VIII : Les Antigonides (III° -
I° siècles avant Jésus Christ)
1° Le règne
d’Antigone II Gonatas – À la mort de son père, Démétrios I° Poliorcète,
Antigone II se trouvait dans une situation délicate. Dans un premier temps,
il parvint à contenir les attaques menées par Pyrrhus et Lysimaque. Puis
lorsque ce dernier mourut, il s’empara de la Macédoine.
Ne désirant pas reconstituer
l’Empire d’Alexandre, Antigone II préféra s’occuper de son territoire. Il
transféra la capitale à Pella, qui était le centre de la Macédoine à
l’époque d’Alexandre (au cours des années précédentes, la capitale avait été
transférée à Cassandréis, puis à Démétrias.).
- La menace de Pyrrhus :
par la suite, Pyrrhus, qui s’était rendu en Grande Grèce pour sauver la cité
de Tarente de l’invasion romaine (il avait subi un cuisant échec.), rentra
en Epire. Il décida alors de s’attaquer à la Macédoine, un territoire qu’il
avait occupé quelques années auparavant.
Dans un premier temps,
Antigone II dut se retirer, mais Pyrrhus ne sut exploiter son avantage. Ce
dernier, après avoir en vain assiégé Sparte, décida de s’en prendre à la
cité d’Argos. Il mourut au cours du siège, en 272 avant Jésus Christ, une
vieille femme lui ayant jeté une brique du haut des murailles (ce fut son
fils Alexandre II qui lui succéda, mais ce dernier dut abandonner ses
prétentions sur la Macédoine.).
La mort de Pyrrhus,
par Boccace, enluminure issue de
l'ouvrage de casibus, France, XV°
siècle.
- La guerre
Chrémonidéenne : en 268 après Jésus Christ, un orateur athénien,
Chrémonidès, s’insurgea contre la domination macédonienne. Ces derniers,
s’alliant avec Sparte et Ptolémée II Philadelphe, recueillirent de nombreux
soutiens partout en Grèce : Mantinée, Élis, la Ligue achéenne, etc.
Les opérations commencent
par le siège de Corinthe, alors entre les mains de Cratère, le demi
frère d’Antigone (cette cité était en effet une position stratégique en
Grèce.). Les Spartiates assiégèrent la ville à trois reprises, entre 267 et
265 avant Jésus Christ, mais sans parvenir à leurs fins.
Antigone décida alors de
marcher contre les cités coalisées et descendit vers le sud, assiégeant
Athènes.
C’est alors qu’Alexandre II,
le fils de Pyrrhus, en profita pour pénétrer en Macédoine. L’Antigonide dut
alors rebrousser chemin, puis affronta son adversaire peu après (ce dernier
fut écrasé, en 262 avant Jésus Christ.).
Par la suite, Antigone
retourna à Athènes, qu’il assiégea de nouveau. La ville fit sa soumission en
261 avant Jésus Christ. Chrémonidès s’enfuit alors en Égypte, et une
nouvelle garnison fut installée au sein de la cité.
- La seconde guerre
syrienne et troisième guerre syrienne : en 255 avant Jésus Christ, la
seconde guerre syrienne éclata (la première guerre s’était soldée par
l’échec d’Antiochos, qui avait dû céder la Phénicie et la Cilicie à Ptolémée
II
[1].).
Antigone II, allié à Antiochos II Théos (‘dieu’.), fils d’Antiochos
(ce dernier étant mort en 261 avant Jésus Christ.), luttèrent contre
Ptolémée II. Au cours de ces années de guerre, les trois camps connurent
victoires et défaites, mais au final, le Séleucide parvint à récupérer la
Phénicie et la Cilicie (cependant, les Parthes envahirent le sud de
la mer Caspienne en 259 avant Jésus Christ, créant la Parthie.).
Tétradrachmes à l'effigie
d'Antiochos II, III° siècle avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.
En 246, la troisième guerre
syrienne éclata. Une des raisons de cette guerre était que Ptolémée III
Evergète (‘le bienfaiteur’.), fils de Ptolémée II, désirait venger la
mort de sa sœur Bérénice. En effet, cette dernière avait épousé
Antiochos II, qui avait donc dû répudier sa première épouse, Laodice.
Cependant, le Séleucide changea plus tard d’avis, répudiant Bérénice et
rappelant Laodice (cette dernière fit alors assassiner Antiochos II et
Bérénice.).
Séleucos II Callinicos
(‘le grand vainqueur’.) monta alors sur le trône de son père. Ce dernier se
fit écraser par Ptolémée III, qui parvint à remonter en Asie jusqu’aux
bouches du Tigre.
Les trois royaumes firent
alors la paix en 241 avant Jésus Christ. Ptolémée III remporta la Syrie,
toute la côte de l’Asie mineure, ainsi que la Thrace (prise à Antigone.).
Par la suite, le frère de
Séleucos, Antiochos Hiérax (‘l’épervier’.), se révolta contre son
frère, et s’empara de l’Asie mineure.
Tétradrachmes à l'effigie
d'Antiochos Hiérax, III° siècle avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.
- Les dernières années de
règne : en 249 avant Jésus Christ, la cité de Corinthe échappa à
Antigone II. En effet, le fils de Cratère, Alexandre, décida de se
révolter, entraînant avec lui les cités d’Eubée. En fait, Antigone ne fit
rien contre le jeune homme, et la paix ne revint qu’en 245 avant Jésus
Christ, lorsque ce dernier mourut. Antigone maria alors son fils
Démétrios II avec la veuve d’Alexandre, et les cités d’Eubée
abandonnèrent la lutte.
Cette même année, la Ligue
achéenne, dirigée par Aratos, parvint à s’emparer de Corinthe, et les
villes de Mégare et de Trézène décidèrent de rejoindre cette entité
politique. Antigone n’eut pas de réaction, se contentant de s’allier avec la
Ligue étolienne, afin que cette dernière affronte les Achéens.
Il mourut en 239 avant Jésus
Christ, et ce fut son fils Démétrios II qui monta sur le trône.
2° Le règne
de Démétrios II de Macédoine – Démétrios II était déjà âgé lorsqu’il
succéda à son père.
- Nouveau souverain,
nouvelles alliances : au début de son règne, le roi se trouvait dans une
situation difficile. En effet, Démétrios II ne contrôlait qu’une partie de
la Grèce, à savoir la Macédoine, la Thessalie, l’Eubée et l’Attique.
Au cours des années
précédentes, les Antigonides avaient perdu les Thermopyles et la Béotie
(alors sous domination étolienne.), ainsi que la Thrace (dont s’étaient
emparés les Lagides suite à la troisième guerre syrienne.).
En outre, en 240 avant Jésus
Christ, les deux Ligues avaient fait la paix. Démétrios II se devait donc de
trouver des alliés. Il se tourna alors vers l’Epire, épousant Phtia,
fille d’Alexandre II et Olympias (régente du royaume depuis la mort de son
mari.), donc petite fille de Pyrrhus.
- La guerre contre les
Ligues : Démétrios II déclara alors la guerre aux deux Ligues, en 239
avant Jésus Christ. En 236 avant Jésus Christ, il commença par enlever la
Béotie au contrôle des Etoliens.
Aratos, à la tête de la
Ligue achéenne, tenta de s’emparer d’Argos en vain, puis décida ensuite de
s'attaquer à
Mégalopolis. En 235 avant Jésus Christ, le tyran de la ville préféra
abdiquer, et la cité intégra la Ligue. Par la suite, Aratos parvint à faire
rentrer de nombreuses cités de Grèce centrale dans la Ligue achéenne
(Mantinée, Tégée, etc.).
En 233, Démétrios II parvint
à vaincre Aratos à Phylakia, près de la cité de Tégée.
C’est alors que la Ligue
étolienne commença à s’écarter des Achéens. En outre, en 229 avant Jésus
Christ, les cités prises par Aratos décidèrent de rejoindre Sparte, alliée
traditionnelle des Lagides.
Au cours des années
suivantes, les principaux affrontements opposèrent la Ligue achéenne à
Sparte (menée par le roi Cléomène III.).
- La succession d’Epire :
à la mort d’Olympias, en 233 avant Jésus Christ, ses fils, Pyrrhus et
Ptolémée, montèrent sur le trône. Cependant, ils moururent rapidement,
plongeant le pays dans une crise de succession.
La république fut alors
proclamée, mais tous les Épirotes ne furent pas satisfaits. Une partie du
pays fit sécession et décida de rejoindre la Ligue étolienne. Cette dernière
attaqua l’Acarnanie par la suite, qui fit appel à Démétrios II.
Ce dernier fit alors appel
aux Illyriens, afin qu’ils s’attaquent à la Ligue étolienne. Cependant, les
Illyriens ne surent pas s’arrêter, et attaquèrent les Épirotes qu’ils
étaient censés protéger.
Finalement, menacés sur leur
frontière par une invasion dardanienne, les Illyriens durent se retirer,
après avoir obligés les Épirotes à mettre fin à l’alliance qu’ils avaient
passée avec les Étoliens et les Achéens.
En 229 avant Jésus Christ,
les Illyriens firent un nouveau raid contre l’Épire, s’attaquant au passage
aux Achéens et aux Etoliens (en 228 avant Jésus Christ, au cours de la
première guerre illyrienne, Rome écrasa les Illyriens, jugés trop
dangereux.)
Cependant, l’invasion
dardanienne toucha aussi la Macédoine, et Démétrios II, en 229 avant Jésus
Christ, mourut au cours d’une bataille.
Son fils Philippe V
étant encore un enfant, ce fut Antigone III Doson, demi-frère
d’Antigone II, qui lui succéda.
Tétradrachmes à l'effigie d'Antigone III, vers 220 avant
Jésus Christ, Altes museum, Berlin.
3° Le règne
d’Antigone III Doson – Antigone III, dès son élection par les
Macédoniens, épousa Phtia, la veuve de Démétrios II, et adopta Philippe V
(il reçut aussi la charge de régent.). En 229 avant Jésus Christ, la
situation n’était guère brillante pour la Macédoine, qui devait faire face à
l’hostilité de la Ligue étolienne et achéenne.
A cette époque, cette
dernière était en pleine croissance. Deux nouvelle ligues avaient vu le jour
récemment (Ligue de Phocide et Ligue de Béotie.), et s’étaient alliées aux
Achéens. En outre, Athènes aussi se rapprochait de la Ligue achéenne.
La situation devenait
risquée pour la Ligue étolienne, qui décida de faire la paix avec Antigone
III et de se rapprocher de Sparte (ils décidèrent d’accompagner Cléomène III
dans sa lutte contre la Ligue achéenne.).
Les Spartiates, soutenus par
Ptolémée III Evergète, vainquirent les Étoliens en 227 avant Jésus Christ à
Mégalopolis, puis parvinrent à s’emparer de nombreuses cités, au cours des
années suivantes (Corinthe, Argos, etc.).
Aratos décida alors, en 224
avant Jésus Christ, de se rapprocher d’Antigone III. Ce dernier accepta, et
commença à lutter contre Sparte. L’armée macédonienne s’empara de Corinthe,
de Mantinée et de Sicyone, forçant Cléomène III et ses hommes à reculer.
Par la suite, Antigone III
créa la Ligue des alliés, regroupant la Macédoine, la Ligue Achéenne, la
Béotie, la Thessalie et l’Arcananie : toutefois, la Macédoine n’avait pas un
statut supérieur aux autres, tous les membres de l’alliance étant égaux.
Au cours de l’hiver 223,
Cléomène profita du fait que les troupes d’Antigone soient parties hiverner
en Macédoine pour prendre Mégalopolis et l’Argolide.
En 222 avant Jésus Christ,
Antigone III et ses troupes redescendirent au sud de la Grèce, et
affrontèrent les Spartiates au cours de la bataille de Sellasia.
Sparte alignait ce jour là
20 000 soldats, contre 30 000 pour les Macédoniens. Cependant, Cléomène
décida de lancer l’offensive : il envoya la cavalerie s’attaquer à
l’infanterie adverse, mais cette tentative se solda par un échec. Par la
suite, les hoplites spartiates ne parvinrent pas à battre leurs ennemis, et
Cléomène dut se résoudre à prendre la fuite (il partit se réfugier en Égypte
auprès de Ptolémée III.).
Antigone III força ensuite
Sparte à rejoindre la Ligue des alliés, puis rebaptisa du nom d’Antigoneia
la cité de Mantinée.
Cependant, une invasion
illyrienne obligea le roi de Macédoine à rentrer chez lui, où il mourut peu
après (221 avant Jésus Christ.).
4° Le règne
de Philippe V de Macédoine – À la mort d’Antigone III, Philippe V monta
sur le trône.
Buste de Philippe V, II°
siècle après Jésus Christ (copie romaine d'après l'antique), musée
national de Rome, Rome.
Si ce dernier n’accomplit rien de spécial au cours de ses
premières années de règne (il soutint la Ligue achéenne qui fut vaincue par
la Ligue étolienne en 220.), par contre, en 215 avant Jésus Christ, il
s’allia avec le Carthaginois Hannibal contre Rome. C’est ainsi
qu’éclata la première guerre macédonienne, un conflit en marge de la
deuxième guerre punique.
- La première guerre
macédonienne : Rappelons qu’en 215, Hannibal était à deux doigts de
s’emparer de Rome : ses troupes avaient déjà vaincus les Romains à deux
reprises, à Trasimène et à Cannes (cette bataille fut une victoire totale
pour Hannibal, qui écrasa l’armée romaine, alors supérieure en nombre.).
Mais, par la suite, le Carthaginois, indécis, préféra ne pas faire le siège
de Rome et s’installa à Capoue. C’est alors qu’il décida de s’allier avec
Philippe V.
Cependant, le roi de
Macédoine ne put rien faire contre les Romains : il ne put pas débarquer en
Italie, Rome ayant installé une flotte à Brindisi (à la point est de
l’Italie.) ; et il ne put pas non plus s’emparer des positions romaines en
Illyrie (Dyrrachium et Apollonia.).
En outre, les Romains
passèrent une alliance avec la Ligue étolienne, Sparte et le royaume de
Pergame (212, 211 et 209 avant Jésus Christ.), qui attaquèrent Philippe V
sur ses arrières, l’empêchant de pouvoir s’en prendre à Rome.
Au final, Philippe V signa
la paix avec les Romains, une fois qu’Hannibal n’eut plus la moindre chance
de l’emporter (205 avant Jésus Christ.).
- La seconde guerre
macédonienne : ce conflit éclata suite à la prise de l’île de Chios par
Philippe V, en 201 avant Jésus Christ. L’année suivante, Pergame, inquiets
de la montée en puissance des Macédoniens dans la mer Egée, décida de faire
appel à Rome.
En 197 avant Jésus Christ,
les Romains et Macédoniens s’affrontèrent à Cynocéphales.
L’armée romaine, commandée
par le consul Titus Quinctius Flamininus, comptait en ses rangs près
de 30 000 soldats, ainsi que quelques milliers de troupes auxiliaires
(archers de Crète, cavaliers numides, etc.).
De son côté, Philippe V
alignait la fameuse phalange macédonienne, rassemblant plus de 20 000
soldats.
En effet, le roi de
Macédoine était en infériorité numérique, mais ce n’est pas ça qui fut la
cause de son échec. En fait, lorsque l’assaut fut alors lancé, les Romains
attaquèrent les Macédoniens sur ses flancs. La phalange, difficile à
manoeuvrer, ne pouvait se retourner et combattre. En outre, les actions
individuelles étaient prescrites, les soldats devaient tenir le rang et ne
jamais ne battre seuls.
Au final, la légion romaine,
n’attaquant pas de front, finit par écraser l’armée de Philippe V.
Ce jour là, les Romains
battirent les Macédoniens pour la première fois au cours d’une bataille
rangée. Le temps de la phalange était révolu. Ce système avait fait ses
preuves contre des ennemis supérieurs en nombre mais disposant de
protections sommaires (par exemple, au cours des guerres médiques, les
Perses ne portaient qu’une armure légère et n’avaient que des boucliers en
osier.), où lors d’affrontements entre deux phalanges. A Cynocéphales, ce
système montra ses limites, se révélant totalement inefficace face à la
légion romaine. Cette dernière était bien plus légère (les hoplites
portaient de lourdes armures.), bien plus flexible, et donc bien plus
efficace.
Philippe V dut se retirer,
laissant aux Romains 8 000 morts et 5 000 prisonniers. Les légionnaires,
quant à eux, avaient perdu moins d’un millier d’hommes.
Peu de temps après, le roi
de Macédoine dut faire la paix avec Rome. En 196 avant Jésus Christ,
Philippe V signa le traité de Tempé avec Flamininus : le roi perdit toutes
ses possessions en Grèce et en Asie mineure ; paya une indemnité de 1 000
talents ; livra la quasi-totalité de sa flotte aux Romains ; et devint allié
de Rome. Cette dernière décida cependant de laisser son royaume à Philippe
V, car la Macédoine était un État tampon entre l’Illyrie et la Grèce.
La situation politique suite
à la bataille de Cynocéphales, 197 avant Jésus Christ
(vous pouvez faire un "clic droit" sur la carte afin de faire un zoom).
En 196 avant Jésus Christ,
Flamininus déclara l’indépendance des cités grecques au cours des Jeux
Isthmiques (ils se déroulaient en effet dans l’isthme de Corinthe.). Mais en
réalité, les cités grecques passèrent simplement d’une domination
macédonienne à une domination romaine...
Philippe V mourut en 179
avant Jésus Christ. Son fils Persée monta alors sur le trône.
5° Le règne
de Persée de Macédoine – Persée n’appréciait pas la tutelle romaine.
Tout au long de son règne, il tenta de monter des alliances contre Rome,
afin de contrebalancer leur domination toujours plus pesante.
Tétradrachmes à l'effigie de Persée, vers 170 avant Jésus
Christ, Altes museum, Berlin.
En 174 avant
Jésus Christ, Persée se rapprocha de la Ligue achéenne et de la Béotie
(toujours en prenant soin de ne pas rompre le traité de 197, que nous avons
mentionné au point précédent.).
Mais au final, la
troisième guerre macédonienne éclata en 172 avant Jésus Christ, suite à
une plainte déposée devant le sénat romain par Eumène II, roi de Pergame.
Le conflit commença mal pour
les Romains. Les cités grecques ne voulurent pas les aider, tout comme
l’Epire et l’Illyrie. En outre, Eumène II devant faire face à une
insurrection galate, il ne put pas aider ses alliés romains.
Au point de vue militaire,
Persée parvint à repousser les légions romaines, s’établissant par la suite
sur le fleuve Elpeus, à la frontière de la Thessalie et de la Macédoine.
En 168 avant Jésus Christ,
le sénat romain envoya alors le consul Lucius Aemilius Paulus (appelé
aussi Paul Émile.) prendre la relève. Il envoya alors une partie de son
armée vers la côte, pour faire croire à une manœuvre de débordement. Puis,
avec le reste de ses hommes, il passa par les montagnes de Macédoine afin de
prendre Persée à revers.
Le roi, apprenant la
manœuvre romaine, envoya un contingent de 10 000 hommes à leur rencontre.
Ces derniers, se faisant battre par la légion, se replièrent, et Persée fut
donc obligé de changer de position. Il se dirigea vers le nord, puis décida
d’établir le campement près de la cité de Pydna.
Au matin de la bataille, les
deux forces en présence étaient de taille équivalente. Les Romains avaient
une armée de 40 000 hommes, les Macédoniens, quant à eux, étaient 45 000.
L’assaut fut donné dans
l’après midi. Au départ, le terrain étant favorable, les phalanges
macédoniennes enfoncèrent les lignes romaines. Ces derniers laissèrent alors
progresser leurs ennemis, puis les attaquèrent sur les flancs. Tout comme à
Pydna (que nous avons évoqué au point précédent.), les soldats macédoniens
ne purent résister aux légionnaires. La phalange montrait définitivement son
infériorité à la légion romaine. L’échec était sanglant pour les
Macédoniens, qui perdirent ce jour là à Pydna près de 30 000 hommes (20 000 tués et
10 000 prisonniers.).
Par la suite, Persée se
réfugia à Amphipolis, où il tenta en vain de lever de nouvelles troupes.
Puis, il se réfugia sur l’île de Samothrace, qui fut soumise à un blocus par
les Romains. Persée et son fils Philippe se rendirent contre la promesse
qu’ils auraient la vie sauve.
L’année suivante, en 167
avant Jésus Christ, la monarchie macédonienne fut abolie ; le royaume de
Macédoine fut divisé en quatre districts autonomes (sous domination romaine,
évidemment.). La dynastie des Antigonides était morte.
6° Dernière
tentative macédonienne contre Rome – En 152 avant Jésus Christ, un Grec
nommé Andriscus se fit passer pour Philippe VI de Macédoine, le fils
de Persée. Parvenant ainsi à réunir des milliers de soldats autour de lui,
il décida d’en découdre avec les Romain. Le sénat décida alors de monter une
expédition contre l’usurpateur, qui fut vaincu à Pydna par le consul
Metellus, en 148 avant Jésus Christ.
Suite à cette expédition, la
Macédoine devint une province romaine.
7° La
progression des Romains en Asie mineure – Rome ne s’arrêta pas en si bon
chemin dans ses plans de conquêtes.
- Le royaume de Pergame et
de Cilicie : en 133 avant Jésus Christ, Attale III, roi de Pergame, n’avait
pas d’enfants. A sa mort, il légua son royaume à Rome.
Les Romains, après avoir
maté la révolte menée par un demi frère d’Attale III nommé Stratonicos
(ce dernier fut vaincu par le consul Perpena à Stratonicée.), firent
de l’Asie mineure une province romaine.
Rome s’empara par la suite
du royaume de Cilicie, qui fut lui aussi transformé en province romaine.
- Guerres contre
Mithridate VI : Mithridate VI Eupator (‘bien né’.) monta sur le trône du
Pont en 111 avant Jésus Christ. A cette époque, l’Asie mineure avait échappé
au contrôle des Antigonides et des Séleucides, et était divisée en une
multitude de petits royaumes.
Buste de Mithridate VI, musée
du Louvre, Paris.
Roi conquérant, Mithridate
VI, avec l’aide de Tigrane II le Grand (un prince arménien.),
s’empara de la Cappadoce, de la Paphlagonie, de la Bithynie, etc. Les
Romains, voyant cette montée en puissance d’un mauvais œil (ils rétablirent
le roi de Bithynie sur son trône.), décidèrent finalement d’intervenir suite
aux massacres de 88 avant Jésus Christ. En effet, Mithridate VI fit à cette
date exécuter tous les Romains présents en Asie mineure (près de 20 000
personnes auraient été tuées au cours de ces évènements.).
Les armées de Mithridate
passèrent alors en Grèce, où elles furent bien accueillies. C’est alors que
le sénat envoya ses légions pour en découdre, ce fut le début de la
première guerre mithridatique. Le Romain Sylla, à la tête des
armées, s’empara d’Athènes, puis vainquit les soldats de Mithridate VI à
Chéronée et Orchomène (86 et 85 avant Jésus Christ.).
Buste de Sylla, Glyptothèque
de Munich
.
Ce dernier signa alors la
paix de Dardanos, en 85 avant Jésus Christ. Mithridate dut renoncer à toutes
ses conquêtes, mais, bien que vaincu, il restait à la tête de son royaume,
et avait toujours une grande liberté d’action.
La seconde guerre
mithridatique éclata en 83 avant Jésus Christ, car Mithridate mettait un
peu trop de temps, au goût des Romains, pour se retirer de Cappadoce.
Lorsque le roi de Bithynie
mourut, en 74 avant Jésus Christ, ce dernier léga son royaume aux Romains.
Mithridate utilisa ce prétexte pour leur déclarer la guerre, argumentant que
leur présence aux frontières du Pont était dangereuse pour lui. C’est ainsi
que débuta la troisième guerre mithridatique.
Envahissant alors la
Bithynie, il parvint à battre le consul Cotta en Chalcédoine, puis
alla assiéger Cyzique. C’est alors qu’un autre consul, Lucullus,
assiégea l’armée de Mithridate. Ce dernier eut à subir de lourdes pertes, et
décida de se retirer. Par la suite, le roi du Pont ne connut que des revers.
Les Romains s’emparèrent de sa flotte, et, parvenant à vaincre Mithridate VI
à plusieurs reprises, ce dernier décida de se réfugier en Arménie auprès de
son allié Tigrane II. Ce dernier refusa alors de livrer son allié aux
Romains.
Par la suite, en 69 avant
Jésus Christ, Lucullus parvint à s’emparer de la capitale de Tigrane,
Tigranocerte. L’année suivante, le Romain recréa artificiellement le royaume
séleucide
[2],
afin de punir Tigrane d’avoir participé à cette guerre.
Par la suite, en 66 avant
Jésus Christ, le général romain Pompée reprit le flambeau (ce dernier
avait la confiance du sénat, car il venait de vaincre les pirates de
Méditerranée.). Il assiégea alors Mithridate VI en Crimée, et attendit que
la population, privée d’approvisionnement, se révolte contre ce dernier. Une
révolte éclata en 63 avant Jésus Christ, menée par Pharnace, le fils
de Mithridate VI. Ce dernier se tua peu après.
Le sénat romain s’empara
donc du royaume du Pont, et en fit une province (il en fut de même pour la
Bithynie.). Quant à Pharnace, il reçut la Crimée. Pompée annexa aussi la
Syrie, destituant le dernier roi Séleucide.
Une dernière tentative de
soulèvement fut organisée par Pharnace, qui avait réussi à s’asseoir sur le
trône du Pont. Le général romain Jules César, qui venait de vaincre
son ennemi Pompée, fut envoyé pour mettre fin à cette rébellion. En 47 avant
Jésus Christ, il écrasa Pharnace en trois jours. C’est à cette occasion
qu’il écrivit ces mots au sénat : « veni, vidi, vici » (je suis venu,
j’ai vu, j’ai vaincu.).