I.
Après la mort de Romulus (si l’on en croit le récit des pontifes, qui avaient seuls autrefois le privilège d’écrire l’histoire), lorsque l’empire de Rome commençait à peine, il y eut un interrègne qu’on employa, dit-on, à chercher un bon successeur à un bon roi. Ainsi, après Aurélien, on vit s’élever entre le sénat et l’armée romaine une lutte, non pas d’ambition et de jalousie, mais de reconnaissance et de piété, et cette lutte dura six mois tout entiers. Pourtant, une des nombreuses différences qui distinguent ces deux événements, c’est que, dans l’interrègne qui suivit la mort de Romulus, il y eut des interrois, et que toute l’année fut partagée, par trois, quatre ou cinq jours, entre cent sénateurs, pour que chacun de ces grands dignitaires gérât à tour de rôle la royauté provisoire : aussi l’interrègne dura plusieurs années, pour que nul de ceux qui étaient égaux en dignité ne fût privé de l’honneur de gouverner l’État. Plus tard, également, à l’époque du consulat et des tribuns militaires, qui remplacèrent les consuls, chaque fois qu’il y eut interrègne, on nomma des interrois ; et jamais, pendant aucune des vacances du pouvoir, la république romaine ne se trouva sans interroi, fût-ce pour trois, ou même pour deux jours. On me dira que, chez nos pères, les magistratures curules furent, quatre années durant, sans titulaires : je le sais ; mais il y avait au moins des tribuns du peuple, investis de ce pouvoir tribunitien, qui était presque le pouvoir royal. Rien ne prouve, d’ailleurs, qu’il n’y ait pas eu d’interrois à cette époque ; et même des historiens très dignes de foi assurent que, primitivement, les consuls étaient nommés par des interrois, et présidaient ensuite les comices, où se nommaient les autres magistrats.
II.
Ainsi, pendant six mois que le sénat et le peuple employèrent à chercher un bon empereur, on eut le singulier et compromettant spectacle d’un empire sans chef. Pourtant, quelle union parmi les soldats ! quelle tranquillité à Rome! quel respect pour l’autorité du sénat ! On ne vit pas un seul usurpateur : le sénat, l’armée et le peuple réglèrent d’un commun accord les intérêts du monde; et ce qui les enchaînait à leurs devoirs, ce n’était ni la crainte d’un maître, ni le contrôle des tribuns : c’était la conscience, la plus puissante des garanties. Il faut dire cependant la cause de ces heureux retards : oui, il faut, pour l’instruction de la postérité, graver dans l’histoire le souvenir de cette modération extraordinaire du monde entier : ainsi les prétendants ambitieux apprendront à mériter l’empire, et non à l’usurper. Aurélien avait donc succombé, comme je l’ai dit plus haut, victime de l’infâme trahison d’un vil esclave : on avait abusé les soldats, si faciles à égarer, quand la calomnie profite du moment où la rancune, et plus souvent encore l’ivresse, obscurcit des intelligences naturellement bornées. Mais on fut bientôt revenu de ce funeste égarement ; les coupables furent sévèrement punis, et l’on se mit sérieusement à la recherche d’un successeur. Alors, ne voyant autour de la victime que des noms détestés, l’armée, qui d’ordinaire se hâtait proclamer les empereurs, écrivit au sénat qu’il eût à proclamer un de ses membres. J’ai déjà parlé de cette lettre dans le livre précédent. Mais le sénat, sachant par expérience que les empereurs de son choix n’étaient pas bien vus des soldats, leur renvoya cette élection ; et, de refus en refus, six mois s’écoulèrent.
III.
Toutefois il faut dire de quelle manière Tacite fut élu. Le septième jour des calendes d’octobre, l’illustre assemblée s’étant réunie dans la salle de Pompilius, le consul Velius Cornificius Gordien s’exprima ainsi : « Nous venons encore vous soumettre, pères conscrits, une proposition déjà soumise à vos lumières. Il faut choisir un empereur. L’armée ne saurait plus longtemps rester sans chef; il y aurait danger, et puis la nécessité nous commande. On annonce que les Germains ont franchi nos frontières du Rhin, qu’ils ont envahi des villes fortes, célèbres, riches et puissantes. D’un autre côté, bien qu’il ne soit pas question de mouvements chez les Perses, songez à la légèreté des Syriens, qui aiment mieux subir le joug d’une femme que d’obéir à notre juste puissance. Et l’Afrique, et l’Illyrie, et l’Égypte, et les armées de toutes ces provinces, croyez- vous donc qu’elles puissent toujours tenir sans un chef ? Décidez-vous, pères conscrits, nommez un empereur ; car de deux choses l’une : ou l’armée ratifiera votre choix, ou bien, dans le cas contraire, elle choisira elle-même. »
IV.
Alors Tacite, personnage consulaire, qui avait droit à parler le premier, voulant émettre un avis, on ne sait lequel, le sénat, d’une voix unanime, s’écria : « Tacite auguste, que les dieux vous protégent ! c’est vous que nous choisissons, que nous faisons empereur ! à vous la direction de la république et du monde entier ! Recevez l’empire des mains du sénat : il est bien dû à votre naissance, à vos vertus, à vos talents. N’est-ce pas justice que le prince du sénat soit nommé auguste ? n’est-ce pas justice de nommer empereur celui à qui appartient le droit de parler le premier ? Qui gouvernerait mieux qu’un homme sage, mieux qu’un homme lettré ? Quel bonheur, quel bienfait, quelle garantie pour tous, que vous ayez si longtemps vécu simple particulier ! Vous savez comment il faut gouverner, vous qui avez obéi à d’autres empereurs; vous savez comment il faut gouverner, vous qui avez pu juger d’autres empereurs. » Tacite répondit : « Je m’étonne, pères conscrits, de vous voir ainsi donner un vieillard pour successeur à un prince si énergique, à Aurélien ! Voyez ce corps affaibli : suis-je capable, hélas ! de lancer le javelot, de manier la lance, d’agiter le bouclier retentissant, de monter un cheval fougueux à la tête de nos bataillons attentifs ? À peine puis-je remplir mes devoirs de sénateur, et formuler les opinions que je suis tenu de motiver, pourtant. Y avez-vous bien réfléchi ? Vous arrachez ma vieillesse au foyer de la vie domestique, pour lui faire affronter les intempéries des saisons. Croyez-vous, d’ailleurs, que les soldats soient charmés d’avoir un vieil empereur ? Prenez garde de vous tromper, en donnant un tel chef à l’empire; craignez que l’unanimité de vos suffrages ne soit justement une cause de défaveur pour moi-même. »
V.
Après ces paroles de Tacite, le sénat répondit par ces acclamations : « Trajan aussi était âgé quand il parvint à l’empire ! et Adrien aussi ! Antonin aussi ! et ne sais-tu pas ce que dit le poète :
De ce roi des Romains à la tête blanchie ?
Qui peut gouverner plus sagement qu’un vieillard ? Ce n’est pas un soldat, c’est un empereur que nous nommons. Commande, et les soldats combattront. Tu as pour toi la sagesse, et un frère, vaillant capitaine ; Sévère n’a-t-il point dit : « C’est la tête qui commande, et non les pieds ? » C’est ton esprit, non ta personne, que nous choisissons. Tacite auguste, que les dieux te protègent ! » Chacune de ces acclamations fut répétée, soit dix, soit vingt, et même trente fois. On prit ensuite les avis de tous; puis, quand vint le tour de Metius Falconius Nicomaque, sénateur consulaire, et le premier en rang après Tacite, il parla en ces termes :
VI.
« Il est bien vrai, pères conscrits, que toujours cette illustre assemblée a compris les intérêts de la république avec une prudence remarquable, et que jamais, chez aucun peuple de la terre, on ne vit sagesse plus profonde. Jamais, cependant, sentence plus imposante et plus sage n’a été prononcée dans cette enceinte sacrée. L’empereur que nous avons nommé, vieillard auguste, veillera sur tous comme un père. On n’aura, certes, à craindre de sa part ni erreur, ni précipitation, ni rigueurs. N’attendons de lui que sagesse et dignité ; la République elle-même commandera par sa voix : car il sait bien, lui, quel empereur il a toujours désiré, et il ne nous montrera d’autres qualités que celles qu’il a toujours souhaitées et voulues. Jetez les yeux en arrière sur ces monstres abominables, ces Néron, ces Héliogabale, ces Commode (si incommodes, oserai-je le dire ?), et vous verrez que ces horreurs ne sont pas moins la faute des temps que des hommes. Nous préservent les dieux des princes en tutelle ! et puissions-nous n’avoir jamais à appeler père de la patrie, un de ces faibles enfants à qui un secrétaire est obligé de tenir la main quand il faut signer, et qui, pour des friandises ou des jouets, qui flattent les goûts de leur âge, élèvent au consulat d’adroits courtisans. Pourquoi se donner un méchant empereur, qui ne s’intéresse pas à sa gloire, qui ne saura pas même ce que c’est que l’État, qui craindra son précepteur, courra se réfugier auprès de sa nourrice, et tremblera sous la férule ? qui fera consuls, généraux, juges, des hommes dont il ne connaîtra ni la vie, ni les services, ni l’âge, ni la famille, ni les antécédents ? Mais à quoi bon insister plus longtemps, pères conscrits ? Réjouissons-nous de voir sur le trône un homme que l’âge a mûri; il nous sauve de toutes ces calamités qui ont coûté plus que des larmes à nos ancêtres opprimés. Je rends donc des actions de grâces aux dieux immortels; je les rends au nom de la république tout entière; et je m’adresse à vous, Tacite auguste, je vous prie, je vous supplie, je vous adjure avec confiance, au nom des lois de notre commune patrie, si les destins vous enlevaient avant que Vos fils eussent atteint l’âge viril, de ne les pas désigner pour vos successeurs, et de ne pas disposer de l’empire, du sénat et du peuple romain, comme vous feriez de vos domaines, de vos colons et de vos esclaves. Jetez les yeux sur ces images glorieuses ; prenez pour modèles les Nerva, les Trajan, les Adrien ! C’est une gloire insigne pour un prince, à son lit de mort, que de préférer la république a sa famille. »
VII.
Ce discours toucha vivement Tacite lui-même, et transporta l’assemblée tout entière, qui aussitôt s’écria : « Nous sommes tous de cet avis ! » On se rendit au Champ de Mars ; Tacite monta sur le tribunal des comices, et le préfet de Rome, Elius Cesetianus, parla ainsi : « Vaillants soldats, et vous, nobles citoyens, vous avez un empereur nommé par le sénat, d’après le consentement unanime des armées : c’est Tacite, le vénérable Tacite, qui, après avoir aidé la république de ses avis, la servira maintenant par la sagesse de ses ordres et de ses décrets. » Le peuple répondit par les acclamations ordinaires : « Heureux Tacite, empereur auguste ! que les dieux veillent sur toi ! » N’oublions pas une circonstance mentionnée dans tous les mémoires du temps, c’est que Tacite était absent, et retiré en Campanie lors de son élection : le fait est parfaitement exact, et je ne puis le dissimuler. Quand on parla de le faire empereur, il quitta Rome, et alla passer deux mois près de Baïa ; puis, forcé de revenir, il prit part à la délibération que j’ai dite, mais comme simple sénateur, avec la ferme intention de refuser la pourpre.
VIII.
Et qu’on ne m’accuse pas d’avoir suivi légèrement quelque historien grec ou latin; car on voit à la bibliothèque Ulpienne, sixième compartiment, une tablette d’ivoire où ce décret du sénat est consigné tout au long, avec la signature autographe de Tacite lui-même. En effet, ce fut l’usage pendant longtemps de transcrire sur l’ivoire toutes les résolutions du sénat concernant les empereurs. Tacite se rendit aux armées, et dès qu’il eut pris place sur le tribunal, Mésius Gallicanus, préfet du prétoire, s’exprima ainsi : « Nobles compagnons d’armes, le sénat vous a donné l’empereur de votre choix ; l’illustre compagnie s’est rendue aux désirs et à la volonté des armées. La présence de l’empereur m’empêche de vous en dire davantage : écoutez donc avec bienveillance celui qui est chargé de notre salut. » Alors, Tacite auguste, prenant la parole : « Trajan aussi, dit-il, était avancé en âge quand il parvint à l’empire : or, il n’y arriva que par la volonté d’un seul homme, et moi, nobles compagnons d’armes, c’est par vous d’abord, par vous qui savez apprécier vos empereurs, et ensuite par la volonté du sénat, que je suis appelé à l’empire : aussi mettrai-je tous mes soins et toute ma gloire à répondre à votre confiance, sinon par des exploits éclatants, du moins par une sagesse digne de vous et d’un empereur. »
IX.
Alors il promit, selon l’usage, la solde et la bienvenue. Voici les premières paroles qu’il prononça dans le sénat : « Permettez-moi, pères conscrits, de gouverner en homme qui tient de vous l’empire. Je suis résolu à ne rien faire que d’après vos avis et sous votre autorité : c’est donc à vous de prendre les mesures, et de voter les lois qui vous sembleront dignes de vous, dignes d’une armée vaillante et sage, dignes du peuple romain. » Le même discours annonçait qu’il serait élevé à la mémoire d’Aurélien une statue d’or dans le Capitole, et trois statues d’argent, dans le sénat, dans le temple du Soleil, et sur le forum de Trajan. On n’éleva jamais la statue d’or : les statues d’argent furent seules consacrées. En même temps il déclarait que le mélange de l’argent et du cuivre, dans les usages publics et particuliers, le mélange de l’or et de l’argent, du cuivre et du plomb, entraînerait la peine de mort et la confiscation des biens. Il abolissait le témoignage des esclaves contre leur maître, même dans les accusations de lèse-majesté. Il enjoignait à tous d’avoir une image d’Aurélien. Il voulait élever aux dieux un temple, où figureraient les statues des bons princes, pour qu’aux jours anniversaires de leur naissance, aux fêtes de Palès, aux calendes de janvier, et à l’époque des voeux solennels, on leur offrît des libations. Enfin, il demandait le consulat pour Florien, son frère ; mais il ne put l’obtenir, parce que le sénat avait déjà fermé la liste des consuls substitués. On dit même qu’il se félicita vivement de l’indépendance dont le sénat fit preuve en lui refusant la dignité qu’il demandait pour son frère ; et l’on assure qu’il ajouta : « Le sénat sait bien quel prince il s’est donné. »
X.
Il abandonna à l’État son patrimoine, qui s’élevait à deux cent quatre-vingts millions de sesterces, et il n’en garda que l’usufruit. Ses épargnes antérieures servirent à la paye des soldats. Empereur, il continua de s’habiller comme par le passé. Il défendit tous les lieux de débauche dans l’intérieur de Rome ; mais cette défense ne put subsister longtemps. Il fit fermer tous les bains avant la nuit, pour prévenir les troubles nocturnes. Il se vantait de descendre du fameux historien Tacite : aussi fit-il placer son buste dans toutes les bibliothèques ; et, pour obvier à l’incurie des lecteurs, il ordonna que dix exemplaires de ses ouvrages, copiés chaque année aux frais du trésor, seraient déposés dans les bibliothèques et dans les archives. Il interdit aux hommes les vêtements tout de soie. Il fit abattre sa maison, et, sur son emplacement, éleva des bains publics à ses frais. Ostie reçut de sa générosité cent colonnes en marbre de Numidie, hautes de vingt-trois pieds. Tous les biens qu’il possédait en Mauritanie, il en affecta la valeur à la réparation des toits du Capitole. Il consacra aux festins qui se donnaient dans les temples, toute sa vaisselle d’argent. Il rendit la liberté à tous ses esclaves de la ville, hommes et femmes : il en affranchissait un peu moins de cent à la fois, pour ne pas enfreindre la loi Caninia.
XI.
Il était d’une grande sobriété, ne buvant jamais un setier de vin par jour, souvent même n’en buvant que la moitié. Son repas se composait d’une simple volaille, d’une hure et d’oeufs. Sa table était abondamment pourvut de légumes. Son mets de prédilection était la laitue : « C’est la monnaie dont je paie mon sommeil, » disait-il. Il préférait les mets amers. Il prenait peu de bains, et sa vieillesse n’en fut que plus robuste. Il recherchait particulièrement les ouvrages en verre, pour la variété et le travail. Il mangeait son pain sec, ou avec du sel et d’autres assaisonnements. Il était connaisseur en fait d’arts, et grand amateur de marbres. Il avait une mise aristocratique et un grand goût pour la chasse. Néanmoins sa table ne fut jamais servie que simplement : on n’y voyait de faisan qu’à l’anniversaire du jour de sa naissance, à celui de ses parents et dans les grandes solennités. On rapportait toujours les victimes qu’il avait sacrifiées : c’était la nourriture de sa maison. Il défendit à sa femme les parures de pierres précieuses et les broderies d’or. C’est lui, dit-on, qui avait conseillé à l’empereur Aurélien de bannir l’or des vêtements, des appartements et de la chaussure. On rapporte sur Tacite une multitude de particularités qu’il serait trop long de consigner ici : toutefois, ceux qui désireraient les connaître pourront lire Suétone Optatianus, qui a donné une biographie très circonstanciée de cet empereur. Je dirai seulement que, malgré son âge, Tacite lisait avec une facilité surprenante les caractères les plus fins. Si l’on en excepte le lendemain des calendes, jamais il ne passa une nuit sans écrire ou sans lire.
XII.
Une chose à dire, et qu’on ne saurait trop souvent répéter, c’est la joie extrême du sénat, en se voyant remis en possession d’élire les empereurs. Il décréta des supplications publiques, et fit voeu d’immoler des hécatombes. Les sénateurs en écrivirent à leurs familles, à leurs amis, et même à des étrangers. On envoya des lettres dans toutes les provinces, pour faire savoir à tous les alliés, à toutes les nations, que la république était revenue à ses antiques usages, que le sénat nommait les empereurs, ou plutôt qu’il était lui-même devenu l’empereur : c’était au sénat désormais qu’il fallait demander des lois ; au sénat que les rois barbares devaient adresser leurs suppliques ; au sénat qu’il appartenait de traiter de la paix et de la guerre. Enfin, pour éclairer l’opinion à ce sujet, j’ai reproduit la plupart de ces lettres à la fin de mon livre : on les lira, je pense, avec intérêt, et même avec plaisir.
XIII. Le premier soin de Tacite, aussitôt après son avènement, fut de faire périr les meurtriers d’Aurélien, bons ou méchants, bien qu’on eût déjà tiré vengeance de sa mort. Les barbares avaient en grand nombre déserté les Palus-Méotides; mais par adresse ou par force, il les fit rentrer chez eux. Ils s’étaient rassemblés, sous prétexte qu’Aurélien les avait appelés à la guerre contre les Perses, pour nous porter secours, en cas de nécessité. Cicéron prétend que sa plus belle gloire est la manière dont il parvint au consulat : eh bien, on peut dire que l’élévation de Tacite fut aussi très glorieuse. S’il ne fit rien de grand, c’est que le temps lui manqua. Il mourut au bout de six mois, victime de la perfidie des soldats, selon les uns ; selon d’autres, enlevé par la maladie. Quoi qu’il en soit, il est bien établi qu’il n’eut pas l’énergie nécessaire pour résister aux factions, et qu’il succomba sous la tâche. Il avait donné le nom de Tacite au mois de septembre, parce qu’il avait vu et sa naissance et son élection. Il eut pour successeur Florien, son frère, dont je vais dire quelques mots.