1° La montée
en puissance de Cassandre – Antipater, avant de mourir, avait choisi
Polyperchon comme successeur, et non Cassandre, qui était pourtant son fils
légitime (ce dernier fut seulement confirmé dans son commandement de la
cavalerie.).
- Les alliances de
Cassandre : Cassandre décida alors de récupérer ce qu’il considérait
comme son bien légitime. Il se rapprocha tout d’abord de Ptolémée, qui avait
chassé Laomédon de Syrie. Ptolémée représentant une menace pour Polyperchon,
il décida d’aider Cassandre.
Le fils d’Antipater se
rapprocha aussi d’Antigone. Ce dernier avait conclu une trêve avec Eumène de
Cardia, car il souhaitait avoir les mains libres pour s’emparer de la Lydie
et de la Phrygie.
- Les alliances de
Polyperchon : Polyperchon, se sentant menacé, décida lui aussi de
trouver des alliés. Il commença par s’attirer les bonnes grâces des cités
grecques, se montrant favorable à la démocratie et blâmant les oligarques.
Il se rapprocha aussi d’Eumène de Cardia (qui était sorti de la citadelle de
Nora suite au traité signé avec Antigone.), lui conférant le titre de stratège
d’Asie (qui était alors celui d’Antigone.), et envoya auprès de lui des
vétérans de l’armée d’Alexandre (commandés par Antigénès, un des assassins
de Perdiccas.).
- La lutte entre
Cassandre et Polyperchon : à Athènes, la ville était en proie à
l’agitation. Les déclarations de Polyperchon vis-à-vis de la démocratie
mettaient les oligarques dans une situation embarrassante. Les démocrates
parvinrent tant bien que mal à s’imposer, mais furent écrasés par les
troupes de Cassandre. Polyperchon, qui tenta de secourir la cité, essuya un
échec.
Au final, Cassandre imposa
son autorité sur l’ensemble de la Grèce, et Polyperchon se réfugia au
Péloponnèse.
Se rendant ensuite en
Macédoine, Cassandre entama des négociations avec la reine Eurydice. Elle
déchut Polyperchon du titre de régent, qu’elle confia à Cassandre ; elle
demanda à Polyperchon et à Antigone de remettre leurs armées au fils
d’Antipater ; et enfin confia à ce dernier la gestion du royaume.
En 317 avant Jésus Christ,
comme Polyperchon n’abandonnait pas le combat, Cassandre confia la Macédoine
à son frère Nicanor, et décida d’attaquer son rival une nouvelle
fois, assiégeant Tégée. L’ex-régent demanda alors l’aide d’Olympias, qui
résidait alors en Epire.
Cette dernière se rendit
alors en Macédoine, et s’empara sans combattre de Philippe III et d’Eurydice
(les soldats n’osant pas attaquer la mère d’Alexandre.).
Par la suite, Olympias fit
tuer Philippe III, Eurydice, et les partisans de ces derniers (dont Nicanor,
le frère de Cassandre.).
Cassandre réagit rapidement,
lorsqu’il apprit la nouvelle. Il décida de partir à l’assaut de la cité de
Pydna, où Olympias s’était réfugiée (au même moment, son armée parvenait à
s’opposer aux soldats d’Epire, ainsi qu’à Polyperchon.). Suite à un siège
mené pendant l’hiver 317 à 316 avant Jésus Christ, la ville tomba entre les
mains de Cassandre. Ce dernier s’empara d’Olympias (qui fut mise à mort peu
après.), de Roxane et d’Alexandre IV.
L'assassinat d'Olympias, par Vincentius Bellovacensis, enluminure issue de
l'ouvrage Speculum historiale, France, XV°siècle.
Par la suite, Cassandre ne
laissa à Polyperchon que le contrôle de quelques places fortes, puis
reconstruisit Thèbes, et fonda les cités de Cassandréis (il en fit sa
capitale.) et Thessalonique (du nom de son épouse Thessaloniké, une fille de
Philippe II.).
2° La montée
en puissance d’Antigone – Antigone, quant à lui, était alors âgé de 65
ans, et n’avait jamais reçu la direction de gouvernements de premier plan. Il
était cependant un des rares Diadoques à avoir une certaine idée de
l’Empire, alors que ses confrères préféraient se concentrer sur leur morceau
de territoire. Assisté par son fils Démétrios I°, un brillant tacticien, il
fit en sorte d’étendre sa domination sur l’Asie.
Pièce de
monnaie à l'effigie de Démétrios I° Poliorcète.
Le principal rival
d’Antigone était alors Eumène de Cardia, contre lequel il avait déjà livré
bataille, au cours des années précédentes. En 319 avant Jésus Christ,
Polyperchon recherchait des alliés. Il confia alors le commandement de
l’armée d’Asie à Eumène, et lui envoya une armée de près de 20 000 hommes,
composée de vétérans.
Eumène décida alors de se
diriger vers la Phénicie, afin d’y faire construire une flotte et de
rejoindre Polyperchon en Grèce.
Cependant, Eumène, craignant
la flotte de Ptolémée, décida alors de quitter la Phénicie, au cours de
l’été 318 avant Jésus Christ. Il se dirigea alors vers la Babylonie, qui
connaissait à cette époque des troubles importants : en effet, Peithon,
satrape de Médie, avait tenté de s’emparer de la Parthie, afin de la donner
à son frère Eudamos. Cependant, Peithon fut vaincu par Peucestas,
satrape de Perse, et dut se réfugier auprès de Séleucos à Babylone. Eumène
demanda alors à Séleucos et Peithon de le rejoindre dans sa lutte contre
Antigone. Ces derniers refusèrent, mais le laissèrent passer en Susiane, à
l’est de Babylone.
Eumène arriva en Mésopotamie
au cours de l’été 317 avant Jésus Christ, et décida d’assiéger Suse (il
reçut à cette époque l’aide de Peucestas et de divers satrapes de la
région.). Par la suite, il affronta Antigone à Paracétène, au cours de
l’automne 317 avant Jésus Christ. Antigone fut vainqueur, mais il perdit
plus de soldats que son rival. Aucun des deux camps ne put donc prendre
l’avantage.
C’est alors qu’Antigone eut
l’idée de surprendre Eumène dans ses quartiers d’hiver. Attaquant le
campement par surprise, les alliés d’Eumène firent défection (Peucestas et
ses hommes.), et ce dernier fut alors capturé et tué (Antigénès fut exécuté
lui aussi.).
3° La
première coalition contre Antigone – Cassandre s’emparait d’Olympias au
moment même où Eumène était battu par Antigone. Par la suite, ce
dernier décida de réorganiser l’Asie, nommant de nouveaux satrapes à la
place des anciens (Peucestas fut écarté, Peithon fut exécuté, Séleucos dut
s’enfuir en Egypte lorsque Antigone s’approcha de Babylone.). En 316 avant
Jésus Christ, Antigone était le plus puissant des six Diadoques encore en
vie.
Séleucos, réfugié en Egypte,
n’eut guère de mal à convaincre Ptolémée du danger que représentait
Antigone. En effet, le Lagide avait des vues sur la Syrie (qu’il avait
occupée par le passé, mais dont s’était emparé Antigone.).
Par la suite, Cassandre et
Lysimaque furent contactés (Asandros aussi, mais les historiens n’en sont
pas totalement certains.), et ils décidèrent de se liguer contre Antigone.
Tétradrachmes à l'effigie de Lysimaque, vers 290 avant Jésus
Christ, Altes museum, Berlin.
Ils lui demandèrent d’organiser un nouveau partage des satrapies, donnant la
Syrie à Ptolémée ; la Babylonie à Séleucos ; la Lycie et la Cappadoce à
Cassandre ; la Phrygie hellespontique à Lysimaque. En retour, Antigone
répondit qu’il était prêt à la guerre.
- La proclamation de Tyr :
Antigone décida alors de s’appuyer sur les ennemis de Cassandre pour
parvenir à ses fins. Tout d’abord, il contacta Polyperchon et son fils
Alexandros, qui, bien que ne détenant que quelques places fortes,
n’avaient pas été éliminés totalement par leur ennemi. Antigone contacta
aussi les Etoliens et le roi d’Epire, qui étaient opposés à Cassandre. En
outre, Antigone tenta de recueillir le soutien des cités grecques, accusant
son ennemi d’avoir mis à mal la démocratie, ainsi que d’avoir soutenu des
régimes oligarchiques. Antigone proclama alors l’indépendance des cités,
suivi de près par Ptolémée, qui lui était pourtant opposé (le Lagide voulait
sans doute s’assurer du soutien de son peuple dans la prévision de la guerre
qui allait s’ensuivre.).
Alors qu’il avait fait
mettre le siège devant Tyr (une cité sous domination lagide.), Antigone fit
la proclamation suivante, en 315 avant Jésus Christ : il reprocha à
Cassandre d’avoir fait reconstruire Thèbes, alors qu’Alexandre avait ordonné
sa destruction, et l’accusa d’avoir tué Olympias, ainsi que de traiter
Roxane et Alexandre IV comme des prisonniers.
Enfin, Antigone demanda à
Cassandre que ce dernier reconnaisse son titre de stratège d’Asie. Il
s’attribua aussi le poste de régent (à la mort d’Antipater, ce titre était
passé entre les mains de Polyperchon.), bien que ce fut Cassandre qui
détenait Alexandre IV.
En fait, Antigone avait
plusieurs raisons de s’attaquer à Cassandre : en effet, ce dernier n’était
pas le plus dangereux d’un point de vue militaire, mais il l’était d’un
point de vue diplomatique. Il avait épousé Thessaloniké, une fille de
Philippe II (et avait donc des liens avec la famille d’Alexandre.) ; il
avait la garde d’Alexandre IV (donc, il apparaissait comme le régent
officiel.) ; et enfin, il était maître de la Macédoine, une région qui était
le cœur de l’Empire. Antigone pensait que si Cassandre était éliminé, les
autres Diadoques ne pourraient plus continuer la lutte.
- Les affrontements enGrèce : les cités grecques étaient plutôt favorables à Antigone, ce
dernier leur promettant d’obtenir une plus grande autonomie. Cependant,
Cassandre ne tarda pas à engager le combat contre Polyperchon (son fils
Alexandros fut tué à cette époque.), qui lui furent défavorables. Il dut se
résoudre à quitter Antigone et à s’allier avec Cassandre.
Ce dernier se retourna
ensuite contre les Etoliens, sans parvenir à les vaincre.
Puis, en 315 avant Jésus
Christ, Télesphore, un neveu d’Antigone, parvint à débarquer en Grèce
et s’attaqua au Péloponnèse et à la Béotie. De son côté, en 313 avant Jésus
Christ, Cassandre parvint à vaincre les Etoliens et les Epirotes (le roi
Eacide fut tué et remplacé par son cousin Néoptolème II.). Par la
suite, un autre neveu d’Antigone, Polémée, dut se rendre en Grèce
afin de s’opposer à Télesphore, qui commençait à agir suivant ses propres
intérêts.
Par la suite, Polémée
s’empara de l’ensemble de la Grèce, et contraignit Cassandre et Lysimaque à
négocier, en 312 avant Jésus Christ.
- Les affrontements enAsie : En 315 avant Jésus Christ, alors que ses neveux s’occupaient
de Cassandre en Grèce, Antigone s’occupait de Ptolémée en Asie. Ce dernier,
ne souhaitant pas prendre le risque d’attaquer son adversaire de front,
avait préféré lui laisser la Syrie. En outre, Ptolémée confia à Séleucos le
commandement de la flotte égyptienne.
Antigone, ayant avancé
jusqu’à Tyr, décida d’assiéger la ville, qui tomba en 314 avant Jésus
Christ, après un an de siège.
Cependant, bien qu’Antigone
soit parvenu à prendre la ville, sa situation n’en restait pas moins
précaire : en effet, la menace que représentait Asandros en Asie mineure se
faisait toujours sentir.
Antigone, s’alliant avec le
roi de Bithynie et les villes de Chalcédoine et d’Héraclée, parvint à
s’emparer par la suite de nombreuses cités de la côte ionienne, dont Milet.
En 313 avant Jésus Christ, Asandros décida de s’allier avec Antigone ; au
même moment, la cité de Cyrène se révolta contre le gouvernement d’Ophellas
En 312 avant Jésus Christ,
Ptolémée se rendit alors compte qu’il était temps d’agir : en effet, si
Antigone avait les mains libres en Asie mineure, il ne tarderait pas à
revenir l’affronter en Egypte. Le Lagide décida donc de Chypre, puis
affronta et vainquit à Gaza Démétrios I°, le fils d’Antigone.
Au même moment, Séleucos
s’était emparé de Babylone, et, s’attirant la sympathie des satrapes de la
région, commença à représenter une menace aux yeux d’Antigone.
Par la suite, Antigone
décida de s’attaquer à nouveau à Ptolémée, et au même moment envoya
Démétrios lutter contre Séleucos. C’est à ce moment là que des émissaires
furent envoyés auprès des différents Diadoques, afin de trouver un terrain
d’entente propice à la mise en place d’une trêve.
Tétradrachmes à l'effigie de
Séleucos, vers 300 avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.
- La paix de 311 avant Jésus
Christ : Cassandre, Ptolémée et Lysimaque firent donc la paix avec Antigone,
qui souhaitait concentrer ses efforts contre Séleucos, Démétrios ayant
échoué (ce dernier ne fit donc pas partie de ces accords.).
En fait, le traité de paix
proclama le statu quo, chaque Diadoque conservant ses possessions. En
outre, Antigone fut confirmé dans son titre de stratège d’Asie, ce qui
mettait Séleucos dans une situation difficile. De son côté, Cassandre était
nommé stratège d’Europe et régent (mais ces titres étaient somme toute
provisoires, car Alexandre IV approchait de l’âge de la majorité.).
La liberté des cités
grecques fut proclamée, mais cela s’apparentait plus à une tournure de style
qu’à une quelconque réalité dans les faits.
4° La reprise des
conflits
– La paix de 311 ne fut en réalité qu’une simple trêve, et les Diadoques ne
tardèrent pas à s’affronter à nouveau.
- L’action de Séleucos : Antigone n’avait signé la paix que pour la
bonne et simple raison qu’il avait besoin d’avoir les mains libres afin de
s’en prendre à Séleucos. Cependant, ce dernier parvint à vaincre Antigone,
et par la suite étendit sa domination sur les satrapies de l’est (Perse,
Drangiane, Arie, etc.) jusqu’à l’Inde.
Les possessions des Diadoques en 302 avant Jésus Christ (vous pouvez faire
un "clic droit" sur la carte afin de faire un zoom).
En 308 avant Jésus Christ, Séleucos
dut affronter l’indien Chandragupta Maurya, et l’affrontement dura
jusqu’en 303. Au final, Séleucos abandonna la Gandhara, ainsi que les
parties est de la Gédrosie et de l’Arachosie (il reçut en échange 500
éléphants de guerre.). Par contre, il s’empara de la Bactriane, et fonda
Séleucie du Tigre en Babylonie.
Buste de Séleucos I° Nicator,
sculpture romaine réalisée au I° ou II° siècle après Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.
- L’action de Cassandre :
suite à la paix de 311, Cassandre fut confirmé dans son poste de régent.
Seulement, comme nous l’avons dit plus tôt, la majorité d’Alexandre IV
approchait, et cela signifiait que le jeune homme allait bientôt recevoir le
pouvoir des mains de Cassandre.
Cependant, ce dernier ne
l’entendant pas de cette oreille, il décida de faire assassiner Roxane et le
fils du conquérant en 310 avant Jésus Christ.
Polyperchon, quant à lui,
recueillit une ancienne maîtresse d’Alexandre, Barsine, ainsi que le
fils de cette dernière, Héraclès (il aurait été conçu avec le
conquérant.). Levant une armée dans le Péloponnèse, il décida d’affronter
Cassandre. Cependant, ce dernier accepta de négocier, partageant avec lui la
domination de la Grèce.
Par la suite, Polyperchon
élimina Barsine et Héraclès.
L'exécution de Barsine et
d'Héraclès, enluminure du XV° siècle.
- L’action de Ptolémée :
en 310 avant Jésus Christ, Antigone se trouvait dans une situation tendue.
D’une part, il était en lutte contre son neveu Polémée (ce dernier s’était
emparé de sa flotte.), d’autre part son fils Démétrios luttait contre
Séleucos en Babylonie.
Ptolémée décida donc d’agir,
bien que ses anciens alliés ne purent l’aider (Cassandre et Lysimaque étant
menacés sur leurs frontières.). Le Lagide commença par s’emparer de la
Cilicie et de la Haute Phrygie, puis parvint à s’emparer de cités de Carie
et de Lydie.
Cependant, Antigone répliqua
en 309 avant Jésus Christ, et parvint à reprendre la Haute Phrygie.
Par la suite, Ptolémée se
rapprocha de Polémée, le neveu révolté, mais s’en débarrassa en lui faisant
boire de la ciguë. Il conclut alors un pacte avec Antigone, ce dernier gardant
les îles continentales et le Lagide la Grèce continentale (sans doute
Ptolémée voulait il venger l’assassinat d’Alexandre IV par Cassandre ?).
Peu de temps après, en 308
avant Jésus Christ, Ptolémée débarqua dans le Péloponnèse, puis s’empara de
Corinthe et de Mégare.
Cependant, à cette même
époque, Ophellas s’allia avec le tyran de Syracuse, Agathoclès. Ce
dernier fit ensuite tuer son allié par traîtrise, et s’empara alors de la
Cyrénaïque.
Ptolémée fit alors la paix
avec Cassandre (le Lagide conserva cependant des possessions en Grèce, dont
la cité de Corinthe.) et retourna en Egypte. Par la suite, il envoya son
gendre Magas reprendre le contrôle de cette région.
- L’action d’Antigone :
en 308 avant Jésus Christ, Antigone avait fait la paix avec Séleucos,
reconnaissant sa domination sur la partie est de l’Empire (en outre, ce
dernier étant occupé à lutter contre Chandragupta Maurya, il ne représentait
plus une menace pour Antigone.).
De plus, Ptolémée s’étant
retiré de Grèce, Antigone, à son tour, pouvait agir contre Cassandre.
Démétrios fut envoyé à
Athènes, dont il s’empara, chassant les oligarques de la ville (s’appuyant
sur la proclamation de Tyr
[2],
Démétrios s’attira la sympathie des Athéniens.).
Par la suite, le fils
d’Antigone s’empara de plusieurs cités des environs d’Athènes.
En outre, Cassandre perdit
l’Epire, qui échut au fils d’Eacide
[3],
Pyrrhus II (mais il fut bientôt dépouillé par Néoptolème II à son
tour, et se réfugia en Egypte.).
Mais Ptolémée, voyant cette
montée en puissance d’Antigone d’un mauvais œil, décida d’attaquer la Syrie.
De ce fait, Démétrios fut rappelé, et vainquit la flotte du Lagide en 306
avant Jésus Christ (cette défaite mit fin à la volonté de Ptolémée d’établir
une thalassocratie égyptienne.).
5° Les
Diadoques deviennent rois – La dynastie des Argéades étant éteinte,
Antigone profita de ces victoires contre Cassandre et contre Ptolémée pour
se proclamer roi (il prit alors le titre de
basileus[4].).
En outre, Démétrios fut associé au trône.
Séleucos, Cassandre et
Lysimaque firent de même peu de temps après. Ptolémée, par contre, qui avait
été vaincu par Démétrios en 306 avant Jésus Christ, dut attendre l’année
suivante pour se faire proclamer roi (en effet, il parvint à empêcher
Antigone de pénétrer en Egypte en 305.).
A cette époque, l’Empire
était divisé officiellement, alors qu’il l’était de fait, et ce depuis bien
des années. Le fait de prendre le titre de roi était nécessaire pour les
Diadoques, qui assuraient ainsi leur légitimité (en outre, ils ne pouvaient
laisser Antigone se présenter comme l’unique roi.).
6° La seconde
coalition contre Antigone – En 307 avant Jésus Christ, Cassandre ayant
les mains libres en Grèce (Antigone et Démétrios luttaient contre
Ptolémée.), décida de contre attaquer.
- Les affrontements en
Grèce : Cassandre assiégea Athènes en vain, mais parvint cependant à
s’emparer de la Béotie, de l’Eubée et de la Phocide (Corinthe quitta
l’alliance avec Ptolémée, qui ne pouvait plus la protéger.). En outre, le
roi de Macédoine réussit aussi à vaincre les Étoliens, en 304 avant Jésus
Christ.
Mais c’est alors qu’arriva
Démétrios, qui jusque là avait été occupé par le siège de Rhodes (depuis des
années, les Rhodiens étaient alliés avec l’Égypte, ce qui ne plaisait pas à
Antigone. Ce dernier, en 305 avant Jésus Christ, envoya son fils assiéger
l’île. Démétrios ne parvint pas à prendre Rhodes, ravitaillée par Ptolémée,
Cassandre et Lysimaque, mais les Rhodiens finirent par faire alliance avec
Antigone, sauf contre l’Égypte
[5].
Démétrios obtint suite à ce siège son surnom de Poliorcète, ce qui
signifie ‘preneur de villes’.).
Papyrus romain relatant le siège de
Rhodes, II° siècle après Jésus Christ, Neues museum, Berlin.
Démétrios, par la suite,
vainquit Cassandre au cours d’une bataille importante, puis s’empara de la
Béotie et de la Phocide (il s’empara aussi de Corinthe.). Enfin, en 303
avant Jésus Christ, Polyperchon mourut, et Démétrios put ainsi faire main
basse sur le Péloponnèse (il rebaptisa Démétrias la cité de Sicyone, et en
fit sa capitale.).
- Les affrontements en
Asie : tout comme en 316 avant Jésus Christ, Antigone apparaissait comme
un rival dangereux, et les Diadoques décidèrent donc de s’allier à nouveau,
en 302 avant Jésus Christ (des tractations entre les partis échouèrent,
Antigone se disant prêt à la guerre.).
Cependant, Antigone étant
toujours le souverain le plus puissant, ses adversaires durent élaborer un
plan. L’objectif étant de frapper là où Antigone ne s’y attendrait pas, et
ensuite réaliser la jonction des armées.
Au printemps 302 avant Jésus
Christ, Lysimaque fut le premier à mettre son armée en marche, s’emparant de
la Phrygie hellespontique. Il s’empara aussi de la Carie et de la Lycie,
recevant la soumission de nombreuses cités (Éphèse, Sardes, etc.).
Antigone décida de marcher
contre Lysimaque, et rappela son fils Démétrios. Ce dernier conclut alors
une trêve avec Cassandre, puis débarqua en Asie (le roi de Macédoine, de son
côté, ne se fit pas prier pour briser l’accord passé avec Démétrios, et
s’empara de la Thessalie, de la Phocide, et progressa jusqu’au
Péloponnèse.).
Lysimaque, acculé par la
situation (les renforts envoyés par Cassandre furent écrasés par
Démétrios.), décida d’hiverner à Héraclée, attendant l’arrivée de Séleucos
(qui lui hivernait en Cappadoce.). Quant à Ptolémée, qui se dirigeait vers
Séleucos, préféra rebrousser chemin, ayant appris d’une source peu fiable
qu’Antigone avait remporté la victoire.
L’arrivée de Séleucos et de
ses 500 éléphants de guerre
L’affrontement décisif eu
lieu à Ipsos, en 301 avant Jésus Christ. Les armées de Séleucos, Ptolémée,
Lysimaque et Cassandre se trouvaient face à celles d’Antigone et de
Démétrios Poliorcète. Les deux camps comptaient à peu près le même nombre de
fantassins (environ 60 000 chacun.) et de cavaliers (environ 10 000
chacun.). Cependant, les 500 éléphants de Séleucos eurent un rôle
déterminant, Antigone n’en possédant que quelques dizaines.
Antigone ne se découragea
cependant pas. A la tête de sa cavalerie, il attaqua Antiochos, le
fils de Séleucos, et parvint à le mettre en déroute. A la manière
d’Alexandre, Antigone continua sa percée au sein de l’armée ennemie, jusqu’à
ce qu’il se heurte aux éléphants de Séleucos. Encerclé, Antigone combattit
jusqu’à la mort (percé de lances, il mourut à l’âge de 84 ans.).
L’armée d’Antigone finit par
prendre la fuite, tout comme Démétrios, qui parvint cependant à rejoindre sa
flotte.
[1]
Nous avons vu l’arrivée d’Ophellas à la tête de Cyrène en 4, section
II, chapitre quatrième, histoire de la Grèce antique.
[2]
Pour plus de détails sur la proclamation de Tyr, voir le 3, section
V, chapitre quatrième, histoire de la Grèce antique.
[3]
Nous avons vu en 3, section V, chapitre quatrième, histoire de la
Grèce antique, qu’Eacide avait été éliminé par son cousin
Néoptolème II.
[4]
Pour plus de renseignements sur l’histoire et la signification du
titre de basileus, voir le 4, section III, chapitre premier,
histoire de la Grèce antique.
[5]
Par la suite, les Rhodiens érigèrent le colosse de Rhodes, en
souvenir de leur résistance à Démétrios. Vous en saurez plus sur
cette merveille, en consultant la page qui lui est réservée, dans la
partie les sept merveilles du monde.
[6]
Séleucos avait reçu ces éléphants des mains de Chandragupta Maurya,
en échange de l’abandon de certains territoires situés à l’est de
l’Empire d’Alexandre (comme nous l’avons vu en 4, section V,
chapitre quatrième.).