1° Les prémices d’une nouvelle
révolution (26 juillet 1830) – Suite à la promulgation des quatre
ordonnances de Saint Cloud, les députés ne réagirent pas immédiatement. Si
certains s’insurgèrent contre cet abus de pouvoir, d’autres, au contraire,
décidèrent alors de se rapprocher de Charles X.
Les députés proposèrent alors au roi de France d’opter pour une solution
diplomatique, consistant à conserver Polignac mais à faire entrer quelques
ministres libéraux au sein du gouvernement. Toutefois, les discussions se
soldèrent par un échec.
La place de la Concorde, 1829, par Giuseppe CANELLA, XIX°
siècle, musée Carnavalet, Paris.
Ce
furent les journalistes, qui protestèrent les premiers, signant une pétition
qui dénonçait les ordonnances de juillet. Quelques députés libéraux
décidèrent alors de rejoindre les signataires, mais refusèrent toutefois de
s’engager à leurs côtés.
Dans la soirée, quelques Parisiens hostiles à la monarchie manifestèrent
dans la capitale, mais les participants se séparèrent d’eux-mêmes à la nuit
tombée.
2° Les Parisiens tirent les premiers coups de feu, première
journée des trois glorieuses (27 juillet 1830) – Malgré l’interdiction,
plusieurs journaux furent imprimés tôt le matin (comportant la pétition
signée la veille par une quarantaine de journalistes.). Le préfet de Paris
fut alors chargé de saisir les journaux incriminés, ce qui occasionna
plusieurs rixes entre policiers et imprimeurs.
De nombreuses presses furent détruites afin d’empêcher les contestataires de
publier de nouveaux textes.
Le
maréchal Auguste Frédéric Louis Viesse de Marmont, commandant de la
division militaire de Paris, décida d’installer plusieurs bataillons
militaires dans Paris, comme le lui avait ordonné Charles X.
Rappelons que Marmont avait trahi Napoléon lors de la campagne de France
(printemps 1814.), négociant la capitulation de Paris face aux
puissances ennemies.
Le maréchal n’avait donc pas une côte de popularité particulièrement élevée.
Les Parisiens, constatant l’arrivée des soldats, décidèrent alors d’ériger
des barricades dans les rues de la capitale. Récupérant les pavés des
trottoirs, les insurgés parvinrent ainsi à confectionner rapidement des
remparts de fortune.
L’armée ouvrit alors le feu, et les émeutiers déplorèrent leurs premiers
morts en fin de journée. A noter toutefois que plusieurs compagnies,
refusant de servir le roi, décidèrent de fraterniser avec les insurgés.
Officiers du 4° Léger (à gauche.) et du 48° de ligne, musée de l'Infanterie,
Montpellier.
Dans la nuit, les jeunes républicains décidèrent d’imiter les
révolutionnaires de 1789, pillant les boutiques d’armes et de munitions.
3° L’entêtement de Charles X exacerbe les tensions, seconde
journée des trois glorieuses (28 juillet 1830) – Alors que les députés,
inquiets, étaient en train de discuter afin de trouver une issue au conflit,
dans les rues la révolte se transformait peu à peu en révolution. Ainsi, les
arbres des boulevards furent abattus afin de bloquer la circulation, et des
éclats de verre furent répandus dans les rues afin d’empêcher le passage de
la cavalerie.
Charles X, bien que constatant que l’émeute se faisait plus virulente,
refusait d’annuler les ordonnances de Saint Cloud. Ainsi, il ordonna au
maréchal Marmont de maintenir ses hommes en place et de mettre un terme à
l’insurrection. Les soldats ayant fraternisé avec les insurgés, quant à eux,
devaient être considérés comme des ennemis.
Combat de la porte Saint Denis, le 28 juillet 1830, par
Hippolyte LECOMTE, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.
Alors que les émeutiers étaient parvenus à s’emparer de l’Hôtel de ville,
peu avant midi, un groupe de députés décida de rencontrer le maréchal
Marmont. Toutefois, ce dernier refusa d’écouter ses interlocuteurs,
réclamant la fin des hostilités en préalable à toute négociation.
La prise de l'Hôtel de Ville par les insurgés.
L’entretien s’acheva donc sur un échec.
Dans la soirée, Marmont reçut l’ordre de concentrer ses troupes autour des
Tuileries et du Louvre. Ce faisant, il abandonnait aux émeutiers les
quartiers du nord et de l’est de Paris.
4° La soumission de Charles X, troisième journée des trois
glorieuses (29 juillet 1830) – Au petit matin du 29 juillet, Marmont se
rendit compte qu’il était dans une position particulièrement difficile.
Ainsi, il était assiégé sur la rive droite, n’avait plus de ravitaillement
depuis 24 heures, et commençait à manquer de munitions.
Le Pont Neuf et l'attaque du Louvre, le 29 juillet 1830, école
française, première moitié du XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.
Au
même moment, un petit groupe de députés s’était réuni afin de discuter de la
situation. Vers midi, sur proposition de François Pierre Guillaume Guizot,
il fut décida de nommer le marquis de La Fayette commandant de la Garde
nationale.
François Pierre Guillaume Guizot.
En
outre, les députés décidèrent de mettre en place une commission
municipale provisoire, chargée d’administrer la capitale jusqu’à la fin
des émeutes.
En
début d’après midi, les insurgés lancèrent un assaut contre le Louvre,
parvenant à repousser les soldats de Marmont.
Prise du Louvre, le 29 juillet 1830 ; massacre des gardes suisses, par Jean
Louis BEZARD, 1833, musée Carnavalet, Paris.
Les troupes royales, contraintes de se replier vers les Champs Elysées, se
retirèrent finalement vers le bois de Boulogne afin de protéger le château
de Saint Cloud (où se trouvait alors Charles X.).
Le
duc d’Angoulême, nommé commandant des troupes royales, décida d’évacuer
Paris à une heure de l’après midi. Ainsi, les émeutiers se retrouvaient
maîtres de la capitale.
La liberté guidant le peuple, par Eugene DELACROIX, 1830.
Charles X, recevant la visite de deux pairs de France, Charles Louis
Huguet de Montaran, marquis de Sémonville, et Antoine Maurice
Apollinaire, comte d’Argout, décida finalement de s’incliner. Le roi de
France renvoya donc le comte de Polignac, et s’engagea à annuler les
ordonnances de Saint Cloud.
Antoine Maurice Apollinaire, comte
d'Argout, par Honoré DAUMIER, XIX° siècle, musée d'Orsay, Paris.
Puis, il confia la charge de premier ministre à
Casimir de Rochechouart, duc de Montemart
(à noter toutefois que ce dernier n’eut pas le temps de gouverner.).
Pendant ce temps, la commission municipale provisoire, sous l’égide de La
Fayette, s’était installée à l’Hôtel de Ville. Une de ses premières mesures
fut de rétablir le calme dans la capitale.
Le marquis de La Fayette,
1824.
Lorsque le marquis de Sémonville et le comte d’Argout arrivèrent à l’Hôtel
de ville afin d’annoncer aux députés le changement de ministère, il leur fut
répondu que le nouveau gouvernement ne serait accepté qu’à partir de trois
conditions : retrait des ordonnances de Saint Cloud, réorganisation de la
Garde nationale, et convocation des chambres.
Les deux pairs furent ainsi contraints de repartir auprès de Charles X à la
nuit tombée.
4° Les suites des trois glorieuses (juillet à août 1830) –
L’annonce du renvoi de Polignac, comme nous venons de le voir, avait
rapidement mis un terme à l’insurrection. Toutefois, à l’issue des trois
glorieuses, Charles X était encore sur le trône...
a)
30 juillet 1830 : au petit matin du 30 juillet 1830, deux
journalistes (Adolphe Thiers et
François Auguste Marie Mignet.)
firent valoir la candidature de Louis Philippe III, duc d’Orléans, sur le
trône de France.
Adolphe Thiers et François Auguste Marie Mignet.
Ces derniers placardèrent ainsi de nombreuses affiches dans
les murs de Paris, tenant de convertir le public à leur cause :
Charles X ne peut plus entrer dans Paris : il a fait couler le sang du
peuple. La république nous exposerait à d’affreuses divisions : elle nous
brouillerait avec l’Europe. Le duc d’Orléans est un prince dévoué à la cause
de la révolution. Le duc d’Orléans ne s’est jamais battu contre nous ; le
duc d’Orléans était à Jemmapes ; le duc d’Orléans est un roi-citoyen. Le duc
d’Orléans à porté au feu les couleurs tricolores, le duc d’Orléans peut seul
les porter encore. Nous n’en voulons point d’autre.
Le
duc de Mortemart, tentant de faire publier les nouvelles décisions du roi,
apprit que la commission municipale provisoire avait décidé de ne pas
reconnaitre le nouveau gouvernement.
Dans l’après midi, de nombreux députés inquiets par le mouvement
républicain, décidèrent alors de se rapprocher des orléanistes, confiant à
Louis Philippe III la charge de lieutenant général du royaume.
Portrait de Louis Philippe III, duc d'Orléans.
Dans l’après midi, alors que la Chambre des pairs se montrait favorable aux
orléanistes, la commission municipale provisoire proclamait la déchéance de
Charles X.
b)
31 juillet 1830 : le duc d’Orléans, acceptant après moult hésitations
d’être nommé lieutenant général du royaume, décida de se rendre à Paris.
Louis Philippe III, soucieux de ne pas apparaitre comme un usurpateur,
souhaitait en effet recueillir l’adhésion des Parisiens.
Louis Philippe arrivant à Paris, par Prosper LAFAYE, XIX°
siècle, musée Carnavalet, Paris.
Approuvant une proclamation de Guizot prévoyant de nombreuses réformes ainsi
que la reconnaissance de la charte de 1814, Louis Philippe III décida de se
diriger vers l’Hôtel de ville, siège de la commission municipale provisoire.
La place de l'Hôtel de Ville, le 31 juillet 1830, à l'arrivée du duc
d'Orléans, par Pierre Louis FOULLEY, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.
Le
duc d’Orléans y fut reçu par La Fayette, promettant de sauvegarder les
libertés publiques conformément au décret voté plus tôt dans la journée.
Finalement, Louis Philippe III et La Fayette montèrent sur le balcon de
l’Hôtel de ville, où ils se donnèrent l’accolade, enveloppés dans un drapeau
tricolore.
Louis Philippe à l'Hôtel de Ville, école française, première
moitié du XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.
Les républicains assistant à la scène décidèrent ne pas s’opposer au duc
d’Orléans, mais ils lui remirent une liste énumérant leurs revendications
(souveraineté du peuple, pairie non héréditaire, droit de vote élargi,
etc.).
c)
Début août 1830 : Charles X, qui avait quitté Saint Cloud le 30
juillet au soir, s’était installé à Rambouillet. Isolé et suivant de loin
les évènements, le roi de France décida finalement de signer son abdication
(2 août 1830.). Ainsi, il léguait la couronne à son petit fils, Henri
d’Artois (ce dernier était l’enfant posthume de Charles Ferdinand,
duc de Berry, second fils de Charles X.).
A
noter toutefois que Louis Antoine, duc d’Angoulême, fils aîné de
Charles X et donc successeur légitime, fut lui aussi contraint de signer
l’abdication. Cependant, s’étant écoulé quelques minutes entre la signature
de son père et la sienne, les légitimistes considèrent que Louis
Antoine aurait été roi pendant ce court laps de temps.
Louis Antoine d'Artois, duc
d'Angoulême.
Le
3 août, Charles X et ses proches furent contraints de quitter Paris, se
dirigeant vers le port de Cherbourg. Dans un premier temps, le souverain
déchu se réfugia en Ecosse, puis plus tard, il s’installa à Prague
(Charles X mourut du choléra à Görz, ville d’Autriche, en novembre 1836.).
Quelques jours après le départ du souverain déchu, les députés proclamèrent
la monarchie de juillet ; le duc d’Orléans fut nommé roi des Français
sous le nom de Louis Philippe I°.
La
branche aînée des Bourbons avait cessé de régner.
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