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Mythologie
 
 

 

 

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L'épopée napoléonienne (1799 - 1815)

 

CHAPITRE QUATRIEME : La chute de l’Empire français (1812 à 1814)

 

II : La sixième coalition, la campagne d’Allemagne (1813)

           

            1° La sixième coalition s’internationalise (1813) – En 1813, la situation de Napoléon était difficile mais pas encore désespérée.

Ainsi, l’Empereur des Français parvint à lever une armée de 300 000 hommes, qui se joignirent aux restes de la Grande armée en début d’année 1813. Ces nouveaux conscrits, appartenant aux classes de 1814 et 1815, avaient été appelés sous les drapeaux par anticipation dès 1813. La plupart d’entre eux étant encore imberbes en raison de leur jeunesse, ils furent surnommés les Marie Louise.

A noter toutefois que sur ses 300 000 hommes, il se trouvait plusieurs milliers d’Allemands, d’Italiens, d’Hollandais, etc.

En 1813, le problème du manque de cavalerie était un inconvénient majeur. En effet, les Français en possédaient à peine 15 000, alors que la stratégie de Napoléon, jusqu’à présent, avait été de prendre l’ennemi de vitesse. Impossible, dès lors, de reconnaitre le terrain, de débusquer l’ennemi, ou de poursuivre ce dernier lors de sa retraite.

Casque et cuirasse de colonel de cuirassiers, 1804-1815, musée des Invalides, Paris.

 

Toutefois, la Prusse décida de rejoindre la sixième coalition le 17 mars 1813, grossissant les rangs des ennemis de la France. A noter par ailleurs que les émissaires Prussiens, nouant des contacts avec la Confédération du Rhin[1], invitaient les membres de cette dernière à mettre un terme à l’alliance française (la Confédération fut dissoute courant mars.).

 

Les coalisés avaient divisé leurs forces en trois armées distinctes : le général russe Levin August von Bennigsen, à la tête de soldats russes et prussiens, assiégea Dantzig ; le général Gebhard Leberecht von Blücher, à la tête d’une armée majoritairement prussienne, devait opérer en Allemagne ; et le roi de Suède Charles XIV, à la tête de soldats suédois, prussiens et russes, devait porter main forte à ses confrères.

Le maréchal russe Levin August von Bennigsen.

A noter que Charles XIV de Suède n’était autre que l’ancien maréchal français Jean Baptiste Bernadotte, tombé en disgrâce en 1809, et adopté par le souverain suédois Charles XIII en août 1810. Bernadotte, recevant l’aval de Napoléon, fut alors fait roi de Suède, et dans un premier temps resta dans l’alliance française (il soutint le blocus continental pendant plusieurs mois.). Vraisemblablement soucieux de conserver son trône, Bernadotte décida alors de rejoindre la sixième coalition en 1813[2].

Jean Baptiste Jules Bernadotte, lieutenant du 36° de ligne en 1792, par AMIEL, château de Versailles, Versailles.

 

            2° La bataille de Lützen (2 mai 1813) – Au printemps, Napoléon concentra ses troupes en Saxe, soucieux de repousser les Russes qui avaient franchi le Niémen.

Le 2 mai 1813, Napoléon remporta la bataille de Lützen face au général Blücher, ce qui permit aux Français de s’emparer de Leipzig quelques jours plus tard.

Le maréchal Blücher.

Lors de l’affrontement, les Français perdirent 18 000 hommes ; par ailleurs, les coalisés ne furent pas poursuivis (ces derniers se replièrent alors vers la rive droite de l’Elbe.).

 

            3° La bataille de Bauzen (20 et 21 mai 1813) – A la fin du mois de mai, Napoléon arriva près de Bautzen, où s’étaient réfugiées les troupes russo-prussiennes. Ces dernières s’étaient installées sur la rive droite de la rivière Sprée, bien décidées à en découdre avec l’ennemi.

L’objectif des coalisés, alors en infériorité numérique (100 000 Prussiens et Russes contre 180 000 Français.), était d’attaquer avec l’armée de réserve là où l’offensive ennemie serait la moins intense.

 

Une première journée de combat permit aux Français de s’emparer de Bautzen, mais les coalisés tenaient toujours bon à la tombée de la nuit.

 

Le lendemain, Napoléon décida de lancer une nouvelle offensive. Les Français devraient attaquer la droite de l’ennemi afin de faire diversion, pendant ce temps, le maréchal Ney attaquerait l’ennemi à revers. Le centre de l’armée des coalisés, trop bien défendu, ne serait attaqué qu’à partir du moment où l’ennemi comprendrait qu’il avait été contourné.

Michel Ney, sous lieutenant au 4° hussards en 1792, château de Versailles, Versailles.

 

Les Français lancèrent donc une offensive à droite, contraignant le tsar Alexandre I° à y envoyer près de 5 000 hommes en renforts. Au même moment, Ney parvint à contourner l’ennemi, mais le maréchal français attaqua avec une extrême prudence. Les coalisés, comprenant qu’ils avaient été contournés, décidèrent alors de reculer, se retirant en bon ordre. La bataille de Bautzen fut une nouvelle victoire française, mais ne permit pas à Napoléon d’écraser l’ennemi en raison de l’erreur tactique de Ney (par ailleurs, il n’y eut pas de poursuite, les Français manquant de chevaux depuis la campagne de Russie.).

Combat du 5° régiment de chasseurs à cheval, par Maximilien Joseph de Schauenburg, vers 1814, musée des Invalides, Paris.

 

Suite à cet affrontement, le maréchal Davout s’empara d’Hambourg, ouvrant la route vers la Pologne ; les coalisés évacuèrent Glogau ; et la Grande armée atteignit l’Oder.

Louis Nicolas Davout, maréchal de France, par ALLART, 1834, musée des Invalides, Paris.

Napoléon et les coalisés signèrent alors le 4 juin 1813 l’armistice de Pleiswitz, pour une durée de sept semaines. Si l’Empereur des Français profita de cette trêve pour renforcer son armée, les coalisés, au contraire, employèrent cette dernière pour convaincre l’Autriche de prendre par à cette coalition.

Cet accord reste toutefois considéré comme une erreur par certains historiens, ces derniers jugeant que Napoléon aurait pu l’emporter s’il avait poursuivi l’offensive.

 

            4° L’Autriche adhère à la sixième coalition, les batailles de Gross Beeren et de Katzbach (août 1813) – L’armistice, signé en juin 1813, arriva à son terme courant août. A cette date, l’Autriche décida de rejoindre les rangs des coalisés, grandissant ainsi les forces de la sixième coalition.

Les alliés décidèrent alors de mettre en place une nouvelle stratégie, consistant à s’attaquer aux maréchaux de Napoléon, ces derniers n’ayant pas toujours le génie tactique de l’Empereur des Français lui-même. Ainsi, chaque victoire de Napoléon serait compensée par la défaite d’un de ses maréchaux.

 

Ainsi, à la fin août 1813, le roi de Suède Charles XIV (C'est-à-dire l’ancien maréchal Bernadotte.) fut le premier à mettre en œuvre cette nouvelle stratégie, remportant la bataille de Gross Beeren face au maréchal Nicolas Charles Oudinot.

Nicolas Charles Oudinot, lieutenant colonel au 3° bataillon de la Meuse en 1792, par MONVOISIN, château de Versailles, Versailles.

Les combats se déroulèrent sous une pluie torrentielle qui handicapa les mouvements des deux armées. Toutefois, les Français furent contraints de reculer, abandonnant 4 500 hommes sur le terrain (3 000 tués ou blessés, et 1 500 prisonniers.).

Cette défaite coupa aux Français la route de Berlin (capitale de la Prusse.).

 

Quelques jours plus tard, le général Blücher rencontra en Silésie (province prussienne prise à l’Autriche au XVIII° siècle.) les troupes françaises du maréchal Mac Donald (les deux belligérants n’avaient pas prévu cet affrontement, une violente tempête sévissant alors.).

Etienne Jacques Joseph Mac Donald, aide de camp du général de Beurnonville en 1792, par RIOULT, château de Versailles, Versailles.

Au commencement de la bataille de Katzbach, les troupes russo-prussiennes n’avaient qu’un léger avantage numérique (110 000 hommes contre 100 000 Français.).

Mac Donald décida alors de lancer une importante offensive sur le flanc droit ennemi, afin de contraindre Blücher à se retirer. Toutefois, le maréchal français décida de dégarnir le centre de l’armée afin de soutenir son offensive. Blücher profita donc de cette occasion pour lancer une contre offensive sur le centre français, parvenant à faire reculer l’ennemi.

Au final, la bataille de Katzbach coûta la vie à 15 000 soldats de la Grande armée, alors les Russo-prussiens n’en perdirent que 4 000.

 

            5° La bataille de Dresde (août 1813) – A la mi-août 1813, Napoléon avait confié la défense de Dresde, capitale de la Saxe et important dépôt militaire, au maréchal Laurent Gouvion[3].

Laurent Gouvion, capitaine au 1er bataillon de chasseurs de Paris en 1792, par ROUGET, château de Versailles, Versailles.

Ce dernier, à la tête de 20 000 hommes, fut alors menacé par l’armée des coalisés (comptant près de 200 000 hommes.), commandée par le feld-maréchal autrichien Charles Philippe de Schwarzenberg[4].

 

Napoléon, à la tête de 130 000 hommes, attaqua dès le lendemain (27 août 1712.), parvenant à enfoncer l’aile droit de l’ennemie. Schwarzenberg décida alors de sonner la retraite, et Napoléon, bien que souffrant, fit poursuivre l’ennemi.

La bataille de Dresde, vers 1813, Deutsches historisches museum, Berlin.

 

A noter que l’ancien général Jean Victor Marie Moreau, héros de la Révolution française, trouva la mort lors de l’affrontement sous l’uniforme russe.

La mort du général Moreau, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

Ce dernier, banni en 1804 pour avoir participé à un complot contre Napoléon, s’était alors installé aux Etats Unis. Apprenant la défaite de l’Empereur des Français lors de la campagne de Russie, Moreau était revenu sur le vieux continent afin d’offrir ses services au tsar Alexandre I°[5].

 

            6° Les batailles de Kulm et de Dennewitz effacent la victoire de Dresde (août à septembre 1813) – Suite à la bataille de Dresde, le général Dominique Joseph René Vandamme fut chargé par Napoléon de poursuivre l’armée des coalisés.

Ce dernier, à la tête de 30 000 hommes, trop confiant, subit toutefois une contre-attaque ennemie à la bataille de Kulm (30 août 1813.).

Le général russe Michel Barclay de Tolly, à la tête de 55 000 hommes, parvint alors à repousser les Français au prix de lourdes pertes.

A l’issue de l’affrontement, les Français avaient perdu près de 15 000 hommes (5 000 tués et 10 000 prisonniers.) ; les coalisés, quant à eux, déploraient la perte de 10 000 hommes.

 

En septembre 1813, Napoléon donna l’ordre aux maréchaux Ney et Oudinot de lancer une nouvelle marche en direction de Berlin. Rencontrant l’armée des coalisés, les Français parvinrent à s’emparer de Dennewitz, prenant alors l’avantage.

Toutefois, Charles XIV de Suède (l’ancien maréchal Bernadotte.) arriva en fin d’après midi sur le champ de bataille, parvenant à repousser les Français.

Ney décida alors de sonner la retraite, ayant perdu 10 000 hommes (sur 60 000.) lors de la bataille de Dennewitz.

 

La Bavière, comprenant que les hommes de Napoléon ne parviendraient pas à prendre Berlin, décida alors de se retirer du conflit (12 octobre 1813.).

 

            7° La bataille de Leipzig, la « bataille des Nations » (octobre 1813) – Napoléon, début septembre 1813, décida de quitter Dresde afin d’affronter les troupes de Blücher. Mais ce dernier préféra reculer, conformément aux instructions.

 

Dans un premier temps, l’Empereur des Français retourna à Dresde, dépité. Par la suite, il décida de marcher vers l’Ouest, s’établissant à Leipzig le 14 octobre 1813.

Les coalisés, à la tête de 300 000 hommes, ne tardèrent pas à en découdre avec la Grande armée, qui se trouvait alors en infériorité numérique (moins de 200 000 soldats.).

 

Dans un premier temps (16 octobre.), les coalisés s’attaquèrent aux villages se trouvant à proximité de Leipzig, afin de pouvoir y installer leur artillerie. Ainsi, les Autrichiens chassèrent les Polonais du village de Dölitz ; les maréchaux Charles Pierre François Augereau et Jozef Antoni Poniatowski furent chassés de Markkleeberg par les coalisés.

Charles Pierre François Augereau, maréchal de France, par Jeanne BIBRON, 1834, musée des Invalides, Paris.

Toutefois, les troupes russo-prussiennes ne parvinrent pas à s’emparer du village de Wachau ; par ailleurs, elles furent chassées de Liebertwolkwitz suite à une charge du maréchal Murat. Au nord, les Français parvinrent à conserver les villages de Groß-Wiederitzsch et de Klein-Wiederitzsch, malgré une importante offensive ennemie.

 

Le lendemain, les coalisés reçurent d’importants renforts, renforçant ainsi leur avantage numérique sur les Français (le général Blücher fut alors nommé feld-maréchal par le roi de Prusse Frédéric Guillaume III.).

Vase à l'effigie de Frédéric Guillaume III, XIX° siècle, château de Charlottenburg, Berlin.

Les Russes attaquèrent alors les Polonais qui gardaient le village de Gohlis, et parvinrent à prendre d’assaut cette position en raison de leur supériorité numérique.

Dans la soirée, Napoléon reçut 15 000 hommes en renforts ; les coalisés, quant à eux, accueillirent avec bienveillance l’arrivée de Charles XIV de Suède (Bernadotte.) et ses 150 000 hommes.

La bataille de Leipzig, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

 

Au petit matin du 18 octobre, les coalisés s’emparèrent des villages de Wachau et de Lößnig. Les Français parvinrent toutefois à contenir l’offensive ennemie, mais au prix d’importantes pertes.

Napoléon, voyant ses troupes reculer peu à peu vers Leipzig, décida alors de sonner la retraite. Toutefois, alors que les Français traversaient le pont sur la rivière Elster, ce dernier fut détruit par des soldats du Génie, effrayés par la proximité de l’ennemi[6]. Ainsi, près d’un tiers de l’armée française, resté sur l’autre rive, fut contraint de traverser à la nage au risque de se noyer, ou bien être fait prisonnier par l’ennemi.

A noter que les Saxons, les Hessois et les Wurtembergeois, suite à l’affrontement, décidèrent de mettre un terme à l’alliance française et rejoignirent les rangs des coalisés.

François I° d'Autriche, Alexandre I° de Russie et Frédéric Guillaume III de Prusse à la bataille de Leipzig, par Peter KRAFFT, 1839, Deutsches historisches museum, Berlin.

 

A l’issue de la bataille de Leipzig, surnommée « bataille des nations » par la postérité en raison des multiples nationalités s’y étant affronté, les coalisés perdirent 55 000 hommes (tués ou blessés.). Napoléon, quant à lui, avait subi ici une de ses pires défaites, perdant 70 000 soldats (40 000 tués ou blessés, et 30 000 prisonniers.).

A noter que le maréchal Poniatowski mourut au cours de cet affrontement, qui resta la plus grande bataille européenne jusqu’à la première guerre mondiale.

Buste du maréchal Jozef Antoni Poniatowski, par GAUNOIS, château de Versailles, Versailles.

 

            8° La bataille de Hanau, dernier affrontement de la campagne d’Allemagne (octobre 1813) – Napoléon, suite au revers subi à Leipzig, décida de rentrer en France. Toutefois, les Bavarois, qui avaient décidé de rejoindre les rangs de la sixième coalition, décidèrent de couper la retraite de la Grande armée.

 

Napoléon parvint à remporter la bataille de Hanau (30 octobre 1813.), mais environ 10 000 retardataires de l’armée française furent capturés par les coalisés suite à l’affrontement.

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[1] La Confédération du Rhin avait remplacé le Saint Empire romain germanique, dissous par Napoléon en 1806.

[2] A noter que Bernadotte avait épousé Désirée Clary, ancienne maîtresse de Napoléon, en août 1798.

[3] Ce dernier avait été nommé maréchal par Napoléon lors de la campagne de Russie, en 1812. A noter en outre qu’il fut fait marquis de Gouvion Saint Cyr par Louis XVIII lors de la Restauration.

[4] Ce dernier avait participé à la campagne de Russie aux côtés de Napoléon en 1812.

[5] Pour en savoir plus sur le complot auquel participa le général Moreau, voir le 2, section I, chapitre deuxième, l’épopée napoléonienne.

[6] Certaines sources affirment que le pont sauta à cause d’un obus ennemi.

 
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