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Mythologie
 
 

 

 

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Les Carolingiens

 

CHAPITRE DEUXIÈME : Charlemagne (768 à 814)


V : Charlemagne protecteur des lettres

 

            1° La renaissance carolingienne – Si, suite à la chute de l’Empire romain, les peuples germains n’avaient pas cherché à détruire toute trace de la civilisation antique, force est de constater que la Gaule avait connu un certain appauvrissement culturel en l’espace de plusieurs siècles.

 

Ainsi, les écoles publiques fermèrent à compter du VI° siècle, principalement en raison du déclin des villes. En effet, les vieilles cités romaines s’étaient dépeuplés, en raison d’un déplacement des centres de pouvoirs ; mais aussi de la peste de Justinien, qui avait frappé le bassin méditerranéen entre le VI° et le VIII° siècle.

Relief tombal décrivant un scène d'école, vers 200 après Jésus Christ, Deutsches historisches museum, Berlin.

En parallèle de la fermeture des vieilles écoles publiques, l’Eglise ouvrit peu à peu des écoles épiscopales et monastiques, ces dernières étant cependant réservées aux jeunes se destinant à la vie ecclésiastique.

 

Charlemagne dut s’adresser à l’Italie et à la Grande Bretagne pour trouver des lettrés (ces deux pays étaient reconnus pour leurs écoles monastiques) : il fit venir d’Angleterre le moine Alcuin ; et d’Italie le grammairien Pierre de Pise, ainsi que le moine Paul Diacre, auteur de l’Histoire des Lombards.

Charlemagne s’entoura aussi de Francs, reconnus pour leur savoir : Angilbert, élève d’Alcuin et gouverneur de Pépin ; Eginhard, orfèvre et architecte (futur historien des Carolingiens) ; Leidrade, bibliothécaire du roi et évêque de Lyon ; Théodulfe, évêque d’Orléans ; etc.

                  

            2° Ecoles chrétiennes – Pour mettre l’enseignement à la portée de tous, Charlemagne fit promulguer le capitulaire Admonitio generalis (ou exhortation générale) en 789 : chaque évêché et chaque monastère devait ouvrir une double école ; l’une intérieure, l’autre extérieure.

 

La première était réservée aux clercs et aux moines. Le cercle des études était assez étendu ; on y enseignait la théologie, le droit canon[1], les sept arts libéraux[2] (les manuels permettant l’apprentissage de ces matières étaient soit contemporains, soit antiques).

Au contraire, l’école extérieure était ouverte gratuitement à tout venant ; on y enseignait la foi, les prières, les psaumes, le chant, la grammaire, la lecture et l’écriture.

Théodulfe, évêque d’Orléans, alla plus loin que ne le demandait l’ordonnance royale ; il ouvrit, dans chaque paroisse de son diocèse, une école gratuite que devait être dirigée par un prêtre.  

 

Par ailleurs, Charlemagne demanda aux évêques que les clercs fussent bien formés au chant, mais aussi à la calligraphie, art indispensable pour la conservation du savoir (c’est ainsi que se développèrent les scriptoria, ateliers d’écriture dans lesquels travaillaient les moines copistes[3]).

A noter qu’à la fin du VIII°, la grande majorité des fonctionnaires étaient des clercs, en raison de la fermeture progressive des anciennes écoles romaines. Ainsi, un autre objectif du roi des Francs était d’améliorer la formation de son personnel.

Par ailleurs, afin que les fonctionnaires puissent travailler dans chaque province de l’Empire, où une grande diversité de dialectes étaient employés, le latin fut choisi comme langue officielle.

 

            3° Académie Palatine – Charlemagne eut l’idée, assez originale pour l’époque, de former avec les professeurs de sa cour, une sorte de cercle littéraire, l’académie palatine. Cette dernière comptait neuf membres (dont Charlemagne, Alcuin, Angilbert, Paul Diacre, Théodulphe, etc.), chacun portant le titre de comte palatin[4].

  

Dans la chronique d’Eginhard, Charlemagne est présenté comme un souverain très cultivé, qui parlait le latin, comprenait le grec, et avait quelques notions de syriaque. Le roi des Francs, envieux d’apprendre, aurait étudié la grammaire avec Pierre de Pise, la rhétorique avec Alcuin, mais aussi la dialectique et l’astronomie. Il s’essaya aussi à la calligraphie à un âge tardif, mais sans grand succès. 

 

Par ailleurs, Charlemagne contribua à la diffusion de la minuscule caroline, créée par le moine Alcuin.

Cette réforme de l’orthographe eut un important succès car elle introduisait des lettres minuscules arrondies, séparées d’un espace (à l’époque mérovingienne, les mots étaient écrits en majuscule, et n’étaient pas toujours séparés).

 

            4° Ecole palatine – Selon la chronique Vie de Charlemagne, du moine Nokter le Bègue, le roi des Francs aurait aussi ouvert dans son propre palais une école palatine. Cette dernière était en principe réservée aux enfants de l’aristocratie, mais Charles se plaisait à y introduire des enfants d’humble condition.

Charlemagne rend visite aux écoliers, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

 

Toujours selon cette même chronique, Charlemagne fit un jour subir aux élèves une sorte d’examen. Les enfants sans fortune avaient travaillé ferme, et ils répondirent bien. Quant aux autres, les fils des comtes et des ducs, ils échouèrent. Charles les admonesta, vantant les mérites de leurs jeunes compagnons qui, eux, avaient réussi.

Les enfants sans fortune furent plus tard nommés à de hauts emplois, devenant évêques, abbés ou ministres du roi.

 

En réalité, il semblerait que cette école palatine fut en réalité bien différente. Ainsi, plutôt qu’une école au sens moderne, avec maîtres, cours et examens, cette dernière était vraisemblablement composée de copistes, de chantres[5] et de scribes, dont certains étaient en phase d’apprentissage.

A noter par ailleurs qu’il existe une confusion dans les sources d’époque entre école palatine et académie palatine (il n’y eut peut être qu’une seule entité et non deux).   

 

            5° Une renaissance carolingienne limitée – A noter que le terme de renaissance carolingienne ne fut employé qu’à compter du XIX° siècle. A l’époque de Charlemagne, le terme généralement utilisé pour désigner ce mouvement intellectuel était renovatio (ou renouvellement en latin).

 

Ainsi, contrairement à la Renaissance, qui fut un mouvement intellectuel laïc, amplifié par l’apparition de l’imprimerie, la renovatio fut purement religieuse, ne touchant qu’un public restreint.

Ainsi, les livres réalisés par les copistes, richement enluminés, furent plus souvent considérés comme un bien économique que comme un bien culturel.

 

La renaissance carolingienne ne prit toutefois pas fin à la mort de Charlemagne, continuant son essor sous le règne de son fils Louis. Cependant, elle s’éteignit vers la fin du IX° siècle, en raison de la guerre civile et de l’affaiblissement du pouvoir royal.

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[1] Le droit canon ou canonique règle l’organisation de l’Eglise catholique.

[2] Les sept arts libéraux sont : le trivium (grammaire, rhétorique, logique.) et le quadrivium (arithmétique, géométrie, musique, astronomie.).

[3] Les moines copistes copiaient des œuvres plus anciennes, d’où leur nom. Grâce à leur travail, des textes datant de l’Antiquité, et dont nous avons perdu les originaux, sont parvenus jusqu’à nous.

[4] A noter que l’appellation d’académie palatine n’était pas contemporaine de Charlemagne, n’étant employée qu’à compter du XVIII° siècle.

[5] Le chantre était un chanteur qui officiait dans une église ou cathédrale.

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