La culture des lettres et des sciences libérales
dépérissant, périssant même dans les cités de la Gaule; au Milieu des
bonnes et des mauvaises actions qui y étaient commises, pendant que les
barbares se livraient à leur férocité et les rois à leur fureur; que
l'Église était attaquée par les hérétiques et défendue par les
catholiques; que la foi chrétienne, fervente dans la plupart des.
coeurs, était, dans quelques autres, tiède et languissante; que les
Églises étaient tour à tour enrichies par les hommes pieux et
dépouillées par les infidèles; il ne s'est rencontré aucun grammairien,
habile dans l'art de la dialectique, qui ait entrepris de décrire ces
choses soit en prose, soit en vers. Aussi beaucoup d'hommes gémissaient
disant : Malheur à nos jours ! l'étude des lettres périt parmi nous, et
on ne trouve personne qui puisse raconter dans ses écrits les faits d'à
présent. Voyant cela, j'ai jugé à propos de conserver, bien qu'en un
langage inculte, la mémoire des choses passées, afin qu'elles arrivent à
la connaissance des hommes à venir. Je n'ai pu taire ni les querelles
des méchants ni la vie des gens de bien. J'ai été surtout excité par ce
que j'ai souvent entendu dire à mes contemporains, que peu d'hommes
comprennent un rhéteur philosophe, tandis que la parole d'un homme
simple et sans art se fait entendre d'un grand nombre. Il m'a plu aussi
de commencer ce livre par le calcul des années qui se sont écoulées
depuis l'origine du monde ; c'est pourquoi j'ai ajouté les chapitres
suivants.
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