I : La XVIII°
dynastie (XVI° siècle à XIII° siècle avant Jésus Christ)
A la fin de la seconde période
intermédiaire, l’Egypte sortait d’une période troublée qui avait duré près
de trois siècles (la première période intermédiaire, pour comparaison,
n’avait duré qu’une centaine d’années.).
Bien que les Egyptiens de l’Antiquité considéraient l’Ancien Empire comme la
plus glorieuse époque qu’ils aient connu, le Nouvel Empire reste toutefois
considéré par les égyptologues comme l’apogée de l’Egypte.
En
effet, c’est à cette époque que le pays s’ouvrit véritablement sur le monde
extérieur, devenant de ce fait une puissance mondiale de premier plan. Par
ailleurs, c’est à cette époque que furent érigés des monuments tels que le
temple d’Abou Simbel, le temple de Louxor et le Ramesseum, signes
ostentatoires d’une véritable activité créatrice.
C’est à cette époque que le culte d’Amon prit une importance de premier
plan, cette divinité étant associée à la famille royale.
Par ailleurs, cette période est celle qui nous est le mieux connue, de par
la profusion des différentes sources antiques.
1° Ahmosis I° (vers 1550 à 1525 avant Jésus Christ) – Ahmosis I°, fils de Seqenenrê Taa II et de son épouse
Ahhotep, fut couronné suite à la mort de son frère (?) Kamosé[1].
Toutefois, le nouveau souverain étant encore trop jeune pour gouverner, un
conseil de régence fut mis en place par Ahhotep (à noter que ce souverain
est souvent désigné par son nom grec. Son nom de Sa Râ, Iâhmes,
signifie « né de la lune. »).
Ahmosis I° enfant, musée du Louvre, Paris.
Au
début du règne d’Ahmosis I°, l’Egypte était encore divisée en plusieurs
territoires autonomes : les Hyksos régnant sur Avaris, au nord est du pays
(XV° dynastie.), leurs créatures régnant sur la moitié nord de l’Egypte
(XVI° dynastie.), et les princes nubiens se faisaient toujours menaçants à
l’extrémité sud du pays, alliés aux Hyksos. De ce fait, Ahmosis ne régnait
que sur Thèbes et la Haute Egypte.
Toutefois, ce dernier sut profiter des acquis légués par ses prédécesseurs,
qui avaient lancé plusieurs raids contre les Hyksos et leurs alliés au cours
des années précédentes.
En
effet, quand il se sentit suffisamment puissant, Ahmosis I° décida de se
lancer dans une nouvelle expédition contre Khamdi, le dernier roi
hyksos (ce dernier prit le nom d’Akenenrê suite à son couronnement,
mais les auteurs grecs de l’Antiquité le nommèrent Archlès ou
Assis.).
Vers 1550 avant Jésus Christ, Ahmosis I° marcha donc sur le delta du Nil,
utilisant chevaux et chars de combat (une technologie qui avait été apporté
par les Hyksos au cours des précédentes décennies.). S’emparant au passage
les cités de Memphis et d’Héliopolis, Ahmosis I° assiégea Avaris, capitale
des Hyksos, et mit ses adversaires en déroute. Ses derniers se réfugièrent
alors en Palestine, dans la cité fortifiée de Sharouhen, qu’Ahmosis
décida ainsi d’attaquer. La cité aurait résisté pendant trois années avant
de capituler (à noter que nous n’avons que peu de détails sur la fin de
règne de Khamdi, qui aurait vraisemblablement régné encore quelques années
suite à la chute d’Avaris.).
Victorieux, Ahmosis I° eut dès lors les mains libres, et put librement se
retourner contre les Nubiens, alliés traditionnels des Hyksos.
Ces derniers, reculant au delà de la deuxième cataracte, furent finalement
écrasés par les Egyptiens, qui rétablirent ainsi leur domination sur la
Nubie (il restaura alors la forteresse de Buhen[2],
faisant de cette dernière un important pôle administratif.).
A
noter toutefois que la prise de pouvoir d’Ahmosis I° ne fit pas que des
heureux, car le pharaon dut mater deux insurrections suite à sa campagne de
Nubie.
La
première fut menée par un Nubien, Aata, qui fut rapidement vaincu. La
seconde éclata en Nubie, menée par Tetian, un Egyptien hostile à la
domination de Thébains. Toutefois, ce dernier fut aussi rapidement écrasé
que son prédécesseur.
Ahmosis I°, parvenant à réunifier l’Egypte, épousa alors sa sœur (?)
Ahmes Nefertary, fondant ainsi la XVIII° dynastie, et donnant naissance
au Nouvel Empire.
Fragment de relief à l'effigie d'Ahmes Nefertary, musée du Louvre, Paris.
Suite à sa victoire contre les Hyksos et les Nubiens, ce souverain remplaça
les nomarques par des proches qui l’avaient soutenu au cours de la guerre,
relança l’exploitation des carrières de pierres précieuses, et fit ériger
plusieurs monuments (palais à Avaris (possédant des fresques grecques.),
cénotaphe en l’honneur de sa grand-mère Tétishéri à Abydos[3],
restauration et agrandissement du temple d’Amon à Karnak, etc.). A noter
qu’à cette époque, les artistes imitaient encore le style du Moyen Empire,
vraisemblablement par nostalgie.
Fresque représentant Ahmosis I° faisant une offrande au dieu Montou, British
Museum, Londres.
Après un règne de 25 années, selon Manéthon, Ahmosis se fit inhumer dans la
pyramide (?) qu’il avait fait construire, située à Abydos. A noter toutefois
que certains égyptologues pensent que la « pyramide » d’Ahmosis I° ne serait
qu’un simple cénotaphe, et que le pharaon aurait préféré être inhumé dans la
nécropole de Dra Abou el Naga, à l’instar de ses prédécesseurs.
A
noter que la momie de ce souverain fut retrouvée dans la « cachette royale »
de Deir el Bahari[4].
De
son union avec Ahmes Nefertary, Ahmosis I° eut deux fils et une fille.
Toutefois, Ahmose Ankh, l’aîné, mourut en bas âge. De ce fait, le
trône échut à son frère Amenhotep I°, qui épousa alors sa sœur
Ahmose Meritamon.
Statuette à l'effigie d'Ahmes Nefertary, vers
1000 avant Jésus Christ (troisième période intermédiaire.), musée du Louvre, Paris
(à gauche) ; statue à l'effigie d'Ahmose Meritamon, British Museum, Londres (à
droite).
2° Amenhotep I° (vers 1520 à 1500 avant Jésus
Christ) – Comme nous venons de le voir, ce fut Amenhotep I° qui
s’empara du pouvoir suite à la mort de son père (son nom de Sa Râ signifie
« Amon est satisfait. »). A noter par ailleurs que ce souverain est aussi
connu sous le nom grec d’Aménophis.
Statuette présumée d'Amenhotep I°, XIII°
siècle avant Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.
Amenhotep I° lança une expédition en Nubie, soucieux de s’assurer du
contrôle de ce territoire, s’appuyant sur la forteresse de Bouhen (il
progressa vraisemblablement jusqu’à la deuxième cataracte.).
Par contre, la politique d’Amenhotep I° vis-à-vis de la Syrie nous est
aujourd’hui très méconnue, en raison des sources lacunaires dont nous
disposons. En effet, nous ignorons si ce pharaon se lança dans de nouvelles
expéditions, ou bien s’il préféra se reposer sur les acquis légués par son
prédécesseur.
L'Egypte et les royaumes d'Asie (fin du XVI° siècle avant Jésus Christ).
Amenhotep I°, à l’instar de son père, profita de la stabilité retrouvée pour
se lancer dans une politique de grands travaux, érigeant ou restaurant des
monuments plus anciens.
Fragment d'un linteau de porte de temple au nom d'Amenhotep I°, musée du
Louvre, Paris.
Ce
souverain fut le premier à séparer son temple funéraire
de son tombeau. A sa mort, Amenhotep I° fut vraisemblablement inhumé dans la
nécropole de Dra Abou el Naga, bien que sa tombe n’ait pas été formellement
identifiée par les égyptologues. Le temple funéraire de ce pharaon, par
contre, fut vraisemblablement érigé à Deir el Bahari.
Toutefois, la momie d’Amenhotep I° fut retirée de son tombeau quelques
centaines d’années plus tard, et installée dans la « cachette royale » de
Deir el Bahari (que nous avons évoquée au point précédent.).
A
noter enfin que ce souverain fut rapidement divinisé, à l’instar de sa mère
Ahmes Nefertary.
Amenhotep divinisé, XII° siècle avant Jésus
Christ, Neues museum, Berlin (à gauche) ; Ahmes Nefertary divinisée, vers 1150
avant Jésus Christ, Neues museum, Berlin (à droite).
3° Thoutmosis I° (vers 1500 à 1490 avant Jésus
Christ) – A sa mort, Amenhotep I° ne laissait pas d’héritiers mâles.
C’est ainsi que sa fille Ahmes (qui était peut être sa sœur.) épousa
Thoutmosis I° (à noter que ce pharaon nous est connu sous son nom
grec, son nom de Sa Râ étant Djehoutymes I.).
Tête colossale de Thoutmosis I°, British Museum, Londres.
Nous ne savons aujourd’hui pas quelles étaient les origines de Thoutmosis
I°. En effet, nous ne connaissons pas l’identité de son père (il s’agissait
sans doute d’un militaire.), et nous ignorons le statut social de sa mère,
Seniseneb (sa famille était elle d’origine aristocratique ou pas ?).
A
noter toutefois que le nouveau pharaon était déjà âgé, ayant eu plusieurs
enfants avec son épouse.
Thoutmosis I°, dès le début de son règne, fut confronté à une insurrection
en Nubie. Le pharaon se rendit alors à l’encontre des insurgés, et les
écrasa sans trop de difficultés.
Puis, vers 1497 avant Jésus Christ, Thoutmosis I° se lança dans une seconde
expédition contre la Nubie. A la tête d’une puissante armée, il progressa
jusqu’à la quatrième cataracte, une limite jamais atteinte auparavant.
Par ailleurs, afin de mettre fin à toute velléité d’autonomie, ce pharaon
créa la charge de « vice-roi de Koush », nommant à ce poste un de ses
proches, nommé Turi.
Puis, peu de temps après, Thoutmosis I° décida de se retourner contre la
Syrie. Profitant (peut être ?) des acquis légués par son prédécesseur, le
pharaon progressa jusqu’au nord du pays, pénétrant dans le royaume de
Mitanni (cet Etat se trouvait approximativement au sud de l’actuelle
Turquie.).
L’objectif de Thoutmosis I° était de se venger des envahisseurs asiatiques,
responsables de la deuxième période intermédiaire, en portant la guerre sur
leur propre sol.
Peut être progressa il jusqu’au pays de l’eau qui coule à l’envers,
l’Euphrate, dont le cours est orienté en sens inverse de celui du Nil.
Thoutmosis I°, à l’instar de ses prédécesseurs, se lança dans une politique
de grands travaux, rénovant et agrandissant le temple de Karnak, situé non
loin de Thèbes.
A
sa mort, ce souverain fut le premier à être enterré dans la vallée des rois,
située non loin de Thèbes. Furent enterrés à cet endroit de nombreux
pharaons des XVIII°, XIX° et XX° dynasties, ainsi que des épouses royales,
des princes, ainsi que des hauts dignitaires.
La
momie de ce souverain fut quant à elle placée dans la « cachette royale » de
Deir el Bahari (que nous avons évoquée précédemment.).
A
noter par ailleurs que ni la tombe de Thoutmosis I°, ni son temple
funéraire, n’ont put être formellement identifiée par les égyptologues.
4° Thoutmosis II (vers 1490 à 1480 avant Jésus Christ) –
Thoutmosis I°, à sa mort, avait déjà enterré deux fils (Amenmosé et
Ouadjmosé) et une fille (Neferoubity.), issus de son union
avec son épouse Ahmosé.
C’est ainsi que Thoutmosis II parvint à prendre le pouvoir, fils de
Thoutmosis I° et de sa seconde épouse Moutnofret I°. Par ailleurs, le
nouveau pharaon épousa sa demi-sœur Hatchepsout, fille de Thoutmosis
I° et de sa première épouse Ahmosé (l’objectif était de sécuriser l’avenir
de la dynastie, Thoutmosis II n’étant qu’un prince mineur.).
A
noter que ce pharaon nous est connu sous son nom grec, son nom de Sa Râ
étant Djehoutymes II.
Thoutmosis II eut un règne plus méconnu que celui de ses prédécesseurs.
Les sources attestent qu’il lança une expédition vers le pays de Koush, afin
de mater une insurrection qui avait éclaté. Ce pharaon aurait aussi dut
aussi intervenir en Syrie, le pays s’étant lui aussi révolté (à noter que
Thoutmosis II, de santé fragile, ne participa vraisemblablement pas à ces
expéditions.). Malgré ces révoltes, l’Egypte parvint à garder le contrôle de
la Nubie et de la Palestine.
Dans le domaine des arts, ce souverain participa à l’embellissement du
temple de Karnak, et érigea quelques monuments.
Thoutmosis II faisant offrande aux dieux, vers 1480 avant Jésus Christ,
Neues museum, Berlin.
Toutefois, Thoutmosis II mourut de façon précoce, âgé d’une vingtaine
d’années, ayant régné à peine dix ans.
Il
n’eut pas le temps d’achever son temple funéraire, et nous ne savons pas
aujourd’hui où se trouve sa tombe.
Sa
momie, à l’instar de celle de ses prédécesseurs, fut installée dans la
« cachette royale » de Deir el Bahari quelques centaines d’années plus tard.
4° Hatchepsout (vers 1480 à 1460 avant Jésus
Christ) – Suite à la disparition de Thoutmosis II, le trône échut à
Thoutmosis III, fils que le défunt pharaon avait eu avec sa seconde
épouse Iset.
Toutefois, en raison de son jeune âge, il fut décidé de mettre en place une
régence, dirigée par sa tante Hatchepsout (son nom de Sa Râ signifie « la
première des nobles dames. »).
Statue agenouillée d'Hatchepsout, vers 1475 avant Jésus Christ, Neues museum,
Berlin.
Faisant ériger son temple à Deir el Bahari, non loin de celui de
Montouhotep II[5],
elle prit officiellement le titre de pharaon en l’an sept du règne de son
neveu.
Temple d'Hatchepsout, Deir el Bahari, Egypte.
Soutenue par le clergé d’Amon, Hatchepsout décida de se faire
représenter en homme, arborant les attributs de pharaon (barbe postiche,
fouet, crosse, double couronne, etc.).
Statue à l'effigie d'Hatchepsout, temple d'Hatchepsout, Deir el Bahari,
Egypte.
Hatchepsout fut ainsi la seconde femme, dont l’existence est clairement
attestée, à avoir porté le titre de pharaon[6].
S’appuyant sur son favori Senenmout (qui fut le précepteur de
Néférourê, fille de la reine.), Hatchepsout eut vraisemblablement un règne
pacifique, multipliant les relations commerciales avec les pays voisins de
l’Egypte (Pays de Pount, Syrie, etc.) et menant des expéditions dans le
Sinaï afin d’y exploiter les gisements de pierres précieuses.
Statue à l'effigie de Senenmout, protégeant la jeune Néférourê, British
Museum, Londres.
Récit d'une expédition vers le pays de Pount, temple d'Hapchesout, Deir el
Bahari, Egypte.
Elle embellit ainsi le temple de Karnak et fit ériger plusieurs monuments
(dont son temple funéraire, cité plus haut.), à l’instar de ses
prédécesseurs.
Temple de Karnak, Egypte.
A
noter toutefois que certains égyptologues pensent qu’Hatchepsout aurait mené
de victorieuses expéditions militaires en Syrie, au début de son règne, bien
que les sources dont nous disposons restent muettes à ce sujet.
La
reine dut toutefois mener une expédition punitive contre la Nubie, au-delà
de la deuxième cataracte, où les indigènes s’étaient révoltés.
Hatchepsout régna pendant une vingtaine d’années, puis mourut vers 1460
avant Jésus, âgée d’une cinquantaine d’années. Elle fut alors inhumée dans
son tombeau, creusé dans la vallée des rois.
Sa
momie y fut retrouvée par l’égyptologue Howard Carter en 1903, mais
les égyptologues ne parvinrent pas à l’identifier. Restée anonyme pendant
plus de cent ans, ce n’est qu’au début du XXI° siècle que des chercheurs,
grâce à des tests ADN, identifièrent finalement la momie comme étant celle
de la reine Hatchepsout.
A
noter que nos connaissances sur ce pharaon sont aujourd’hui lacunaires, car
ses successeurs, Thoutmosis III le premier, grattèrent les cartouches
contenant le nom d’Hatchepsout, détruisirent ses statues, et s’approprièrent
les monuments qu’elle avait érigés.
Stèle d'Hatchepsout et de Thoutmosis III, vers 1460 avant Jésus Christ,
musée du Vatican, Rome.
5° Thoutmosis III (vers 1460 à 1430 avant Jésus
Christ) – Thoutmosis III, dès la mort de sa tante Hatchepsout, s’empara
finalement d’un pouvoir qui aurait du lui échoir vingt années auparavant (à
noter que le nom de Sa Râ de ce souverain était Djehoutymes III, ce
qui signifie « né de Thot. » Thoutmosis est en effet le nom que les auteurs
grecs lui donnèrent.).
Tête de Thoutmosis III (ou d'Hatchepsout ?), vers 1460 avant Jésus Christ,
Neues museum, Berlin.
Le
règne de ce souverain nous est aujourd’hui connu pour l’ampleur de ses
expéditions militaires, Thoutmosis III étant vraisemblablement le pharaon
ayant le plus agrandi les frontières de l’Egypte. Faisant de son pays la
première puissance mondiale de l’époque, Thoutmosis III fut ainsi surnommé
le Napoléon de l’Egypte.
Relief à l'effigie de Thoutmosis III, musée du Louvre, Paris.
a)
Les campagnes au Proche Orient : suite au décès d’Hatchepsout, les
princes de Syrie décidèrent de se révolter, ayant fourbi leurs armes au
cours du règne de la défunte reine (cette dernière avait eu une politique
vraisemblablement pacifiste.). Le roi de Qadesh, vassal du royaume de
Mitanni[7],
décida alors de se placer à la tête des coalisés.
Désireux de rétablir son autorité sur cette région, Thoutmosis III leva une
armée de 10 000 hommes, et marcha sur la cité de Megiddo, où s’étaient
installés les insurgés.
Le
pharaon, afin de se rendre à destination le plus rapidement possible, fit
passer ses troupes dans un étroit défilé. Les insurgés auraient pu profiter
de cette erreur stratégique de Thoutmosis III et leur causer de grosses
pertes, mais ils ne bougèrent pas, installés non loin des portes de la
ville.
Arrivant finalement sous les murs de la cité, les deux belligérants
s’affrontèrent au cours de la bataille de Megiddo, qui donna la
victoire aux Egyptiens. Vaincus, les insurgés durent se réfugier dans la
forteresse en toute hâte.
Finalement, Megiddo tomba entre les mains des Egyptiens après sept mois de
siège.
Suite à la prise de la cité, les princes syriens décidèrent de prêter
hommage à Thoutmosis III, qui en profita pour prendre leur fils en otage,
afin de s’assurer de la fidélité des insurgés repentis.
Au
cours de ses trois campagnes suivantes, Thoutmosis III se rendit au Proche
Orient afin de s’assurer de l’hommage des cités se trouvant dans cette zone.
Toutefois, la domination égyptienne fut mal acceptée par les princes
syriens, et Thoutmosis III lança trois nouvelles campagnes contre eux afin
de s’assurer de leur obéissance, s’emparant de nombreux nouveaux otages.
Progressant toujours plus vers le nord du Proche Orient, et à l’est jusqu’à
l’Euphrate, le pharaon se retrouva finalement directement confronté au
royaume de Mitanni.
Dans un premier temps, Thoutmosis III parvint à s’emparer de la région de
Karkemish, une zone se trouvant au sud du royaume de Mitanni, mettant en
déroute ses adversaires (ces derniers furent alors contraints de lui verser
un tribut.).
Les dernières campagnes de Thoutmosis III sont méconnues, et semble être de
moindre importance. En effet, ce dernier fut vraisemblablement contraint de
réprimer quelques insurrections sporadiques (il lutta sans doute contre des
nomades.), tentant de pacifier l’ouest de l’Euphrate, une région récemment
conquise.
A
noter que Thoutmosis III dut une dernière fois s’attaquer aux Mitanniens,
non loin de la cité de Kadesh, ces derniers tentant d’inciter à la révolte
les principautés de Syrie. Au final, l’affrontement tourna une nouvelle fois
à l’avantage des Egyptiens.
Aujourd’hui, les égyptologues considèrent que Thoutmosis III lança près
d’une quinzaine de campagnes contre le Proche Orient, et les sources de
l’époque affirment que ce pharaon se serait emparé de 350 cités.
Annales de Thoutmosis III (il s'agit en fait du récit, fait année par
année, du déroulement de la campagne de Thoutmosis III au Proche Orient, de
la comptabilité du butin rapporté, et de la comptabilité des tributs
"offerts" par les cités du Proche Orient et de Nubie.), musée du Louvre,
Egypte.
A
noter toutefois que malgré les efforts de Thoutmosis III et de ses
successeurs, la domination égyptienne sur le Proche Orient ne fut jamais
bien solide…
b)
La campagne de Nubie : ce fut à la fin de son règne que Thoutmosis III
décida de lancer une expédition militaire contre la Nubie. Rassemblant sous
ses ordres une armée de plusieurs milliers d’hommes, ce souverain progressa
au delà de la quatrième cataracte, une zone jamais explorée jusqu’alors. En
outre, le pays de Koush (se trouvant approximativement sur la partie
nilotique du Soudan.) accepta la tutelle égyptienne.
Statue à l'effigie de Thoutmosis III (ou d'Amenhotep II ?), British Museum,
Londres (à noter que les noms de Ramsès II et de Mérenptah ont été gravés
sur la ceinture et le buste de la statue).
A
noter que les campagnes menées par ce pharaon eurent un retentissement très
important dans les Etats avoisinants. Impressionnés par ces multiples
démonstrations de force, de nombreux royaumes envoyèrent des présents à la
cour de Thoutmosis III, en guise d’hommage ou d’amitié.
L'Egypte sous le règne de Thoutmosis III
(XV° siècle avant Jésus Christ).
c)
Thoutmosis III, roi bâtisseur : grâce à ses multiples conquêtes, les
Egyptiens virent arriver dans leur pays des monceaux de richesses (vin,
huile, chevaux, pierres précieuses et blé d’Asie ; or, ivoire et ébène de
Nubie ; encens et myrrhe du pays de Pount, esclaves, peaux, vases crétois,
etc.).
Voyage en bateau du pharaon et de la Cour, vers 1450 avant Jésus Christ,
Neues museum, Berlin.
Profitant de ses richesses, Thoutmosis III décida de remplacer les temples
en brique du Moyen Empire par des temples en pierre. Se faisant, il fit
embellir le temple d’Amon à Karnak, érigea le temple de Sobek à Kom Ombo, le
temple de Montou à Hermonthis, etc.
Le temple de Kom Ombo, Egypte.
A
noter par ailleurs que Thoutmosis III, n’hésita pas à effacer les cartouches
contenant le nom de sa tante Hatchepsout, mettant le sien à la place. De ce
fait, statues et monuments érigés par la défunte reine furent appropriés par
Thoutmosis III[8].
Tête de Thoutmosis III (ou d'Hatchepsout
?), musée du Louvre, Paris.
Thoutmosis III mourut dans sa 53° année de règne, vers 1430 avant Jésus
Christ, et fut inhumé dans sa tombe de la vallée des rois.
La chambre des ancêtres (il s'agit en fait d'une liste de pharaons ayant
régné sur l'Egypte, de la II° à la XVIII° dynastie. A noter toutefois que
cette liste est sujette à caution : en effet, de nombreux rois ne sont pas
cités, et leur ordre chronologique n'est pas parfaitement respecté.), musée
du Louvre, Paris.
A
noter que sa momie, ainsi que celle de ses prédécesseurs, fut retrouvée dans
la « cachette royale » de Deir el Bahari.
6° Amenhotep II (vers 1430 à 1400 avant Jésus
Christ) – Au cours de sa vie, Thoutmosis III avait eut quatre épouses :
Sitiah et Merytrê Hatchepsout, qui étaient des épouses
royales, ainsi que deux concubines, Nebetou et Neferourê
(cette dernière était la fille de Hatchepsout.).
Tête d'Amenhotep II, musée du Louvre, Paris.
Amenhotep II (son nom de Sa Râ signifie « Amon est satisfait. »),
fils de Merytrê Hatchepsout, fut nommé corégent par son père quelques années
avant la mort de ce dernier. Puis, lorsque Thoutmosis III disparut,
Amenhotep II monta sur le trône.
A
noter par ailleurs que ce souverain est aussi connu sous le nom grec d’Aménophis
II.
Doté d’une grande force physique, le nouveau pharaon entama son règne en
lançant une campagne contre le Proche Orient, progressant jusqu’aux
alentours de la cité de Qadesh. Les princes syriens qui s’étaient révoltés
furent sévèrement punis : les meneurs furent capturés et exécutés pour
l’exemple.
Par la suite, vers 1420 avant Jésus Christ, Amenhotep II retourna une
nouvelle fois au Proche Orient, les princes syriens s’étant révoltés une
fois de plus (sans doute influencés par les émissaires du Mitanni.). Les
Egyptiens progressèrent ainsi jusqu’à Megiddo, au cœur de la révolte,
pillant et saccageant la région.
Amenhotep II remplaça alors le prince de Megiddo par un de ses fidèles et
rentra en Egypte.
Apprenant la victoire du pharaon, les souverains des Etats avoisinants
(Mitanni, Babylone[9],
etc.) envoyèrent de nombreux présents à ce dernier.
Buste d'Amenhotep II, vers 1425 avant
Jésus Christ, Neues museum, Berlin.
A
cette époque, l’Egypte connaissait une prospérité jamais atteinte jusqu’ici,
de par ses conquêtes et les tributs que lui envoyaient les principautés
soumises. Toutefois, cette fortune profita en grande partie au clergé et à
l’armée, deux organisations ayant pris une place prépondérante en Egypte
depuis plusieurs décennies.
C’est aussi à cette époque que le pays commença à se transformer, suite à
l’arrivée de nombreux travailleurs, de concubines, et d’esclaves d’origine
asiatique. La mode sémitique se répandit en Egypte, et l’écriture cunéiforme
commença à s’y développer.
A
noter toutefois qu’Amenhotep II, contrairement à ses prédécesseurs, ne resta
pas dans les annales comme un roi bâtisseur. En effet, ce dernier se
contenta d’achever les travaux démarrés sous le règne de son prédécesseur,
érigeant des édifices de moindre importance. Toutefois, certains
égyptologues pensent que ce souverain fut victime des agissements de ses
successeurs, qui s’approprièrent des monuments érigés sous le règne
d’Amenhotep II.
Stèle représentant Amenhotep II, faisant une offrande aux dieux
d'Eléphantine (Khnoum, Satet et Anouket.), musée du Louvre, Egypte.
A
sa mort, vers 1400 avant Jésus Christ, ce pharaon fut inhumé dans la vallée
des rois. C’est là que sa momie, de très grande taille, fut retrouvée en
1898.
7° Thoutmosis IV (vers 1400 à 1390 avant Jésus
Christ) – Amenhotep II, au cours de sa vie, avait eut plusieurs
épouses, dont les noms nous sont inconnus pour la plupart.
Suite à son décès, ce fut Thoutmosis IV, né de son union avec son
épouse Tiaa, qui monta sur le trône.
Tête de roi, sans doute Thoutmosis IV, musée du Louvre, Egypte.
A
noter toutefois que les sources lacunaires dont nous disposons ne nous
permettent pas aujourd’hui de savoir si Thoutmosis IV était le prince
légitime ou bien s’il usurpa le trône à un de ses demi-frères.
A
noter que ce pharaon nous est connu sous son nom grec, son nom de Sa Râ
étant Djehoutymes IV.).
Le
règne de Thoutmosis IV, qui dura moins d’une dizaine d’années, nous est assez
méconnu. Dans un premier temps, il lança vraisemblablement une expédition
contre le Proche Orient, faisant la paix avec Artatama I°, roi du
Mitanni (Thoutmosis IV épousa alors une de ses filles, dont il fit sa
quatrième épouse.).
Statue de Thoutmosis IV, musée du Louvre, Egypte.
Les zones d’influences au Proche Orient commencèrent à se dessiner, l’Egypte
contrôlant la Palestine, et le Mitanni recevant la Syrie.
A
noter que cette paix, outre mettre fin à une guerre dévastatrice entre les
deux pays, était surtout utile au Mitanni afin de mieux pouvoir se défendre
contre les Hittites, un peuple se situant en Anatolie (ces derniers
avaient déjà commencé à ronger la frontière nord du Mitanni.).
L'Egypte et les royaumes d'Asie (début du XIV° siècle avant Jésus Christ).
A
noter que Thoutmosis IV intervint aussi en Nubie, sans doute pour mater une
révolte. Les insurgés furent rapidement vaincus et le pharaon ne tarda guère
à rentrer en Egypte.
Tête de Thoutmosis IV, musée du Louvre, Paris.
Thoutmosis IV, de par la brièveté de son règne, ne laissa que peu de
monuments à sa mort. Il fit faire quelques embellissements et érigea
quelques stèles et colonnes (à noter que ses successeurs démontèrent ou
s’approprièrent certains des édifices que Thoutmosis IV fit ériger.).
Le dieu Amon (à droite.) embrasse Thoutmosis IV, musée du Louvre, Paris.
A
sa mort, ce pharaon fut inhumé dans sa tombe de la vallée des rois, à
l’instar de ses prédécesseurs.
Sa
momie fut découverte en 1898 dans la tombe d’Amenhotep II, où avaient été
entreposées plusieurs momies de souverains des XVIII°, XIX° et XX° dynasties
(la momie de Thoutmosis IV, après examen, révéla que ce souverain mourut des
suites d’une grave maladie.).
7° Amenhotep III (vers 1390 à 1350 avant Jésus
Christ) – Suite à la disparition de Thoutmosis IV, ce fut Amenhotep
III, un fils qu’il avait eu avec sa troisième épouse Moutemouia,
qui monta sur le trône (à noter que Iaret et Nefertari,
première et seconde épouses de Thoutmosis IV, ne lui donnèrent
vraisemblablement pas d’enfants.).
Tête colossale d'Amenhotep III, British Museum, Londres.
A
noter par ailleurs que ce souverain est aussi connu sous le nom grec d’Aménophis
III.
A
la mort de son père, Amenhotep III était trop jeune pour régner, et sa mère
Moutemouia exerça alors la régence. Le pays étant alors en paix, le pouvoir
du nouveau pharaon ne fut guère contesté, que se soit en Egypte ou dans les
pays conquis.
Statue à l'effigie d'Amenhotep III, British Museum, Londres.
Puis, lorsqu’il fut en âge de gouverner, Amenhotep III s’empara finalement
du pouvoir.
Ce
souverain, préférant négocier plutôt que guerroyer[10],
multiplia les mariages diplomatiques afin de s’assurer de la fidélité de ses
alliés.
Marié à Tiyi (fille de Youya, prêtre de Min.), Amenhotep III
épousa Giloukhepa (fille de Shuttarna II, roi de Mitanni.),
une sœur du roi de Babylone, Tarhoundaradou (fille du roi d’Arzawa[11].),
Tadu Hebat (une fille de Tushratta, nouveau roi du Mitanni.),
une fille (ou sœur) du souverain de Babylone, et enfin Iset et
Satamon (les filles que le pharaon avait eu avec son épouse Tiyi.).
Tête de la reine Tiyi, vers 1355 avant
Jésus Christ, Neues museum, Berlin (à gauche) ; fragment de statuette à l'effigie
d'Amenhotep III (à gauche.) et de la reine Tiyi, musée du Louvre, Paris (à
droite).
Toutefois, bien qu’ayant passé de nombreuses années à nouer de nombreuses
relations diplomatiques avec les Etats voisins de l’Egypte, Amenhotep III
eut une fin de règne particulièrement immobiliste.
Lettre de Tushratta, roi du Mittani (à gauche), lettre du prince de
Jérusalem à Amenhotep III (à droite), XIV° siècle avant Jésus Christ,,
Pergamon museum, Berlin.
En
effet, le royaume d’Arzawa et de Mitanni, alors attaqué par les Hittites
(qui s’étaient installés en Asie mineure depuis quelques années.),
appelèrent Amenhotep III à l’aide, mais ce dernier ne bougea pas.
Scènes de vie d'un camp militaire, vers
1340 avant Jésus Christ, Neues museum, Berlin.
Les princes syriens, regroupés autour de Qadesh, décidèrent alors de former
une principauté indépendante afin de mieux se défendre contre les Hittites.
Une fois de plus, le pharaon décida de ne pas intervenir, léguant à son
successeur une situation diplomatique particulièrement difficile.
Amenhotep III, vers 1360 avant Jésus
Christ, Neues museum, Berlin.
Amenhotep III fut un pharaon bâtisseur, construisant le temple de Louxor,
qui vint agrandir considérablement le complexe de Karnak. Ce pharaon fit
aussi ériger les colosses de Memnon, derniers vestiges de son temple
funéraire.
Les colosses de Memnon.
Têtes colossales d'Amenhotep III (elles
se trouvaient à l'origine à l'entrée de son temple funéraire.), British
Museum, Londres.
D’un point de vue religieux, ce souverain donna une place de premier plan au
dieu solaire Aton, à une époque ou de nombreuses divinités asiatiques furent
importées en Egypte.
A
sa mort, vers 1350 avant Jésus Christ, Amenhotep III fut inhumé dans sa
tombe de la vallée des rois.
A noter que la
momie de ce souverain, au début du premier millénaire avant Jésus Christ,
fut déplacée dans la tombe d’Amenhotep II. Cette dernière, plus sûre, fut la
tombe la moins endommagée par les pillards, derrière celle de Toutankhamon.
Serviteur funéraire d'Amenhotep III, musée du Louvre, Paris (un serviteur
funéraire était une statuette à l'effigie du mort, déposée dans sa tombe
pour accomplir à sa place les corvées à accomplir dans le royaume
d'Osiris.).
8° Amenhotep IV/Akhenaton (vers 1350 à 1335
avant Jésus Christ) – Fils d’Amenhotep III et de son épouse Tiyi, le
jeune Amenhotep IV fut vraisemblablement nommé corégent quelques
années avant la mort de son père.
Buste d'Amenhotep IV, musée du Louvre, Paris.
A
noter par ailleurs que ce souverain est aussi connu sous le nom grec d’Aménophis
IV.
Scarabée au nom d'Amenhotep IV.
a)
Les premières années de règne : dès les premières années de son règne,
le nouveau pharaon épousa Néfertiti (son nom signifie « la belle est
venue. »), une femme dont les origines nous sont inconnues (certains
égyptologues pensent cependant qu’elle serait originaire du Mitanni, de par
la signification de son nom.
Statuette représentant Amenhotep IV et
Néfertiti, musée du Louvre, Egypte.
Peut être ne ferait elle qu’une avec Tadu
Hebat, veuve d’Aménophis III et fille de Tushratta, roi du Mitanni.).
Buste de Néfertiti, Agyptisches Museum, Berlin.
Amenhotep IV, au début de son règne, se contenta de poursuivre la politique
de son père, faisant ériger temples et colonnes. C’est à cette époque que se
développa le culte d’Aton (qui avait déjà pris de l’importance sous
Amenhotep III.) et l’art amarnien[12].
Statuette à l'effigie d'Amenhotep IV (à noter que l'effigie de la reine a
été détruite ; les pieds et le siège ont été refaits.), musée du Louvre, Paris.
Enfin, chose inhabituelle, le nouveau pharaon fit célébrer, dès sa quatrième
année de règne, sa première fête sed (cette cérémonie célébrait
habituellement les 30 ans de règne d’un souverain.).
Stèle représentant des hauts dignitaires de la cour d'Amenhotep IV,
prosternés devant leur souverain, musée du Louvre, Egypte.
b)
Le culte d’Aton : peu après cet évènement, Amenhotep IV décida
d’imposer le culte d’Aton à l’ensemble de l’Egypte, prenant le nom d’Akhenaton
(son nom de Sa Râ signifie « éclat d’Aton. »). En outre, ce souverain décida
d’ériger une nouvelle capitale, Akhetaton (ce qui signifie « utile à Aton.),
en plein cœur de l’Egypte.
Fragments de statue à l'effigie
d'Akhenaton, musée du Louvre, Paris.
Puis, vers 1340 avant Jésus Christ, le pharaon décida d’adopter une position
plus radicale, ordonnant la destruction des représentations des anciens
dieux. L’objectif était d’effacer le nom des dieux, afin que ces derniers
perdent leur pouvoir[13]
(le martelage fut cependant plus ou moins important selon les régions.).
Toutefois, bien que de nombreux temples furent fermés, il n’y eut pas de
persécutions dirigées contre la population. En outre, le culte de Râ fut
épargné par ces mesures, cette divinité étant intimement liée au soleil[14].
Akhenaton ne mit pas en place une religion monothéiste à proprement parler,
car il reconnaissait toujours le culte des autres dieux, bien que ces
derniers fussent considérés comme des divinités mineures.
Akhenaton, Néfertiti et leurs filles sous
le soleil d'Aton, vers 1350 avant Jésus Christ, Neues museum, Berlin..
Les raisons de ce geste nous sont aujourd’hui inconnues, les successeurs
d’Akhenaton ayant fait en sorte de détruire les traces laissées par ce
souverain. Nous pouvons toutefois supposer que ce souverain désirait mettre
fin à l’influence sans cesse grandissante du clergé d’Amon (qui était alors
un véritable contre pouvoir.), ou bien qu’il fut influencé par le
monothéisme pratiqué par les peuplades sémitiques se trouvant alors en
Egypte. Peut être tenta il aussi de mettre fin aux croyances et
superstitions en tous genres, qui étaient si nombreuses qu’elles
sclérosaient la pensée égyptienne et paralysaient le moindre geste.
En
raison de cette politique religieuse particulièrement néfaste pour le culte
d’Amon, Akhenaton fut surnommé l’Hérétique par ses successeurs.
c)
Politique extérieure : Akhenaton, à l’instar de son père au cours de
ses dernières années de règne, se désintéressa totalement des possessions
égyptiennes au Proche Orient.
Cette politique fut très dommageable à l’Egypte, à une époque ou les cartes
de la région et les zones d’influence étaient en complète mutation.
Les Hittites, après plusieurs années de guerre, étaient parvenus à éliminer
le royaume de d’Arzawa. Alliés aux Assyriens (une peuplade vivant à quelques
centaines de kilomètres au nord de l’Euphrate.) et au roi de Qadesh, ils
parvinrent aussi à l’emporter sur le Mitanni, et eurent dès lors les mains
libres pour s’attaquer aux possessions égyptiennes de Syrie.
Abandonnant ses alliés et ses vassaux du Proche orient, Akhenaton laissa les
relations diplomatiques avec les Etats voisins se dégrader considérablement.
En
raison de cette politique pacifiste, Akhenaton s’aliéna les militaires, en
plus de l’hostilité du clergé d’Amon.
d)
La fin de règne : Akhenaton mourut vers 1335 avant Jésus Christ, et fut
inhumé à Akhetaton, la cité qu’il avait fait construire. Il légua à son
successeur un pays plus faible qu’il ne l’était lorsqu’il monta sur le
trône, et vraisemblablement frappé par une crise économique.
9° Smenkharê et Ankh Kheperou (vers 1335 avant
Jésus Christ) – La plupart des monuments érigés par Akhenaton, qui nous
auraient permis d’en savoir plus sur la vie de ce souverain, furent pour la
plupart détruits par les pharaons qui se succédèrent sur le trône d’Egypte.
C’est pour cette raison que l’identité des successeurs directs d’Akhenaton
nous est aujourd’hui inconnue.
Akhenaton avait eu cinq épouses : Néfertiti, Kiya, qui ne faisait
peut être qu’une avec Tadu Hebat (veuve d’Amenohotep III et troisième
épouse d’Akhenaton.), Merytaton et Ankhesenpaaton (les deux
filles d’Akhenaton et Nefertiti.).
Tête de Kiya, vers 1345 avant Jésus
Christ,, Neues museum, Berlin.
Le
défunt pharaon avait eut plusieurs filles, mais les sources dont nous disposons ne nous
permettent pas de savoir quelle vie elles eurent suite au décès de leur
père.
Fresque représentant vraisemblablement
les deux filles d'Akhenaton, musée du Louvre, Paris.
Manéthon affirme dans son ouvrage que ce fut une femme nommée Ankh
Kheperourê qui succéda à Akhenaton, épousant Smenkharê vers 1333
avant Jésus Christ.
Toutefois, les théories des égyptologues divergent quant à l’identité de ses
deux souverains.
Certains affirment qu’Ankh Kheperourê serait en fait la reine Néfertiti,
alors que d’autres pensent qu’il s’agirait en fait de la princesse
Merytaton.
Corps de femme, sans doute Néfertiti,
musée du Louvre, Paris.
Quant à Smenkharê, certains égyptologues pensent qu’il aurait été un des
fils de Suppiluliuma I°, roi des Hittites. En effet, Ankh Kheperourê
étant veuve, elle demanda à ce souverain de lui envoyer un de ses fils afin
de l’épouser (à noter toutefois que ce fut peut être Ankhesenpaaton, autre
fille d’Akhenaton, qui formula cette demande.).
D’autres égyptologues pensent que Smenkharê serait en fait un fils
d’Akhenaton ou d’Amenhotep III, bien que les sources dont nous disposons
aujourd’hui soient lacunaires.
Ce
pharaon mystérieux mourut d’ailleurs très rapidement, après moins d’une
année de règne, autre raison de sa méconnaissance par les spécialistes.
Suite à la mort de Smenkharê, la reine Ankh Kheperourê ne tarda guère à
quitter Akhetaton pour regagner Thèbes.
Elle y mourut peu de temps après. Sa tombe et sa momie nous sont inconnus
10° Toutankhaton/Toutankhamon (vers 1335 à 1325
avant Jésus Christ) – Suite à la disparition d’Ankh Kheperourê, ce fut
le jeune Toutankhaton qui fut placé sur le trône (son nom de Sa Râ
signifie « image vivante d’Aton. »).
Buste de
Toutankhaton, vers 1335, Neues museum, Berlin.
Il épousa sa sœur aîné Ankhesenpaaton (ce qui
signifie « elle vit pour Amon. »), veuve d’Akhenaton.
Statues aux effigies de
Toutankhaton et de son épouse Ankhesenpaaton..
Les sources étant une fois de plus très lacunaires, nous ne connaissons pas
aujourd’hui l’origine de Toutankhaton. Certains égyptologues pensent qu’il
serait un fils d’Akhenaton et de Néfertiti, bien que d’autres théories
existent.
Le
nouveau souverain étant trop jeune pour régner, une régence fut mise en
place, sous l’égide d’Aÿ (proche d’Akhenaton et premier ministre de
Toutankhaton.) et du général Horemheb.
Les deux hommes firent en sorte de concilier les bonnes grâces du clergé
d’Amon, qui représentaient alors un véritable contre pouvoir. C’est ainsi
que le jeune pharaon prit le nom de Toutankhamon, son épouse celui d’Ankhesenpaamon.
Statue de Toutankhamon, protégé par le dieu Amon (à noter que la tête, les
bras et le nom de ce souverain ont été détruits.),
musée du Louvre, Paris.
En
outre, après avoir quitté Akhetaton pour Thèbes (à moins que cette migration
n’eut lieu sous le règne d’Ankh Kheperou.), le jeune pharaon s’installa à
Memphis, qui redevint la capitale de lu royaume.
Stèle représentant des princes étrangers rendant hommage à Toutankhamon (de
gauche à droite, les souverains de Syrie, de Nubie et de Libye.), musée du
Louvre, Paris.
A
noter toutefois que le culte d’Aton ne fut pas proscrit, le soleil restant
malgré tout un symbole royal.
Fragment de stèle daté de l'an 4 de
Toutankhamon, vers 1330 avant Jésus Christ, Neues museum, Berlin.
A
l’instar de ces prédécesseurs, Toutankhamon fut un roi bâtisseur, érigeant
quelques monuments et restaurant les temples endommagés par la politique
intransigeante d’Akhenaton.
Toutefois, ce souverain mourut jeune, dans des circonstances qui aujourd’hui
nous échappent (maladie, assassinat, accident[15] ?).
Il fut inhumé dans sa tombe de la vallée des rois, qui resta inviolée
jusqu’en 1922. C’est à cette date que l’archéologue Howard Carter y pénétra,
trouvant dans la sépulture un impressionnant trésor.
Sarcophage de Toutankhamon (ce pharaon fut inhumé dans trois sarcophages
juxtaposés, celui ci étant le plus proche de la momie.), musée du Caire,
Egypte.
Serviteur funéraire de Toutankhamon (un serviteur funéraire était une
statuette à l'effigie du mort, déposée dans sa tombe pour accomplir à sa
place les corvées à accomplir dans le royaume d'Osiris.), musée du Louvre,
Paris.
Il
s’agit d’une des rares tombes que les archéologues aient retrouvée intacte.
Cet étalage de richesse en l’honneur d’un souverain mineur peut nous laisser
songeur quant aux colossaux trésors que devaient contenir les tombes de
grands rois, tels que Sesostris III, Thoutmosis III ou Ramsès II…
Masque mortuaire de Toutankhamon (il avait été placé sur la tête et les
épaules de la momie.), musée du Caire, Egypte.
11° Aÿ (vers 1325 à 1323 avant Jésus Christ) –
Suite à la mort de Toutankhamon, ce fut Aÿ, son premier ministre, qui
s’empara du pouvoir (en effet, le défunt souverain ne laissait pas de
descendance, ses deux enfants étant morts en bas âge.).
Le
nouveau pharaon était peut être le fils deYouya (qui était prêtre de
Min.) et Touya, dont
la fille, Tiyi, avait épousé Amenhotep III. A noter qu’Aÿ était déjà
âgé lorsqu’il s’empara du pouvoir, car son épouse, Tiyi II, avait été
nourrice de Nefertiti, et leur fils Nakhtim avait été fait général
sous Toutankhamon.
Masques funéraire de Youya (à gauche.) et de son épouse Touya (à droite.),
musée du Caire, Egypte.
Il
se peut que le nouveau pharaon ait été contraint d’épouser Ankhesenpaamon,
veuve de Toutankhamon, afin de légitimer son pouvoir[16]
(en effet, le pouvoir royal était transmis par les femmes.).
Toutefois, Aÿ ne resta pas longtemps au pouvoir, et mourut après quelques
années de règne (à noter que les causes de son décès sont inconnues.). Il
fut inhumé dans la vallée des rois.
Suite à son décès, ses portraits et ses cartouches furent martelés, et les
monuments qu’il avait fait ériger furent réappropriés par son successeur
Horemheb. En outre, son sarcophage fut brisé, son nom n’apparait pas dans la
liste d’Abydos[17],
et sa momie ne nous est pas parvenue.
A
noter que ce souverain devrait être nommé Aÿ II, car un pharaon de la XIII°
dynastie portait déjà ce nom (il régna vers 1800 avant Jésus Christ.).
12° Horemheb (vers 1323 à 1295 avant Jésus
Christ) – Peu après la disparition d’Aÿ, le clergé d’Amon préféra
donner le trône à Horemheb plutôt qu’à Nakhtim, fils du défunt (en effet,
les prêtres souhaitaient couper les liens avec les membres de l’ancienne
famille royale.).
Stèle en silex au nom d'Horemheb, musée du Louvre, Paris.
Horemheb (son nom de Sa Râ signifie « Horus est en fête.) naquit en Moyenne
Egypte, sans que nous sachions qui furent ses parents. Scribe royal dans sa
jeunesse, il gravit rapidement les échelons et fut nommé général sous
Toutankhamon (certains égyptologues pensent qu’Horemheb occupait déjà cette
fonction sous Akhenaton.).
Statue représentant Horemheb en tant que scribe.
Le
nouveau pharaon avait été marié avec Amenye, mais cette dernière
était décédée avant que son époux ne s’empare du pouvoir. Horemheb décida
alors d’épouser Moutnedjemet, qui était peut être une fille d’Aÿ.
Horemheb, après être monté sur le trône, s’engagea à rétablir l’ordre,
promettant des châtiments exemplaires au fautifs (il fut accompagné dans
cette tâche par son Pa Ramassou, qui fut son premier ministre,
général en chef et successeur.).
Statuette représentant Horemheb agenouillé devant Atoum, musée de Louxor,
Egypte.
En
effet, Akhenaton avait sous son règne poussé la centralisation à l’extrême,
et le pouvoir était alors entre les mains de quelques hauts fonctionnaires,
souvent corrompus. Horemheb donna plus de pouvoir aux autorités locales, et
réorganisa l’armée. En outre, il nomma prêtres d’Amon plusieurs militaires
dont il était sûr de la loyauté, afin de ne pas donner trop de pouvoir au
clergé d’Amon.
A
l’instar de ses prédécesseurs, Horemheb fit ériger plusieurs monuments (à
noter que son temple funéraire fut vraisemblablement usurpé à Aÿ.). Certains
égyptologues pensent que ce souverain, afin de faire table rase du passé,
lança ses troupes contre Akhetaton afin de détruire la cité.
Porte au nom d'Horemheb, ce dernier vénérant le dieu chacal Oupouaout, musée
du Louvre, Egypte.
A
sa mort, ce souverain se fit inhumer dans son tombeau de la vallée des rois
(bien qu’il se soit fait construire une sépulture à Memphis, à l’époque où
Toutankhamon séjournait dans cette cité.).
A
noter que le culte funéraire de ce souverain fut très pratiqué par ses
successeurs, ces derniers voyant en Horemheb le « père » de la XIX°
dynastie.
[1]
Pour en savoir plus sur les règnes de Seqenenrêe Taa II et de
Kamosé, voir le 2, section V, chapitre sixième, Histoire de
l’Egypte antique.
[2]
La forteresse de Buhen fut érigée par Sesostris III, comme nous
l’avons vu en 5, section II, chapitre cinquième, Histoire de
l’Egypte antique.
[3]
Un cénotaphe est un monument érigé en l’honneur d’une ou de
plusieurs personnalités, sans contenir de corps.
[4]
Craignant les pillards, les membres du clergé d’Amon décidèrent de
rassembler à cet endroit les momies d’une cinquantaine de pharaons
de la XVII° et XVIII° dynastie, au début du premier millénaire avant
Jésus Christ.
[5]
Pour en savoir plus sur le règne de Montouhotep II, voir le 3,
section III, chapitre quatrième, Histoire de l’Egypte antique.
[6]
La reine Nitocris de la VI° dynastie (il s’agissait de la veuve (?)
du souverain Pépi II.), vers 2150 avant Jésus Christ, régna peut
être en tant que pharaon peu de temps après la mort de son époux.
Toutefois, l’existence de cette reine est néanmoins contestée en
raison du manque de sources fiables (certains égyptologues pensent
d’ailleurs que Nitocris ne ferait qu’un avec Netjerkarê, un pharaon
de la VII° dynastie.). Pour plus de renseignements à ce sujet, voir
le b), 4, section IV, chapitre troisième, Histoire de l’Egypte
antique.
Par contre, la première femme
pharaon dont l’existence est attestée reste Neferousobek, de la XII°
dynastie (il s’agissait de la veuve (?) du pharaon Amenemhat IV.),
qui régna entre 1790 et 1786 avant Jésus Christ environ. Pour en
savoir plus, référez vous au 5, section II, chapitre cinquième,
Histoire de l’Egypte antique.
[7]
Nous avons évoqué le royaume de Mitanni en 3, section I, chapitre
septième, Histoire de l’Egypte antique.
[8]
A noter toutefois que les dégradations en questions eurent
vraisemblablement lieu à la fin du règne de Thoutmosis III, et non
au début comme les faits nous le laisseraient penser. En effet,
l’objectif du pharaon fut de consolider la place de son héritier
Amenhotep II sur le trône, soucieux d’éviter qu’une nouvelle
Hatchepsout s’empare du pouvoir. Par ailleurs, de nombreux souverain
s’approprièrent des monuments et statues érigées par leurs
prédécesseurs, le plus célèbre d’entre eux étant certainement Ramsès
II.
[9]
Le royaume de Babylone se trouvait sur les bords de l’Euphrate.
[10]
Ce souverain mena une seule expédition militaire au cours de son
règne (vers 1385 avant Jésus Christ, afin de réprimer une révolte en
Nubie.).
[11]
Le royaume d’Arzawa était un royaume situé en Asie Mineure.
[12]
L’art amarnien connut son heure de gloire sous le règne d’Amenhotep
IV/Akhenaton. En effet, il se caractérise par un style tranchant
brutalement avec l’art classique. En effet, le pharaon était
jusqu’alors représenté avec un physique imposant et un visage
attirant. Au contraire, l’art amarnien montre le souverain doté d’un
crâne allongé, d’un ventre proéminent et de lèvres charnues.
Certains égyptologues, afin d’expliquer ce phénomène, avancent la
théorie selon laquelle Amenhotep IV/Akhenaton aurait souffert de
malformations physiques. A noter enfin que le nom amarnien
provient de Tell el Amarna, ville bâtie sur les ruines d’Akhetaton,
cité érigée par Amenhotep IV/Akhenaton.
[13]
Les Egyptiens de l’Antiquité pensaient que le verbe était créateur
de vie. En effet, dans la plupart des cosmogonies, les divinités
démiurges donnèrent naissance à l’humanité et au monde grâce à la
parole. Pour en savoir plus à ce sujet, référez vous au a) et b), 2,
chapitre premier, Mythologie égyptienne.
[14]
Pour en savoir plus sur Râ et le soleil, voir le 1, chapitre
premier, Mythologie égyptienne.
[15]
Certains égyptologues pensent que Toutankhamon aurait été tué aux
ordres d’Aÿ ou d’Horemheb, mais aucune source tangible ne peut nous
permettre d’étayer cette théorie.
[16]
Les doutes subsistent quant au mariage d’Aÿ et d’Ankhesenpaamon,
car ce pharaon se fit représenter avec Tiyi II sur les murs de son
tombeau.
[17]
La liste d’Abydos, énumérant tous les pharaons s’étant succédés à la
tête de l’Egypte, fut gravée sous Sethi I°, père de Ramsès II (XIX°
dynastie, XIII° siècle avant Jésus Christ.).