1° Le
krach de Wall Street (fin octobre 1929) – Alors que depuis
la fin de la Grande guerre, l’Europe souffrait d’importantes difficultés
économiques, les Etats-Unis, au contraire, bénéficiaient d’une forte
croissance, qui avait débuté à la fin du XIX° siècle.
Ainsi, entre 1919 et 1929, la production industrielle avait progressé de
50%, l’indice Dow Jones
de 468%.
Cependant, Wall Street
subit un important Krach boursier,
à la fin octobre 1929.
Les principales causes de cet évènement furent l’éclatement d’une bulle
spéculative, amplifiée par un système d’achat d’actions à crédit, instauré
en 1926. Ainsi, au lieu de payer l’intégralité des sommes dues lors d’un
achat de titres, les spéculateurs pouvaient verser une somme correspondant à
10% de la valeur totale, et échelonner les remboursements sur plusieurs
échéances.
A
la bourse de New York, les premières ventes massives d’actions eurent lieu
quelques jours avant le krach, entre le 18 et le 23 octobre. Dans un premier
temps, les principales banques new-yorkaises tentèrent d’acheter des titres
afin d’inverser la tendance ; cependant, après une stabilisation des cours
les 24, 25 et 26 octobre, ces derniers chutèrent drastiquement le 28
octobre, surnommé le lundi noir.
Ainsi, en raison du vent de panique soufflant sur la bourse de New York,
tous les actionnaires décidèrent de vendre leurs titres au plus vite, afin
de limiter leurs pertes. Le 28 octobre, 9 millions d’actions furent
échangées, le lendemain, le mardi noir,
le volume passa à 16 millions. En raison de ces très nombreux échanges, les
téléimprimeurs,
ne pouvant suivre le cours des opérations, accusaient trois heures de
retard.
En
l’espace de quelques jours, le Dow Jones avait perdu près de 40% de sa
valeur, soit approximativement 30 milliards de dollars.
Cependant, cet évènement eut d’importantes répercussions aux Etats-Unis et
dans le monde entier. Suite au krach, de nombreux spéculateurs furent dans
l’incapacité de rembourser leurs emprunts ; de nombreuses sociétés firent
faillite ; les banques, assaillies par les épargnants venus récupérer leurs
fonds, furent dans l’incapacité de faire face à la demande.
En
l’espace de quelques mois, les Etats–Unis entrèrent dans un cercle
vicieux, et la crise économique s’alimenta d’elle-même : baisse de la
consommation, des investissements et de la production, explosion du chômage
(1.5 millions de chômeurs en 1929 contre 15 millions en 1933.), nouvelles
faillites, etc.
Enfin, le gouvernement décida d’adopter une série de mesures
protectionnistes (afin de s’assurer que l’argent des Américains serait
investi dans des produits américains.), ce qui permit à la crise de frapper
les économies européennes à compter de 1931.
A
noter qu’en juillet 1932, le Dow Jones avait perdu 89% de sa valeur
initiale.
2° Une instabilité ministérielle
amplifiée par le krach de Wall Street (novembre 1929 à janvier 1931)
– Suite à la démission d’Aristide Briand en octobre 1929,
Doumergue décida de nommer André Tardieu au poste de président du conseil.
a)
Le ministère Tardieu (novembre 1929 à février 1930) : ce dernier
composa un gouvernement de centre-droit, composé en majorité d’hommes de
l’Alliance démocratique, plus des socialistes et des radicaux indépendants,
ainsi que des membres de la Fédération républicaine.
Tardieu, récupérant le ministère de l’Intérieur, confia à Briand le
portefeuille des Affaires étrangères ; Maginot fut nommé à la Guerre ;
Leygues conservait la Marine. En outre,
Pierre-Etienne Flandin
reçut le ministère du Commerce.
Cependant, le gouvernement Tardieu eut une durée de vie éphémère. Ainsi,
après avoir validé le projet de construction de la ligne Maginot
(début janvier 1930.), la Chambre des députés renversa le ministère le 17
février.
La
ligne Maginot fut construite en deux temps. De prime abord, des
fortifications furent érigées sur la frontière franco-italienne, le
gouvernement français étant plus inquiété par le fascisme italien que la
république de Weimar. Toutefois, à compter de 1933 et de la montée du
nazisme en Allemagne,
une nouvelle série d’ouvrages fut construite dans le nord-est de la France.
Au
total, l’on estime que la ligne Maginot eut un coût total de cinq milliards
de francs, une somme peu importante proportionnellement au budget de l’Etat.
b)
Le ministère Chautemps (février 1930) : suite à la démission de
Tardieu, Doumergue décida de confier à Camille Chautemps, leader de
l’opposition, la charge de président du conseil.
Ce
dernier composa alors un ministère composé en majorité de membres du PRRRS
(parti républicain, radical et radical socialiste.), ce qui ne plut guère à
la Chambre des députés. Ainsi, le gouvernement Chautemps fut renversé moins
d’une semaine après sa constitution (25 février 1929.).
c)
Le second ministère Tardieu (mars à décembre 1930) : Tardieu,
récupérant sa charge de président du conseil, constitua un nouveau ministère
le 2 mars 1930.
Conservant le ministère de l’Intérieur, Tardieu confirma Briand aux Affaires
étrangères, Maginot à la Guerre et Flandin au Commerce ; Laval reçut le
ministère du Travail ; Paul Reynaud
eut le portefeuille des Finances ;
enfin, Raoul Péret
fut nommé à la Justice.
Raoul Péret, Le Monde Illustré, 20 juin 1914.
Comme à l’accoutumée, le gouvernement Tardieu était en majorité composé
d’hommes de l’AD, plus des socialistes et des radicaux indépendants, ainsi
que de membres de la FR.
Cependant, quelques jours après la formation du nouveau gouvernement,
d’importantes inondations dévastèrent le Languedoc et le Midi. Plusieurs
centaines de milliers d’hectares furent sinistrés à cause de la brusque
montée des eaux, et près de 700 personnes trouvèrent la mort lors de cet
évènement.
Afin de porter assistance aux sinistrés, Tardieu donna naissance à l’aide
aux victimes des calamités agricoles.
Fin mars, un projet de loi instaura la gratuité des études secondaires ;
par ailleurs, fut instaurée une pension en faveur des anciens combattants.
A
noter toutefois que le ministère Tardieu fut renversé en décembre 1930, en
raison de l’affaire Oustric.
Albert Oustric était un banquier amateur de spéculation boursière,
qui toutefois fit banqueroute en novembre 1930, suite au krach de Wall
Street. Cependant, cet évènement fit scandale car Oustric avait tissé
d’importants réseaux avec le monde politique. Raoul Péret, éclaboussé par
l’affaire, fut contraint de démissionner, ce qui provoqua la chute du
ministère Tardieu.
Arrêté et incarcéré, Oustric fut condamné à un an de prison et 3 000 francs
d’amende.
d)
Le ministère Steeg (décembre 1930 à janvier 1931) : Doumergue,
quelques jours après les évènements, décida de confier à Théodore Steeg
la charge de président du conseil.
Ce
dernier, membre du PRRRS, eut le souci de ne pas reproduire l’erreur de
Chautemps en février 1930, en composant un gouvernement radical.
Ainsi, le nouveau venu tenta de mettre en place un ministère d’ouverture,
composé de radicaux, de membres de l’AD, ainsi que de socialistes et
radicaux indépendants.
Outre Steeg, qui récupérait le ministère des Colonies, l’on retrouvait
Aristide Briand aux Affaires étrangères ; Leygues à l’Intérieur ; Barthou à
la Guerre ; Sarraut à la Marine militaire ; Chautemps à l’Instruction
publique ; Painlevé au ministère de l’Air ; et Daladier aux Travaux publics.
Signe de la fragilité du régime, quatre ministères s’étaient succédés en
l’espace d’un an ; l’on comptait une douzaine de secrétaire d’Etats au sein
du nouveau gouvernement ; enfin, le ministère des Finances était
illogiquement divisé en trois portefeuilles (Finances, Budget et Economie
nationale.)
Après un mois d’existence, le gouvernement Steeg fut renversé par la Chambre
des députés le 22 janvier 1931.
3° Le ministère Laval (janvier
1931 à février 1932) – Suite à la démission de Steeg,
Doumergue décida de confier à Pierre Laval la charge de président du
conseil.
a)
La constitution du nouveau gouvernement (janvier 1931) : ce dernier,
bien qu’étant un ancien membre de la SFIO, constitua un ministère de centre
droit (composé, comme à l’accoutumée, par une majorité d’hommes de l’AD, des
socialistes et des radicaux indépendants, ainsi que des membres de la FR.).
Ainsi, outre Laval, qui récupérait l’Intérieur, l’on retrouvait Briand aux
Affaires étrangères ; Maginot à la Guerre ; Tardieu à l’Agriculture ;
Flandin au Commerce ; et Paul Reynaud aux Colonies.
Le ministère Laval.
b)
L’exposition coloniale internationale de Paris (mai à décembre 1931) :
c’est en mai 1931 que Doumergue inaugura l’exposition coloniale
internationale, organisée à Paris, sur le site du bois de Vincennes.
Affiche officielle de l'exposition coloniale de 1931, musée des Invalides,
Paris.
Cet évènement, dirigé par le maréchal Lyautey, avait comme objectif de
promouvoir l’Empire colonial français, présentant au public la richesse
culturelle de ces différentes régions du monde.
Ainsi, toutes les colonies françaises, mais aussi les protectorats et les
Etats sous mandat de la SDN, furent représentés lors de l’exposition
coloniale (à noter que plusieurs pays occidentaux furent représentés, tels
que la Belgique, l’Italie, l’Angleterre, les Pays-Bas, les Etats-Unis, le
Danemark, etc.).
Chaque pays était représenté par un pavillon, ce dernier évoquant la culture
et le savoir faire architectural indigène.
Parmi les monuments les plus marquants, l’on retrouvait une copie du
temple d’Angkor Vat, pavillon du Cambodge ; un bâtiment s’inspirant de
la grande mosquée de Djenné, pavillon de l’AOF ;
le pavillon de l’Annam, reconstitution d’un palais impérial chinois ; le
pavillon du Maroc, s’inspirant de l’Alhambra de Grande et de ses jardins à
la mode andalouse.
Reconstitution du temple d'Angkor Vat.
Les différents pays occidentaux, quant à eux, utilisèrent leurs pavillons
pour faire connaitre leurs colonies respectives : le Congo belge pour la
Belgique, l’Inde et la Palestine pou l’Angleterre, les
Indes orientales néerlandaises
pour les Pays-Bas, le Groenland pour le Danemark.
A
noter toutefois que certains pays firent ériger des bâtiments d’importance,
tel qu’une copie de la maison de George
Washington
à Mount Vernon, pavillon américain ;
la reproduction de la basilique de Leptis Magna,
pavillon italien.
Outre les pavillons, furent érigés en 1931 le
musée des colonies,
le jardin zoologique
(y furent installés différents animaux
d’Afrique.), et le parc des attractions (le manège le plus important, le
Scenic Railway, était un ensemble de montagnes russes dans un cadre
colonial.).
Enfin, l’on retrouvait aussi des zoos humains, des spectacles de danses, des
boutiques d’artisanat local, des cafés, des restaurants, des stands
publicitaires, etc.
Musée de l'Immigration (ancien musée des
colonies), Paris, mars 2012.
Cette exposition coloniale fut un véritable succès, 33 millions de billets
d’entrée ayant été vendus de mai à décembre 1931 (l’on estime que le nombre
de visiteurs uniques fut de 8 millions, ces derniers ayant pu acheter
plusieurs billets.).
A
noter cependant que fut organisée une contre-exposition communiste dans le
parc de Buttes-Chaumont, sur injonction du Komintern.
Cependant, cette manifestation organisée par le parti communiste fut un
cuisant échec, n’attirant que 5 000 visiteurs en l’espace de huit mois.
c)
Les élections présidentielles de mai 1931 : le mandat de Gaston
Doumergue arrivant à son terme, de nouvelles élections présidentielles
furent organisées le 13 mai 1931.
Doumergue ayant annoncé qu’il ne se représenterait pas, les candidats furent
peu nombreux à se présenter.
C’est ainsi que se présentèrent Paul Doumer (PRRRS mais proche de l’AD.),
président du Sénat depuis 1927 ; Marcel Cachin
(parti communiste.) ; et Jean
Hennessy
(socialiste indépendant.).
Cependant, à deux jours du scrutin, Aristide Briand, ministre des Affaires
étrangères, présenta sa candidature.
A
l’issue du premier tour, Doumer était en tête avec 49% des voix ; Briand,
arrivé second, n’obtenait que 44%.
Loin derrière, l’on retrouvait Cachin et Hennessy, récupérant chacun 1% des
suffrages.
Suite à l’annonce des résultats, Briand décida de retirer sa candidature ;
ainsi, ce dernier fut remplacé à la hâte par le radical
Pierre Marraud.
Le
deuxième tour confirma la tendance exprimée lors du premier, et Doumer fut
élu président de la république avec 57% des voix. Marraud, arrivé second,
n’obtenait que 38% des suffrages.
Paul Doumer, président de la république française, été 1931.
d)
Le remaniement ministériel de juin 1931 : quelques semaines après
l’élection de Paul Doumer à la tête de l’Etat, Laval fut contraint de
procéder à un remaniement ministériel (juin 1931.).
Comme à l’accoutumée, le nouveau gouvernement était composé par une majorité
d’hommes de l’AD, des socialistes et des radicaux indépendants, ainsi que
des membres de la FR.
Toutefois, les principaux ministres du gouvernement restaient en poste.
Ainsi, Laval conservait l’Intérieur, Briand les Affaires étrangères ;
Maginot le ministère de la Guerre ; Tardieu l’Agriculture ; et Paul Reynaud
les Colonies.
e)
Le moratoire Hoover (juin à décembre 1931) : comme nous l’avons vu
précédemment, le plan Young, qui prévoyait une réduction de la dette de
guerre allemande à 112 milliards de marks-or
(pour un paiement en 59 annuités.), avait été adopté en janvier 1930.
Toutefois, en raison du krach de Wall Street, les Etats-Unis, tout comme les
pays européens, subissaient une importante crise économique.
Le
président américain, Herbert Hoover,
proposa alors à la fin du mois de juin 1930 que le paiement de la dette de
guerre allemande soit suspendu pendant une année, en attendant que la
situation économique se stabilise.
Le
chancelier allemand Heinrich Brüning, qui avait annoncé début juin
1930 que l’Allemagne n’était pas en mesure de payer sa dette de guerre, fut
favorable au moratoire.
Côté français, le ministère Laval protesta dans un premier temps, mais le
texte fut adopté par la Chambre des députés le 6 juillet. Par ailleurs,
plusieurs pays européens acceptèrent de souscrire à ce moratoire.
Toutefois, le texte ne fut adopté qu’en décembre 1931 par le Congrès.
Mais contrairement à ce que pensait Hoover, la crise fut plus que
temporaire, cette dernière atteignant son paroxysme en 1932 (l’indice Dow
Jones atteignit son plus bas niveau historique au mois de juillet.).
f)
Second remaniement ministériel et chute du gouvernement Laval (janvier à
février 1932) : bien qu’étant nommé Homme de l’année par le
magazine américain Time
en fin d’année 1931,
Laval fut contraint de faire face à de nouvelles difficultés à compter de
l’été 1931.
"Une" du Time, présentant Pierre Laval comme l'Homme de l'année, décembre
1931.
Ainsi, le gouvernement accepta de prêter 25 millions de livres à
l’Angleterre en août 1931, le gouvernement britannique étant menacé par la
faillite ; en décembre, la crise économique mondiale commença à se faire
sentir en France (diminution des ventes, augmentation des invendus, baisse
des chiffres d’affaires.), même si le franc conservait sa stabilité ; enfin,
en raison de la mort d’André Maginot survenue le 7 janvier 1932,
le président du conseil fut contraint de procéder à un nouveau remaniement
ministériel quelques jours plus tard.
Conservant une couleur politique de centre-droit, le nouveau gouvernement
restait très similaire au précédent.
Ainsi, Laval s’arrogea les Affaires étrangères ;
Flandin fut nommé ministre des Finances ; Tardieu reçut le ministère de la
Guerre ; Paul Reynaud était confirmé au Colonies.
Toutefois, ce nouveau gouvernement fut renversé par le Sénat le 16 février
1932, peu de temps après l’adoption du droit de vote des femmes à la Chambre
des députés.
4° Le troisième ministère Tardieu, les élections législatives
de mai 1932 (février à mai 1932) – Laval ayant présenté sa
démission, Doumer décida de confier à Tardieu la charge de président du
conseil.
a) La constitution du
nouveau gouvernement (février 1932) : ce dernier, composant un ministère
de centre-droit, s’arrogea les Affaires étrangères ; Flandin fut confirmé
aux Finances ; Reynaud fut nommé à la Justice ; Laval eut le portefeuille du
Travail.
Le
11 avril 1932, alors que la campagne des élections législatives battait son
plein, la loi instituant les allocations familiales fut adoptée à la
Chambre des députés.
b)
Les élections législatives de mai 1932 : en mai 1932, le mandat des
députés arrivant à son terme, de nouvelles élections législatives furent
organisées.
La
gauche, ayant échoué lors du scrutin de 1928, décida de mettre en place une
alliance afin de faire face à la droite. Ainsi, le PRRRS et la SFIO
décidèrent de voter, lors du second tour du scrutin, pour le candidat étant
arrivé en tête.
Cette union est parfois surnommée second cartel des gauches, même si
le PRRS et la SFIO ne s’allièrent que temporairement.
A
noter toutefois qu’un grave évènement vint perturber le second tour du
scrutin, Paul Doumer ayant été assassiné deux jours avant par un exalté
russe (nous y reviendrons plus tard.).
Bénéficiant d’un taux de participation de 82%,
ce scrutin vit la victoire du second cartel des gauches, arrivé de peu en
tête des suffrages.
Ainsi, le PRRRS obtenait le plus grand nombre de sièges, mais était talonné
de près par la SFIO (175 élus contre 132.). Le PRS
(allié au parti socialiste français),
membre du Cartel, obtenait 28 sièges.
A
l’extrême-gauche, le parti communiste n’obtenait que 10 sièges, contre 9
pour le parti d’unité prolétarienne.
Au
centre, les voix s’étaient éparpillées sur une multitude de petits partis,
ce qui ne tarda guère à accentuer l’instabilité ministérielle.
Ainsi, l’on retrouvait l’AD, qui n’obtenait que 40 sièges ;
les indépendants de gauche
(26 sièges.) ; les radicaux indépendants de la gauche radicale (47
sièges.) ; le Centre républicain d’André Tardieu
(34 sièges.) ; et le PDP
(16 sièges.).
A
droite, les voix étaient elles aussi éclatées, et les résultats médiocres.
En effet, la FR ne récupérait que 41 sièges,
ce parti ayant éclaté en raison de sa dérive droitière.
Ainsi, le parti républicain et social, né de la scission, obtenait 18
sièges.
L’on retrouvait aussi les républicains
du centre,
un petit groupe parlementaire composé de sept élus ; ainsi que les
indépendants d'action économique, sociale et paysanne, un autre groupe
parlementaire réunissant des députés conservateurs proches de la paysannerie
(8 sièges.).
L’on notait enfin la présence de 16 non-inscrits.
5° L’assassinat de Paul Doumer,
les élections présidentielles de mai 1932 – Alors que le
deuxième tour des élections législatives allait avoir lieu, Paul Doumer fut
assassiné le 6 mai par Paul Gorgulov, un Russe qui tira trois coups
de feu sur le chef de l’Etat.
L'assassinat de Paul Doumer, mai 1932.
Gorgulov, né en 1895, avait participé à la première guerre mondiale, puis
s’était engagé au sein des armées blanches en 1917, suite à la révolution
russe.
Quittant la Russie suite à la prise de pouvoir des bolcheviks, il se réfugia
à Prague, puis à Nice.
Suite à l’attentat, Gorgulov, qui souffrait apparemment de troubles mentaux,
tenta de se justifier en expliquant qu’il voulait se venger de la France qui
refusait d’intervenir en Russie soviétique.
Doumer, mortellement blessé par son agresseur, succomba le lendemain ;
Gorgulov, quant à lui, fut arrêté, incarcéré, et condamné à mort le 27
juillet 1932.
Doumer étant décédé, il fut décidé de procéder à de nouvelles élections
présidentielles.
Plusieurs parlementaires décidèrent alors de déposer leur candidature, tels
que Albert Lebrun
(AD.), président du Sénat ;
Paul Faure
de la SFIO ; Paul Painlevé, socialiste indépendant ; et le communiste Marcel
Cachin.
Finalement, ce fut sans surprise Albert Lebrun qui récolta la majorité des
suffrages, étant élu dès le premier tour avec plus de 80% des voix.
Ses adversaires malheureux arrivaient loin derrière, Faure récoltant 15% des
voix, Painlevé 1.5%, et Cachin 1%.
A
noter toutefois que les députés ayant participé à cette élection n’étaient
pas les nouveaux élus de mai 1932, mais les représentants de la chambre de
1928.
Ainsi, Lebrun, élu par une assemblée de droite, dut faire face pendant tout
son mandat à une assemblée de gauche. N’ayant qu’une faible marge de
manœuvre, le nouveau chef de l’Etat fut donc contraint de composer avec des
députés n’étant pas de son bord, et avec des ministres lui étant hostiles.
Albert Lebrun.
6° Le troisième ministère Herriot (juin à décembre 1932) –
En raison de la nouvelle couleur politique de la Chambre des députés,
Albert Lebrun décida de confier la charge de président du conseil à Edouard
Herriot (PRRRS.).
A
noter qu’à leur habitude, les membres de la SFIO (bien que membre du second
cartel.) refusèrent de participer au gouvernement.
Le
3 juin, ce dernier constitua ainsi un gouvernement à tendance radicale, dans
lequel l’on trouvait aussi quelques socialistes et radicaux indépendants.
Ainsi, le nouveau président du conseil nomma Camille Chautemps à
l’Intérieur ; Daladier reçut le portefeuille des Travaux publics ; Albert
Sarraut eut les Colonies ; Leygues (seul membre de l’AD de ce
gouvernement.) reçut la Marine ; Joseph
Paul-Boncour
eut la Guerre ; enfin, Painlevé fut nommé ministre de l’Air.
A
noter que c’est à cette époque que le ministère de l’Instruction publique
fut rebaptisé Education nationale.
a)
La conférence de Lausanne (juin à juillet 1932) : comme indiqué
précédemment, la dette de guerre allemande, fixée 112 milliards de marks-or
depuis l’adoption du plan Young, avait été suspendue pour un an en raison du
moratoire Hoover
(décembre 1931).
Depuis, une année s’était écoulée, et, même si la crise économique battait
son plein, le gouvernement français souhaitait que les paiements allemands
reprennent.
C’est ainsi que fut organisée la conférence de Lausanne, en Suisse,
afin de résoudre la question des dettes de guerre.
Finalement, après d’âpres discussions, la dette de guerre allemande fut
réduite à 3 millions de marks-or, plus un remboursement en nature de 82
millions payé à la France.
En
contrepartie, les émissaires allemands reconnaissaient deux clauses du
traité de Versailles, contestées depuis 1919 : la limitation des effectifs
militaires,
et la culpabilité de l’Allemagne dans le déclenchement de la Grande guerre.
A
noter toutefois que l’issue de la conférence de Lausanne ne fut pas acceptée
par le Congrès américain (le projet de réduction de la dette allemande fut
rejeté en décembre 1932.).
En
Allemagne, le traité fut vivement critiqué, en raison de l’acceptation des
fameuses clauses contestées du traité de Versailles.
Toutefois, en raison de la poursuite de la crise économique, les paiements
furent mis en pause pendant plusieurs mois ; en outre, ils furent annulés
suite à l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir
(janvier 1933.).
b)
La poursuite de la politique déflationniste française atténue la crise
économique mais la prolonge (juin à décembre 1932) : depuis le début de
la crise de 1929, les gouvernements s’étant succédés avaient adopté une
politique économique déflationniste.
La
déflation, à l’opposé de l’inflation, est un mouvement de baisse des prix
durable (c'est-à-dire sur plusieurs trimestres ou plusieurs années.).
De
prime abord, une politique déflationniste peut sembler avantageuse : les
prix diminuent, ce qui entraîne une amélioration du coût de la vie (le
consommateur peut acheter plus de biens pour le même prix qu’autrefois.).
Toutefois, si cette déflation se poursuit pendant trop longtemps, la
consommation, au lieu d’augmenter grâce aux petits prix, va diminuer (les
ménages préférant économiser afin d’acheter d’avantage de biens dans le
futur.).
En
ce qui concerne les entreprises, une déflation durable peut entraîner
d’importantes pertes financières, voire la faillite.
En
effet, si lors d’une période d’inflation, la valeur de la monnaie baisse,
l’entreprise remboursera moins d’argent (ce dernier ayant connu une forte
dévaluation.) ; au contraire, en période de déflation, l’entreprise devra
rembourser plus.
Cette politique déflationniste permit donc à la France de retarder les
effets du krach de 1929 ; cependant, elle entraina involontairement une
prolongation de la crise.
Ainsi, les dépenses publiques de l’Etat excédaient de 25% les recettes ;
malgré une baisse des prix de l’ordre de 25%, en raison d’une déflation de
8%, la France vit ses exportations nationales diminuer de 60% entre 1929 et
1932 ; l’on comptait 284 000 chômeurs
en fin d’année 1932 ; enfin, l’on constatait un net recul de la production
annuelle, la sidérurgie ayant reculé de moitié par rapport à 1928.
c)
La chute du gouvernement Herriot (décembre 1932) : le 14 décembre
1932, le gouvernement Herriot fut renversé par la Chambre des députés,
concernant la question du remboursement des dettes de guerre contractées
auprès des Etats-Unis.
Malgré la quasi-annulation des réparations allemandes, consentie suite à la
conférence de Lausanne, Herriot considérait qu’il était du devoir de la
France de rembourser ses dettes vis-à-vis des Etats-Unis (d’autant plus que
le gouvernement américain, hostile à l’annulation des réparations
allemandes, ne comptait pas supprimer la dette française.).
La
Chambre des députés, hostile à la thèse d’Herriot, vote alors une motion de
défiance contre le gouvernement.
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