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La monarchie de Juillet (1830 - 1848)

CHAPITRE SECOND : Le difficile maintien de l’ordre

(mars 1831 à mars 1835)

 

II : Insurrections légitimistes et républicaines (mai à juin 1832)

           

            1° Une nouvelle guerre de Vendée (mai à juin 1832) – Au printemps 1832, alors que Paris était frappée par l’épidémie de choléra, Caroline de Bourbon, duchesse de Berry, se trouvait en Vendée.

Cette dernière, veuve de Charles Ferdinand d’Artois, duc de Berry, avait accompagné son beau père Charles X en exil en Ecosse, suite à sa déchéance. Caroline, n’appréciant guère Louis Philippe, décida alors de se rapprocher des opposants à la monarchie de Juillet afin de tenter de fomenter une rébellion.

Caroline de Bourbon et ses partisans approchant de Marseille.

Après avoir tenté de soulever Marseille à la fin avril 1832, la duchesse de Berry s’était réfugiée en Vendée au cours du mois de mai.

 

a) Une insurrection rapidement réprimée : la veuve, donnant le commandement de l’armée vendéenne à Louis Auguste Victor de Ghaisne, comte de Bourmont[1], tenta alors de soulever la région.

Habit, cape et glaive de cérémonie de pair de France ayant appartenu au comte de Bourmont, 1823, musée des Invalides, Paris.

Toutefois, la Vendée de 1831 n’était plus celle de 1793. Ainsi, non seulement les Vendéens n’avaient guère de raisons de se soulever ; par ailleurs, un grand nombre d’entre eux ne souhaitaient pas ensanglanter à nouveau le pays.

Début juin, alors que Caroline de Bourbon n’avait réussi à convaincre qu’une poignée de nobles légitimistes, quelques escarmouches accordèrent la victoire aux troupes de Louis Philippe.

Ainsi, les insurgés furent contraints de déposer les armes.

 

Entretemps, le 9 juin 1832, Caroline de Bourbon était quant à elle parvenue à pénétrer dans Nantes incognito. Entretenant une correspondance avec les monarchies européennes, la duchesse de Berry fut toutefois arrêtée et emprisonnée au mois le 6 novembre 1832.

Caroline de Bourbon arrêtée à Nantes.

 

b) Le gouvernement en position délicate : à Paris, la détention de la veuve posait problème. En effet, si Louis Philippe la condamnait au bannissement, les républicains protesteraient que la duchesse était coupable d’avoir porté les armes contre la France ; si Caroline de Bourbon était condamné à une peine de prison, le roi subirait l’opprobre des royalistes.

 

Toutefois, la duchesse de Berry montra rapidement les premiers signes de grossesse, puis accoucha d’une fille en mai 1833. Déclarant qu’elle s’était secrètement mariée en Italie, Caroline de Bourbon se discrédita aux yeux de l’opinion publique, jetant le doute sur la légitimité de son fils Henri d’Artois (ce dernier était né sept mois après la mort de son père.).

 

Ce retournement de situation permit à Louis Philippe de se débarrasser de la duchesse de Berry, qui fut envoyée à Palerme en juin 1833.

 

            2° Nouvelle insurrection républicaine à Paris (juin 1832) – Suite à la mort de Casimir Perier, en mai 1832, une quarantaine de députés républicains ou déçus de la monarchie de Juillet se réunirent chez Jacques Laffitte, ancien premier ministre.

Jacques Laffitte.

 

Ces derniers rédigèrent alors un compte rendu, récapitulant les promesses non tenues par Louis Philippe, fustigeant la politique répressive de Casimir Perier, et critiquant le manque d’engagement de l’Etat auprès des peuples révoltés (Laffitte avait été poussé à la démission après que son projet d’intervention en Italie fut rejeté par le gouvernement.).

 

Le texte était dans tous les esprits lors des funérailles du général Jean Maximilien Lamarque[2], décédé du choléra.

Suivant le cortège funéraire, le 5 juin 1832, les républicains déclenchèrent une émeute qui se transforma rapidement en bataille rangée avec la Garde nationale. Les insurgés (principalement des étudiants ou des jeunes.), érigeant des barricades, s’emparèrent alors de plusieurs quartiers de paris ; toutefois, profitant des désaccords du côté des rebelles, le général Georges Mouton[3], commandant de la Garde nationale parvint à repousser l’ennemi.

Le général Georges Mouton.

 Le lendemain, Louis Philippe décida de réagir avec fermeté, parcourant les rues avec son fils Ferdinand Philippe. Le roi des Français, acclamé par les Parisiens, comprit que l’émeute n’avait été déclenchée que par une minorité de républicains.

Louis Philippe rend visite aux soldats de la Garde nationale la nuit du 5 au 6 juin 1832.

Les émeutiers, repoussés vers le quartier Saint-Merri, furent finalement vaincus par les troupes du roi.

 

Au final, cette insurrection fit près de 800 victimes (républicains et gardes nationaux confondus.).

A noter que les meneurs républicains quittèrent Paris ou furent arrêtés ; les députés ayant rédigé le compte rendu, quant à eux, décidèrent de faire soumission au roi des Français.

 


 

[1] Ce dernier, ayant conquis Alger en juillet 1830, avait toutefois été limogé en raison de son attachement aux Bourbons.

[2] Ce dernier, né en juillet 1770, avait fait carrière dans l’armée lors de la Révolution française et de l’ère impériale. Lamarque, restant fidèle à l’Empereur lors des Cent-Jours, fut ainsi contraint de quitter la France lors de la restauration.

Elu député à plusieurs reprises, Lamarque se positionna du côté des libéraux, affichant son hostilité envers les Bourbons.

[3] Le général Mouton avait participé aux guerres de la Révolution française et de l’Empire (Iéna, Friedland, Wagram, etc.). Participant à la campagne de Russie puis aux Cent-Jours, Mouton fut contraint de s’exiler lors de la restauration.

 
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