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Mythologie
 
 

 

 

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Histoire de l'Egypte antique

CHAPITRE NEUVIÈME : La Basse époque

(VIII° - I° siècle avant Jésus Christ)

 

VIII : La dynastie des Lagides (IV° siècle à I° siècle avant Jésus Christ)

           

            Le 13 juin 323 avant Jésus Christ, Alexandre III mourut. Il laissait comme seul héritier un enfant qu’il avait conçu avec Roxane, mais qui n’était pas encore né.

Les Diadoques devant le tombeau d'Alexandre, enluminure du XV° siècle.

A noter toutefois que le défunt roi de Macédoine, afin d’assurer sa légitimité sur le trône, avait éliminé quasiment tous les prétendants au trône de Philippe II, suite au décès de ce dernier.

Alexandre III n’avait épargné que Philippe III Arrhidée, fils de Philippe II et de Philinna de Thessalie, une de ses épouses.

Tétradrachmes à l'effigie de Philippe III, vers 320 avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.

Cependant, ce dernier était mentalement déficient, peut être à cause d’un poison concocté par Olympias, qui aurait voulu débarrasser son fils d’un rival potentiel (c’est pour cette raison qu’il fut épargné.).

Les anciens généraux d’Alexandre III, qui avaient pris le titre de diadoques[1], se trouvaient alors dans une situation délicate. Les uns, comme Perdiccas, souhaitaient un pouvoir central fort ; les autres, comme Ptolémée, désiraient mettre en place un système fédéral.

Finalement, Philippe III fut nommé roi à titre provisoire, et les droits de l’enfant d’Alexandre furent préservés (à sa naissance, il fut proclamé roi sous le nom d’Alexandre IV.).

 

En 323 avant Jésus Christ, l’Empire ne pouvant être gouverné ni par Philippe III, déficient mentalement, ni par Alexandre, qui était encore un bébé, les diadoques répartirent entre eux la gestion des différentes régions de l’Empire d’Alexandre III.

Il faut cependant noter qu’à cette époque, aucun n’imaginait morceler égoïstement les possessions de leur défunt souverain (contrairement à ce que l’on pourrait croire de nos jours.). Il s’agissait simplement de répartir les différentes satrapies entre les principaux généraux d’Alexandre III, tout en conservant l’unité de l’Empire. 

Les onze Diadoques, réunis à Babylone, partagèrent leurs tâches de la façon suivante : Perdiccas reçut la gestion des satrapies d’Asie ; Cratère, qui n’était pas un Diadoque et absent lors du partage, fut nommé prostatès, une sorte d’intendant général (en outre, il reçut la régence[2].) ; Antipater fut confirmé dans son poste de régent de Macédoine, et conserva la Grèce ; Cassandre (fils d’Antipater.) fut placé à la tête des hypaspistes[3] ; le général Séleucos reçut le commandement de la cavalerie ; et l’infanterie fut confiée à un Grec nommé Méléagre.

En outre, Ptolémée reçut l’Égypte ; Antigone Monophtalmos (ce qui signifie ‘le borgne’, ce Diadoque ayant perdu l’usage d’un oeil.) reçut la Lycie, la Pamphylie et la Phrygie ; Lysimaque reçut la Thrace (prise à Antipater.) ; Léonnat reçut la Phrygie hellespontique ; Asandros[4] reçut la Carie ; Eumène de Cardia eut la Paphlagonie et la Cappadoce ; et Peithon eut la Médie.

D’autres personnes, qui n’étaient pas des Diadoques, reçurent néanmoins des postes important : la Cilicie fut confiée à Philotas ; la Syrie fut confiée à Laomédon ; et la Petite Médie fut confiée à un Perse nommé Antropater. D’autres orientaux furent maintenus à leur poste, comme Pôrôs en Inde, et Oxyartès en Bactriane.   

Le fait d’envoyer aux quatre coins du globe tous les Diadoques entraînait deux choses : d’une part, cela permettait au jeune Empire de s’affermir dans les régions les moins soumises ; mais, d’autre part, cela engendrait des velléités autonomistes de la part des différents diadoques. 

 

1° Ptolémée I° Sôter (vers 323 à 283 avant Jésus Christ)  – Ptolémée naquit en Macédoine vers 367 avant Jésus Christ. Son père, Lagos, avait épousé Arsinoé, une concubine de Philippe II. Toutefois, certains récits affirment que la jeune femme était déjà enceinte lors de son mariage, donnant peu après naissance à Ptolémée (ce dernier serait alors non pas le fils de Lagos mais celui de Philippe II, mais aussi le demi-frère d’Alexandre III.).

Buste de Ptolémée I° Sôter, III° siècle avant Jésus Christ, musée du Louvre, restauré au XVIII° siècle, Paris.

Cette thèse aurait vraisemblablement permis à Ptolémée d’asseoir son autorité sur l’Egypte.

 

Ami d’enfance d’Alexandre III, Ptolémée participa à l’expédition contre la Perse. Le jeune homme se distingua en s’emparant de la Carie et d’Halicarnasse (333 avant Jésus Christ.), alors qu’Alexandre III se trouvait en Cilicie.

 

a) La prise de la Cyrénaïque (323 avant Jésus Christ) : Ptolémée, suite au partage de Babylone, arriva finalement en Egypte à la fin de l’année 323 avant Jésus Christ.

Rapidement, son attention se porta vers la Cyrénaïque, qui était alors aux bords de la guerre civile. En effet, le Spartiate Thibron, qui avait assassiné Harpale[5], l’ex-trésorier en fuite d’Alexandre, s’était emparé du pouvoir à Cyrène. Toutefois, chassé par les habitants de la cité, il avait décidé de se venger en assiégeant la ville.

Des notables de Cyrène vinrent auprès de Ptolémée afin de lui demander de bien vouloir intervenir en Cyrénaïque, et le diadoque accepta.

Ce dernier envoya dans cette région un de ces généraux, nommé Ophellas. Les habitants de Cyrène, qui s’étaient entre temps réconciliés avec Thibron, furent écrasés (en outre, le Spartiate fut tué au cours de l’affrontement.).  

Par la suite, Ophellas devint gouverneur de Cyrénaïque, région qui fut rattachée à l’Égypte.

A noter que cette intervention eut lieu sans l’assentiment des autres diadoques.

 

b) L’Empire, expansion et répressions (323 avant Jésus Christ) : à cette époque, l’Empire d’Alexandre était encore jeune. Il était donc du devoir des diadoques d’assurer sa pérennité en matant au plus tôt d’éventuelles révoltes.

Si, en Orient et Egypte, il n’y eut pas d’insurrection à l’annonce de la disparition d’Alexandre III, les cités grecques ne tardèrent pas à se révolter contre le joug macédonien.

 

En effet, dès 322 avant Jésus Christ (lorsque la nouvelle de la mort d’Alexandre III fut confirmée.), les cités décidèrent de se liguer contre le régent Antipater.

Ce dernier ne disposant que d’une armée de 10 000 hommes, il ne put lutter contre les coalisés. Perdant la Béotie, Antipater fut contraint de se réfugier dans la cité de Lamia (d’où le nom que l’on donna à ce conflit : la guerre lamiaque.).

Bien qu’étant en infériorité, Antipater refusa de se rendre (peut être comptait il tenir jusqu’à l’arrivée de Cratère, qui était à l’époque sur le chemin du retour, et se trouvait en Cilicie.).

C’est alors qu’Antipater reçut l’aide de Léonnat, un des Diadoques. Ce dernier, peu satisfait de sa satrapie, souhaitait épouser Cléopâtre, veuve d’Alexandre le Molosse et sœur d’Alexandre. Lorsqu’il vit dans quelle position le régent de Macédoine se trouvait, il jugea qu’il tenait là l’occasion de redorer son blason par un coup d’éclat militaire (et éventuellement remplacer Antipater.).

Le stratège Léosthène, qui commandait l’armée des coalisés, fut tué lors du siège de Lamia, après avoir reçu sur la tête une pierre jetée du haut des murs. Antiphile reçut alors le poste du défunt, et parvint à vaincre Léonnat (ce dernier trouva la mort lors de l’affrontement.).

C’est alors qu’Antipater décida de sortir de la ville, afin de rejoindre les soldats de Léonnat, qui étaient encore nombreux. Ensemble, ils parvinrent à se retirer en Macédoine.

Les cités grecques coalisées n’ayant pu vaincre Antipater sur terre, ne parvinrent pas non plus à le vaincre sur mer. Ainsi, lorsque Cratère et ses 50 000 vétérans arrivèrent en Grèce, les rebelles n’eurent plus la moindre chance de l’emporter.

Les Macédoniens écrasèrent l’armée des cités coalisées à Crannon, en août 322 avant Jésus Christ.

Suite à cet affrontement, Antipater décida de traiter séparément avec les cités grecques. Ces dernières furent alors intégrées au royaume de Macédoine, et la coalition fut dissoute.

 

A noter qu’une autre révolte éclata aux confins de l’Empire. En effet, les soldats de l’armée d’Alexandre III, situés en Bactriane, désiraient rentrer chez eux après plusieurs années de guerre.

Afin de se faire entendre, ils s’allièrent aux rebelles de la région (contre lesquels ils étaient censés lutter.) et décidèrent d’en découdre avec les Diadoques.

Alignant une armée de près de 20 000 hommes, ils furent néanmoins écrasés par Peithon, satrape de Médie. Après avoir brisé ce mouvement contestataire, la Bactriane fut confiée à Stasanor, un Chypriote qui était déjà satrape de Drangiane et d’Arie.

 

c) Perdiccas contre l’Egypte (323 à 321 avant Jésus Christ) : comme nous l’avons vu précédemment, Ptolémée s’était emparé de la Cyrénaïque, en 323 avant Jésus Christ, sans avoir reçu l’aval des autres diadoques. Ce faisant, il s’attira l’hostilité de Perdiccas, satrape d’Asie (de par ses possessions, il était le plus puissant des diadoques.).

 

Perdiccas, suite au partage de babylone, commença par éliminer Méléagre, responsable de l’infanterie. Toutefois, l’objectif de Perdiccas était avant tout de se débarrasser de l’encombrant Philippe III Arrhidée, qui voulait épouser Adéa, petite fille de Philippe II par sa mère (elle était fille de Cynané et d’Amyntas IV.).

Olympias, dont ses relations avec Antipater étaient toujours exécrables, invita Perdiccas à venir en Macédoine, lui offrant la main de sa fille Cléopâtre, veuve d’Alexandre le Molosse. Elle lui demanda aussi de venir avec la dépouille d’Alexandre.

Cependant, Perdiccas, qui était alors déjà marié à Nicaea, fille d’Antipater, fut bloqué sur son chemin par Cynané et sa fille Adéa. Perdiccas envoya alors son frère Alcetas les combattre, et au final, Cynané fut exécutée. Cependant, les soldats de Perdiccas obligèrent ce dernier à accepter le mariage entre Philippe III et  Adéa (cette dernière prit alors le nom d’Eurydice.).

Olympias fut extrêmement mécontente de ce résultat, d’autant plus que Ptolémée, au cours de cet affrontement, s’était arrangé pour s’emparer de la dépouille d’Alexandre.

 

Par la suite, le premier conflit important entre Diadoques éclata. Perdiccas, qui perdit l’appui d’Olympias et de sa fille Cléopâtre, souhaitait qu’Antigone Monophtalmos lui rende des comptes quand à la gestion de ses satrapies en Pamphylie, Phrygie et Lycie. Il chargea alors son frère Alcetas et Eumène de Cardia (qu’il avait aidé à s’installer en Paphlagonie et Cappadoce.) de s’occuper de ce dernier.

Antigone, effrayé, décida alors se réfugier en Grèce, demandant l’aide d’Antipater et de Cratère. Ces derniers décidèrent alors d’aider leur camarade, n’appréciant guère le comportement de Perdiccas.

 

Toutefois, alors qu’Alcestas et Eumène de Cardia s’attaquaient à Antigone, Perdiccas, quant à lui, marchait vers l’Egypte. En effet, le diadoque souhaitait se venger de Ptolémée, qui lui avait dérobé la dépouille d’Alexandre. Malheureusement pour lui, il échoua devant la cité de Péluse, et ne parvint pas à faire passer le Nil à son armée.

Finalement, il fut assassiné en 321 avant Jésus Christ, par Peithon, Séleucos et Antigénès. Par la suite, Ptolémée refusa d’assumer la régence.

 

A noter toutefois que le conflit n’était pas encore achevé en Asie mineure. En effet, afin de lutter contre Eumène de Cardia, Antipater débarqua à Ephèse ; Cratère et Antigone, quant à eux, se rendirent dans l’Hellespont. Eumène, trahi par ses hommes, eut cependant la satisfaction d’apprendre la mort de Cratère, tué au cours d’une escarmouche.

Toutefois, la situation d’Eumène n’est alors guère brillante : Antigone avait vaincu sa flotte près de Chypre, et Antipater était parvenu à rentrer en Cilicie. En outre, quand la nouvelle de la mort de Perdiccas arriva en Asie, les combattants décidèrent de se rencontrer.

La réunion eut lieu à Triparadisos, en 321 avant Jésus Christ.

 

d) Le partage de Triparadisos et la régence d’Antipater (321 à 319 avant Jésus Christ) : le partage de Triparadisos fut bien plus animé que celui de Babylone, qui avait eut lieu à peine deux années auparavant.

Antipater reçut la régence et fut confirmé en Macédoine ; Peithon fut confirmé en Médie ; Ptolémée fut confirmé en Égypte ; Séleucos reçut la satrapie de Babylone ; Antigénès (un des assassins de Perdiccas.) reçut la satrapie de Susiane ; Antigone reçut la Lycaonie (en plus de la Phrygie, la Pamphylie et la Lycie.), et obtint le commandement de l’armée d’Asie (le titre officiel était celui de stratège d’Asie.) et la garde des rois ; Cassandre reçut le commandement de la cavalerie.

Par la suite, les relations entre Antigone et Cassandre n’étant pas au beau fixe, Antipater donna sa fille Phila en mariage à Démétrios, fils d’Antigone.

Tétradrachmes à l'effigie de Démétrios Démétrios I° Poliorcète, vers 300 avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin. 

 

Antipater, qui était alors déjà âgé, n’exerça la régence que pendant deux années.

Antigone, quant à lui, continua la lutte contre Eumène de Cardia (Alcetas, le frère de Perdiccas, fut tué au cours de ce conflit.), forçant ce dernier à se réfugier dans la citadelle de Nora, en Cappadoce, en 319 avant Jésus Christ.

Au cours de l’été 319 avant Jésus Christ, Antipater mourut, alors âgé de 78 ans.

 

e) Affrontements en Grèce et Macédoine suite au décès d’Antipater (319 à 316 avant Jésus Christ) : Antipater, avant de mourir, avait choisi le général Polyperchon comme successeur, et non Cassandre, qui était pourtant son fils légitime (sans doute le vieux régent avait-il pensé que Polyperchon, plus expérimenté que Cassandre, serait plus efficace pour lutter contre les cités grecques.).

Cassandre, ulcéré par la décision de son père, décida de récupérer ce qu’il considérait comme son bien légitime. Il se rapprocha alors de Ptolémée et d’Antigone, qui acceptèrent de l’aider.

Polyperchon, se sentant menacé, décida lui aussi de trouver des alliés. Il commença par s’attirer les bonnes grâces des cités grecques, se montrant favorable à la démocratie et blâmant les oligarques. Il se rapprocha aussi d’Eumène de Cardia (qui était sorti de la citadelle de Nora après avoir signé un traité signé avec Antigone.), lui conférant le titre de stratège d’Asie (qui était alors celui d’Antigone.), et envoyant auprès de lui des vétérans de l’armée d’Alexandre (commandés par Antigénès, un des assassins de Perdiccas.).

 

Cassandre attaqua le premier, s’emparant d’Athènes sans que Polyperchon ne puisse répliquer. Puis, au fil des mois, le fils d’Antipater parvint à imposer son autorité sur l’ensemble de la Grèce (Polyperchon se réfugia alors au Péloponnèse.).   

Se rendant ensuite en Macédoine, Cassandre entama des négociations avec la reine Eurydice (l’épouse de Philippe III.). Cette dernière déchut Polyperchon du titre de régent, qu’elle confia à Cassandre ; elle demanda à Polyperchon et à Antigone de remettre leurs armées au fils d’Antipater ; et enfin confia à ce dernier la gestion du royaume.

En 317 avant Jésus Christ, comme Polyperchon n’abandonnait pas le combat, Cassandre confia la Macédoine à son frère Nicanor, et décida d’attaquer son rival une nouvelle fois, assiégeant Tégée. L’ex-régent demanda alors l’aide d’Olympias, qui résidait en Epire.

Cette dernière se rendit ainsi en Macédoine, s’emparant sans combattre de Philippe III et d’Eurydice (les soldats n’osant pas attaquer la mère d’Alexandre.).

Par la suite, Olympias fit tuer Philippe III, Eurydice, et les partisans de ces derniers (dont Nicanor, le frère de Cassandre.).

Cassandre réagit rapidement, lorsqu’il apprit la nouvelle. Il décida de partir à l’assaut de la cité de Pydna, où Olympias s’était réfugiée (au même moment, son armée parvenait à s’opposer aux soldats d’Epire, ainsi qu’à Polyperchon.). Suite à un siège mené pendant l’hiver 317 à 316 avant Jésus Christ, la ville tomba entre les mains de Cassandre. Ce dernier s’empara d’Olympias (qui fut mise à mort peu après.), de Roxane et d’Alexandre IV.

Par la suite, Cassandre ne laissa à Polyperchon que le contrôle de quelques places fortes, puis reconstruisit Thèbes, et fonda les cités de Cassandréis (il en fit sa capitale.) et Thessalonique (du nom de son épouse Thessaloniké, une fille de Philippe II.).

 

f) Lutte contre Eumène de Cardia (319 à 317 avant Jésus Christ) : toutefois, si le conflit était réglé en Grèce et Macédoine, il battait toujours son plein en Asie mineure. En effet, Antigone et son fils Démétrios, étaient toujours en lutte contre Eumène de Cardia.

Ce dernier se dirigea vers la Phénicie, afin d’y faire construire une flotte et de rejoindre Polyperchon en Grèce. Cependant, la flotte de Ptolémée se faisant menaçante, Eumène décida de quitter la Phénicie, au cours de l’été 318 avant Jésus Christ.

Il se dirigea alors vers la Babylonie, qui connaissait à cette époque des troubles importants : en effet, Peithon, satrape de Médie, avait tenté de s’emparer de la Parthie, afin de la donner à son frère Eudamos. Cependant, Peithon fut vaincu par Peucestas, satrape de Perse, et dut se réfugier auprès de Séleucos à Babylone. Eumène demanda alors à Séleucos et Peithon de le rejoindre dans sa lutte contre Antigone. Ces derniers refusèrent, mais le laissèrent passer en Susiane, à l’est de Babylone. 

Eumène arriva en Mésopotamie au cours de l’été 317 avant Jésus Christ, et décida d’assiéger Suse (il reçut à cette époque l’aide de Peucestas et de divers satrapes de la région.). Par la suite, il affronta Antigone à Paracétène, au cours de l’automne 317 avant Jésus Christ. Antigone fut vainqueur, mais il perdit plus de soldats que son rival. Aucun des deux camps ne put donc prendre l’avantage.

C’est alors qu’Antigone eut l’idée de surprendre Eumène dans ses quartiers d’hiver. Attaquant le campement par surprise, Peucestas et ses hommes décidèrent de fuir. Eumène, abandonné par ses troupes, fut alors capturé et exécuté (à noter qu’Antigénès, satrape de Susiane, fut lui aussi éliminé.).

 

 

g) La première coalition contre Antigone (316 à 311 avant Jésus Christ) : Cassandre s’emparait d’Olympias au moment même où Eumène était battu par Antigone. Par la suite, ce dernier décida de réorganiser l’Asie, nommant de nouveaux satrapes à la place des anciens (Peucestas fut écarté, Peithon fut exécuté, Séleucos dut s’enfuir en Egypte lorsque Antigone s’approcha de Babylone.). En 316 avant Jésus Christ, Antigone était devenu le plus puissant des diadoques.

Séleucos, réfugié en Egypte, n’eut guère de mal à convaincre Ptolémée du danger que représentait Antigone. En effet, le Lagide avait des vues sur la Syrie (qu’il avait occupée par le passé, mais dont s’était emparé Antigone.).     

Cassandre, Lysimaque (satrape de Thrace.) et Asandros (satrape de Carie.) furent eux aussi contactés peu de temps après, en vue d’une ligue contre Antigone.

Buste de Lysimaque, musée archéologique de Selçuk, Turquie.

Ils lui demandèrent d’organiser un nouveau partage des satrapies, donnant la Syrie à Ptolémée ; la Babylonie à Séleucos ; la Lycie et la Cappadoce à Cassandre ; la Phrygie hellespontique à Lysimaque. En retour, Antigone répondit qu’il était prêt à la guerre.

 

Antigone, afin de lutter efficacement contre les diadoques coalisés, décida de contacter leurs ennemis. Il contacta alors Polyperchon et son fils Alexandros ; le roi d’Epire (ce dernier était était fort courroucé de l’exécution d’Olympias.) ; ainsi que les cités grecques (il proclama alors leur indépendance[6].).

Alors qu’il avait fait mettre le siège devant Tyr (une cité sous domination lagide.), Antigone fit la proclamation suivante, en 315 avant Jésus Christ : il reprocha à Cassandre d’avoir fait reconstruire Thèbes, alors qu’Alexandre III avait ordonné sa destruction ; l’accusa d’avoir tué Olympias, mère du défunt souverain de Macédoine ; ainsi que de traiter Roxane et Alexandre IV comme des prisonniers.

Enfin, Antigone demanda à Cassandre que ce dernier reconnaisse son titre de stratège d’Asie. Il s’attribua aussi le poste de régent (à la mort d’Antipater, ce titre était passé entre les mains de Polyperchon.), bien que ce fut Cassandre qui détenait Alexandre IV.

En fait, Antigone avait plusieurs raisons de s’attaquer à Cassandre : en effet, ce dernier n’était pas le plus dangereux d’un point de vue militaire, mais il l’était d’un point de vue diplomatique. Il avait épousé Thessaloniké, une fille de Philippe II (et avait donc des liens avec la famille d’Alexandre.) ; il avait la garde d’Alexandre IV (donc, il apparaissait comme le régent officiel.) ; et enfin, il était maître de la Macédoine, une région qui était le cœur de l’Empire. Antigone pensait que si Cassandre était éliminé, les autres Diadoques ne pourraient plus continuer la lutte.

 

Les cités grecques étaient plutôt favorables à Antigone, mais Cassandre parvint à tuer Alexandros, fils de Polyperchon. Ce dernier, dépité, décida alors de s’allier avec son ancien adversaire.

En 315 avant Jésus Christ, Télesphore, un neveu d’Antigone, parvint à débarquer en Grèce, s’attaquant au Péloponnèse et à la Béotie. De son côté, en 313 avant Jésus Christ, Cassandre parvint à vaincre les Epirotes (le roi Eacide fut tué et remplacé par son cousin Néoptolème II.). Par la suite, un autre neveu d’Antigone, Polémée, dut se rendre en Grèce afin de s’opposer à Télesphore, ce dernier commençant à agir suivant ses propres intérêts.

Par la suite, Polémée s’empara de l’ensemble de la Grèce, et contraignit Cassandre et Lysimaque à négocier, en 312 avant Jésus Christ.

 

En 315 avant Jésus Christ, alors que ses neveux s’occupaient de Cassandre en Grèce, Antigone s’occupait de Ptolémée en Asie. Ce dernier, ne souhaitant pas prendre le risque d’attaquer son adversaire de front, avait préféré lui laisser la Syrie. En outre, Ptolémée confia à Séleucos le commandement de la flotte égyptienne.

Antigone, s’emparant de Tyr en 314 avant Jésus Christ, était toujours dans une situation précaire, Asandros, satrape de Carie, se faisant toujours menaçant. Toutefois, après s’être emparé des cités d’Ionie, Asandros décida de faire la paix avec Antigone (313 avant Jésus Christ.).

En 312 avant Jésus Christ, Ptolémée se rendit alors compte qu’il était temps d’agir : en effet, si Antigone avait les mains libres en Asie mineure, il ne tarderait pas à revenir l’affronter en Egypte. Le Lagide décida alors de passer à l’offensive, parvenant à vaincre Démétrios, le fils d’Antigone, suite à la bataille de Gaza. Ptolémée put ainsi s’emparer de la Syrie.

Au même moment, Séleucos s’était emparé de Babylone, et, s’attirant la sympathie des satrapes de la région, commença à représenter une menace aux yeux d’Antigone.

Par la suite, Antigone décida de s’attaquer à nouveau à Ptolémée, et au même moment envoya Démétrios lutter contre Séleucos. C’est à ce moment là que des émissaires furent envoyés auprès des différents Diadoques, afin de trouver un terrain d’entente propice à la mise en place d’une trêve.

Tétradrachmes à l'effigie de Séleucos, vers 300 avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.

 

Cassandre, Ptolémée et Lysimaque firent donc la paix avec Antigone, qui souhaitait concentrer ses efforts contre Séleucos, Démétrios ayant échoué (ce dernier ne fit donc pas partie de ces accords.).

En fait, le traité de paix proclama le statu quo, chaque Diadoque conservant ses possessions (Ptolémée dut toutefois abandonner la Syrie.). En outre, Antigone fut confirmé dans son titre de stratège d’Asie, ce qui mettait Séleucos dans une situation difficile. De son côté, Cassandre était nommé stratège d’Europe et régent (mais ces titres étaient somme toute provisoires, car Alexandre IV approchait de l’âge de la majorité.).

La liberté des cités grecques fut proclamée, mais cela s’apparentait plus à une tournure de style qu’à une quelconque réalité dans les faits.

 

h) La reprise des conflits (311 à 306 avant Jésus Christ) : la paix de 311 ne fut en réalité qu’une simple trêve, et les diadoques ne tardèrent pas à s’affronter à nouveau.  

 

En effet, Antigone n’avait signé la paix que pour la bonne et simple raison qu’il avait besoin d’avoir les mains libres afin de vaincre Séleucos. Cependant, ce dernier parvint à vaincre Antigone, et par la suite étendit sa domination sur les satrapies de l’est (Perse, Drangiane, Arie, etc.) jusqu’à l’Inde.

Les possessions des Diadoques en 302 avant Jésus Christ (vous pouvez faire un "clic droit" sur la carte afin de faire un zoom).

 

En 308 avant Jésus Christ, Séleucos dut affronter l’indien Chandragupta Maurya, et l’affrontement dura jusqu’en 303. Au final, Séleucos abandonna la Gandhara, ainsi que les parties est de la Gédrosie et de l’Arachosie (il reçut en échange 500 éléphants de guerre.). Par contre, il s’empara de la Bactriane, et fonda Séleucie du Tigre en Babylonie.

Buste de Séleucos I° Nicator, sculpture romaine réalisée au I° ou II° siècle après Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

 

Suite à la paix de 311, Cassandre fut confirmé dans son poste de régent. Seulement, comme nous l’avons dit plus tôt, la majorité d’Alexandre IV approchait, et cela signifiait que le jeune homme allait bientôt recevoir le pouvoir des mains de Cassandre.

Toutefois, ce dernier refusant d’abdiquer, il décida de faire assassiner Roxane et le fils du conquérant en 310 avant Jésus Christ.

Polyperchon, quant à lui, recueillit une ancienne maîtresse d’Alexandre, Barsine, ainsi que le fils de cette dernière, Héraclès (il aurait été conçu avec le conquérant.). Levant une armée dans le Péloponnèse, il décida d’affronter Cassandre. Cependant, ce dernier accepta de négocier, partageant avec lui la domination de la Grèce.

Par la suite, Polyperchon élimina Barsine et Héraclès.   

L'exécution de Barsine et d'Héraclès, enluminure du XV° siècle.

 

En 310 avant Jésus Christ, Antigone se trouvait dans une situation tendue. En effet, il était menacé par Seleucos à l’est, mais aussi par Ptolémée au sud. Par ailleurs, Antigone était aussi en conflit avec son neveu Polémée, qui s’était emparé de sa flotte.

Ptolémée décida donc de profiter de cette situation favorable, s’emparant de la Cilicie, de la Haute Phrygie, ainsi que de plusieurs cités de Carie et de Lydie.

Cependant, Antigone répliqua en 309 avant Jésus Christ, et parvint à reprendre la Haute Phrygie.

Par la suite, Ptolémée se rapprocha de Polémée, le neveu révolté, mais se débarrassa de lui faisant boire de la ciguë. Il conclut alors un pacte avec Antigone, ce dernier gardant les îles continentales et le Lagide la Grèce continentale. En effet, Ptolémée décida de s’attaquer à Cassandre, se dernier ayant fait exécuter Alexandre IV.

Peu de temps après, en 308 avant Jésus Christ, Ptolémée débarqua dans le Péloponnèse, puis s’empara de Corinthe et de Mégare.

Toutefois, Agathoclès, tyran de Syracuse, parvint à éliminer Ophellas et s’empara de la Cyrénaïque. Ptolémée, contraint d’assurer ses arrières, décida alors de faire la paix avec Cassandre (le Lagide conserva cependant des possessions en Grèce, dont la cité de Corinthe.) et retourna en Egypte. Par la suite, il envoya son gendre Magas reprendre le contrôle de cette région.

 

En 308 avant Jésus Christ, Antigone décida de faire la paix avec Séleucos, reconnaissant sa domination sur la partie est de l’Empire (à noter que ce dernier étant occupé à lutter contre Chandragupta Maurya, il ne représentait plus une menace pour Antigone.).

De plus, Ptolémée s’étant retiré de Grèce, Antigone, à son tour, pouvait agir contre Cassandre.

Démétrios s’empara d’Athènes, et de plusieurs cités avoisinantes.

En outre, Cassandre perdit l’Epire, qui échut à Pyrrhus, fils du défunt roi Eacide (à noter que le nouveau souverain dut cependant rejoindre l’Egypte, chassé du pouvoir par Néoptolème II.).

Mais Ptolémée, voyant cette montée en puissance d’Antigone d’un mauvais œil, décida d’attaquer la Syrie. De ce fait, Démétrios fut rappelé, et vainquit la flotte du Lagide au large de Chypre, en 306 avant Jésus Christ (cette défaite mit fin à la volonté de Ptolémée d’établir une thalassocratie égyptienne.). 

Tétradrachmes portant le nom de Démétrios I° Poliorcète, frappés à Chypre vers 300 avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.

 

i) Les diadoques deviennent rois (306 à 305 avant Jésus Christ) : Alexandre III n’ayant plus de descendance (sa mère Olympias, sa femme Roxanne, son fils Alexandre III, et son hypothétique fils illégitime Héraclès ayant été tués.), Antigone décida de profiter de ses récentes victoires contre Cassandre et Ptolémée pour se proclamer roi (il prit alors le titre de basileus[7].). En outre, Démétrios fut associé au trône.

Séleucos, Cassandre et Lysimaque firent de même peu de temps après. Ptolémée, par contre, qui avait été vaincu par Démétrios en 306 avant Jésus Christ, dut attendre l’année suivante pour se faire proclamer roi (en effet, il parvint à empêcher Antigone de pénétrer en Egypte en 305 avant Jésus Christ.).

 

A cette époque, l’Empire d’Alexandre était divisé officiellement, alors qu’il l’était de fait, et ce depuis bien des années. Le fait de prendre le titre de roi était nécessaire pour les Diadoques, qui assuraient ainsi leur légitimité (en outre, ils ne pouvaient laisser Antigone se présenter comme l’unique roi.).

A noter qu’à cette époque, l’Empire d’Alexandre était toujours quasiment intact, mais les guerres incessantes que menèrent les diadoques et leurs descendants au cours des siècles entrainèrent son inéluctable morcellement.

 

j) La seconde coalition contre Antigone (305 à 301 avant Jésus Christ) : Cassandre, s’étant fait proclamer roi, décida de reprendre l’offensive contre Antigone.

 

Dans un premier temps, il échoua devant Athènes, mais parvint à s’emparer de la Béotie, de l’Eubée et de la Phocide (Corinthe quitta l’alliance avec Ptolémée, qui ne pouvait plus la protéger.).

Mais c’est alors qu’arriva Démétrios, qui jusque là avait été occupé par le siège de Rhodes (depuis des années, les Rhodiens étaient alliés avec l’Égypte, ce qui ne plaisait pas à Antigone. Ce dernier, en 305 avant Jésus Christ, envoya son fils assiéger l’île. Démétrios ne parvint pas à prendre Rhodes, ravitaillée par Ptolémée, Cassandre et Lysimaque, mais les Rhodiens finirent par faire alliance avec Antigone, sauf contre l’Égypte[8]. Démétrios obtint suite à ce siège son surnom de Poliorcète, ce qui signifie ‘preneur de villes’.).

Démétrios, arrivant en Grèce, parvint à vaincre Cassandre, s’emparant de la Béotie, de la Phocide, et de la cité de Corinthe. Enfin, en 303 avant Jésus Christ, Polyperchon mourut, et Démétrios put ainsi faire main basse sur le Péloponnèse (il rebaptisa Démétrias la cité de Sicyone, et en fit sa capitale.).

 

En 302 avant Jésus Christ, Antigone, de par ses victoires contre Ptolémée et Cassandre, apparaissait à nouveau comme le plus puissant des diadoques. 

Au printemps 302 avant Jésus Christ, Lysimaque fut le premier à mettre son armée en marche, s’emparant de la Phrygie hellespontique. Il s’empara aussi de la Carie et de la Lycie, recevant la soumission de nombreuses cités (Éphèse, Sardes, etc.).

Antigone décida de marcher contre Lysimaque, et rappela son fils Démétrios. Ce dernier conclut alors une trêve avec Cassandre, puis débarqua en Asie mineure (le roi de Macédoine, de son côté, ne se fit pas prier pour briser l’accord passé avec Démétrios, et s’empara de la Thessalie, de la Phocide, et progressa jusqu’au Péloponnèse.).

Lysimaque, acculé par la situation (les renforts envoyés par Cassandre furent écrasés par Démétrios.), décida d’hiverner à Héraclée, attendant l’arrivée de Séleucos (qui lui hivernait en Cappadoce.). Quant à Ptolémée, qui se dirigeait vers Séleucos, il préféra rebrousser chemin, ayant appris d’une source peu fiable qu’Antigone avait remporté la victoire.

L’arrivée de Séleucos et de ses 500 éléphants de guerre[9] modifia totalement le rapport de force.

 

L’affrontement décisif eu lieu à Ipsos, en 301 avant Jésus Christ. Les armées de Séleucos, Ptolémée, Lysimaque et Cassandre se trouvaient face à celles d’Antigone et de Démétrios Poliorcète. Les deux camps comptaient à peu près le même nombre de fantassins (environ 60 000 chacun.) et de cavaliers (environ 10 000 chacun.). Cependant, les 500 éléphants de Séleucos eurent un rôle déterminant, Antigone n’en possédant que quelques dizaines.

Antigone ne se découragea cependant pas. A la tête de sa cavalerie, il attaqua Antiochos, le fils de Séleucos, et parvint à le mettre en déroute. A la manière d’Alexandre, Antigone continua sa percée au sein de l’armée ennemie, jusqu’à ce qu’il se heurte aux éléphants de Séleucos. Encerclé, Antigone combattit jusqu’à la mort (percé de lances, il mourut à l’âge de 84 ans.).

L’armée d’Antigone finit par prendre la fuite, tout comme Démétrios, qui parvint cependant à rejoindre sa flotte.

 

k) Derniers conflits entre diadoques, leur mort (301 à 280 avant Jésus Christ) : le royaume du vieux roi fut donc divisé entre les quatre vainqueurs d’Ipsos. Cassandre fut confirmé en Macédoine et en Grèce ; Lysimaque s’empara d’une partie de l’Asie mineure (Bithynie, Phrygie, Lydie, Carie et Lycie.) ; Pleistarchos, frère de Cassandre, reçut la Cilicie ; Ptolémée obtint la Lycaonie et Cappadoce, en plus de ces possessions en Égypte. Enfin, Séleucos s’empara du reste des territoires d’Antigone (Galatie en Asie mineure, ainsi que Mésopotamie, Arménie et Syrie en Orient.).

Ce fut d’ailleurs au sujet de la Syrie que les Diadoques se brouillèrent : en effet, Ptolémée voulait cette région depuis des années, mais ces homologues ne la lui donnèrent pas, vu le rôle peu important qu’il avait tenu lors de la bataille d’Ipsos (peu de temps avant la bataille, le Lagide avait rebroussé chemin, croyant qu’Antigone avait remporté la victoire.).

Bien sûr, Démétrios fut exclu du partage, et se dernier ne comptait pas laisser les Diadoques s’en tirer à si bon compte. En effet, le fils d’Antigone demeurait encore puissant, contrôlant toute la Grèce du sud jusqu’au défilé des Thermopyles. 

 

La première dispute entre Diadoques, comme nous venons de le voir, éclata au sujet de la Syrie. Ce fut le point de départ d’un conflit latent entre Lagides et Séleucides.

En Syrie, Séleucos fonda Antioche, et en fit sa capitale (en remplacement de Séleucie du Tigre.).

Ptolémée comprit que le Séleucide ne comptait pas lui rendre cette région, et décida de se trouver des alliés. Il se rapprocha de Lysimaque, et lui offrit sa fille Arsinoé II en mariage. Ce dernier se sépara alors d’Amastris, une sœur de Darius III.

Buste d'Arsinoé II, III° siècle avant Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

Séleucos, ne désirant pas voir se mettre en place une ligue semblable à celle qui vainquit Antigone, décida de se rapprocher de Démétrios, dont il épousa la fille, Stratonice (cette dernière fut par la suite cédée à Antiochos I°, le fils de Séleucos, tombé sous le charme de la jeune fille.).

Par la suite, en 299 avant Jésus Christ, Démétrios débarqua en Cilicie, et s’empara du royaume de Pleistarchos. Ce dernier ce réfugia alors en Macédoine, mais ne retrouva pas sa possession, Cassandre, alors âgé, préféra négocier la paix avec Démétrios (ce dernier s’engagea à ne pas attaquer Cassandre, en échange de la Cilicie.).

Par la suite, Ptolémée, Démétrios et Séleucos se disputèrent au sujet de la Cilicie, sans qu’un accord ne soit trouvé (ce fut finalement Séleucos qui parvint à s’en emparer.).

Enfin, Ptolémée décida de s’allier avec Agathoclès, le tyran de Syracuse, afin d’avoir les mains libres au cas où des troubles surviendraient en Grèce.

 

En 298 avant Jésus Christ, Cassandre mourut. L’aîné, Philippe IV de Macédoine, mourut rapidement, et ses deux frères, Alexandre V et Antipater, partagèrent le royaume en deux (le premier était le gendre de Ptolémée, son frère était le gendre de Lysimaque.).  

Démétrios décida alors de saisir l’occasion, assiégeant Athènes, puis s’emparant de Salamine et d’Eleusis.

Ptolémée décida de réagir, et envoya Pyrrhus en Epire. Une fois arrivée, le jeune homme se débarrassa de son cousin Néoptolème II, puis s’opposa à Démétrios (il ne remporta cependant pas de grands succès contre ce dernier.).

Mais les deux frères commencèrent à se disputer, et Antipater fit assassiner sa mère, la jugeant trop favorable à Alexandre V. En 295 avant Jésus Christ, ce dernier décida alors d’appeler Pyrrhus à l’aide. Ce souverain accepta d’aider Alexandre V, à condition que celui-ci lui cède les provinces limitrophes de l’Epire. Démétrios, appelé lui aussi à l’aide par Alexandre V, se rendit rapidement auprès du jeune homme, et le fit assassiner (294 avant Jésus Christ.).

Par la suite, Démétrios s’attaqua à Antipater et parvint à le vaincre (le fils de Cassandre se réfugia chez son beau père et allié Lysimaque, où il mourut peu après.).

En 294 avant Jésus Christ, Démétrios était parvenu à accomplir le rêve de son père : s’emparer de la Macédoine.

Par la suite, Démétrios imposa sa domination sur toute la Grèce, mais se heurta en 290 avant Jésus Christ à l’hostilité de Pyrrhus, roi d’Epire. 

 

En 289 avant Jésus Christ, Pyrrhus profita du fait que Démétrios était malade pour lancer une attaque contre la Macédoine. Cependant, ce fut un échec pour le roi d’Epire.

Mais, peu de temps après, Ptolémée (inquiet des visées que Démétrios avait sur l’Asie.) décida de s’allier avec Séleucos, Lysimaque et Pyrrhus.

En 288 avant Jésus Christ, ces deux derniers envahirent alors la Macédoine. Et, bien que Démétrios parvint à les vaincre à Amphipolis, ils recueillirent néanmoins la sympathie des cités grecques. Démétrios dut alors s’enfuir, et la Macédoine fut partagée entre Lysimaque et Pyrrhus.

Cependant, l’année suivante, Démétrios contre-attaqua, assiégeant Athènes. Les armées des Diadoques l’obligèrent à abandonner le siège, mais Pyrrhus décida de s’allier avec Démétrios (reconnaissant ses droits sur la Thessalie et une partie de la Grèce.), afin de stopper la montée en puissance de Lysimaque.

Par la suite, en 285 avant Jésus Christ, Lysimaque décida de se rendre en Asie mineure, son ex-femme Amistris (qui était reine d’Héraclée.) ayant été assassinée (il s’empara de la ville au passage.).

Démétrios décida alors de se rendre en Asie mineure lui aussi, afin d’en découdre avec Lysimaque. Cependant, Démétrios fut vaincu par Agathoclès[10], le fils de son rival. Peu de temps après, Démétrios se rendit en Cilicie (que Séleucos lui avait enlevé, en 298 avant Jésus Christ.).

C’est alors que Séleucos fit Démétrios prisonnier (en 285 avant Jésus Christ.), et ce dernier mourut en captivité deux ans plus tard, en 283 avant Jésus Christ. Ce fut son fils, Antigone II Gonatas, qui lui succéda.

Tétradrachmes à l'effigie d'Antigone II, vers 270 avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.

 

2° Ptolémée II Philadelphe (283 à 246 avant Jésus Christ) – A partir de 285 avant Jésus Christ, Ptolémée I° décida décida d’associer au pouvoir son fils Ptolémée II Philadelphe[11].

Tête de Ptolémée II Philadelphe, vers 250 avant Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

Alors qu’il était encore jeune, le vieux souverain avait épousé deux femmes, Thaïs et Artacama (il épousa cette dernière lors des noces de Suse, sous l’ordre d’Alexandre[12].). Toutefois, ces dernières ne lui ayant pas donné de descendance, il épousa plus tard Eurydice (fille d’Antipater.), puis Bérénice (cette dernière étant la servante d’Eurydice.).

Ptolémée II, fils de Bérénice, n’était toutefois pas l’aîné. En effet, Ptolémée I° avait préféré écarter du trône son premier fils, Ptolémée Keraunos (ce qui signifie « la Foudre. »), ce dernier ayant un comportement agressif.

 

a) Derniers conflits entre diadoques, leur mort (301 à 280 avant Jésus Christ) : En 285 avant Jésus Christ, Démétrios, capturé par Séleucos, ne représentait plus une menace pour Lysimaque et Pyrrhus. Ces derniers lancèrent alors plusieurs attaques contre Antigone II, qui parvint à les contenir. D’ailleurs, loin d’être acculé, le fils de Démétrios parvint même à s’emparer de la Thessalie.

Pyrrhus, quant à lui, perdit certaines de ces possessions en Macédoine au profit de Lysimaque (les soldats macédoniens de Pyrrhus étant plus favorable à un souverain macédonien qu’à un souverain épirote.).

C’est alors que Lysimaque, trompé par son épouse Arsinoé II (elle était la fille de Ptolémée I° et de son épouse Bérénice.), fit exécuter son fils Agathoclès (284 avant Jésus Christ.). En effet, la femme du diadoque avait réussi à lui faire croire que son fils complotait contre lui[13].

A noter qu’Arsinoé fut peut être elle-même influencée par son demi-frère Ptolémée Keraunos, ce dernier ayant quitté l’Egypte récemment (rappelons que son père, Ptolémée I°, avait préféré donner le trône à Ptolémée II, frère cadet de Keraunos.).

Ptolémée II et Arsinoé II, III° siècle avant Jésus Christ, musée du Vatican, Rome.

Cet événement eut des répercussions graves au sein du royaume. Agathoclès était un prince populaire, contrairement à Lysimaque, qui avait tendance à accabler son peuple d’impôts en tous genres. Suite à cet évènement, de nombreux membres de la famille royale s’enfuirent auprès de Séleucos, tels que l’épouse d’Agathoclès,  les fils de Lysimaque (hormis ceux qu’il avait eu d’Arsinoé II.), ainsi que Ptolémée Keraunos (ce dernier, quittant la Macédoine, se réfugia alors auprès de Séleucos, poussant ce dernier à attaquer Lysimaque.).  

Les cités d’Asie mineure se révoltèrent, ne cachant pas leur sympathie pour Séleucos, et Lysimaque décida de monter contre elles une expédition militaire. 

Séleucos, quant à lui, profita de cette situation pour intervenir. En 281 avant Jésus Christ, les deux souverains s’affrontèrent à la bataille de Couroupédion, en Lydie, et Lysimaque y trouva la mort.

Les possessions des Diadoques en 281 avant Jésus Christ, à la mort de Lysimaque (vous pouvez faire un "clic droit" sur la carte afin de faire un zoom).

 

A noter que Ptolémée I° mourut en 283 avant Jésus Christ. Lançant les travaux de construction du phare d’Alexandrie et de la bibliothèque d’Alexandrie, Ptolémée I° tenta, tout au long de son règne, de préserver les croyances égyptiennes (restauration et construction de temples.), tout en mettant en place un certain syncrétisme religieux. Se présentant comme le successeur des pharaons mythiques de l’Antiquité, ce souverain ordonna au prêtre Manéthon de rédiger en grec une histoire de l’Egypte. Cet ouvrage, bien que parfois partial, reste toutefois aujourd’hui une source historique de premier choix.

Par ailleurs, Ptolémée I° publia ses Mémoires vers 285 avant Jésus Christ. L’ouvrage, désormais perdu, inspira toutefois plusieurs auteurs de l’Antiquités[14].

A sa mort, Ptolémée I° laissait derrière lui un Etat florissant.

 

En 283 avant Jésus Christ, Séleucos était le dernier diadoque encore en vie. Suite à sa victoire sur Lysimaque, ce souverain s’était rendu maître de l’Asie mineure.

Ne voyant pas d’opposants sérieux en Grèce (Antigone II, fils de Démétrios I°, n’ayant pas encore affermi sa domination sur la région.), il décida de marcher contre ce pays, souhaitant ainsi reconstituer l’Empire d’Alexandre (hormis l’Égypte.).

Toutefois, suite à la mort de Lysimaque, Ptolémée Keraunos était revenu en Macédoine. Acclamé par l’armée en tant que fils d’un des diadoques, il reçut la couronne et décida alors d’épouser sa demi-sœur Arsinoé II (il fit alors tuer tous les enfants qu’elle avait eu avec Lysimaque, son défunt époux.).

L’arrivée de Séleucos en Macédoine représentait donc un réel danger pour Ptolémée Keraunos. Ce dernier décida donc d’assassiner le dernier des diadoques, ce qu’il fit en 280 avant Jésus Christ (Antiochos I°, fils du défunt, succéda alors à son père[15].).

A noter que Ptolémée Keraunos mourut l’année suivante, tentant de repousser une invasion gauloise. Suite à sa disparition, Antigone II parvint à s’emparer des territoires de son défunt rival.

 

b) La situation au III° siècle avant Jésus Christ : En 280 avant Jésus Christ, les diadoques étaient tous morts, et trois grands royaumes hellénistiques coexistaient : Antigonides en Grèce et Macédoine (ils descendaient d’Antigone Monophtalmos.), Lagides en Égypte (ils descendaient de Lagos, père de Ptolémée I°, premier roi d’Egypte.) et Séleucides en Asie (ils descendaient de Séleucos.).

Ces souverains ne désiraient pas se battre pour rétablir l’Empire d’Alexandre, qu’ils n’avaient d’ailleurs pas connu.

 

Cependant, d’autres entités politiques se formèrent à cette époque, en plus des trois grands royaumes : en Grèce, à côté du royaume Antigonide, furent créées la Ligue étolienne et la Ligue achéenne. En Asie mineure, une multitude de petits États émergèrent suite à différentes révoltes menées contre Antiochos I°, le fils de Séleucos. Naquirent ainsi le royaume de Bithynie, de Cappadoce, de Pergame (en 263 avant Jésus Christ.), etc. A noter que certaines cités d’Asie mineure obtinrent leur indépendance, sans pour autant former un royaume, comme Rhodes ou Halicarnasse. Enfin, l’Egypte ne fit pas figure d’exception, perdant au fil des années les territoires de Cilicie (au sud de l’Asie mineure.), la Syrie et l’île de Chypre.

 

A partir du III° siècle avant Jésus Christ, les Antigonides ne représentèrent plus une menace pour les Lagides. Toutefois, ces derniers s’affrontèrent pendant de nombreuses années contre les Séleucides.

 

c) La première guerre syrienne (278 à 272 avant Jésus Christ) : depuis maintenant des années, les Lagides souhaitaient s’emparer de la Syrie, qui appartenait alors aux Séleucides (Séleucos I° avait reçu cette région lors du partage qui avait suivi la bataille d’Ipsos, en 301 avant Jésus Christ[16].).

C’est à partir de cette époque que les Séleucides se rapprochèrent des Antigonides, afin de se protéger des Lagides. Cette alliance entre Séleucides et Antigonides, efficace au cours du III° siècle avant Jésus Christ, perdit toutefois son ampleur au fil des siècles (en effet, les Antigonides préférèrent se concentrer sur la Grèce plutôt que d’intervenir loin de leur royaume.).

 

En 280 avant Jésus Christ, Séleucos I° mourut. Le défunt souverain avait épousé Apama, fille d’un aristocrate perse, lors des noces de Suse, sous l’ordre d’Alexandre[17]. Sa seconde épouse fut Stratonice, fille de Démétrios I°. Toutefois, la jeune femme fut cédée à Antiochos I°, ce dernier en étant tombé amoureux[18].

Seleucos I° n’avait eu qu’un fils, Antiochos I°, issu du fruit de son union avec Apama. A noter que le jeune homme fut le seul descendant des diadoques à avoir une mère d’origine asiatique.

Pièce de monnaie à l'effigie d'Antiochos I°.

 

Ptolémée II Philadelphe, tout comme son père Ptolémée (mort en 283 avant Jésus Christ.), souhaitait s’emparer de la Syrie. En effet, cette région avait appartenu à l’Egypte pendant de nombreuses années, au cours du Nouvel Empire et de la troisième période intermédiaire.

 

Cependant, Antiochos I° ne l’entendait pas de cette oreille, et la première guerre syrienne éclata en 278 avant notre ère.

En 275, le souverain Séleucide dut aussi affronter les Galates, des celtes s’étant rendus en Asie mineure à l’appel du roi de Bythinie (qui luttait lui aussi contre Antiochos I°.).

Au final, bien que parvenant à vaincre les Galates, Antiochos I° ne parvint pas à s’opposer à Ptolémée II. En effet, en 272 avant Jésus Christ, la paix fut signée, et le pharaon s’empara de la Phénicie et de la Cilicie.

A noter toutefois que les déboires d’Antiochos I° ne prirent pas fin suite à la première guerre syrienne : en effet, une multitude de royaumes indépendants émergèrent en Asie mineure, tels que le royaume de Bithynie, le royaume de Pergame (en 263 avant Jésus Christ.), le royaume de Cappadoce, etc.

En outre, comme Antiochos I° se concentrait trop sur l’Asie mineure, de nombreuses provinces de l’est de son Empire firent sécession (Bactriane, etc.).

Le roi mourut en 261 avant Jésus Christ, au cours d’un affrontement contre une de ses provinces révoltées[19]. Son fils, Antiochos II Théos[20], s’empara alors du pouvoir.

Tétradrachmes à l'effigie d'Antiochos II, III° siècle avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.

 

d) La deuxième guerre syrienne (260 à 255 avant Jésus Christ) : Dès son accession au trône, le nouveau souverain Séleucide décida de s’attaquer à l’Egypte, soucieux de récupérer les territoires perdus par Antiochos I°.

La seconde guerre syrienne éclata en 260 avant Jésus Christ, Antiochos II s’étant rapproché de son allié, Antigone II, le roi de Macédoine.

Au cours de ces années de guerre contre Ptolémée II, les trois souverains connurent victoires et défaites. Mais, à l’issue du conflit, Antiochos II parvint au final à récupérer la Phénicie et la Cilicie (255 avant Jésus Christ.).

Suite à cette victoire, le Séléucide épousa Bérénice Syra (fille de Ptolémée II.), répudiant sa première épouse, Laodice I° (cette dernière était la fille d’Achaios I°, hypothétique fils de Séleucos I° et d’Apama.). Toutefois, Antiochos II décida de rappeler Laodice I°, qui empoisonna son conjoint et fit exécuter Bérénice Syra.

A sa mort, en 246 avant Jésus Christ, le défunt souverain était parvenu à récupérer les territoires perdus à l’ouest par son père. Toutefois, Antiochos II avait fait la même erreur que son prédécesseur : se concentrant trop sur ses possessions en Asie mineure, il négligea le danger venant des provinces de l’est. En effet, en 259 avant Jésus Christ, les Parthes envahirent le sud de la mer Caspienne, puis créèrent la Parthie.

 

A noter que Ptolémée II mourut la même année que son rival, en 246 avant Jésus Christ.

 

3° Ptolémée III Evergète I° (246 à 222 avant Jésus Christ) – Ptolémée II avait eu deux épouses,  Arsinoé I° (fille de  Lysimaque.) et sa soeur Arsinoé II (fille de Ptolémée I° et de Bérénice.).

Fresque à l'effigie de Ptolémée II Philadelphe et de sa soeur et épouse Arsinoé II, vers 260 avant Jésus Christ, British museum, Londres.

Si le second ne fut à priori pas fécond, Ptolémée II eut plusieurs enfants avec sa première femme : Ptolémée III Evergète I° (qui lui succéda.) et Bérénice Syra (qui épousa Antiochos II.).

Tête de Ptolémée III Évergète, vers 220 avant Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

 

a) La troisième guerre syrienne (246 à 241 avant Jésus Christ) : le jeune homme, se faisant proclamer pharaon en 246, prit rapidement la décision de venger la mort de sa sœur, assassinée par Laodice I°, épouse de feu Antiochos II (à noter que le défunt souverain avait réussi à prendre à l’Egypte plusieurs territoires au cours de la deuxième guerre syrienne.).

 

Séleucos II Callinicos (ce qui signifie « le grand vainqueur. ») monta alors sur le trône de son père, et renoua son alliance avec les Antigonides.

Pièce de monnaie à l'effigie de Séleucos II Callinicos.

Cependant, cette union ne lui fut pas d’une grande aide. Au cours de la troisième guerre syrienne, Séleucos II se fit écraser par Ptolémée III, qui parvint même à remonter en Asie jusqu’aux bouches du Tigre.

En 241 avant Jésus Christ, les trois grands royaumes décidèrent de faire la paix. Ptolémée III, sortant grand vainqueur du conflit, enleva à Séleucos II toute la Syrie, ainsi que toute la côte de l’Asie mineure ; et il enleva  aussi la Thrace à Antigone II.

Tête de Ptolémée III, III° siècle avant Jésus Christ, musée du Vatican, Rome.

 

b) Le royaume séleucide suite à la troisième guerre syrienne (241 à 222 avant Jésus Christ) : par la suite, le frère de Séleucos II, Antiochos Hiérax (« l’épervier. »), se révolta contre son frère, et s’empara de l’Asie mineure (il passa toutefois de nombreuses années à lutter contre le royaume de Pergame.). Quant aux régions de l’est de l’Empire, elles tombèrent les unes après les autres, soit faisant sécession, soit passant sous la domination des Parthes.

Tétradrachmes à l'effigie d'Antiochos Hiérax, III° siècle avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.

En 225 avant Jésus Christ, Séleucos II mourut, et ce fut son fils, Seleucos III Sôter, qui lui succéda. Ce dernier, ayant récupéré les Etats de son défunt oncle Antiochos Hiérax en 226 avant Jésus Christ, continua de lutter contre Pergame.

Pièce de monnaie à l'effigie de Séleucos III Sôter.

Toutefois, le règne de Séleucos III ne dura guère longtemps. En effet, il fut assassiné en 223 avant Jésus Christ par deux de ses officiers, alors qu’il menait une nouvelle campagne contre le royaume de Pergame.

A la mort de Séleucos III, son frère Antiochos III Mégas (« le Grand. ») s’empara alors du pouvoir.

Pièce de monnaie à l'effigie d'Antiochos III Mégas.

 

Ptolémée III mourut l’année suivante, en 222 avant Jésus Christ.

Statue présumée de Ptolémée III, vers 220 avant Jésus Christ, Neues museum, Berlin (à noter que la partie supérieure, brisée, a été recollée à tort sur un mauvais socle).

 

4° Ptolémée IV Philopator (222 à 205 avant Jésus Christ) – Suite au décès de Ptolémée III, ce fut son fils Ptolémée IV Philopator[21] (qu’il eut avec son épouse Bérénice II[22].) qui s’empara du pouvoir.

Suite à son couronnement, le nouveau souverain fit assassiner plusieurs membres de sa famille, dont sa propre mère. Puis il épousa sa soeur Arsinoé III.

Buste de Ptolémée IV Philopator, III° siècle avant Jésus Christ (à gauche) ; tête d'Arsinoé III, vers 200 avant Jésus Christ (à droite), musée du Louvre, Paris.

 

a) La quatrième guerre syrienne (222 à 217 avant Jésus Christ) : à cette époque, le royaume séleucide était gouverné par Antiochos III, comme nous l’avons vu précédemment. Toutefois, l’Etat de ce souverain ne ressemblait en rien à celui que Séleucos I° avait légué à ses descendants : à l’est, beaucoup de régions avaient fait sécessions ou avaient été prises par les Parthes ; à l’ouest, le royaume de Pergame était parvenu à tenir tête à Antiochos Hiérax et Séleucos III ; enfin, l’Égypte lagide dominait totalement la partie orientale de la mer Méditerranée.

Désireux de rétablir la puissance Séleucide à son niveau initial, Antiochos III commença par soumettre la Perse et la Médie, en 221 avant Jésus Christ.

 

Cette même année, Antiochos III tenta de réprimer une révolte en Asie mineure, soutenue par Ptolémée IV Philopator (l’objectif du pharaon était d’affaiblir son adversaire.).     

Ainsi éclata la quatrième guerre syrienne. Antiochos III remporta quelques victoires au début du conflit (il s’empara ainsi de Séleucie.), mais ce fut son adversaire qui remporta la guerre. En effet, en 217 avant Jésus Christ, Ptolémée IV vainquit son adversaire à la bataille de Raphia.

Par la suite, Antiochos III dut abandonner une partie de ses possessions en Syrie.

 

b) Le royaume séleucide suite à la quatrième guerre syrienne (216 à 204 avant Jésus Christ) : cependant, entre 216 et 214 avant Jésus Christ, Antiochos III parvint à mater le mouvement de révolte en Asie mineure, et s’empara ainsi de toute la moitié est de cette région.

Une fois les problèmes réglés à l’ouest de son Empire, le Séleucide put s’en prendre à loisir aux territoires de l’est. Rassemblant une armée digne de l’époque d’Alexandre (peut être près de 100 000 hommes.), Antiochos III mena plusieurs campagnes, qui furent victorieuses.

Entre 210 et 205 avant Jésus Christ, le Séleucide s’empara de l’Arménie, de la Bactriane, et de la Parthie. Il progressa même jusqu’en Inde, où les souverains de la région, effrayés par une si grande armée, décidèrent de faire la paix.

Antiochos III, après s’être assuré de la soumission des États de son vaste royaume, lança une série d’excursions sur les côtes du golfe persique (vers 204 avant Jésus Christ.).

 

Ptolémée IV, quant à lui, mourut en 205 avant Jésus Christ. Il laissait derrière lui un jeune enfant, bien incapable de se défendre contre le menaçant Antiochos III…

A noter que suite à la disparition de Ptolémée IV, l’Egypte rentra dans une nouvelle phase de déclin.

 

5° Ptolémée V Epiphane (205 à 181 avant Jésus Christ) – Suite au décès de Ptolémée IV, ce fut son fils Ptolémée V Epiphane[23] (qu’il avait eu avec sa sœur et épouse Arsinoé III.) qui reçut la couronne.

Pièce de monnaie à l'effigie de Ptolémée V Épiphane.

Le nouveau pharaon étant âgé de cinq ans, le pouvoir échut donc aux ministres de son père.

 

a) La cinquième guerre syrienne (201 à 195 avant Jésus Christ) : Antiochos III, apprenant la disparition de Ptolémée IV, décida de profiter de cette faiblesse de l’Egypte, attaquant le pays en 201 avant Jésus Christ.

Victorieux à la bataille de Panion, le Séleucide s’empara de la Palestine et de la Syrie. Puis, par la suite, Antiochos III parvint aussi à prendre Éphèse (197 avant Jésus Christ.) ainsi que toute la côte hellespontique (195 avant Jésus Christ.). Le Séleucide approchant de l’Égypte, Rome insista pour que les deux royaumes fassent la paix.

En Égypte, cette cuisante défaite précipita la dynastie lagide vers le déclin, les ministres de Ptolémée V décidant de confier la régence au sénat de Rome. En outre, des troubles éclatèrent dans le sud du pays, qui ne furent matés qu’en 186 avant Jésus Christ, avec l’aide de mercenaire grecs.

Les royaumes des diadoques en 197 avant Jésus Christ (vous pouvez faire un "clic droit" sur la carte afin de faire un zoom).

 

 

b) Le royaume séleucide suite à la cinquième guerre syrienne, la guerre de Grèce (195 à 175 avant Jésus Christ) : suite à sa victoire sur l’Égypte, Antiochos III, sûr de sa puissance, décida de s’attaquer à la Grèce. En effet, le pays était divisé comme jamais, partagé entre les Romains, la Macédoine, la Ligue étolienne et la Ligue achéenne. C’est ainsi que débuta la guerre de Grèce.

Toutefois, le Séleucide fit l’erreur de sous estimer la montée en puissance de Rome. En effet, en 195 avant Jésus Christ, les Romains avaient assis leur domination sur les cités grecques, après avoir battus les Illyriens (228 avant Jésus Christ[24].) et les Macédoniens (196 Avant Jésus Christ[25].).

Antiochos III, qui avait reçu Hannibal à sa cour, en 196 avant Jésus Christ, apparaissait donc comme suspect aux yeux des Romains[26].

Buste d'Hannibal.

 

Les Romains, s’opposant à Antiochos III, parvinrent à arrêter ce dernier aux Thermopyles, en 192 avant Jésus Christ. Vaincu, le Séleucide préféra rentrer en Asie. Toutefois, Rome décida de poursuivre Antiochos III, qui fut vaincu par Scipion l’asiatique[27] à la bataille de Magnésie du Sipyle, en 189 avant Jésus Christ.

Suite à cette bataille, Antiochos III dut signer la paix d’Apamée, en 188 avant Jésus Christ : le Séleucide renonçait à ses possessions en Asie mineure (que recevait le royaume de Pergame.) ; livra la quasi-totalité de sa flotte aux Romains ; et fut contraint de payer une indemnité de guerre de 12 000 talents.

La situation politique suite à la paix d'Apamée, en 189 avant Jésus Christ (vous pouvez faire un "clic droit" sur la carte afin de faire un zoom).

 

L’année d’après, en 187 avant Jésus Christ, Antiochos III fut tué par les habitants d’Elymaïs, tentant de s’emparer du trésor que conservait le temple de la cité. Ainsi s’éteignait le dernier grand souverain Séleucide.

Ce fut alors son fils, Séleucos IV Philopater (« qui aime son père. »), qui monta sur le trône.

Pièce de monnaie à l'effigie de Séleucos IV Philopater.

 

Séleucos IV, lorsqu’il arriva sur le trône, trouvait un royaume qui, bien qu’amputé de l’Asie mineure, avait toutefois affirmé sa domination sur ses territoires de l’est.

Cependant, l’indemnité de 12 000 talents que le royaume Séleucide était dans l’obligation de payer à Rome fut un souci constant pour Séleucos IV, tout au long de son règne (Séleucos IV fut même contraint d’envoyer son fils Démétrios I° Sôter en otage à Rome.).

En 175 avant Jésus Christ, Séleucos IV eut la mauvaise idée d’envoyer un de ses ministres s’emparer du trésor du temple de Jérusalem. En effet, à son retour, ce dernier assassina le roi.

Démétrios I° étant alors trop jeune, ce fut Antiochos IV Epiphane (ce qui signifie « l’Illustre ».), un autre fils d’Antiochos III, qui s’empara du pouvoir.

Buste d'Antiochos IV Épiphane, vers 175 avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.

Antiochos IV, s’emparant du pouvoir en 175 avant Jésus Christ, commença par faire exécuter l’assassin de Séleucos IV.

 

A noter que Ptolémée V mourut en 181 avant Jésus Christ, sans doute empoisonné. Ce fut un de ses décrets qui fut inscrit sur la pierre de Rosette.

La pierre de Rosette, British museum, Londres.

 

6° Ptolémée VI Philométor (181 à 145 avant Jésus Christ) – Suite au décès de Ptolémée V, ce fut son fils Ptolémée VI Philométor[28] (qu’il avait eu avec son épouse Cléopâtre I°[29].) qui monta sur le trône.

Bague à l'effigie d'un souverain Lagide, peut être Ptolémée VI Philométor, musée du Louvre, Paris.

Le nouveau pharaon n’étant qu’un jeune enfant, ce fut sa mère qui décida de prendre la régence. Cléopâtre I° lutta pendant plusieurs années contre son propre frère, Antiochos IV, alors à la tête du royaume séleucide.

Tête de reine Lagide, peut être Cléopâtre I°, I° siècle avant Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

 

a) La sixième guerre syrienne (168 avant Jésus Christ) : souhaitant profiter de la faiblesse de l’Egypte, Antiochos IV décida d’attaquer le pays (à noter que sa sœur Cléopâtre I° était morte en 170 avant Jésus Christ.).

Le Séleucide s’empara alors de l’Égypte et fit prisonnier le jeune Ptolémée VI (le peuple d’Alexandrie le remplaça alors par son frère, Ptolémée VIII Evergète II (« le Bienfaiteur. »). Toutefois, en 168 avant Jésus Christ, Antiochos IV fut sommé par Rome de se retirer, ce qu’il fit.

Ptolémée VI retrouva alors son trône, mais fut contraint de le partager avec sa sœur Cléopâtre II et son frère Ptolémée VIII (les relations entre les deux hommes furent toujours conflictuelles.).

 

b) Le royaume séleucide suite à la sixième guerre syrienne, la révolte des Macchabés (168 à 162 avant Jésus Christ) : Antiochos IV, suite à la sixième guerre syrienne, se rendit compte de la puissance de Rome. Il décida alors d’unifier ses territoires en leur imposant une hellénisation forcée, seul moyen, selon lui, de résister aux Romains.

Le principal obstacle à ce mouvement fut la religion juive. Le Séleucide, qui désirait voir se développer partout les cultes païens, s’empara du temple de Jérusalem (consacra l’édifice au culte de Zeus.), détruisit les murailles de la ville, prohiba la circoncision et traqua les opposants à sa politique.

Suite au départ du Séleucide, la révolte des Macchabées embrasa Jérusalem, en 168 avant Jésus Christ (Macchabée était le surnom donné au principal adversaire d’Antiochos IV, un juif nommé Juda. En effet, ce dernier avait fait graver sur son bouclier le mot makabi, formé par les premières lettres du verset biblique Mi kamo ha ba elim hachem, ce qui signifie « qui est comme toi, entre les dieux, mon Seigneur. »).

Juda et ses hommes parvinrent à vaincre les troupes envoyées par Antiochos IV, qui décida alors de se rendre lui-même à Jérusalem. Cependant, il mourut suite à une chute de cheval, en 163 avant Jésus Christ.

 

Ce fut son fils, Antiochos V Eupater (ce qui signifie « né d’un bon père. »), qui monta alors sur le trône (le nouveau souverain était encore un enfant.).

Pièce de monnaie à l'effigie d'Antiochos V Eupater.

Toutefois, ce dernier fut assassiné en 162 avant Jésus Christ par Démétrios I° Sôter, revenu de Rome où il avait été retenu en tant qu’otage.

Pièce de monnaie à l'effigie de Démétrios I° Soter.

 

c) Troubles dynastiques en Egypte (168 à 154 avant Jésus Christ) : comme nous l’avons vu précédemment, Ptolémée VI avait été rétabli sur le trône en 168 avant Jésus Christ, grâce au soutien de Rome. Cependant, il devait gouverner conjointement avec son frère, Ptolémée VIII.

Mais les deux hommes ne s’entendaient pas. En 164 avant Jésus Christ, Ptolémée VI fut à nouveau chassé d’Égypte, et décida d’aller se réfugier à Rome. Le sénat décida alors de partager le royaume lagide entre les deux frères. En 163 avant Jésus Christ, Ptolémée VI retrouva le trône d’Égypte, et Ptolémée VIII reçut la Cyrénaïque.

En 154 avant Jésus Christ, Ptolémée VIII tenta, avec l’aide des Romains, de s’emparer de Chypre, qui appartenait à son frère. Ptolémée VI fut cependant vainqueur, et, magnanime, se contenta de renvoyer Ptolémée VIII en Cyrénaïque.  

 

A noter qu’en 167 avant Jésus Christ, Rome parvint à annexer le royaume antigonide. En effet, Persée, roi de Macédoine, fut vaincu par les armées romaines suite à la bataille de Pydna, en 168 avant Jésus Christ.

Tétradrachmes à l'effigie de Persée, vers 170 avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.

La Macédoine fut le premier royaume hérité des diadoques à disparaitre.   

 

d) Troubles dynastiques en Syrie : depuis qu’il s’était emparé du pouvoir, Démétrios I° Sôter n’avait eu de cesse de lutter contre les Macchabées, sans parvenir à les vaincre (les Séleucides avaient beaucoup perdu de leur puissance, ne parvenant plus à mater la moindre insurrection locale, alors que 50 ans plus tôt, Antiochos III guerroyait sur les rives de l’Indus, à la tête d’une armée de 100 000 hommes.).

Démétrios fut alors tué, en 150 avant Jésus Christ. Son assassin, un usurpateur nommé Alexandre I° Balas, monta alors sur le trône.

Alexandre I° Balas, vers 150 avant Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

 

Ce dernier était un Grec, soutenu par Ptolémée VI, qui se faisait passer pour un fils d’Antiochos IV. Le Lagide, pour renforcer cette alliance, lui offrit sa fille Cléopâtre Théa en mariage.

Pièce de monnaie à l'effigie de Cléopâtre Théa.

Mais, peu de temps après, Ptolémée VI se ravisa et décida de soutenir Démétrios II Nicator (ce qui signifie « le Vainqueur. »), fils de Démétrios I° Sôter (le jeune homme épousa lui aussi Cléopâtre Théa.).

Pièce de monnaie à l'effigie de Démétrios II Nicator.

En effet, le Séleucide s’était réfugié en Egypte suite à la prise de pouvoir d’Alexandre I° Balas. Ainsi, Ptolémée VI et son beau fils élaborèrent des plans contre l’usurpateur. En 145 avant Jésus Christ, ils partirent à l’assaut de la Syrie, livrant bataille contre Alexandre I° Balas.

L’usurpateur ayant trouvé la mort au cours du combat, son royaume échut à son fils, Antiochos VI Dionysos.

Tétradrachmes à l'effigie d'Antiochos VI, vers 140 avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.

 

Cependant, Ptolémée VI avait été lui aussi mortellement blessé au cours de l’affrontement, et mourut peu de temps après.

le roi Ptolémée VI offrant de l'eau à la déesse Ouadjet, vers 150 avant Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

 

7° Ptolémée VII Eupator & Ptolémée VIII Evergète II (145 à 116 avant Jésus Christ) – Ptolémée VII, ayant épousé sa sœur Cléopâtre II, eurent ensemble plusieurs enfants. L’un de ceux-ci, Ptolémée VII Eupator (« né d’un père illustre. »), fut alors placé sur le trône d’Egypte.

Toutefois, Cléopâtre II, incapable de résister aux ambitions de Ptolémée VIII Ervergète II, fut finalement contrainte de le laisser s’emparer du pouvoir. Ptolémée VII fut alors assassiné aux ordres de Ptolémée VIII, qui considérait son neveu comme un rival gênant.

Buste de Ptolémée VIII Évergète II, Metropolitan museum of art, New York.

A noter que Ptolémée VIII épousa Cléopâtre II, la femme de Ptolémée VI, ainsi que la fille de ce dernier, Cléopâtre III.

 

a) Troubles dynastiques en Syrie : Démétrios II, quant à lui, n’avait rien gagné suite à la bataille livrée contre Alexandre I° Balas. En effet, non seulement Antiochos VI s’était emparé des possessions de son père, mais en plus Démétrios II avait perdu l’appui de l’Egypte, Ptolémée VI ayant trouvé la mort suite à l’affrontement.

A noter toutefois que le jeune Antiochos VI fut rapidement éliminé par le général Tryphon, qui décida de s’emparer du pouvoir (142 avant Jésus Christ.).

Pièce de monnaie à l'effigie de Tryphon.

La même année, Démétrios II parvint finalement à tuer Tryphon, et monta sur le trône.

 

Mais les troubles dynastiques ne prirent pas fin pour autant. En 141 avant Jésus Christ, alors que Démétrios II était en conflit avec les Parthes, ces derniers parvinrent à le faire prisonnier. Le roi des Parthes, Mithridate I°, accueillit convenablement Démétrios II, et ce dernier épousa alors Rodogune, la fille de son adversaire.

Cette captivité mit un peu plus à mal le royaume séleucide. En effet, Mithridate I° s’était emparé, au cours de ces 30 dernières années, de la Médie,  de la Perse et de la Babylonie, privant ainsi les Séleucides de leurs plus riches provinces.

En outre, lorsque Cléopâtre Théa apprit que son mari Démétrios II avait épousé une autre femme, elle rentra dans une colère noire.

Cette dernière décida alors d’épouser Antiochos VII Sidêtês (« le Chasseur. »), le frère de son époux. Le nouveau roi se lança lui aussi dans un conflit contre les Parthes, parvenant à progresser jusqu’à l’Euphrate. Il fut finalement repoussé par ces derniers et fut tué dans un affrontement en 127 avant Jésus Christ.

Tétradrachmes à l'effigie d'Antiochos VII, vers 130 avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.

 

A la même époque, Démétrios II fut libéré par les Parthes, et parvint à retrouver son trône. Toutefois, il ne le conserva guère longtemps : en 125 avant Jésus Christ, il fut tué par Alexandre II Zabinas, un Égyptien qui se faisait passer pour le fils d’Alexandre I° Balas.

Pièce de monnaie à l'effigie d'Alexandre II Zabinas.

Le fils de Démétrios II, Séleucos V Philometor (« qui aime sa mère. »), réclama le trône, mais fut assassiné par sa propre mère, Cléopâtre Théa, en 124 avant Jésus Christ.

Cette dernière préféra aider son second fils à obtenir le trône, Antiochos VIII Gryphos (« nez crochu. »).

Tétradrachmes à l'effigie d'Antiochos VIII, vers 120 avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.

Ce dernier parvint à renverser Alexandre II, puis le fit exécuter.

Les royaumes de Méditerranée, 128 avant Jésus Christ (vous pouvez faire un "clic droit" sur la carte afin de faire un zoom).

 

 

b) Ptolémée VIII et les femmes : Ptolémée VIII, comme nous l’avons vu précédemment, avait épousé Cléopâtre II, veuve de Ptolémée VI, ainsi que Cléopâtre III, fille du défunt.

Buste de Cléopâtre II (ou III ?), II° siècle avant Jésus Christ ?, musée du Louvre, Paris.

Toutefois, les relations entre les deux épouses, qui étaient mère et fille, se dégradèrent rapidement. En 130 avant Jésus Christ, Cléopâtre II parvint à chasser sa fille et son époux de la ville d’Alexandrie. Ptolémée VIII se réfugia alors à Chypre, et tua Ptolémée Memphitis, le fils qu’il avait eu avec Cléopâtre II (il fit ensuite parvenir à cette dernière le corps démembré du jeune garçon.).

Mais, en 129 avant Jésus Christ, Ptolémée VIII parvint à reconquérir l’Égypte, à l’exception d’Alexandrie, où était réfugiée Cléopâtre II. Le roi ne parvint à prendre la ville qu’en 126 avant Jésus Christ, et sa rivale décida alors de s’enfuir en Syrie, à la cour Séleucide (elle se rapprocha de son autre fille, Cléopâtre Théa, l’épouse du roi Démétrios II.).

Cléopâtre II ne retourna en Égypte qu’en 124 avant Jésus Christ, se réconciliant avec Ptolémée VIII et Cléopâtre III.

A la mort de Ptolémée VIII, en 116 avant Jésus Christ, ce fut son fils, Ptolémée IX Sôter II (« le Sauveur. »), qui monta sur le trône. Cléopâtre II mourut la même année.

Pièce de monnaie à l'effigie de Ptolémée IX Sôter.

 

8° Ptolémée IX Sôter II et Ptolémée X Alexandre I° (116 à 80 avant Jésus Christ) – Alors que le royaume Séleucide était agité par une crise de succession, l’Egypte ne tarda guère à l’être aussi.

 

a) Nouveaux troubles dynastiques en Egypte : après avoir reçu la couronne d’Egypte, Ptolémée IX épousa ses deux sœurs, Cléopâtre IV et Cléopâtre V Séléné, obéissant ainsi à sa mère. Mais, en 107 avant Jésus Christ, voyant que son fils désirait se débarrasser d’elle, Cléopâtre III fit monter sur le trône son second fils, Ptolémée X Alexandre I° (il était alors simple roi de Chypre.).

Tête de Ptolémée X Alexandre I°, II° siècle avant Jésus Christ, Neues museum, Berlin.

 

Ptolémée IX se réfugia alors auprès des Séleucides, et tenta de s’emparer en vain de la Judée et de la Phénicie. A noter que Cléopâtre III n’eut pas plus de chance avec Ptolémée X, car ce dernier la fit tuer en 101 avant Jésus Christ.

En 88 avant Jésus Christ, Ptolémée X provoqua une révolte à Alexandrie, car, en manque d’argent, il avait profané le tombeau d’Alexandre le Grand. Il fut tué au cours d’un affrontement contre son frère Ptolémée IX, qui remonta ainsi sur le trône.

 

Le règne de Ptolémée IX ne fut cependant pas glorieux. Il ne parvint pas à mater les révoltes indigènes qui embrasèrent le sud du pays, et ne parvint pas non plus à aider Rome dans sa lutte contre Mithridate VI Eupator  (un roi de la province du Pont[30].).

Buste de Mithridate VI, musée du Louvre, Paris.

A la mort de Ptolémée IX, en 80 avant Jésus Christ, ce fut son neveu, Ptolémée XI Alexandre II, qui lui succéda (il était le fils de Ptolémée X, et fut en fait imposé par le Romain Sylla.).

Buste de Sylla, Glyptothèque de Munich.

 

b) Troubles dynastiques en Syrie, disparition du royaume séleucide : comme nous l’avons vu précédemment, Cléopâtre Théa avait décidé de soutenir son second fils, Antiochos VIII Gryphos (« nez crochu. »), à obtenir le trône (ce dernier étant alors en lutte contre l’usurpateur Alexandre II, qu’il parvint à renverser.).

 

Par la suite, les relations entre Antiochos VIII et sa mère se dégradèrent, cette dernière regrettant de ne pas avoir soutenu ses enfants nés de son union avec Antiochos VII Sidêtês, son second époux (Antiochos VIII était le fils de Démétrios II, premier époux de Cléopâtre Théa.). Antiochos VIII décida alors de supprimer sa mère et de se lancer dans une lutte contre son demi-frère, Antiochos IX Philopator (ce dernier était issu de l’union d’Antiochos VII Sidêtês et de Cléopâtre Théa.).   

Pièce de monnaie à l'effigie d'Antiochos IX Philopator.

 

Antiochos IX parvint à s’emparer de la Syrie en 114 avant Jésus Christ, puis de l’ensemble du royaume Séleucide, suite à la mort d’Antiochos VIII en 96 avant Jésus Christ (à noter que ce dernier s’était allié avec l’Egypte, mais en vain.).

 

Le fils aîné d’Antiochos VIII, Séleucos VI Épiphane, décida de poursuivre la lutte. Ce dernier, bien que ne possédant qu’Antioche et le nord de la Syrie (son frère, Démétrios III Eukairos (« Heureux. »), s’était quant à lui emparé de Damas, grâce au soutien de Ptolémée X.), parvint à vaincre et à tuer Antiochos IX en 95 avant Jésus Christ.

Pièce de monnaie à l'effigie de Séleucos VI Épiphane (à gauche) et de Démétrios III Eukairos (à droite).

Séleucos VI parvint ainsi à reconstituer le royaume Séleucide (excepté Damas.). C’est alors qu’Antiochos X Eusèbe (« le Pieux. »), fils d’Antiochos IX, décida de lutter contre Séleucos VI. Ce dernier ne put résister aux assauts menés par son adversaire, et fut tué en 93 avant Jésus Christ, alors qu’il était en train de fuir.

Pièce de monnaie à l'effigie d'Antiochos X Eusèbe.

 

Antiochos X fut cependant détrôné en 92 avant Jésus Christ par Antiochos XI Philadelphe et son frère jumeau, Philippe I° Philadelphe (les deux hommes étaient les fils cadets d’Antiochos VIII.), et décida alors de se réfugier chez les Parthes (il y mourut en 75 avant notre ère.).

Pièces de monnaie à l'effigie d'Antiochos XI Philadelphe (à gauche) et de Philippe I° Philadelphe (à droite).

Antiochos XI monta alors sur le trône, mais mourut noyé peu de temps après, en 90 avant Jésus Christ.

 

Ce fut donc Philippe I° qui s’empara du pouvoir, mais il se retrouva confronté à son frère, Démétrios III. Toutefois, les deux hommes durent cesser de se battre entre eux, lorsque les Parthes envahirent la Syrie.

Le royaume parthe (vers 60 avant Jésus Christ).

Démétrios III fut alors vaincu par Mithridate II, roi des Parthes, vers 88 avant Jésus Christ.  Fait prisonnier par ses vainqueurs, il mourut l’année suivante.

Philippe I°, quant à lui, fut finalement vaincu par le roi d’Arménie Tigrane II le Grand, qui s’empara de la Syrie du nord. L’on ne sait pas si le Séleucide mourut ou s’il survécut à sa défaite.

 

Finalement, ce fut Antiochos XII Dionysos, cinquième fils d’Antiochos VIII, qui monta sur le trône (87 avant Jésus Christ.). Son territoire était celui que son frère Démétrios III avait réussi à se constituer, c'est-à-dire Damas et le sud de la Syrie.

Pièce de monnaie à l'effigie d'Antiochos XII Dionysos.

En 84 avant Jésus Christ, il fut tué en tentant de réprimer une insurrection chez les Nabatéens. Ces derniers s’emparèrent alors de son territoire, mettant fin à la dynastie séleucide.

 

9° Ptolémée XI Alexandre II et Ptolémée XII Aulète (80 à 51 avant Jésus Christ) – Comme nous l’avons vu précédemment, ce fut Ptolémée XI Alexandre II qui succéda à son oncle Ptolémée IX. Toutefois, imposé par les Romains, ces derniers l’obligèrent à partager le pouvoir avec son épouse Bérénice III, fille de Ptolémée IX et veuve de Ptolémée X.

Un roi ptolémaïque, peut être Ptolémée XI Alexandre II, I° siècle avant Jésus Christ (à gauche) ; tête de reine ptolémaïque, peut être Bérénice III, I° siècle avant Jésus Christ (à droite), musée du Louvre, Paris.

Toutefois, Ptolémée XI ne l’entendit pas de cette oreille et fit assassiner son épouse au bout d’un mois de règne. Immédiatement, le récit de ce meurtre provoqua une révolte à Alexandrie, et Ptolémée XI trouva la mort au cours d’une émeute.

 

Ce fut donc Ptolémée XII Aulète (« joueur de flûte. »), un fils naturel de Ptolémée IX, qui monta sur le trône.

Buste de Ptolémée XII Aulète, I° siècle avant Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

Toutefois, les Romains ne reconnurent pas le nouveau souverain, et firent valoir leurs droits sur l’Égypte en vertu du testament de Ptolémée XI (sans doute un faux.). Ptolémée XII du alors envoyer de gros pots de vins à Rome afin que le sénat le laisse tranquille.

 

A noter que Rome, en 68 avant Jésus Christ, décida de recréer artificiellement le royaume séleucide, mettant à la tête du pays Antiochos XIII Asiaticos, le fils d’Antiochos X, qui s’était réfugié chez les Parthes en 92 avant Jésus Christ (les Romains voulaient affaiblir la position du souverain arménien Tigrane II le Grand dans la région.).

Pièce de monnaie à l'effigie d'Antiochos XIII Asiaticos.

Mais, en 64 avant Jésus Christ, le général romain Pompée décida de mettre fin à ce royaume, et la Syrie devint une province romaine. La dynastie des Séleucide s’éteignit alors une nouvelle et dernière fois.

Buste de Pompée jeune, 70 avant Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.

 

En 58 avant Jésus Christ, les Romains s’emparèrent de Chypre, qui appartenait aux Lagides. Ptolémée XII décida de ne pas s’en mêler, laissant son frère lutter seul (ce dernier était effectivement le roi de cette île.). Cela fit scandale à Alexandrie, et les habitants de la ville chassèrent leur souverain, portant au trône sa fille, Bérénice IV, ainsi que son mari, Archélaos de Cappadoce.

Buste de Bérénice IV, musei Capitolini, Rome.

 

Ptolémée XII se réfugia alors à Rome, et versa de nouveaux pots de vins afin que le sénat romain accepte de le rétablir en Égypte. Finalement, il parvint à remonter sur le trône en 55 avant Jésus Christ, et faisant exécuter sa fille Bérénice IV. Une garnison romaine s’étant installée dans la ville, il n’y eu pas de révoltes jusqu’à la mort de Ptolémée XII, en 51 avant Jésus Christ.

Ce fut son fils, Ptolémée XIII Dionysos, qui monta alors sur le trône.

Les royaumes de Méditerranée, 59 avant Jésus Christ (vous pouvez faire un "clic droit" sur la carte afin de faire un zoom).

 

10° Ptolémée XIII Dionysos, Ptolémée XIV Philopator II, Cléopâtre VII, Ptolémée XV Césarion (51 à 30 avant Jésus Christ) – Ptolémée XIII, en montant sur le trône, fut cependant astreint à gouverner avec sa sœur, Cléopâtre VII[31], qu’il épousa.

Statue de Cléopâtre VII, musée du Louvre, Paris.

Cependant, le jeune roi n’était qu’une marionnette entre les mains de ses ministres, qui s’en prirent à sa sœur. Cette dernière décida alors de s’enfuir, et, après avoir été vaincue au cours d’une bataille, elle se réfugia en Syrie (vers 49 avant Jésus Christ.).

 

a) César contre Pompée (48 à 45 avant Jésus Christ) : mais, en 48 avant Jésus Christ, un conflit plus important opposait Jules César à Pompée.

Buste de César, anonyme, XVII° siècle, musée du Louvre.

Les deux hommes étaient des généraux romains de premier plan qui se livraient bataille pour la domination de Rome[32].

A cette époque, Pompée était dans une situation critique (il avait été vaincu à la bataille de Pharsale, en Thessalie.), et avait décidé de se réfugier en Égypte, au cours du mois de juillet. C’est alors que les ministres de Ptolémée XIII décidèrent de l’assassiner, afin de s’attirer les bonnes grâces du vainqueur. Mais César ne leur accorda que du mépris.

L'assassinat de Pompée, par Boccace, enluminure issue de l'ouvrage de casibus, France, XV° siècle.

Par la suite, César souhaitant que la paix règne en Égypte, il tenta de réconcilier Ptolémée XIII et Cléopâtre VII. Cette tentative de rapprochement fut un échec, car le jeune pharaon n’était guère impressionné par les effectifs de César (à peine 7 000 hommes.).

Au cours de l’hiver 47-46 avant Jésus Christ, Ptolémée XIII décida d’assiéger les Romains retranchés dans Alexandrie. Cependant, la chance fut du côté de César : non seulement il parvint à repousser Ptolémée XIII[33], mais en outre, ce dernier mourut accidentellement noyé en janvier 47 avant Jésus Christ.

 

César, qui se retrouvait en pratique maître de l’Égypte, décida de ne pas annexer le pays (l’on ne sait aujourd’hui pas en quelle mesure Cléopâtre VII influença sa décision.).

Cléopâtre et César, par Jean Léon GEROME, 1866.

Il décida alors de laisser la dynastie lagide sur le trône, donnant la couronne d’Egypte à Ptolémée XIV Philopator II (« qui aime son père. »), frère cadet de Cléopâtre VII (cette dernière fut contrainte d’épouser le nouveau souverain.).

Par la suite, César quitta l’Egypte, poursuivant les restes de l’armée de Pompée en Afrique et en Hispanie[34]. Suite à une série de victoires, César rentra à Rome et fut acclamé comme le maître de la cité (Cléopâtre décida alors de le suivre, cette dernière étant devenue sa maîtresse).

C’est ainsi que Cléopâtre accoucha d’un fils, Césarion, fruit de son union avec César.

Rome et les États de Méditerranée, 44 avant Jésus Christ (vous pouvez faire un "clic droit" sur la carte afin de faire un zoom).

 

b) Octave contre Marc Antoine, la bataille d’Actium, la fin du royaume lagide (44 à 30 avant Jésus Christ) : toutefois, en 44 avant Jésus Christ, César fut assassiné par un groupe de sénateurs attachés à la République.

L'assassinat de César, par Jean Léon GEROME, 1867.

Apprenant la nouvelle, Cléopâtre VII décida alors de rentrer en Égypte. Par la suite, elle fit tuer son frère Ptolémée XIV, qu’elle voyait comme un rival pour son fils.

 

Quelques années plus tard, en 41 avant Jésus Christ, le général Marc Antoine se rendit en Égypte. Ce dernier était un des officiers de César, et avait fait part de sa volonté de lui succéder, en 44 avant Jésus Christ. Mais Octave, le fils adoptif du défunt, ne l’entendit pas de cette oreille. Ils parvinrent cependant à trouver un arrangement, Octave dirigeant l’Occident, Marc Antoine dirigeant l’Orient (voila pourquoi ce dernier s’était rendu en Égypte.).

Buste de Marc Antoine.

 

Cléopâtre comprit immédiatement qu’il était dans son intérêt de se concilier les bonnes grâces du général romain, et devint donc sa maîtresse. Cléopâtre VII et Marc Antoine eurent ainsi trois enfants, Alexandre Hélios, Cléopâtre Séléné et Ptolémée Philadelphe.

En 36 avant Jésus Christ, le Romain décida de lancer une expédition contre les Parthes, ces derniers ayant envahi la Syrie. Cependant, la campagne de Marc Antoine ne fut pas une réussite. Toutefois, bien que vaincu par les Parthes, il parvint néanmoins à s’emparer de la Médie et de l’Arménie en 35 avant Jésus Christ.

Pendant ce temps, Césarion (dont le nom officiel était Ptolémée XV Philopator Caesar.) régnait avec sa mère.

Statue de Ptolémée XV Philopator Caesar (dit Césarion), Egyptian museum, Le Caire.

 

Toutefois, les relations entre Octave et Marc Antoine, déjà peu cordiales, se dégradèrent au fil des années. Octave, fils adoptif de César, ne pouvait accepter la présence de Césarion, fils naturel de César, sur le trône d’Égypte. Il décida alors de se présenter comme le défenseur de l’Italie et de la civilisation romaine contre l’Orient barbare, décadent et tyrannique.

Statue d'Octave.

 

En 32 avant Jésus Christ, Marc Antoine envoya une lettre de répudiation à son épouse Octavie, la sœur d’Octave, restée en Italie. Le fils adoptif de César s’empressa alors de déclarer la guerre à l’Egypte (à noter toutefois que Marc Antoine ne s’attendait pas à un conflit, car en 33 avant Jésus Christ, il était en train de mettre en place une nouvelle expédition contre les Parthes.).

Buste d'Octavie.

 

En septembre 31 avant Jésus Christ, les deux rivaux s’affrontèrent au cours de la bataille navale d’Actium. Le récit de cette bataille est souvent confus, car il fut par la suite enjolivé par les partisans d’Octave.

La bataille d'Actium, par Lorenzo CASTRO, XVII° siècle.

La flotte de l’héritier de César, commandée par le général Agrippa, comptait entre 300 et 350 navires ; Marc Antoine et Cléopâtre, par contre, n’en avaient que 300 (voire peut être moins.).

Les navires d’Octave formèrent alors une ligne de bataille, empêchant leurs ennemis de rejoindre l’Égypte. Or, l’objectif de Marc Antoine était de faire passer à l’est son infanterie et sa marine, afin d’attirer l’ennemi en territoire hostile.

Marc Antoine décida donc de passer en force, ce qui réussit en partie. En effet, de nombreux navires ne parvinrent pas à passer, et furent détruits par la flotte d’Octave (les sources antiques avancent les chiffres de 5 000 à 13 000 morts.). En outre, l’infanterie ne suivit pas Marc Antoine : soit elle se crut trahie, pensant que leur chef fuyait ; soit elle fut achetée par les agents d’Octave (d’ailleurs, la flotte de Marc Antoine, sans doute achetée, se rendit très vite suite à la bataille, elle aussi.).

 

Vaincus, Marc Antoine et Cléopâtre VII rentrèrent en Égypte. Marc Antoine ne fut rien pour stopper la progression de son rival, passant son temps à donner des fêtes ; Cléopâtre, quant à elle, fit en sorte de mettre son fils Césarion à l’abri.

En août 30 avant Jésus Christ, Marc Antoine se suicida, ayant appris qu’Octave s’approchait. Cléopâtre VII, quant à elle, décida alors de rencontrer son vainqueur. Ce dernier la laissa libre de ses mouvements, et elle en profita pour se suicider elle aussi (selon Plutarque, elle se laissa mordre par deux aspics venimeux.).

Certains égyptologues considèrent que l’Egypte antique disparut à cette date. Toutefois, d’autre affirment au contraire qu’elle disparut totalement au VI° siècle après Jésus Christ, lorsque l’Eglise ordonna la fermeture de tous les temples païens du pays.

Relief nilotique, I° siècle avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin 

 

Par la suite, Octave fit assassiner Césarion (comme nous l’avons vu précédemment, Octave était le fils adoptif de César, Césarion son fils naturel. Ce dernier représentait donc un danger aux yeux du Romain.).

Toutefois, Alexandre Hélios, Cléopâtre Séléné et Ptolémée Philadelphe furent recueillis par Octavie (sœur d’Octave et ex-épouse de Marc Antoine.). Cependant, les deux garçons disparurent peu de temps après (ils furent sans doute assassinés.), mais la fillette survécut.

 

En janvier 27 avant Jésus Christ, Octave déclara sa mission terminée devant le sénat de Rome. A cette date, le royaume lagide (dernier Etat hérité des diadoques encore existant.) disparaissait, mais l’Empire romain ne faisait que naître…

Pièce de monnaie frappée à Nîmes sous le règne d'Octave, le crocodile enchaîné à un palmier représentant la nouvelle province romaine d'Egypte (à noter que le crocodile enchaîné est depuis 1535 le blason de la ville de Nîmes, cité sans doute fondée par des vétérans de la bataille d'Actium.), British Museum, Londres.

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[1] Diadoque signifie « successeur », en grec.

[2] A noter qu’une légende (sans doute postérieure.) raconte qu’Alexandre, alors sur son lit de mort, aurait choisi Cratère comme successeur : en effet, quand les Diadoques se rapprochèrent de leur roi agonisant pour qu’il leur dise qui serait son successeur, Alexandre aurait prononcé « Cratère. » Cependant, en grec, le nom ‘Cratère’ peut devenir le mot ‘le plus fort’, selon l’intonation de voix. Selon cette légende, les luttes entre Diadoques découleraient de cette mauvaise interprétation…

[3] Les hypaspistes étaient les soldats d’élite de l’armée macédonienne (nous avons évoqué leur création en 1, section VIII, chapitre troisième, histoire de la Grèce antique.).

[4] Asandros était le frère de Parménion.

[5] Harpale, soupçonné d’avoir détourné d’importantes sommes d’argent, avait décidé de fuir Athènes lorsque ses abus furent découverts.

[6] La proclamation de l’indépendance des cités grecques fut un stratagème employé à de nombreuses reprises au cours de l’histoire, depuis les diadoques jusqu’aux Romains. L’objectif étant de s’assurer le soutien de la Grèce contre un rival, tout en abreuvant les Grecs d’illusoires promesses d’indépendance.

[7] Pour plus de renseignements sur l’histoire et la signification du titre de basileus, voir le 4, section III, chapitre premier, histoire de la Grèce antique.

[8] Par la suite, les Rhodiens érigèrent le colosse de Rhodes, en souvenir de leur résistance à Démétrios. Vous en saurez plus sur cette merveille, en consultant la page qui lui est réservée, dans la partie les sept merveilles du monde.

[9] Séleucos avait reçu ces éléphants des mains de Chandragupta Maurya, en échange de l’abandon de certains territoires situés à l’est de l’Empire d’Alexandre (comme nous l’avons vu en 4, section V, chapitre quatrième.).

[10] Ne pas confondre Agathoclès, fils de Lysimaque et Agathoclès, tyran de Syracuse.

[11] Philadelphe signifie « qui aime son frère. » En effet, Ptolémée II épousa sa sœur Arsinoé II en secondes noces.

[12] Pour en savoir plus sur les noces de Suse, voir le g), 3, section VII, chapitre neuvième, Histoire de l’Egypte antique.

[13] A noter qu’Agathoclès, né d’un premier mariage, n’était pas le fils d’Arsinoé.

[14] Comme par exemple Plutarque, lorsqu’il rédigea sa vie d’Alexandre.

[15] Sôter signifie « le Sauveur. »

[16] Pour en savoir plus sur la bataille d’Ipsos, voir le j), 1, section VIII, chapitre neuvième, Histoire de l’Egypte antique.His.

[17] Pour en savoir plus sur les noces de Suse, voir le g), 3, section VII, chapitre neuvième, Histoire de l’Egypte antique.

[18] Ce mariage concrétisait l’alliance entre Séleucides et Antigonides, comme nous l’avons vu en k), 1, section VIII, chapitre neuvième, Histoire de l’Egypte antique

[19] A noter qu’Antiochos fut surnommé Sôter (ce qui signifie « le Sauveur. ») car il avait vaincu les Galates.

[20] Théos signifie « Dieu. »

[21] Philopator signifie « qui aime son père. »

[22] Bérénice II était la fille de Magas, roi de Cyrène.

[23] Epiphane signifie « l’Illustre. »

[24] Pour plus de précisions sur cette guerre entre Rome et les Illyriens, voir le 2, section VIII, chapitre quatrième, histoire de la Grèce antique.

[25] Pour plus de détails sur la victoire de Rome sur la Macédoine, voir le 4, section VIII, chapitre quatrième, histoire de la Grèce antique.

[26] En effet, Hannibal avait commandé les forces carthaginoises au cours de la deuxième guerre punique, s’attaquant à Rome. Pour en savoir plus sur ce conflit, voir le 6, section III, chapitre troisième, Histoire de la Rome antique

[27] Scipion l’Asiatique était le frère de Scipion l’Africain, qui avait vaincu Hannibal, en 202 avant Jésus Christ, mettant ainsi fin à la deuxième guerre punique.

[28] Philométor signifie « qui aime sa mère. »

[29] A noter que Cléopâtre I° était la fille d’Antiochos III.

[30] Pour en savoir plus sur Mithridate VI et sa lutte contre Rome, voir le f), 4, section IV, chapitre troisième, Histoire de la Rome antique.

[31] Cléopâtre VII est restée dans l’Histoire comme « la » Cléopâtre.

[32] Pour en savoir plus sur le conflit opposant César et Pompée, voir le 15, section IV, chapitre troisième, Histoire de la Rome antique.

[33] Pour cela, il fit probablement mettre le feu à la bibliothèque d’Alexandrie, réduisant en cendres de nombreux manuscrits…

[34] Pour plus de détails sur les affrontements livrés par César contre les Pompéiens, voir les points f) et g), 15, section IV, chapitre troisième, Histoire de la Rome antique.

 
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