Les Carolingiens
CHAPITRE PREMIER : Les premiers Carolingiens
(687 à 768)
I : Pépin de Herstal (687 à 714) |
1°
Conséquences de la bataille de Testry, la prise de pouvoir de Pépin de
Herstal (687) –
La
bataille de Testry,
en 687, marqua définitivement la fin de l’indépendance de la royauté.
Thierry III,
vaincu, fut emmené en Austrasie,
où régnait
Pépin de Herstal,
maire du palais.
Ce dernier, qui avait mené les leudes austrasien pendant la bataille, ne fit
pas tondre
ou exécuter le souverain déchu. Au contraire, Pépin d’Herstal se contenta de
priver le Thierry III de ses pouvoirs, la royauté ne conservant dès lors
qu’une fonction symbolique.
A compter de cette date, les
Mérovingiens qui se succédèrent pendant près d’un siècle ne furent plus que
des souverains fantoches, marionnettes entre les mains des
Pipinides,
qui étaient devenus rois sans porter de couronne.
Ainsi, Pépin de Herstal
décida de porter le titre de duc des Francs (dux francorum en
latin), comme le firent ses descendants .
2° Pépin de Herstal, un souverain contesté –
Cependant, si Pépin de Herstal possédait désormais le pouvoir d’un roi, sa
domination ne fut pas acceptée partout.
Ainsi, la Neustrie ne tolérait guère la domination d’un leude d’Austrasie ;
la soumission de la Bourgogne et de l’Aquitaine n’était que nominale ; dans
les sud et dans l’ouest, les gouverneurs locaux avaient profité des guerres
civiles pour prendre plus d’indépendance.
Toutefois, Pépin préféra mettre ces résistances locales de côté pour
s’occuper de la Germanie, où la situation était devenue inquiétante. Il
passa sa vie à lutter contre les Saxons, les Thuringiens, les Bavarois et
les Alamans, tous ayant prêté fidélité aux Mérovingiens, mais pas à Pépin de
Herstal.
3° Le règne de Pépin de Herstal (687 à 714) –
Si Pépin de Herstal resta au pouvoir pendant près de trente années, force
est de constater que les sources sont quelque peu lacunaires concernant
cette période.
a)
Le rétablissement des assemblées annuelles : le fait caractéristique
du gouvernement de Pépin de Herstal fut le rétablissement des assemblées
annuelles, ou champs de Mars. On y traitait à cette occasion que de
questions militaires.
Cette résurrection de cette vieille coutume franque était vraisemblablement
le fruit d’un calcul politique, le duc des Francs se présentant comme un
continuateur de la tradition mérovingienne, associant de surcroit les leudes
à sa politique militaire.
b)
La conquête de la Frise (689) : alors que Pépin luttait en Germanie
pour assoir sa domination sur les tribus vassales du royaume des Francs, il
décida de s’attaquer à la Frise.
Son objectif était de faire main-basse sur cette région afin de contrôler
les embouchures du Rhin et de la Meuse, ces fleuves étant vitaux pour
l’économie franque.
Les Frisons du roi Radbod, vaincus en 689, furent alors
contraints de se convertir au christianisme. C’est ainsi que fut érigé
l’évêché d’Utrecht l’année suivante, sous la direction du moine
Willibrord, qui continua l’évangélisation de
la région.
Radbod, qui avait réussi à s’enfuir, lança une nouvelle offensive contre les
Francs en 692. Vaincu à nouveau, il fut contraint de faire soumission. En
711, sa fille Theudesinde épousa Grimoald le Jeune, second
fils de Pépin de Herstal.
c)
Vie conjugale de Pépin de Herstal : le duc des Francs, marié à
Plectrude, commença à fréquenter une maitresse, Alpaïde, à
compter de 690.
Pépin décida donc d’épouser la jeune femme, demandant à Lambert,
évêque de Tongres, de célébrer les noces.
Toutefois, ce dernier ayant appris qu’un enfant était né hors-mariage, il
refusa de marier le couple.
Quittant le palais de Pépin, Lambert fut peu de temps après assassiné par
Dodon, frère d’Alpaïde.
4° Les Mérovingiens sous Pépin de Herstal –
En 691, Thierry III mourut. Agé de 35 ans, le défunt avait eu deux fils :
Clovis IV et
Childebert IV (et peut être Clotaire IV, dont nous reparlerons
plus tard).
Pièce de monnaie à l'effigie de
Childebert IV, British Museum, Londres.
L’aîné, âgé d’une dizaine
d’années, monta donc sur le trône. Toutefois, Clovis IV mourut en 695,
et la couronne échut alors à son petit frère.
Ce dernier fut secondé par
Grimoald le Jeune, qui fut nommé maire du palais en Neustrie.
En 711, Childebert IV mourut
à son tour. A la mort du défunt, inhumé à Choisy, ce fut son fils
Dagobert III, un enfant de dix ans, qui reçut la couronne.
5° La fin de règne de Pépin de Herstal (708 à 714 –
De ses deux mariages, Pépin de Herstal avait eu trois fils. Avec Plectrude,
Drogon
et Grimoald le Jeune ; avec Alpaïde, Charles (et peut être
Childebrand).
a) La mort de Drogon
(708) : Drogon, l’aîné, mourut en 708. Ce dernier, duc de Champagne et
de Burgondie, avait épousé Adaltrude (fille de Berthaire,
ancien maire du palais de Neustrie ).
Ce dernier avait eu quatre fils : Arnulf, Hugues, Pépin
et Godfried.
b) La mort de Grimoald le
Jeune (avril 714) : Grimoald le Jeune, récupérant les titres de son
défunt frère, mourut à son tour, en avril 714 (il fut assassiné alors qu’il
priait sur le tombeau de Saint Lambert, à Liège). Le défunt avait eu un
fils, Théodebald, fruit de son union avec une concubine.
Comme Grimoald était
l’héritier de Pépin de Herstal, Théodebald, âgé de six ans, fut désigné
comme successeur pas son grand-père.
Cette décision ne plût guère
à Charles, l’aîné d’Alpaïde, qui souhaitait s’approprier l’héritage de Pépin
(le jeune homme fut peut être l’instigateur du meurtre de Grimoald).
c)
La mort de Pépin de Herstal (décembre 714) : Pépin de Herstal mourut
en décembre 714. L’annonce de son décès provoqua plusieurs insurrections,
aussi bien en Gaule qu’en Germanie, de nombreux insurgés souhaitant
recouvrer leur indépendance.
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