Car un pays sans passé est un pays sans avenir...

 
Mythologie
 
 

 

 

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L'épopée napoléonienne (1799 - 1815)

 

CHAPITRE TROISIEME : L’Empire français à son apogée (1805 à 1812)

 

I : La quatrième coalition (1806 à 1807)

           

            1° La Confédération du Rhin (1806) – Comme nous l’avons vu à la fin du chapitre précédent, le traité de Presbourg, signé en décembre 1805 par la France et l’Autriche, modifia les frontières allemandes. A cette occasion, l’Empereur germanique François II (il était aussi Empereur d’Autriche sous le nom de François I°.) avait perdu toute souveraineté sur l’Allemagne.

 

En juillet 1806. Seize Etats décidèrent de quitter le Saint Empire romain germanique, formant alors la Confédération du Rhin. En août 1806, François II fut sommé par la France de renoncer à son titre d’Empereur germanique.

Le souverain autrichien fut contraint d’accepter, mettant fin à l’existence du Saint Empire romain germanique, une institution créée sous le règne de Charlemagne[1].

 

Au cours des mois suivants, 23 autres Etat allemands décidèrent de faire partie de la Confédération.

Seules l’Autriche, la Prusse et le Holstein refusèrent d’en faire partie.

 

            2° Les républiques sœurs deviennent des royaumes vassaux (1806) – Suite à la création de l’Empire français, Napoléon décida de transformer les républiques sœurs, héritage de la Révolution française, en royaumes vassaux.

Ainsi, le souverain français nomma les membres de sa famille, ses proches ou ses maréchaux à la tête de nombreux Etats.

Napoléon imitait ainsi le système mis en place par Charlemagne au IX° siècle après Jésus Christ, créant de nombreuses marches autour de l’Empire, destinées à jouer le rôle d’Etats-tampons face à l’ennemi.

 

Ainsi, Napoléon transforma la république batave en royaume de Hollande, confiant la couronne à son frère cadet Louis Bonaparte[2] (juin 1806.) ; donna la couronne du royaume de Naples à son frère aîné Joseph Bonaparte (mars 1806.) ; confia la principauté de Guastalla à sa sœur Pauline ; céda la principauté de Lucques à sa sœur Elisa.

Portrait de Louis et Joseph Bonaparte (en haut.), Pauline et Elisa Bonaparte (en bas.).

Charles Maurice de Talleyrand-Périgord, ministre des affaires étrangères, eut la principauté de Bénévent ; l’ancien consul et archichancelier Jean Jacques Régis de Cambacérès eut le duché de Parme ; l’ancien consul et architrésorier Charles François Lebrun, quant à lui, reçut le duché de Plaisance.

Les militaires ne furent pas en reste : ainsi, Napoléon céda les duchés de Berg et de Clèves au maréchal Joachim Murat (ce dernier avait épousé Caroline Bonaparte, sœur de Napoléon, en janvier 1800.) ; la principauté de Ponte-Corvo au maréchal Jean Baptiste Jules Bernadotte.

Joachim Murat, maréchal de l'Empire, en grande tenue, par François GERARD, 1805, musée des Invalides, Paris (à gauche.) ; Caroline Bonaparte, début du XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris (à droite.).

Le maréchal Bernadotte, illustration issue de l'ouvrage La vie privée de Napoléon, par CONSTANT, 1895.

 

A noter que Bénévent et Ponte-Corvo, enclaves pontificales dans le royaume de Naples, ne furent occupées par l’armée française qu’à partir d’avril 1806.

 

            3° Le déclenchement du conflit (1806) – Jusqu’à présent, la Prusse n’avait pas participé aux conflits contre l’Empire français. Toutefois, la nouvelle réorganisation de l’Allemagne ne plaisait guère au roi de Prusse, Frédéric Guillaume III. En effet, ce dernier voyait la Confédération du Rhin comme un Etat vassal à la France.

Portrait de Frédéric Guillaume III.

 

Toutefois, ce fut le projet de rétrocession du Hanovre à l’Angleterre qui vint mettre le feu aux poudres. En effet, Napoléon proposa à l’ambassadeur d’Angleterre de rétrocéder le Hanovre à la couronne britannique, si toutefois la Prusse était dédommagée[3]. Le diplomate anglais se rendit alors à l’ambassade de Prusse à Paris, relatant à son homologue la conversation qu’il avait eue avec Napoléon, mais se garda bien de parler du dédommagement territorial.

Le roi de Prusse, se croyant trompé par l’Empereur des Français, décida alors de déclarer la guerre à la France.

 

La guerre de la quatrième coalition, unissant la Prusse, la Russie (qui n’avait pas signé de traité de paix avec la France suite à la bataille d’Austerlitz.), la Suède, l’Angleterre et la Saxe, débuta à l’automne 1806.

 

            4° L’offensive en Prusse (octobre 1806) – Napoléon, apprenant la nouvelle, décida alors de marcher vers la Prusse en septembre, à la tête de 160 000 hommes. Rapidement, les Prussiens attaquèrent les soldats de la Grande armée, mais subirent de multiples revers.

Drapeau du 81° régiment d'infanterie de ligne, modèle 1804, musée de l'Infanterie, Montpellier.

 

a) La bataille d’Iéna (14 octobre 1806) : le 13 octobre 1806 au soir, les Français arrivèrent près de la cité d’Iéna, qui avait été pillée et incendiée. L’endroit convenant mal pour une bataille rangée (le terrain était encaissé et entour d’une épaisse forêt.), Napoléon décida alors d’installer son armée sur le plateau de Landgrafenberg (l’estimant inaccessible, les Prussiens avaient négligé de le faire garder.).

Napoléon surveillant les travaux d'installation des canons sur le plateau de Landgrafenberg, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

 

A six heures du matin, Napoléon donna l’assaut contre le flanc droit de l’armée prussienne. Ces derniers soutinrent tant bien que mal l’attaque du maréchal Charles Pierre François Augereau, sans se douter qu’il ne s’agissait que d’une diversion.

 

Ainsi, le maréchal Jean Lannes, profitant du brouillard pour progresser à couvert, s’élança contre le flanc gauche des Prussiens.

Charles Pierre François Augereau, maréchal de France, par Jeanne BIBRON, 1834, musée des Invalides, Paris (à gauche.) ; Jean Lannes, maréchal de l'Empire, par Julie VOLPELIERE, 1834, musée des Invalides, Paris (à droite.).

 

Vers midi, le général prussien Frédéric Louis de Hohenhole-Ingelfingen comprit que la bataille d’Iéna était perdue. Ce dernier fit alors sonner la retraite, mais fut activement poursuivi par la cavalerie du maréchal Joachim Murat, qui parvint à s’emparer de l’artillerie et des bagages des Prussiens à Weimar.

 La bataille d'Iéna.

 

Au soir de la bataille, les Français avaient perdu 2 500 hommes sur 56 000 ; contre 25 000 côté prussien (ces derniers étaient 75 000 au début du combat.).

 

b) La bataille d’Auerstaedt (14 octobre 1806) : le maréchal Louis Nicolas Davout, à la tête de 25 000 hommes, avait été chargé par Napoléon de prendre l’armée prussienne à revers. Toutefois, si l’Empereur des français pensait avoir vaincu le gros de l’armée prussienne à Iéna, il ne s’agissait que de l’arrière garde. Ainsi, ce fut le maréchal Davout qui rencontra les principales forces de l’ennemi, lors de la bataille d’Auerstaedt.

Louis Nicolas Davout, maréchal de France, par ALLART, 1834, musée des Invalides, Paris.

 

L’armée prussienne, commandée par Frédéric Guillaume III et Charles Guillaume Ferdinand, duc de Brunswick[4], était forte de 60 000 hommes. Les généraux ne doutaient donc pas de leur victoire, d’autant plus que les Prussiens étaient réputés pour leurs talents militaires[5].

 

Au petit matin, les Français investirent le village d’Hassenhausen, repoussant les charges de la cavalerie ennemie en formant le carré[6]. Les Prussiens décidèrent alors bombarder les hommes de Davout, mais ce dernier lança une offensive contre l’artillerie ennemie, s’emparant de ses canons et progressant jusqu’au village de Spielberg.

Les Prussiens décidèrent donc de lancer une nouvelle offensive, cette fois ci contre le village de Popel, qui était entre les mains des Français. L’attaque fut toutefois un échec, et le duc de Brunswick fut grièvement blessé.

Les Prussiens décidèrent alors de reculer, poursuivis par les soldats de Davout qui attaquèrent le village de Tauchwitz.

Frédéric Guillaume III, constatant que la bataille était perdue, décida alors de sonner la retraite. Toutefois, les Français poursuivirent l’ennemi, s’emparant de canons, drapeaux et prisonniers.

 

c) La soumission de la Prusse (fin 1806) : à la fin du mois d’octobre, Murat s’empara du général prussien Frédéric Louis de Hohenhole-Ingelfingen et des restes de son armée ; le maréchal Michel Ney prit Magdebourg, faisant 15 000 prisonniers ; Napoléon, quant à lui, s’empara de Postdam, puis de Berlin (capitale de la Prusse.).

Napoléon entre dans Berlin, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

L’Empereur des Français visita alors les appartements de feu Frédéric II, grand oncle du roi de Prusse Frédéric Guillaume III (ce souverain, décédé en 1786, était considéré comme un des plus grands stratèges de son époque.).

 

En novembre, les Français prirent Küstrin et pillèrent Lübeck ; Murat, quant à lui, reçut la capitulation du dernier corps prussien encore en campagne, soit près de 16 000 hommes ; Ney s’empara de Magdebourg, capturant plus de 20 000 hommes.

Le maréchal Ney, illustration issue de l'ouvrage Mémoires de Napoléon, par Louis Antoine Fauvelet de Bourrienne, 1836.

 

Les Prussiens acceptèrent de signer un armistice à la fin du mois de novembre 1806, mais la paix ne fut définitivement conclue qu’en juillet 1807.

 

A noter toutefois que Napoléon signa le décret de Berlin, le 22 novembre 1806. Ce texte instaurait officiellement le blocus continental, destiné à ruiner l’économie anglaise (rappelons que les Anglais vivaient principalement de l’exportation de laine depuis le Moyen âge.).

Ce blocus, s’il favorisa l’économie française (augmentation des exportations en Europe.), pénalisa autant les alliés de la France que l’Angleterre.

En effet, les pays soumis au blocus furent contraints d’importer à prix d’or les marchandises françaises. Les Anglais, quant à eux, souffrirent du chômage, de la hausse des prix, de la dévaluation de la monnaie ; toutefois, ils parvinrent à éviter la ruine en intensifiant leur commerce avec les Etats Unis et le Canada.

A noter que Napoléon voulut que le pape se soumette lui aussi au blocus, mais Pie VII refusa. C’est ainsi que les relations entre les deux hommes, déjà peu cordiales, ne tarèrent pas à s’assombrir d’avantage.

Le pape Pie VII.

 

            5° L’offensive en Pologne (fin 1806) – Napoléon, bien qu’ayant soumis la Prusse et la Saxe, n’avait pas mit fin à la quatrième coalition. En effet, le tsar Alexandre I° poursuivait la lutte.

Alexandre I°, tsar de Russie.

 

Le 25 novembre, l’Empereur des Français marcha vers la Pologne, un pays qui, à l’aube du XIX° siècle, n’existait plus (son territoire avait été progressivement grignoté par la Russie, la Prusse et l’Autriche[7].). Dans de nombreuses villes du pays, Napoléon fut accueilli en libérateur, et la Grande armée se retrouva grossie de plusieurs milliers d’hommes qui s’insurgèrent contre la domination prussienne ou russe.

 

Murat pénétra dans Varsovie à la poursuite des Russes, mais ces derniers, après avoir reculé, firent sauter les ponts qu’ils avaient empruntés. La reconstruction de ces édifices fit perdre un temps précieux aux Français.

 

Le duc de Saxe, qui avait prit part à la quatrième coalition, accepta de faire soumission en fin d’année. Ainsi, ce dernier signa avec la France le traité de Posen (11 décembre 1806.) Ce dernier acceptait de rejoindre la Confédération du Rhin ; en outre, son duché était érigé en monarchie.

 

Malgré la soumission de la Saxe et les nombreuses victoires sur la Prusse, les opérations militaires contre la Russie se poursuivaient. Début décembre, Ney parvint à s’emparer de Thorn, ayant traversé la Vistule dont l’eau avait gelé ; au même moment, Jérôme Bonaparte attaquait Glogow, capitale de la Silésie (il s’agissait d’une ancienne province autrichienne, prise par les Prussiens au cours du XVIII° siècle.). Le frère de l’Empereur des Français marcha ensuite vers Breslau, à la poursuite des Russes (la cité fut contrainte de capituler à la fin décembre 1806.).

Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie, par François Joseph KINSON, 1809, musée des Invalides, Paris.

 

Napoléon, quant à lui, arriva à Varsovie le 19 décembre. Ce dernier, préférant ne pas poursuivre les Russes en plein hiver, décida alors d’hiverner dans cette ville afin de regagner des forces.

L’Empereur des Français, donnant de nombreuses fêtes et réceptions, rencontra à cette occasion Maria Walewska, qui devint rapidement sa maîtresse. La Grande armée, quant à elle, n’eut pas à souffrir du temps, l’hiver 1806 étant relativement clément.

Maria Walewska.

 

A noter toutefois que deux batailles livrées aux Russes en fin d’année 1806 s’achevèrent sur des statu quo. Le maréchal Murat, lors de la bataille de Golymin, ne parvint pas à empêcher la fuite des Russes ; le maréchal Lannes, quant à lui, vainquit l’ennemi lors de la bataille de Pultusk, mais les Russes parvinrent toutefois à se retirer.

 

            6° L’offensive en Pologne (1807) – Début janvier, le maréchal Claude Victor Perrin fut chargé de marcher vers Königsberg, nouvelle capitale de la Prusse depuis la chute de Berlin. Ce dernier décida alors d’assiéger Dantzig.

 

a) La bataille d’Eylau (février 1807) : le général russe Levin August von Bennigsen, ayant réussi reculer sans être vaincu par les Français, fit jonction avec une armée russe fraichement recrutée en janvier 1807.

Le maréchal russe Levin August von Bennigsen.

Le maréchal français Jean Baptiste Jules Bernadotte, attaqué par un ennemi supérieur en nombre, parvint alors à reculer. Ce dernier reçut un message de Napoléon, l’invitant à se replier, afin de faire tomber les Russes dans un piège.

Toutefois, Bennigsen captura un messager français, et, prenant connaissance du plan de l’Empereur, le général russe décida de reculer.

 

Napoléon décida alors de contraindre l’ennemi à attaquer en marchant vers Königsberg, où se trouvaient la majorité des approvisionnements russes. Début février, Bennigsen, acculé, décida alors de s’installer dans le village d’Eylau afin de contraindre l’Empereur à combattre.

 

Arrivant le 7 février dans l’après midi, les Français décidèrent de s’attaquer aux Russes. Une offensive, à droite, fut lancée contre les bois ; l’autre, au centre, à travers le lac gelé. Les Français furent repoussés, mais l’arrivée du maréchal Augereau entraîna le repli des Russes sur Eylau. Lançant un nouvel assaut, la Grande armée parvint alors à s’emparer du village, repoussant l’ennemi à quelques kilomètres de là.

Napoléon arriva tard dans la nuit, bien décidé à livrer bataille dès le lendemain.

 

Dès l’aube, les Russes bombardèrent le village, et les Français répliquèrent en faisant tonner leur artillerie.

Lançant une offensive, le maréchal Davout se trouva en difficulté en raison de son infériorité numérique ; les soldats du maréchal Augereau, venu lui porter secours par ordre de l’Empereur, furent alors attaqués de flanc par l’artillerie ennemie (la visibilité était réduite à cause de la neige qui tombait abondamment.).

La bataille d'Eylau.

Les Russes, sûrs de leur victoire, attaquèrent alors le village, dans l’objectif de couper en deux l’armée française. Napoléon ordonna alors à Murat de lancer toute la cavalerie disponible contre l’ennemi, ce qui sauva d’une mort certaine les troupes d’Augereau.

La bataille d'Eylau, illustration issue de l'ouvrage Mémoires de Napoléon, par Louis Antoine Fauvelet de Bourrienne, 1836.

Toutefois, 8 000 Prussiens apparurent sur le champ de bataille vers 15 heures, donnant à nouveau l’avantage aux Russes. Une heure après, le maréchal Ney arriva à la rescousse des Français, ces derniers parvenant alors à repousser l’ennemi.

La bataille d’Eylau resta indécise jusqu’à la nuit tombée. Bennigsen décida alors de se retirer à Königsberg, contre l’avis d’une partie de son Etat major.

 

Les Français remportaient la bataille, mais il s’agissait d’une victoire à la Pyrrhus. Ainsi, ces derniers avaient perdu 36 000 hommes (tués ou blessés.) sur les 80 000 d’origine ; les Russes, quant à eux, eurent 23 000 tués ou blessés sur 70 000.

Bennigsen s’était replié à la tête d’une armée amoindrie, mais Napoléon n’avait pas ordonné de poursuivre les Russes car il savait que la Grande armée était elle aussi affaiblie. Ainsi, la bataille d’Eylau ne fut en rien décisive.

 

b) Le siège de Dantzig (janvier à mai 1807) : suite à la bataille de d’Eylau, les Français reprirent leurs quartiers d’hiver. Napoléon passa les mois de mars à mai 1807 dans le château de Finckenstein, en compagnie de son amante Maria Walewska.

L’Empereur des Français y reçut alors la visite des ambassadeurs venus de Perse et de l’Empire ottoman. Ces pays, jusque là alliés avec l’Angleterre, voyaient d’un bon œil la guerre entre la France et la Russie, qui ne pouvait qu’affaiblir cette dernière (les Russes se faisaient de plus en plus menaçants pour les Turcs[8].).

 

En mai, le maréchal François Joseph Lefebvre assiégeait Dantzig. Il fut alors attaqué par les Russes, pour qui cette place forte était d’une importance capitale (la cité se trouvait à l’embouchure de la Vistule, et pouvait donc empêcher le passage des navires jugés indésirables.).

François Joseph Lefebvre, maréchal de l'Empire, par Eugénie PENAVERE et Césarine DAVIN, 1834, musée des Invalides, Paris.

Les Russes, assistés par des navires anglais et suédois, tentèrent alors de débarquer quelques centaines d’hommes dans la ville, et d’y envoyer de la poudre. Toutefois, les Français parvinrent à repousser l’ennemi.

Les Russes décidèrent alors de se retirer, abandonnant Dantzig à son sort. A la fin du mois de mai, la cité décida alors de capituler.

Façade de l'Arc de Triomphe de l'Etoile (mentionnant les batailles d'Eylau, Dantzig, Eckmühl et Ratisbonne.), Paris.

 

c) La bataille d’Heilsberg (12 juin 1807) : à la fin du mois de mai 1807, Napoléon décida de marcher vers Könisberg, mettant en exécution le plan de l’année précédente. Bennigsen, soucieux que les Français ne prennent pas la ville, décida alors de marcher vers Friedland. Ce dernier, en supériorité numérique (90 000 Russes contre 50 000 Français.), ne doutait pas de l’issue de la bataille.

 

Le 10 au matin, les Français arrivèrent devant Heilsberg, ou s’étaient réfugiés les Russes.

Les maréchaux Nicolas Jean de Dieu Soult et Joachim Murat chargèrent l’ennemi, mais subirent de lourdes pertes. Lannes, arrivant en début d’après midi, put alors renforcer la position de ses compatriotes.

Le maréchal Soult, illustration issue de l'ouvrage Mémoires de Napoléon, par Louis Antoine Fauvelet de Bourrienne, 1836.

 

Le lendemain, les Français attaquèrent le flanc droit de Bennigsen, causant d’importantes pertes. Le 12 juin, le général russe décida alors de reculer.

 

La bataille d’Heilsberg coûta 10 000 hommes aux Français, contre 8 000 côté russe.

 

d) La bataille de Friedland (14 juin 1807) : suite à la bataille d’Heilsberg, Bennigsen s’était retiré à Friedland, à quelques kilomètres à l’est d’Eylau.

 

Au petit matin du 14 juin, le maréchal Lannes attaqua la position ennemie. Le général russe, pensant qu’il ne s’agissait que d’un combat d’avant-garde, ne se préoccupa guère de la situation (en effet, Bennigsen sous estima la rapidité de marche des Français.).

 

Le général russe, en comprenant que les forces françaises ne cessaient de prendre de l’importance, décida alors de contre-attaquer. Bennigsen, à la tête de 80 000 hommes, fit franchir l’Alle à ses hommes, une rivière qui coulait près de Friedland.

 

Napoléon, apercevant que les Russes étaient dos au fleuve, profita de l’erreur tactique de l’ennemi. Le maréchal Ney fut alors chargé d’investir Friedland et d’en détruire les ponts, afin de couper la retraite des Russes.

La bataille de Friedland, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

Le maréchal Lannes enfonça le flanc droit de l’ennemi, repoussant à la rivière plusieurs milliers de Russes. La bataille de Friedland s’achevant peu avant minuit, offrant la victoire aux Français.

 

Les Français eurent 1 500 tués, 9 000 blessés et 2 500 prisonniers ; côté russe, 6 500 hommes étaient morts, 2 500 blessés et 10 000 prisonniers.

Au soir de la bataille de Friedland.

 

e) La fin de la quatrième coalition (1807) : suite à la bataille de Friedland, Napoléon marcha vers Königsberg et s’empara de la cité sans coup férir. A la mi-juin, la Grande armée se trouvait sur la berge du fleuve Niémen, mais l’Empereur des Français hésitait sur la marche à suivre (Napoléon craignait de lancer une offensive en Russie, ce qui aurait permit à l’Autriche d’attaquer sur ses arrières.).

Le tsar Alexandre I°, quant à lui, décida alors d’entamer des pourparlers avec son homologue français. Les deux souverains se rencontrèrent le 25 juin 1807, montant sur un radeau posé sur le Niémen. Des pourparlers furent alors mis en place, qui aboutirent le 7 juillet à la signature du traité de Tilsit.

Le traité de Tilsit.

 

La Russie devenait l’alliée de la France ; adhérait au blocus continental ; et abandonnait les îles Ioniennes en Méditerranée. Une clause tenue secrète prévoyait toutefois le dépècement de l’Empire ottoman.

Le traité réglait en outre la question de la Prusse : le royaume de Frédéric Guillaume III perdait toutes ses possessions à l’ouest de l’Elbe, qui formeraient le royaume de Westphalie (cédé à Jérôme Bonaparte, frère cadet de Napoléon.) ; il devait payer une lourde indemnité de guerre ; adhérait au blocus continental ; enfin, il devait abandonner ses possessions en Pologne, cet Etat ressuscitant sous le nom de grand duché de Varsovie.

La Prusse en 1807.

 

Suite à ce traité, les Prussiens, bien qu’animés par la francophobie en raison de leur défaite, comprirent que la mise en place d’un Etat moderne semblable à la France était le seul moyen pour eux de faire face aux nouvelles menaces du XIX° siècle.

 

L’Angleterre restant isolée, la quatrième coalition fut dissoute.

A noter toutefois que les Britanniques, afin de dissuader le Danemark d’adhérer au blocus, bombardèrent Copenhague en septembre 1807, incendièrent la flotte danoise, et prirent l’île d’Héligoland. Cette démonstration de force s’étant effectuée sans déclaration de guerre, rapprocha entraîna la suspension des relations anglo-russes ; en outre, Danemark et Autriche décidèrent d’adhérer au blocus.

 

f) Le congrès d’Erfur (27 septembre au 14 octobre 1808) : Napoléon, soucieux de faire tenir au tsar ses engagements, décida de convoquer ce dernier lors du congrès d’Erfurt, qui eut lieu de septembre à octobre 1808.

A l’issue des débats, une convention fut finalement signée : l’Angleterre fut invitée à faire la paix ; la Russie avait les mains libres en Finlande et dans les provinces danubiennes ; Napoléon avait liberté d’action en Espagne (nous reviendrons sur ce conflit au cours de la section suivante.) ; enfin, l’alliance franco-russe fut renouvelée.

A noter que c’est à cette date que Talleyrand commença à trahir l’Empereur des Français, invitant le tsar Alexandre I° à tenir tête à la France.


 

[1] Pour en savoir plus sur la création de l’Empire romain germanique, cliquez ici.

[2] A noter que les Hollandais, peu enthousiasmés par cette idée, furent finalement contraints de s’incliner.

[3] Rappelons que le roi d’Angleterre Georges III était aussi prince de Hanovre. Mais ce territoire, conquis par la France, avait été cédé à la Prusse en décembre 1805.

[4] Le duc de Brunswick avait participé à la première coalition contre la France révolutionnaire. Pour en savoir plus, voir le b), 2, section III, chapitre troisième, la Révolution française.

[5] Depuis le règne de Frédéric II, les Prussiens avaient multiplié les offensives victorieuses. Voir par exemple la guerre de succession d’Autriche.

[6] Cette formation rassemblait les soldats en carré (d’où son nom.), qui pouvaient ainsi tirer dans les quatre directions. La formation en carré, système très défensif, était particulièrement efficace.

[7] Trois partages successifs de la Pologne avaient abouti à sa disparition, en 1772, 1793 (notons que l’Autriche n’y avait pas participé.) et 1795.

[8] A noter qu’en mars 1807, vice roi d’Egypte Méhémet Ali repoussa un débarquement anglais.

 
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