I : Charles X, de la
révolution à la restauration (1789 à 1815)
1° Les premières années de Charles
X (1757 à 1789) –Charles Philippe, futur Charles X,
naquit à Versaillesen octobre 1757. Ce dernier, huitième enfant du
dauphin Louis Ferdinand[1]
(fils aîné de Louis XV.) n’était à l’origine pas destiné à régner.
Néanmoins, Charles Philippe reçut une bonne éducation au château de
Versailles, puis fut titré comte d’Artois[2].
Buste de Charles X, par
François Joseph BOSIO, début du XIX° siècle, musée du Louvre, Paris.
En
novembre 1773, Charles Philippe épousa Marie Thérèse de Sardaigne,
fille de Victor Amédée III, roi de Piémont[3].
Le couple eut quatre enfants : Louis Antoine, duc d’Angoulême ;
Sophie (décédée en bas âge.) ; Charles Ferdinand, duc de Berry
(assassiné en février 1820.) ; et Marie Thérèse (décédée en bas
âge.).
Marie Thérèse de Sardaigne, comtesse d'Artois, attribué à
Louis Lié PERIN SALBREUX, fin du XVIII° siècle, musée Carnavalet, Paris.
En
avril 1774, Louis XV mourut. Ce fut alors son petit fils Louis XVI
qui monta sur le trône, Louis Ferdinand étant décédé en décembre 1765.
Le
nouveau souverain, plus débonnaire qu’incompétent, inaugura son règne en
restaurant le Parlement de Paris, institution juridique et
administrative (les parlementaires, dont les sièges se transmettaient de
père en fils[4],
enregistraient les édits royaux.). A cette époque, le pays traversait une
grave crise économique, que Louis XVI tenta d’endiguer malgré l’opposition
des parlementaires et de la noblesse.
Charles Philippe, bien qu’étant hostile à la suppression des privilèges,
était toutefois favorable à la réforme de Charles Alexandre de Calonne,
alors contrôleur général des finances[5].
L’objectif de se ministre, refusant de diminuer les dépenses de l’Etat,
était de mettre en place des réformes en profondeur afin de revigorer
l’économie : libre circulation des grains, abolition des corvées, diminution
de la taille[6]
et la gabelle[7],
imposition du clergé, et suppression des douanes intérieures.
Ce
projet de réforme fut toutefois un échec.
2° Charles X, de la Révolution française à l’Empire (1789 à
1815) – En 1789, Louis XVI décida alors de convoquer les Etats
Généraux, afin de trouver une issue à la crise. Toutefois, cette
décision ne tarda gère à déclencher la
Révolution française[8].
Les députés du tiers état, après avoir affiché leur volonté de mettre en
place une constitution, furent bientôt rejoints par le clergé et la noblesse
au sein de l’Assemblée nationale. Promulguant de nombreuses réformes
(adoption du système métrique, création des départements, déclaration des
droits de l’homme, etc.), les députés mirent en place une monarchie
parlementaire, ce qui ne plut guère à de nombreux aristocrates.
Le
futur Charles X fut un des premiers à émigrer, quittant la France le 16
juillet 1789 (soit deux jours après la prise de la Bastille[9].).
Il décida alors de s’installer à Coblence, capitale de l’archevêché de
Trèves[10].
A noter que cette cité était le point de ralliement de toute l’aristocratie
française émigrée.
S’installant par plus tard en Angleterre, Charles Philippe fut nommé
lieutenant général du royaume par le futur Louis XVIII, suite à la
mort de leur frère aîné Louis XVI (21 janvier 1793[11].).
Pendant toute la période napoléonienne, le futur Charles X resta en
Angleterre, pays qu’il ne quitta qu’après la chute de Napoléon.
C’est en exil que mourut Marie Thérèse, l’épouse de Charles Philippe
(1805.).
3° La restauration et le règne de Louis XVIII (avril 1814 à
septembre 1824) – Rentrant en France au printemps 1814, Charles Philippe
révéla rapidement ses idées réactionnaires : en effet, ce dernier
n’appréciait pas la politique tolérantisme de son frère Louis XVIII (qui
souhaitait conserver les acquis de la révolution et de l’Empire.).
Le
futur Charles X, connaissant mal les nouvelles institutions du pays, en
raison de 25 années d’exil (il ignorait ce qu’était un préfet ou un
département.), resta toutefois proche des Ultras. En décembre 1821, suite à
la démission du duc de Richelieu, ce fut le frère du roi qui décida de
nommer Jean-Baptiste Guillaume Marie Anne Séraphin Joseph de Villèle[12]comme nouveau premier ministre.
[1]
Le dauphin Louis Ferdinand et son épouse avaient eu dix enfants,
cinq filles et cinq fils (dont les futurs Louis XVI, Louis XVIII et
Charles X.).
[2]
En l’honneur du comte d’Artois, frère de Saint Louis, décédé lors de
la septième croisade. Pour en savoir plus sur cet évènement, voir le
5, section V, chapitre cinquième, les Capétiens.
[3]
A noter que le futur Louis XVIII avait épousé Marie Joséphine de
Sardaigne en 1771, qui était une autre fille de Victor Amédée III.
[4]
La vénalité des charges avait été instaurée au cours du XVI°
siècle par François I°, afin de faire rentrer d’importantes
sommes d’argent dans les caisses de l’Etat. Dès lors, les hauts
fonctionnaires de l’Etat ne furent plus choisis par le souverain,
mais achetèrent leurs charges. Ce système, favorable sur le court
terme grâce aux rentrées d’argent qu’il occasionnait, fut toutefois
dramatique sur le long terme (d’autant plus que le phénomène ne
cessa de s’accroitre au fil des siècles.). En effet, les hauts
fonctionnaires furent plus riches que compétents, et affaiblirent
grandement l’administration royale.
[5]
Pour en savoir plus sur le ministère Calonne, voir le 2, section
III, chapitre cinquième, les Bourbons.
[6]
La taille était en quelque sorte l’ancêtre de l’impôt sur le revenu.
Cette taxe existait depuis le Moyen âge, mais elle n’était
qu’exceptionnelle. Ce n’est qu’à partir du XV° siècle, lors de la
guerre de Cent Ans, que la taille devint un impôt annuel.