1° La
France en marche vers la guerre (avril à septembre 1939) –
Depuis janvier 1933, date de sa nomination au poste de
chancelier du Reich,
Adolf Hitler
avait multiplié les actes de provocation envers les forces alliées.
Affiche de propagande nazie (la légende indique "un peuple, un pays, un chef
!"), musée des Invalides, Paris.
a)
Une menace nazie croissante (1933 à 1939) : ainsi, violant les
clauses du traité de Versailles,
le Führer enclencha en juillet 1934 la production des premiers chars
Panzer I
; rétablit le service militaire et augmenta les effectifs de l’armée
allemande à 500 000 hommes (mars 1935.) ; recréa la
Luftwaffe
et la
Kriegsmarine
(juin 1935.) ; ordonna la
remilitarisation de la Rhénanie (mars 1936.) ; annexa l’Autriche (mars
1938.) ; enfin, il réclama l’annexion des Sudètes à l’été 1938, région
située à la frontière ouest de la Tchécoslovaquie.
Si
pendant plusieurs années, le gouvernement français, ne pouvant obtenir le
soutien de l’Angleterre,
fut contrainte de fermer les yeux sur ces effractions allemandes, la
situation évolua sensiblement au cours de l’année 1939.
En
effet, le président du conseil
Edouard Daladier et le premier ministre britannique Arthur
Neuville Chamberlain, s’étaient rendus à Munich à l’automne 1938 afin de
trouver une solution pacifique à la
crise des Sudètes
(qui était présentée par Hitler comme l’ultime revendication du
troisième Reich.).
Bien que la France et l’Angleterre soient alliées avec la Tchécoslovaquie,
Daladier, Chamberlain, Hitler et
Mussolini
signèrent finalement les accords de Munich en septembre 1938 : le
texte autorisait Hitler à occuper le territoire des Sudètes ; cependant, un
plébiscite en faveur du rattachement à l’Allemagne devait y être organisé.
Signature des accords de Munich. L'on peut apercevoir, de gauche à droite,
Chamberlain, Mussoloni, Hitler, et Daladier.
Toutefois, le Führer annula le plébiscite en octobre 1938 ; en mars 1939, la
république tchèque fut transformée en protectorat de Bohême-Moravie ;
enfin, la république slovaque, dépecée au profit de la Hongrie, fut
autorisée à conserver son indépendance à condition d’adopter une politique
pangermaniste.
Cette nouvelle violation des traités internationaux incita définitivement la
France et l’Angleterre à se prémunir contre la menace nazie.
b)
Les élections présidentielles d’avril 1939 et la prise de conscience
franco-anglaise : alors qu’au printemps 1939, le gouvernement Daladier
ne se faisait plus guère d’illusion sur la paix franco-allemande, le mandat
d’Albert Lebrun,
président de la république, arrivait à son terme.
Il
fut donc décidé de procéder à de nouvelles élections au mois d’avril.
Comme de coutume, les principales formations politiques de l’Hexagone
présentèrent leurs candidats à la magistrature suprême. A gauche, plusieurs
membres du PRRRS
décidèrent de se présenter, ce qui contribua à un net éparpillement des
voix : Edouard Herriot,
Fernand Bouisson,
et Justin Godard.
Edouard Herriot (à gauche) et Fernand Bousson (à droite).
Au
contraire, la SFIO
et le PC
présentèrent chacun un candidat unique, respectivement
Albert Bedouch
et Marcel Cachin.
Lebrun, quant à lui, décida de se présenter à sa propre succession, malgré
la perspective d’une guerre contre l’Allemagne. L’enjeu était de taille pour
le président sortant, membre de l’Alliance démocratique, parti de
centre-droit, face à une Chambre des députés dominée par les socialistes,
les radicaux et les communistes (rappelons qu’à cette date les élections
présidentielles étaient organisées au suffrage indirect, c'est-à-dire que le
chef de l’Etat était élu par la Chambre des députés et le Sénat.).
Toutefois, Lebrun arriva en tête des suffrages avec 55% des voix, et fut
donc élu dès le premier tour.
Derrière lui, l’on retrouvait le socialiste Albert Bedouch, obtenant 16.5%
des voix ; Cachin, se présentant pour la troisième fois, obtenait son
meilleur score, obtenant 8% des suffrages. Les candidats PRRRS, quant à eux,
réalisaient une véritable contre-performance, Herriot obtenant 6% ; Godard,
5.5% ; Bouisson, 1.7%. Enfin, arrivé en dernière position,
François Piétri,
candidat dissident de l’AD, récupérait 1% des voix.
Reconduit dans ses fonctions courant mai, Daladier ne procéda pas à un
remaniement ministériel de grande ampleur. Conservant le ministère de la
Guerre, Daladier confirma Camille Chautemps
à la vice-présidence du conseil, Paul Reynaud
aux Finances, et Albert Sarraut
à l’Intérieur.
De gauche à droite : Edouard Daladier, Camille Chautemps, Paul Reynaud et Albert Sarraut.
Daladier, qui avait signé les accords de Munich à contre-cœur, savait qu’il
lui restait peu de temps pour se préparer à la guerre.
Ainsi, alors que le gouvernement travaillait déjà depuis plusieurs mois à
accroître la productivité des usines militaires, Paul Reynaud débloqua le 19
mars 1939 la somme de 56 milliards, destinée à la Défense nationale ; un
décret adopté le 21 mars instaura la semaine de 60 heures dans les usines de
guerre ; le 21 avril, le temps de travail fut allongé à 45 heures, et un
impôt fut instauré sur les bénéfices industriels ; le 29 juillet, en raison
des vives tensions internationales, les pouvoirs de la Chambre des députés
(arrivant à expiration en juin 1940.) furent prorogés de deux ans.
Cependant, ces mesures furent bien trop tardives pour avoir un effet
significatif.
Coté britannique, Chamberlain regrettait d’avoir été joué par Hitler, après
plus d’une décennie de rapprochement anglo-allemand.
En
fin d’année 1938, le premier ministre britannique se rendit à Paris afin de
se renseigner sur la politique militaire française ; puis à Rome afin de
demander à Mussolini de jouer un rôle de médiateur avec l’Allemagne.
Chamberlain, tout comme son homologue français, décida donc d’accélérer la
politique de réarmement anglaise au cours du printemps 1939, la
Chambre des communes
votant en faveur du rétablissement de la conscription le 24 avril.
A
cette occasion, Chamberlain prononça le discours suivant lors d’une visite à
Birmingham :
il n'y aurait pas
pire erreur que de croire que parce qu'elle considère la guerre comme chose
cruelle et dépourvue de sens, la nation [britannique] a perdu sa
fibre guerrière au point qu'elle ne consacrera pas ses efforts jusqu'au
dernier à résister à un tel défi s'il devait jamais être lancé.
Par ailleurs, alors que depuis mars 1939, Hitler
avait ouvert des négociations avec la Pologne, au sujet du corridor de
Dantzig, mais aussi avec la Lituanie, réclamant la ville de Memel (située au
nord de la Prusse orientale.), France et Angleterre tentèrent donc de
développer un réseau d’alliances défensives en Europe.
C’est ainsi que les deux pays garantirent l’intégrité
de la Belgique, de la Suisse et des Pays-Bas, le 23 mars 1939 ; en
juin, France et Angleterre s’allièrent avec la Turquie ;
le 25 août, une alliance militaire tripartite fut signée entre la
France, l’Angleterre et Pologne (les deux grandes puissances occidentales
s’engageaient à intervenir militairement si le territoire polonais était
attaqué.).
A
noter que Mussolini, abandonnant définitivement son rôle d’arbitre, ordonna
l’invasion de l’Albanie le 7 avril 1939. Le souverain albanais,
Zog I°,
fut alors contraint de s’exiler
c)
Le pacte germano-soviétique (août 1939) : alors que l’URSS était liée
à la France par traité franco-soviétique d'assistance mutuelle, signé en
1935,
Joseph Staline,
secrétaire général du parti communiste de l’Union soviétique, était
inquiet de la politique conciliatrice des capitales occidentales vis-à-vis
de l’Allemagne (viol des clauses du traité de Versailles, remilitarisation
de la Rhénanie, anschluss,
annexion des Sudètes, invasion de la Tchécoslovaquie, etc.).
La signature du pacte franco-soviétique, 1935 (l'on peut voir Staline, à
gauche, discuter avec Laval, à droite).
A
l’été 1939, alors que Staline se rapprochait de l’Allemagne nazie, des
négociations avec la France et l’Angleterre avaient encore lieu. Mais
Staline, demandant à pouvoir occuper les pays baltes et de traverser la
Pologne en cas offensive nazie, fit échouer les pourparlers.
Côté allemand, Hitler avait planifié pour la fin août 1939 l’invasion de la
Pologne. Toutefois, ses généraux l’incitèrent à conclure une alliance avec
Staline, afin de s’assurer de la neutralité de l’URSS.
C’est ainsi que fut signé à Moscou le traité de non-agression entre
l'Allemagne et l'Union des républiques socialistes soviétiques, appelé
communément pacte germano-soviétique (23 août 1939.).
Le
texte ne prévoyait aucune alliance militaire, mais établissait au contraire
un accord de paix entre les deux pays, Allemagne et Union soviétique
s’engageant à adopter une position de neutralité en cas d’attaque ennemie.
Par ailleurs, le pacte germano-soviétique comportait une série de clauses
secrètes, délimitant les sphères d’influences allemandes et soviétiques en
Europe de l’est. Etait aussi prévue une ligne de partage de la Pologne.
Enfin, la Gestapo
s’engageait à livrer au
NKVD
les réfugiés russes présents sur le territoire allemand ; en contrepartie,
l’URSS livrerait au troisième Reich les dissidents antifascistes, Allemands
ou Autrichiens, installés en Union soviétique.
Si
côté allemand, le pacte permit à Hitler de rapatrier un grand nombre de
divisions sur la frontière française ; côté soviétique, les quelques années
de répits accordées à l’URSS furent mises à contribution, Staline ordonnant
la relocalisation des entreprises russes en Sibérie, très loin de la
frontière.
En
France et en Angleterre, c’est avec effarement que fut annoncée la signature
du pacte germano-soviétique. En représailles, Daladier décréta une
mobilisation partielle à la fin août 1939.
Cette alliance eut aussi d’importantes répercussions politiques et
économiques, car les partis communistes de France et d’Angleterre, suivant
les directives du Komintern,
refusèrent de participer aux préparatifs de guerre contre l’Allemagne.
Ainsi, lors du déclenchement du second conflit mondial, de nombreux
communistes firent grève, commirent des actes de sabotage dans les usines
d’armement, ou désertèrent.
Ainsi, Daladier prononça l’interdiction du parti communiste en septembre
1939, interdisant aux députés d’extrême-gauche de siéger à la Chambre des
députés (c’est ainsi que plusieurs communistes furent arrêtés et
incarcérés.).
d)
L’incident de Gleiwitz et l’invasion de la Pologne (31 août au 1er
septembre 1939) : alors qu’Allemagne nazie se faisait de plus en plus
menaçante envers la Pologne, Daladier adjura Hitler d’organiser un règlement
pacifique de la question de Dantzig. Le
Führer
accepta de négocier, mais à condition que lui soient cédés immédiatement
Dantzig et le corridor.
Côté polonais, le pays avait vécu sous l’autorité du maréchal général
Jozef Klemens Pilsudski,
au pouvoir entre 1918 et 1922, puis de 1926 à sa mort (mai 1935.). Ce
dernier, ne pouvant compter sur les démocraties occidentales (la France
avait refusé de mener une guerre préventive contre l’Allemagne nazie en
1933, considérant que l’alliance franco-polonaise était avant tout
défensive.), décida d’adopter une politique de plus en plus autoritaire,
signant plusieurs traités de non-agression avec l’Allemagne et l’URSS.
A
la mort de Pilsudski, le pouvoir fut partagé entre Ignacy Mościck
(président de la république polonaise depuis 1926.) et « les colonels »,
anciens collaborateurs du défunt.
A
la mi-août 1939, alors qu’était célébré le 19ème anniversaire du
miracle de la Vistule,
le gouvernement polonais décréta une mobilisation partielle.
A
Berlin, Hitler était convaincu que les démocraties occidentales ne
riposteraient pas en cas d’invasion de la Pologne. Toutefois, alors que
l’invasion était programmée pour le 26 août, le Führer décida de reporter
cette dernière de six jours.
Entre-temps, Hitler décida d’organiser un coup de force contre la Pologne,
afin de présenter la future invasion de la Pologne non comme une agression
mais comme une riposte justifiée. Le Führer confia alors à
Heinrich Himmler
la tâche de mener à bien cette opération.
Le
chef de la SS
conçut alors un plan qu’il baptisa
opération Himmler, dont il confia l’exécution à Reinhard Heydrich,
chef de la Sipo.
Heinrich Himmler (à gauche) et Reinhard
Heydrich (à droite).
C’est ainsi que douze prisonniers issus de camps de concentrations, équipés
d’uniformes et de papiers d’identité polonais, furent envoyés à Gleiwitz,
le 31 août 1939. Ces derniers, encadrés par six membres du
SD,
furent exécutés au pied d’une tour radio, qui fut utilisée pour diffuser un
message appelant la minorité polonaise de Silésie à prendre les armes contre
Adolf Hitler.
Convoquant rapidement plusieurs journalistes sur les lieux du drame, le
Führer fit de cet incident de Gleiwitz, bien que monté de toutes
pièces, un véritable casus belli contre la Pologne.
L'antenne radio de Gleiwitz.
Au
petit matin du 1er septembre 1939, Hitler ordonnait l’invasion de
la Pologne sans déclaration de guerre. L’offensive fut déclenchée le long de
la frontière ouest, mais fut plus concentrée à Dantzig.
France et Angleterre, refusant de céder aux caprices du Führer une fois de
plus, informèrent Berlin de leurs engagements vis-à-vis de la Pologne. Côté
français, le président du conseil décréta la mobilisation générale, le 1er
septembre ; le lendemain, la Chambre des députés vota en faveur d’un crédit
de 69 milliards. Le 3 septembre, France et Angleterre transmirent un
ultimatum au gouvernement allemand, fixant en fin de journée l’ouverture des
hostilités si la Pologne n’était pas évacuée par la Wehrmacht.
2° Axe contre alliés (septembre
1939) – Vingt années seulement après la fin du
premier conflit mondial, France et Allemagne étaient à nouveau sur le chemin
de la guerre.
a)
Les alliances allemandes pendant la seconde guerre mondiale : si les
alliances militaires étaient restées stables tout au long de la Grande
guerre,
les relations entre les principaux belligérants au cours du second conflit
mondial furent très fluctuantes.
En
septembre 1939, aucun traité n’avait entériné l’alliance Berlin-Rome-Tokyo,
à l’exception du pacte antikomintern, signé en octobre 1936 par
l’Allemagne et le Japon (puis en novembre 1937 par l’Italie.). Cependant,
cet accord ne garantissait un support militaire aux signataires qu’en cas
d’agression soviétique (c’est ainsi qu’Hitler n’apporta pas assistance aux
Japonais, qui s’étaient emparés de la Corée et du Mandchoukouo,
livrant une guerre sanglante contre la république de Chine depuis
1937.)
Cet accord fut suivi du Pacte d’acier, alliance militaire signée en
mai 1939 par Hitler et Mussolini ; puis de l’Axe
Rome-Tokyo-Berlin,
le 27 septembre 1940, traité entérinant une alliance militaire entre
l’Allemagne, l’Italie et le Japon.
Plusieurs pays proches de l’Allemagne rejoignirent par la suite les forces
de l’Axe, tels que la Hongrie, dès septembre 1940 (cet Etat était un des
principaux alliés de l’Allemagne.) ;
et la Bulgarie, en mars 1941 (le gouvernement bulgare espérait récupérer les
territoires perdus depuis 1913.).
A noter que d’autres Etats furent contraint de rejoindre cette alliance
tripartite, plus par nécessité politique que par idéologie, tels que la
Roumanie, en novembre 1940 (le pays, dépecé, réclama la protection allemande.) ;
et la Yougoslavie, en mars 1941 (le prince
Paul,
régent pendant la minorité du roi, préféra rejoindre l’Axe pour protéger le
pays, mais il fut renversé quelques jours après et la Yougoslavie fut donc
envahie par les troupes allemandes.).
Toutefois, d’autres pays combattirent aux côtés de l’Axe, sans y adhérer
formellement. Ce fut le cas de l’URSS, allié avec l’Allemagne en vertu du
pacte germano-soviétique, signé en août 1939 (cette alliance ne prit fin
qu’en juin 1941, date de l’invasion du pays par l’Allemagne.) ; de la
Finlande, soucieuse de trouver des alliés dans sa lutte contre l’URSS
(Moscou avait ordonné l’invasion du pays en novembre 1939,
afin d’occuper les territoires finlandais entourant Léningrad.) ;
de la Thaïlande, qui souhaitait se prémunir contre une invasion japonaise ;
des Etats fantoches du Japon (Mandchoukouo, gouvernement de Nankin,
etc.) ; du Gouvernement provisoire de l'Inde libre (ce régime, dont la
sphère d’influence était limité aux îles Andaman-et-Nicobar,
souhaitait libérer l’Inde de la domination britannique.) ; etc.
Enfin, plusieurs pays envahis par les forces de l’Axe furent contraints
d’adopter une politique collaborationniste, obéissant aux ordres de
l’Allemagne : la Slovaquie, Etat pangermaniste depuis 1939 ; la Norvège et
le Danemark,
envahis au printemps 1940 ; la France, où fut instauré le régime de Vichy
à compter de juillet 1940 ; l’ex-Yougoslavie, morcelée en plusieurs Etats
suite à l’invasion de mars 1941 (Serbie, Croatie, Monténégro.) ; la Grèce,
laissant l’Italie mettre en place un gouvernement fantoche au printemps
1941.
A
noter que d’autres pays conservèrent un statut particulier pendant toute la
durée de la guerre, tels que l’Espagne, qui refusa d’adhérer à l’Axe (le
général Franco se contenta d’envoyer 50 000 hommes combattre sur le
front russe à compter de juin 1941.) ; la Suède, Etat neutre, soutint la
lutte de la Finlande contre l’URSS, mais n’intervint pas lorsque le Danemark
et la Norvège furent envahis (sans adopter une politique pangermaniste, la
Suède accorda un droit de passage à l’Allemagne, tout en mettant en place
une coopération économique avec Berlin.).
b)
Les alliances françaises pendant la seconde guerre mondiale : pendant
l’entre-deux-guerres, France et Angleterre avaient multiplié les alliances
avec les pays d’Europe de l’est. C’est ainsi que furent signées la petite
entente en 1925 (accord militaire unissant la Tchécoslovaquie, la
Roumanie et la Yougoslavie, sous l’égide du couple franco-britannique.) ; le
traité franco-soviétique d'assistance mutuelle en 1935 ; et une
alliance tripartite entre la France, l’Angleterre et la Pologne en 1939.
Cependant, alors qu’au fil des années les démocraties occidentales
multipliaient les concessions vis-à-vis de l’Allemagne nazie (réarmement de
l’armée allemande, remilitarisation de la Rhénanie, anschluss, invasion de
la Tchécoslovaquie, etc.), cette politique franco-anglaise fut considérée
comme un acte de faiblesse par de nombreux Etats d’Europe de l’est.
Ainsi, plusieurs Etats traditionnellement alliés à la France décidèrent de
se rapprocher de l’Allemagne nazie, tels que la Pologne (Varsovie et Berlin
signèrent un pacte de non-agression en janvier 1934.) et l’URSS
(signature du pacte germano-soviétique en août 1939.).
Cette déliquescence des alliances françaises ne fit que s’amplifier suite à
la désastreuse campagne de France,
qui consacra le morcellement du pays et l’établissement du régime de Vichy.
Cependant, outre la France, l’Angleterre et la Pologne, plusieurs pays
décidèrent de prendre les armes contre l’Allemagne nazie : de prime abord
l’Australie et la Nouvelle-Zélande, Etats indépendants mais membres du
Commonwealth,
suivis par la suite du Canada, de l’Afrique du Sud, de Terre-Neuve,
de l’Inde, et des colonies africaines britanniques.
Isolée suite à la campagne de France, l’Angleterre fut contrainte de faire
face à la menace nazie, à une époque ou les pays d’Europe de l’est étaient
contraints de se soumettre à l’Allemagne ou d’être envahis.
Toutefois, l’année 1941 fut un tournant pour les alliés. Ainsi, l’URSS,
envahie par surprise au mois de juin, fut contrainte de mettre un terme à
son alliance avec l’Axe ;
les Etats-Unis, attaqués en décembre par l’aviation japonaise à Pearl
Harbor, décidèrent finalement de participer au conflit.
Par la suite, la république de Chine, en guerre contre le Japon depuis 1937,
décida de lutter aux côté des alliés ; bientôt suivie par de nombreux Etats
d’Amérique du sud (le Brésil et le Mexique déclarèrent la guerre à
l’Allemagne en 1942.).
Une fois l’Afrique du nord libérée par les forces anglo-américaines, en
novembre 1942, la majeure partie des forces de l’Empire colonial français
rejoignit la lutte contre l’Axe.
c)
Les forces alliées en septembre 1939 : comme nous l’avons vu plus
tôt, le principal atout de la France, depuis le Moyen âge jusqu’à la
Révolution française, avait longtemps résidé dans sa force démographique.
Les rois de France, à la tête du pays le plus peuplé d’Europe pendant près
de mille ans, avaient donc longtemps axé leur stratégie militaire sur le
nombre.
Cependant, non seulement le pays achevait une
transition démographique
ayant débuté au début du XIX° siècle ; en outre, la France ne s’était pas
encore remise de la saignée humaine causée par le premier conflit mondial
(1.3 millions de tués ou disparus, soit 10% de la population active
masculine ; 4 millions de blessés, sans compter les combattants souffrant de
stress post-traumatique ; ainsi que 300 000 civils victimes de la
grippe espagnole.).
Ainsi, ces pertes colossales avaient entraîné une forte baisse du taux de
natalité, et en 1939 la France ne comptait que 41 millions d’habitants (soit
500 000 de moins qu’en 1914.).
La
durée du service militaire, ramenée à un an en 1928, fut toutefois augmentée
d’une année en 1936, en raison de la menace allemande.
De
ce fait, l’armée française pouvait compter sur 2.4 millions d’hommes,
plus 600 000 soldats des troupes coloniales (soit un total de cinq millions
en incluant les réservistes.).
Coté britannique, la conscription n’était pas traditionnelle, contrairement
à la France. Ainsi, le service militaire n’avait été instauré qu’au cours de
la première guerre mondiale (de 1916 à 1919.), puis réintroduit à la hâte en
avril 1939.
Ainsi, alors que le Royaume-Uni
comptait 46 millions d’habitants en 1939, seuls 160 000 soldats du
corps expéditionnaire britannique
furent envoyés en France (pour un total
de 680 000 hommes en incluant les réservistes et les unités stationnées en
Angleterre ou dans les colonies.).
A
noter toutefois qu’à l’instar de 1914, les membres du corps expéditionnaire
britannique étaient des soldats de métier, expérimentés et bien équipés.
d)
Les forces de l’Axe en septembre 1939 : alors que la France était
resté le pays le plus peuplé d’Europe pendant un millier d’années,
l’Allemagne avait pris la première place au cours du XIX° siècle, le pays
réalisant une transition démographique plus tardive qu’en France.
L’Allemagne, comptant 67 millions d’habitants en 1914, avait réussi combler
la saignée démographique de 1914, car le pays comptait 69 millions
d’Allemands en 1939.
Toutefois, l’armée allemande ne comptait que 2 600 000 hommes (soit 10% de
plus que l’armée française.), pour un total de 5.6 millions de soldats (en
incluant les réservistes.).
Côté italien, le pays comptait 43 millions d’habitants (contre 36 en 1912.),
n’ayant pas achevé sa transition démographique. Ainsi, l’Italie était encore
une économie rurale, la production industrielle ne dépassant pas 20% de la
production française ou britannique.
Par ailleurs, l’économie italienne ne fit qu’empirer suite au déclenchement
de la guerre, car Mussolini décida d’allouer 40% du budget annuel aux
dépenses militaires. Dotée à l’origine d’une petite armée de 250 000 hommes,
Mussolini parvint à faire grimper les effectifs jusqu’à 1.3 millions de
soldats en septembre 1939.
A
noter qu’en raison de ces nombreuses carences, l’Italie ne déclara la guerre
à la France qu’en juin 1940, suite à la victorieuse percée allemande dans
les Ardennes.
e)
Equipement et stratégie française à l’aube du conflit : suite au
colossal effort de guerre de 1914-1918, l’armée française était considérée
en 1939 comme la première force mondiale.
Cependant, si l’Etat-major avait su équiper les militaires français de
matériel récent, de nombreuses armes et véhicules étaient hérités du premier
conflit mondial.
L’un des équipements les plus anciens de l’armée française était le fusil
Lebel. Adoptée en 1886, cette arme disposait d’une portée de quatre
kilomètres et était équipé d’un magasin
tubulaire
pouvant contenir 8 cartouches. Les militaires étaient aussi équipés du
Berthier modèle 1902/1907, qui était une évolution du Lebel (le chargeur
n’était pas tubulaire, mais vertical, ce qui empêchait les balles de
rester bloquées.).
Fusil Lebel modèle 1886 modifié 1893, musée de la Légion étrangère, Aubagne.
Toutefois, si ces deux armes avaient fait leurs preuves, elles devenaient
désuètes à l’aube du second conflit mondial. Ainsi, le Lebel souffrait d’un
temps de chargement trop long et d’une cadence de tir moins élevée que les
fusils récents (par ailleurs le manque de protection sur le canon pouvait
provoquer des brûlures à la main suite à un tir rapide.).
De
nouvelles armes avaient pourtant fait leur apparition pendant
l’entre-deux-guerres, tels que le MAS 36,
destiné à remplacer les fusils Lebel et Berthier. Equipé d’un chargeur
vertical de cinq balles, le MAS 36 bénéficiait d’une bonne cadence et portée
de tir.
Le fusil MAS 36.
En
ce qui concerne les mitrailleuses, l’armée française était équipée des mêmes
armes qu’au cours de la première guerre mondiale.
Si
la Saint Etienne modèle 1907 T avait été progressivement abandonnée
au profit de la Hotchkiss modèle 1914 (60 000 unités en 1939.), cette
mitrailleuse était elle aussi devenue désuète à l’aube du second conflit
mondial. En effet, son poids était bien trop élevé (52 kilos avec son
trépied.),
et sa cadence de tir trop réduite
(par ailleurs, les chargeurs étaient rigides ce qui ne facilitait pas
l’utilisation.).
Mitrailleuse Hotchkiss modèle 1914, musée
de l'Infanterie, Montpellier.
Les fusils-mitrailleurs, au contraire, avaient connu une réelle évolution
depuis 1919. Ainsi, le fusil-mitrailleur Chauchat modèle 1915,
produit à 280 000 exemplaires pendant la première guerre mondiale, avait été
remplacé par le MAC 24/29,
plus léger et disposant d’une meilleure cadence de tir.
Fusil-mitrailleur MAC 24/29.
L’artillerie, quant à elle, bénéficiait d’un bon parc de matériel hérité du
premier conflit mondial. Ainsi, l’on retrouvait une grande variété de canons
de tous calibres en 1939 : le canon de
75 modèle 1897,
le canon de 155 modèle 1904 TR.
Rimailho ;
ainsi que deux nouvelles armes destinées à équiper la ligne Maginot,
le canon antichar de 25 modèle 1934 et le canon antichar 47 modèle
1934.
Le canon antichar de 25 modèle 1937 (le
modèle 1937 était une version allégée du modèle 1934), musée de
l'Infanterie, Montpellier.
Les chars de combat, qui avaient fait leur apparition à compter de 1916,
avaient connu une importante évolution depuis la première guerre mondiale.
Ainsi, si l’armée française avait conservé un peu plus de 400 chars
Renault F-17, complètement dépassés en 1939, de nouveaux tanks
avaient fait leur apparition : le Hotchkiss H-35 (produit à 1 000
exemplaires à compter de 1926, le Hotchkiss H35 avait été pensé pour jouer
un rôle d’accompagnement des troupes d’infanterie.
Cet engin souffrait d’un blindage insuffisant (35 mm.) et son canon de 37 mm
datait de la première guerre mondiale.) ; le Renault R-35 (produit à
800 exemplaires, ce char bénéficiait d’un blindage de 40 mm mais son canon
de 37 mm datait lui aussi de la première guerre mondiale.) ; le B1 (produit
à 500 exemplaires, il disposait d’un épais blindage
et d’un canon de 75.) ; le Somua S-35 (produit
à 430 exemplaires, ce véhicule était considéré comme le meilleur char
français en 1939. Il était doté d’un solide blindage (55 mm.) et d’un canon
de 47.) ; le FCM 36
(produit à 100 exemplaires à compter de 1938, son armement était désuet à
l’instar de nombreux char français.) ; et le Renault D-2 (produit à
100 exemplaires, il s’agissait d’un char plus léger et rapide, sa
maniabilité compensant son faible blindage.).
Tank Hotchkiss H-35 (en haut) et Renault
R-35 (en bas).
Enfin, outre les chars de combat, de nouveaux véhicules avaient fait leur
apparition, tels que les automitrailleuses Panhard AMD-178 (produites
à 500 exemplaires, elles étaient équipées de canons de 25 mm.).
Panhard AMD-178.
L’aviation française, tout comme les chars, était constituée de façon
hétéroclite. Ainsi, sur un total de 4 800 avions, l’on y retrouvait une
quantité importante de véhicules anciens, tels que le Dewoitine D.510
(à train fixe et cockpit ouvert, il entra en service en 1935.), le
Morane-Saulnier MS.225 (mis en service en 1933, il disposait d’une
vitesse de pointe de 300 kilomètres heures.)
ou le Potez 630 (ce chasseur datant de 1936 était moins rapide que
certains bombardiers allemands.).
Dewoitine D.510 (en haut) et Potez 630
(en bas).
Cependant, si l’on comptait certains appareils capable de rivaliser avec la
Luftwaffe, tels que les chasseurs Dewoitine D.520 ou
Arsenal VG 33, ou le bombardier Lioré et Olivier LEO-451, ces
véhicules étaient en nombre insuffisant.
Arsenal VG 33.
Ainsi, le gros de la flotte aérienne française disposait de chasseurs
Bloch MB.150/157 (peu maniables et disposant d’une faible autonomie, ils
étaient particulièrement résistants.) ; et de bombardiers Amiot 143
et Bloch MB.210 (ces véhicules étaient lourds et lents.).
Bloch MB.150/157.
Enfin, l’uniforme des soldats français n’avait guère évolué depuis 1915.
Ainsi, si la teinte kaki avait remplacé le bleu horizon, la coupe de
vêtements, les bandes molletières
et le casque restaient similaires aux modèles du premier conflit mondial.
Sergent d'Infanterie (à gauche) et soldat
du 79° bataillon alpin de forteresse (à droite), musée de l'Infanterie,
Montpellier.
D’un point de vue stratégique, le
généralissime
Maurice Gamelin
avait décidé de prendre le contre-pied de la tactique française employée en
1914. Ainsi, si pendant le premier conflit mondial, le mot d’ordre avait été
l’attaque à outrance, Gamelin préféra au contraire jouer la carte de la
défense à outrance. En effet, les plans du généralissime prévoyaient que
l’armée allemande vienne se briser sur la ligne Maginot, la frontière
française étant considérée comme infranchissable.
Le généralissime Maurice Gamelin.
Parallèlement, la flotte britannique soumettant l’Allemagne à un blocus
économique depuis la mer du nord, l’objectif était d’attendre que
l’Allemagne, épuisée, demande un armistice.
Cependant, si Gamelin basait toute sa stratégie sur l’invulnérabilité de la
ligne Maginot, précisons que cette dernière n’était pas une muraille
continue. En effet, programmée à l’origine pour relier le Nord aux Alpes,
certains pans n’avaient pas été construits : la frontière franco-belge, par
exemple, était moins bien défendue.
Par ailleurs, en raison de cette stratégie, la France ne fut d’aucun secours
à une Pologne envahie par la Wehrmacht ; en outre, cette stratégie
ultra-défensive ne préconisait pas le bombardement aérien des usines
allemandes de la Ruhr,
laissant à Hitler tout loisir d’équiper l’armée allemande de nouveaux chars,
canons, avions, véhicules, etc.
Si
les chars de combat français furent peu usités en raison de la stratégie de
la défense à outrance, il convient toutefois de noter que leur
fonctionnement était régi par des conceptions obsolètes héritées du premier
conflit mondial.
En
effet, les tanks étaient considérés non comme une arme à part entière, mais
comme un simple soutien d’infanterie
(ce qui explique que de nombreux blindés disposaient d’un blindage léger.).
Ainsi, alors que les Panzers allemands étaient regroupés en six
divisions de chars, formant un ensemble cohérent et autonome, les blindés
français étaient dispersés dans de petites unités le long de la ligne
Maginot.
Toutefois, l’emploi stratégique des chars de combat n’était pas le seul
problème. En effet, tous les Panzers étaient équipés d’une radio, alors que
les chars français communiquaient via des fanions (ce qui ne facilitait pas
la transmission des ordres.).
Au
final, si les chars Somua S-35 et B1 français étaient techniquement
supérieurs aux Panzers allemand, ils souffraient de ces carences
stratégiques.
Tank Somua S-35.
f)
Equipement et stratégie allemande à l’aube du conflit : lors de son
arrivée au pouvoir en janvier 1933, Hitler était à la tête d’un pays ne
disposant pas d’une armée capable de rivaliser avec ses voisins européens.
Ainsi, le traité de Versailles prévoyait une réduction des effectifs à
100 000 hommes, la suppression du service militaire, et l’interdiction
d’utiliser les gaz de combats, l’artillerie, les tanks et l’aviation
militaire.
Ainsi, dans un premier temps, Hitler ordonna la construction de la
ligne Siegfried
le long de la frontière franco-allemande. Planifiée en 1936, la ligne fut
érigée entre 1938 et 1940, à une époque où les tensions se faisaient plus
vives.
Toutefois, ne souhaitant pas baser sa stratégie militaire sur une simple
ligne de défense, le troisième Reich fit tout son possible pour rattraper
son retard technologique en l’espace d’une décennie.
L’arme de base des soldats allemands était le fusil Mauser Karabiner 98k,
une évolution plus légère et plus maniable du Mauser Gewehr 98 (qui
équipait l’armée allemande pendant la première guerre mondiale.).
Fusil Mauser Karabiner 98k (en bas) et fusil soviétique Mosin Nagant
1891/30 (en haut), musée des Invalides, Paris.
Si
au début du conflit, le Mauser Karabiner 98k était l’arme principale du
soldat allemand, plusieurs fusils firent leur apparition au cours des années
suivantes : le Walther Gewehr 43, fusil semi-automatique inspiré du
SVT-38 russe
(cette arme fut principalement utilisée sur le front est.) ; et le
Sturmgewehr 44, un des premiers
fusils d’assaut
de l’Histoire.
Sturmgewehr 44.
En
ce qui concerne les fusils automatiques, l’on retrouvait la
Maschinengewehr 34, mitrailleuse disposant d’une cadence de tir de 800
coups par minute, pour un poids d’environ 10 kilos (sa version améliorée, la
Maschinengewehr 42, ou MG 42, sortit des usines en cours
d’année 1942.) ; et le pistolet mitrailleur Maschinenpistole 40 (400
coups par minute.).
Maschinenpistole 40, musée des Invalides, Paris.
Par ailleurs, alors qu’au début du conflit le Panzerbüchse 38/39
était la seule arme antichar, apparurent entre 1942 et 1943 le
Panzerfaust
et le Panzerschreck.
Si le Panzerfaust était un lance grenade antichar à usage unique (disposant
d’une portée de 30 mètres.), le Panzerschreck était un lance roquettes
pouvant atteindre sa cible à 200 mètres.
Bazooka américain (en haut) et
Panzerschrek allemand (en bas), musée des Invalides, Paris.
Par ailleurs, l’armée allemande avait conservé ses canons de 77 mm, hérités
de la première guerre mondiale.), ainsi qu’une centaine de mortiers de
calibre 81.
A
noter toutefois que l’artillerie ne semblait pas être la principale
préoccupation de l’Etat-major allemand, qui avait préféré se concentrer sur
la production de chars de combat et d’aviation militaire (rappelons que lors
du premier conflit mondial, les généraux allemands avaient sous estimé
l’efficacité des tanks,
ce qui leur avait peut être coûté la victoire.).
Ainsi, l’armée allemande s’était progressivement équipée de
Panzerkampfwagen (abrégé en Panzer.) :
sur environ 3 000 chars répartis en six divisions, l’on retrouvait 1 500
Panzer I (il s’agissait du premier modèle, faiblement blindé (13 mm.) et
équipé non d’un canon mais d’une mitrailleuse MG 34.) ; 1 200 Panzers II
et III (équipés de canons de 20 et 50.) ; et 200 Panzer IV (ce
dernier disposait d’un épais blindage (80 mm.) et d’un canon de 75.).
Panzer I.
A
noter que d’autre chars sortirent des usines au cours de la guerre, tels que
le Panzer V Panther (une évolution du Panzer IV bénéficiant d’un
moteur plus puissant.) ; le Panzer VI Tigre (disposant d’un épais
blindage et d’un canon de 88.) ; et le Panzer VI Tigre II (évolution
du Tigre.).
Alors que Heer
disposait d’une quantité de chars inférieure à la France, mais bénéficiait
d’une stratégie plus moderne, la Luftwaffe reproduisait un schéma identique.
Ainsi, les Allemands possédaient moins d’avions, mais ces derniers étaient
mieux employés.
Ainsi, l’on comptait près de 700 chasseurs Messerschmitt BF-109,
disposant d’une vitesse de pointe de 600 kilomètres heures ; 400 chasseurs
bombardiers
Messerschmitt ME-110 (équipé de deux canons de 20, le ME-110 fut
principalement employé dans des missions de nuit.) ; plus de 300
Sturzkampfflugzeug
(principalement des Junkers JU-87 et JU-88, destinés à opérer
des bombardements en piqué.), ainsi qu’un millier de bombardiers lourds
Heinkel HE-111.
Heinkel HE-111.
D’un point de vue stratégique, l’Etat-major allemand, tout comme en 1914,
redoutait un encerclement dû à un conflit livré sur les deux fronts.
Cependant, le pacte germano-soviétique, signé en août 1939, garantissait une
certaine protection à la frontière est du pays.
De
ce fait, suite à l’invasion de la Pologne, l’Etat-major eut les mains libres
pour envoyer une grande partie des forces de la Wehrmacht à l’assaut de la
ligne Maginot.
A
noter toutefois qu’Hitler fut surpris d’apprendre que la France et
l’Angleterre avaient déclaré la guerre à l’Allemagne, suite à l’invasion de
la Pologne. En effet, l’objectif de longue date du Führer était l’URSS, d’où
il souhaitait extirper le « judéo-bolchevisme
» (Hitler espérait recevoir l’aide de l’Angleterre, les britanniques s’étant
toujours méfiés du régime soviétique.).
Souhaitant gagner la guerre au plus tôt, Hitler voulait attaquer la France
dès novembre 1939, à l’issue de l’invasion de la Pologne. Cependant,
l’Etat-major allemand, qui craignait une guerre longue, parvint à convaincre
le Führer de reporter le début de l’offensive à mai 1940 (cela permit à la
Wehrmacht d’être mieux équipée le moment venu.).
Dans un premier temps, l’Oberkommando der Wehrmacht
élabora une stratégie similaire à celle du plan
Schlieffen,
utilisée par les généraux allemands en 1914. Cette stratégie prévoyait non
pas une attaque en direction de l’Alsace-Lorraine, territoires que la France
avait récupérés en 1919, mais une offensive à travers la Belgique, puis une
bifurcation en direction de Paris.
Cependant, Hitler
préféra suivre la stratégie du général Erich von Manstein,
le plan Fall Gelb :
l’objectif était de percer la ligne de front ennemie sur son point le plus
fragile (le massif des Ardennes.), puis de profiter de l’effet de surprise
pour attaquer en direction de la Manche.
Le général Erich von Manstein.
Les Sudètes étaient à l’origine une chaîne montagneuse au nord-est
de l’actuelle république tchèque, peuplée majoritairement
d’Allemands. Mais par extension, furent surnommés Sudètes tous les
habitants germanophone de Tchécoslovaquie. Hitler, soucieux de
poursuivre sa politique pangermaniste, réclamait donc l’annexion des
Sudètes au Reich allemand.
Lors du Congrès de Tours, organisé en décembre 1920, la SFIO s’était
séparée de sa frange gauche (qui souhaitait adhérer au Komintern),
ce qui avait entrainé la fondation de la SFIC (Section
Française de l’Internationale Communiste), renommée Parti
Communisteen 1921
(rappelons que le Komintern était le nom russe de la Troisième
internationale, ou Internationale communiste, fondée à
Moscou en mars 1919).
Le Komintern (Коммунистический интернационал ou
Kommounistitcheskiï internatsional en russe),
appelé aussi Troisième internationale (ou Internationale
communiste) avait été fondé à Moscou en mars 1919. L’objectif
était de remplacer la Deuxième internationale, fondée à Paris
en 1889, organisation considérée comme souillée en raison de sa
participation à la première guerre mondiale (à noter que la
Première internationale, fondée à Londres en 1864, avait été
dissoute en 1873). Les partis communistes souhaitant adhérer au
Komintern devaient s’engager à respecter un programme contenant 21
points : propagande continue (au sein des syndicats, campagnes,
usines, etc.) ; refus de participer à un gouvernement bourgeois ;
mise en place d’organismes clandestins afin de lutter contre le
fonctionnement de l’Etat ; dénonciation du patriotisme et du
colonialisme ; lutte contre la Deuxième internationale ; soutien à
la Russie soviétique ; diffusion de tout document officiel issu de
la Troisième internationale par les organes de presse des partis
communistes ; etc.
La ligne Maginot commença à être érigée au début des années 1930
grâce à l’action d’André Maginot, alors ministre de la
Guerre, qui souhaitait protéger la France contre les menaces
frontalières. La ligne Maginot fut toutefois construite en deux
temps : de prime abord, des fortifications furent érigées sur la
frontière franco-italienne, le gouvernement français étant plus
inquiété par le fascisme italien que la république de Weimar ; puis,
à compter de 1933 et de la montée du nazisme en Allemagne, une
nouvelle série d’ouvrages fut construite dans le nord-est de la
France.
L’Oberkommando der Wehrmacht avait remplacé l’OHL (Oberste
Heeresleitung.), ancien Etat-major suprême, en 1938. L’OKW
avait autorité (théorique) sur les Etats-majors de la Heer (Oberkommando
der Heeres, ou OKH), de la Luftwaffe (Oberkommando der
Luftwaffe, ou OKL) et de la Kriegsmarine (Oberkommando
der Marine ou OKM).
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