Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

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Clovis, ou la France chrétienne

Livre septième

 

Aurele à differer ne peut plus consentir ;
S’irrite avec Lisois ; menace de partir ;
Joint la fierté pressante à sa prudente addresse.
Irier enfin demande à la sage princesse,
Si le royal serment de reverer la croix,
Suffit pour l’engager aux conjugales loix.
Des celestes decrets sa sainte ame asseurée,
Accepte de Clovis la parole jurée :
Et Gondebaut confus promet et jure aussy,
Qu’avant qu’au ciel la lune ait son globe éclaircy,
Il conduira sa niece en pompeux equipage,
Jusqu’aux bornes où l’Ousche en la Saône s’engage.
Les françois réjoüis hastent l’heureux depart.
Mais Clotilde en soupçon void Aurele à l’écart :
Croit que le fier tyran, quoy que sa bouche die,
Sous ce trompeur accord couvre une perfidie :
L’asseûre que son fils, trop libre en ses discours,
A découvert la trame, et n’attend qu’un secours :
Que le roy, d’une rage au refus confirmée,
Au lieu d’elle, à Clovis doit conduire une armée.
Mais que Dieu confondra leurs projets mal conceûs.
Enfin sur les sermens et donnez et receûs,
Les francs quittent Vienne et prompts et pleins de zele,
Pour apprendre à leur roy l’agreable nouvelle,
Et de ses vœux ardens le desirable estat,
Qu’un mois luy produiroit l’hymen ou le combat.
Desja par quinze fois, l’aurore matineuse
Avoit renouvellé sa beauté lumineuse,
Depuis que les deux francs, par un viste retour,
Avoient de leur monarque attaint le cher sejour.
Là dans les doux travaux d’une penible chasse,
Le guerrier nourrissoit sa force et son audace,
Attendant que le Rhône, à ses brulans souhaits,
Envoyast le message ou de guerre ou de paix ;
Quand au sortir des bois, lors que par les vallées
Revenoient des chasseurs les bandes deffilées,
Un chevalier parut, dans un pré voltigeant,
Au corps noble et leger, couvert d’armes d’argent.
Maint rubis y reluit ; et ses plumes volantes
Semblent, par leur couleur, comme flames brulantes.
Son écharpe est d’argent, ou mille feux ondez
Volent à rangs égaux, d’un fil d’or rebordez.
Son coursier genereux est blanc à rouges taches ;
Et de rouges rubans ses crins ont mille attaches.
Douze pages à pied à l’égal s’avançoient,
En casaques d’argent, ou cent feux rougissoient ;
Qui portoient en leurs mains douze lances pareilles,
Ou montoient sur l’argent mille flames vermeilles.
Il baisse la visiere aux approches du bruit.
Soudain l’un des suivans, à ce signal instruit,
Vers les chasseurs s’avance, et courtois leur demande,
Si quelqu’un veut s’armer, des plus forts de la bande,
Pour rompre un fresle bois contre un prince estranger.
Ceux que sa voix attaint, volent d’un cours leger,
Vers Langres leur sejour, brulans dans leurs pensées
A qui plustost auroit les armes endossées.
Peu restent pres du roy, qui d’un soin curieux
Veut cognoistre le nom du prince audacieux.
Mais sa suite au silence est toûjours obstinée
Et tandis que du cor la retraitte sonnée
Fait sortir des forests le chasseur écarté,
Qui s’amasse allentour de leur maistre arresté,
Le gaulois Amalgar, d’une course élancée,
Vient reluisant d’acier, la visiere baissée,
Ravy que sa vistesse ayt le franc prevenu,
Pour terracer l’orgueil du guerrier incognu,
Deux lances à son choix aussitost sont offertes.
Ils s’écartent tous deux : puis sur les herbes vertes
L’un vers l’autre revient d’un cours precipité,
Baissant le long sapin sur la hanche arresté.
Au choc en cent éclats se rompt la lance peinte.
Amalgar impuissant pour soustenir l’attainte,
Se sent hors des arçons sur la terre estendu,
Privé du doux espoir de l’honneur pretendu.
L’estranger plein de gloire acheve sa carriere.
Lors Arembert arrive, avec la mine fiere :
Regarde le vainqueur ; et d’une forte voix,
Bien-tost un franc, dit-il, vangera le gaulois.
Mais son bras devoit mieux appuyer sa menace.
Un seul coup renversa son corps et son audace.
Le prince Cloderic, d’armes d’or tout brillant,
Sur un danois accourt, adroit, fort et vaillant.
L’incognu, dont la grace en est plus animée,
Dé-ja d’un autre bois fait voir sa main armée.
Tous deux volent dé-ja d’un effroyable cours ;
Et semblent dans le choc d’inébranlables tours.
Au retour de la course, avec une autre lance,
Chacun de son effort double la violence ;
L’estranger se tient ferme, et dans soy ramassé.
Mais le prince ubien, à ce coup renversé,
Tombe dans la prairie ; et sur l’émail des herbes
Fait briller l’or bruny de ses armes superbes.
Du sinistre succés le roy triste et confus,
Honteux que nul des siens ne se presente plus,
Demande son harnois, et sa rougeur éclate.
L’incognu desarmant une main delicate,
Entr’ouvre sa visiere aux accens de sa voix.
Puis s’avançant luy parle. ô ! Le plus grand des rois,
Cesse de t’animer : que ton cœur se contienne ;
Et recognois la main qui toucha dans la tienne.
Par les yeux, dit Clovis, je cognoistray la main.
Le guerrier à l’écart le détournant soudain,
Découvre à ses regards un heur incomparable,
De Clotilde monstrant le visage adorable.
Le monarque surpris d’un violent plaisir,
Et par l’estonnement rallumant son desir,
L’embrasse en son transport. Quoy, dit-il, ma princesse,
A tes graces tu joins tant de force et d’addresse ?
Il suffit à tes yeux de m’avoir abbatu,
Sans y mesler encor ta guerriere vertu.
Dy moy comment du Rhône es tu donc échapée ?
Et comment du tyran la garde fut trompée ?
Mon roy, dit-elle, esteins ton curieux soucy.
De tout en lieu secret tu seras éclaircy.
Cependant il importe à l’heur de ma conduite,
Que je sois incognuë à ta royale suite.
Elle couvre son front ; et le prince content
Avec elle rejoint sa troupe qui l’attend.
Puis au royal palais dans Langres se retire.
Chacun d’yeux et de vœux les suit et les admire.
Le soleil et le jour tomberent sous les eaux.
Il la meine en sa chambre, où luisoient vingt flambeaux ;
Devant Aurele seul du casque la desarme.
Le confident surpris à l’aspect qui le charme,
Doute s’il ne doit point démentir ses regards.
Clovis luy délaçant et cuirasse et brassards,
Cent fois baise ses mains valeureuses et belles,
Pour premices des fruits de ses flames fidelles.
Grand roy, dit-elle alors, j’ay sceû qu’en toutes parts
Gondebaut ramassoit les bourguignons épars :
Que dé-ja s’avançoient les bandes helvetiques :
Que Thierry s’y joindroit, et les forces gothiques ;
Que rien n’estoit plus loin du cœur de l’inhumain,
Que de m’unir jamais à ta puissante main :
Et qu’avant le depart de sa nombreuse armée,
Dans un sombre cachot j’allois estre enfermée.
Je déguise mon sexe en cet habit trompeur.
J’abandonne Vienne, et sans suite, et sans peur.
Je me mesle aux guerriers espandus par la plaine,
Et me rends sans peril aux sources de la Seine.
Pour paroistre à tes yeux moins indigne de toy,
Là je m’exerce un temps aux efforts du tournoy ;
Et pour m’accompagner d’une suite decente,
De douze enfans j’amasse une troupe innocente.
Pour meriter un roy de tant de rois vainqueur,
En moy je sentis croistre et la force et le cœur.
Enfin tu me vois tienne ; et je suis preste encore
D’adorer pour mes dieux ceux que mon prince adore.
Mais cache ton espouse acquise à ton amour.
Que bourguignons et francs ignorent mon sejour.
Allons loin de mon oncle ; et qu’en tes forteresses
J’évite du tyran les embusches traistresses.
Clovis de doux transports en son ame agité,
Admire sa valeur, son amour, sa beauté ;
Et sur tout est charmé d’entendre ces paroles,
Qu’elle veut de ses dieux reverer les idoles.
Mais Aurele confus du surprenant propos,
Sent troubler de son cœur la joye et le repos.
Il souffre cent douleurs, qu’il tasche de contraindre
Sous le front satisfait qu’il est forcé de feindre.
La nuit donne aux amans les licites plaisirs.
Puis le prince comblé de l’heur de ses desirs,
Quitte Langres pour plaire à l’espouse nouvelle ;
Et sous l’habit guerrier pres de luy la recelle.
Dix vaisseaux sur la Seine, ornez d’azur et d’or,
Servent, comme en triomphe, à porter son tresor.
Il suit devers Paris les ondes fugitives ;
Et son camp l’accompagne, en marchant sur les rives.
D’autre-part Yoland, non loin de ces climas,
Des propos d’Auberon fait un confus ramas.
Nuit et jour en son cœur pensive elle repasse
Les exploits de Clovis, et sa taille, et sa grace,
Et son puissant empire, et ses vaillans ayeux,
Digne race d’Hector, yssu du sang des dieux.
Devant un grand miroir, dans sa chambre dorée,
Elle mesme se void digne d’estre adorée.
Sa beauté soustenuë avec son cœur altier,
Pretend par sa valeur vaincre le monde entier.
Mais, dit-elle, à quels vœux, mon cœur, tu t’abandonnes,
Meditant des combas, des grandeurs, des couronnes.
Surmontons ce grand roy, qui doit tout surmonter.
Le ciel m’offre en luy seul l’univers à dompter.
Il faut que par l’amour, plustost que par la guerre,
En un seul conquerant je conquiere la terre.
Luy seul est un amant digne de ma beauté,
Digne de ma valeur, digne de ma fierté.
Sa gloire est que tout cede au pouvoir de ses armes :
Ma gloire est qu’il succombe au pouvoir de mes charmes.
Joins l’addresse, Yoland, aux attraits de ton corps.
Sans luy donner la mort, donne luy mille morts.
Et donne toy la joye à nulle autre seconde,
De voir languir pour toy le plus grand cœur du monde.
Dé-ja ses yeux épris de sa propre beauté,
D’un triomphe certain flatoient sa vanité,
Quand ramenant de loin sa pensée égarée,
Cette autre la rendit triste et desesperée.
Mais à quel faux espoir, mon cœur, t’emportes-tu ?
Que devient ton orgueil, que devient ta vertu ?
Dé-ja par d’autres yeux son ame est consumée ;
Par des yeux que par tout vante la renommée.
Et quand le feu des miens seroit plus éclatant,
Ce prince affecteroit l’honneur d’estre constant.
Iray-je avec des vœux, des soûpirs, des prieres,
Exposer ma pudeur à des responses fieres ?
Et pourray-je souffrir, d’un front bas et confus,
Et les cruels dedains, et les honteux refus.
Moy, souffrir un rebut à mes vœux si contraire ?
Dé-ja mon cœur le sent, puis qu’il me le peut faire.
Ah ! Plustost que je sois un objet de pitié,
Il faut que mon amour devienne inimitié.
Flame, desir, espoir, il faut que je vous dompte.
Quoy ? Tu serois, Clovis, superbe de ma honte ?
Sçache qu’en moy le ciel mit assez de pouvoir,
Pour donner des mespris, non pour en recevoir.
Si je ne puis t’aimer qu’avec mon infamie,
Je puis avec honneur estre ton ennemie.
Ton portrait malgré moy regne en mon souvenir.
Je n’ay pû m’en deffendre, et ne puis l’en bannir.
Hé bien, qu’il soit tousjours l’object de ma pensée :
Mais un object de haine, et de rage insensée.
Il faut changer de feu. Pour l’amour, la fureur.
N’estant plus mon desir, tu seras mon horreur.
Si par le desespoir ma flame est outragée,
Par la haine du moins je la rendray vangée.
Puis que mes yeux n’ont peû te donner de l’amour,
Je laveray leur honte, en te privant du jour.
Miroir, ne m’offre plus mes beautez admirées,
De mille vœux ardens vainement adorées :
Puis que parmy les cœurs que leurs traits ont ravis,
Elles n’ont pû compter le grand cœur de Clovis.
O ! Vaillant Armaric, ô ! Beau Viridomare,
Princes, que loin de moy mon seul orgueil separe,
Clovis, sans y penser, vange vostre malheur ;
Et me fait bien sentir vostre mesme douleur.
Quoy, mes yeux impuissans, vous respandez des larmes ?
O ! Honte ! Il faut vanger ces larmes par les armes.
Oüy, sa mort guerira mon courage blessé ;
Et pour payer ces pleurs, son sang sera versé.
Chasse, chasse, Yoland, ton esperance vaine.
Amour, sors de mon ame, et fay place à la haine.
Mes yeux à tant d’amans ont donné le trépas.
Ma main doit le donner à qui ne m’aime pas.
Soudain du grand miroir son poing brise la glace.
Elle arme son beau sein d’une dure cuirasse,
Sur qui dans un champ d’or, parmy l’émail des fleurs,
Rampoient mille serpens de changeantes couleurs.
Leur langue à triple pointe ondoyoit élancée,
Que forme une escarboucle en l’acier enchassée.
Le casque estoit pareil, tassettes et brassards,
Ou les rubis ardens luisoient de toutes parts.
Ses épaules dé-ja de fer sont revestuës.
Puis elle fait un choix de deux lances pointuës ;
Et d’une large épée elle arme son costé.
C’est à toy, ma valeur, à vanger ma beauté,
Dit-elle dans soy-mesme. Elle eprouve la lame ;
Et frape du tranchant sur un fer qu’elle entame.
Elle sort du palais, aveugle en ses transports :
Fait choix de trois coursiers, nobles, souples, et forts ;
Met l’une et l’autre lance aux mains de deux compagnes ;
D’un saut se jette en selle, et va par les campagnes.
Son fier barbe écumeux hannit en cheminant :
Du fer plat, pas à pas, bat le champ resonnant.
Les autres l’imitans en ardeur le secondent.
Les échos des vallons en cadence répondent.
Comme par les prez verds de Crete ou de Paphos,
Une genisse court, qui n’aguere en repos
Ruminoit sous un pin les paslissantes herbes,
Et les vœux des taureaux, et ses dédains superbes ;
Soudain d’un cruel tan, de son sang amoureux,
Elle sent à son flanc l’aiguillon rigoureux ;
Fuit par plaines et monts, de douleurs agitée :
Saute, et lance la poudre en sa rage indomptée.
De mesme la princesse, au dépit qu’elle sent,
Vole en cherchant Clovis, de sa peine innocent :
Par sa fierté piquante en sa haine affermie ;
D’amante en un moment devenuë ennemie :
Passe les champs lorrains, franchit les verdunois,
Sans repos, sans sommeil, sans quitter le harnois.
Elle apprend, curieuse et d’ardeur enflammée,
Par les bruits qu’en volant seme la renommée,
La route de Clovis, et les flots glorieux,
Qui portent vers Paris leur roy victorieux.
Enfin par cent destours elle passe incognuë ;
Et dans l’ample cité la voila parvenuë,
Dans Hercueil, le monarque, aymant ce frais sejour,
Goustoit les doux plaisirs de Mars et de l’amour :
Apres cent bœufs offerts sur les autels d’Hercule,
Moderoit pres des eaux l’ardente canicule ;
Et souvent de sa veuë honoroit les esbas
De sa cour qui s’exerce aux innocens combas.
Un jour sur le tapis d’une vallée ombreuse,
S’éprouvoit aux tournois sa troupe valeureuse,
Où depuis l’art pompeux qui scait guider les eaux,
A, de la terre au ciel, élevé les ruisseaux,
Sur ces arcs, orgueilleux de porter assez d’onde,
Pour esteindre la soif de la cité feconde.
Clovis, sur un theatre ombragé de lauriers,
Jugeoit plein de repos les coups de ses guerriers,
Prés du feint chevalier d’une beauté supréme,
Dont l’habit emprunté trompe son sexe mesme,
Qui sur ses traits charmans jette les yeux ravis.
Lantilde et Blanche-Fleur, nobles sœurs de Clovis,
Admiroient les combas, prés du monarque assises :
Toutes deux d’un front grave, et toutes deux promises,
L’une aux autels chrestiens, l’autre au sage Thierry,
Dans Rome dominant l’ostrogoth aguerry :
Quand Yoland paroist au bout de la carriere,
Des deux nymphes suivie, et dont la teste fiere,
Du casque dépouillée, aux beaux cheveux épars,
Elance vers Clovis d’impetueux regards.
Tous les yeux à l’envy soudain volent sur elle.
Tous admirent sa grace, et sa taille si belle.
Entre tous le grand cœur du valeureux Lisois,
Frapé d’un trait perçant est dé-ja sous ses loix.
Vers l’aimable guerriere amoureux il s’avance ;
Et s’offre à ses desirs pour briser une lance.
Argine au cœur ardent, s’oppose à son bon-heur ;
Et soustient qu’à son sexe est dû ce grand honneur.
Quoy que Lisois allegue, et qu’Argine pretende,
Un seul refus confond l’une et l’autre demande.
C’est, dit-elle en haussant le clair son de sa voix,
Contre le seul Clovis que je veux rompre un bois.
Soudain au vaillant roy la parole est portée :
Et soudain d’un œil doux la jouste est acceptée.
Il s’arme ; et la princesse errante en son souhait,
Par un mesme regard et l’admire et le hait.
Tantost rouge d’amour, puis de rage blesmie,
Elle se sent amante, et veut estre ennemie.
Et l’ardente fureur soudain la vient saisir,
Quand en elle l’orgueil sent renaistre un desir.
Hé quoy ? Je doute encor, dit-elle en ses pensées,
Apres cent maux soufferts, cent terres traversées,
Incertaine en mes vœux honteux et languissans,
Si je dois le punir du trouble de mes sens ?
Que sa vie, ou mon feu, s’esteigne à la mesme heure.
Pour guerir mon tourment, qu’il meure, ou que je meure.
Il vient : quoy, je fremis ? Est-ce crainte ? Est-ce horreur ?
Mon cœur, tu ne dois plus fremir que de fureur.
Elle envoye à son choix les deux lances meurtrieres :
Et luy fait annoncer ces menaces altieres,
Qu’elle vient pour la guerre, et non pas pour l’ésbat :
Et que la seule mort doit finir le combat.
Lors du casque elle couvre et sa honte et sa rage.
Le monarque estonné du surprenant message,
Courtois demande au moins d’où naist ce grand courroux.
Il en pourra juger la grandeur par mes coups,
Dit-elle ; et l’un et l’autre obstiné se resserre,
L’un à vouloir la paix, l’autre à vouloir la guerre.
Je ne puis, dit Clovis, répandre un sang si beau.
Je te veux, repart-elle, envoyer au tombeau.
Le roy cede à regret à ce feu qui l’anime :
Et roule dans luy-mesme un projet magnanime.
Tous les deux l’un de l’autre aussi-tost s’écartans,
A coursiers élancez viennent en mesme temps,
L’un vers l’autre baissant la lance mesurée.
Clovis surprend le coup de la pointe acerée ;
Le détourne ; et courbé, de bras adroits et forts,
D’Yoland au passage il enleve le corps.
Le barbe impetueux allegé de sa charge,
Fournit sa course entiere ; et dans l’espace large,
D’un pied libre et leger, fait cent tours vagabonds,
Hannit de tons aigus, fait cent sauts et cent bonds.
Le peuple épars le fuit, et se presse en arriere,
Et d’une place vaste élargit la carriere.
 

 
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