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La piraterie dans l'Antiquité

Chapitre XXIV : Sextus Pompée et la piraterie.—Auguste.

 

Pendant les troubles qui suivirent l'assassinat de César, c'est-à-dire pendant les guerres que les triumvirs soutinrent contre Cassius, Brutus et Sextus Pompée, la piraterie se réveilla. Cassius, à la tête d'une escadre formée sur les côtes de Cilicie et presque entièrement composée d'anciens pirates de cette région, n'attendant que l'occasion de reprendre leurs courses sur mer, se jeta sur l'île de Rhodes, la pilla, sans épargner ni les offrandes consacrées dans les temples, ni les statues mêmes des dieux, et se retira chargé d'un immense butin[1].

[1] Appien, Guerres civiles, IV, 65 et suiv.

D'un autre côté, comme on va le voir, Sextus, fils de Pompée, donna une organisation puissante à la piraterie et se rendit formidable sur mer.

Après la mort de son père et de son frère aîné, Sextus Pompée s'était soustrait à la poursuite de César, en se cachant et en exerçant obscurément la piraterie dans les eaux d'Espagne[1]. Il était parvenu peu à peu à réunir un certain nombre de pirates autour de lui. Il se fit connaître comme le fils du grand Pompée, et aussitôt tous ceux qui avaient combattu sous les ordres de son père et de son frère accoururent le rejoindre. Arabion, fils de Massinissa, qui avait été dépouillé de son royaume de Libye, vint grossir les forces de Pompée avec une escadre et une troupe. Sextus eut alors l'ambition d'être autre chose qu'un pirate.

[1] Appien, Guerres civiles, II, 103; IV, 83 et suiv., 25, 36; V, 2, 15, 26, 143.

Les lieutenants de César, en Espagne, avertirent leur général du bruit qui se faisait autour du nom de Sextus Pompée. César envoya contre lui Carina, qui fut battu, et Sextus, profitant de sa victoire, s'empara de plusieurs places espagnoles. César donna le commandement d'une seconde armée à Asinius Pollion; mais ce dernier était à peine parti que César fut assassiné.

A cette nouvelle, Sextus se rendit avec célérité à Marseille, et y attendit les événements. Le Sénat le nomma amiral de la mer, haute fonction que son père avait occupée autrefois. Sextus, en homme prudent, ne rentra pas à Rome; il rassembla toute sa flotte, fit des recrues dans les ports et s'empara du gouvernement de la Sicile. A partir de ce moment, Sextus Pompée devint un ennemi redoutable pour les nouveaux triumvirs. En effet, les proscriptions terribles qui eurent lieu à cette époque jetèrent dans ses bras un grand nombre de citoyens, d'hommes d'armes et d'esclaves. Il fit proclamer dans les villes qu'il recevait tous les fugitifs, libres ou esclaves, et qu'il leur donnait une solde double de celle que les triumvirs accordaient aux meurtriers. Il envoya des trirèmes parcourir les côtes pour recueillir les proscrits et recruter des partisans qu'il équipa et arma aussitôt. Il donna des fonctions élevées sur terre et sur mer à ceux qui étaient aptes à les tenir dignement. Aussi Appien dit-il que, dans ces temps si durs, Sextus Pompée mérita bien de la patrie et soutint l'honneur du nom qu'il portait.

Toutefois, Sextus, qui ambitionnait de devenir maître de la mer, appela tous les pirates expérimentés d'Afrique, d'Espagne et d'Asie. Sa puissance inquiéta les triumvirs et sa tête fut mise à prix. Octave envoya même contre lui Salvidiénus avec une grosse flotte. Instruit des projets de son adversaire, Sextus se jette au-devant de lui et l'aborde impétueusement près de Scylla. Ses navires légers et habilement manœuvrés par des mains exercées se meuvent avec aisance et rapidité; ceux de Salvidiénus, gros et lourds, peuvent à peine remuer. La mer s'agite, les vaisseaux pompéiens restent dociles au gouvernail, tandis que les autres sont mis en désordre et se montrent rebelles à toute manœuvre. La nuit étant survenue, les deux flottes ennemies se retirèrent, non sans avoir perdu quelques navires.

Sextus fit alliance contre les triumvirs avec Cassius et Brutus. Après la défaite et la mort de ceux-ci, Murcus et Domitius Ahenobarbus qui commandaient leur escadre arrivèrent se ranger sous les ordres de Sextus. Ils infestèrent en commun les côtes d'Italie. Sextus devint alors maître tout-puissant de la mer. Il exerçait une autorité absolue. Ses deux lieutenants favoris étaient deux pirates, Ménodorus et Ménécratès, marins intrépides, mais hommes sans honneur et sans foi, aussi prêts à la trahison et au crime qu'au pillage et au combat. En vain, Murcus essaie-t-il à diverses reprises de combattre l'influence funeste de ces deux flibustiers sur l'esprit de Pompée, Ménodorus domine son maître. Un jour le malheureux Murcus est assassiné par l'ordre de Sextus, et son cadavre mis en croix comme celui d'un scélérat[1].

[1] Appien, Guerres civiles, V, 70.

La puissance de Sextus Pompée était véritablement formidable: il possédait la Sicile et la Sardaigne; sa flotte immense et bien appareillée faisait la course et interceptait les arrivages en Italie. Rome manquait de pain comme au temps le plus florissant de la piraterie. Le peuple affamé demanda à grands cris que les triumvirs fissent alliance avec celui qui se vantait, à juste titre, de régner sur la mer. Antoine et Octave étaient d'accord, non pour traiter avec Sextus, mais pour lui faire la guerre. C'est pourquoi ils essayèrent de lever de nouveaux impôts. Ils publièrent un édit qui obligeait les propriétaires à fournir cinquante sesterces par tête d'esclave, et qui attribuait au fisc une portion de tous les héritages. Cet édit porta au comble la fureur du peuple. Dans les jeux du cirque, la foule fit éclater des applaudissements frénétiques quand elle vit paraître la statue de Neptune, afin de témoigner ainsi sa sympathie pour Sextus que l'on appelait Fils du dieu des mers. Quelques jours après, le tumulte devint si grand qu'Octave se crut obligé de paraître dans les groupes qui proféraient des menaces contre les triumvirs. Il eut été assassiné peut-être si Antoine ne fût venu avec ses soldats et n'eut fait tuer les plus mutins. On jeta les cadavres dans le Tibre; mais la foule ne s'en montra que plus exaspérée, et, par de nouvelles clameurs, elle força les triumvirs à négocier avec Sextus Pompée[1].

[1] Appien, Guerres civiles, V, 67 et suiv.; Dion, XLVIII, 19-36; Plutarque, Vie d'Antoine; Suétone, Vie d'Auguste; Velleius Paterculus, LXXVII et suiv.

On arrêta le plan d'une conférence sur la pointe du cap de Misène. Pompée avait sa flotte non loin de là, et les deux triumvirs leurs armées en bataille vis-à-vis. Sextus demanda aussitôt à entrer dans le triumvirat en la place de Lépidus. Cette demande fut repoussée. Déjà Sextus allait rompre la négociation lorsqu'à force de prières, on l'amena à diminuer ses prétentions. Dans le traité qui fut conclu (39 av. J.-C.), il stipula pour lui-même et pour tous ceux qui l'avaient suivi dans l'exil ou qui servaient sur ses vaisseaux. On lui assura la possession de la Sicile, de la Sardaigne, de la Corse, et à ces trois îles on ajouta l'Achaïe. On lui promit ensuite le consulat et le paiement de 70 millions de sesterces sur les biens de son père. On accorda amnistie pleine et entière à ceux qui s'étaient réfugiés auprès de lui; on n'excepta pas même les proscrits, parmi lesquels se trouvaient de grands personnages, Claudius Néron, M. Silanus, Sentius Saturninus, Aruntius, Titius, etc. Enfin, comme il y avait dans ses équipages un grand nombre d'esclaves fugitifs, il fut décidé qu'ils ne seraient point rendus à leurs maîtres et qu'ils jouiraient de la liberté. A ces conditions, Sextus promit de retirer ses troupes des postes occupés en Italie, de ne plus recevoir d'esclaves, de ne point augmenter ses forces navales, de défendre les côtes contre les pirates et d'envoyer enfin à Rome les redevances en blé et les impôts que lui payaient autrefois les îles qui lui étaient abandonnées.

Quand on vit, à l'issue de la négociation, les trois chefs s'embrasser en signe de paix et d'amitié, un même cri de joie partit de la flotte, de l'armée et de toute l'Italie. Il semblait que ce fût la fin de toutes les guerres et de tous les maux. Avant de se séparer, les trois plus puissants Romains d'alors se donnèrent des fêtes. Le sort désigna Pompée pour traiter le premier ses nouveaux amis. «Mais où souperons-nous? demanda joyeusement Antoine.—Dans mes carènes,» répondit Sextus en montrant sa galère. Mordante équivoque, disent les historiens, qui rappelait qu'Antoine possédait à Rome, dans le quartier des Carènes, la maison du grand Pompée. Au milieu du festin, quand les convives, échauffés par le vin, lançaient mille brocards sur Antoine et sur Cléopâtre, le pirate Ménas, lieutenant de Sextus, s'approcha de lui, et lui dit à voix basse: «Veux-tu que je coupe les câbles des ancres et que je te rende maître, non seulement de la Sicile et de la Sardaigne, mais de tout l'univers?» Sextus réfléchit, la tentation était puissante; mais il répondit comme le devait faire le fils d'un grand homme: «Il fallait agir sans m'en prévenir, Pompée ne peut violer la foi jurée[1].» Après avoir été fêté à son tour par Octave et par Antoine, Sextus mit à la voile et regagna la Sicile.

[1] Plutarque, Vie d'Antoine.—Appien, V, 73, attribue à Ménodorus le propos et non à Ménas.

La paix de Misène ne fut qu'une trêve. Sextus, roi de la mer, était impatient de recommencer la guerre: les pirates avides de pillage, ses funestes conseillers, l'y excitaient sans relâche. Les triumvirs lui en fournirent le prétexte. D'abord Antoine n'avait pas voulu le laisser entrer en possession de l'Achaïe; ensuite Octave avait refusé de rétablir dans leurs droits et privilèges tous les exilés et proscrits qui s'étaient réfugiés en Sicile. Sextus donna l'ordre aussitôt aux pirates de ravager les côtes italiennes, et bientôt Rome se trouva encore une fois en proie à la famine. Aussi le peuple disait que la prétendue paix n'était qu'un malheur de plus et que c'était un quatrième tyran que les triumvirs s'étaient adjoint. Octave s'empara de quelques-uns de ces pirates qui avouèrent qu'ils obéissaient aux ordres de Sextus Pompée. Aussi, l'historien Florus ne peut-il s'empêcher de s'écrier: «Oh! que le fils diffère du père! l'un a exterminé les pirates ciliciens, l'autre les associe à ses desseins[1]!»

[1] Florus, IV, et les auteurs précités.

La réorganisation de la piraterie donnait une immense puissance à Sextus, qui fondait les plus grandes espérances dans le succès de ses armes; ses forces navales, en effet, étaient considérables, ses vaisseaux, solidement construits et presque tous munis de tours. Quant à Octave, le rival direct de Sextus, il ne possédait qu'un très petit nombre de vaisseaux; ses collègues, Antoine et Lépidus, paraissaient peu disposés à le soutenir; il ne se croyait donc pas en mesure de résister à Sextus. Il fut admirablement servi dans cette circonstance par les rancunes de plusieurs grands personnages qui s'étaient réfugiés auprès de Pompée et qui gémissaient de voir leur chef si docile aux conseils de ses affranchis et dominé même par Ménodorus. Ils finirent par exciter Pompée à se défier de Ménodorus. Sur ces entrefaites, Philadelphe, affranchi d'Octave, s'aboucha dans un voyage sur mer avec Ménodorus; Micylion, l'ami le plus dévoué de Ménodorus dans l'entourage d'Octave, se chargea de détacher définitivement Ménodorus de la cause de Pompée. Ménodorus promit de livrer la Sardaigne, la Corse, trois légions et d'apporter le concours d'un très grand nombre d'amis. Octave feignit d'abord de se montrer indifférent envers Ménodorus, mais il ne tarda pas à accueillir le traître avec distinction. Il le fit inscrire parmi les chevaliers, lui donna le commandement de la flotte, mais il lui adjoignit prudemment un officier expérimenté, Calvisius Sabinus. Il s'empressa de construire aussitôt de nombreux travaux de défense sur les côtes de l'Italie, afin de s'opposer à un débarquement de Sextus. Il se transporta à Tarente pour prendre le commandement de sa flotte, et ordonna à Ménodorus et à Calvisius de descendre la mer Tyrrhénienne afin d'opérer une jonction dans la mer de Sicile[1].

[1] Appien, Bell. civil., V, 78 et suiv.

Sextus Pompée le prévint; il envoya contre Ménodorus et Calvisius le corsaire Ménécratès, et attendit lui-même, dans le port de Messine, l'arrivée d'Octave. Ménécratès rencontra la flotte de Toscane à la hauteur de Cumes. Calvisius l'avait rangée en croissant, tout près des côtes. Les navires ne pouvaient ainsi manœuvrer que difficilement et étaient exposés, en cas d'échec, à être rejetés sur les rochers. Cependant, malgré le désavantage de cette position, ils combattirent longtemps avec beaucoup de valeur. Une lutte terrible s'engagea entre la galère de Ménodorus et celle de Ménécratès. La haine qui animait les deux corsaires semblait augmenter l'ardeur des équipages. Enfin, Ménécratès fut blessé à la cuisse et mis hors de combat; ses marins consternés se rendirent; quant à lui, il se jeta dans la mer pour ne pas tomber au pouvoir de son plus cruel ennemi. Démocharès, autre affranchi de Pompée, lieutenant de Ménécratès, prenant alors le commandement de la flotte, réunit ses meilleures trirèmes, court à force de rames sur les bâtiments de Calvisius, en brise ou en coule plusieurs et disperse les autres. Après ce succès, Démocharès ramène sa flotte en bon ordre dans les eaux de Messine.

Sextus, à la tête de toute son armée navale, se porte aussitôt contre Octave, et le bat près de l'écueil célèbre de Scylla. Il lui eut pris ou détruit tous ses vaisseaux, si on ne lui eut signalé l'arrivée de Ménodorus et de Calvisius. Pour échapper à l'esclavage ou à la mort, tous les équipages d'Octave se sauvèrent à terre, et le triumvir suivit leur exemple. Pour comble de malheur, une tempête furieuse s'éleva, et Octave put contempler, du rocher où il s'était réfugié, la mer couverte des débris de ses vaisseaux consumés par l'incendie ou brisés par l'ouragan. La flotte de Ménodorus et de Calvisius, qui avait gagné la pleine mer, échappa seule, au moins en partie, à ce grand désastre.

Les forces navales d'Octave étaient anéanties. Tant de revers n'abattirent pas son courage. Il fit construire de nouveaux navires et invita ses collègues à joindre leurs efforts aux siens contre Sextus Pompée. Antoine lui prêta 120 galères ou plutôt les échangea pour des légions, et Lépidus 70. Au moment de reprendre la mer, Octave fit avec pompe la lustration de sa flotte. On avait dressé des autels sur le rivage, dit Appien[1], les galères étaient rangées en face sur deux lignes; les matelots et les soldats observaient un profond silence. Les prêtres, après avoir égorgé les victimes, prirent place dans des esquifs richement ornés et tournèrent trois fois autour des navires en conjurant les dieux d'écarter les malheurs dont la flotte pouvait être menacée.

[1] Bell. civil., V, 96.

Octave donna le signal du départ, mais une tempête furieuse éclata presque aussitôt, et, de nouveau, le malheureux Octave vit la mer engloutir un grand nombre de ses navires. Ménodorus, désespérant de la fortune d'Octave, prit la fuite avec sept navires et revint à Sextus.

Pompée ne sut pas plus profiter de la tempête que de la victoire. C'était décidément un pauvre général. Il se complaisait dans son triomphe. Son orgueil lui faisait regarder sottement les désastres d'Octave comme son ouvrage. Il se faisait appeler fils de Neptune, sacrifiait à la mer, quittait son manteau de pourpre pour en revêtir un couleur de mer et prétendait commander aux vents[1].

Quant à Octave, «il voulait vaincre même en dépit de Neptune[2],» et il ne négligeait rien pour arriver à son but. Le célèbre homme de guerre Agrippa, revenu à Rome, après avoir pacifié l'Aquitaine et passé le Rhin, comme César, fut chargé de relever la flotte du triumvir. Il s'assura d'abord d'un port commode et sûr, en joignant ensemble et avec la mer, le lac Lucrin et le lac Averne. Il parvint, à l'aide de prodigieux travaux, à former un bassin où il put exercer jusqu'à 20,000 matelots. Bientôt tout fut prêt pour une nouvelle attaque contre la Sicile. Pline[3] rapporte qu'un jour qu'Octave se promenait sur le rivage, un poisson s'élança de la mer et vint tomber à ses pieds; c'était, dit-il, le temps où Sextus Pompée dominait tellement sur la mer, qu'il avait adopté Neptune pour père; les devins, consultés, répondirent que César verrait sous ses pieds ceux qui avaient alors l'empire de la mer.

[1] Appien, Bell. civil., V, 100.

[2] Suétone, Vie d'Auguste, XVI: «Etiam invito Neptune victoriam se adepturum.»

[3] Hist. nat., IX, 22, 1.

Instruit par ses croisières des préparatifs d'Octave, Sextus se décida enfin à envoyer Ménodorus avec ses sept vaisseaux pour surveiller les projets de l'ennemi. Le forban, toujours prêt à la trahison, mécontent de n'avoir pas reçu de Pompée le commandement de la flotte, eut recours à un singulier stratagème pour rentrer dans les bonnes grâces d'Octave. Il pensa qu'il fallait d'abord commettre quelques hauts faits contre la flotte du triumvir et la terrifier par une brusque attaque. En effet, au moment où on était bien loin de s'y attendre, Ménodorus se jeta avec la rapidité de la foudre sur les vaisseaux d'Octave, en prit plusieurs ainsi que des navires chargés de vivres et en brûla un certain nombre. Il remplit de terreur toute la côte. Octave et Agrippa étaient alors absents et occupés à se procurer des bois de construction pour la flotte. Voulant se moquer de l'armée d'Octave, Ménodorus vint aborder au milieu du sable du rivage et feignit d'être échoué. Aussitôt les soldats d'accourir pour se jeter sur lui, mais le corsaire repoussa son brigantin dans les flots et s'éloigna en riant de la troupe stupéfaite d'une pareille audace. Pensant alors qu'Octave serait heureux de voir rentrer sous ses ordres un chef aussi vaillant, il lui fit savoir qu'il désirait reprendre du service auprès de lui. Une entrevue lui fut accordée. Il se jeta aux pieds d'Octave qui lui pardonna, lui rendit ses titres, mais qui eut soin depuis de le faire surveiller secrètement[1].

[1] Appien, Bell. civil., V, 101, 102.

Octave fut bientôt en état de recommencer la guerre. Papia, lieutenant de Sextus Pompée, remporta d'abord un avantage: il surprit des bâtiments de charge qui portaient quatre légions à Lépidus occupé au siège de Lilybée, en Sicile. Les navires furent capturés ou coulés à fond et deux légions périrent dans les flots. Agrippa attaqua Pompée et remporta une victoire éclatante à Myles, dont Octave profita pour jeter des troupes en Sicile. Sextus rassembla ses nombreux vaisseaux pour courir après Octave. Il l'attaqua au moment même où son adversaire venait de débarquer, non loin de Tauroménium, trois légions commandées par Cornificius. Octave fut vaincu, presque tous ses vaisseaux furent pris ou brisés; lui-même ne parvint qu'à grand'peine à trouver un refuge en Italie, dans le camp de Messala qu'il avait proscrit quelques années auparavant. Heureusement Agrippa, qui commandait une forte escadre, s'empara de Tyndaris. Cette conquête assurait à Octave une entrée en Sicile; il se hâta de débarquer vingt et une légions. Cependant Octave n'était pas au bout des épreuves que le sort lui destinait. Dans aucune guerre il ne fut exposé à de plus nombreux et de plus grands dangers. Un jour qu'il faisait voile entre la Sicile et le continent pour chercher le reste de ses troupes, il fut attaqué à l'improviste par Démocharès et Apollophanès, lieutenants de Sextus, et se voyant sur le point d'être pris, il supplia un de ses compagnons, Proculcius, de lui donner la mort. Mais, grâce à l'énergie de l'équipage, il put échapper avec un seul navire. Un autre jour, comme il passait à pied près de Locres, se rendant à Rhegium, il vit les galères pompéiennes qui côtoyaient la terre, et les prenant pour les siennes, il descendit sur la plage où il faillit encore être pris. Il arriva même que, tandis qu'il s'enfuyait par des sentiers détournés, un esclave d'Emilius Paulus, qui l'accompagnait, se souvenant qu'il avait autrefois proscrit le père de son maître, et cédant à la tentation de la vengeance, essaya de le tuer. Octave parvint néanmoins à rejoindre Lépidus et Agrippa en Sicile, et quelques escarmouches eurent lieu entre les armées ennemies[1].

[1] Suétone, Vie d'Auguste, XVI; Appien, Bell. civil., V, 103-117; Pline, Hist. nat., VII, 46; Velleius Paterculus, Hist. Rom., 79.

La guerre pouvait durer longtemps encore; Pompée voulut tenter une action décisive, et, comme il se sentait le plus fort sur mer, il fit proposer à Octave de terminer leur différend par un combat naval. Le triumvir, tant de fois éprouvé sur mer, redoutait fort de tenter encore la fortune, cependant il accepta courageusement le défi. Le 3 septembre de l'année 36 avant J.-C., les deux flottes rivales, composées chacune de 300 vaisseaux, et placées l'une sous les ordres d'Agrippa, et l'autre sous le commandement de Démocharès et d'Apollophanès, se rangèrent en ligne entre Myles et Nauloque, dans un appareil formidable: tous les navires étaient armés de tours, de catapultes et de toutes les machines à jet alors en usage. L'action commença par le choc des galères, auquel succéda une grêle de pierres, de flèches, de dards et de javelots enflammés; tous les navires s'attaquèrent tantôt par la proue, tantôt par la poupe et par les flancs. Les soldats combattaient avec une égale ardeur, les pilotes et les chefs rivalisaient d'adresse et d'énergie. Les deux armées de terre, rangées en bataille sur la côte, donnaient encore de l'émulation aux partis. La lutte dura plusieurs heures, et le succès fut longtemps incertain; mais Agrippa commandait la flotte triumvirale, et, comme Duilius, il avait armé ses navires de grappins qui accrochaient ceux de l'ennemi plus légers, et les forçaient à recevoir l'abordage. Ce ne fut bientôt qu'une mêlée où tout était confondu et où l'on tuait souvent aussi bien l'ami que l'ennemi. Le mot d'ordre dont on se servait pour se reconnaître ne fut plus secret et devint commun aux deux partis, ce qui contribua à augmenter le carnage, en sorte que la mer fut en peu de temps couverte de cadavres, d'armes et de débris de navires. Agrippa, voyant que la flotte de Sextus s'ébranlait, redoubla ses efforts et força la victoire à se déclarer pour Octave. La flotte ennemie fut presque totalement détruite; Sextus Pompée, oubliant qu'il avait une armée de terre, prit la fuite avec les dix-sept galères qui lui restaient, après avoir éteint le fanal du vaisseau amiral et jeté à la mer son anneau et ses insignes de commandement. «Jamais fuite, dit Florus[1], depuis celle de Xercès, ne fut plus déplorable.»

Sextus avait d'abord le projet de se rendre auprès d'Antoine; mais quand il sut qu'Octave ne songeait point à le poursuivre, il se dirigea vers l'Asie. Il se mit alors à exercer la piraterie sur les côtes; il pilla le temple fameux de Junon au promontoire de Lacinium, et s'établit ensuite à Mitylène, capitale de l'île de Lesbos, qui avait reçu autrefois le grand Pompée après sa défaite à Pharsale[2]. Sextus feignait d'attendre Antoine, mais, en réalité, il cherchait, en augmentant le nombre de ses vaisseaux et de ses rameurs, à se substituer au maître de l'Orient. Il traitait même secrètement avec les rois de Pont et des Parthes, qui venaient de battre Antoine. Il envoya des ambassadeurs à ce dernier, rentré à Alexandrie, bien moins pour lui demander de traiter avec lui que pour être renseigné exactement sur sa puissance en Orient. Pendant que les envoyés de Sextus étaient auprès d'Antoine, ses autres ambassadeurs chez les Parthes furent faits prisonniers et envoyés au triumvir, qui ne fut pas dupe des agissements de Sextus, et qui chargea Titius, son lieutenant, de combattre Pompée, s'il demeurait en armes, et de le ramener prisonnier en Égypte. Sextus débarqua en Asie et organisa immédiatement une armée près de Cyzique. Il remporta quelques succès et occupa les villes de Nicée et de Nicomédie, dont il tira beaucoup d'argent. Malheureusement pour lui, les 70 vaisseaux qu'Antoine avait envoyés à Octave pour la guerre de Sicile revinrent au printemps en Asie, congédiés par le vainqueur, et Titius, parti de Syrie, se montra en même temps avec cent vingt navires et une grosse armée. Sextus ne pouvait résister. Pour échapper à Antoine, il prit le parti extrême de brûler son escadre et de se diriger avec ses soldats vers la haute Asie. Mais, abandonné de la plupart des siens comme de la fortune, il tomba entre les mains des lieutenants d'Antoine, fut conduit à Milet et mis à mort[3] (35 av. J.-C.).

[1] Hist. Rom., IV, 8; Appien, Bell. civ., V, 118-122.

[2] Appien, Bell. civ., V, 133.

[3] Appien, Bell. civ., V, 133-144.

Ainsi périt le dernier fils de Pompée. Dans sa jeunesse, Sextus avait obscurément exercé la piraterie et écumé la mer. Puis, s'étant fait reconnaître, beaucoup de partisans se joignirent à lui, et il porta ouvertement, après la mort de César, la guerre sur la Méditerranée. Il réorganisa la piraterie à son profit, il rassembla une grosse armée et une flotte très considérable, posséda de grandes richesses et domina sur les îles. Maître de la mer, il causa la famine en Italie et força ses adversaires à traiter avec lui. Son plus grand titre de gloire fut d'avoir accueilli les malheureux proscrits des guerres civiles, de les avoir sauvés et de leur avoir procuré la joie de revivre dans leur patrie; mais, soit par incapacité, soit, comme le dit Appien[1], parce que les dieux avaient condamné sa cause, il ne sut pas attaquer l'ennemi, ni profiter d'aucun avantage, se bornant seulement à défendre ce qu'il avait acquis.

[1] Bell. civ., V, 143.

Velleius Paterculus fait le portrait suivant de Sextus: «C'était un jeune homme sans éducation, grossier dans son langage, d'une valeur fougueuse, d'une humeur emportée, d'une intelligence vive et prompte, très différent de son père sous le rapport de la bonne foi, dominé par ses affranchis, esclave de ses esclaves, servorumque servus, envieux du mérite et se mettant à genoux devant la médiocrité. Lorsqu'il se fut rendu maître de la Sicile, il reçut dans son camp les esclaves et les fugitifs, et augmenta de la sorte le nombre de ses légions. Ménas et Ménécratès, affranchis de son père, qu'il avait mis à la tête de ses flottes, infestaient les mers de leurs pirateries, et Sextus appliquait le produit de leurs rapines à son entretien et à celui de son armée, ne rougissant pas de livrer aux brigandages et aux dévastations les mers que les armes du grand Pompée, son père, avaient purgées des pirates[1].»

Sextus n'avait pas été vaincu seul, la piraterie tomba avec lui. Jamais elle n'avait été organisée d'une manière plus redoutable; c'était à elle et à ses chefs expérimentés que Sextus avait dû tous ses succès. La guerre contre Sextus a été considérée par tous les auteurs que nous avons cités si fréquemment comme une guerre contre la piraterie. Pline l'Ancien le dit formellement[2]. C'est surtout à ce titre que de si grands honneurs furent décernés à Octave, après sa victoire, par Rome délivrée de la famine. Le sénat et le peuple, couronnés de fleurs, se portèrent au-devant de lui, et lui firent cortège au temple et jusqu'à sa demeure. On décréta l'ovation, des prières publiques, une statue d'or sur le Forum en costume de triomphateur, et portant sur son piédestal l'inscription ci-après: «Au restaurateur de la  paix sur terre et sur mer après de longues dissensions[3].» Octave, de son côté, s'empressa d'accorder à Agrippa la couronne rostrale[4].

Octave acheva d'anéantir la piraterie dans ses guerres de trois années contre les Illyriens, les Japodes, les Liburnes, les Corcyréens, les Pannoniens, les Dalmates et autres peuplades des régions montagneuses des bords de l'Adriatique, semblables à la Cilicie et à l'Isaurie, qui avaient repris leurs courses sur mer et recommencé leurs brigandages comme au temps de la reine Teuta et de Démétrius de Pharos. A la prise de Métulum, courageusement défendue par les Japodes, Octave monta lui-même à l'assaut et reçut trois blessures. Tous ces peuples furent vaincus et soumis. Octave leur enleva tous leurs vaisseaux, afin de les mettre dans l'impossibilité de se livrer de nouveau à la piraterie[5].

[1] Velleius Paterculus, Hist. rom., 73.

[2] Hist. natur., XVI, 3.

[3] Appien, Bell. civ., V, 130.

[4] Pline, Hist. natur., XVI, 3.

[5] Appien, De rebus illyricis, XVI; Florus, Hist. rom. IV, 12.

La piraterie détruite ne joua aucun rôle dans la lutte entre Octave et Antoine qui se termina par la grande victoire navale d'Actium (2 septembre 31 av. J.-C.) qui donna à Octave-Auguste vainqueur l'empire romain.

Le premier soin d'Auguste fut d'assurer son autorité dans le monde romain. Pour maintenir la tranquillité dans les provinces maritimes de l'empire alors si admirablement disposé tout autour de la Méditerranée, pour protéger la navigation contre la piraterie, il fallait des forces navales importantes. Auguste entretint toujours deux flottes: l'une à Misène (Campanie), commandant à la Sicile, à l'Afrique et à l'Espagne; l'autre, forte de 250 vaisseaux, à Ravenne, d'où elle tenait en respect l'Illyrie, la Liburnie, la Dalmatie, l'Épire, la Grèce et l'Asie-Mineure[1]. Tous les vaisseaux de guerre, dit Végèce[2], se construisaient sur le modèle des liburnes, faites principalement avec le cyprès, le pin, le mélèze et le sapin, et dont les pièces étaient reliées avec des clous de cuivre non sujets à la rouille. Quant à la grandeur des bâtiments, les plus petites liburnes avaient un seul rang de rames, les moyennes en avaient deux et les autres trois, quatre et quelquefois cinq. Certains navires étaient peints d'un vert qui imitait la couleur de mer, les matelots et les soldats étaient aussi habillés avec des vêtements de cette couleur pour être moins vus de jour et de nuit lorsqu'ils allaient à la découverte. De plus, des navires stationnaient sur le Danube et dans l'Euxin; des escadres gardaient les côtes de la Gaule; des flottilles composées de petits bâtiments parcouraient les principaux fleuves. Celle du Rhône hivernait à Arles; celle de la Seine à Lutèce. Végèce dit que ces bâtiments croiseurs dont on se servait pour les gardes du Danube et des autres fleuves des frontières étaient d'une perfection inimitable.

[1] Suétone, Vie d'Auguste, 49.

[2] Institutions militaires, V, 1, 3, 4, 7 et 15.

La Méditerranée entière était enfin délivrée de la piraterie, le Romain pouvait alors la contempler avec orgueil et l'appeler mare nostrum. Les discordes civiles étaient étouffées, les guerres extérieures éteintes, le temple de Janus fermé, la force des lois, l'autorité des jugements rétablies, les bras rendus à l'agriculture, le respect à la religion, la sécurité aux citoyens, la confiance à toutes les propriétés. Aussi quel concert d'éloges dans les historiens et de louanges dans les poètes pour celui que quelques-uns appelaient un dieu et que l'empire romain tout entier vénérait comme le Père de la Patrie!

Mais ce qui fut peut-être le plus sensible aux Romains et aux peuples étrangers, ce fut de voir la mer purgée des brigands qui l'avaient écumée pendant des siècles, et de pouvoir en même temps naviguer, trafiquer et recevoir des vivres en abondance. Suétone rapporte, à ce sujet, une anecdote d'un haut intérêt. Un jour qu'Auguste naviguait près de la rade de Pouzzoles, les passagers et les matelots d'un navire d'Alexandrie, qui était à la rade, vinrent le saluer, vêtus de robes blanches et couronnés de fleurs. Ils brûlèrent même devant lui de l'encens, et le comblèrent de louanges et de vœux pour son bonheur, en s'écriant que c'était par lui qu'ils vivaient, à lui qu'ils devaient la liberté de la navigation et tous leurs biens, «per illum se vivere, per illum navigare, libertate atque fortunis per illum frui». Ces acclamations le rendirent si joyeux qu'il fit distribuer à tous ceux de sa suite quarante pièces d'or, en leur faisant promettre sous serment qu'ils n'emploieraient cet argent qu'en achats de marchandises d'Alexandrie[1].

Auguste corrigea aussi une foule d'abus aussi détestables que pernicieux qui étaient nés des habitudes et de la licence des guerres civiles et que la paix même n'avait pu détruire. Ainsi la plupart des voleurs de grands chemins portaient des armes publiquement, sous prétexte de pourvoir à leur défense, et les voyageurs de condition libre ou servile étaient enlevés sur les routes, et enfermés sans distinction dans les ateliers des possesseurs d'esclaves. Il s'était aussi formé, sous le titre de «communautés nouvelles», des associations de malfaiteurs qui commettaient toutes sortes de crimes. Auguste contint tous ces brigands, en plaçant des postes où il en était besoin; il visita les ateliers d'esclaves et dispersa les communautés dont l'organisation lui paraissait contraire à l'ordre public et aux bonnes mœurs[2].

[1] Suétone, Vie d'Auguste, XCVIII.

[2] Idem, XXXII.

Transformation inouïe, le farouche pirate cilicien devint l'heureux et paisible jardinier, Corycium senem, que chante Virgile; la ville de Tarse, en pleine Cilicie, fut, après la disparition de la piraterie, la grande ville savante de l'Orient, l'émule d'Alexandrie. Au siècle d'Auguste, ses écoles encyclopédiques, fréquentées par une studieuse jeunesse indigène, étaient tenues pour supérieures même à celles d'Alexandrie et d'Athènes; elles produisaient en abondance des maîtres habiles, surtout des philosophes, qui allaient porter leur science au dehors, à Rome, et jusque dans la famille des Césars[1]. Tarse fut la patrie du stoïcien Athénodore, précepteur de Tibère, et du grand apôtre saint Paul.

Citerai-je, après tant d'autres, les vers si connus des plus grands poètes de Rome, en l'honneur d'Auguste:

Tutus bos etenim prata præambulat,

Nutrit rura Ceres, almaque Faustitas;

Pacatum volitant per mare navitæ.

«Grâce à toi, dit Horace[2], le bœuf parcourt en paix les prairies; Cérès et la douce abondance fécondent nos champs; les navires volent sur la mer pacifiée

[1] Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et belles-lettres, séance du 7 juillet 1876.

[2] Odes, liv. IV, 5.

Pour Virgile[1], Auguste est un dieu:

An deus immensi venias mari, ac tua nautæ

Numina sola colant, tibi serviat ultima Thule!

«Viens-tu régner sur la mer immense, seul dieu qu'adorent les matelots et qui seras invoqué jusqu'aux rivages de la lointaine Thulé?»

Le peuple romain entier, jouissant de la paix, vivant dans l'abondance, s'écriait par la bouche du plus grand de ses poètes:

Deus nobis hæc otia fecit:

Namque erit ille mihi semper deus[2].

«C'est un dieu qui nous a fait ces loisirs: oui, il ne cessera jamais d'être un dieu pour moi.»

[1] Virgile, Géorgiques, I, 29-30.

[2] Id., Bucoliques, I, 6-7.

A l'âge de soixante-seize ans, le grand empereur, qui depuis un demi-siècle gouvernait le monde, rédigea son testament politique. De ce document d'une grandeur saisissante qui nous a été conservé dans les ruines d'un temple d'Ancyre, je détacherai ce qui a trait à l'histoire de la piraterie:

«J'ai rétabli la paix sur la mer, dit Auguste, en la délivrant des pirates qui l'infestaient, et à la suite de cette guerre, j'ai remis à leurs maîtres, pour qu'ils leur fissent subir le supplice mérité, environ trente mille esclaves qui s'étaient enfuis de chez ceux auxquels ils appartenaient et qui avaient porté les armes contre la République...

»Pour honorer ma conduite, on m'a, par un sénatus-consulte, Auguste, et décrété que le chambranle des portes de ma demeure serait décoré de lauriers, et qu'au-dessus de l'entrée serait placée une couronne civique et que, dans la Curia Julia, serait mis un bouclier d'or dont l'inscription attesterait qu'il m'était donné par le Sénat et le peuple romain en souvenir de mon courage, de ma clémence, de ma justice et de ma piété...

»Pendant mon treizième consulat, le Sénat, l'ordre équestre et le peuple me donnèrent le titre de Père de la Patrie, et décidèrent que ce titre serait inscrit dans ma demeure, dans la Curie et le Forum Auguste, sous un quadrige érigé en mon honneur...[1]»

[1] Inscription d'Ancyre; Exploration archéologique de Galatie, par MM. Perrot, Guillaume et Delbet.—Res gestæ divi Augusti ex monumentis Ancyrano et Apolloniensi, par Mommsen;—Examen des historiens d'Auguste, par M. Egger.

 
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