1° L’Aegyptiaca de Manéthon –
Pendant très longtemps, les historiens ont considéré qu’il y avait eu trente
dynasties en Egypte. En effet, ces derniers se basèrent sur les écrits de
Manéthon de Sebennytos, un prêtre égyptien qui écrivit une histoire de
l’Egypte en langue grecque, l’Aegyptiaca, sur la demande de Ptolémée
I°.
A
noter qu’à l’instar des écrits de l’historien grec Hérode, l’œuvre de
Manéthon n’est pas exempte de défauts. En effet, se dernier n’hésita pas à
inventer des dynasties ou à supprimer des pharaons, dans un but idéologique,
ainsi qu’à raccourcir ou allonger des dynasties, afin d’obtenir des
généalogies composées de neuf pharaons (à l’instar des neuf divinités de l’Ennéade,
les dynasties de neuf pharaons chacune prouvaient l’eternalité et l’aspect
cyclique de l’Histoire.).
2° Les premiers rois d’Egypte (XXXIV° - XXXII°
siècles avant Jésus Christ) – Cependant, des fouilles récentes nous ont
permis d’en savoir plus sur une dynastie antérieure à celles mentionnées par
Manéthon dans l’Aegyptiaca, la dynastie 0 (cette dernière a été
baptisée ainsi car elle précède la I° dynastie.).
A
l’origine de l’Histoire de l’Egypte, l’on retrouve l’influence prépondérante
du Nil. Très certainement venus du dehors en tribus errantes, les premiers
Egyptiens durent, afin de lutter contre les inondations, regrouper leurs
efforts et tenter de dompter le fleuve. Erection de digues, ensemencement
des boues limoneuses,
etc.
Au
cours de l’Antiquité, l’Egypte n’était pas peuplée comme elle l’est
aujourd’hui. En effet, les Egyptiens préférèrent s’installer le long des
6 000 km du Nil, délaissant l’intérieur des terres, jugées trop désertiques.
En outre, le delta du Nil étant d’une très grande fertilité, c’est à cet
endroit que se concentra une grande majorité de la population.
Le
delta étant une zone particulièrement humide, très peu de vestiges ont
subsisté. De ce fait, l’histoire ancienne de l’Egypte nous est plutôt mal
connue (à contrario, nous avons plus de traces dans le sud et l’intérieur
des terres, où le climat a favorisé la conservation.).
En
3300 avant Jésus Christ, l’Egypte était alors divisée en deux royaumes, la
Basse Egypte au nord, et la Haute Egypte au sud. Les
souverains du sud portaient la couronne blanche (le hedjet.),
une sorte de haut bonnet blanc ; les souverains du nord portaient la
couronne rouge (le deshret.), une calotte rouge et plate, relevée
par derrière et ornée par devant d’une agrafe en forme de serpent (nous ne
nous attarderons pas sur les souverains du Nord, car, comme nous venons de
le mentionner dans le paragraphe précédent, le climat humide du delta n’a
pas permis la conservation des vestiges archéologiques.).
Représentation de deux souverains, celui de gauche portant le deshret,
l'autre de hedjet.
Cependant, la Haute Egypte était elle-même divisé en trois petits royaumes,
Thinis, Noubt et Nekhen.
Plusieurs souverains se succédèrent à la tête du petit royaume de Nekhen,
sans que l’on ne sache exactement leurs liens de parenté, et parvinrent au
bout de plusieurs décennies unifier la Haute Egypte (voir ci-dessous la
liste des Rois faucons,
sujette à caution.). A noter qu’à cette époque ces derniers ne portaient pas
encore le titre de pharaon. En effet, l’on pense que ce titre fit son
apparition sous le règne d’Akhénaton, pharaon de la XVIII° dynastie
(XIV° siècle avant Jésus Christ).
-
Horus au Serekh (ce premier souverain fut baptisé ainsi par les
archéologues car son serekh,
bien que ne comportant pas de nom, est surmonté de deux faucons.).
-
Ny (ce qui signifie « le faucon. »). Ce souverain dut combattre
contre son rival de Thinis.
-
Hat fut lui aussi un roi belliqueux, menant plusieurs expéditions
contre ses ennemis de Haute Egypte.
-
Pe.
-
Hej (bien que l’on possède le serekh de ce souverain, son
hypothétique tombe n’a jamais été trouvée.).
-
Iry (à l’inverse du précédent, les archéologues ont retrouvé la tombe
de ce souverain, mais pas son serekh.).
-
Ka (ou Sekhen.).
-
Crocodile, qui fut vraisemblablement un usurpateur, régna à priori au
même moment que son confrère Ka, mais dans une cité se trouvant plus au
nord.
-
Lion (nous n’avons pas retrouvé le serekh de ce souverain, mais son
nom figure sur d’autres vestiges archéologiques. Par contre, sa tombe n’a
toujours pas été découverte.).
-
Scorpion I°, qui régna vers 3150 avant Jésus Christ, parvint à
unifier les petits royaumes du sud de l’Egypte. Selon certains vestiges
archéologiques, il semblerait que le roi Scorpion étendit sa domination sur
la Basse Egypte, la Nubie et la Palestine, parvenant à poser les bases d’une
future unification de l’Egypte. Ses dates de règne restent toutefois très
incertaines.
Statue dite du roi Scorpion, musée de Pétrie, Londres.
-
Scorpion II reste un souverain à l’existence très controversée. Sa
tombe n’ayant pas été découverte, certains archéologues affirment que ce
souverain n’a pas existé ; d’autres pensent qu’à l’instar d’Horus Crocodile,
Scorpion II fut un roi à la tête d’une autre principauté.
A
noter que certains égyptologues avancent la thèse selon laquelle les rois
Lion et Scorpion I° devraient en fait être placé au début de la dynastie 0
et non à la fin.
3° Narmer, unificateur de l’Egypte (vers 3150
avant Jésus Christ) – Originaire de Nekhen, est considéré aujourd’hui
par les historiens comme le pharaon qui parvint à unifier le nord et le sud
de l’Egypte.
La Palette de Narmer, découverte quasiment intacte à la fin du XIX°
siècle et conservée au musée du Caire, représente symboliquement la victoire
du Sud sur le Nord de l’Egypte. Sur le verso, le roi, portant la couronne
blanche de Haute Egypte, fracasse la tête d’un homme du Nord, a genoux
devant lui. Sur le recto, Narmer porte la couronne rouge de Basse Egypte,
assistant à un défilé des enseignes des provinces victorieuses. A droite de
la scène, l’on voit deux rangées d’hommes du nord décapités par leurs
vainqueurs.
La palette de Narmer, XXXII° siècle avant jésus Christ, musée du Caire.
L’on raconte qu’après une soixantaine d’années de règne, Narmer aurait
trouvé la mort en affrontant un hippopotame. Cependant, les égyptologues
pensent que cet évènement serait en fait un symbole de la lutte de l’ordre
contre le chaos.
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