1° Le déclenchement de la guerre
de Sept Ans (1756) – Le traité d’Aix la Chapelle, qui avait mit fin à la
guerre de succession d’Autriche en 1748, ne fut en réalité qu’une simple
trêve. En effet, de nombreux affrontements opposaient alors Français et
Anglais dans les colonies, France et Angleterre tentant d’augmenter leur
sphère d’influence.
Au
début de l’année 1756, le jeu des alliances battait son plein. En effet, le
roi de Prusse restait allié avec Louis XV, mais souhaitait se rapprocher de
l’Angleterre. Le souverain français, quant à lui, hésitait à s’allier avec
l’Autriche, ennemi traditionnel de la France, au risque de mettre un terme à
son alliance avec la Prusse.
L’Angleterre enfin cherchait un soutien sur le continent auprès de son
alliée traditionnelle, les Provinces Unies, mais cette dernière lui déclara
vouloir observer une stricte neutralité.
Finalement, en janvier 1756, le roi de Prusse Frédéric II signa avec le roi
d’Angleterre le traité de Westminster. Cette alliance avait comme
objectif de sauvegarder la paix en Allemagne et de s’opposer à l’entrée de
toute armée étrangère dans le pays[1].
En
France, l’annonce de ce pacte déçut les partisans de Frédéric II, le roi de
Prusse étant apprécié par les philosophes et considéré comme un
despote éclairé[2].
Mais Louis XV, de son côté, avait déjà conclu une alliance défensive avec
l’Autriche. Ce pacte étant resté secret, il fut révélé au grand jour en mai
1756, lorsque le roi de France et l’Empereur germanique signèrent le
traité de Jouy-en-Josas (fruit d’une longue réflexion au sein du conseil
du roi, cette alliance avait été critiquée par plusieurs conseillers de
Louis XV.).
Conséquence directe du traité de Jouy, l’Angleterre déclara la guerre à la
France.
Toutefois, les historiens estiment que la guerre de Sept Ans débuta
officiellement en août 1756, lorsque Frédéric II envahit la Saxe sans
déclaration de guerre.
Statue équestre de Frédéric II, Berlin.
Ce
conflit, opposant principalement la France à Angleterre ainsi que l’Autriche
à la Prusse, se déroula sur trois théâtres d’opérations distincts : en
Europe, en Amérique du nord et en Asie.
2° Les principaux belligérants à la veille de la guerre –
Ce conflit, en raison de son échelle quasiment planétaire, est aujourd’hui
considéré par certains historiens comme l’un des prémices des guerres
mondiales livrées au XX° siècle.
Toutefois, ce conflit ne fut pas déclenché par hasard. En effet, les
principaux belligérants avaient tous leurs raisons pour passer à
l’offensive.
a)
La France : comme nous l’avons vu précédemment, la France n’a rien
retiré de la guerre de succession d’Autriche : ni avantage territorial, ni
alliance diplomatique. En effet, Louis XV avait été trahi par le roi de
Prusse (ce dernier ayant décidé de signer une paix séparée avec l’Autriche
lors du conflit, abandonnant de fait ses alliés.), et les relations avec
l’Angleterre étaient plus qu’orageuses.
Buste de Louis XV, vers 1749, château de Versailles,
Versailles.
Le
rapprochement de fortune avec l’Autriche, en avril 1756, avait comme
objectif de trouver un allié en Europe centrale, afin de contrecarrer les
ambitions de la Prusse. Toutefois, plusieurs proches du roi de France
critiquèrent cette alliance, argumentant qu’il n’était peu être pas
pertinent de s’allier avec une puissance en déclin.
A
l’aube de la guerre de Sept Ans, les tensions étaient vives en Amérique du
nord. La France, possédant un important territoire au Canada, souffrait
d’une colonisation limitée ; en outre, ces possessions étaient peu à peu
grignotées par les Britanniques.
b)
L’Angleterre : les Anglais ayant formé le royaume de Grande
Bretagne en 1707, suite à l’Acte d’Union, réunissant l’Ecosse à
l’Angleterre, n’avaient dès lors plus de problèmes de frontières. L’armée de
terre était ainsi de taille modeste, mais la marine royale était très
développée. En effet, les Anglais avaient la maitrise des mers depuis
maintenant plusieurs siècles[3].
En
outre, contrairement à la France, la colonisation anglaise en Amérique du
nord était très importante. Ainsi, les attaques menées contre les colonies
française s’en retrouvée facilitée.
Le
principal point de friction avec la France était le contrôle de la vallée de
l’Ohio, un territoire immense s’étendant des grands lacs jusqu’au golfe du
Mexique (les colons anglais, stationnés sur la côte est, ne pouvaient donc
pas s’étendre à l’ouest du pays.). Toutefois, d’autres griefs existaient,
comme la montée du catholicisme au Canada (rappelons que les Anglais étaient
protestants.), les droits de pêche contestés sur les rives de Terre Neuve,
et la concurrence dans le trafic des peaux.
En
Inde, la situation était différente, Angleterre et France n’y disposant que
de simples comptoirs. La rivalité entre les colons français et anglais était
toutefois aussi grande qu’en Amérique.
En
1714, la reine d’Angleterre Anne était décédée sans laisser
d’enfants. Il fut donc décidé de donner la couronne à Georges I°,
prince électeur de Hanovre (ce dernier était par sa mère Sophie de Bohême
un descendant du souverain anglais Jacques I°.).
Georges I°, souverain germanique, n’apprit cependant jamais l’anglais,
préférant parler allemand. Il créa ainsi la charge de primus inter pares
(premier ministre.), dont le rôle était de coordonner l’action des
autres conseillers et de traduire les ordres donnés en langue germanique (ce
poste existe encore de nos jours.). A noter en outre que ce souverain
préférait résider au Hanovre plutôt qu’en Angleterre.
A
la mort de Georges I°, en 1727, ce fut son fils, Georges II, qui monta sur
le trône d’Angleterre.
Mais rappelons que le nouveau souverain, bien que roi d’Angleterre, restait
prince électeur de Hanovre. Il fallait donc protéger ce petit territoire, en
nouant des relations avec les Etats voisins (c’est ainsi que Prusse et
Angleterre se rapprochèrent en début d’année 1756.).
c)
La Prusse : la Prusse, ayant réussi à devenir un royaume au cours du
XVII° siècle, parvint à s’affirmer sur la scène internationale au cours du
siècle suivant. Frédéric II, lors de la guerre de succession d’Autriche,
avait révélé à tous ses talents de stratège, s’appuyant sur une armée bien
entraînée[4].
Toutefois, la Prusse était encore un royaume morcelé, et l’Autriche désirait
ardemment prendre sa revanche.
d)
L’Autriche : l’Empereur germanique François I°, suite à la guerre de
succession d’Autriche, avait abandonné une grande partie de la Silésie à
Frédéric II, afin d’avoir les mains libres contre la France. Toutefois, son
épouse Marie Thérèse, archiduchesse d’Autriche, n’avait guère apprécié de
perdre ce territoire particulièrement riche.
L’Autriche, puissance en déclin (elle avait perdu plusieurs territoires
suite aux guerres livrées au cours des dernières décennies.), souhaitait
donc profiter de ce nouveau conflit pour écraser la Prusse et retrouver son
prestige d’antan.
d)
La Russie : la Russie, depuis maintenant plusieurs décennies, ne
cessait d’étendre son territoire, rognant les frontières de la Pologne et de
la Suède, à l’ouest, ainsi que celle de l’Empire ottoman, à l’est. Petite
principauté bien éloignée du concert des nations au cours du Moyen âge, la
Russie, au XVIII° siècle, était devenue une puissance de premier plan.
L'expansionnisme du royaume de Russie
(1300 à 1795).
Inquiète de la croissance de la Prusse, l’Impératrice Elisabeth I°
décida dans un premier temps de s’allier avec l’Angleterre. Toutefois, elle
préféra rejoindre l’alliance franco-autrichienne suite à la signature du
traité de Jouy-en-Josas (précisons que l’Impératrice était francophile[5].).
Elisabeth I°.
e)
La Suède : si le XVII° siècle fut marqué par la domination de la
Suède en Europe du nord, le XVIII° siècle marqua la fin de cette hégémonie.
En effet, les Suédois furent violemment attaqués lors de la grande guerre
du nord, qui se déroula en 1700 et 1721. A l’issue du conflit, la Suède
dut abandonner la grande majorité de ses possessions à la Russie et à la
Prusse, adoptant quasiment les frontières que nous lui connaissons
aujourd’hui.
Les Suédois, appréciant aussi peu les Russes que les Prussiens, décidèrent
toutefois de rejoindre l’alliance française (les deux pays étant
traditionnellement alliés.). A noter que la Suède rentra en guerre plus
tardivement que les principales nations combattantes.
3° 1754 ; le conflit commence plus tôt en Amérique du nord –
Comme nous l’avons vu précédemment, la France possédait un immense
territoire en Amérique du nord, s’étendant du Canada jusqu’au golfe du
Mexique. Les Anglais, qui avaient établi les treize colonies sur la
côte est, étaient de ce fait enclavés par les territoires français, rendant
impossible toute colonisation vers l’ouest.
Rappelons en outre qu’en 1713, lors de la signature du traité d’Utrecht,
qui mit fin à la guerre de succession d’Espagne, Louis XIV avait cédé une
partie de l’Acadie à l’Angleterre. Les Acadiens, qui étaient des colons
français, furent dès lors soumis à l’autorité britannique, ce qui ne les
enchanta guère…
Dans les Caraïbes, Français et Anglais possédaient de nombreuses îles à
sucre (ces dernières étaient d’importance capitale car le sucre était
une denrée aussi rare que chère.). L’Espagne en détenait elle aussi, mais
n’avait guère les moyens de les protéger.
Au
Canada, les Français étaient parvenus à s’allier avec de nombreuses tribus
indiennes (Algonquins, Mohawks, Ottawas, Shawnees,
etc.) ; seuls les Iroquois, une tribu guerrière, restaient fidèles
aux Anglais.
Massue "casse-tête", XVIII° siècle, musée
du Quai Branly, Paris.
Si
la guerre de Sept Ans débuta Europe à partir d’août 1756, le conflit
américain commença dès 1754. A noter que si les francophones lui donnèrent
le nom de guerre de Conquête, les anglo-saxons le baptisèrent
French & Indian War (guerre des Français et des Indiens.).
L'Amérique du nord en 1755.
a)
La bataille de Jumonville Glen (février 1754) : le conflit débuta en
1754 lorsque des colons anglais de la milice de Virginie, menés par un jeune
planteur du nom de George Washington, érigèrent le fort Prince George
non loin de l’actuelle ville de Pittsburg (février 1754.). Cette position se
trouvant à la frontière franco-anglaise, les Français décidèrent d’en
chasser les colons anglais, rebaptisant l’endroit Fort Duquesne.
Maquette du Fort Duquesne.
Apprenant que le fort était tombé, Washington décida de répliquer. Au mois
de mai, il apprit qu’une trentaine de soldats français campaient dans une
petite gorge, près de Great Meadows. Les miliciens de Virginie attaquèrent
alors l’ennemi par surprise, au cours de la bataille de Jumonville Glen.
Georges Washington arborant l'uniforme
des milices de Virginie.
10
Français furent tués, et les autres furent capturés. Le commandant français,
Joseph Coulon de Villiers, sieur de Jumonville, fut quant à lui
exécuté sans procès par les hommes de Washington.
L’affaire Jumonville fit grand bruit, les Français accusant d’avoir ouvert
le feu sans sommations sur une troupe venue en Virginie avec un drapeau
blanc. Washington se défendit en affirmant qu’il croyait que Jumonville
était un espion au service de Louis XV.
b)
La bataille de Fort Nécessité, évènement déclencheur de la guerre de
Conquête : Claude Pierre Pécaudy de Contrecoeur, commandant de
Fort Duquesne, confia peu de temps après à Louis Coulon de Villier,
frère du défunt, la mission de capturer Washington.
Le
Virginien, revenu à Great Meadows, ordonna alors la construction d’une
barricade autour d’un petit bâtiment, qu’il surnomma Fort Nécessité.
La
troupe française, comptant 500 soldats et 100 auxiliaires indiens, ne tarda
guère à assiéger la position des Virginiens (ces derniers étaient environ
300.). Au cours de l’après midi, il commença à pleuvoir, et Fort Nécessité,
construit dans une cuvette, fut inondé par la pluie.
Washington fut finalement contraint de capituler. Ce dernier reconnut alors
l’assassinat de Jumonville, mais suite à sa libération, il nia toute
responsabilité dans l’affaire.
La
bataille de Fort Nécessité, en juillet 1754, est considérée par
certains historiens comme le début de la guerre de Conquête.
4° 1755 ; les Anglais passent à l’offensive –
L’Angleterre, suite aux évènements survenus l’année précédente, décidèrent
alors d’entamer les hostilités au Canada.
a)
La prise de Fort Beauséjour (juin 1755) : en juin 1755, une petite
armée britannique, renforcée par les miliciens du Massachussetts, fut ainsi
chargée d’assiéger le Fort Beauséjour, alors entre les mains des Français.
Les restes du Fort Beauséjour.
L’objectif des Anglais était d’ouvrir l’isthme de Chignectou, point de
passage séparant deux territoires canadiens que l’on nomme aujourd’hui
Nouveau Brunswick (alors entre les mains des Français.) et Nouvelle Ecosse
(alors sous domination anglaise.).
Les assiégés ne purent toutefois résister efficacement, en raison de leur
infériorité numérique (300 Français contre près de 4 000 ennemis.) mais
aussi du mauvais état du fort (en effet, ce dernier était en cours de
rénovation lorsque les Anglais avaient attaqué.).
Au
final, le commandant du Fort Beauséjour, Louis du Pont Duchambon,
sieur de Vergor, fut contraint de capituler.
b)
La déportation des Acadiens : toutefois, les Anglais trouvèrent des
Acadiens parmi les défenseurs du Fort Beauséjour. Hors, depuis la cession
d’une partie de l’Acadie à l’Angleterre, lors de la signature du traité
d’Utrecht, les Acadiens s’étaient engagés à rester neutre dans l’éventualité
d’un conflit entre la France et l’Angleterre.
Charles Lawrence, gouverneur de Nouvelle Ecosse, décida alors de
mettre en place la déportation des Acadiens au cours de l’été 1755.
Ces derniers, faits prisonniers et embarqués sur des navires anglais, furent
alors éparpillés dans les colonies de la côte est (certains Acadiens furent
cependant envoyés en Angleterre.).
La déportation des Acadiens.
Les déportés, une fois arrivés dans leur cité d’accueil, y furent traités
comme des indésirables. La barrière de la langue et les divergences
religieuses ne permirent pas aux nouveaux arrivants de s’intégrer, d’autant
plus que les autorités avaient l’ordre de tirer à vue en cas de fuite.
Certains de ces déportés parvinrent toutefois à fuir vers Saint Domingue
(depuis rebaptisée Haïti.), vers le Québec ou la Louisiane.
L’on estime que sur une population d’environ 15 000 Acadiens, près de la
moitié périrent entre 1755 et 1763.
c)
L’échec de l’expédition Braddock (juillet 1755) : suite à la prise de
Fort Beauséjour, en juin 1755, les Anglais lancèrent une nouvelle offensive,
cette fois ci en direction de Fort Duquesne.
Le
général Edward Braddock, à la tête de 1 500 hommes, considérait la
prise de cette forteresse comme une simple étape d’une expédition qui devait
le mener jusqu’à Fort Niagara.
Le
commandant français, Jean Daniel Dumas, à la tête d’environ 850
hommes (100 soldats, 150 miliciens et 600 auxiliaires indiens.), savait
qu’il n’avait guère de chances de résister à l’attaque anglaise.
Toutefois, comme Braddock et ses hommes progressaient lentement, il fut
décidé de leur tendre une embuscade. Ces derniers, lorsqu’ils franchirent la
rivière Monongahela (un affluent du Mississipi.), furent alors attaqués par
les Français (juillet 1755.).
Les Anglais furent alors écrasés, et furent contraints de sonner la
retraite. Braddock, mortellement blessé, mourut peu de temps après
l’affrontement et fut enterré à Fort Nécessité. Georges Washington, qui
avait dirigé la retraite de l’armée anglaise, reçut alors le surnom de
Hero of Monongahela.
La mort de Braddock, gravure issue de l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
d)
La bataille de Petitcoudiac (septembre 1755) : en septembre 1755, la
déportation des Acadiens (que nous avons abordé précédemment.) avait à peine
commencé.
Le
lieutenant Colonel Robert Monckton, commandant du Fort Cumberland
(anciennement Beauséjour.), convia au cours du mois d’août les chefs de
famille acadiens, puis il les fit emprisonner.
Les femmes des prisonniers, ainsi que quelques Acadiens restés libres,
contactèrent alors Charles Deschamps de Boishébert, qui commandait
une petite troupe française stationnée le long du fleuve Saint Jean.
Les Anglais furent alors chargés de brûler les villages acadiens se trouvant
dans la région de trois rivières. Alors que l’ennemi menaçait le village de
Petitcoudiac, le plus important de la région, Boishébert décida d’attaquer.
Les Anglais, attaqués par surprise, décidèrent alors de se replier vers
leurs navires. Suite à la bataille, ils évitèrent de sortir de leurs forts
pendant quelques jours, mais ne tardèrent pas à reprendre l’offensive.
Monckton décida alors de s’attaquer uniquement aux villages entourant
l’isthme de Chignectou, plutôt que de détruire tous les villages acadiens.
Certains historiens considèrent que la bataille de Petitcoudiac permit à
l’Acadie d’exister jusqu’à aujourd’hui.
e)
La bataille du lac Georges (septembre 1755) : en août 1755,
William Johnson, agent de liaison britannique avec les Iroquois, arriva
au sud du lac du Saint Sacrement, qu’il rebaptisa lac Georges (en l’honneur
du roi d’Angleterre Georges II.). Son objectif était de progresser vers le
nord, afin de s’emparer du Fort Saint Frédéric.
C’est alors que Jean Armand, baron de Dieskau, décida de s’attaquer à
la position anglaise, lançant un raid contre Fort Lyman (appelé aujourd’hui
Fort Edward.).
Les Français furent toutefois repoussés, permettant à l’ennemi de progresser
vers le nord peu de temps après l’affrontement.
5° 1756 ; premiers succès français et prussiens – Comme
nous l’avons vu précédemment, la guerre de Sept Ans fut déclenchée par
Frédéric II, envahissant la Saxe sans déclaration de guerre préalable (28
août 1756.). L’objectif du roi de Prusse était en effet de s’emparer de ce
pays riche et mal défendu.
a)
Le théâtre d’opération européen : les Prussiens affrontèrent l’armée
autrichienne lors de la bataille de Lobositz, en octobre 1756.
Toutefois, malgré son infériorité numérique, Frédéric II parvint à remporter
la victoire.
Mitre de grenadier d'infanterie, Prusse, vers 1750 (à gauche.), mitre de
bombardier d'artillerie, Prusse, vers 1755 (à droite.), musée des Invalides,
Paris.
A
la fin de l’année, la Saxe était conquise.
Côté français, l’armée royale n’avait pas les mêmes souci que son homologue
autrichienne. En effet, l’armée française, commandée par Louis François
Armand de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu[6],
débarqua en mai 1756 à Minorque, île tombée entre les mains des Britanniques
suite à la guerre de succession d’Espagne[7].
Les Anglais ripostèrent, mais leur flotte fut vaincue par la marine
française.
Le duc de Richelieu en habit de l'ordre du Saint Esprit,
attribué à Francesco SCHIAFFINO, 1748, musée du Louvre, Paris.
En
juin, Minorque tomba entre les mains des Français.
La prise de Minorque, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
Sur la frontière nord, une armée française, commandée par Charles de
Rohan, prince de Soubise[8],
s’apprêtait à marcher vers le Hanovre et la Silésie.
b)
Le théâtre d’opération américain : en mars 1756, l’armée française,
commandée par Gaspard Joseph Chaussegros de Léry, parvint à s’emparer
du Fort Bull, non loin de Rome (dans l’actuel Etat de New York.).
Toutefois, les Français détruisirent le fort et repartirent. L’année
d’après, les Anglais reconstruisirent une nouvelle forteresse à
l’emplacement de Fort Bull, qu’ils baptisèrent Fort Wood Creek.
En
juin 1756, ce fut Fort Granville qui fut détruit par les Français et leurs
alliés indiens.
Un
affrontement de taille plus importante eut toutefois lieu au cours de l’été.
Au printemps 1756, Louis Joseph, marquis de Montcalm, fut envoyé à
Québec sur ordre de Louis XV. Nommé maréchal pour les opérations militaires
en Nouvelle France, Montcalm était un militaire expérimenté, ayant participé
aux guerres de succession de Pologne et d’Autriche.
Louis Joseph, marquis de Montcalm, XIX°
siècle, château de Versailles, Versailles.
En
août, il décida de lancer une offensive sur Fort Oswego, situé sur la rive
sud du lac Ontario (l’objectif était de pérenniser les voies de communication
entre le Canada et la vallée de l’Ohio.).
A
la tête de 3 000 hommes (la moitié étant des soldats, les autres des
colons.), Montcalm plaça attendit qu’il fasse nuit avant de placer ses
canons sous les murs ennemis.
Canon de 4 "La Pie", 1756, musée des
Invalides, Paris.
Les Anglais n’étant que 2 000 (tous étaient des irréguliers[9].),
et ne recevant pas d’aide (les indiens, sur l’ordre de Montcalm, avaient
bloqué les voies de communication.), ils décidèrent de capituler.
La prise du Fort Oswego.
Les assiégés furent alors capturés par les Français, et le Fort Oswego fut
détruit (afin de plaire aux indiens, qui voyaient cette colonisation d’un
mauvais oeil.).
Au
cours de l’été 1756, les indiens avaient lancé plusieurs raids contre les
colons anglais, conformément aux instructions que leur avaient donné les
Français.
Le
gouverneur de la colonie de Pennsylvanie décida alors de lancer une
expédition punitive contre la tribu des Lenapes, responsables de
plusieurs raids.
Progressant en territoire ennemi, les miliciens du colonel John Armstrong
détruisirent alors le village indien de Kittaning, éliminant plusieurs
indiens.
Toutefois, la plupart des Lenapes parvinrent à s’échapper, et attaquèrent
les miliciens lors du chemin du retour.
L’attaque des miliciens fut vécue comme une tragédie par les Lenapes, qui
firent la paix avec les colons anglais au cours de l’année 1758.
6° 1757 ; les Français entre victoire et défaite, Frédéric II
à son apogée – L’année sourit aussi bien aux Français qu’aux Prussiens.
A noter que les deux pays, bien qu’étant adversaires pendant la guerre de
Sept Ans, connurent néanmoins le même sort lors de ce conflit.
a)
Le théâtre d’opération européen : suite à la prise de la Saxe,
Frédéric II décida de s’attaquer au royaume de Bohême, possession de
l’Autriche. Assiégeant Prague, les Prussiens furent alors attaqués par les
Autrichiens, commandés par Charles Alexandre de Lorraine, gouverneur
des Pays Bas autrichiens[10].
Les deux belligérants s’affrontèrent lors de la bataille de Prague (6
mai 1757.). Frédéric II sortit vainqueur de l’affrontement, mais au prix de
lourdes pertes (environ 10 000 tués et blessés pour 65 000 soldats au début
du combat.).
Prague fut alors investie par les Prussiens peu de
temps après l’affrontement. Toutefois, une armée autrichienne, commandée par
le feld-maréchal[11]Leopold Joseph von Daun, vint secourir la cité assiégée. Le roi de
Prusse se retrouva alors contraint de livrer la bataille de Kollin,
en juin 1757, qui s’acheva sur une défaite pour les Prussiens (Frédéric II,
en infériorité numérique, disposait de 30 000 soldats contre 45 000 pour son
adversaire.).
La bataille de Kollin, école autrichienne, vers 1757, Deutsches historisches museum, Berlin.
Cette défaite contraignit le roi de Prusse à se réfugier en Silésie.
Au
même moment, en juillet 1757, deux armées françaises étaient en marche. La
première commandée par Charles de Rohan, duc de Soubise, remontait le Main
afin de se rendre à Wurtzbourg, où l’attendait le feld-maréchal Joseph
Frédéric, prince régent de Saxe-Hildburghausen ; la seconde, commandée
par Louis Charles César Le Tellier, duc d’Estrées, se trouvait en
Westphalie et avait comme objectif l’invasion du Hanovre.
Cette seconde armée, arrivant à Hastenbeck, rencontra alors l’armée anglo-hanovrienne,
commandée par le duc de Cumberland (rappelons que ce dernier était le fils
du roi d’Angleterre Georges II.).
La
bataille de Hastenbeck fut une victoire française, mais le duc
d’Estrées, critiqué à Versailles, fut limogé. Il fut alors remplacé par le
duc de Richelieu, qui s’était emparé de Minorque l’année précédente. Ce
dernier, envahissant le Hanovre, le Brunswick, ainsi que Brême et Verden,
entreprit alors de nombreux pillages.
Louis François Armand de Vignerot
du Plessis, maréchal de France, anonyme, vers 1760, musée des
Invalides, Paris.
Les Russes, quant à eux, avaient pénétré en Prusse au cours de l’été 1757,
s’emparant de Memel en juillet.
Le
maréchal prussien Hans von Lehwaldt, ne pouvant espérer des renforts
de la part de Frédéric II, bloqué en Silésie, décida alors d’attaquer les
Russes par surprise.
Les deux belligérants s’affrontèrent alors lors de la bataille de Gross
Jägersdorf, qui s’acheva sur une défaite de l’armée prussienne (août
1757.).
Suite à l’affrontement, les Russes marchèrent vers Berlin, capitale de
Frédéric II, s’emparant de la cité en octobre.
Face à l’Autriche, un des généraux du roi de Prusse fut vaincu lors de la
bataille de Moys (septembre 1757.). Les Prussiens furent alors
contraints d’évacuer la Silésie.
Dans ce climat particulièrement défavorable à l’alliance anglo-prussienne,
Frédéric II décida d’entamer des pourparlers, à l’instar du duc de
Cumberland (la proposition de ce dernier, examinée au Parlement de Londres,
fut toutefois rejetée par les parlementaires bellicistes.).
Rues de Berlin, par Carl FECHHELM, 1785, Deutsches historisches museum, Berlin.
Côté français, Charles
de Rohan était arrivé en Saxe, et avait fait jonction avec l’armée du
feld-maréchal Joseph Frédéric, prince régent de Saxe-Hildburghausen. Marie
Thérèse, qui souhaitait en finir au plus tôt avec le roi de Prusse, donna
alors l’ordre d’attaquer les positions de Frédéric II, sans attendre
l’arrivée du duc de Richelieu.
Rohan et son homologue
autrichien, alors à la tête d’une armée de plus de 60 000 hommes (30 000
Français et 30 000 Autrichiens.), ne redoutaient pas les 20 000 soldats que
le roi de Prusse avait sous ses ordres.
Toutefois, Frédéric II
parvint à prendre l’avantage grâce à la rapidité de mouvement de ses
troupes, attaquant les troupes franco-autrichiennes sur le flanc (7 novembre
1757.).
En moins de deux
heures, Frédéric II remporta la bataille de Rossbach, n’ayant perdu
que 500 hommes environs. Français et Autrichiens, quant à eux, avaient perdu
environ 8 000 hommes (3 000 tués et 5 000 prisonniers.).
En France, le prince de
Soubise fut vivement critiqué, non seulement pour avoir mis en place une
manœuvre ayant exposé le flanc de l’armée à l’ennemi, mais d’autant plus car
il avait reçu son poste grâce à la marquise de Pompadour, dont il était un
de ses favoris.
En outre, de nombreux
philosophes, dont Voltaire, appelèrent le roi à mettre fin à la guerre et à
renouer avec le roi de Prusse.
En Silésie, les
Autrichiens continuèrent leur progression en battant une armée prussienne
lors de la bataille de Breslau (les Prussiens, au nombre de 30 000
hommes, durent faire face à une armée autrichienne composée de plus de
80 000 soldats.).
A la fin du mois de
novembre, la cité de Breslau, où s’était réfugiée l’armée prussienne, décida
de capituler.
Toutefois, Frédéric II
décida de retourner en Silésie, étant débarrassée de la menace française sur
la frontière ouest. Le roi de Prusse, ne disposant que de faibles effectifs
(35 000 hommes environ.), était toutefois à la tête d’une armée ou le moral
était excellent, depuis la bataille de Rossbach.
Affrontant les
Autrichiens au cours de la bataille de Leuthen (décembre 1757.),
Frédéric II mit en œuvre son génie tactique, profitant de la grande mobilité
de ses troupes pour mieux tromper l’ennemi.
Frédéric II s'adresse à ses
généraux avant la bataille de Leuthen, 1757, par Adolf MENZEL, vers
1860, Alte Nationalgalerie, Berlin (à noter que la toile fut vandalisée
pendant la seconde guerre mondiale, plusieurs personnages, dont Frédéric II,
ayant été grattés).
Dans un premier temps, le roi de
Prusse fit mine d’attaquer le flanc droit de l’ennemi. Le commandant de
l’armée autrichienne, Leopold Joseph von Daun, décida alors de fortifier
cette position, en y envoyant des soldats en provenance du flanc droit.
Frédéric II, qui avait
prévu cette manœuvre, se déplaça alors vers le flanc droit de l’ennemi, en
profitant du brouillard. Daun décida alors de former une nouvelle ligne de
bataille, mais la lenteur des Autrichiens permit aux Prussiens de prendre le
dessus.
Au soir de la bataille,
les Autrichiens avaient perdu près de 20 000 hommes. En cette fin d’année
1757, Frédéric II avait réussi à réoccuper toute la Silésie.
b) Le théâtre
d’opération américain : Montcalm, suite à la prise du Fort Oswego,
décida de s’attaquer au Fort William Henry, dans l’actuel Etat de New York
(rappelons qu’en septembre 1755, le baron de Dieskau avait tenté un coup de
force contre le Fort Edward, situé à trente kilomètres de là. L’édifice
avait été bâti sur les rives du fleuve Hudson.).
Le Fort William Henry.
Montcalm, assiégeant le
Fort William Henry, demanda à ses auxiliaires indien de tenir la route
menant au Fort Edward.
Les Anglais, combattant
à 2 300 contre 7 500, décidèrent alors de capituler (août 1757.). Montcalm,
généreux, les laissa partir, à condition qu’il ne lève pas les armes contre
la France pendant 18 mois (promesse que les Anglais ne tinrent jamais.).
Toutefois, les vaincus
furent attaqués par les indiens sur le chemin les menant au Fort Edward, et
les Français tentèrent d’intervenir tant bien que mal.
Après avoir détruit le
Fort William Henry, les soldats français regagnèrent le Fort Carillon.
c) Le théâtre
d’opération asiatique : en cette seconde moitié du XVIII° siècle,
Français et Anglais détenaient les plus importants comptoirs d’Inde (mais
l’on trouvait aussi des néerlandais et des Portugais dans cette région du
monde.). La rivalité entre les deux pays était tout aussi importante qu’en
Amérique du nord. Toutefois, en Inde, la situation était malgré tout
différente.
L'Inde au début de la guerre de Sept Ans.
En effet, les comptoirs anglais, bien que sous
souveraineté de la couronne d’Angleterre, étaient la propriété de la
Compagnie anglaise des Indes orientales. Cette dernière avait obtenu le
monopole commercial des mains de la reine d’Angleterre Elizabeth I° en
1600 (ce privilège fut reconduit au cours des années suivantes[12].).
Luttant contre les
Portugais et les Néerlandais, ce fut la Compagnie qui reçut l’autorisation
de s’installer dans plusieurs comptoirs, sous la bienveillance de l’Empereur
Moghol Jahângîr.
A noter que l’Empire
commença à décliner dès le début du XVIII° siècle, favorisant l’expansion
anglaise en Inde.
Au début de la guerre
de Sept Ans, les bénéfices de la Compagnie étaient plus importants que ceux
de sa rivale française, mais les Anglais n’étaient pas en position de force.
Les Français, quant à eux, avaient lancé plusieurs
navires en Inde dès le milieu du XV° siècle, dans l’espoir de concurrencer
les Néerlandais et les Portugais. Toutefois, ces expéditions furent des
échecs, et ce n’est qu’à partir des années 1660 que
Colbert[13],
ministre des finances de Louis XIV, créa la Compagnie Française des Indes
orientales. Malgré quelques imbroglios (notamment lors de la faillite du
système de Law, comme nous l’avons vu précédemment.), la Compagnie conserva
son monopole.
En 1742, le Français
Joseph François Dupleix reçut le poste de gouverneur de tous les
établissements français d’Inde. Ce dernier décida alors d’adopter une
politique de conquête, profitant de l’anarchie de l’empire Moghol.
Joseph François Dupleix, gravure issue de l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
Prenant Madras aux Anglais lors de la guerre de
succession d’Autriche (1747.), Duplex reçut en 1750 le titre de
nabab[14]des mains de l’Empereur Ahmed Shâh
Bahâdur. Grâce à cette politique active, les bénéfices de la Compagnie
furent presque aussi importants que ceux de sa sa rivale anglaise.
Toutefois, à l’aube de
la guerre de Sept Ans, Dupleix fut rappelé en France à l’initiative de
Machault, un des ministres de Louis XV. Ce dernier, voyant d’un mauvais œil
l’attitude hostile de Dupleix envers les Anglais, espérait que sa disgrâce
amadouerait les Britanniques.
Bien au contraire, la Compagnie anglaise des Indes
orientales décida alors de prendre l’offensive, lançant plusieurs opérations
militaires imitant les méthodes de Dupleix[15].
En 1756, Surâj ud
Daulâ, le nabab du Bengale, lança un ultimatum aux Anglais, leur
demandant de mettre un terme aux travaux de fortification de Calcutta (la
cité était leur principal comptoir en Inde.). Ce dernier, n’étant pas
écouté, s’empara alors de la cité en juin 1756.
Robert Clive,
lieutenant-colonel de la Compagnie anglaise, quitta alors Madras à la tête
d’une petite armée (environ 3 000 hommes, soit 1 000 soldats, 2 000
cipayes[16].).
et marcha vers le Bengale (juin 1757.).
Chaussure attribuée à un cipaye de la
garde de Dupleix, vers 1750, musée des Invalides, Paris.
Les Anglais, arrivant
près du village de Palasî, trouvèrent en face d’eux près de 50 000 soldats,Surâj ud Daulâ étant un protégé des Français. Toutefois, Clive avait
proposé à Mir Jafar Ali Khan, oncle et commandant en chef du nabab,
de le soutenir lors de sa tentative de prise de pouvoir. Ainsi, après une
brève escarmouche, les Anglais remportèrent la bataille de Palasî.
Surâj ud Daulâ, trahi, fut alors emprisonné et assassiné par Mir Jafar. En
contrepartie, ce dernier dut payer un important tribut à la Compagnie
anglaise, vidant presque le trésor royal.
Cette expédition
britannique est considérée par certains historiens comme le point de départ
de l’hégémonie anglaise en Inde.
7° 1758 ; un conflit qui s’enlise en Europe, mais qui donne
l’avantage à l’Angleterre en Amérique – La campagne de 1757 avait bien
commencé pour les alliés, qui avaient réussi à s’emparer du Hanovre et à
battre Frédéric II. Mais ce dernier, grâce à son génie tactique, était
parvenu à reprendre les rênes, écrasant aussi bien les Français que les
Autrichiens. L’année 1757 s’était achevée difficilement pour les
Franco-autrichiens, mais l’année 1758 ne leur fut pas plus favorable.
a)
Le théâtre d’opération européen : en début d’année 1758, Marie
Thérèse et Louis XV se demandaient si la guerre n’était pas déjà perdue.
Mais les Russes, qui n’avaient pas été arrêtés par l’hiver glacial,
s’emparèrent de Königsberg, puis pénétrèrent en Brandebourg[17]
où ils assiégèrent la cité de Küstrin (janvier 1758.).
Côté français, Louis XV décida de rappeler le duc
de Richelieu, le remplaçant par Charles
de Bourbon-Condé[18],
comte de Clermont (il s'agissait d'un proche de la marquise de Pompadour.).
Ce dernier se rendit alors au Hanovre, puis décida d’évacuer la région.
Pendant ce temps, Frédéric II faisait campagne en
Moravie, assiégeant la cité d’Olomouc. Les Prussiens furent alors
attaqués par l’armée autrichienne, combattant lors de la bataille de
Domstadtl. Malgré un net avantage numérique, le roi de Prusse fut
toutefois contraint de se retirer (juin 1758.)
Côté
français, le comte de Clermont s’était replié sur le Rhin, provoquant une
vive inquiétude à Versailles. L’armée anglo-hanovrienne, commandée par
Ferdinand, duc de Brunswick-Lunebourg (ce dernier était un excellent
général, prêté à l’Angleterre par Frédéric II.), décida donc de profiter de
cette retraite française pour contre-attaquer. Les deux belligérants
s’affrontèrent ainsi au cours de la bataille de Crefeld, en juin
1758.
L’armée
française fut alors vaincue par un ennemi supérieur en nombre (30 000
soldats français contre 45 000 anglo-hanovriens.).
Cependant, le duc de Brunswick décida de ne pas
exploiter son avantage, l’armée commandée par Charles de Rohan se trouvant
non loin de là.
Si les Anglais avaient réussi
à mettre un terme à la menace des Français au Hanovre, la Prusse était
toujours menacée. Ainsi, en août 1758, Frédéric II apprit que les Russes,
qui se trouvaient non loin des murs de Berlin, comptaient faire jonction
avec l’armée autrichienne du feld-maréchal Daun. Le roi de Prusse décida
alors de les attaquer, compensant son infériorité numérique par l’effet de
surprise.
Au final, la bataille de
Zorndorf fut une véritable victoire à la Pyrrhus pour Frédéric II. En
effet, si l’ennemi fut contraint de se retirer en partie de la Prusse suite
au combat, les Prussiens perdirent près de 12 000 hommes lors de
l’affrontement (18 000 tués et blessés côté russe.).
A noter que quelques semaines
plus tard, Berlin fut menacée à nouveau, cette fois ci par l’armée suédoise
(la Suède était rentrée récemment dans le conflit aux côtés de la France et
de l’Autriche.). Les Prussiens, bien que déstabilisés par cette attaque
surprise, parvinrent toutefois à remporter la bataille de Tornow.
Frédéric II de Prusse, après
avoir réussi à repousser les Russes suite à la bataille de Zorndorf, décida
alors de se retourner contre les Autrichiens qui avaient envahi la Saxe et
menaçaient la Silésie.
Le feld-maréchal Daun,
sachant que Frédéric II était en difficulté, décida alors de profiter de la
situation. En octobre 1758, lors de la bataille de Hochkirch, il
affronta l’ennemi à la tête d’une armée de 80 000 hommes. L’armée du roi de
Prusse, en nette infériorité numérique (à peine 30 000 soldats côté
prussien.), fut donc écrasée.
Frédéric II, perdant près de
10 000 hommes lors de l’affrontement, se trouvait dès lors dans une position
particulièrement difficile.
Au même moment, la situation
s’améliorait pour les Français. Ces derniers, commandés par Charles de
Rohan, duc de Soubise, remportèrent ainsi la bataille de Lutterberg
contre les troupes du Hanovre et de la Hesse (10 octobre 1758.).
L’hiver approchant, les
Français prirent alors leurs quartiers d’hiver. Charles de Rohan, quant à
lui, reçut son bâton de maréchal peu de temps après.
b) Le théâtre d’opération
américain : depuis le début de la guerre de Conquête, les Français
avaient multiplié les offensives victorieuses (prise de Fort Oswego, de Fort
William Henry, etc.). Les Anglais décidèrent alors de mettre en œuvre tous
les moyens possibles pour inverser la tendance.
Ces derniers décidèrent ainsi
de s’attaquer à Fort Louisbourg, situé à l’entrée du golfe Saint Laurent.
Cette forteresse était d’une importance stratégique, car elle permettait à
son détenteur de s’assurer du contrôle de tous les points situés le long du
fleuve.
A la mi-juin 1758, les
Anglais commencèrent le siège de Fort Louisbourg, bien défendu par les
Français (ces derniers étaient au nombre de 8 000, soit 4 000 soldats et
4 000 marins.). Toutefois, à la fin du mois de juillet, le commandant du
fort décida de capituler, malgré des termes de reddition très peu favorables
aux Français.
Suite à la prise de Fort
Louisbourg, les Anglais avaient dès lors toutes les cartes en main pour
lancer une offensive contre Québec. Toutefois, les opérations militaires
furent reportées à l’année suivante car l’hiver approchait. Toutefois,
plusieurs villages français se trouvant sur le pourtour du golfe Saint
Laurent furent rasés ; en 1761, il fut décidé que la forteresse, très
endommagée par la bataille, serait détruite.
A noter qu’au même moment,
dans la région des Trois Fleuves, des Acadiens qui résistaient à la
déportation furent vaincus par une petite troupe britannique lors de la
bataille du Cran.
A noter par
ailleurs, qu'au cours du mois de juillet 1758, les Britanniques lancèrent une offensive contre le Fort
Carillon. Cette forteresse, située au nord du lac Georges, donnait aux
Français le contrôle de la rivière Hudson. L’année passée, en août 1757,
Montcalm était parti de ce point afin de s’attaquer au Fort William Henry,
possession anglaise.
Le major James Abercrombie,
qui avait sous ses ordres près de 16 000 hommes (6 000 soldats et 10 000
irréguliers.), était sûr de vaincre, face à seulement 3 500 soldats
français. Toutefois, Fort Carillon était entouré d’eau sur trois côtés, et
le dernier côté, plus fragile, avait été puissamment renforcé (canons,
arbres, pieux durcis au feu, etc.).
Gravure représentant le Fort Carillon.
Lançant l’offensive au cours
de l’après midi, les hommes d’Abercrombie furent toutefois repoussés par
l’ennemi. Les Anglais, ayant eu 500 tués et plus de 1 300 blessés,
décidèrent alors de sonner la retraite.
Cette victoire fut toutefois
sans lendemain, car en 1759, la garnison fut contrainte d’abandonner Fort
Carillon afin de porter assistance à Québec assiégée. Les Anglais en
profitèrent alors, s’emparant de la forteresse et la rebaptisant Fort
Ticonderoga (ce qui, en iroquois, signifie la place entre deux eaux.).
A la fin du mois d’août 1758,
les Anglais lancèrent une nouvelle offensive contre une autre forteresse
française, le Fort Frontenac. Ce point était essentiel pour les Français,
car, de par sa position géographique (il se trouvait à la jonction du fleuve
Saint Laurent et du lac Ontario.), il permettait de relier le Canada à la
vallée de l’Ohio.
Le lieutenant Colonel John
Bradstreet, à la tête de 2 800 hommes (300 soldats et 2 500
irréguliers.), attaqua donc le Fort Frontenac, soucieux de redorer le blason
de l’armée britannique, terni suite à la défaite du Fort Carillon.
Les Français, en nette
infériorité numérique (ils n’étaient que 50 soldats, 50 colons et une
centaine d’indiens.), décidèrent de se rendre sans combattre[19].
Ruines du Fort Frontenac.
La prise du Fort Frontenac
fut un nouveau revers pour les Français. En effet, non seulement une partie
des axes de communication entre le Canada et l’Ohio était coupé, isolant le
Fort Duquesne, mais en outre les arrières de Montréal et de Québec n’étaient
plus couverts. Enfin, plusieurs tribus indiennes commencèrent à faire
défection, sentant que la France n’était plus en mesure de vaincre.
En septembre 1758, la prise
de Fort Frontenac avait accordé un avantage non négligeable à l’Angleterre.
Fort Duquesne, se trouvant de fait isolé, devint ainsi la cible d’une
nouvelle offensive britannique.
Le général John Forbes,
prudent, donna l’ordre à ses éclaireurs d’aller faire une reconnaissance du
terrain. François Marie Le Marchand de Lignery, commandant du Fort
Duquesne, savait qu’il ne disposait pas de troupes suffisantes pour faire
face à l’ennemi (500 soldats français contre 6 000 britannique.). Il décida
alors de lancer une attaque surprise sur l’avant-garde anglaise.
Appuyés par les indiens, les
Français parvinrent à repousser les Anglais (ces derniers perdirent plus
d’une centaine d’hommes lors de l’affrontement.).
Toutefois, au cours de
l’automne, les colons de Pennsylvanie et les indiens de la vallée de l’Ohio
firent la paix, signant le traité d’Easton. Les Français perdirent
ainsi l’appui des indigènes qui leur étaient fidèles.
Le commandant du Fort
Duquesne, estimant que la position n’était plus tenable, ordonna de détruire
la forteresse avant de se replier à l’intérieur des terres. John Forbes,
arrivant sur place à la fin du mois de novembre, décida alors d’ériger Fort
Pitt (qui devint Pittsburg[20].).
A noter qu’au mois d’octobre,
Le Marchand ordonna à ses hommes de s’attaquer à une forteresse anglaise en
cours de construction, Fort Ligonier (l’objectif était de s’emparer de
vivres, Fort Duquesne étant isolé depuis la prise de Fort Frontenac.).
L’expédition fut toutefois un échec.
Si jusqu’à présent, les
Français d’Amérique du nord avait réussi à résister à l’Angleterre,
parvenant même contre-attaquer efficacement, l’année 1758 s’acheva sur un
véritable constat d’échec. En effet, l’embouchure du fleuve Saint Laurent
était entre les mains des Anglais, les voies de communications entre la
vallée de l’Ohio et le Canada étaient drastiquement réduites, et la cité de
Québec se retrouvait menacée.
c)
Le théâtre d’opération asiatique : en avril 1758, l’évènement
d’importance fut l’arrivée à Pondichéry de Thomas Arthur, Baron de
Tollendal et comte de Lally (surnommé Lally-Tollendal.), en tant que
gouverneur des Indes. Ce dernier, souhaitant contrecarrer les plans des
colons anglais, était toutefois brutal et ne connaissait guère la carte
géopolitique de la région. Ce manque de finesse entraina donc de nombreux
princes indiens à se tourner vers l’Angleterre.
Ainsi, en juin, Lally-Tollendal s’empara de Saint David, un important
comptoir anglais. Il décida alors de le détruire par le feu après l’avoir
pillé. Quelques mois plus tard, alors que les britanniques occupaient le
Bengale, Lally-Tollendal décida de se lancer dans une politique de razzias
afin de financer le conflit.
En
Inde, l’année 1758 vit aussi se dérouler trois batailles navales à l’issue
indécise. Toutes se déroulèrent non loin des côtes de Pondichéry, le plus
important comptoir français en Inde.
Le
premier affrontement eut lieu en avril, non loin du village de Gondelour
(situé à 20 kilomètres au sud de Pondichéry.). Les Français perdirent près
de 600 hommes (tués ou blessés.), contre une petite centaine côté anglais,
mais l’issue de la bataille fut indécise.
Les deux belligérants s’affrontèrent une nouvelle fois non loin de Negapatam,
un village près de Pondichéry situé dans le sud est de l’Inde (août 1758.).
L’affrontement fut une nouvelle fois indécis, et les pertes des deux camps
nous sont inconnues.
En
septembre 1758, Français et Anglais s’affrontèrent une dernière fois, au
cours de la bataille navale de Pondichéry. Une fois de plus, aucun
des deux partis ne parvint à remporter la victoire.
Toutefois, en fin d’année 1758, les Français quittèrent Pondichéry afin
d’assiéger Madras. Apprenant que la cité allait bientôt recevoir des
renforts en provenance d’Angleterre, les assaillants furent ainsi contraints
de lever le siège.
8° 1759 ; la France échoue sur tous les fronts, la Prusse est
au bord de la catastrophe – Côté français, l’année 1759 confirma l’échec
des armée de Louis XV, déjà entamé l’année précédente. Côté prussien,
Frédéric II, acculé, ne parvint pas à reprendre l’avantage malgré son génie
tactique.
a) Le théâtre d’opération européen : la
bataille de Lutterberg, en octobre 1758, avait donné l’avantage à l’armée du
roi de France. Le duc de Brunswick-Lunebourg, commandant l’armée
anglo-hanovrienne, voyait d’un mauvais œil la progression des Français en
Westphalie. Brunswick parvint alors à repousser un contingent autrichien
venu renforcer l’armée française. Par la suite, il décida de s’attaquer à la
ville de Bergen, où étaient réfugiés les Français, commandés par Victor
François, duc de Broglie[21].
Victor François, duc de Broglie, anonyme, deuxième moitié du
XVIII° siècle, musée des Invalides, Paris.
La bataille de
Bergen fut toutefois un échec pour les Anglo-hanovriens, qui furent
contraints de reculer.
Par la suite, les
troupes du maréchal Louis Georges Erasme de Contades firent jonction
avec l’armée de Broglie. Contades étant le plus ancien, il prit alors le
commandement, ce qui déplut fortement à Broglie.
Si l’année 1759 débuta
difficilement pour les Anglais, le moral n’était pas non plus au beau fixe
dans le camp prussien. En effet, l’année 1758 avait été désastreuse pour
Frédéric II, qui n’avait accumulé que des revers ou des demi-victoires.
En juillet, dans l’est
de la Prusse, les Russes remportèrent la bataille de Kay face à une
armée prussienne inférieure en nombre (ces derniers étaient environ de
25 000 contre 45 000.).
L’affrontement fut
particulièrement sanglant, les Prussiens perdant près de 8 000 hommes lors
du combat.
Frédéric II, apprenant
la nouvelle, décida alors d’attaquer les Russes avant qu’ils n’aient fait
jonction avec les Autrichiens.
Au même moment, les
Français se faisaient toujours menaçants en Westphalie, forts de leur succès
à Bergen. Ces derniers, commandés par le duc de Broglie, avaient réussi à
s’emparer de la Hesse et d’une partie du Hanovre. En juillet, ils s’étaient
emparés de Minden.
Contades, qui avait
établit son campement sur une plaine non loin de la cité, fut alors attaqué
par le duc de Brunswick-Lunebourg (1er août 1759.).
Ne recevant pas d’aide
de la part de Broglie (ce dernier fut il bloqué par l’ennemi ou bien décida
il de ne pas intervenir ?), Contades fut vaincu lors de la bataille de
Minden.
Vaincue par les
Anglo-hanovriens, l’armée française fut alors contrainte d’abandonner leurs
positions.
L’échec de l’armée
française fut très vivement ressenti par les contemporains. En effet, les
Français avaient été battus alors qu’ils disposaient d’une armée supérieure
en nombre, et se trouvaient dans une position géographique leur procurant un
avantage stratégique indéniable.
La France, suite à la
défaite de Minden, ne fut plus en mesure de s’opposer militairement à
l’ennemi, se contentant d’adopter une position défensive. Ce n’est qu’à
partir de la fin du XVIII° siècle que l’armée française revint sur le devant
de la scène internationale.
Mais le duc de
Brunswick-Lunebourg ne put poursuivre son avantage, contrait de venir en
aide au roi de Prusse, rudement malmené par les Autrichiens et les Russes.
Lit de justice tenu par Louis XV pour imposer au Parlement un édit
fiscal en faveur de la guerre, 20 septembre 1759, musée des archives
nationales, Paris.
L’année 1759 consacra
la défaite de la France aussi bien que celle de la Prusse. En effet,
Frédéric II avait tenté d’empêcher la jonction des troupes russes et
autrichiennes, en vain (les deux armées s’étaient rejointes au cours du mois
de juillet.).
En août 1759, alors que
les austro-russes menaçaient Berlin, Frédéric II décida d’attaquer l’ennemi,
non loin de la cité de Francfort sur l’Oder. Cependant, la bataille de
Künersdorf fut un terrible échec pour le roi de Prusse : sur les 50 000
hommes
qu’il avait sous ses ordres au début du combat, 6 000 furent tués, 13 000
furent blessés, et 25 000 furent fait prisonnier par l’ennemi.
Au final, l’on estime
qu’à peine 3 000 Prussiens parvinrent à regagner Berlin.
Suite à la bataille,
les Austro-russes auraient pu en finir rapidement avec un Frédéric II
ébranlé par la défaite, s’ils avaient marché ensemble sur le Brandebourg.
Toutefois, les vainqueurs de Künersdorf ne parvinrent pas à s’entendre sur
la marche à suivre. En effet, Daun donna l’ordre aux Russes de reconquérir
la Silésie, et d’y attendre les Autrichiens. Les Russes obéirent, mais
voyant que Daun ne revenait pas (il était parti en Saxe.), ils décidèrent alors
de marcher sur la Prusse.
Ces tergiversations
permirent au roi de Prusse de poursuivre la lutte.
En septembre 1759, non
loin de Stettin, les Suédois affrontèrent les Prussiens lors le la
bataille navale de Neuwarp. La marine suédoise parvint à l’emporter,
mais cette victoire ne lui permit pas de s’emparer de Stettin, qui resta
entre les mains des Prussiens (rappelons que cette cité avait été prise par
la Prusse aux dépends de la Suède suite à la grande guerre du nord, au début
du XVIII° siècle.).
Toujours en septembre
1759, Daun, arrivé en Saxe, s’empara de Dresde ; toutefois, le roi de Prusse
conservait Berlin et le Brandebourg.
A noter qu’en octobre 1759, Charles III
succéda à son frère Ferdinand VI sur le trône d’Espagne[22].
En novembre 1759,
Frédéric II, attaqué par ses ennemis en plein cœur de la Prusse, chargea un
de ses généraux, Frédéric Auguste von Finck, de s’attaquer aux
arrières de l’armée autrichienne, commandée par le feld-maréchal Daun
(l’objectif était de couper ses lignes de communication avec la Bohème.).
Toutefois, la
bataille de Maxen fut un nouveau désastre pour les Prussiens, Finck
perdant près de 13 000 hommes sur les 15 000 dont il disposait au début de
l’affrontement.
La victoire, une fois
de plus, aurait été totale pour les Autrichiens, si Daun avait su profité de
son avantage.
En décembre 1759, le
prince Frédéric Henri (ce dernier était le frère cadet de Frédéric
II.) fut lui aussi battu par les Autrichiens de Daun, lors de la bataille
de Meissen.
Le prince Frédéric Henri de Prusse, par Anton GRAFF, vers
1785, Deutsches historisches museum, Berlin.
b) Le théâtre
d’opération américain : suite à leurs offensives victorieuses de l’année
précédente, les Anglais, en 1759, se trouvaient en position de force.
Ainsi, au cours du
mois de juillet, les Britanniques marchèrent vers Fort Niagara (la
forteresse se trouvait entre les lacs Ontario et Erie.), commandés par le
général John Prideaux.
Les Français, qui
étaient moins de 500, opposèrent toutefois une résistance farouche à près de
3 000 Anglais, parvenant même à éliminer leur général.
Toutefois, ne recevant
pas de renforts (ces derniers, venus de l’Ohio, furent interceptés par les
Anglais.), la garnison de Fort Niagara fut contrainte de capituler à la fin
du mois de juillet.
A noter que le village
situé non loin des murs de la forteresse, rebaptisé Youngstown par la suite,
existe encore de nos jours.
La cité de Québec, au
mois de juillet 1759, était déjà assiégée par les Anglais depuis la fin du
mois de juin. Ces derniers, ayant installé des canons autour de la ville,
avaient commencé le bombardement.
Le général James
Wolfe, un des commandants de l’armée anglaise, se rendit alors compte
que le village de Beauport (situé à cinq kilomètres à l’est de Québec.)
était le lieu idéal pour un débarquement de troupes. Toutefois, la position
étant fermement défendue par des soldats français, les Anglais décidèrent
alors de prendre l’offensive (fin juillet 1759.).
Wolfe fit débarquer ses
hommes non loin de Beaufort, mais ces derniers furent repoussés par des
Français bien barricadés. Les Anglais, perdant plus de 200 hommes lors de
l’affrontement, décidèrent alors de reculer.
Le siège de Québec.
Les Anglais, repoussés,
décidèrent alors de brûler les villages avoisinant Québec. Certains
Canadiens décidèrent de résister, mais ils furent en grande partie tués par
les soldats anglais.
A la mi-septembre, les
environs de Québec avaient été pillés et incendiés, isolant un peu plus la
cité assiégée. A noter qu’à cette date, les vivre commençaient à manquer
côté français.
Le 13 septembre au
matin, James Wolfe décida de faire débarquer discrètement ses troupes à
l’anse au Foulon, une petite crique surplombée par un ravin. La position
était d’une importance stratégique, car un petit chemin escarpé menait aux
plaines d’Abraham, offrant une vue plongeante sur Québec.
L’anse au Foulon était
toutefois faiblement gardée par les Français, car Montcalm pensait que le
chemin était impraticable, et que les Anglais n’attaqueraient jamais par là.
Toutefois, les hommes
de Wolfe attaquèrent par surprise les soldats français, parvenant à
progresser jusqu’aux plaines d’Abraham.
James Wolfe plaça alors ses 4 400 hommes en ordre de bataille, bientôt
rejoint par Montcalm, à la tête de 2 000 soldats et 1 500 irréguliers.
La bataille des plaines d'Abraham.
Vers 10 heures, les Français reçurent l’ordre d’attaquer, progressant
difficilement vers l’ennemi en raison du terrain boueux (il avait plu
pendant toute la matinée.). Les Anglais prirent toutefois rapidement
l’avantage sur leur ennemi, repoussant les soldats français (seuls les
irréguliers parvinrent à riposter efficacement, étant plus mobiles que les
Britanniques. Ils furent toutefois contraints de reculer à cause de leur
infériorité numérique.).
La
mort de Montcalm et de Wolfe survinrent au même moment, alors que les
Français reculaient et que les Anglais les poursuivaient (le premier reçut
une balle dans le dos lors du repli, l’autre fut touché en pleine
poitrine.).
La mort de Wolfe, gravure issue de l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
Montcalm, apprenant de la bouche de son médecin qu’il ne lui restait plus
que quelques heures à vivre, aurait alors répondu : au moins je ne verrai
pas les Anglais rentrer dans Québec.
La mort de Montcalm.
Les deux camps, au soir de la bataille des Plaines d’Abraham, eurent
des pertes équivalentes (110 tués et 600 blessés côté français, contre 50
tués et 600 blessés pour les Britanniques.).
Suite à l’affrontement, les Français décidèrent d’abandonner leur position
de Beauport afin de gonfler les effectifs de Québec (la proposition de
lancer une contre-attaque vers le campement anglais fut rejetée.).
Côté britannique, ce fut le brigadier-général Georges Townshend qui
fut chargé de mener à bien le siège de Québec, James Wolfe ayant trouvé la
mort au cours de la bataille.
Cependant, les vivres commençaient à manquer dans la cité assiégée. Les
officiers français, prenant l’avis des notables de la ville, décidèrent
alors de capituler. Au matin du 18 septembre 1759, les Anglais pénétrèrent
dans Québec.
Epées d'officiers, milieu du XVIII° siècle, musée de l'Infanterie,
Montpellier (à noter que ces épées n'étaient guère utilisées pour tuer, mais
plutôt pour se faire reconnaitre en plein cœur de la bataille.).
c)
Le théâtre d’opération asiatique : en février 1759, de graves
troubles éclatèrent à Pondichéry. En effet, Lally-Tollendal, désargenté, ne
pouvait plus payer ses troupes, qui décidèrent alors de se mutiner.
Peu de temps après, l’on apprit que le nabab du Deccan, allié traditionnel de la
France, avait décidé de rejoindre le camp anglais.
9° 1760 ; la France et la Prusse en difficulté – France
et Prusse, ayant subi de nombreux revers l’année passée, n’étaient dès lors
plus en mesure de contre-attaquer efficacement.
a) Le théâtre
d’opération européen : l’année 1759 avait été catastrophique pour
Frédéric II, et l’année 1760 ne lui fut guère plus favorable.
En juin, les Prussiens
furent vaincus par l’armée autrichienne lors de la bataille de Landshut,
en Silésie. A noter que le commandant de l’armée prussienne était Heinrich August de la Motte Fouqué,
descendant d’une famille huguenote ayant fui la France lors de la révocation
de l’édit de Nantes.
Au même moment, en
France, s’ouvrait la campagne annuelle. Le maréchal de Broglie, à la tête de
l’armée française, se dirigea alors vers le Hanovre, bien décidé à s’emparer
de cette région (l’objectif était d’avoir une monnaie d’échange pour
compenser la perte du Canada.).
Le mois suivant, le 10
juillet 1760, les Français remportèrent la bataille de Corbach contre
les troupes anglo-hanovriennes du duc de Brunswick-Lunebourg.
Toutefois, ce dernier
ne tarda guère à répliquer, remportant contre les Français la bataille
d’Emsdorf et la bataille de Warburg (fin juillet 1760.).
Mitre du régiment Royal North
British Dragoons, vers 1760 (à gauche.), casque de cavalerie
légère, vers 1750 (à droite.), musée des Invalides, Paris.
En août 1760, Prussiens
et Autrichiens s’affrontèrent une fois de plus en Silésie, lors de la
bataille de Lienitz. Le roi de Prusse, à la tête de ses hommes, parvint
finalement à remporter la victoire. A noter toutefois que ce combat ne
permit pas à Frédéric II d’inverser le cours de la guerre, le feld-maréchal
Daun se trouvant non loin de là à la tête d’une imposante armée. Ce dernier,
rejoignant les Russes, parvint alors à s’emparer de Berlin en septembre.
Après avoir pillé la cité, les Russes se replièrent en Pologne.
Les Français, bien
qu’ayant multiplié les revers depuis le début du conflit, menaçaient
toujours le Hanovre. Le duc de Brunswick-Lunebourg, dans un premier temps,
décida de marcher vers Wesel, cité de Westphalie tombée entre les mains des
Français.
Les Anglo-hanovriens
décidèrent alors d’attaquer l’armée de Broglie par surprise. Toutefois, ces
derniers furent repérés et les Français les affrontèrent lors de la
bataille de Clostercamp (3 octobre 1760.).
L’armée française
parvint à repousser l’ennemi, et le duc de Brunswick-Lunebourg décida
de faire sonner la retraite. Toutefois, en approchant du Rhin, il se rendit
compte que le pont de bateaux sur lequel il avait traversé à l’aller avait
été incendié. Heureusement pour lui, Broglie n’avait pas ordonné de
poursuivre l’ennemi.
En cette fin d’année
1760, après les nombreux revers qu’il avait subis, Frédéric II résistait
toujours. Ainsi, le 3 novembre, il remporta la bataille de Torgau
contre l’Autriche. La victoire fut cependant couteuse, le roi de Prusse
perdant près de 15 000 hommes lors de l’affrontement.
Frédéric II la veille de la
bataille de Torgau, par Christian RODE, 1791, Bode museum, Berlin.
A
noter qu’en décembre 1760, le roi d’Angleterre Georges II mourut, laissant
la place à son fils Georges III. Ce dernier, âgé d’une vingtaine
d’année, était prêt à entamer des pourparlers. Cependant, son premier
ministre, William Pitt, proche des belliciste, le lui déconseilla.
William Pitt.
b)
Le théâtre d’opération américain : la prise de Québec, en septembre
1759, avait été le dernier acte d’une opération militaire de grande ampleur
menée par les Anglais, dans le but de chasser les Français d’Amérique du
nord. Les derniers coups de force, menés par l’armée française suite à la
chute de la ville, ne furent que les derniers battements de cœur de la
Nouvelle France.
Toutefois, en avril 1760, les Français décidèrent de lancer une ultime
offensive contre Québec, afin de reprendre la ville à l’Angleterre. François Gaston,
chevalier de Lévis, rassemblant sous ses ordres plus de 6 000 hommes (2 600
soldats, 2 400 irréguliers et 1 000 indiens.), décida alors de marcher vers
la cité. James Murray, le nouveau gouverneur de Québec, décida alors
d’aller à la rencontre de l'ennemi. Les deux belligérants s’affrontèrent au
cours de la bataille de Sainte Foy, et le chevalier de Lévis parvint
à remporter la victoire (Murray eut 250 tués et plus de 800 blessés sur les
3 800 soldats qui composaient son armée.).
Les Français assiégèrent alors Québec, mais la cité reçut rapidement des
renforts. Ainsi, le chevalier de Lévis fut obligé de reculer.
En
juillet 1760, les Anglais parvinrent à intercepter une flotte française
venue secourir Montréal, qui était isolée depuis la chute de Québec. A
l’issue de la bataille navale de Ristigouche, les navires français
furent sabordés ou capturés par l’ennemi. Quelques marins parvinrent à
accoster, construisant à la hâte le Fort Ristigouche.
En
août 1760, la garnison du Fort Lévis, en amont du Saint Laurent, lança un
raid contre les Anglais, parvenant à détruire deux vaisseaux de guerre lors
de la bataille de Mille îles. Etant toutefois en nette infériorité
numérique (300 contre près de 10 000 britanniques.), les Français furent
contraints de reculer rapidement. Cette escarmouche de taille modeste permit
néanmoins de retarder l’avancée britannique vers Montréal.
Montréal, privée de renforts et de ravitaillement, fut finalement contrainte
d’ouvrir ses portes aux Anglais, le 8 septembre 1760.
Par la suite, les Britanniques s’emparèrent de Fort Pontchartrain du Détroit
(où fut fondée l’actuelle cité de Détroit.).
c)
Le théâtre d’opération asiatique : en début d’année 1760, la France
avait échoué sur tous les continents. En effet, les Français n’étaient pas
parvenus à s’implanter durablement en Allemagne ; en Amérique du nord, le
Canada était tombé entre les mains de l’Angleterre.
Toutefois, les opérations en Inde ne furent pas non plus une réussite…
En
début d’année, Lally Tollendal lança une offensive sur Arcote et
Trichinopoli, mais ses efforts furent vains.
Par la suite, le gouverneur des Indes attaqua le fort de Vandavasi[23],
dont les Anglais s’étaient emparés au cours de l’année précédente (août
1760.). Toutefois, la bataille de Vandavasi s’acheva sur un échec, et
les Français furent alors contraints de se replier vers Pondichéry.
Poursuivant leur avantage tout au long de l’année 1760, les Anglais mirent
finalement le siège devant Pondichéry.
10° 1761 ; l’épuisement des belligérants – Après six
années de guerre, les principaux belligérants commençaient à montrer des
signes de fatigue. En effet, il y eut peu de batailles au cours de cette
année 1761.
a) Le théâtre
d’opération européen : l’armée française, commandée par Charles de
Rohan, prince de Soubise, et Victor François, duc de Broglie, se mit en
marche pour cette nouvelle campagne.
Toutefois, les deux
hommes furent attaqués par les Anglo-hanovriens du duc de
Brunswick-Lunebourg lors de la bataille de Fillinghausen, en juillet
1761.
Disposant de l’avantage
numérique, le duc de Broglie décida alors d’attaquer le flanc gauche de
l’adversaire, pensant que Soubise attaquerait à droite. Toutefois, ce
dernier ne lança que de petites offensives.
Finalement, les
Français furent contraints de reculer, ayant perdu près de 5 000 hommes lors
du combat (4 700 pour Broglie, contre 300 pour Soubise.).
En août, l’armée
française tenta de reprendre Belle-Ile-en-Mer, dont les Anglais s’étaient
emparé au cours du mois de juin 1761.
Plan-relief de la citadelle de Belle-Île, musée des Invalides, Paris.
Au même moment,
l’Espagne accepta de rentrer dans le conflit. A noter toutefois que cette
intervention ne fut pas d’une grande aide à la France, n’aboutissant qu’à
retarder la mise en place des pourparlers (l’Angleterre déclara la guerre à
l’Espagne en janvier 1761.).
L’année 1761 s’acheva
aussi dans des conditions difficiles pour les Prussiens, les Russes
parvenant à s’emparer de la cité de Kolberg au cours du mois de décembre. La
Prusse perdit ainsi son principal port sur la Baltique.
b)
Le théâtre d’opération asiatique : en début d’année 1760, la
situation était dramatique pour les Français. En effet, les Britanniques
s’étaient emparé de toutes les possessions françaises en Inde, et
assiégeaient Pondichéry.
Lally-Tollendal assiégé dans Pondichéry, gravure issue de l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
Lally-Tollendal, isolé, fut alors contraint de capituler après cinq mois de
siège, en janvier 1761. La cité, pillée par les Anglais, fut alors détruite
Mahé, dernier comptoir français en Inde, fut pris le 17 février 1761.
11° 1762 ; les Anglais à la frontière française, Frédéric II
sauvé in extremis– Frédéric II, ayant subi de multiples revers,
fut sauvé en 1762 grâce à un improbable retournement de situation ; le roi
de France, quant à lui, ayant accumulé les revers, fut menacé par
l’Angleterre à la frontière nord.
a) Le théâtre
d’opération européen : Frédéric II, en ce début d’année 1762, était plus
en danger que jamais. D’une part, son armée se réduisait comme peau de
chagrin ; en outre, les Russes s’étaient emparés de l’importante cité de
Kolberg en décembre dernier. Enfin, l’Angleterre menaçait le roi de Prusse
de mettre un terme à son financement. Toutefois, un évènement impromptu
sauva Frédéric II in extremis.
En janvier 1762, Elisabeth, Impératrice de Russie,
mourut. Ce fut alors Pierre III, neveu de la défunte, qui monta sur
le trône. Duc de Holstein-Gottorp par son père, le nouveau souverain,
prussophile, était un fervent admirateur de Frédéric II[24].
Le 5 mai 1762,
l’Empereur de Russie signa le traité de Hambourg avec le roi de
Prusse, s’engageant à lui rendre tous les territoires conquis lors de la
guerre de Sept Ans, mais aussi à prendre part au conflit contre l’Autriche.
Toutefois, cette
brusque volte-face fut particulièrement mal acceptée. Catherine,
l’épouse de Pierre III, parvint alors à gagner la confiance de l’armée,
contraignant son époux à abdiquer (en juillet 1762, ce dernier fut assassiné
dans des conditions obscures.).
La jeune veuve monta
alors sur le trône de Russie, devenant l’Impératrice Catherine II.
Catherine II, par Johann
Baptist LAMPI, vers 1794, Deutsches historisches museum, Berlin.
Les Français, en 1762,
souhaitaient plus que jamais s’emparer du Hanovre, afin d’avoir une monnaie
d’échange dans l’optique de récupérer les colonies prises par les Anglais.
L’armée française,
commandée par Charles de Rohan, prince de Soubise, et Louis Le Tellier, duc
d’Estrées, ne tarda guère à rencontrer les Anglo-hanovriens, commandés par
le duc de Brunswick-Lunebourg (juin 1762.).
Attaquant les Français
sur leurs flancs, ces derniers furent alors contraints de reculer. La
bataille de Wilhemstahl fut un nouvel échec pour l’armée française, mais
les pertes furent toutefois minimes dans les deux camps (plus ou moins un
millier d’hommes tués.).
Le mois suivant, le duc de Brunswick-Lunebourg
parvint à repousser une troupe franco-saxone, remportant la
seconde bataille de Luttelberg[25].
Frédéric II, quant à
lui, était parvenu à reprendre l’offensive suite à l’arrivée de Pierre III
au pouvoir. L’Empereur avait alors envoyé une armée afin de soutenir le roi
de Prusse, mais Catherine II étant arrivée au pouvoir entretemps, elle
demanda aux Russes de se replier.
Frédéric II parvint
toutefois à convaincre les généraux russes de rester auprès de lui pendant
quelques jours.
En juillet 1762, les
Prussiens attaquèrent l’armée autrichienne, commandée par le feld-maréchal
Daun. Ce dernier, craignant que les Russes ne participent au combat au
combat, décida alors de battre en retraite.
Cette ruse de Frédéric
II lui permit ainsi de remporter la bataille de Burkersdorf.
En octobre 1762, les
Prussiens, commandés par le prince Frédéric Henri (ce dernier était le frère
cadet de Frédéric II.) parvinrent à vaincre les Autrichiens une fois de
plus, lors de la bataille de Freiberg.
La fin de l’année 1762,
côté français, faillit s’achever sur un désastre. En effet, les troupes
anglo-hanovriennes, commandées par le duc de Brunswick-Lunebourg, avaient
entamé le siège de Cassel au cours du mois d’octobre.
Si la cité tombait, la
France était menacée de voir arriver la guerre sur son propre territoire.
Toutefois, les habitants de la cité tinrent bon, et les assaillants furent
finalement contraints de lever le siège.
b)
Le théâtre d’opération américain : une dernière offensive eut lieu en
juin 1762, les Français réussissant à prendre Saint Jean à l’Angleterre.
Toutefois, la victoire fut de courte durée, les Britanniques parvenant à
récupérer leur position perdue dès le mois de septembre 1762.
A
noter qu’à la toute fin de la guerre de Sept Ans, les Anglais lancèrent une
offensive de grande ampleur dans les Caraïbes. En 1759, ils s’emparèrent de
la Guadeloupe, puis ils s’emparèrent de la Martinique et de la Dominique
(février 1762.). En août 1762, ils s’emparèrent de La Havane (cité espagnole
de l’île de Cuba.), asseyant leur domination sur l’ensemble des Caraïbes.
c)
Le théâtre d’opération asiatique : l’Espagne étant entrée en guerre
aux côtés de la France, les Anglais décidèrent de mettre le cap sur les
Philippines, possession espagnole. En septembre 1762, Manille fut assiégée,
et la cité fut contrainte de capituler en octobre.
Rentrés en France en janvier 1763, les officiers revenus des Indes
dénoncèrent les méthodes de Lally-Tollendal auprès du roi de France. Louis
XV ordonna alors au Parlement de Paris d’ouvrir une enquête. Lally-Tollendal
fut finalement condamné à mort pour haute trahison et exécuté en mai 1763.
12° La fin de la guerre de Sept Ans – Les principaux
belligérants, soucieux de mettre un terme au conflit, avaient entamé des
pourparlers dès l’année 1761. Toutefois, ces derniers avaient coupé court,
du fait de l’entrée en guerre de l’Espagne aux côtés de la France.
Ainsi, ce n’est qu’en 1762 que les puissances européennes se décidèrent à
négocier les termes de la paix.
Deux accords furent
signés afin de mettre un terme à la guerre : le traité de Paris entre
la France et l’Angleterre (10 février 1762.), et le traité de
Hubertusburg entre l’Autriche et la Prusse (15 février 1762.).
a) Le traité de
Paris (10 février 1762) : à l’issue de la guerre de Sept Ans,
l’Angleterre était en position de force. En effet, elle s’était emparée de
toutes les possessions françaises au Canada et en Inde ; et la France, quant
à elle, n’avait pu s’emparer du Hanovre afin d’avoir une monnaie d’échange.
Toutefois, la résistance de Cassel, à la toute fin de la guerre, permit
vraisemblablement au roi de France de sauvegarder les frontières du pays.
Les conditions étaient
rudes pour la France, mais Choiseul, secrétaire d’Etat à la guerre et à la
marine, ne pouvait pas prendre le risque de poursuivre le conflit.
En Europe, la France
rendait Minorque à l’Angleterre, en échange de Belle-Ile-en-Mer ; en
Amérique du nord, la France cédait à l’Angleterre le Canada et toutes les
îles au large de la côte (à l’exception de Saint Pierre et Miquelon.), ainsi
que la vallée de l’Ohio et tous les territoires à l’est du Mississipi ; dans
les Caraïbes, la France ne récupérait que la Martinique, la Guadeloupe, la
Marie Galante et Sainte Lucie (toutes les autres îles restaient entre les
mains des Anglais.) ; en Inde, la France ne récupérait que les comptoirs de
Pondichéry, Mahé, Chadernagor, Yanaon et Karikal ; en Afrique, la France
récupérait Gorée, cédant le Sénégal à l’Angleterre.
L’Espagne, quant à
elle, récupérait Cuba et les Philippines, cédant en échange la Floride à
l’Angleterre. En guise de dédommagement, la France devait céder aux
Espagnols la rive ouest du Mississipi. En outre, les Espagnols devaient
évacuer le Portugal, le pays étant allié aux Britanniques.
b) Le traité de
Hubertuburg (15 février 1762) : moins d’une semaine après la signature
du traité de Paris, ce fut au tour de l’Autriche et de la Prusse de faire la
paix.
Frédéric II, malgré ses
nombreux revers au cours du conflit, parvint néanmoins à conserver la
Silésie (revenant aux frontières telles qu’elles avaient été fixées par le
traité d’Aix la Chapelle, en octobre 1748.), acceptant en échange d’évacuer
la Saxe.
La Suède, qui avait
occupé la Poméranie au cours du conflit, restituait la région au roi de
Prusse.
c) Conséquences du conflit : l’Angleterre
fut la grande gagnante du conflit. En effet, elle était parvenue à s’imposer
comme une puissance militaire de premier plan, étendant son Empire colonial
sur les anciennes possessions françaises[26].
Si au XVII° siècle, la
France était la première puissance mondiale ; au XVIII° siècle, ce titre fut
cédé à l’Angleterre.
L’armée française, au
cours du conflit, avait été à plusieurs reprises vaincue par un adversaire
en infériorité numérique. Choiseul, secrétaire d’Etat à la guerre et à la
marine, avait décidé de conserver les îles à sucre des Caraïbes, au
détriment du Canada, afin de pouvoir lever des fonds nécessaires à la
réforme de l’armée et de la marine.
A noter que la France
et l’Angleterre, à l’issue de la guerre, étaient dans une situation
financière particulièrement difficile, la dette ayant considérablement
augmenté au cours du conflit. Louis XV décida alors de lever de nouvelles
taxes, particulièrement impopulaires ; les Anglais, quant à eux,
tentèrent de combler leur pertes avec l’aide de leurs colonies.
La Prusse, ayant
échappé de peu à la catastrophe, était l'Etat ayant le plus souffert de la
guerre. En effet, le conflit se déroula principalement dans ce pays, entrainant de
nombreuses dévastations. Frédéric II, grâce à ses talents de stratège,
parvint toutefois à doter l’armée prussienne d'une aura d’invincibilité, du moins
jusqu’au début du XIX° siècle. Ce prestige militaire permit à la Prusse de
s’affirmer en tant que puissance européenne de premier plan.
L’Autriche, bien que
n’étant pas parvenue à récupérer la Silésie, remporta néanmoins plusieurs
combats contre la Prusse au cours de la guerre (en outre, le conflit n’eut
pas lieu sur son territoire.). Ces batailles victorieuses redonnèrent
confiance à Marie Thérèse, l’archiduchesse d’Autriche. Cette dernière lança
plusieurs réformes au cours des années qui suivirent.
[1]
Nous verrons au cours du point suivant dans quelle mesure le roi
d’Angleterre était préoccupé par le sort de l’Allemagne.
[2]
Frédéric II, résolument francophile, avait accueilli Voltaire à
Postdam, lorsque ce dernier avait été contraint de quitter la France
sous la pression du parti dévot.
[3]
Cette supériorité maritime s’était établie en août 1588, suite à la
victoire anglaise face à l’invincible armada du roi d’Espagne
Philippe II. Pour en savoir plus à ce sujet, voir le d), 4,
section V, chapitre cinquième, les Valois Angoulême.
[4]
L’armée prussienne fut entourée d’une aura d’invincibilité jusqu’à
la fin du XVIII° siècle.
[5]
L’Impératrice Catherine I°, mère d’Elisabeth, proposa que sa fille
épouse Louis XV. Toutefois, le cardinal de Fleury refusa, ne
souhaitant pas s’allier avec la Russie.
[6]
A noter que le duc de Richelieu était un arrière petit neveu du cardinal de
Richelieu, principal ministre de Louis XIII.
[7]
Pour en savoir plus sur la guerre de succession d’Espagne,
cliquez ici.
[8]
Charles de Rohan était un favori de la marquise de Pompadour.
[9]
Les irréguliers étaient des colons qui avaient décidé de prendre les
armes.
[10]
Charles Alexandre de Lorraine était le frère de l’Empereur
germanique François I°.
[11]
Le feld-maréchal (feldmarschall en allemand.) était
l’équivalent du maréchal de France.
[12]
Ce n’est qu’à la fin du XVIII° siècle, en 1784, que le roi
d’Angleterre décida de séparer le gouvernement des territoires en
Indes (qui revint à la couronne.) et l’activité commerciale (qui
revint à la Compagnie.).
[13]
Pour en savoir plus Colbert, voir le 3, section IV, chapitre
troisième, les Bourbons.
[14]
Le titre de nabab était généralement accordé aux rois indiens ou
pakistanais.
[15]
Dupleix vécut à Paris dans la misère, et mourut en novembre 1763.
[16]
Les cipayes étaient des indiens servant au sein de l’armée
occidentale.
[17]
Rappelons que Frédéric II, bien que roi de Prusse, était aussi
margrave de Brandebourg.
[18]
Charles de Bourbon-Condé était le frère cadet de Louis IV de
Bourbon-Condé, principal ministre de Louis XV lors des premières
années de règne de ce dernier. Pour en savoir plus à ce sujet, voir
le 1, section II, chapitre quatrième, les Bourbons.
[19]
L’on peut se demander pourquoi un fort d’une telle importance
stratégique fut il si peu protégé ?
[20]
Cette forteresse fut baptisée ainsi, en l’honneur de William Pitt,
premier ministre du roi d’Angleterre.
[21]
Ce dernier était le fils de François Marie, duc de Broglie, qui
avait participé à la guerre de succession de Pologne.
[22]
A noter que Charles III avait été duc de Parme et roi des Deux
Siciles.
[23]
Vandavasi était un village se troiuvant non loin de Pondichéry.
[24]
Paul III, avant son accession au trône, fut soupçonné d’avoir livré
aux Prussiens les plans de guerre de l’armée russe.
[25]
La première bataille de Lutzelberg, en octobre 1758, avait donné la
victoire aux français.
[26]
A noter que l’Empire colonial anglais, bien qu’ayant évolué sur la
forme au cours des siècles, existe encore de nos jours. C’est ce que
l’on appelle le Commonwealth of Nations, regroupant les Etats
ayant autrefois été des colonies anglaises.