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Si Louis Blériot à bel et bien été le premier à franchir la Manche,
Charles Lindbergh n’a certainement pas été le premier à traverser
l’Atlantique...
Tout commença en
1913, lorsque Lord Northcliffe, propriétaire du Daily Mail
de Londres décida d’offrir la somme de 10 000 £ au premier aviateur
qui franchirait l’Atlantique dans un avion, en partant des Etats
Unis ou du Canada, et en arrivant en Grande Bretagne ou en Irlande.
Une autre condition devait néanmoins être prise en compte : le vol
devrait être effectué en moins de 72 heures consécutives.
A cette époque,
aucun appareil aérien n’était assez perfectionné pour traverser les
quelques 3 000 kilomètres séparant l’Amérique et l’Europe.
De ce fait, les organisateurs du concours n’exigeaient pas à ce que
le vol s’effectue d’une seule traite. Par exemple, les participants
disposant d’un hydravion étaient autorisés à amerrir, à la condition
de redécoller de l’endroit où se poseraient.
C’est ainsi que quelques années plus tard, le 16 mai 1919, une
escadrille de trois hydravions américains NC quitta Terre
Neuve, en direction de l’Europe.
Cependant, seul un des trois aéroplanes parvint à atterrir aux
Açores, après 15 heures 13 minutes de vol.
Hydravion
modèle NC.
L’hydravion, commandé par le lieutenant de vaisseau Albert C.
Read et ayant comme copilote Walter Hinton, redécolla une
semaine après en direction de Lisbonne. Par la suite, les deux
hommes firent plusieurs escales jusqu’à leur destination finale,
Londres.
Cette première traversée, purement militaire et ne correspondant pas
aux critères du prix Northcliffe, ne resta pas dans les mémoires…
sauf aux Etats Unis où Read et Hinton sont considérés comme les
premiers à avoir franchi l’Atlantique en avion.
Peu de temps après, le 13 juin 1919, John William Alcock et
Arthur Whitton Brown, deux Britanniques, décollèrent de Terre
Neuve en direction de l’Irlande.
Alcock et Brown aux commandes de
leur
Vickers Vimy V/150.
Aux commandes de leur bombardier Vickers Vimy V/150, qui
avait été amené depuis l’Angleterre par bateau, les deux hommes
atterrirent 16 heures et 12 minutes plus tard sur les côtes
d’Irlande, endommageant leur appareil.
Epave du
Vickers Vimy V/150
d'Alcock et Brown.
Ils reçurent donc le prix Northcliffe, soit 13 000 £ (un don
supplémentaire avait augmenté la cagnotte.).
C’est ce vol effectué d’une seule traite qui est donc passé à la
postérité… mais seulement auprès des férus d’aviation !
Cependant, environ un mois
avant le vol d’Alcock et Brown, en mai 1919, Raymond Orteig,
un Français émigré aux Etats Unis, décida de créer un nouveau prix.
Quiconque parviendrait à traverser l’Atlantique d’une seule traite,
de New York à Paris ou de Paris à New York, serait récompensé d’une
prime de 25 000 $.
Pendant près d’une décennie,
nombreux furent les aviateurs qui tentèrent de remporter le prix
Orteig, en vain.
Finalement, la récompense fut gagnée en mai 1927 par Charles
Augustus Lindbergh. Décollant de New York le 20 mai à 12 heures
52, à bord de son aéroplane
"Spirit
of St Louis", Lindbergh se posa au Bourget après
un vol de 33 heures et 20 minutes.
Lindbergh posant devant le "Spirit of Saint Louis".
Ce vol sans escale et en solitaire apporta la gloire à Lindbergh,
renvoyant dans les oubliettes de l’Histoire les vols
transatlantiques précédents.
Pour la petite histoire, le
premier à avoir réussi à traverser l’Atlantique dans le sens est -
ouest fut le baron Gunther Van Haenfeld, qui partit d’Irlande
en avril 1928 pour se poser au Labrador, totalement égaré.
Finalement, ce ne fut qu’en
septembre 1930 que deux Français, Dieudonné Costes et
Maurice Bellonte, parvinrent à faire un vol « parfait » : aux
commandes de leur Bréguet XIX (qui fut baptisé « ? »), les deux
hommes quittèrent Paris le 1° septembre, et atterrirent à New York
après 37 heures et 18 minutes de vol.
Le "?".
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