L'Angleterre (VI° - XIII°
siècle)
CHAPITRE TROISIÈME : Les Plantagenêts
III : Henri III (1216 – 1272) |
1° Embarras de
Henri III –
Le
règne de Henri III, fils de Jean sans Terre, fut agité et peu glorieux.
Henry III, gravure issue de l'ouvrage Histoire de l'Angleterre, par
David HUME.
- Troubles à l’extérieur du
royaume : En 1224,
le roi de France lui enleva toutes ses possessions du continent, excepté
Bordeaux et la Gascogne (Louis VIII légitimait ses annexions en
stipulant que la cour d’Angleterre n’avait pas exécuté toutes les
conditions du traité passé avec lui en 1217.).
En 1241, la
guerre éclata entre Anglais et Français. Mais il faut faire un bref
récapitulatif afin de bien comprendre les tenants et aboutissants de ce
conflit : en 1241, Louis IX, roi de France, maria à Saumur son frère
Alphonse avec Jeanne, fille du comte de Toulouse, conformément aux
engagements pris lors de la signature du traité de Meaux.
Louis IX, présent en personne lors de la cérémonie, investit son frère
du Poitou et de l’Auvergne. Les deux hommes se rendirent ensuite à
Poitiers, où le nouveau comte devait tenir sa cour et recevoir l’hommage
de ses vassaux. L’un d’eux, Hugues de Lusignan, refusa de rendre
l’hommage. Excité par sa femme, la mère du roi d’Angleterre, il osa
défier publiquement le comte, et brûla la maison dans lequel ce dernier
avait séjourné à Poitiers.
Seul, Hugues de Lusignan
était peu dangereux, mais il attisa ainsi de vieilles rancoeurs, et
c’est alors que Henri III lui promit son appui. Peu après, Raymond VII
de Toulouse et les rois d’Aragon, de Castille et de Navarre décidèrent
de se joindre au roi d’Angleterre.
Henri III débarqua alors en
France, dans le bas Poitou, avec beaucoup d’argent mais peu d’hommes.
C’est alors qu’il rencontra Saint Louis près du pont de Taillebourg,
sur la Charente.
Les Français étaient
sensiblement plus nombreux, mais les Anglais étaient maîtres du pont, et
leurs adversaires ne pouvaient pas franchir la rivière, trop encaissé et
trop rapide. Cependant, Louis IX décida cependant de faire charger ces
hommes, qui enfoncèrent les lignes anglaises. Le roi dut alors se
replier, vaincu.
Les Anglais réussirent à se
réfugier à Saintes, mais les Français les y poursuivirent. Une
nouvelle bataille eut alors lieu, et, vaincu une fois de plus, Henri III
dut se retirer. Il se dirigea alors vers Bordeaux, en juillet 1242,
abandonnant une grande partie de ses chevaux et de ses équipages. Il
retourna ensuite en Angleterre, alors que la coalition fut dissoute.
Louis IX était
cependant un roi magnanime. Il ne s’empara pas des terres de Henri III
suite à ses défaites de Taillebourg et de Saintes. Bien au contraire, il
lui rendit même certaines terres prises par Louis VIII : en effet, en
1259, souhaitant établir une paix durable entre les deux pays, le roi de
France signa le traité de Paris avec le roi d’Angleterre.
Saint Louis restitua le
Limousin, le Périgord, l’Agenais, la Saintonge et une partie du Quercy
(c’est à dire les conquêtes faites par Louis VIII.). Henri III, en
revanche, fit une renonciation officielle à toutes les provinces
confisquées à Jean sans Terre (c’est à dire les conquêtes faites par
Philippe II.).
- Troubles à l’intérieur du
royaume :
Henri III, tout comme son père, ne voulait pas respecter la grande
charte, disant qu’elle faisait de lui l’esclave des barons. C’est alors
que ces derniers se révoltèrent, menés par Simon de Montfort, comte de
Leicester et sénéchal du royaume.
Les barons imposèrent à Henri
III une commission de 24 membres, chargée de préparer les réformes
réclamées par le bien de l’Etat.
Cette dernière, surnommée le
parlement enragé, à cause de sa véhémence, présenta alors, en
1258, les provisions d’Oxford.
2° Les
provisions d’Oxford – D’après ces provisions, le roi, afin de mieux
gouverner le royaume, serait assisté d’un conseil privé de quinze
membres, nommés par un parlement. Ce parlement en question, composé de
tous les barons, serait convoqué trois fois par an, et en son absence
siégerait une commission permanente de douze barons.
Les grands officiers (le
chancelier, le trésorier, et le chef de la justice.) seraient élus par
le parlement pour un an, et auraient à rendre des comptes à la fin de
leur mandat.
3° Guerre
civile - La royauté, avec les provisions d’Oxford, était mise en
tutelle. Les seigneurs ne s’attribueraient pas un droit de contrôle sur
le gouvernement, mais le gouvernement lui même.
Le roi n’accepta pas une
telle situation et en appela aux armes. Commença alors la « guerre des
barons. »
Le conflit fut un moment
suspendu par la médiation de Saint Louis. En effet, l’on appela le roi
de France en tant qu’arbitre dans ce conflit, qui rendit son arrêt en
janvier 1264, dans la cathédrale d’Amiens. D’une part, il cassait les
statuts d’Oxford et la mise en place des commissaires (qu’il considérait
comme attentatoires à la liberté royale.), mais d’autre part, il
renouvelait et confirmait les anciennes libertés du royaume. Cependant,
Saint Louis ne fut pas écouté.
Peu de temps après, les
choses tournèrent mal pour la couronne d’Angleterre. En mai 1264, Simon
de Montfort vainquit les partisans du roi à Lewes, et parvint à
capturer ce dernier et son fils.
Triomphant, le comte de
Leicester devenait le maître de l’Angleterre. En 1265, il convoqua un
grand parlement, dans lequel il fit siéger, à côté des prélats et des
nobles, de simples hommes des bourgs et des cités.
Mais Simon de Montfort ne
resta pas longtemps victorieux. Edouard, le prince héritier, parvint à
s’échapper de prison, et souleva dans l’ouest les royalistes. Le comte
de Leicester affronta ces derniers au cours de la bataille d’Evesham,
en 1265, au cours de laquelle il fut tué.
Les partisans d’Edouard,
vainqueurs, s’attaquèrent ensuite aux proches du défunt comte,
s’assurant de leur victoire.
Henri III fut rétabli sur le
trône, mais il n’osa pas toucher à l’œuvre de Simon de Montfort, qui se
compléta et se régularisa 30 ans après, sous Edouard I. Il y eut,
siégeant séparément, la chambre des seigneurs (appelée aussi chambre
des lords.), et la chambre des bourgeois (appelée aussi chambre
des communes.). La monarchie parlementaire fit ainsi, en quelque
sorte, sa première apparition.
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