombardiers : le bombardier lourd HE-111, les stukas[73] JU-87 et JU-88, ainsi que le Dornier DO-17 (ce dernier, fabriqué en plus petite quantité, était équipé de six mitrailleuses.).

A noter que fit son appariation courant 1941 le chasseur-bombardier Focke-Wulf FW-190, en tout point supérieur au ME-110 (équipé de quatre canons de 20 et de deux mitrailleuses, il disposait néanmoins d’une vitesse de pointe atteignant les 650 kilomètres heure.).

Focke-Wulf FW-190, Imperial war museum, Londres.

 

Si du côté de la flotte britannique, l’on comptait, tout comme en France, des modèles obsolètes (tels que le bombardier-torpilleur Fairey Swordfish,  le chasseur biplan Gloster Gladiator, mis en service en 1934, ou le bombardier Boulton-Paul P-75 Overstrand, datant de 1933.).

Globster Gladiator.

Toutefois, le gouvernement avait fait un important effort de modernisation de la flotte aérienne à la fin des années 1930, donnant naissance à de nouveaux véhicules.

Pendant la bataille d’Angleterre, les avions les plus utilisés furent les chasseurs Hawker Hurricane (ce dernier était équipé de huit mitrailleuses.) et Supermarine Spitfire (équipé de quatre mitrailleuses et deux canons de 20.).

Supermarine Spitfire, Imperial war museum, Londres.

Les Hurricanes, moins puissants, furent utilisés pour attaquer les bombardiers allemands, contrairement aux Spitfires qui furent affectés au combat contre les chasseurs ennemis.

 

Malgré les renforts en provenance de pays envahis par le troisième Reich[74], les avions britanniques étaient moins nombreux au début de la bataille (600 engins pour la RAF contre 2 500 pour la Luftwaffe.). Cependant, ces derniers étaient toutefois plus maniables que les chasseurs allemands.

 

d) Le Kanalkampf, première phase de la bataille d’Angleterre (juillet à août 1940) : la première phase de la bataille d’Angleterre, fut surnommée le kanalkampf[75].

Les appareils de la Luftwaffe, décollant du nord de la France ou de la côte norvégienne[76], furent chargés de bombarder la marine marchande britannique. L’objectif d’Hitler était ainsi d’isoler la Grande-Bretagne et de contraindre le gouvernement Churchill à déposer les armes.

 

Toutefois, au début du mois d’août, les résultats n’étaient pas satisfaisants. En effet, seul 1% du tonnage sous pavillon britannique avait été coulé. Hitler décida donc de s’attaquer directement à la RAF, en bombardant les bases aériennes britanniques.

 

e) L’Adlerangriff, seconde phase de la bataille d’Angleterre (août 1940) : le déclenchement de l’Adlerangriff[77] fut programmé pour le 15 août 1940. Les officiers de la Luftwaffe, persuadés que la RAF avait déjà perdu la moitié de ses effectifs et s’était installée aux environs de Londres, lancèrent donc une vaste offensive sur l’Ecosse.

Cependant, les estimations allemandes étaient erronées, les avions britanniques parvenant à infliger d’importantes pertes à l’ennemi.

 

En raison des pertes subies ce jour là, le 15 août 1940 fut surnommé Schwarzer Donnerstag par les Allemands (jeudi noir en français.). En effet, la Luftwaffe perdit ce jour là près de 70 appareils, contre 30 pour la RAF.

La bataille d'Angleterre.

 

Les opérations contre les équipements de la RAF se poursuivirent jusqu’à début septembre 1940, causant d’importantes pertes dans les deux cas.

A noter toutefois que le rapport de force entre l’Angleterre et l’Allemagne évoluait au fil des semaines, et pas en faveur du troisième Reich. En effet, non seulement les usines d’aviation britanniques tournaient à plein régime ; en outre, la lutte se déroulant dans le ciel du Royaume-Uni, les pilotes britanniques dont l’appareil avait été abattu pouvaient atterrir puis repartir au combat (au contraire des pilotes de la Luftwaffe qui étaient capturés à l’atterrissage[78].).

 

Un grave évènement vint mettre un terme à la seconde de la bataille d’Angleterre. A la fin août, un bombardier HE-111, chargé de bombarder une raffinerie, lança par erreur ses bombes sur Londres.

En représailles, le gouvernement Churchill organisa un raid sur Berlin, parvenant à lancer quelques bombes sur la capitale allemande. Hitler, rentrant dans une colère noire, décida alors de modifier sa stratégie et de bombarder Londres massivement (à noter qu’il n’y eut plus de bombardements sur Berlin jusqu’en fin d’année 1943[79].).

 

f) Le Blitz, troisième phase de la bataille d’Angleterre (septembre 1940 à mars 1941) : Hitler programma les premières offensives du blitz (« l’éclair. ») pour la première semaine de septembre.

Un second raid fut lancé le 15, auquel participèrent près de 100 bombardiers lourds et 400 chasseurs de la Luftwaffe. Cette bataille aérienne fut baptisée côté britannique battle of Britain day[80], les 350 avions de la RAF parvenant à abattre près de 60 appareils ennemis.

 

A noter toutefois que les bombardements sur Londres ne correspondaient à aucun impératif stratégique. Ainsi, alors que la Luftwaffe s’échinait à détruire des habitations, les usines britanniques fonctionnaient à plein régime, approvisionnant la RAF en appareils nouveaux.

Reconstituion des bombardements sur Londres, Imperial war museum, Londres.

 

A compter du mois d’octobre, les bombardements intensifs cessèrent, même s’ils ne disparurent pas complètement (ils se poursuivirent de façon sporadique jusqu’au printemps 1941.), et l’opération Lion de Mer, reportée sine die, n’eut finalement jamais lieu.

Enfin, les forces aériennes italiennes furent mises à contribution à compter de novembre 1940. Cependant, le Corpo Aero Italiano[81] ne comptait que 200 appareils, ces derniers étant des modèles désuets : le chasseur Fiat CR-42 (il s’agissait d’un biplan.) et le bombardier Fiat BR-20. A noter toutefois que Mussolini, qui demandait à pouvoir intervenir depuis l’été, fut déçu que constater que le CAI fut utilisé par les Allemands comme une force de « dépannage » (l’armée de l’air italienne se retira en début d’année 1941.).

Fiat CR-42.

 

g) Le bilan de la bataille d’Angleterre : la bataille d’Angleterre fut le premier échec militaire d’Hitler, cette victoire britannique commençant à mettre à mal le mythe de l’invincibilité de l’armée allemande.

 

La première raison de cet échec fut la volatilité des impératifs stratégiques. Comme nous venons de le voir, la Luftwaffe changea trois fois d’objectifs en l’espace de trois mois (marine marchande, aéroports de la RAF, Londres.). Si les installations de la Royal Air Force avaient été bombardées méthodiquement tout au long du conflit, gageons que la bataille d’Angleterre n’aurait pas eu la même issue.

Par ailleurs, comme nous l’avons noté plus tôt, les bombardements sur Londres ne correspondaient à aucun impératifs stratégique (sinon la volonté personnelle d’Hitler de voir la capitale britannique réduite à néant.). C’est au cours de cette période que la bataille d’Angleterre que la balance commença à peser en faveur de la RAF (la Luftwaffe ne détruisait que des habitations, alors que les usines britanniques tournaient à plein régime.).

 

A l’issue de la bataille d’Angleterre, les Britanniques comptaient 375 pilotes tués et 900 appareils détruits, 14 000 civils ayant trouvé la mort lors des bombardements. Par ailleurs, Londres subit de très importants dégâts (destruction de deux millions d’habitations.), les plus importants de son histoire depuis le grand incendie de 1666 qui avait ravagé toute la ville.

Toutefois, la Luftwaffe accusait d’importantes pertes, 2 300 appareils ayant été détruits ; en outre, l’invasion de l’Angleterre n’eut jamais lieu.

 

            5° La bataille de Tarente (novembre 1940) – En décembre 1940, le gouvernement britannique décida de lancer l’opération Royal Judgement, prévoyant une offensive contre la base navale de Tarente, en Italie.

En effet, cette dernière avait comme fonction de réparer les navires endommagés, mais ses défenses portuaires étaient insuffisantes.

 

Au cours de la première semaine de novembre 1940, une escadre britannique partie d’Alexandrie se dirigea vers Tarente. Dans la nuit du 11 au 12 novembre, une série de bombardiers-torpilleurs Fairey Swordfish décollèrent du porte-avion HMS Illustrious.

 

En moins de deux heures, l’aviation britannique causa d’importants dégâts, endommageant gravement la moitié de la flotte italienne basée à Tarente.

 

Malgré son succès, la bataille de Tarente fut une des dernières opérations militaires menée sur le front ouest avant 1942.

 

            6° Les deux premières phases de la guerre italo-grecque (octobre 1940 à janvier 1941) – Comme nous l’avons vu précédemment, Mussolini s’était emparé de l’Albanie en avril 1939, déposant le roi Zog I°. Toutefois, le Duce ne souhaitait pas s’en arrêter la, afin de montrer à l’Allemagne que l’Italie était un allié important.

Ainsi, plutôt que de s’attaquer à un royaume de Yougoslavie jugé trop puissant, Mussolini lança le 28 octobre 1940 une offensive contre la Grèce, pays considéré comme divisé par ses querelles internes[82] (à noter par ailleurs que la souveraineté de l’Italie sur les îles du Dodécanèse avait été reconnue en 1919.).

 

a) La Grèce en 1940 : lors du déclenchement de la seconde guerre mondiale, la Grèce vivait sous la dictature du général Ioannis Metaxas[83], qui, suite à sa nomination au poste de premier ministre (avril 1936.) par le roi George II, avait établi un régime fasciste (suspension du Parlement et de plusieurs articles de la constitution, interdiction des partis politiques en août 1936.).

Georges II (à gauche) et Ioannis Metaxas (à droite), musée historique d'Héraklion, Crète.

Toutefois, malgré sa sympathie pour les régimes fascistes[84], Metaxas restait allié avec les démocraties occidentales, la Grèce étant proche de Paris et Londres depuis le XIX° siècle.

 

Du côté des frontières, l’Albanie n’était pas une menace, et la Yougoslavie était un allié de longue date. Par contre, la Bulgarie faisait office d’ennemi naturel de la Grèce depuis le début du XX° siècle[85].

C’est ainsi que fut érigée la ligne Metaxas[86] à la frontière bulgare ; par ailleurs, l’armée grecque fut modernisée et la marine militaire agrandie.

 

b) L’offensive italienne, première phase de la guerre italo-grecque (octobre à novembre 1940) : alors que l’Italie s’était emparée de l’Albanie, les incidents frontaliers avec la Grèce se multiplièrent, jusqu’au torpillage du croiseur grec Elli, coulé par un sous-marin italien (août 1940). Puis, à la fin octobre, Mussolini fit parvenir un ultimatum à Metaxas, enjoignant ce dernier à accorder un libre passage à l’armée italienne afin que cette dernière occupe une série de points stratégiques.

 

Pour toute réponse, Metaxas envoya la missive suivante : Okhi (ce qui signifie « non » en français.), faisant dès lors entrer la Grèce dans le second conflit mondial (à noter que Metaxas, peu populaire, fut largement soutenu par la population grâce à son attitude ferme.).

En représailles, Mussolini déclara la guerre à la Grèce le 28 octobre 1940.

 

L’armée italienne (soit 85 000 hommes au total.) lança une offensive depuis le sud de l’Albanie, l’objectif de l’Etat-major étant d’occuper l’Epire avant de marcher vers le nome[87] de Thessalonique.

Combattant en terrain montagneux, les unités italiennes éprouvèrent de grosses difficultés pour avancer, les mines anti-char grecques détruisant de nombreux blindés. L’offensive italienne, mal organisée, fut finalement annulée pendant la première semaine de novembre.

A noter toutefois qu’une seule division italienne parvint à franchir la frontière, progressant d’une centaine de kilomètres dans le nome d’Ioannina. Cependant, cette unité fut finalement stoppée et en grande partie détruite par l’armée grecque.

 

c) La contre-attaque grecque, seconde phase de la guerre italo-grecque (novembre 1940 à mars 1941) : alors que l’armée grecque se trouvait en infériorité numérique (35 000 soldats au total.), le général Alexandro Papagos[88], recevant en renfort des troupes de Macédoine et bénéficiant de l’arrivée de réservistes, décida de lancer une contre-offensive générale à compter du 14 novembre 1940.

 

Après plusieurs jours de combats sur la pointe est de la frontière albanaise, les Grecs parvinrent à opérer une percée, s’emparant de Korçë et Moscopole à la fin novembre.

Les autres offensives menées le long de la frontière furent elles aussi couronnées de succès, l’armée grecque progressant d’une cinquantaine de kilomètres en territoire ennemi (Saranda, Gjirokastre, Himara et Këlcyrë furent prises entre décembre 1940 et janvier 1941.).

A noter que cette région (surnommée « l’Epire du nord. ») avait été rétrocédée à l’Albanie en 1913, au grand dam du gouvernement grec. L’occupation de ce territoire, outre un impératif militaire, répondait à un impératif politique.

 

Toutefois, la situation grecque se dégrada au cours de l’hiver. En effet, l’agrandissement des lignes logistiques et l’abandon des positions défensives frontalières mirent l’armée grecque dans une situation difficile.

 

            7° La première phase de la guerre du désert (septembre à décembre 1940) – Comme nous l’avons vu précédemment, Mussolini avait décidé de participer à la seconde guerre mondiale à compter du 10 juin 1940.

A cette date, l’Empire colonial italien était composé de plusieurs pays d’Afrique : la Lybie, l’Erythrée, l’Ethiopie[89] et la Somalie italienne.

C’est ainsi que les troupes britanniques installées en Egypte reçurent l’ordre de traverser la frontière libyenne afin de sécuriser plusieurs positions sous contrôle italien.

 

a) L’invasion italienne de l’Egypte (septembre 1940) : alors que la bataille d’Angleterre battait son plein, l’Italie décida de lancer une grande offensive depuis la Lybie en direction de l’Egypte britannique. L’objectif des troupes italiennes était de progresser dans le nord du pays, afin de capturer le canal de Suez[90].

 

Au cours de la seconde semaine de septembre, la Regia aeronautica[91] initia les hostilités en s’attaquant aux appareils de la RAF basées à la frontière libyenne. Rapidement, les Britanniques ripostèrent en bombardant Tobrouk et plusieurs cités sous contrôle italien.

Quant à l’avancée des troupes italiennes, elle s’acheva sur un échec, les chars italiens Fiat-Ansaldo M-11/39 et M-13/40 étant lents et souffrant de problèmes mécaniques.

Fiat M-13/40.

 

Toutefois, les troupes italiennes parvinrent à prendre le Fort Capuzzo à la mi-septembre, fortification frontalière dont les Britanniques s’étaient emparés en juin 1940.

Les Anglais étant en nette infériorité numérique, ils décidèrent de se retirer, prenant soin toutefois de miner la route vers l’est, ce qui provoqua de nombreuses pertes aux italiens.

Le Fort Capuzzo.

 

Trois jours après la prise du Fort Capuzzo, les Italiens pénétrèrent dans Sidi Barrani, cité côtière située à une centaine de kilomètres de la frontière. A cette date, le général Rodolfo Graziani[92] décida de mettre un terme à l’invasion italienne, les blindés manquant de ravitaillement[93].

 

b) L’opération Compass (décembre 1940 à février 1941) : comme nous venons de le voir, les Britanniques, en nette infériorité numérique, avaient préféré reculer lors de l’invasion italienne. Toutefois, souhaitant exploiter une fragilité dans le dispositif italien, le général Archibald Wavell[94], s’appuyant sur la Western Desert Force, lança l’opération Compass au cours de la seconde semaine de décembre 1940.

Le général Archibald Wavell.

 

L’offensive débuta par un bombardement de Sidi Barrani par une escadre de la Royal Navy et plusieurs bombardiers de la RAF. Par ailleurs, en prévision d’une riposte aérienne italienne, Wavell avait fait installer dans le désert une série de chars factices.

L’infanterie britannique, passant à l’offensive, était appuyée par les chars Cruiser, des blindés légers, mais aussi par le tank lourd Mathilda.

En l’espace de quelques heures, les Italiens subirent une défaite complète, les Britanniques capturant près de 40 000 hommes, 70 chars légers, et 230 pièces d’artillerie.

Tank Mathilda.

 

Wavell, fort de ce succès, décida de poursuivre l’offensive, parvenant à reprendre Fort Capuzzo à la mi-décembre.

A noter qu’à cette date, le général Wavell décida de mettre en pause l’opération Compass, envoyant une division indienne en Erythrée, destinée à participer à une offensive britannique dans la région[95].

Finalement renforcés par une division australienne, les combats reprirent à la fin décembre 1940. En l’espace de quelques semaines, les Britanniques s’emparèrent de Bardia (faisant 36 000 prisonniers.) ; Tobrouk, le 17 janvier 1941 (faisant 25 000 tués et 17 000 blessés.) ; Derna, début février (10 000 prisonniers.) ; et Beda Fomm, au cours de la première semaine de février.

 

A la mi-février 1941, la victoire des britanniques en Libye était patente. En effet, ces derniers avaient fait 3 000 tués, 115 000 prisonniers, et s’étaient emparés 400 chars, 1 300 pièces d’artillerie, 1 200 avions.

Toutefois, alors que les troupes britanniques s’étaient emparées d’El Agheila, Churchill décida de mettre un terme à l’offensive. En effet, ce dernier préféra envoyer plusieurs unités de la Western Desert Force (rebaptisée XIII° Corps en début d’année 1941) en renfort en Grèce, ce pays étant attaqué par l’Italie[96].

Côté allemand, Hitler n’appréciait guère l’échec des italiens en Libye. C’est ainsi que fut déclenchée l’opération Sonnenblume[97], prévoyant le débarquement d’un contingent à Tripoli. C’est ainsi que le Deutsches Afrikakorps[98], parti de Naples, arriva dans la capitale libyenne à la mi-février 1941. L’arrivée de cette nouvelle troupe en Afrique du nord fit entrer la guerre du désert dans une nouvelle phase[99].

 

            8° La campagne d’Afrique de l’est (été à hiver 1940) Alors que l’Italie avait lancé une offensive de grande ampleur en Afrique du nord, plusieurs actions furent aussi menées contre les colonies britannique dans la corne de l’Afrique.

 

a) Les forces en présence à l’aube du conflit : pour le gouvernement britannique, ces possessions italiennes, entourant l’Egypte et le Soudan britannique, constituaient une menace. D’autant plus que le général Wavell, commandant en chef au Moyen-Orient, ne disposant que de 85 000 hommes, se trouvait en nette infériorité numérique face à l’ennemi.

 

En effet, Amédée II[100], duc d’Aoste, gouverneur de l’Afrique orientale italienne, disposait de 250 000 soldats (à noter que 70% de ces troupes étaient constituées d’indigènes, qui désertèrent en grand nombre dès le début des combats.).

Par ailleurs, l’armée italienne était équipée d’environ 250 avions de combat, principalement des chasseurs Fiat CR-42 et des bombardiers Savoia-Marchetti SM-79 Sparviero. Mais ces appareils, tout comme les soldats, souffrirent des difficultés d’approvisionnement (munitions, essence, pièces de rechange, etc.).

 

Afin de s’assurer du soutien des Ethiopiens, Churchill permit à Hailé Sélassié I°, roi d’Ethiopie en exil, de rentrer au pays. En effet, le gouvernement britannique comptait recevoir le soutien des résistants éthiopiens dans la lutte contre l’Italie.

Hailé Sélassié I°.

Hailé Sélassié, partant pour l’Afrique à l’été 1940, ne rentra toutefois en Ethiopie qu’en janvier 1941.

 

b) L’offensive italienne sur le Soudan et le Kenya (été 1940) : en juillet 1940, l’Italie lança une première offensive depuis l’Erythrée, en direction du Soudan britannique. C’est ainsi que les troupes italiennes s’emparèrent de Kassala, du Fort Gallabat, puis du village de Kurmuk, le long de la frontière soudanaise.

Toutefois, les Italiens préférèrent ne pas s’avancer plus profondément en territoire ennemi, en raison d’un manque d’essence. Par ailleurs, soucieux de se présenter en libérateurs, les Italiens constatèrent que la population soudanaise n’était pas foncièrement antibritannique. Ils décidèrent donc de fortifier Kassala, en vue d’une prochaine contre-attaque anglaise (à noter qu’une nouvelle offensive italienne permit de prendre Port-Soudan au mois d’août, offrant à l’Italie un nouveau débouché sur la mer rouge.).

 

D’autres opérations de ce genre eurent aussi lieu au Kenya, au cours de l’été. C’est ainsi que les troupes italiennes s’emparèrent du Fort Harrington, non loin de Moyale, puis s’emparèrent des villages de Dabel et Buna en progressant vers le sud.

Toutefois, ayant parcouru plus d’une centaine de kilomètres depuis la frontière kenyane, les italiens, souffrant d’un mauvais ravitaillement, mirent fin à leur offensive.

 

c) L’offensive italienne sur la Somalie britannique (août 1940) : outre les offensives italiennes contre le Soudan et le Kenya, Mussolini ordonna une nouvelle attaque, cette fois-ci dirigée contre la Somalie britannique.

 

Au début du mois d’août 1940, les forces italiennes commandées par le général Guglielmo Nasi[101], soit 25 000 hommes, pénétrèrent en Somalie.

Face à l’ennemi, le général Arthur Reginald Chater[102] ne disposait que de 4 000 soldats (il fut renforcé par un bataillon écossais et un bataillon indien à la fin de la première semaine d’août, soit un millier d’hommes en tout.), n’étant pas équipé en blindés et en armes antichar.  

 

Partant de Jijiga, à la frontière éthiopienne, l’armée italienne divisa ses forces en trois groupes : au nord, les Italiens devaient s’emparer de Zeila, puis longer la côte jusqu’à Berbera, la capitale ; au centre, les troupes du général Nasi devaient marcher ensemble jusqu’à Hargeysa, avant de se séparer pour rejoindre Berbera, au nord, et Oodweyne, à l’est.

 

Le 5 août, Zeila et Hargeysa furent prises par les troupes italiennes, coupant les Britanniques de la Somalie française. Le lendemain, les Italiens s’emparèrent d’Oodweyne.

Alors que les trois colonnes ennemies marchaient désormais vers la capitale, les Britanniques tentèrent de bloquer les Italiens non loin de Buur Dhubbato, village situé sur la route reliant Hargeysa à Berbera.

Toutefois, conscient de son infériorité, le général Chater demanda à l’Etat-major britannique au Proche-Orient l’autorisation d’évacuer la Somalie.

 

Ayant reçu l’autorisation de se replier, Chater fit évacuer ses troupes à Berbera à la mi-août 1940, rejoignant Aden (port situé à la pointe sud de l’Arabie saoudite.).

Les Italiens, quant à eux, s’emparèrent de la ville le 19 août, puis poursuivirent leur avancée le long de la côte, afin de parachever la conquête de la Somalie.

 

d) Bilan de l’offensive italienne sur la Somalie britannique : si les Britanniques avaient été contraints de retirer leurs troupes de Somalie, leurs pertes restaient légères : 40 tués, 100 blessés, plus une centaine de capturés.

Au contraire, les dégâts subis par les troupes italiennes étaient bien plus importants : 500 tués et plus de 1 500 blessés (sans compter les indigènes décédés durant leur lutte aux côtés des Italiens.).

 

Côté britannique, Churchill reprocha vivement à Wavell la retraite des soldats de Somalie. Cependant, ce dernier rétorqua que le sacrifice n’était pas forcément une bonne stratégie.

 

e) Contre-attaques britanniques (automne 1940) : si les troupes italiennes étaient parvenues à chasser les Britanniques de Somalie, la Royal Navy conservait une nette supériorité navale dans la mer Rouge.

C’est ainsi qu’au cours de l’été 1940, plusieurs navires et sous-marins italiens furent coulés par la marine britannique.

 

Plus tard, à la mi-octobre, l’Etat-major britannique donna naissance à la Force Gazelle, commandée par le colonel Frank Walter Messervy[103], unité de reconnaissance destinée à opérer au Soudan.

Puis, pendant l’hiver 1940, les troupes britanniques furent approvisionnées en avions de combat, ce qui ne tarda guère à leur conférer une nette supériorité aérienne.

Ainsi, les bases italiennes situées dans la région de Kassala furent bombardées jusqu’en décembre ; en outre, au cours de la première semaine de novembre, le Fort Gallabat fut repris par une brigade indienne.

 

Du côté de l’Italie, l’année 1940 s’était achevée sur un échec sur presque tous les fronts : France, Grèce, Libye, Angleterre, etc.

Amédée II reçut donc l’ordre de l’Etat-major italien d’arrêter toute offensive en direction du Soudan ou de l’Egypte britannique. Ainsi, Amédée II ordonna à ses troupes d’évacuer Kassala afin de s’installer sur des positions plus défensives.

Toutefois, le général Luigi Frusci[104] refusa d’abandonner ses positions, considérant qu’une retraite serait humiliante pour l’armée italienne.

 

            9° L’opération Menace, ou bataille de Dakar (23 au 25 septembre 1940) – Suite à la proclamation de la France libre par le général de Gaulle, ce dernier, comme nous l’avons vu plus tôt, avait reçu l’adhésion de nombreuses colonies de l’AEF[105].

C’est dans ce contexte que fut lancée l’opération Menace, menée conjointement par la Grande-Bretagne et les Forces françaises libres[106]. L’objectif était de lancer une offensive sur Dakar, espérant accélérer le ralliement de l’AOF[107] à la France libre.

A noter par ailleurs que d’importantes quantités d’or étaient entreposées à Dakar (les réserves de la Banque de France et celles du gouvernement polonais en exil.) ; en outre, Dakar était un port bien plus moderne que celui de Freetown, au Sierra Leone, seul port allié dans cette zone à cette époque.

 

Le 23 septembre 1940, une escadre britannique composée d’une vingtaine de navires (un porte-avions, deux cuirassiers, cinq croiseurs et dix destroyers, pour un total de 8 000 soldats.) se présenta donc à l’entrée du port de Dakar, sommant les Français qui s’y trouvaient à rallier la France libre.

Toutefois, le gouverneur général de l’AOF, Pierre François Boisson, résolument vichyste, refusa de se soumettre. En effet, les évènements de Mers-el-Kébir étaient encore récents, et à cette date de nombreux Français considéraient les Britanniques comme des « traitres. »

 

Dans un premier temps, trois avions des FFL décolèrent du porte-avion HMS Ark Royal, lançant des tracs sur la ville (appelant à rejoindre la France libre.), puis atterrirent à l’aéroport de Dakar (les émissaires du général de Gaulle furent alors faits prisonniers.) ; au même moment, un canot arborant le drapeau blanc fut accueilli par une rafale de balles à l’entrée du port.

A partir de 10 heures du matin, les batteries de défense côtière reçurent l’ordre de faire feu sur la flotte britannique, qui en ripostant endommagea un destroyer français.

Puis, dans l’après-midi, les FFL tentèrent de débarquer sur une plage de Dakar, mais furent violemment pris à partie par les défenseurs de la cité. De Gaulle, ne souhaitant pas que des Français se fassent tuer par des Français, décida alors de sonner la retraite.

 

Pendant deux jours, la flotte britannique continua d’attaquer les batteries côtières, endommageant le cuirassé Richelieu, coulant un destroyer et deux sous-marins.

Lançant un dernier ultimatum à Boisson, ce dernier répliqua : La France m’a confié Dakar. Je défendrai Dakar jusqu’au bout ! 

 

Finalement, les Britanniques furent contraints de faire demi-tour le 25 septembre, le cuirassier HMS Resolution ayant été sévèrement endommagé (ainsi que deux croiseurs.) ; en outre, les forces vichystes avaient répliqué à l’opération Menace en bombardant Gibraltar[108].

Pour de Gaulle, l’opération était un échec patent, l’AOF restant entre les mains de Vichy. Cependant, si le général ressortit isolé de ce coup de force manqué, les Britanniques ne lui retirèrent pas pour autant leur soutien.

 

            10° L’invasion japonaise de l’Indochine (septembre 1940) – Depuis 1937, le Japon était en guerre contre la république de Chine. Après s’être emparés de la Corée et du Mandchoukouo[109], l’objectif des Japonais étaient d’étendre leur Empire jusqu’en Chine.

Toutefois, alors que Tokyo avait prévu un conflit rapide, à l’été 1940 la lutte continuait toujours. C’est dans ce contexte que fut instauré le gouvernement de Nankin[110], en mars 1940, un Etat fantoche chinois chargé d’administrer le pays sous tutelle japonaise.  

 

Toutefois, la résistance chinoise continuait, armée par l’URSS, la Grande-Bretagne et la France (même si le gouvernement français avait pris l’engagement de ne pas ravitailler la résistance chinoise en septembre 1939).

Suite à la défaite française de juin 1940, le gouvernement japonais adressa donc un ultimatum au gouverneur de l’Indochine, Georges Catroux[111], rassemblant trois divisions à la frontière tonkinoise. Ce dernier décida alors à la mi-juin d’interdire le trafic d’essence en direction du Yunnan[112].

Le général Georges Catroux.

 

Mais le gouvernement de Vichy, mécontent de cet accord, décida de limoger Catroux[113], qui fut remplacé par l’amiral Jean Decoux[114], un vichyste proche de Darlan.

L'amiral Jean Decoux passant ses troupes en revue.

Le nouveau venu, prenant ses fonctions à la fin du mois d’août, accepta toutefois de transiger, reconnaissant la position privilégiée du gouvernement japonais en Extrême-Orient.

 

Cependant, cet accord devait être suivi d’une convention militaire (autorisant le droit de passage à l’armée japonaise, cette dernière pouvant stationner 6 000 hommes dans le pays.), dont Decoux retarda la signature. Le gouvernement japonais lança alors un nouvel ultimatum à la fin septembre, ordonnant au gouverneur français de signer l’accord avant le 22 à minuit, sans quoi les forces japonaises traverseraient la frontière.

Finalement, le traité fut signé in extremis, mais le kantogun[115] (il s’agissait d’un groupe d’armées japonais.), n’ayant pas été informé de l’accord, envahit le Tonkin[116] dans la nuit du 22 septembre.

D’importants combats eurent lieu autour de Lang Son, les Français, en nette infériorité numérique, ne pouvant opposer qu’une résistance de principe. La ville étant prise par l’ennemi le 26, les Japonais marchèrent alors vers Haiphong, cité côtière du Tonkin.

 

Le même jour, l’Etat-major japonais ordonna un cessez-le-feu, puis s’engagea à respecter la souveraineté française au Tonkin. De ce fait, si les troupes japonaises occupèrent le Tonkin jusqu’à la fin du conflit, les prisonniers français furent libérés, et Decoux put reprendre le contrôle de la province de Lang Son.


 

[1] Les Aryens étaient un ancien peuple d’origine indo-européenne. Ce nom a ensuite été repris par les nazis, qui affirmaient la supériorité des « races nordiques » sur les autres civilisations.  

[2] Rappelons qu’il s’agissait de l’Etat-major suprême de l’armée allemande.

[3] HMS signifiant « Her Majesty Ship » (en français, « le vaisseau de sa majesté »).

[4] Que l’on peut traduire par « exercice sur la Weser » (la Weser étant une rivière allemande).

[5] Comme nous l’avons vu plus tôt, la flotte britannique installée dans la mer du nord soumettait l’Allemagne à un blocus économique depuis le début du conflit.

[6] L’on comptait quatre principaux types de navires au cours de la seconde guerre mondiale : le cuirassier, navire de guerre doté du plus épais blindage, mais aussi des canons du plus gros calibre ; le croiseur, plus rapide que le cuirasser mais disposant d’un blindage moindre ; le destroyer (ou frégate, en français), destiné à protéger une flotte civile ou militaire (outre ses canons, il est donc équipé d’armes aériennes et anti-sous-marines) ; et le porte-avion, destiné à transporter des véhicules aériens afin de permettre au troupes d’opérer à proximité de la zone de conflits.

[7] Haakon VII, né en août 1872, était monté sur le trône de Norvège en novembre 1905. 

[8] Christian X, né en septembre 1870, était roi du Danemark depuis mai 1912.

[9] Il s’agissait de l’armée de l’air britannique.

[10] « Union nationale » en français.

[11] Ruge, né en janvier 1882, avait reçu le commandement en chef de l’armée norvégienne peu de temps avant l’offensive allemande, son prédécesseur, jugé trop défaitiste, ayant été mis en retraite.

[12] C'est-à-dire la pointe nord de la Norvège.

[13] Il s’agissait de la marine britannique.

[14] Churchill, né en novembre 1874, avait commencé sa carrière en tant qu’officier de cavalerie. Considérant ses revenus comme insuffisant, il décida de publier ses compte-rendu de guerre pour améliorer sa situation financière. Quittant l’armée en 1899, Churchill décida de se tourner vers la politique. Proche des conservateurs, il fut nommé lord de l’amirauté (les lords formaient un collège, militaire et politique, chargé de diriger la Royal Navy) pendant la première guerre mondiale, puis fut plusieurs fois ministre pendant les années 1920. Au cours des années 1930, le parti conservateur étant en retrait, Churchill profita de son isolement pour critiquer l’inaction britannique face à la menace nazie (tout en saluant le régime de Mussolini). Suite au déclenchement de la seconde guerre mondiale, bénéficiant d’un retour en grâce, Chruchill fut à nouveau nommé lord de l’amirauté.

[15] De Gaulle, né en novembre 1890, sortit de Saint Cyr en 1912. Blessé plusieurs fois en 1915, il fut capturé en 1916 au cours de la bataille de Verdun (il ne fut libéré qu’à la fin de la première guerre mondiale, malgré plusieurs tentatives d’évasion.). En 1937, de Gaulle fut promu colonel et affecté à un régiment de chars.

[16] Rappelons que le Fall Gelb, ou « plan jaune », prévoyait une attaque massive sur le point le plus fragile de la ligne de front ennemie, puis de profiter de l’effet de surprise pour attaquer en direction de la Manche.

[17] Leurs performances étaient similaires à celles d’un Panzer II.

[18] A noter que si la Belgique et le Luxembourg avaient été envahis en 1914, les Pays-Bas avaient conservé leur neutralité jusqu’à la fin du conflit.

[19] Giraud, né en janvier 1879, sortit de Saint Cyr en 1900, fut affecté en Afrique. Participant à la première guerre mondiale à la tête du 4° régiment de zouaves, il fut blessé et capturé par l’ennemi. S’étant évadé, Giraud remonta au front en 1917. Envoyé après guerre au Maroc, il participa à la guerre du Rif (voir à ce sujet le a), 13, section I, chapitre cinquième, la troisième république), puis fut nommé commandant militaire de Metz en 1936.

[20] C'est-à-dire qui devait rester en seconde ligne, au cas où les armées placées au front seraient repoussées par l’ennemi.

[21] Corap, né en janvier 1878, s’était rendu en Algérie à sa sortie de Saint Cyr. Officier d’Etat-major pendant la première guerre mondiale, il participa à la guerre contre Abd-el-Krim au Maroc (voir à ce sujet le a), 13, section I, chapitre cinquième, la troisième république), puis fut nommé général en janvier 1940.

[22] Huntzinger, né en juin 1880, sortit de Saint Cyr en 1900. Combattant sur le front d’Orient pendant le premier conflit mondial, il fut après guerre envoyé en Syrie, alors sous mandat français (voir à ce sujet le b), 13, section I, chapitre cinquième, la troisième république).

[23] Ce qui signifie « guerre éclair. »

[24] « Défense anti-aérienne. »

[25] Weygand naquit de parents inconnus à Bruxelles, en janvier 1867. Reçu à Saint Cyr en 1885, à titre d’élève étranger, il fut adopté quelques années plus tard par la famille Weygand, originaire d’Alsace (le père adoptif de Weygand étant un ami de son tuteur légal). Nommé capitaine en 1896, il s’afficha aux côtés des antidreyfusards lors de l’affaire Dreyfus (pour en savoir plus sur l’affaire Dreyfus, cliquez ici). Nommé colonel en 1914, puis général en 1916, Weygand participa à la première guerre mondiale au sein de l’Etat-major (en novembre 1918, il participa à la signature de l’armistice de Rethondes en compagnie du maréchal Foch). Pendant l’entre-deux-guerres, il fut envoyé en Syrie, alors sous mandat français (voir à ce sujet le b), 13, section I, chapitre cinquième, la troisième république), puis prit  sa retraite en 1938.  

[26] Pétain, né en avril 1856, rentra à Saint Cyr en 1876. Catholique, il ne participa à aucune conquête coloniale, restant cantonné en France. Très tôt, Pétain s’opposa à la théorie de l’offensive à outrance, préconisant au contraire des bombardements ciblés afin d’affaiblir les positions ennemies. A noter qu’il ne fut nommé général qu’au début de la guerre, fin août 1914, alors qu’il comptait prendre prochainement sa retraite. Vainqueur de Verdun en 1916, Pétain fut aussi chargé de mettre un terme aux mutineries sévissant dans l’armée française au printemps 1917. En raison de ses gestes envers les soldats (augmentation des permissions, meilleur approvisionnements en nourriture, remplacement des lits de paille par des sommiers, etc.), Pétain conserva une grande popularité jusqu’à la seconde guerre mondiale. Pendant l’entre-deux-guerres, il participa à la guerre contre Abd-el-Krim au Maroc (voir à ce sujet le a), 13, section I, chapitre cinquième, la troisième république)..

[27] Léopold III, né en novembre 1901, était roi de Belgique depuis 1934. Il avait succédé à son père Albert I°, qui avait dirigé le pays pendant la première guerre mondiale.

[28] A noter que ne furent pas inclues dans la capitulation les armées du Congo belge.

[29] Gort, né en juillet 1886, participa à la première guerre mondiale sur le front ouest, sortant du conflit avec le grade de lieutenant-colonel. Nommé général en 1937, il entra la même année à l’Etat-major de l’armée britannique.

[30] Les Français furent avertis par Paris que la Luftwaffe approchait, une heure environ avant le déclenchement de l’offensive.

[31] La théorie de l’irrédentisme était apparue en Italie à partir de 1870. Cette doctrine revendiquait l’annexion des territoires de langue italienne, ainsi que certains territoires ayant appartenu à des Etats italiens.

[32] La Corse avait été vendue par Gênes en 1769 (voir à ce sujet le 3, section VII, chapitre quatrième, les Bourbons) ; la Savoie et le comté de Nice avaient été rétrocédées à la France suite à la campagne d’Italie de 1859 (3, section II, chapitre premier, le second Empire).

[33] Franco, né en décembre 1892, participa à un coup d’Etat militaire à l’été 1936. Bien que n’étant pas le chef des conspirateurs, Franco devint leur leader en l’espace de quelques mois (les généraux à l’initiative du putsch étant décédés). Remportant la victoire en avril 1939, il établit une dictature militaire en Espagne.

[34] A savoir l’Estonie, la Lettonie, et la Lituanie

[35] Du nom de la commune de Briare, qui se trouvait non loin du château du Muguet, où se tint la réunion.

[36] Darlan, né en août 1881, fut envoyé en Extrême-Orient en 1902, à sa sortie de l’école navale. Bénéficiant de nombreux appuis politiques (son père fut député de 1889 à 1898), Darlan fut nommé amiral en 1939.

[37] Laval était un avocat né en juin 1883. Elu député de la SFIO en 1914, il perdit toutefois son poste en 1919 en raison de son pacifisme (à noter que Laval, réformé, n’avait pas participé à la Grande guerre.). Il fut toutefois à nouveau élu député lors des élections législatives de 1924, en tant que socialiste indépendant (il n’appréciait pas le rapprochement de la SFIO avec les communistes.). Laval joua un rôle prépondérant au cours des années 1930, nommé plusieurs fois ministre et deux fois président du conseil.

[38] Voir à ce sujet le 10, section VI, chapitre quatrième, la troisième république.

[39] Hess, né en avril 1894, participa à la première guerre mondiale dès 1914. Combattant sur le front ouest, il fut nommé caporal en 1915, puis fut gravement blessé lors de la bataille de Verdun, en 1916. Suite à sa convalescence, il fut envoyé sur le front est, où il fut à nouveau grièvement blessé. Déclaré inapte au métier de fantassin, il fut transféré dans l’armée de l’air. En 1920, il fut un des premiers membres du NSDAP, participant avec Hitler au putsch de la brasserie. Les deux hommes, emprisonnés ensemble, s’attelèrent à la rédaction de Mein Kampf. Suite à l’accession d’Hitler au pouvoir, Hess fut peu à peu écarté au profit d’autres dignitaires nazis, tels qu’Heinrich Himmler, chef de la SS, ou Joseph Goebbels, chargé de la propagande.

[40] Von Ribbentrop, né en avril 1893, suivit les pérégrinations de son père à travers la France et le Canada, un officier dégradé pour avoir critiqué la politique de l’Empereur Guillaume II. Rejoignant le NSDAP en 1932, il fut nommé Standartenführer-SS (il s’agit d’un grade de colonel) l’année suivante. Conseiller officieux d’Hitler pour les Affaires étrangères depuis 1935, il reçut la charge de ministre des Affaires étrangères en 1938.

[41] Keitel, né en septembre 1882, s’enrôla dans l’armée en 1901.Servant sur le front ouest pendant la première guerre mondiale, il travailla pendant les années 1920 à l’organisation de la Reichsweir, l’armée de la république de Weimar. Conservant son poste suite à l’arrivée d’Hitler au pouvoir, il fut nommé général en 1937. A noter que Keitel s’opposa à l’invasion de la Pologne et de la France.

[42] Goering, né en janvier 1893, participa à la première guerre mondiale en tant que jeune officier. Luttant dans les tranchées humides, sa santé déclina rapidement et il fut hospitalisé quelques semaines. Rejoignant l’armée de l’air suite à sa convalescence, il rejoignit le NSDAP quelques années après la fin du conflit. Blessé suite au putsch de la brasserie, il partit en convalescence en Autriche. Rentrant au pays en 1927, il fut élu député l’année suivante, puis nommé président du Reichstag en 1932. IL devint aussi ministre de l’Air en 1933 et commandant en chef de la Luftwaffe en 1935.

[43] Raeder, né en avril 1876, s’engagea dans la marine en 1894. Participant à la première guerre mondiale, il fut nommé amiral en 1928. Ce dernier rejoignit Hitler, séduit par sa volonté de redonner une marine à l’armée allemande.

[44] Léon Noël, né en mars 1888, commença sa carrière en tant que chef de cabinet de Maurice Colrat de Montrozier, ministre de la Justice pendant les années 1920. Préfet du Haut-Rhin en 1930, puis chef de cabinet de Pierre Etienne Flandin et Pierre Laval, présidents du conseil entre 1934 et 1935. Par la suite, il fut nommé ambassadeur de France à Varsovie jusqu’en 1939.  

[45] A noter que le wagon fut détruit sur ordre d’Hitler en 1945.

[46] Ciano, né en mars 1903, avait épousé Edda en 1930, fille aînée de Mussolini. Nommé consul à Shangaï, puis plusieurs fois ministre au cours des années 1930, il conserva d’excellentes relations avec la famille royale.

[47] Badoglio, né en septembre 1871, avait participé à la première guerre mondiale sur le front italien, où il fut nommé général en 1916. Puis, en 1935, Badoglio mena la campagne contre l’Ethiopie, rejoignant le parti fasciste en 1936. Il s’opposa par la suite au pacte d’acier, ainsi qu’à la déclaration de guerre de l’Italie contre la France.

[48] Il s’agissait d’un titre honorifique porté par Mussolini.

[49] Pour plus de renseignements sur les actes constitutionnels de 1875, voir le b), 6, section I, chapitre deuxième, la troisième république.

[50] Voir à ce sujet le b), 9, section I, chapitre deuxième, la troisième république.

[51] Flandin était un avocat né en avril 1889. Participant à la première guerre mondiale, il fut affecté à l’aéronautique ; en 1914, il fut élu député de l’AD. Plusieurs fois ministre au cours des années 1930, il fut nomme président du conseil entre 1934 et 1935.

[52] A noter que les actes de 1875 précisaient que le président de la république était garant du pouvoir exécutif, pas le président du conseil.

[53] Pour en savoir plus sur la bataille de Verdun,  voir le 1, section IV, chapitre quatrième, la troisième république.

[54] Il était interdit aux 72 députés communistes de siéger, leur parti ayant été interdit en septembre 1939 en raison de son opposition à la guerre ; l’on comptait en outre une centaine d’absents (Alsaciens, Lorrains, exilés, etc.).

[55] Ces 80 élus furent considérés plus tard comme les 80 premiers résistants (l’on comptait parmi eux une moitié de socialistes, une dizaine de radicaux, ainsi qu’une trentaine de députés issus de petites formations politiques.).

[56] Voir à ce sujet le b), 6, section I, chapitre deuxième, la troisième république.

[57] Les chambres ne furent jamais convoquées pendant toute la durée de la guerre.

[58] Nous y reviendrons en a), 1, section V, chapitre sixième, la troisième république.

[59] A noter que le régime de Vichy restait ambigu quant au détenteur du pouvoir exécutif. Ainsi, ce dernier était partagé entre le chef de l’Etat (qui le détenait officiellement) et le vice-président du conseil, qui administrait le pays.

[60] Actuelle république centrafricaine.

[61] Ce n’est qu’à partir de 1942 que le Roosevelt rompit officiellement avec Vichy, bien que se méfiant toujours du général.

[62] La francisque était à l’origine une hache de lancer utilisée par les Francs. Elle fut bien plus tard érigée comme symbole de la France, au cours de la Révolution française ou sous le régime de Vichy.   

[63] A noter que cette devise avait été empruntée arbitrairement aux croix de feu, groupement d’anciens combattants.

[64] Nous y reviendrons par la suite.

[65] Pour en savoir plus sur les conflits entre l’Etat et l’Eglise, cliquez ici.

[66] Voir à ce sujet le b), 1, section IV, chapitre sixième, la troisième république.

[67] Ce dernier, né en mars 1811, était décédé à Vienne en 1832. Pour en savoir plus sur ce personnage, voir le 6, section III, chapitre troisième, l’épopée napoléonienne ; et le 2, section VI, chapitre premier, la monarchie de Juillet.

[68] Rappelons que le gouvernement britannique s’était toujours méfié de l’URSS.

[69] Unternehmen Seelöwe en allemand.

[70] Les Etats-Unis n’ayant pas encore déclaré la guerre à l’Allemagne.

[71] Les navires, ainsi immobilisés, reprirent la lutte contre l’Allemagne à compter de 1943.

[72] Les Swordfish, datant de 1934, étaient désormais obsolètes. Toutefois, ils équipaient encore les porte-avions de la Royal Navy.

[73] Rappelons que les Sturzkampfflugzeug étaient des avions chargés d’effectuer des attaques en piqué.

[74] A savoir France, Pologne, Tchécoslovaquie, Belgique, etc.

[75] C'est-à-dire « guerre de la Manche » en français.

[76] Rappelons que la Norvège était sous contrôle allemand depuis avril 1940. Pour plus de renseignements à ce sujet, voir le 1, section III, chapitre sixième, la troisième république.

[77] « L’attaque de l’aigle » en français.

[78] A noter que si les pilotes étaient équipés de parachutes, les avions n’étaient pas équipés de sièges éjectables. Les pilotes dont l’appareil avait été touché devaient donc s’extirper du cockpit à leurs risques et périls.

[79] Pour en savoir plus sur la bataille aérienne de Berlin, voir le 6, section VI, chapitre sixième, la troisième république.

[80] « Le jour de la bataille d’Angleterre. »

[81] En français « Corps aérien italien. » A ne pas confondre avec la Regia aeronautica, qui était l’armée de l’air italienne.

[82] Depuis le XIX° siècle, le pays était divisé entre politiques et militaires, les uns favorables à la démocratie, les autres à un régime autoritaire.

[83] Metaxas, né en avril 1871, sortit de l’école des Evelpides (la principale école militaire grecque) en 1890 avec le grade de sous-lieutenant. S’inspirant du militarisme prussien, il participa aux guerres balkaniques (pour en savoir plus à ce sujet voir la section III, chapitre troisième, la troisième république), mais pendant le premier conflit mondial il soutint la neutralité du roi Constantin I°. En 1917, Metaxas décida de suivre le roi en exil, ce dernier ayant été chassé du trône par les alliés (voir à ce sujet le b), 11, section V, chapitre quatrième, la troisième république). Rentrant en Grèce, Metaxas démissiona de l’armée en 1920, fondant en 1923 le parti de la libre opinion, situé à l’extrême-droite sur l’échiquier politique. Il fut nommé ministre de la guerre par Georges II en mars 1936.

[84] Metaxas, germanophile, entretenait de bonnes relations avec Hitler.

[85] La Bulgarie avait déclenché la seconde guerre balkanique en 1913 (voir le b), 4, section III, chapitre troisième, la troisième république), puis en 1914 avait rejoint la Triplice (c'est-à-dire l’Allemagne et l’Autriche).

[86] Ou Grammi Metaxa en grec.

[87] Le nome était une ancienne subdivision territoriale, équivalent à nos actuels départements. Ils furent remplacés par treize périphéries (ou régions.) en 2010.

[88] Né en décembre 1883, Papagos avait fait ses études militaires en Belgique. Ce dernier participa aux guerres balkaniques et à la guerre gréco-turque (voir le b), 9, section I, chapitre cinquième, la troisième république).

[89] L’Italie s’était emparé de l’Ethiopie, alors pays neutre, en 1935. Voir à ce sujet le d), 11, section II, chapitre cinquième, la troisième république.

[90] A noter qu’Hitler avait proposé à Mussolini d’envoyer des troupes allemandes en Libye, mais le Duce avait refusé.

[91] Rappelons qu’il s’agissait de l’armée de l’air italienne (« Régie aéronautique. »).

[92] Graziani, né en août 1882, était sorti de la première guerre mondiale avec le grade de colonel. Envoyé en Lybie après guerre, il fut nommé vice-gouverneur de Cyrénaïque en 1930. Participant à la guerre contre italo-éthiopienne en 1935, il reçut la charge de vice-roi d’Ethiopie suite à la conquête du pays.

[93] A cette date, les italiens se trouvaient à 700 kilomètres du canal de Suez.

[94] Wavell, né en mai 1883, participa à la première guerre mondiale où il perdit l’usage d’un œil. Nommé aide de camp du roi George V en 1932, il reçut les galons de général l’année suivante. En 1938, il fut nommé commandant en chef au Moyen-Orient. 

[95] Pour en savoir plus sur la campagne d’Erythrée, voir le c), 6, section IV, chapitre sixième, la troisième république.

[96] Voir à ce sujet le a), section II, section IV, chapitre sixième, la troisième république.

[97] « Opération Tournesol » en français.

[98] « Corps allemand d’Afrique » en français, souvent abrégé en Afrikakorps.

[99] Nous reviendrons sur cette nouvelle phase de la guerre du désert en 5, section IV, chapitre sixième, la troisième république.

[100] Né en octobre 1898, était un descendant du roi d’Italie Victor Emmanuel II. Nommé vice-roi d’Ethiopie en 1937, il reçut la charge de gouverneur de l’Afrique orientale italienne en 1940.

[101] Nasi, né en février 1879, combattit sur le front italien au cours de la première guerre mondiale. Nommé vice-gouverneur de Cyrénaïque en 1934, il participa à la guerre contre l’Ethiopie l’année suivante. En 1939, Nasi fut nommé vice-gouverneur de l’Afrique orientale italienne.

[102] Né en 1896, Chater avait participé à la bataille des Dardanelles pendant la première guerre mondiale, puis fut envoyé sur le front ouest. Suite au premier conflit mondial, il fut affecté au Soudan, avant d’être nommé en 1940 commandant des forces britanniques en Somalie.

[103] Messervy, né en décembre 1893, avait participé à la première guerre mondiale, combattant sur le front ouest ainsi qu’au Proche-Orient. Promu capitaine, il servit en Inde jusqu’en 1938, puis fut nommé colonel l’année suivante.

[104] Frusci, né en 1879, participa à la guerre contre l’Ethiopie, puis participa à la guerre d’Espagne en tant que volontaire. Promu général, Frusci fut nommé gouverneur de l’Erythrée en 1939.

[105] Voir à ce sujet le c), 3, section III, chapitre sixième, la troisième république.

[106] Les FFL formaient une force armée ralliée à la France libre. Leur symbole était la croix de Lorraine, adoptée par le général de Gaulle à compter de juillet 1940 (l’objectif à l’époque était de contrebalancer la croix gammée allemande).

[107] Afrique occidentale française.

[108] Rappelons que Gibraltar, à la pointe sud de l’Espagne, était sous domination britannique depuis 1704. Voir à ce sujet le 6, section VIII, chapitre troisième, les Bourbons.

[109] Le Mandchoukouo, conquis en 1932, correspond à la pointe nord-est de la Chine actuelle.

[110] Ce dernier était le regroupement de plusieurs petites entités collaboratrices. Son nom officiel était république de Chine (à ne pas confondre donc avec la république de Chine indépendante).

[111] Catroux, né en janvier 1877, intégra Saint Cyr en 1896. Fait prisonnier en 1915, il fut envoyé après guerre en Afrique du nord. Catroux fut nommé gouverneur de l’Indochine en 1939.

[112] Le Yunnan étant une province chinoise à la frontière de l’Indochine.

[113] A noter que Catroux, suite à son éviction, décida de gagner la France libre. Il fut ainsi le premier haut gradé à rejoindre le général de Gaulle.

[114] Decoux, né en mai 1884, était entré à l’école navale en 1901. Participant au premier conflit mondial avec le grade de lieutenant, il fut nommé vice-amiral en 1939.

[115] Le kantogun était originaire de la péninsule du Guandong,  en Chine. 

[116] Le Tonkin, région nord de l’Indochine, se trouvait sur la frontière chinoise.

 
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