1° Le
lourd bilan humain – En 1945, la seconde guerre mondiale
prenait fin, mais le bilan humain était dramatique. L’URSS, arrivant en tête
de ce triste palmarès, comptait 25 millions de victimes, suivi de près par
la Chine (20 millions.) et par l’Allemagne nazie (9 millions.).
Proportionnellement, la Pologne fut le pays le plus marqué par le conflit,
perdant 16% de sa population pendant le conflit (14.5% pour la Lituanie et
14% pour l’URSS.).
Pertes humaines de la seconde
guerre mondiale |
Pays |
Pertes militaires |
Pertes civiles |
Pertes totales |
Allemagne |
5 300 000
|
3 800 000 |
9 100 000 |
Australie |
39 000 |
700 |
39 700 |
Autriche |
380 000 |
145 000 |
525 000 |
Belgique |
12 000 |
76 000 |
88 000 |
Bulgarie |
19 000 |
2 000 |
21 000 |
Canada |
45 000 |
0 |
45 000 |
Chine |
3 800 000 |
16 200 000 |
20 000 000 |
Danemark |
4 000 |
4 000 |
4 000 |
Espagne |
12 000 |
10 000 |
22 000 |
Etats-Unis |
415 000 |
1 500 |
416 500 |
Finlande |
95 000 |
2 000 |
97 000 |
France |
238 000 |
330 000 |
541 000 |
Grèce |
30 000 |
500 000 |
530 000 |
Hongrie |
300 000 |
280 000 |
580 000 |
Indes britanniques |
87 000 |
1 500 000 |
1 587 000 |
Indes néerlandaises |
0 |
4 000 000 |
4 000 000 |
Italie |
330 000 |
80 000 |
410 000 |
Japon |
1 300 000 |
700 000 |
2 000 000 |
Nouvelle-Zélande |
12 000 |
0 |
12 000 |
Pays-Bas |
12 000 |
198 000 |
210 000 |
Pologne |
320 000 |
5 500 000 |
5 820 000 |
Nouvelle-Zélande |
1 |
18 000 |
18 000 |
Roumanie |
520 000 |
465 000 |
985 000 |
Royaume-Uni |
380 000 |
65 000 |
445 000 |
Tchécoslovaquie |
25 000 |
300 000 |
325 000 |
URSS |
10 000 000 |
15 000 000 |
25 000 000 |
Yougoslavie |
300 000 |
1 400 000 |
1 700 000 |
Total mondial |
25 000 000 |
45 000 000 |
70 000 000 |
Si
une partie des victimes civiles avaient trouvé la mort dans les violents
combats ayant ensanglanté l’Europe, l’Afrique et l’Asie, près de 20 millions
de personnes avaient été éliminées en raison de la politique raciste,
antisémite et eugéniste du troisième Reich.
Victimes civiles du troisième
Reich |
Juifs |
5 à 6 millions |
Roms |
250 000 ? |
Handicapés |
200 000 ? |
Homosexuels |
10 000 ? |
Chrétiens |
5 000 ? |
Polonais |
2 millions |
Russes, Ukrainiens et Biélorusses |
10 millions ? |
Serbes |
330 000 ? |
Total |
Environ 20 millions |
Outre le troisième Reich, le gouvernement japonais causa d’importants crimes
de guerre dans le Pacifique. Toutefois, si les données statistiques sont
trop lacunaires pour donner des chiffres précis, l’on estime que les
massacres organisés par l’armée impériale auraient entraîné la mort de 5 à
20 millions de civils.
A
noter que la France, bien qu’étant pas épargnée par le conflit, déplora
moins de pertes humaines qu’à l’issue de la première guerre mondiale (1.6
millions de victimes en 1918, contre « seulement » 541 000 en 1945.).
Toutefois, le conflit perturba une fois encore l’évolution démographique du
pays, la France ne retrouvant qu’en 1950 sa population d’avant la première
guerre mondiale.
2° Bilan des destructions
– Si les destructions causées par la première guerre mondiale
étaient majoritairement concentrées dans le nord de la France, en 1945, de
nombreux pays avaient été dévastés par le second conflit mondial.
a)
Les destructions en France : en France, si Paris fut relativement
épargnée par les destructions,
de nombreuses villes de la côte atlantique avaient été rasées par les
bombardements alliés ou par les combats urbains : Rouen, Le Havre, Caen,
Brest, Lorient, Saint-Nazaire, etc.
Par ailleurs, les combats avaient mis hors d’usage plusieurs centaines de
ponts, de routes, de voies ferrées, etc.
Ruines du Havre, 1945.
Outre les dégâts matériels, la France subit, comme pendant la première
guerre mondiale, une importante pollution des sols et des eaux, plusieurs
milliers d’hectares étant infestés de balles, d’obus, et de cadavres
pourrissants.
Le
montant total de la reconstruction s’éleva, en France, à cinq milliards de
francs.
b)
Les destructions matérielles en Allemagne : le second conflit mondial
causa de très importants dégâts en Allemagne. Ainsi, de nombreuses villes
furent quasiment rasées par les bombardements alliés, telles que Berlin,
Hambourg, Dresde, Cologne, etc.
Cologne après les bombardements alliés,
musée des Invalides, Paris.
En
parallèle des destructions matérielles, les bombardements entraînèrent
l’anéantissement de 40% des archives allemandes, 8 millions d’ouvrages
entreposés dans les bibliothèques
(dont des thèses universitaires publiées en un exemplaire.), des milliers
d’incunables et de parchemins datant du Moyen-âge, etc.
Toutefois, la majorité des œuvres d’art allemandes échappèrent à la
destruction (causée par les nazis ou par les bombardements.) en étant
cachées dans des bunkers ou dans des mines. Toutefois, les Soviétiques
pillèrent néanmoins une partie du patrimoine culturel allemand à l’issue du
conflit.
Les conditions de vie des Allemands après-guerre fut particulièrement
précaire, les bombardements ayant entrainé la destruction de milliers
d’usines, routes, voies ferroviaires, ports, etc.
Pendant plusieurs années, en raison des destructions des infrastructures
allemandes, mais aussi du retour au pays d’onze millions d’Allemands
d’Europe de l’est (sans compter les militaires démobilisés.), le pays fut
marqué par plusieurs disettes, cumulées à des difficultés de ravitaillement
en combustible pour l’hiver.
Enfin, les Allemands furent contraints de porter, à l’issue du second
conflit mondial, l’entière responsabilité du nazisme et des ravages
occasionnés par le troisième Reich.
En
effet, contrairement à l’Espagne, l’Italie, voire même l’URSS, où des
dictateurs étaient arrivés au pouvoir par la violence, et au mépris de la
démocratie, Hitler avait été largement soutenu et approuvé par la population
allemande lors de sa marche vers les sommets de l’Etat.
Toutefois, refusant de faire face à leurs responsabilités, les généraux
allemands de 1945 inventèrent le mythe de la « Wehrmacht propre », affirmant
que les soldats allemands
n’avaient commis aucun crime de guerre (imitant en cela les généraux
allemands de 1918 qui avaient inventé la légende du « coup de poignard dans
le dos. »).
c)
Les destructions matérielles en URSS : les combats sur le front est
s’étaient accompagnés d’une politique raciste et antisémite, menée par le
troisième Reich, visant les populations slaves et juives de la région.
Comme nous l’avons vu précédemment, non seulement le bilan humain était
lourd (12 millions de victimes civiles en Pologne, Ukraine, Russie et
Biélorussie, plus les 10 millions de soldats morts pendant la guerre.), mais
en outre il s’était accompagné d’une politique de terre brûlée dans les
territoires occupés.
Ainsi, de nombreuses villes avaient été sévèrement endommagées, que ce soit
lors de l’occupation allemande (Varsovie, Smolensk, Kiev, Minsk, etc.) où
lors des combats (Stalingrad, Léningrad, etc.).
Ruines de Minsk, 1945.
En
ce qui concerne les prisonniers de guerre soviétiques, plus de la moitié
d’entre eux périrent en détention (soit trois millions de victimes.), en
raison des mauvais traitements ou d’exécution sommaire.
Toutefois, les trois millions restants furent accueillis froidement par les
autorités, et plus d’un millions d’entre eux furent condamnés au goulag ou à
la peine de mort par Staline. Les membres de l’armée de libération russe,
qui avaient combattu sous drapeau allemand, furent quant à eux condamnés
pour haute trahison.
Ce
n’est qu’à compter de 1960 que l’URSS retrouva sa population d’avant guerre.
d)
Les destructions aux Japon: le Japon fut peut être le pays le plus
marqué par la seconde guerre mondiale, de par l’ampleur des destructions
occasionnées dans les grandes villes du pays (Tokyo, Kobe, Osaka, Nagoya,
etc.), mais aussi par l’explosion des deux bombes atomiques de Hiroshima et
Nagasaki.
Tout comme en Allemagne, les conditions de vie des Japonais furent
particulièrement rudes après guerre. En effet, non seulement le conflit
avait entraîné la destruction des infrastructures japonaises ; en outre, le
pays fut contraint de faire face au retour des militaires démobilisés, mais
aussi à celui de trois millions de Japonais ayant quitté le Mandchoukouo, la
Chine ou la Corée.
C’est ainsi que, comme en Allemagne, le pays fut marqué par plusieurs
disettes (100 000 victimes de malnutrition entre 1945 et 1948.), cumulées à
des difficultés de ravitaillement en combustible pour l’hiver.
Toutefois, malgré les pertes occasionnées par le second conflit mondial, le
Japon retrouva rapidement sa population d’avant-guerre, grâce à une efficace
politique matrimoniale.
3° L’occupation des pays vaincus
(1945 à 1990) – Comme nous l’avons vu précédemment,
l’Allemagne, l’Autriche et le Japon étaient occupés par les puissances
alliées depuis la fin du second conflit mondial.
Toutefois, la durée et les conditions d’occupation ne furent pas les mêmes
en fonctions des pays.
a)
L’occupation de l’Allemagne, le tribunal de Nuremberg (1945 à 1949) :
conformément aux dispositions prises à Yalta, quatre zones d’occupations
furent établies en Allemagne, à l’issue de la seconde guerre mondiale :
Britannique, au nord-ouest ; Française, au sud-ouest ; Soviétique, au
nord-est ; et Américaine, au sud-est.
Berlin, bien que située dans la zone soviétique, avait un statut
particulier. Ainsi, l’ancienne capitale était partagée entre les quatre
grandes puissances (alliés à l’ouest, communistes à l’est.).
-
Conformément aux engagements pris à Potsdam, une politique de dénazification
fut entreprise dans tout le pays (elle fut particulièrement virulente dans
la zone d’occupation soviétique.).
C’est ainsi que s’ouvrit le procès de Nuremberg, en octobre 1945, où
une série de dignitaires nazis furent accusés de crime de guerre,
crime contre la paix,
et crime contre l’humanité.
Les 24 inculpés furent Hermann Göring ; Rudolf Hess ; Joachim von
Ribbentrop ; Robert Ley, directeur du
front allemand du travail ;
le maréchal Wilhelm Keitel ; Julius Streicher, éditeur et député nazi
de Nuremberg ; Ernst Kaltenbrunner, dirigeant du RSHA depuis la mort
de Heydrich ; Alfred Rosenberg, théoricien du nazisme ; Hans Frank,
gouverneur de Pologne ; Wilhelm Frick, ministre de l’Intérieur de
1933 à 1943 ; Hjalmar Schacht, ministre de l’Economie (1934 à
1937.) et président de la Reichsbank
(1933 à 1939.) ; Arthur
Seyß-Inquart ; l’amiral Karl Dönitz ; Walter Funk, ministre de
l’économie de 1938 à 1945 ; Albert Speer, architecte d’Hitler et
ministre de l’armement depuis 1942 ; Baldur von Schirach, chef
de jeunesses hitlériennes ; Fritz Sauckel, organisateur du STO ; Alfred
Jodl ; Franz von Papen, qui avait proposé Hitler au poste de
chancelier, en 1933 ; Konstantin von Neurath, ministre des
Affaires étrangères (1932 à 1938.) et protecteur de Bohême-Moravie ; Erich
Raeder, commandant de la Kriegsmarine entre 1939 et 1943 ; Martin Bormann ;
Hans Georg Fritzsche, collaborateur de Goebbels au ministère de la
Propagande ; et Gustav Krupp, président de la société Krupp
AG, spécialisée dans la fabrication d’armes.
Principaux accusés du procès de Nuremberg. De haut en bas et de gauche à
droite : Robert Ley, Julius Streicher, Ernst Kaltenbrunner, Alfred Rosemberg,
Hans Frank, Wilhelm Frick, Hjalmar Schacht, Walter Funk, Albert Speer,
Baldur von Schirach, Fritz Sauckel, Franz von Papen, Konstantin von Neurath,
Hans Georg Fritzsche, Gustav Krupp.
Furent aussi accusées des organisations nazies, telles que la SS (dont le
SD, service de renseignement de la SS.), la SA, la Gestapo, et l’Etat-major
allemand.
La
séance inaugurale se tint le 18 octobre 1945, le du procès de Nuremberg
étant dirigé à tout de rôle par quatre juges de nationalité différente,
représentant les quatre grandes puissances (Etats-Unis, URSS,
Grande-Bretagne, France.). A noter qu’au contraire de ses collègues, le juge
soviétique était un juriste militaire (ce qui explique en partie la sévérité
des sanctions adoptées à Nuremberg.).
Au
cours de leurs réquisitoires, les procureurs étayèrent leur accusation sur
des pièces écrites, en majorité issues des archives du troisième Reich. La
possession de ces documents diplomatiques et militaires permit aux avocats
de prouver sans ambages la culpabilité des dignitaires nazis.
Le procès de Nuremberg.
Le
crime contre la paix, bien qu’étant une notion nouvelle (et donc pénalisée
par le principe de non-rétroactivité des lois.), fut toutefois retenu grâce
à la signature d’anciens traités signés par l’Allemagne. En effet, le
gouvernement allemand avait signé le
pacte Briand-Kellog
en août 1928, texte qui proclamait la guerre « hors la loi », sauf en cas
d’agression ennemie.
Les crimes de guerre et crimes contre l’humanité furent retenus bien plus
facilement, les preuves ne manquant pas concernant les camps de
concentration et d’extermination, les mauvais traitements réservés aux
prisonniers soviétiques, les discriminations à l’égard des juifs, les
massacres de grande ampleur causés en Pologne, Ukraine et Russie, les
exactions commises en France, etc.
A
l’issue de débats ayant duré près d’un an, le tribunal rendit son verdict le
30 septembre 1946.
Furent condamnés à mort : Göring, Ribbentrop, Streicher, Keitel,
Kaltenbrunner, Rosenberg, Frank, Frick, Seyß-Inquart, Sauckel, Jodl,
Bormann.
Trois peines de prison à vie étaient prononcées pour Hess,
Funk,
et Raeder ;
20 ans étaient requis contre Speer et von Schirach ; 15 contre von Neurath ;
10 contre Dönitz.
Schacht, von Papen et Fritzche, quant à eux, furent acquittés (mais ils
furent toutefois condamnés lors de procès ultérieurs à des peines de travaux
forcés.)
A
noter que Krupp, souffrant de démence sénile, ne fut pas jugé ; Ley, quant à
lui, fut retrouvé pendu dans sa cellule moins d’un mois après l’ouverture du
procès.
Par ailleurs, la SS, la Gestapo et le SD furent considérées comme des
organisations criminelles. La SA et l’Etat-major allemand, au contraire,
furent innocentés, même si plusieurs de leurs membres furent poursuivis par
la suite.
Les détenus, à l’annonce du verdict, furent autorisés à procéder à des
retours en grâce, qui furent tous rejetés. L’exécution des douze condamnés à
mort se fit dans la nuit du 16 octobre 1946, par pendaison.
A
noter que les officiers de la Wehrmacht (à savoir Göring, Jodl et Keitel.),
qui auraient dû être fusillés en raison de leur statut de militaire, furent
eux aussi pendus (Göring se suicida en cellule peu de temps avant
l’exécution.).
-
Outre le procès de Nuremberg, douze autres tribunaux d’importance se
réunirent da ns le contexte de la dénazification : le procès des
médecins, chargé de punir les médecins ayant procédé à la liquidation
des handicapés allemands ; le procès Milch, où le maréchal Erhard
Milch, collaborateur de Göring au ministère de l’Aviation fut condamné à
la prison à vie ;
le procès des juges, contre des procureurs ayant promu les lois
antisémites du troisième Reich ; le procès Pohl, chargé de juger les
membres du WVHA,
organisme chargé entre autres de la gestion des camps de concentration ; les
procès Flick, IG Farben et
Krupp,
contre les sociétés éponymes ; le procès des otages, où des officiers
allemands furent punis pour leurs exactions dans les Balkans ; le
procès du RuSHA,
organisme chargé entre autres de délivrer des attestations de « pureté
raciale » ; le procès des Einsatzgruppen ; le procès des ministères,
au cours duquel furent accusés plusieurs ministre du troisième Reich ; et le
procès du haut-commandement militaire, chargé de juger les officiers
généraux de l’OKW.
Furent aussi organisés des tribunaux dans les anciens camps de
concentrations allemands, comme à Auschwitz, Dachau, Buchenwald, Dora,
Ravensbrück, Mathausen, Belsen, etc.
Près de 150 SS y furent condamnés à mort par pendaison.
Enfin, plusieurs procès de dénazification, que nous avons précédemment
évoqué, furent organisés en Allemagne jusqu’en 1949. Toutefois, les procès
intentés aux anciens nazis se poursuivirent jusqu’aux années 1970-1980, de
nombreux collaborateurs du troisième Reich ayant réussi à échapper à la
justice d’après-guerre.
-
Pendant la période d’occupation de l’Allemagne, Américains et Soviétiques
procédèrent à un véritable pillage des ressources scientifiques de
l’Allemagne.
C’est ainsi que la Luftwaffe fut dépossédée de ses avions à réaction (les
chasseurs ME-262 et les bombardiers AR-234.), aux performances
spectaculaires pour l’époque. Démontés et étudiés par les chercheurs
américains et soviétiques, ils donnèrent naissance à une nouvelle génération
d’appareils de combats (F-86 Sabre aux Etats-Unis et Yakovlev
Yak-15 en URSS.).
F-86 Sabre (en haut) et Yakovlev Yak-15 (en bas).
Furent aussi récupérés les V2 encore intacts, qui donnèrent naissance
après-guerre aux missiles américains Bumpers.
Dans un même ordre d’idées, l’Etat-major américain procéda à l’opération
Paperclip entre 1945 et 1957, favorisant l’exil des cerveaux allemands
vers les Etats-Unis.
Au
final, furent exfiltrés près de 1 500 scientifiques, ces derniers ayant
travaillé sur les fusées V2,
l’arme atomique, les gaz de combat, etc.
Outre les cerveaux allemands, Américains et Britanniques firent appel à
d’anciens nazis, qui furent intégrés auprès des services secrets.
Côté français, outre la récupération de plusieurs scientifiques, la
Légion étrangère accueillit, à l’issue du second conflit mondial,
milliers d’anciens soldats de la Wehrmacht.
Le
gouvernement soviétique fit de même dans la zone d’occupation de l’URSS,
donnant naissance au département 7.
Les Soviétiques, particulièrement intéressés par les missiles et les avions
à réaction, firent main basse sur plusieurs usines et sur plusieurs pièces
de V2, donnant naissance aux premiers missiles balistiques soviétiques.
A
noter en outre que l’URSS procéda à la déportation de 250 000 Allemands
(civils et militaires.), destinés à travailler en Ukraine, en Pologne, et en
Yougoslavie. Toutefois, si les déportés furent autorisés à rentrer au pays à
compter des années 1950, près de 50 000 d’entre eux moururent dans les camps
d’internement.
A
noter toutefois que l’exil des cerveaux avait commencé avant guerre, de
nombreux scientifiques de confession juive (ou d’origines juives.) ayant
quitté l’Allemagne ou l’Autriche afin de fuir les nazis : le psychanalyste
Sigmund Freud, le cinéaste Fritz Lang, le scientifique
Albert Einstein, le dramaturge Bertolt Brecht, l’écrivain
Stefan Zweig, la philosophe Hannah Arendt, le diplomate Henry
Kissinger, etc.
-
Comme nous l’avons vu plus tôt, si Roosevelt, amoindri par la maladie, avait
accordé de nombreux privilèges à Staline, Truman, au contraire, se méfiait
du régime soviétique.
Ainsi, en l’espace de quelques années, les anciens alliés ne tardèrent pas à
rentrer en conflit (Churchill et Patton étant partisans d’une attaque
préventive contre l’URSS.).
Ainsi, à la fin des années 1940, le plan Morgenthau était vivement critiqué
par l’administration américaine, refusant de céder l’Allemagne de l’est aux
communistes ; l’URSS, au contraire, s’appuyait sur les clauses adoptées lors
des conférences internationales pour assoir sa position dans la région.
Le
1er janvier 1947, les zones d’occupation américaines et
britanniques fusionnèrent, donnant naissance à la Bizone (l’objectif
était de protester contre la fin des exportations agricoles d’Allemagne de
l’est en direction des secteurs occidentaux.).
Puis, en juin 1948, la zone française rejoignit la Bizone, formant la
Trizone. Cette nouvelle entité donna naissance à la république
fédérale allemande (ou Allemagne de l’ouest.), à la fin de
l’occupation alliée (23 mai 1949.).
Parallèlement, l’URSS
instaura la république démocratique allemande (Allemagne de l’est.),
le 7 octobre 1949 (toutefois, si la RFA obtint rapidement une pleine
souveraineté, la RDA resta un Etat satellite de l’Union soviétique.).
La
Sarre, devenu un protectorat français à l’issue du second conflit mondial,
fut rattachée à la RFA le 1er janvier 1957, suite à un référendum
organisé en octobre 1955.
b)
L’occupation du Japon, le tribunal de Tokyo (1945 à 1952) :
contrairement à l’Allemagne, le Japon ne fut pas occupé par les quatre
grandes puissances, mais uniquement par les Etats-Unis. En effet, le général
Mac Arthur, commandant suprême des puissances alliées, considérait que les
communistes ne devaient pas s’implanter au Japon (ces derniers s’étaient
toutefois emparés de Sakhaline et des îles Kouriles, et occupaient la Corée
du nord.).
Sous l’égide de Mac Arthur, gouverneur militaire du Japon, l’Etat-major
américain donna naissance au Commandement suprême des forces alliées.
Cette entité, chargée d’administrer les troupes d’occupation, participa
aussi au processus de libéralisation et de démocratisation (le commandement
suprême participa à la rédaction de la constitution du Japon.).
Le
contingent américain, ne comptant que quelques milliers d’hommes en
septembre 1945, fut de 460 000 soldats à la fin des années 1940 (sans
compter les 40 000 Britanniques.).
-
Comme à Nuremberg, un procès fut mis en place à Tokyo, destiné à juger les
criminels de guerre japonais. Suite à l’arrestation d’une série de suspects
entre novembre et décembre 1945, le Tribunal militaire international pour
l'Extrême-Orient fut convoqué en avril 1946. Seraient jugés, une
fois encore, les prévenus présumés coupables de crimes contre la paix,
crimes de guerre, et crimes contre l’humanité.
Le tribunal de Tokyo.
Onze juges furent choisis pour présider les débats, représentants les
différents pays alliés (Etats-Unis, URSS,
Grande-Bretagne, France, Chine, Australie, Canada, Nouvelle-Zélande,
Pays-Bas, Inde et Philippines.).
Parmi les 28 inculpés, l’on comptait Koichi Kido (gardien du sceau
privé du Japon
entre juin 1940 et novembre 1945.) et Shumei Okawa (un théoricien
nationaliste.) ; quatre premiers ministres : Koki Hirota (premier
ministre du Japon de mars 1936 à février 1937, et ministre des Affaires
étrangères de juin 1937 à mai 1938.), Kiichiro Hiranuma (premier
ministre du Japon de janvier à août 1939.), le général Hideki Tojo
(premier ministre du Japon d’octobre 1941 à juillet 1944.), le général
Kuniaki Koiso (premier ministre de juillet 1944 à avril 1945 et
gouverneur général de Corée entre mai 1942 et juillet 1944.) ; trois
ministres des Affaires étrangères :
Yosuke Matsuoka
(ministre des Affaires étrangères entre
juillet 1940 et juillet 1941.), Shigenori Togo (ministre des Affaires
étrangères d’octobre 1941 à septembre 1942.), Mamoru Shigemitsu (ministre
des Affaires étrangères entre 1943 et avril 1945.) ; plusieurs ministres de
la Guerre ou membres de ce cabinet : le général Jiro Minami (ministre
de la Guerre d’avril à décembre 1931, commandant en chef de l’armée du
kantogun, et gouverneur général de Corée entre août 1936 et mai 1942.), le
général Sadao Araki (ministre de la Guerre de décembre 1931 à avril
1934, puis ministre de l’Education entre mai 1938 et août 1939.), le général
Seishiro Itagaki (ministre de la Guerre de juin 1938 à août 1939.),
le maréchal Shunroku Hata (ministre de la Guerre d’août 1939 à
juillet 1940.), le général Kenryo Sato (collaborateur au ministère de
la Guerre.) , le général Kenji Doihara (collaborateur au ministère de
la Guerre.), le général Yoshijiro Umezu (collaborateur au ministère
de la guerre et gouverneur général du Guandong entre 1939 et 1944.) ;
plusieurs ministres de la Marine ou membres de ce cabinet : l’amiral
Osami Nagano (ministre de la Marine entre mars 1936 et février 1937, et
commandant en chef de la Marine japonaise entre avril 1941 et février
1944.), l’amiral Shigetaro Shimada (ministre de la Marine d’octobre
1941 à juillet 1944), l’amiral Takazumi Oka (collaborateur au
ministère de la Marine) ; plusieurs membres du ministère des Finances :
Okinori Kaya (ministre des Finances entre 1941 et 1945.) ; Naoki
Hoshino et le général Teiichi Suzuki (collaborateurs au ministère
des Finances.) ; deux ambassadeurs : Toshio Shiratori (ambassadeur du
Japon en Italie, puis conseiller aux Affaires étrangères) ; le général
Hiroshi Oshima (ambassadeur du Japon en Allemagne.) ; ainsi que
plusieurs généraux ayant occupé diverses fonctions : le général Heitaro
Kimura (commandant en chef de l’armée japonaise en Birmanie d’août 1944
à septembre 1945.), le général Iwane Matsui (commandant en
chef de l’armée japonaise en Chine centrale entre octobre 1937 et février
1938.), le général Akira Muto (commandant en chef de l’armée
japonaise aux philippines d’octobre 1944 à août 1945.), le colonel
Kingoro Hashimoto (fondateur de la société secrète du
Sakurakai,
favorable à un coup d’Etat militaire afin d’instaurer une dictature
militaire.).
Les accusés du tribunal de Tokyo. De haut en bas et de gauche à droite :
Koichi Kido, Shumei Okawa, Koki Hirota, Kiichiro Hiranuma, Hideki Tojo, Kuniaki Koiso,
Yosuke Matsuoka, Shigenori Togo, Mamoru Shigemitsu, Jiro Minami, Sadao Araki, Seishiro Itagaki, Shunroku Hata, Kenryo Sato, Kenji Doihara, Yoshijiro Umezu,
Osami Nagano, Shigetaro Shimada, Takazumi Oka,
Okinori Kaya, Naoki
Hoshino, Teiichi Suzuki, Toshio Shiratori,
Hiroshi Oshima, Heitaro
Kimura, Iwane Matsui, Akira Muto,
Kingoro Hashimoto.
A
noter que l’Empereur Hirohito et la famille impériale, bien que principaux
responsables du conflit dans le Pacifique, ne furent jamais inquiétés par la
justice
(l’Empereur n’abdiqua pas, mais en contrepartie, Mac Arthur lui demanda
officiellement de renoncer à la nature divine de sa fonction.) ; dans un
même registre, certains criminels de guerre ne furent jamais condamnés, tels
que les membres de l’Unité 731, qui s’étaient livrés à des
expériences bactériologiques sur des populations mandchoues, faisant 500 000
victimes (le gouvernement américain assura l’impunité des membres de l’Unité
731 en échange de la communication des résultats de leurs expériences.).
Membres de l'unité 731 transportant un
cadavre.
Enfin, le tribunal de Tokyo ne jugea pas les organisations, contrairement au
tribunal de Nuremberg.
Autre différence avec le procès s’étant déroulé en Allemagne, le manque de
preuves matérielles. Ainsi, si les alliés s’étaient emparés des archives du
troisième Reich, au Japon, de nombreux documents avaient été détruits afin
qu’ils ne tombent pas entre les mains des Américains.
Les différents procureurs, s’appuyant sur un nombre limité de pièces, eurent
parfois recours à des documents d’une authenticité contestable.
En
raison de ces difficultés, le procès de Tokyo fut bien plus long que celui
de Nuremberg, durant plus de deux années.
Les juges rendirent leur verdict en novembre 1948, prononçant la culpabilité
de tous les prévenus (à noter que deux accusés étaient morts entretemps,
Yosuke Matsuoka et Osami Nagano ; Shumei Okawa ayant été placé dans un
hôpital psychiatrique.).
Furent condamnés à mort : Koki Hirota, Hideki Tojo, Seishiro Itagaki, Kenji
Doihara, Heitaro Kimura, Iwane Matsui, et Akira Muto.
Seize peines de prison à vie furent prononcées contre Koichi Kido, Kiichiro
Hiranuma, Kuniaki Koiso, Jiro Minami, Sadao Araki, Shunroku Hata, Kenryo
Sato, Yoshijiro Umezu, Shigetaro Shimada, Takazumi Oka, Okinori Kaya, Naoki
Hoshino, Teiichi Suzuki, Toshio Shiratori, Hiroshi Oshima, Kingoro
Hashimoto ; 20 ans étaient requis contre Shigenori Togo ; 7 contre
Mamoru Shigemitsu.
Contrairement à Nuremberg, il n’y eut pas d’acquittements.
Suite à l’annonce du verdict, les accusés émirent plusieurs retours en
grâce, qui furent tous rejetés. L’exécution des sept condamnés à mort se
déroula le 23 décembre 1948, par pendaison.
En
ce qui concerne les condamnations à des peines de prisons plus ou moins
lourdes, la plupart des accusés bénéficièrent de spectaculaires réductions
de peines, et furent libérés au cours des années 1950 (à l’exception des
condamnés décédés pendant leur détention.).
En
parallèle du procès de Tokyo, en 1949, se déroula le procès de Khabarovsk,
en Extrême-Orient soviétique, près de la frontière chinoise.
Y
furent jugés douze criminels de guerre japonais, anciens membres du
kantogun, accusés d’avoir utilisé des armes bactériologiques produites par
l’Unité 731.
Les prévenus, condamnés à des peines de travaux forcés par les juges
soviétiques, ne rentrèrent au Japon qu’à compter de 1956.
-
Au Japon comme en Allemagne, le gouvernement américain procéda à une vague
de démocratisation, libéralisation et démilitarisation.
En
grande partie rédigée par le commandement suprême, la nouvelle constitution
japonaise fut adoptée le 3 mai 1947.
Si
l’ancienne constitution, datant de 1890, était calquée sur le modèle
prussien, le nouveau texte, résolument libéral, était bien plus proche de la
constitution américaine.
L’Empereur, abandonnant son statut divin et bon nombre des ses prérogatives,
n’avait plus qu’un rôle symbolique, nommant le premier ministre et les juges
de la Cour suprême du Japon.
Dans un même ordre d’idées, il fut procédé à la séparation du pouvoir
exécutif et du clergé, le Shinto
perdant son titre de religion d’Etat.
La
nouvelle monarchie, parlementaire et non plus absolue, devait s’appuyer sur
une assemblée bicamérale,
la Diète, élue par le peuple (le droit de vote fut accordé aux
femmes à cette occasion.).
Par ailleurs, plusieurs clauses, relatives aux droits individuels, étaient
insérées dans la constitution : liberté de réunion, d’association, de
parole, de propriété, de se syndiquer ; par ailleurs, l’esclavage, les
mariages forcés, la torture et la discrimination (sexe, origines ethniques,
statut social, religion.) étaient interdits.
Enfin, l’article 9 de la constitution faisait du Japon une nation pacifiste,
le pays renonçant à son droit souverain de faire la guerre ; en outre, toute
armée terrestre, navale ou aérienne était prohibée.
-
En septembre 1951, le Japon signa le
traité de San Francisco,
marquant la fin de l’occupation américaine. Le texte entra en vigueur le 28
avril 1952, date du retrait des troupes américaines stationnées au Japon.
Toutefois, dans le contexte de la guerre froide, les Etats-Unis conservèrent
de nombreuses bases militaires en territoire japonais ; par ailleurs, le
Japon resta un allié des Etats-Unis, destiné à soutenir la lutte contre le
communisme.
Le traité de San Francisco, septembre 1951.
4° Les traités de paix (1946 à
1990) – Suite à la capitulation de l’Allemagne et du
Japon, plusieurs traités furent signés entre les alliés et les anciens
membres de l’Axe.
a)
La conférence de paix de Paris (29 juillet au 15 octobre 1946), le traité
de Paris (10 février 1947) : une première conférence se réunit à Paris,
à l’été 1946, destinée à fixer les nouvelles frontières de l’Europe, mais
aussi le montant des indemnités de guerre.
-
Outre les représentants des grandes puissances
(Etats-Unis, URSS, Grande-Bretagne et France.), participèrent à cette
réunion la Finlande, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, l’Italie,
la Yougoslavie, la Roumanie, la Bulgarie, et la Grèce (à noter que
l’Allemagne et l’Autriche ne participèrent pas à cette conférence.).
Une des premières difficultés éprouvées par les alliés fut de déterminer
quels Etats étaient du côté de l’Axe, et lesquels ne l’étaient pas.
En
effet, la seconde guerre mondiale avait été une période trouble dans de
nombreux pays d’Europe. Ainsi, la France faisait partie des alliés, alors
qu’elle avait été gouvernée par le régime de Vichy entre 1940 et 1944 ; la
Finlande avait décidé de combattre aux côtés de l’Allemagne, afin de ne pas
être annexée par l’URSS (comme cela s’était produit dans les pays Baltes et
en Pologne.) ; la Roumanie, considérée comme pays vaincu, avait toutefois
renversé en août 1944 le général Antonescu, partisan de la collaboration ;
etc.
En
raison de ces difficultés, si certains pays furent considérés comme membres
de l’Axe (Roumanie, Bulgarie.), ils reçurent néanmoins des compensations
territoriales ou financières.
-
L’Italie, principal allié du troisième Reich pendant le conflit, paya sans
doute le plus lourd tribut : Tende et La Brigue, dans les Alpes-Maritimes,
étaient cédées à la France (l’annexion fut ratifiée par un référendum,
organisé au mois d’octobre 1947.) ; l’Istrie était rétrocédée à la
Yougoslavie (Trieste fut placée sous mandat de l’ONU.) ;
enfin, les îles du Dodécanèse, dans la mer Egée, étaient abandonnées à la
Grèce.
Par ailleurs, l’Italie perdait son Empire colonial, cédant l’Erythrée et
Somalie italienne
à la Grande-Bretagne ; la Lybie devait être administrée conjointement par la
France et la Grande-Bretagne ;
enfin, l’Ethiopie et l’Albanie retrouvaient leur indépendance.
Enfin, le gouvernement italien devait payer 100 millions de dollars à
l’URSS, 125 à la Yougoslavie, 105 à la Grèce, 25 à l’Ethiopie, et 5 à
l’Albanie.
-
La Hongrie, Etat signataire du pacte d’acier, avait bénéficié des victoires
du troisième Reich, voyant son territoire s’agrandir considérablement
pendant la guerre.
Toutefois, le traité de Paris ramenait la Hongrie à ses frontières de 1939,
trois villages situés à la frontière nord-ouest étant rétrocédés à la
Tchécoslovaquie.
Par ailleurs, le gouvernement hongrois devait verser 300 millions de dollars
à l’URSS, et 100 à la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie.
La
Hongrie payait pour son jusqu’auboutisme, ayant poursuivi la guerre aux
côtés de l’Allemagne nazie jusqu’à la fin du conflit
-
La Roumanie, qui avait perdu à l’été 1940 la Transylvanie (cédée à la
Hongrie.), la Bessarabie (URSS.) et la Dobroudja du sud (Bulgarie.), devait
payer une indemnité de 800 millions de dollars à l’URSS.
En
outre, sur les trois territoires perdus, la Roumanie ne récupérait que la
Transylvanie.
-
La Bulgarie, bien moins impliquée dans le second conflit mondial que dans le
premier, avait néanmoins déclaré la guerre aux puissances alliées en fin
d’année 1941, sur l’insistance d’Hitler.
Toutefois, en raison de la participation active des Bulgares aux combats
contre l’Allemagne, suite à l’invasion de la Bulgarie par l’armée rouge, à
l’été 1944, le pays reçut l’autorisation de conserver la Dobroudja du sud,
cédée par la Roumanie en 1940.
En
contrepartie, le gouvernement bulgare devait verser 45 millions de dollars à
la Grèce, et 25 à la Yougoslavie.
-
En ce qui concerne la Finlande, le traité de Paris ne fit que confirmer les
dispositions prises lors de l’armistice de Moscou, à l’été 1944.
Ainsi, la Finlande retrouvait ses frontières de 1940, rétrocédant en outre à
l’URSS la région de Petsamo (dernier accès finlandais à la mer de Barents.)
; le port de Porkkala était loué aux Soviétiques pour une durée de 50 ans .
Par ailleurs, le gouvernement finlandais devait verser 300 millions de
dollars à l’URSS.
b)
Le traité de San Francisco (septembre 1951) : alors que la période
d’occupation du Japon touchait à sa fin, les représentants de 51 pays furent
invités à participer à la conférence de San Francisco, en septembre
1951.
Outre les représentants des grandes puissances (Etats-Unis, URSS,
Grande-Bretagne, France.), l’on retrouvait aussi l’Australie, la Belgique,
le Brésil, le Canada, la Tchécoslovaquie, l’Egypte, l’Ethiopie, Iran,
l’Irak, le Japon, les Pays-Bas, la Norvège, la Pologne, le Viêt-Nam,
etc.
A
noter qu’à l’origine, 55 pays avaient été invités (toutefois, la
Yougoslavie, l’Inde,
et la Birmanie
refusèrent de participer à la conférence.) ; la Chine, en pleine guerre
civile, ne fut pas conviée à San Francisco.
Dès les premiers jours de la conférence, les délégués de l’URSS,
particulièrement critiques, tentèrent de perturber les négociations. Ainsi,
déplorant que la Chine communiste n’ait pas été invitée à la conférence, les
Soviétiques déclarèrent que le traité de paix ne garantissait pas la
démilitarisation japonaise, et qu’il constituait une paix séparée entre les
Etats-Unis et le gouvernement japonais. En outre, ils critiquèrent le fait
que le Japon devienne une base militaire américaine, et que la souveraineté
soviétique sur Sakhaline et les Kouriles ne soit pas reconnue.
Malgré ces récriminations, le traité fut signé le 8 septembre 1951 par les
représentants de 48 nations (l’URSS, la Pologne et la Yougoslavie refusèrent
de signer.).
Le
Japon abandonnait sa souveraineté sur la Corée, Formose,
les îles Pescadores,
Hong-Kong,
les îles Kouriles, Sakhaline, les îles Spratleys,
et l’Antarctique.
Par ailleurs, l’archipel des Ryükyü, ainsi que les îles Bonin,
bien que restant sous souveraineté japonaise, serait administré par les
Etats-Unis.
Enfin, le Japon s’engagea à reconnaître les jugements rendus par le tribunal
de Tokyo ; en outre, le gouvernement japonais devait verser, au titre des
indemnités de guerre, 550 millions de dollars aux Philippines, 223 à
l’Indonésie,
200 à la Birmanie, et 38 au Viêt-Nam.
c)
Les accords bilatéraux Chine-Japon (avril 1952) et URSS-Japon (octobre
1956) : l’URSS ayant refusé de signer le traité de San Francisco, et la
Chine communiste n’ayant pas été invitée à la conférence, deux nouveaux
accords furent donc signés avec le Japon.
-
Le traité de paix sino-japonais (ou traité de Taipei.)
fut signé le 28 avril 1952, un peu plus d’un an après la conférence de San
Francisco.
Se
réunissant à Taipei, capitale de Formose, les représentants de la Chine et
du Japon signèrent un accord de paix très similaire à celui de San
Francisco : ainsi, le gouvernement japonais confirmer l’abandon de Formose,
des îles Pescadores et des Spratleys ; par ailleurs, les résidents taïwanais
d’origine chinoise devaient recevoir la nationalité chinoise.
-
La déclaration commune soviéto-japonaise fut signée le 19 octobre
1956, soit près de dix ans après la fin de la guerre.
Le
texte prévoyait la fin de l’état de guerre dans les deux pays, et le
rétablissement des relations diplomatiques, dans l’attente de la signature
d’un traité de paix définitif. Par ailleurs, URSS et Japon acceptèrent de
mettre en place un accord commercial.
Toutefois, si le Japon avait abandonné ses prétentions sur Sakhaline, un
contentieux existait toujours au sujet des îles Kouriles. Toutefois, la
question ne fut jamais réglée.
d)
Le traité d’Etat autrichien (mai 1955) : alors que l’Autriche n’avait
pas participé à la conférence de Paris, organisé à l’été 1946, ce n’est
qu’en mai 1955 qu’un traité de paix fut signé entre le gouvernement
autrichien et les représentants des grandes puissances.
Le
traité d’Etat autrichien, signé à la fin de l’occupation alliée,
reconnaissait la souveraineté autrichienne ; l’union de l’Autriche et de
l’Allemagne était interdite ; enfin, les organisations fascistes et
néo-nazies étaient interdites.
A
noter que l’Autriche, située à mi-chemin entre l’ouest et l’est, respecta
une politique de neutralité jusqu’à la chute de l’URSS.
e)
Le traité de Moscou (septembre 1990) : si la seconde guerre mondiale
était terminée depuis près de dix ans, aucun traité de paix ne fut signé
avec l’Allemagne.
Toutefois, si la RDA resta sous domination soviétique, la RFA reçut
l’autorisation de rétablir des relations diplomatiques (mars 1951.),
retrouva sa souveraineté (1952.), et fut admise au sein de l’OTAN
(octobre 1954.).
Ainsi, ce n’est qu’en septembre 1990, lors de la chute de l’URSS, qu’un
accord définitif concernant l’Allemagne fut signé par les représentants des
grandes puissances.
Participèrent au traité de Moscou les quatre grandes puissances
(Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, URSS.) et les deux Allemagnes (RFA et
RDA.). C’est pour cette raison que cet accord est parfois appelé traité
quatre plus deux, ou traité deux plus quatre.
Le
texte, prévoyant la réunification de l’Allemagne et le départ des troupes
d’occupation soviétiques, entérinait définitivement les frontières de 1945 ;
le nouvel Etat, pacifiste, devait réduire les effectifs de l’armée à 370 000
hommes, et ne devait ni produire, ni détenir, des armes nucléaires,
chimiques, ou biologiques.
Le traité de
Moscou, septembre 1990.
5° Postérité de la seconde guerre
mondiale – Si le premier conflit mondial, faisant 18 millions de
victimes, avait contribué à redessiner les cartes de l’Europe, la guerre de
1939-1945 et ses 50 millions de morts bouleversa durablement la face du
monde.
Ainsi, ce conflit fit apparaitre au premier plan les deux grandes puissances
de la seconde moitié du XX° siècle : les Etats-Unis et l’URSS.
Dessin représentant les deux protagoniste de la guerre froide
: les Etats-Unis, à gauche, et l'URSS, à droite.
Toutefois, des dissensions ne tardèrent à poindre entre les deux alliés de
naguère, opposant l’Ouest, capitaliste et démocratique, à l’Est, communiste
et totalitaire.
La
guerre froide, n’opposant jamais directement les armées américaines et
soviétiques, se matérialisa à travers une série de conflits annexes,
éclatant à travers le globe quelques années seulement après la fin de la
seconde guerre mondiale : la guerre civile grecque, où les
communistes se révoltèrent afin de prendre le pouvoir ; la guerre de
Corée, opposant la Corée du nord communiste à la Corée du sud soutenue
par les Etats-Unis ; la guerre israélo-palestinienne, opposant arabes
et juifs installés au Proche-Orient ; la guerre du Viêt-Nam, opposant
le nord communiste au sud soutenu par les Etats-Unis ; sans oublier les
conflits éclatant en Afrique ou en Amérique du sud, où les deux grandes
puissances soutirent des guerres ou des coups d’Etats, afin de s’assurer du
contrôle de la région.
|