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Mythologie
 
 

 

 

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L'histoire de l'Assomption

    

De nos jours, beaucoup ne comprennent pas pourquoi l'Etat a décidé de faire du 15 août un jour férié, alors qu'il tombe en plein milieu des vacances estivales ! Rappelons tout de même que c'est à cette date qu'est célébrée l'Assomption, et qu'en France, pendant plusieurs décennies, la fête nationale n'était pas fêtée le 14 juillet, mais bien le 15 août !

 

Mais qu'est ce que l'Assomption ? Selon les catholiques et les orthodoxes, ce terme désigne la montée aux cieux de la Vierge Marie[1]. Toutefois, si l'Eglise romaine emploie le terme d'Assomption, les orthodoxes, au contraire, préfèrent parler de Dormition. Ces derniers rappellent ainsi que Marie monta aux cieux dans son enveloppe charnelle, mais bel et bien suite à son décès.

Autre motif de divergence, le pape Pie XII érigea l'Assomption en dogme au cours du mois de novembre 1950, rappelant que Marie avait été élevée aux cieux vierge de tout pêché.[2]

L'Assomption et la Dormition, deux termes employés pour désigner un même évènement, sont néanmoins dotés de deux iconographies radicalement différentes. Dans la tradition catholique (à gauche.), c'est une Marie radieuse et pleine de vie qui monte aux cieux ; dans la tradition orthodoxe (à droite.), le Christ en personne récupère l'âme et le corps de sa mère décédée.

 

De prime abord, il convient de préciser que la fête de l'Assomption, à l'instar de nombreuses célébrations chrétiennes (comme la saint Valentin ou la Nativité.), tire vraisemblablement ses racines d'une cérémonie païenne. En effet, l'on peut noter plusieurs ressemblances entre l'Assomption et les mystères d'Eleusis, célébrés en l'honneur de la déesse Déméter[3].

Cérès (l'équivalent romain de la déesse Déméter), XVI° siècle, musée du Louvre, Paris.

 

Selon la mythologie grecque, cette divinité décida de parcourir le monde à la recherche de sa fille Coré, ayant appris que cette dernière avait été enlevée. Déesse des moissons, Déméter, lors de sa quête, cessa de fertiliser la terre, provoquant une importante famine. Un jour, elle passa incognito par la cité d'Eleusis, où elle fut bien accueillie par les habitants. Afin de remercier ces derniers de leur hospitalité, Déméter leur enseigna sa maîtrise de l'agriculture, et les initia à ses mystères.

Par la suite, la déesse apprit que Coré avait été enlevée par Hadès, et était détenue aux Enfers. S'entretenant avec Zeus, les protagonistes parvinrent à trouver un accord : Coré était libre de rejoindre sa mère, mais devait cependant séjourner aux Enfers trois mois par an, sous le nom de Perséphone (au cours de ces trois mois, Déméter ne fertilisait plus la terre. C’est ainsi que les Grecs expliquaient le passage de l’été à l’hiver.).

L'on retrouve plusieurs éléments permettant de rattacher l'Assomption aux mystères d'Eleusis. Marie, à l'instar de Déméter, pleura la perte de son enfant, descendu aux Enfers ; la tradition monastique impose un jeûne avant le 15 août, comme il y en avait un avant l'initiation aux mystères d'Eleusis ; enfin, les deux femmes ne partagent elle pas les mêmes attributs, à savoir la fertilité et la vie ?

 

Les mystères d'Eleusis furent officiellement supprimés à la fin du IV° siècle après Jésus Christ par l'Empereur romain Théodose[4]. Toutefois, il semblerait que le culte de Déméter ait survécu jusqu'aux environs du VII° siècle, date à laquelle l'Empereur byzantin Maurice[5] décida de célébrer l'Assomption le 15 août. L'objectif de ce dernier était peut être de mettre en place une sorte de syncrétisme, assimilant le culte de Déméter à celui de la Vierge Marie.

Les Empereurs Théodose (à gauche.) et Maurice (à droite.).

 

A noter toutefois que la disparition de Marie n'est mentionné ni dans la bible, ni dans les textes des premiers siècles de notre ère. En Occident, ce fut Grégoire de Tours, qui à la fin du VI° siècle fut le premier à mentionner les derniers jours de Marie, s'appuyant sur des textes (peut être en provenance d'Egypte ?) datant du siècle précédent.

La Vierge, sentant ses derniers jours arriver, reçut alors la visite des apôtres, revenus des différents endroits où ils étaient aller prêcher. A la mort de Marie, Jésus apparut afin de recevoir l'âme de sa mère, et la défunte fut inhumée au pied du mont des Oliviers. Quelques jours plus tard, le Christ apparut de nouveau, emportant le corps de la Vierge au paradis.

Mais, selon un autre texte, Marie se serait réfugiée à Ephèse, en compagnie de l'apôtre Jean, suite à la mort de Jésus (l'objectif était de se mettre à l'abri des persécutions.). C'est donc dans cette cité, et non à Jérusalem, que l'Assomption aurait eut lieu.

 

La Dormition, fêtée en Orient dès le règne de l'Empereur Maurice, au VI° siècle après Jésus Christ, ne fut célébrée à Rome qu'à partir du siècle suivant, à l'instigation du pape Théodore (à l'origine fêtée sous son nom grec, ce n'est qu'au cours du VIII° siècle que le Saint Siège décida d'employer le terme d'Assomption.).

Au cours des décennies qui suivirent, cette célébration se répandit partout en Europe. Le 15 août, jour de la célébration de l'Assomption, est ainsi chômé dans de nombreux pays de tradition catholique (France, Italie, Portugal, Pologne, Autriche, etc.). Les pays traditionnellement protestants, comme l'Angleterre, l'Allemagne et les Etats Unis, ne reconnaissent pas cet évènement.

 

En France, Napoléon I° décida en 1806 que le 15 août serait célébrée la Saint Napoléon. S'inspirant d'un personnage historique à l'existence contestée (Saint Neopolis aurait été un martyr vivant au IV° siècle après Jésus Christ.), l'objectif de l'Empereur était d'opérer une sorte de syncrétisme entre une fête religieuse, l'Assomption, et une célébration étatique, la Saint Napoléon[6].

C'est ainsi que la fête nationale, du moins jusqu'en 1815, fut célébrée le 15 août.

 

Evidemment abandonnée lors de la Restauration, la Saint Napoléon ne fut célébrée que par les milieux bonapartistes, nostalgiques de l'Empire. En 1852, devenu Empereur suite à un coup d'Etat, Napoléon III[7] décida d'instituer cette fête par décret.

 

Festivité aussi bien laïque que chrétienne, le 15 août resta la fête nationale jusqu'en 1870, date de l'entrée en guerre contre la Prusse. Suite à ce conflit désastreux pour la France, la république fut proclamée, et la Saint Napoléon disparut pour de bon.

Les nouveaux dirigeants, aussi hostiles à l'Empire qu'à l'Eglise, décidèrent en mai 1880 que la fête nationale serait désormais fêtée le 14 juillet.

 
 

[1] A noter que les protestants ne reconnaissent pas l'Assomption, refusant de faire de la Vierge l'égale de Dieu. Ces derniers considèrent Marie comme un personnage secondaire, rappelant qu'elle n'est que très peu cité dans la bible.

[2] L'immaculée conception est un dogme de l'Eglise catholique, énoncé par le pape Pie IX en décembre 1854. Il stipule que Marie, de par sa qualité de mère de Jésus, aurait été exempte du pêché originel. Cette théorie n'est pas reconnue par l'Eglise orthodoxe, qui considère que l'immaculée conception ferait de la Vierge plus une déesse qu'une simple femme, lui faisant perdre son libre arbitre. A noter que ce dogme n'est pas lié à la virginité de Marie, reconnue par les catholiques comme par les orthodoxes.

[3] Pour en savoir plus sur Déméter, voir le 11, section II, chapitre premier, Mythologie grecque.

[4] Pour en savoir plus sur l'Empereur Théodose, cliquez ici.

[5] Pour en savoir plus sur l'Empereur Maurice, voir le 3, section section II, chapitre deuxième, l'Empire byzantin.

[6] A noter que Napoléon I° est officiellement né le 15 août 1769, même si sa date de naissance est sujet à controverse.

[7] Louis Napoléon Bonaparte était le neveu de Napoléon I°, et son petit fils par alliance (sa mère, Hortense, était la fille d'Alexandre de Beauharnais et de son épouse Joséphine. Cette dernière, devenu veuve en 1794, épousa alors Napoléon I°.).

 

 

 

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