1° L’invasion des Hyksos, création de la XV° dynastie (milieu du XVII° siècle avant Jésus Christ) – Dans le courant du XVII° siècle avant Jésus Christ, les Hyksos[1], un groupe rassemblant plusieurs tribus en provenance du Proche Orient, profitèrent de la déliquescence de l’Etat égyptien pour envahir le pays.

Grâce à leur armement bien plus avancé que celui des Egyptien (utilisation du cheval, du char, du bouclier, de la cote de maille, de l’arc composite et du cimeterre.), les Hyksos ne rencontrèrent pas de grandes résistances et prirent Memphis sans difficultés. Toutefois, les envahisseurs ne s’emparèrent pas de l’ensemble de l’Egypte, préférant développer une intense activité commerciale (les Hyksos étaient en partie composés de Phéniciens, un peuple d’origine sémitique dont le commerce était une des principales activités.). En effet, les archéologues ont retrouvé des objets d’origine hyksos en Nubie, en Crête et en Asie mineure.

Renversant vraisemblablement les rois de la XIV° dynastie, installés à Avaris, les Hyksos établirent leur capitale dans cette cité portuaire, qui était un carrefour commercial très important vers le Proche Orient. Les souverains de la XIII° dynastie, quant à eux, tentèrent un temps de résister mais ne parvinrent pas à l’emporter.

De ce fait, les Hyksos purent mettre en place la XV° et la XVI° dynastie. 

A noter toutefois que les Hyksos préférèrent négocier avec les souverains de la XVII° dynastie, qui régnaient alors à Thèbes, et étaient issus d’une branche de la XIII° dynastie.

La XV° dynastie est composée des souverains hyksos qui se succédèrent à Avaris pendant une centaine d’années, entre le milieu du XVII° siècle et du XVI° siècle avant Jésus Christ.

Cependant, cette période de l’Histoire de l’Egypte est aujourd’hui très difficilement compréhensible en raison des sources lacunaires. En effet, le papyrus de Turin a une lacune concernant les noms de ces souverains, ces derniers n’étant nommés que par Manéthon. En outre, ces souverains furent désignés sous plusieurs noms différents : le nom de naissance (ou nom de Sa Râ.), le nom de couronnement (ou nom de Nesout Bity.) et le nom traduit en grec, utilisé par Manéthon et d’autres auteurs. Toutefois, les différents auteurs antiques ont dressé des listes ne citant pas les souverains hyksos dans le même ordre, et en utilisant des noms et des orthographes différentes.

            2° La XVI° dynastie – A noter toutefois que la XV° dynastie ne fut pas suivie par la XVI° dynastie. En fait, cette dernière était composée par les vassaux des Hyksos, qui régnaient sur le centre et le nord ouest de l’Egypte. De ce fait, les XV°, XVI° et XVII° dynasties régnèrent de façon parallèle.

Vous trouverez ci-dessous une liste non exhaustive des souverains de la XVI° dynastie (à noter que les derniers rois de la XIII° dynastie sont parfois considérés comme faisant partie de la XVI° dynastie.) :

- Anat Her.

- Ouser Anat.

- Semqen.

- Sokar Hor.

- Yamou.

- Yakobaam.

- Amou.

- Pépi III.

- Nebmaâtrê.

- Aahoteprê.

- Aanet

- Aanetjerirê.

- Meribrê.

- Nebouankhrê.

- Nikarê II.

- …karê (le papyrus de Turin comporte une lacune pour le nom de ce souverain.).

- Ouaza.

- Qour.

- Shenes.

- Beb Ankh.

3° Les souverains de la XV° dynastie (vers 1650 à 1550 avant Jésus Christ) – Pendant une centaine d’années, les souverains hyksos se succédèrent. Au nombre de six, selon les recherches récentes, leur nombre démontre qu’ils vécurent dans une relative stabilité et que le pays était alors prospère.

- Cherek fut le premier souverain de la XV° dynastie. A la tête des Hyksos, il s’empara d’Avaris et en fit sa capitale, renversant alors les souverains de la XIV° dynastie. Montant sur le trône, vers 1650 avant Jésus Christ, il prit le nom de Sekhaenrê (les auteurs grecs de l’Antiquité le nommèrent Salitis.).

Par la suite, Cherek parvint aussi à s’emparer le Memphis, l’ancienne capitale de l’Egypte, mais il préféra demeurer à Avaris (plus près de la frontière et plus accessible pour les échanges commerciaux.).

Se concentrant sur l’est du delta du Nil, Cherek délégua son pouvoir à ses vassaux (qui formèrent la XVI° dynastie, comme nous l’avons vu précédemment.), à l’ouest du delta et dans le centre de l’Egypte.

Ce souverain régna vraisemblablement une vingtaine d’années avant de s’éteindre.

- Sheshi fut le second pharaon hyksos (il prit alors le nom de Maâibrê.), et régna sans doute une quarantaine d’années. Toutefois, le règne de ce souverain, bien que long, nous est aujourd’hui très mal connu.

Les auteurs grecs de l’Antiquité le nommèrent Bnon.

- Suite à la disparition de Sheshi, ce fut Yakoub Her qui monta sur le trône, prenant le nom de Meryouserrê (les auteurs grecs de l’Antiquité le nommèrent Apachanas.). A noter que son nom de Sa Râ (son nom de naissance.), Yakoub, dérive du nom d’origine sémitique Jacob.

Selon les vestiges trouvés dans le sud de l’Egypte, il semblerait que les souverains de la XVII° dynastie (régnant alors à Thèbes.), contemporains de Sheshi, aient joui d’une certaine liberté (restauration de monuments, constructions, etc.). Sans doute ces derniers avaient-ils fait allégeance aux Hyksos ?

Le règne de ce souverain, aussi méconnu que son prédécesseur, dura vraisemblablement une trentaine d’années.

- Khyan fut le quatrième souverain hyksos. Prenant le nom de Souserenrê suite à son couronnement (il fut nommé Iannas par les auteurs grecs de l’Antiquité.), ce souverain eut un des plus long règnes de la dynastie, restant au pouvoir pendant une cinquantaine d’années.

Les échanges commerciaux étaient à l’époque très fructueux, et les archéologues ont retrouvé des traces de ces échanges en Nubie, en Crête et en Palestine.

Scarabée datant de la XV° dynastie.

Khyan eut un fils, Yanassi, mais ce dernier ne monta pas sur le trône.

- Ipep, après avoir évincé son rival Yanassi, s’empara alors du pouvoir, prenant le nom d’Aakenenrê (son nom de Nesout Bity signifie « la force de Rê est grande. »). Les auteurs grecs de l’Antiquité lui donnèrent le nom d’Apophis (c’est d’ailleurs sous ce nom là que ce souverain est connu aujourd’hui.).

Ce pharaon reste aujourd’hui le moins méconnu des souverains hyksos, érigeant des monuments et faisant graver son nom sur des statues datant du Moyen Empire.

Par ailleurs, Apophis nous est aussi connu grâce à ses échanges avec les rois de la XVII° dynastie.

Ces derniers, au cours des années précédentes, avaient entretenu des relations pacifiques avec les Hyksos (ne se sentant pas assez puissants, sans doute avaient ils accepté la suzeraineté des envahisseurs ?). Toutefois, à partir du règne du pharaon Seqenenrê Taa II (de la XVII° dynastie.), les souverains de Thèbes décidèrent de prendre les armes et de chasser les Hyksos du pays.

Ce dernier lança vraisemblablement une offensive contre le nord du pays, au cours de laquelle il trouva la mort, vaincu par les Hyksos[2] (les archéologues ont retrouvé sa momie, dont le crane comporte de nombreuses blessures mortelles.).

Apophis, vers la fin de son règne, fut vraisemblablement attaqué par Kamosé, qui était vraisemblablement le fils de Seqenenrê Taa II. Le jeune homme lança une nouvelle expédition contre les Hyksos, assiégeant Cusae, dans le centre de l’Egypte (la garnison égyptienne de la cité était en effet fidèle aux Hyksos.). Après s’être emparé de la ville, Kamosé marcha sur le delta du Nil, et mit le siège devant Avaris. Toutefois, les Thébains durent reculer, attaqués sur leurs arrières par les Nubiens, alliés des Hyksos (à noter qu’en raisons des sources lacunaires, il se peut que les dates de règne des deux souverains ne soient pas concordantes.)

Apophis s’éteignit peu après, suite à un règne d’une soixante années.

- A la mort d’Apophis, ce fut Khamdi qui monta sur le trône, prenant le nom d’Akenenrê (les auteurs grecs de l’Antiquité l’ont nommé Archlès ou Assis.).

Les premières années de ce souverain furent sereines, car le jeune Ahmosis I°, fondateur de la XVIII° dynastie, et vraisemblablement le second fils de Seqenenrê Taa II et frère de Kamosé, était trop jeune pour régner (une régence fut alors mise en place, sous l’égide d’Ahhotep, mère du nouveau roi.).

Vers 1550 avant Jésus Christ, Ahmosis I° décida alors de suivre les traces de ses prédécesseurs, et marcha sur le delta du Nil, utilisant chevaux et chars de combat. S’emparant au passage les cités de Memphis et d’Héliopolis, Ahmosis I° assiégea Avaris, capitale des Hyksos, et mit ses adversaires en déroute. Ses derniers se réfugièrent alors en Palestine, dans la cité de Sharouhen, qu’Ahmosis décida alors d’attaquer. La cité aurait résisté pendant trois années avant de capituler.

Victorieux, Ahmosis I° put alors se retourner contre les Nubiens, alliés des Hyksos.

Quant à Khamdi, bien que les sources antiques affirment qu’il aurait régné pendant une cinquantaine d’années, nous ne savons pas dans quelles circonstances se déroulèrent sa fin de règne (fut il tué par les Thébains ou tenta-il de continuer la lutte ?).