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Mythologie
 
 

 

 

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La piraterie dans l'Antiquité

Chapitre II.3 : Les héros d'Homère.

 

Le sage, le prudent Ulysse lui-même dépeint dans un de ses récits le type parfait d'un de ces chefs de pirates qui remplissaient de leurs exploits les parages de la mer Égée. Ouvrons Homère[1]: le héros est chez Eumée; il ne se fait pas encore reconnaître. Son hôte lui demande: Qui es-tu parmi les hommes? Ulysse lui trace alors un portrait qui n'est pas le sien puisqu'il désire rester inconnu, mais dans lequel il est difficile de ne pas saisir un air de famille.

«Je n'aimais point les travaux paisibles, ni les soins intérieurs qui forment une belle famille; les vaisseaux, les rames, les combats, les javelots aigus et les flèches, sujet de tristesse, qui glacent le reste des humains, étaient seuls ma joie; un dieu me les avait mis dans l'esprit. C'est ainsi que les mortels sont entraînés par des goûts divers. Avant le départ des fils de la Grèce pour Ilion, déjà neuf fois j'avais conduit contre les peuples étrangers des guerriers et des vaisseaux rapides, et toutes choses m'étaient échues en abondance. Je choisissais une juste part du butin, le sort disposait du reste et me donnait encore beaucoup; ma maison s'accroissait rapidement, je devenais chez les Crétois redoutable et digne de respect... En cinq jours nous parvenons au beau fleuve Égyptos. J'arrête mes navires dans ses ondes et j'ordonne à mes compagnons de ne point s'écarter et de garder la flotte; j'envoie seulement des éclaireurs à la découverte. Mais, emportés par leur audace, confiants dans leurs forces, ils ravagent les champs magnifiques des Égyptiens, entraînent les femmes, les tendres enfants et massacrent les guerriers, etc...»

[1] Odyssée, XIV, traduction de Giguet.

Voilà bien de la piraterie, si je ne me trompe. Les Normands n'agissaient pas autrement. Et cependant Ulysse invoque ces actes comme de brillants exploits dignes de l'admiration de son hôte. Cela ne doit pas nous surprendre. A cette époque, la piraterie était une profession avouée. Elle était fort répandue dans l'antiquité; souvent, dans Homère, on questionne les navigateurs inconnus dans les termes suivants: «O mes hôtes, qui êtes-vous? d'où venez-vous en sillonnant les humides chemins? Naviguez-vous pour quelque négoce, ou à l'aventure tels que les pirates, qui errent en exposant leur vie et portent le malheur chez les étrangers[1]?»

Homère nous apprend encore qu'Achille, avant de partir pour Troie, exerçait la piraterie, pillait la ville de Seyros où il enleva la belle Iphis qu'il donna à son ami Patrocle[2]. Pendant la guerre, Achille et le sage Nestor lui-même «erraient avec leurs vaisseaux sur la mer brumeuse pour y ramasser du butin[3]».

Dans le XVe chant de l'Odyssée, se trouve l'épisode de l'esclave phénicienne, fille d'Arybas de Sidon, enlevée par des pirates taphiens et vendue à Ctésios, père d'Eumée et roi de Syra. Un jour des Phéniciens, «navigateurs habiles mais trompeurs», arrivèrent dans cette île avec un navire chargé d'objets précieux. Ces rusés matelots séduisirent la belle esclave et lui proposèrent de la ramener dans sa patrie. Celle-ci enleva Eumée, alors enfant, afin que les Phéniciens puissent en tirer grand parti en le vendant chez des peuples lointains. Mais une fois en mer la criminelle esclave est frappée de mort par Diane et les matelots la jettent par-dessus le bord pour servir de pâture aux poissons. Les Phéniciens abordèrent quelque temps après à Ithaque où Laërte acheta Eumée.

On voit par ces nombreuses citations, qui pourraient être encore multipliées, que la piraterie était exercée universellement dans les temps homériques.

[1] Odyssée, III.

[2] Odyssée.

[3] Iliade, IX, 668.—XIX, 326.

 
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