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Mythologie
 
 

 

 

La troisième république (1870 - 1945)

CHAPITRE SIXIEME : La Seconde Guerre mondiale

(septembre 1939 à septembre 1945)

 

IX : Bilan de la Seconde Guerre mondiale

           

            1° Le lourd bilan humain En 1945, la seconde guerre mondiale prenait fin, mais le bilan humain était dramatique. L’URSS, arrivant en tête de ce triste palmarès, comptait 25 millions de victimes, suivi de près par la Chine (20 millions.) et par l’Allemagne nazie (9 millions.).

Proportionnellement, la Pologne fut le pays le plus marqué par le conflit, perdant 16% de sa population pendant le conflit (14.5% pour la Lituanie et 14% pour l’URSS.).

 

Pertes humaines de la seconde guerre mondiale

Pays

Pertes militaires

Pertes civiles

Pertes totales

Allemagne

5 300 000

3 800 000

9 100 000

Australie

39 000

700

39 700

Autriche

380 000

145 000

525 000

Belgique

12 000

76 000

88 000

Bulgarie

19 000

2 000

21 000

Canada

45 000

0

45 000

Chine

3 800 000

16 200 000

20 000 000

Danemark

4 000

4 000

4 000

Espagne

12 000

10 000

22 000

Etats-Unis

415 000

1 500

416 500

Finlande

95 000

2 000

97 000

France

238 000

330 000

541 000

Grèce

30 000

500 000

530 000

Hongrie

300 000

280 000

580 000

Indes britanniques

87 000

1 500 000

1 587 000

Indes néerlandaises

0

4 000 000

4 000 000

Italie

330 000

80 000

410 000

Japon

1 300 000

700 000

2 000 000

Nouvelle-Zélande

12 000

0

12 000

Pays-Bas

12 000

198 000

210 000

Pologne

320 000

5 500 000

5 820 000

Nouvelle-Zélande

1

18 000

18 000

Roumanie

520 000

465 000

985 000

Royaume-Uni

380 000

65 000

445 000

Tchécoslovaquie

25 000

300 000

325 000

URSS

10 000 000

15 000 000

25 000 000

Yougoslavie

300 000

1 400 000

1 700 000

Total mondial

25 000 000

45 000 000

70 000 000

 

Si une partie des victimes civiles avaient trouvé la mort dans les violents combats ayant ensanglanté l’Europe, l’Afrique et l’Asie, près de 20 millions de personnes avaient été éliminées en raison de la politique raciste, antisémite et eugéniste du troisième Reich.

 

Victimes civiles du troisième Reich

Juifs

5 à 6 millions

Roms

250 000 ?

Handicapés

200 000 ?

Homosexuels

10 000 ?

Chrétiens

5 000 ?

Polonais

2 millions

Russes, Ukrainiens et Biélorusses

10 millions ?

Serbes

330 000 ?

Total

Environ 20 millions

 

Outre le troisième Reich, le gouvernement japonais causa d’importants crimes de guerre dans le Pacifique. Toutefois, si les données statistiques sont trop lacunaires pour donner des chiffres précis, l’on estime que les massacres organisés par l’armée impériale auraient entraîné la mort de 5 à 20 millions de civils.

 

A noter que la France, bien qu’étant pas épargnée par le conflit, déplora moins de pertes humaines qu’à l’issue de la première guerre mondiale (1.6 millions de victimes en 1918, contre « seulement » 541 000 en 1945.).

Toutefois, le conflit perturba une fois encore l’évolution démographique du pays, la France ne retrouvant qu’en 1950 sa population d’avant la première guerre mondiale.

 

            2° Bilan des destructions Si les destructions causées par la première guerre mondiale étaient majoritairement concentrées dans le nord de la France, en 1945, de nombreux pays avaient été dévastés par le second conflit mondial.

 

a) Les destructions en France : en France, si Paris fut relativement épargnée par les destructions[1], de nombreuses villes de la côte atlantique avaient été rasées par les bombardements alliés ou par les combats urbains : Rouen, Le Havre, Caen, Brest, Lorient, Saint-Nazaire, etc.

Par ailleurs, les combats avaient mis hors d’usage plusieurs centaines de ponts, de routes, de voies ferrées, etc.

 

Ruines du Havre, 1945.

 

Outre les dégâts matériels, la France subit, comme pendant la première guerre mondiale, une importante pollution des sols et des eaux, plusieurs milliers d’hectares étant infestés de balles, d’obus, et de cadavres pourrissants.

 

Le montant total de la reconstruction s’éleva, en France, à cinq milliards de francs.

 

b) Les destructions matérielles en Allemagne : le second conflit mondial causa de très importants dégâts en Allemagne. Ainsi, de nombreuses villes furent quasiment rasées par les bombardements alliés, telles que Berlin, Hambourg, Dresde, Cologne, etc.

Cologne après les bombardements alliés, musée des Invalides, Paris.

 

En parallèle des destructions matérielles, les bombardements entraînèrent l’anéantissement de 40% des archives allemandes, 8 millions d’ouvrages entreposés dans les bibliothèques[2] (dont des thèses universitaires publiées en un exemplaire.), des milliers d’incunables et de parchemins datant du Moyen-âge, etc.

Toutefois, la majorité des œuvres d’art allemandes échappèrent à la destruction (causée par les nazis ou par les bombardements.) en étant cachées dans des bunkers ou dans des mines. Toutefois, les Soviétiques pillèrent néanmoins une partie du patrimoine culturel allemand à l’issue du conflit.

 

Les conditions de vie des Allemands après-guerre fut particulièrement précaire, les bombardements ayant entrainé la destruction de milliers d’usines, routes, voies ferroviaires, ports, etc.

Pendant plusieurs années, en raison des destructions des infrastructures allemandes, mais aussi du retour au pays d’onze millions d’Allemands d’Europe de l’est (sans compter les militaires démobilisés.), le pays fut marqué par plusieurs disettes, cumulées à des difficultés de ravitaillement en combustible pour l’hiver.

 

Enfin, les Allemands furent contraints de porter, à l’issue du second conflit mondial, l’entière responsabilité du nazisme et des ravages occasionnés par le troisième Reich.

En effet, contrairement à l’Espagne, l’Italie, voire même l’URSS, où des dictateurs étaient arrivés au pouvoir par la violence, et au mépris de la démocratie, Hitler avait été largement soutenu et approuvé par la population allemande lors de sa marche vers les sommets de l’Etat.

 

Toutefois, refusant de faire face à leurs responsabilités, les généraux allemands de 1945 inventèrent le mythe de la « Wehrmacht propre », affirmant que les soldats allemands[3] n’avaient commis aucun crime de guerre (imitant en cela les généraux allemands de 1918 qui avaient inventé la légende du « coup de poignard dans le dos. »).

 

c) Les destructions matérielles en URSS : les combats sur le front est s’étaient accompagnés d’une politique raciste et antisémite, menée par le troisième Reich, visant les populations slaves et juives de la région.

Comme nous l’avons vu précédemment, non seulement le bilan humain était lourd (12 millions de victimes civiles en Pologne, Ukraine, Russie et Biélorussie, plus les 10 millions de soldats morts pendant la guerre.), mais en outre il s’était accompagné d’une politique de terre brûlée dans les territoires occupés.

Ainsi, de nombreuses villes avaient été sévèrement endommagées, que ce soit lors de l’occupation allemande (Varsovie, Smolensk, Kiev, Minsk, etc.) où lors des combats (Stalingrad, Léningrad, etc.).

Ruines de Minsk, 1945.

 

En ce qui concerne les prisonniers de guerre soviétiques, plus de la moitié d’entre eux périrent en détention (soit trois millions de victimes.), en raison des mauvais traitements ou d’exécution sommaire.

Toutefois, les trois millions restants furent accueillis froidement par les autorités, et plus d’un millions d’entre eux furent condamnés au goulag ou à la peine de mort par Staline. Les membres de l’armée de libération russe, qui avaient combattu sous drapeau allemand, furent quant à eux condamnés pour haute trahison.

 

Ce n’est qu’à compter de 1960 que l’URSS retrouva sa population d’avant guerre.

 

d) Les destructions aux Japon: le Japon fut peut être le pays le plus marqué par la seconde guerre mondiale, de par l’ampleur des destructions occasionnées dans les grandes villes du pays (Tokyo, Kobe, Osaka, Nagoya, etc.), mais aussi par l’explosion des deux bombes atomiques de Hiroshima et Nagasaki[4].

 

Tout comme en Allemagne, les conditions de vie des Japonais furent particulièrement rudes après guerre. En effet, non seulement le conflit avait entraîné la destruction des infrastructures japonaises ; en outre, le pays fut contraint de faire face au retour des militaires démobilisés, mais aussi à celui de trois millions de Japonais ayant quitté le Mandchoukouo, la Chine ou la Corée.

C’est ainsi que, comme en Allemagne, le pays fut marqué par plusieurs disettes (100 000 victimes de malnutrition entre 1945 et 1948.), cumulées à des difficultés de ravitaillement en combustible pour l’hiver.

Toutefois, malgré les pertes occasionnées par le second conflit mondial, le Japon retrouva rapidement sa population d’avant-guerre, grâce à une efficace politique matrimoniale.

 

            3° L’occupation des pays vaincus (1945 à 1990) Comme nous l’avons vu précédemment, l’Allemagne, l’Autriche et le Japon étaient occupés par les puissances alliées depuis la fin du second conflit mondial.

Toutefois, la durée et les conditions d’occupation ne furent pas les mêmes en fonctions des pays.

 

a) L’occupation de l’Allemagne, le tribunal de Nuremberg (1945 à 1949) : conformément aux dispositions prises à Yalta, quatre zones d’occupations furent établies en Allemagne, à l’issue de la seconde guerre mondiale : Britannique, au nord-ouest ; Française, au sud-ouest ; Soviétique, au nord-est ; et Américaine, au sud-est.

Berlin, bien que située dans la zone soviétique, avait un statut particulier. Ainsi, l’ancienne capitale était partagée entre les quatre grandes puissances (alliés à l’ouest, communistes à l’est.).

 

- Conformément aux engagements pris à Potsdam, une politique de dénazification fut entreprise dans tout le pays (elle fut particulièrement virulente dans la zone d’occupation soviétique.).

 

C’est ainsi que s’ouvrit le procès de Nuremberg, en octobre 1945, où une série de dignitaires nazis furent accusés de crime de guerre[5], crime contre la paix[6], et crime contre l’humanité[7].

Les 24 inculpés furent Hermann Göring ; Rudolf Hess ; Joachim von Ribbentrop ; Robert Ley, directeur du front allemand du travail[8] ; le maréchal Wilhelm Keitel ; Julius Streicher, éditeur et député nazi de Nuremberg ; Ernst Kaltenbrunner, dirigeant du RSHA depuis la mort de Heydrich ; Alfred Rosenberg, théoricien du nazisme ; Hans Frank, gouverneur de Pologne ; Wilhelm Frick, ministre de l’Intérieur de 1933 à 1943 ; Hjalmar Schacht, ministre de l’Economie (1934 à 1937.) et président de la Reichsbank[9] (1933 à 1939.) ;  Arthur Seyß-Inquart ; l’amiral Karl Dönitz ; Walter Funk, ministre de l’économie de 1938 à 1945 ; Albert Speer, architecte d’Hitler et ministre de l’armement depuis 1942 ; Baldur von Schirach, chef de jeunesses hitlériennes ; Fritz Sauckel, organisateur du STO ;  Alfred Jodl ; Franz von Papen, qui avait proposé Hitler au poste de chancelier, en 1933 ; Konstantin von Neurath, ministre des Affaires étrangères (1932 à 1938.) et protecteur de Bohême-Moravie ; Erich Raeder, commandant de la Kriegsmarine entre 1939 et 1943 ; Martin Bormann[10] ; Hans Georg Fritzsche, collaborateur de Goebbels au ministère de la Propagande ; et Gustav Krupp, président de la société Krupp AG, spécialisée dans la fabrication d’armes.

Principaux accusés du procès de Nuremberg. De haut en bas et de gauche à droite : Robert Ley, Julius Streicher, Ernst Kaltenbrunner, Alfred Rosemberg, Hans Frank, Wilhelm Frick, Hjalmar Schacht, Walter Funk, Albert Speer, Baldur von Schirach, Fritz Sauckel, Franz von Papen, Konstantin von Neurath, Hans Georg Fritzsche, Gustav Krupp.

Furent aussi accusées des organisations nazies, telles que la SS (dont le SD, service de renseignement de la SS.), la SA, la Gestapo, et l’Etat-major allemand.

 

La séance inaugurale se tint le 18 octobre 1945, le du procès de Nuremberg étant dirigé à tout de rôle par quatre juges de nationalité différente, représentant les quatre grandes puissances (Etats-Unis, URSS, Grande-Bretagne, France.). A noter qu’au contraire de ses collègues, le juge soviétique était un juriste militaire (ce qui explique en partie la sévérité des sanctions adoptées à Nuremberg.).

Au cours de leurs réquisitoires, les procureurs étayèrent leur accusation sur des pièces écrites, en majorité issues des archives du troisième Reich. La possession de ces documents diplomatiques et militaires permit aux avocats de prouver sans ambages la culpabilité des dignitaires nazis.

Le procès de Nuremberg.

 

Le crime contre la paix, bien qu’étant une notion nouvelle (et donc pénalisée par le principe de non-rétroactivité des lois.), fut toutefois retenu grâce à la signature d’anciens traités signés par l’Allemagne. En effet, le gouvernement allemand avait signé le pacte Briand-Kellog[11] en août 1928, texte qui proclamait la guerre « hors la loi », sauf en cas d’agression ennemie.

 

Les crimes de guerre et crimes contre l’humanité furent retenus bien plus facilement, les preuves ne manquant pas concernant les camps de concentration et d’extermination, les mauvais traitements réservés aux prisonniers soviétiques, les discriminations à l’égard des juifs, les massacres de grande ampleur causés en Pologne, Ukraine et Russie, les exactions commises en France, etc.

 

A l’issue de débats ayant duré près d’un an, le tribunal rendit son verdict le 30 septembre 1946.

Furent condamnés à mort : Göring, Ribbentrop, Streicher, Keitel, Kaltenbrunner, Rosenberg, Frank, Frick, Seyß-Inquart, Sauckel, Jodl[12], Bormann.

Trois peines de prison à vie étaient prononcées pour Hess[13], Funk[14], et Raeder[15] ; 20 ans étaient requis contre Speer et von Schirach ; 15 contre von Neurath[16] ; 10 contre Dönitz.

Schacht, von Papen et Fritzche, quant à eux, furent acquittés (mais ils furent toutefois condamnés lors de procès ultérieurs à des peines de travaux forcés[17].)

A noter que Krupp, souffrant de démence sénile, ne fut pas jugé ; Ley, quant à lui, fut retrouvé pendu dans sa cellule moins d’un mois après l’ouverture du procès.

Par ailleurs, la SS, la Gestapo et le SD furent considérées comme des organisations criminelles. La SA et l’Etat-major allemand, au contraire, furent innocentés, même si plusieurs de leurs membres furent poursuivis par la suite.

 

Les détenus, à l’annonce du verdict, furent autorisés à procéder à des retours en grâce, qui furent tous rejetés. L’exécution des douze condamnés à mort se fit dans la nuit du 16 octobre 1946, par pendaison.

A noter que les officiers de la Wehrmacht (à savoir Göring, Jodl et Keitel.), qui auraient dû être fusillés en raison de leur statut de militaire, furent eux aussi pendus (Göring se suicida en cellule peu de temps avant l’exécution.).

 

- Outre le procès de Nuremberg, douze autres tribunaux d’importance se réunirent da     ns le contexte de la dénazification : le procès des médecins, chargé de punir les médecins ayant procédé à la liquidation des handicapés allemands ; le procès Milch, où le maréchal Erhard Milch, collaborateur de Göring au ministère de l’Aviation fut condamné à la prison à vie[18] ; le procès des juges, contre des procureurs ayant promu les lois antisémites du troisième Reich ; le procès Pohl, chargé de juger les membres du WVHA[19], organisme chargé entre autres de la gestion des camps de concentration ; les procès Flick, IG Farben et Krupp[20], contre les sociétés éponymes ; le procès des otages, où des officiers allemands furent punis pour leurs exactions dans les Balkans ; le procès du RuSHA[21], organisme chargé entre autres de délivrer des attestations de « pureté raciale » ; le procès des Einsatzgruppen ; le procès des ministères, au cours duquel furent accusés plusieurs ministre du troisième Reich ; et le procès du haut-commandement militaire, chargé de juger les officiers généraux de l’OKW.

 

Furent aussi organisés des tribunaux dans les anciens camps de concentrations allemands, comme à Auschwitz, Dachau, Buchenwald, Dora, Ravensbrück, Mathausen, Belsen, etc.

Près de 150 SS y furent condamnés à mort par pendaison.

Enfin, plusieurs procès de dénazification, que nous avons précédemment évoqué, furent organisés en Allemagne jusqu’en 1949. Toutefois, les procès intentés aux anciens nazis se poursuivirent jusqu’aux années 1970-1980, de nombreux collaborateurs du troisième Reich ayant réussi à échapper à la justice d’après-guerre.

 

- Pendant la période d’occupation de l’Allemagne, Américains et Soviétiques procédèrent à un véritable pillage des ressources scientifiques de l’Allemagne.

 

C’est ainsi que la Luftwaffe fut dépossédée de ses avions à réaction (les chasseurs ME-262 et les bombardiers AR-234.), aux performances spectaculaires pour l’époque. Démontés et étudiés par les chercheurs américains et soviétiques, ils donnèrent naissance à une nouvelle génération d’appareils de combats (F-86 Sabre aux Etats-Unis et Yakovlev Yak-15 en URSS.).

F-86 Sabre (en haut) et Yakovlev Yak-15 (en bas).

 

Furent aussi récupérés les V2 encore intacts, qui donnèrent naissance après-guerre aux missiles américains Bumpers.

 

Dans un même ordre d’idées, l’Etat-major américain procéda à l’opération Paperclip entre 1945 et 1957, favorisant l’exil des cerveaux allemands vers les Etats-Unis.

Au final, furent exfiltrés près de 1 500 scientifiques, ces derniers ayant travaillé sur les fusées V2[22], l’arme atomique, les gaz de combat, etc.

Outre les cerveaux allemands, Américains et Britanniques firent appel à d’anciens nazis, qui furent intégrés auprès des services secrets.

Côté français, outre la récupération de plusieurs scientifiques, la Légion étrangère accueillit, à l’issue du second conflit mondial,

 

milliers d’anciens soldats de la Wehrmacht[23].

 

Le gouvernement soviétique fit de même dans la zone d’occupation de l’URSS, donnant naissance au département 7.

Les Soviétiques, particulièrement intéressés par les missiles et les avions à réaction, firent main basse sur plusieurs usines et sur plusieurs pièces de V2, donnant naissance aux premiers missiles balistiques soviétiques.

A noter en outre que l’URSS procéda à la déportation de 250 000 Allemands (civils et militaires.), destinés à travailler en Ukraine, en Pologne, et en Yougoslavie. Toutefois, si les déportés furent autorisés à rentrer au pays à compter des années 1950, près de 50 000 d’entre eux moururent dans les camps d’internement.

 

A noter toutefois que l’exil des cerveaux avait commencé avant guerre, de nombreux scientifiques de confession juive (ou d’origines juives.) ayant quitté l’Allemagne ou l’Autriche afin de fuir les nazis : le psychanalyste Sigmund Freud, le cinéaste Fritz Lang, le scientifique Albert Einstein, le dramaturge Bertolt Brecht, l’écrivain Stefan Zweig, la philosophe Hannah Arendt, le diplomate Henry Kissinger, etc.

 

- Comme nous l’avons vu plus tôt, si Roosevelt, amoindri par la maladie, avait accordé de nombreux privilèges à Staline, Truman, au contraire, se méfiait du régime soviétique.

Ainsi, en l’espace de quelques années, les anciens alliés ne tardèrent pas à rentrer en conflit (Churchill et Patton étant partisans d’une attaque préventive contre l’URSS.).

 

Ainsi, à la fin des années 1940, le plan Morgenthau était vivement critiqué par l’administration américaine, refusant de céder l’Allemagne de l’est aux communistes ; l’URSS, au contraire, s’appuyait sur les clauses adoptées lors des conférences internationales pour assoir sa position dans la région.

Le 1er janvier 1947, les zones d’occupation américaines et britanniques fusionnèrent, donnant naissance à la Bizone (l’objectif était de protester contre la fin des exportations agricoles d’Allemagne de l’est en direction des secteurs occidentaux.).

Puis, en juin 1948, la zone française rejoignit la Bizone, formant la Trizone. Cette nouvelle entité donna naissance à la république fédérale allemande (ou Allemagne de l’ouest.), à la fin de l’occupation alliée (23 mai 1949.).   

Parallèlement, l’URSS instaura la république démocratique allemande (Allemagne de l’est.), le 7 octobre 1949 (toutefois, si la RFA obtint rapidement une pleine souveraineté, la RDA resta un Etat satellite de l’Union soviétique.).

 

La Sarre, devenu un protectorat français à l’issue du second conflit mondial, fut rattachée à la RFA le 1er janvier 1957, suite à un référendum organisé en octobre 1955.

 

b) L’occupation du Japon, le tribunal de Tokyo (1945 à 1952) : contrairement à l’Allemagne, le Japon ne fut pas occupé par les quatre grandes puissances, mais uniquement par les Etats-Unis. En effet, le général Mac Arthur, commandant suprême des puissances alliées, considérait que les communistes ne devaient pas s’implanter au Japon (ces derniers s’étaient toutefois emparés de Sakhaline et des îles Kouriles, et occupaient la Corée du nord.).

 

Sous l’égide de Mac Arthur, gouverneur militaire du Japon, l’Etat-major américain donna naissance au Commandement suprême des forces alliées. Cette entité, chargée d’administrer les troupes d’occupation, participa aussi au processus de libéralisation et de démocratisation (le commandement suprême participa à la rédaction de la constitution du Japon.).

Le contingent américain, ne comptant que quelques milliers d’hommes en septembre 1945, fut de 460 000 soldats à la fin des années 1940 (sans compter les 40 000 Britanniques.).

 

- Comme à Nuremberg, un procès fut mis en place à Tokyo, destiné à juger les criminels de guerre japonais. Suite à l’arrestation d’une série de suspects entre novembre et décembre 1945, le Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient fut convoqué en avril 1946. Seraient jugés, une fois encore, les prévenus présumés coupables de crimes contre la paix, crimes de guerre, et crimes contre l’humanité.

Le tribunal de Tokyo.

Onze juges furent choisis pour présider les débats, représentants les différents pays alliés (Etats-Unis, URSS[24], Grande-Bretagne, France, Chine, Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Inde et Philippines.). 

 

Parmi les 28 inculpés, l’on comptait Koichi Kido (gardien du sceau privé du Japon[25] entre juin 1940 et novembre 1945.) et Shumei Okawa (un théoricien nationaliste.) ; quatre premiers ministres : Koki Hirota (premier ministre du Japon de mars 1936 à février 1937, et ministre des Affaires étrangères de juin 1937 à mai 1938.), Kiichiro Hiranuma (premier ministre du Japon de janvier à août 1939.), le général Hideki Tojo (premier ministre du Japon d’octobre 1941 à juillet 1944.), le général Kuniaki Koiso (premier ministre de juillet 1944 à avril 1945 et gouverneur général de Corée entre mai 1942 et juillet 1944.) ; trois ministres des Affaires étrangères : Yosuke Matsuoka[26] (ministre des Affaires étrangères entre juillet 1940 et juillet 1941.), Shigenori Togo (ministre des Affaires étrangères d’octobre 1941 à septembre 1942.),  Mamoru Shigemitsu (ministre des Affaires étrangères entre 1943 et avril 1945.) ; plusieurs ministres de la Guerre ou membres de ce cabinet : le général Jiro Minami (ministre de la Guerre d’avril à décembre 1931, commandant en chef de l’armée du kantogun, et gouverneur général de Corée entre août 1936 et mai 1942.), le général Sadao Araki (ministre de la Guerre de décembre 1931 à avril 1934, puis ministre de l’Education entre mai 1938 et août 1939.), le général Seishiro Itagaki (ministre de la Guerre de juin 1938 à août 1939.), le maréchal Shunroku Hata (ministre de la Guerre d’août 1939 à juillet 1940.), le général Kenryo Sato (collaborateur au ministère de la Guerre.) , le général Kenji Doihara (collaborateur au ministère de la Guerre.), le général Yoshijiro Umezu (collaborateur au ministère de la guerre et gouverneur général du Guandong entre 1939 et 1944.) ; plusieurs ministres de la Marine ou membres de ce cabinet : l’amiral Osami Nagano (ministre de la Marine entre mars 1936 et février 1937, et commandant en chef de la Marine japonaise entre avril 1941 et février 1944.), l’amiral Shigetaro Shimada (ministre de la Marine d’octobre 1941 à juillet 1944), l’amiral Takazumi Oka (collaborateur au ministère de la Marine) ; plusieurs membres du ministère des Finances : Okinori Kaya (ministre des Finances entre 1941 et 1945.) ; Naoki Hoshino et le général Teiichi Suzuki (collaborateurs au ministère des Finances.) ; deux ambassadeurs : Toshio Shiratori (ambassadeur du Japon en Italie, puis conseiller aux Affaires étrangères) ; le général Hiroshi Oshima (ambassadeur du Japon en Allemagne.) ; ainsi que plusieurs généraux ayant occupé diverses fonctions : le général Heitaro Kimura (commandant en chef de l’armée japonaise en Birmanie d’août 1944 à septembre 1945.), le général Iwane Matsui (commandant en chef de l’armée japonaise en Chine centrale entre octobre 1937 et février 1938.), le général Akira Muto (commandant en chef de l’armée japonaise aux philippines d’octobre 1944 à août 1945.), le colonel Kingoro Hashimoto (fondateur de la société secrète du Sakurakai[27], favorable à un coup d’Etat militaire afin d’instaurer une dictature militaire.).

Les accusés du tribunal de Tokyo. De haut en bas et de gauche à droite : Koichi Kido, Shumei Okawa, Koki Hirota, Kiichiro Hiranuma, Hideki Tojo, Kuniaki Koiso, Yosuke Matsuoka, Shigenori Togo,  Mamoru Shigemitsu, Jiro Minami, Sadao Araki, Seishiro Itagaki, Shunroku Hata, Kenryo Sato, Kenji Doihara, Yoshijiro Umezu, Osami Nagano, Shigetaro Shimada, Takazumi Oka, Okinori Kaya, Naoki Hoshino, Teiichi Suzuki, Toshio Shiratori, Hiroshi Oshima, Heitaro Kimura, Iwane Matsui, Akira Muto, Kingoro Hashimoto.

 

A noter que l’Empereur Hirohito et la famille impériale, bien que principaux responsables du conflit dans le Pacifique, ne furent jamais inquiétés par la justice[28] (l’Empereur n’abdiqua pas, mais en contrepartie, Mac Arthur lui demanda officiellement de renoncer à la nature divine de sa fonction.) ; dans un même registre, certains criminels de guerre ne furent jamais condamnés, tels que les membres de l’Unité 731, qui s’étaient livrés à des expériences bactériologiques sur des populations mandchoues, faisant 500 000 victimes (le gouvernement américain assura l’impunité des membres de l’Unité 731 en échange de la communication des résultats de leurs expériences.).

Membres de l'unité 731 transportant un cadavre.

Enfin, le tribunal de Tokyo ne jugea pas les organisations, contrairement au tribunal de Nuremberg.

 

Autre différence avec le procès s’étant déroulé en Allemagne, le manque de preuves matérielles. Ainsi, si les alliés s’étaient emparés des archives du troisième Reich, au Japon, de nombreux documents avaient été détruits afin qu’ils ne tombent pas entre les mains des Américains.

Les différents procureurs, s’appuyant sur un nombre limité de pièces, eurent parfois recours à des documents d’une authenticité contestable.

En raison de ces difficultés, le procès de Tokyo fut bien plus long que celui de Nuremberg, durant plus de deux années.

 

Les juges rendirent leur verdict en novembre 1948, prononçant la culpabilité de tous les prévenus (à noter que deux accusés étaient morts entretemps, Yosuke Matsuoka et Osami Nagano ; Shumei Okawa ayant été placé dans un hôpital psychiatrique.).

Furent condamnés à mort : Koki Hirota, Hideki Tojo, Seishiro Itagaki, Kenji Doihara, Heitaro Kimura, Iwane Matsui, et Akira Muto.

Seize peines de prison à vie furent prononcées contre Koichi Kido, Kiichiro Hiranuma, Kuniaki Koiso, Jiro Minami, Sadao Araki, Shunroku Hata, Kenryo Sato, Yoshijiro Umezu, Shigetaro Shimada, Takazumi Oka, Okinori Kaya, Naoki Hoshino, Teiichi Suzuki, Toshio Shiratori, Hiroshi Oshima, Kingoro Hashimoto ; 20 ans étaient requis contre Shigenori Togo ; 7 contre Mamoru Shigemitsu.

Contrairement à Nuremberg, il n’y eut pas d’acquittements.

 

Suite à l’annonce du verdict, les accusés émirent plusieurs retours en grâce, qui furent tous rejetés. L’exécution des sept condamnés à mort se déroula le 23 décembre 1948, par pendaison.

En ce qui concerne les condamnations à des peines de prisons plus ou moins lourdes, la plupart des accusés bénéficièrent de spectaculaires réductions de peines, et furent libérés au cours des années 1950 (à l’exception des condamnés décédés pendant leur détention[29].).

 

En parallèle du procès de Tokyo, en 1949, se déroula le procès de Khabarovsk, en Extrême-Orient soviétique, près de la frontière chinoise.

Y furent jugés douze criminels de guerre japonais, anciens membres du kantogun, accusés d’avoir utilisé des armes bactériologiques produites par l’Unité 731.

Les prévenus, condamnés à des peines de travaux forcés par les juges soviétiques, ne rentrèrent au Japon qu’à compter de 1956.

 

- Au Japon comme en Allemagne, le gouvernement américain procéda à une vague de démocratisation, libéralisation et démilitarisation.

 

En grande partie rédigée par le commandement suprême, la nouvelle constitution japonaise fut adoptée le 3 mai 1947.  

Si l’ancienne constitution, datant de 1890, était calquée sur le modèle prussien, le nouveau texte, résolument libéral, était bien plus proche de la constitution américaine.

L’Empereur, abandonnant son statut divin et bon nombre des ses prérogatives, n’avait plus qu’un rôle symbolique, nommant le premier ministre et les juges de la Cour suprême du Japon[30]. Dans un même ordre d’idées, il fut procédé à la séparation du pouvoir exécutif et du clergé, le Shinto[31] perdant son titre de religion d’Etat.

La nouvelle monarchie, parlementaire et non plus absolue, devait s’appuyer sur une assemblée bicamérale[32], la Diète, élue par le peuple (le droit de vote fut accordé aux femmes à cette occasion.).

Par ailleurs, plusieurs clauses, relatives aux droits individuels, étaient insérées dans la constitution : liberté de réunion, d’association, de parole, de propriété, de se syndiquer ; par ailleurs, l’esclavage, les mariages forcés, la torture et la discrimination (sexe, origines ethniques, statut social, religion.) étaient interdits.

Enfin, l’article 9 de la constitution faisait du Japon une nation pacifiste, le pays renonçant à son droit souverain de faire la guerre ; en outre, toute armée terrestre, navale ou aérienne était prohibée[33].

 

- En septembre 1951, le Japon signa le traité de San Francisco[34], marquant la fin de l’occupation américaine. Le texte entra en vigueur le 28 avril 1952, date du retrait des troupes américaines stationnées au Japon.

Toutefois, dans le contexte de la guerre froide, les Etats-Unis conservèrent de nombreuses bases militaires en territoire japonais ; par ailleurs, le Japon resta un allié des Etats-Unis, destiné à soutenir la lutte contre le communisme.

Le traité de San Francisco, septembre 1951.

 

            4° Les traités de paix (1946 à 1990) Suite à la capitulation de l’Allemagne et du Japon, plusieurs traités furent signés entre les alliés et les anciens membres de l’Axe.

 

a) La conférence de paix de Paris (29 juillet au 15 octobre 1946), le traité de Paris (10 février 1947) : une première conférence se réunit à Paris, à l’été 1946, destinée à fixer les nouvelles frontières de l’Europe, mais aussi le montant des indemnités de guerre.

 

- Outre les représentants des grandes puissances[35] (Etats-Unis, URSS, Grande-Bretagne et France.), participèrent à cette réunion la Finlande, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, l’Italie, la Yougoslavie, la Roumanie, la Bulgarie, et  la Grèce (à noter que l’Allemagne et l’Autriche ne participèrent pas à cette conférence.).

 

Une des premières difficultés éprouvées par les alliés fut de déterminer quels Etats étaient du côté de l’Axe, et lesquels ne l’étaient pas.

En effet, la seconde guerre mondiale avait été une période trouble dans de nombreux pays d’Europe. Ainsi, la France faisait partie des alliés, alors qu’elle avait été gouvernée par le régime de Vichy entre 1940 et 1944 ; la Finlande avait décidé de combattre aux côtés de l’Allemagne, afin de ne pas être annexée par l’URSS (comme cela s’était produit dans les pays Baltes et en Pologne.) ; la Roumanie, considérée comme pays vaincu, avait toutefois renversé en août 1944 le général Antonescu, partisan de la collaboration ; etc.

 

En raison de ces difficultés, si certains pays furent considérés comme membres de l’Axe (Roumanie, Bulgarie.), ils reçurent néanmoins des compensations territoriales ou financières.

 

- L’Italie, principal allié du troisième Reich pendant le conflit, paya sans doute le plus lourd tribut : Tende et La Brigue, dans les Alpes-Maritimes, étaient cédées à la France (l’annexion fut ratifiée par un référendum, organisé au mois d’octobre 1947.) ; l’Istrie était rétrocédée à la Yougoslavie (Trieste fut placée sous mandat de l’ONU[36].) ; enfin, les îles du Dodécanèse, dans la mer Egée, étaient abandonnées à la Grèce.

 

Par ailleurs, l’Italie perdait son Empire colonial, cédant l’Erythrée et Somalie italienne[37] à la Grande-Bretagne ; la Lybie devait être administrée conjointement par la France et la Grande-Bretagne[38] ; enfin, l’Ethiopie et l’Albanie retrouvaient leur indépendance.

 

Enfin, le gouvernement italien devait payer 100 millions de dollars à l’URSS, 125 à la Yougoslavie, 105 à la Grèce, 25 à l’Ethiopie, et 5 à l’Albanie.

 

- La Hongrie, Etat signataire du pacte d’acier, avait bénéficié des victoires du troisième Reich, voyant son territoire s’agrandir considérablement pendant la guerre.

Toutefois, le traité de Paris ramenait la Hongrie à ses frontières de 1939, trois villages situés à la frontière nord-ouest étant rétrocédés à la Tchécoslovaquie.

Par ailleurs, le gouvernement hongrois devait verser 300 millions de dollars à l’URSS, et 100 à la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie.

 

La Hongrie payait pour son jusqu’auboutisme, ayant poursuivi la guerre aux côtés de l’Allemagne nazie jusqu’à la fin du conflit

 

- La Roumanie, qui avait perdu à l’été 1940 la Transylvanie (cédée à la Hongrie.), la Bessarabie (URSS.) et la Dobroudja du sud (Bulgarie.), devait payer une indemnité de 800 millions de dollars à l’URSS.

En outre, sur les trois territoires perdus, la Roumanie ne récupérait que la Transylvanie.

 

- La Bulgarie, bien moins impliquée dans le second conflit mondial que dans le premier, avait néanmoins déclaré la guerre aux puissances alliées en fin d’année 1941, sur l’insistance d’Hitler.

Toutefois, en raison de la participation active des Bulgares aux combats contre l’Allemagne, suite à l’invasion de la Bulgarie par l’armée rouge, à l’été 1944, le pays reçut l’autorisation de conserver la Dobroudja du sud, cédée par la Roumanie en 1940.

En contrepartie, le gouvernement bulgare devait verser 45 millions de dollars à la Grèce, et 25 à la Yougoslavie.

 

- En ce qui concerne la Finlande, le traité de Paris ne fit que confirmer les dispositions prises lors de l’armistice de Moscou, à l’été 1944.

 

Ainsi, la Finlande retrouvait ses frontières de 1940, rétrocédant en outre à l’URSS la région de Petsamo (dernier accès finlandais à la mer de Barents.) ; le port de Porkkala était loué aux Soviétiques pour une durée de 50 ans[39] .

Par ailleurs, le gouvernement finlandais devait verser 300 millions de dollars à l’URSS.

 

b) Le traité de San Francisco (septembre 1951) : alors que la période d’occupation du Japon touchait à sa fin, les représentants de 51 pays furent invités à participer à la conférence de San Francisco, en septembre 1951.

Outre les représentants des grandes puissances (Etats-Unis, URSS, Grande-Bretagne, France.), l’on retrouvait aussi l’Australie, la Belgique, le Brésil, le Canada, la Tchécoslovaquie, l’Egypte, l’Ethiopie, Iran, l’Irak, le Japon, les Pays-Bas, la Norvège, la Pologne, le Viêt-Nam[40], etc.

A noter qu’à l’origine, 55 pays avaient été invités (toutefois, la Yougoslavie, l’Inde[41], et la Birmanie[42] refusèrent de participer à la conférence.) ; la Chine, en pleine guerre civile, ne fut pas conviée à San Francisco.

 

Dès les premiers jours de la conférence, les délégués de l’URSS, particulièrement critiques, tentèrent de perturber les négociations. Ainsi, déplorant que la Chine communiste n’ait pas été invitée à la conférence, les Soviétiques déclarèrent que le traité de paix ne garantissait pas la démilitarisation japonaise, et qu’il constituait une paix séparée entre les Etats-Unis et le gouvernement japonais. En outre, ils critiquèrent le fait que le Japon devienne une base militaire américaine, et que la souveraineté soviétique sur Sakhaline et les Kouriles ne soit pas reconnue.  

 

Malgré ces récriminations, le traité fut signé le 8 septembre 1951 par les représentants de 48 nations (l’URSS, la Pologne et la Yougoslavie refusèrent de signer.).

 

Le Japon abandonnait sa souveraineté sur la Corée, Formose[43], les îles Pescadores[44], Hong-Kong[45], les îles Kouriles, Sakhaline, les îles Spratleys[46], et l’Antarctique.

Par ailleurs, l’archipel des Ryükyü, ainsi que les îles Bonin[47], bien que restant sous souveraineté japonaise, serait administré par les Etats-Unis[48].

Enfin, le Japon s’engagea à reconnaître les jugements rendus par le tribunal de Tokyo ; en outre, le gouvernement japonais devait verser, au titre des indemnités de guerre, 550 millions de dollars aux Philippines, 223 à l’Indonésie[49], 200 à la Birmanie, et 38 au Viêt-Nam.

 

c) Les accords bilatéraux Chine-Japon (avril 1952) et URSS-Japon (octobre 1956) : l’URSS ayant refusé de signer le traité de San Francisco, et la Chine communiste n’ayant pas été invitée à la conférence, deux nouveaux accords furent donc signés avec le Japon.

 

- Le traité de paix sino-japonais (ou traité de Taipei.) fut signé le 28 avril 1952, un peu plus d’un an après la conférence de San Francisco.

 

Se réunissant à Taipei, capitale de Formose, les représentants de la Chine et du Japon signèrent un accord de paix très similaire à celui de San Francisco : ainsi, le gouvernement japonais confirmer l’abandon de Formose, des îles Pescadores et des Spratleys ; par ailleurs, les résidents taïwanais d’origine chinoise devaient recevoir la nationalité chinoise[50].

 

- La déclaration commune soviéto-japonaise fut signée le 19 octobre 1956, soit près de dix ans après la fin de la guerre.

 

Le texte prévoyait la fin de l’état de guerre dans les deux pays, et le rétablissement des relations diplomatiques, dans l’attente de la signature d’un traité de paix définitif. Par ailleurs, URSS et Japon acceptèrent de mettre en place un accord commercial.

 

Toutefois, si le Japon avait abandonné ses prétentions sur Sakhaline, un contentieux existait toujours au sujet des îles Kouriles. Toutefois, la question ne fut jamais réglée[51].

 

d) Le traité d’Etat autrichien (mai 1955) : alors que l’Autriche n’avait pas participé à la conférence de Paris, organisé à l’été 1946, ce n’est qu’en mai 1955 qu’un traité de paix fut signé entre le gouvernement autrichien et les représentants des grandes puissances.

 

Le traité d’Etat autrichien, signé à la fin de l’occupation alliée, reconnaissait la souveraineté autrichienne ; l’union de l’Autriche et de l’Allemagne était interdite ; enfin, les organisations fascistes et néo-nazies étaient interdites.

 

A noter que l’Autriche, située à mi-chemin entre l’ouest et l’est, respecta une politique de neutralité jusqu’à la chute de l’URSS.

 

e) Le traité de Moscou (septembre 1990) : si la seconde guerre mondiale était terminée depuis près de dix ans, aucun traité de paix ne fut signé avec l’Allemagne.

Toutefois, si la RDA resta sous domination soviétique, la RFA reçut l’autorisation de rétablir des relations diplomatiques (mars 1951.), retrouva sa souveraineté (1952.), et fut admise au sein de l’OTAN[52] (octobre 1954.).

 

Ainsi, ce n’est qu’en septembre 1990, lors de la chute de l’URSS, qu’un accord définitif concernant l’Allemagne fut signé par les représentants des grandes puissances.

Participèrent au traité de Moscou les quatre grandes puissances (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, URSS.) et les deux Allemagnes (RFA et RDA.). C’est pour cette raison que cet accord est parfois appelé traité quatre plus deux, ou traité deux plus quatre.

 

Le texte, prévoyant la réunification de l’Allemagne et le départ des troupes d’occupation soviétiques, entérinait définitivement les frontières de 1945 ; le nouvel Etat, pacifiste, devait réduire les effectifs de l’armée à 370 000 hommes, et ne  devait ni produire, ni détenir, des armes nucléaires, chimiques, ou biologiques.  

Le traité de Moscou, septembre 1990.

 

            5° Postérité de la seconde guerre mondiale Si le premier conflit mondial, faisant 18 millions de victimes, avait contribué à redessiner les cartes de l’Europe, la guerre de 1939-1945 et ses 50 millions de morts bouleversa durablement la face du monde.

Ainsi, ce conflit fit apparaitre au premier plan les deux grandes puissances de la seconde moitié du XX° siècle : les Etats-Unis et l’URSS.

Dessin représentant les deux protagoniste de la guerre froide : les Etats-Unis, à gauche, et l'URSS, à droite.

 

Toutefois, des dissensions ne tardèrent à poindre entre les deux alliés de naguère, opposant l’Ouest, capitaliste et démocratique, à l’Est, communiste et totalitaire.

La guerre froide, n’opposant jamais directement les armées américaines et soviétiques, se matérialisa à travers une série de conflits annexes, éclatant à travers le globe quelques années seulement après la fin de la seconde guerre mondiale : la guerre civile grecque, où les communistes se révoltèrent afin de prendre le pouvoir ; la guerre de Corée, opposant la Corée du nord communiste à la Corée du sud soutenue par les Etats-Unis ; la guerre israélo-palestinienne, opposant arabes et juifs installés au Proche-Orient ; la guerre du Viêt-Nam, opposant le nord communiste au sud soutenu par les Etats-Unis ; sans oublier les conflits éclatant en Afrique ou en Amérique du sud, où les deux grandes puissances soutirent des guerres ou des coups d’Etats, afin de s’assurer du contrôle de la région.


 

[1] La capitale avait été déclarée « ville ouverte » en 1940 ; en 1944, les Allemands s’étaient rendus presque sans combattre.

[2] 650 000 volumes furent perdus à Hambourg, 500 000 à Munich.

[3] A ne pas confondre avec les SS.

[4] A noter qu’il s’agit des seules bombes atomiques à avoir été utilisées contre un Etat ennemi en temps de guerre.

[5] L’on parle de crime de guerre en cas de viol des lois de la guerre (massacres de civils, mauvais traitements infligés aux prisonniers de guerre, pillages, utilisation d’armes chimiques, etc.).

[6] Un crime contre la paix punit les Etats ayant mené une guerre d’agression, constituant une violation des traités internationaux. A noter qu’il s’agissait d’une nouveauté, la guerre étant considéré alors comme l’une des principales prérogatives d’un Etat souverain.

[7] Le crime contre l’humanité est similaire au crime de guerre, dans la mesure où il punit les massacres de civils, la déportation, etc. Toutefois, le crime contre l’humanité concerne les actions menées non pas par l’armée, mais par l’Etat.

[8] Le Deutsche Arbeitsfront était une association de travailleurs allemands, destinée à remplacer les syndicats qui avaient été interdits.

[9] Il s’agit de la banque centrale allemande.

[10] Ce dernier fut jugé par contumace, étant présumé en fuite depuis le printemps 1945. Aujourd’hui encore, si Bormann est considéré comme officiellement mort en date du 2 mai 1945, plusieurs théories avancent l’idée selon laquelle il se serait réfugié en Amérique du sud après guerre.

[11] Voir à ce sujet le e), 15, section I, chapitre cinquième, la troisième république.

[12] Jodl fut acquitté à titre posthume en 1953.

[13] Hess fut retrouvé pendu en prison en 1987. Officiellement, il se serait suicidé.

[14] Funk fut libéré pour raisons de santé en 1957, et mourut en 1960.

[15] Libéré pour raisons de santé en 1955, il mourut en 1960.

[16] Von Neurath fut libéré pour raisons de santé en 1952, il mourut en 1956.

[17] Ainsi, von Papen fut plus tard condamné à dix ans de travaux forcée, n’en effectuant que deux ; Fritsche fut condamné à neuf années de prison, n’en purgeant que cinq.

[18] Sa peine fut commuée en 15 années de prison en 1951 ; puis il fut libéré en 1954.

[19] Wirtschafts-Verwaltungshauptamt, ou « Office central pour l'économie et l'administration » en français.

[20] Fut jugé, lors du procès Krupp, non Gustav Krupp, mais son fils, Alfred Krupp.

[21] Rasse- und Siedlungshauptamt, ou « Bureau pour la race et le peuplement » en français. A ne pas confondre avec le RSHA.

[22] Les scientifiques ayant travaillé sur le V2 (dont von Braun.) furent à l’origine du programme Appolo, destiné à envoyer un homme sur la Lune.

[23] Plusieurs chants issus de la Wehrmacht (voire des SS.) furent repris par la Légion étrangère. Par exemple, SS marschiert in Feindesland (devenu La Légion marche, chant régimentaire du 2° régiment de parachutistes), Anne-Marie, Ich hatt' einen Kameraden, etc. 

[24] A noter qu’une fois encore, le juge soviétique était un juriste militaire.

[25] C'est-à-dire une fonction similaire à celle de ministre de l’Intérieur.

[26] C’est Matsuoka qui avait annoncé le retrait du Japon de la SDN en 1933. Voir à ce sujet le f), 12, section II, chapitre cinquième, la troisième république.

[27] « Société des fleurs de cerisier » en français.

[28] En février 1950, l’URSS demanda à ce que Hirohito soit traduit devant les tribunaux, mais le gouvernement américain refusa.

[29] Ainsi, aucun des prisonniers japonais (à l’exception des accusés morts en détention.), contrairement aux condamnés allemands, n’effectua une peine de prison complète.

[30] La Cour suprême du Japon, la plus haute instance judiciaire du pays, est composée de 15 juges.

[31] Le Shinto est une religion polythéiste japonaise, la plus ancienne du pays.

[32] C'est-à-dire comportant deux chambres, la chambre des représentants du Japon, élue pour quatre ans au scrutin universel direct, et la chambre des conseillers, élue pour six ans par scrutin indirect.

[33] Jusqu’à aujourd’hui, l’article 9 de la constitution reste sujet à controverses.

[34] Nous y reviendrons plus tard.

[35] Contrairement à la conférence de Versailles, organisée en 1919, les chefs d’Etat des puissances alliées ne participèrent pas en personne à cette réunion.

[36] L’Italie ne récupéra Trieste qu’à compter de 1975.

[37] L’Italie obtint un mandat de l’ONU pour administrer la Somalie italienne, entre 1949 et 1960.

[38] Elle obtint son indépendance en 1951.

[39] Porkkala fut restitué à la Finlande en 1956.

[40] Le Viêt-Nam avait proclamé son indépendance en septembre 1945, mais ne l’obtint officiellement qu’en 1954.

[41] L’inde avait obtenu son indépendance en 1947.

[42] La Birmanie avait obtenu son indépendance en 1948.

[43] Cette île, découverte par les Portugais au XVI° siècle, fut baptisée ilha Formosa, ce qui signifie ‘belle île’. A noter que ce n’est qu’à partir des années 1960 que le nom de Taïwan commença à se répandre en Europe. 

[44] L’archipel des Pescadores se trouve au large de la côte ouest de Formose.

[45] Rappelons qu’à cette date, Hong-Kong était une colonie britannique.

[46] Les îles Spratleys, situées dans la mer de Chine, se trouvent à équidistance du Viêt-Nam et de Bornéo.

[47] Aujourd’hui archipel Ogasawara. Il se situe à un millier de kilomètres au sud du Japon.

[48] L’autorité sur les îles Bonin fut rendue au Japon en 1969, mais il fallut attendre 1972 pour l’ensemble des Ryukyu.

[49] A noter que le pays (anciennes Indes orientales néerlandaises) avait obtenu son indépendance en 1949.

[50] A noter cependant que, si le Japon abandonnait sa souveraineté sur Taïwan, l’île n’était pas pour autant rétrocédée à la Chine. Aujourd’hui, Taïwan est toujours un Etat indépendant. 

[51] Aujourd’hui encore, la question des Kouriles perturbe les relations diplomatiques russo-japonaises. Côté japonais, le gouvernement souhaiterait récupérer les Kouriles du sud, au nord de Sakhaline, mais le gouvernement russe refuse tout abandon de souveraineté dans la région.

[52] L’Organisation du traité de l’Atlantique nord est une alliance militaire formée en 1949, afin de protester contre l’immobilisme de l’ONU (handicapée par le droit de véto soviétique). Participèrent à cette organisation les trois grandes puissances occidentales (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France.), ainsi que de nombreux pays d’Europe de l’ouest. A la chute du l’URSS, plusieurs pays de l’est décidèrent de rejoindre l’OTAN.

 
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