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L'épopée napoléonienne (1799 - 1815)

 

CHAPITRE PREMIER : Le consulat, dernière institution de la première république (1799 à 1804)

 

I : Les suites du coup d’Etat de brumaire

           

            1° La jeunesse de Napoléon Bonaparte (1769 à 1789) – Napoléon Bonaparte naquit à Ajaccio, en Corse, le 15 août 1769[1]. Fils de Charles Bonaparte et Letizia Ramolino, le nouveau né était le second fils du couple (quatrième si l’on compte Napoléon et Marie Anne, décédés en bas âge, respectivement en août 1765 et janvier 1768.).

Charles Bonaparte et Letizia Ramolino, la maison natale de Napoléon, illustration issue de l'ouvrage The boy life of Napoleon, par Eugenie FOA, 1895.

Après les naissances de Joseph (né en janvier 1768.) et de Napoléon, le couple eut encore dix enfants[2], dont seulement six survécurent : Lucien (né en mai 1775.), Elisa (née en janvier 1777.), Louis (né en septembre 1778.), Pauline (née en octobre 1780.), Caroline (née en mars 1782.) et Jérôme (né en novembre 1784.).

 

a) L’enfance de Napoléon (1769 à 1776) : la famille Buonaparte[3], originaire de Toscane, appartenait à la petite noblesse de l’île[4]. Quelques mois avant la naissance de Napoléon, Charles avait décidé de rejoindre la cause de Pascal Paoli, chef des partisans de l’indépendance corse. En effet, l’île avait été cédée par Gênes à la France en mai 1768[5], ce qui ne plaisait guère aux indépendantistes.

Toutefois, Paoli fut vaincu par les Français, et Charles Buonaparte, pardonné, rentra à Ajaccio avec son épouse. Par la suite, Charles décida de se rapprocher des autorités françaises.

 

Napoléon, bien qu’officiellement né sur une île française, apprit l’italien lors de sa scolarité, mais s’exprimait en dialecte corse. Les récits sur l’enfance de Napoléon, en majorité apocryphes, relatent souvent des événements imaginaires, destinés à embellir la gloire du futur Empereur des Français.

 

b) Une adolescence difficile (1776 à 1786) : en 1776, Charles Bonaparte (il francisa son nom à partir de cette date.) fit une demande de bourse d’études pour ses fils. Napoléon fut alors admis à l’école royale militaire de Brienne, et Joseph au collège d’Autun. Toutefois, les deux frères restèrent à Autun pendant trois mois, Napoléon devant impérativement apprendre le français avant d’arriver à Brienne.

 

Finalement, Napoléon fut intégré à l’école royale militaire en mai 1779. L’enfant, alors âgé de dix ans, fut rapidement sujet de moquerie, en raison de ses origines modestes et de son accent italien.

Napoléon a l'école militaire de Brienne, illustration issue de l'ouvrage The boy life of Napoleon, par Eugenie FOA, 1895.

Isolé (son père ne lui rendait jamais visite.) et lassé par l’hostilité de ses camarades, Napoléon afficha au fil des années un fort nationalisme, partisan de l’indépendance de la Corse.

Napoléon écrivant à sa mère, illustration issue de l'ouvrage The boy life of Napoleon, par Eugenie FOA, 1895.

 

Malgré tout, Napoléon était travailleur, obtenant de bonnes notes en calcul mais restant faible en lettres. Toutefois, ce dernier lisait considérablement, passionné par l’Histoire et la géographie. Les discours et écrits de Napoléon nous révèlent en effet qu’il était un homme très cultivé.

 

En raison de ses aptitudes, le jeune homme fut reconnu apte à entrer à l’école militaire de Paris, en compagnie de quatre de ses camarades. Alors âgé de quinze ans, Napoléon arriva dans la capitale en octobre 1784.

Apprenant la mort de son père, décédé à Montpellier en février 1785, Napoléon reçu son brevet de lieutenant en second courant septembre. En octobre, le jeune homme rejoignit le régiment d’artillerie de la Fère, alors en garnison à Valence.

 

En septembre 1786, à l’occasion d’un congé, Napoléon rentra en Corse, île sur laquelle il n’avait pas mis le pied depuis l’âge de dix ans. Visitant sa mère, il fit alors la connaissance des nouveaux membres de la fratrie, Pauline, Caroline et Jérôme, nés alors que Napoléon se trouvait sur le continent.

 

c) Napoléon lors de la Révolution française (1789 à 1799) : toujours officier du régiment de La Fère, Napoléon ne tarda guère à prendre part à la Révolution française. Bien que n’appréciant guère les agitateurs qui profitaient des émeutes pour arriver à leurs fins, Napoléon aimait encore moins la monarchie et la noblesse.

 

Rentrant en Corse en fin d’année 1789, Napoléon n’était plus un fervent partisan de l’indépendance. Toutefois, ce dernier jugeait indispensable le développement des idées de la révolution sur l’île.

Napoléon âgé de 22 ans, illustration issue de l'ouvrage The boy life of Napoleon, par Eugenie FOA, 1895.

En juillet 1790, Napoléon rencontra Pascal Paoli, récemment rentré en Corse. Cependant, l’entrevue ne se déroula pas comme prévu. En effet, Napoléon fut déçu par son interlocuteur, au teint pâle et appesanti par l’embonpoint, qui ressemblait plus à un Anglais qu’à un Corse ; Paoli, quant à lui, n’appréciait guère Napoléon, officier de l’armée française et fils d’un « collaborateur. »

Pascal Paoli.

 

Par la suite, Napoléon décida de rentrer en France, accompagné par son frère Louis. Assistant à la prise des Tuileries en août 1792, il fut particulièrement déçu par le comportement de Louis XVI, souverain bien trop débonnaire à son goût.

Le peuple entrant au château des Tuileries, le 20 juin 1792, par par Pierre Gabriel BERTHAULT, musée Carnavalet, Paris.

 

Rentrant en Corse en fin d’année 1792, Napoléon participa à l’expédition de Sardaigne, qui fut finalement un échec. Napoléon, suspectant d’avoir été trahi par les paolistes, favorables à l’Angleterre, décida alors de s’attaquer à son ancien héros. Quant à Paoli, accusé de vouloir céder la Corse aux Anglais, il ne tarda guère à riposter.

Le jeune Napoléon Bonaparte, château de Versailles, Versailles.

Suite à quelques escarmouches, les Bonaparte furent chassés de l’île. Contraints de se réfugier sur le continent, ils débarquèrent à Toulon le 13 juin 1793. A cette date, la cité était la proie d'une violente guerre civile, opposant l'armée républicaine et les insurgés fédéralistes.

Napoléon, envoyé à Avignon par sa hiérarchie, y écrivit le Souper de Beaucaire, un pamphlet dans lequel il exprimait ses idées et son aversion pour les Girondins fédéralistes. Plus tard, au cours du mois d'août, le jeune officier reçut l'ordre de se rendre à Toulon, cité assiégée par le général Jacques François Dugommier.

Le général Jacques François Dugommier, par Georges ROUGET, 1835, musée des Invalides, Paris.

Grâce à ses connaissances en artillerie, Napoléon contribua grandement à la prise de la cité, qui ouvrit ses portes le 19 décembre 1793. Quelques jours plus tard, Bonaparte était nommé général, à l'âge de 24 ans.

 

            2° La Révolution française en quelques lignes (1789 à 1799) – Comme nous l’avons vu au cours du chapitre précédent, la France de 1799 avait connu dix années d’instabilité politique.

Après une courte tentative de monarchie parlementaire (1790 à 1792.), le pays était tombé entre les mains de jacobins, qui mirent en place la Terreur. Ce mouvement, qui coûta la vie à près de 15 000 personnes, s’acheva toutefois en juillet 1794, suite à l’exécution de Maximilien de Robespierre.

Le Directoire[6], inauguré en 1795, ne parvint toutefois pas à sortir le pays de la crise, attaqué aussi bien par les royalistes, qui voulaient mettre un terme à la Révolution ; que par les jacobins, qui souhaitaient la poursuivre (à noter que ces derniers, arrivés en tête des élections de juin 1799, étaient désormais majoritaires dans les assemblées.).

 

L’abbé Emmanuel Joseph Sieyès[7], un des cinq directeurs, souhaitait se débarrasser aussi bien des royalistes que des républicains. Ce dernier se rapprocha alors de Napoléon, qui, devenu général, s’était rendu célèbre grâce à ses victoires en Italie[8] et en Egypte[9].

Emmanuel Joseph Sieyès, début du XIX° siècle, salle du jeu de paume, Versailles.

 

Le 9 novembre 1799 (18 brumaire an VIII.), les députés du Conseil des Cinq-Cents et du Conseil des Anciens furent contraints de transférer les assemblées à Saint Cloud afin de faire face à une « menace anarchiste » (l’objectif des conjurés était de priver les députés du soutien des Parisiens.).

 

Le lendemain, les députés de rendirent à Saint Cloud. Bonaparte rendit alors visite au Conseil des Anciens, plus favorable au coup d’Etat. Ce dernier y reçut un accueil glacial, décidant par la suite de se rendre au Conseil des Cinq-Cents. Les députés jacobins, farouchement hostiles à Bonaparte, l’empêchèrent alors de parler. Une bagarre éclata, et le général fut alors entraîné vers la sortie par ses grenadiers.

Bonaparte au Conseil des Cinq-Cents, par Isidore Stanislas HELMAN, musée Carnavalet, Paris.

A peine fut il sorti que les Cinq-Cents déclarèrent Bonaparte hors la loi. En apprenant la nouvelle, le général ordonna à ses hommes de faire évacuer la salle. Par la suite, Bonaparte et Sieyès se rapprochèrent des députés du Conseil des Anciens, afin de trouver une issue au conflit.

Il fut finalement décidé d’abolir le Directoire ; par ailleurs, une commission consulaire, composée de Bonaparte, Sieyès et Pierre Roger Ducos[10], recevrait le pouvoir directorial ; enfin, une commission serait chargée de réviser la constitution.

 

Les trois consuls prêtèrent alors serment face au Conseil des Anciens et au Conseil des Cinq-Cents (qui avaient été reconstitué par quelques députés favorables au général.), jurant de défendre la nation, la liberté, l’égalité et la république. Bonaparte déclara alors : citoyens, la Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée, elle est finie.

Bonaparte premier consul, par François GERARD, XIX° siècle, château de Chantilly, Chantilly.

 

            3° La Constitution de l’An VIII (fin 1799) – Suite au coup d’Etat de brumaire, une nouvelle constitution fut écrite. L’objectif, comme le voulait Sieyès, était de renforcer le pouvoir exécutif afin de mettre un terme aux débordements qui avaient eut lieu lors de la Révolution (la confiance doit venir d’en bas et le pouvoir d’en haut, comme l’affirmait Sieyès.).

La constitution de l’an VIII fut rédigée par Pierre Daunou, républicain modéré, qui avait écrit le texte ayant donné naissance au Directoire.

 

Cette nouvelle constitution marquait une rupture vis-à-vis des précédents textes. En effet, les droits de l’homme n’étaient plus mentionnés, pas plus que les libertés individuelles (par contre, le droit de propriété était garanti.).

A l’instar du Directoire, trois consuls se partageraient le pouvoir ; toutefois, Bonaparte avait l’ascendant sur ses confrères (son nom était inscrit dans le texte, chose particulièrement rare étant donné qu’une constitution est censée être durable.).

Les consuls s’appuyaient sur le Conseil d’Etat, chargé de préparer les lois et de les présenter devant les assemblées[11].

 

Le Conseil des Anciens et le Conseil des Cinq-Cents étaient dissous, afin d’être remplacés par de nouvelles assemblées : le Tribunat, composé de cent membres, discutait des projets de loi sans les voter ; le Conseil législatif, composé de 300 membres, votait les lois sans les discuter. Enfin, le Sénat conservateur, composé de 80 membres (60 nommés par Bonaparte et 20 choisis par les assemblées.), avait comme objectif de maintenir la constitution de l’an VIII (en cassant les décrets jugés anticonstitutionnels[12].). Par la suite, le Sénat conservateur fut chargé de rédigea les textes législatif, les senatus consulte.

A noter toutefois que si le Tribunat était renouvelé d’un cinquième chaque année, les membres du Sénat étaient inamovibles.

 

Le suffrage universel masculin était conservé, toutefois, les députés n’étaient pas directement élus par le peuple. Les électeurs de chaque canton élisaient 1/10ème d’entre eux afin de constituer la liste d’arrondissement, ce qui permettait de choisir les fonctionnaires de l’arrondissement. Ces derniers élisaient encore 1/10ème d’entre eux afin de constituer la liste départementale, permettant de choisir les fonctionnaires du département. Ces derniers choisissaient alors 1/10ème d’entre eux afin de constituer la liste nationale, permettant de choisir les fonctionnaires nationaux ainsi que les membres du Tribunat et du Conseil législatif.

 

La nouvelle constitution fut alors soumise au référendum : sur plus de 3 millions de votants, il n’y eut que 1 562 « non » (il y eut toutefois 4 millions d’abstentions.).  

 

            4° La mise en place du consulat (janvier 1800) – Le Consulat fut officiellement inauguré en janvier 1800 (nivôse an VIII.). Bonaparte restait premier consul, alors que Sieyès et Ducos (respectivement nommés président et vice président du Sénat conservateur.) laissaient leurs places à Jean Jacques Régis de Cambacérès et Charles François Lebrun.

Jean Jacques Régis de Cambacérès, par ROLAND, XIX° siècle, château de Versailles, Versailles.

Les nouveaux venus, s’ils restaient hostiles aux jacobins, avaient des sensibilités politiques différentes. Le premier, député modéré de la Convention[13], avait participé au procès de Louis XVI (il l’avait reconnu coupable mais était favorable à une peine de prison à vie.) ; le second, au contraire, était partisan d’une monarchie parlementaire.

 

A noter que les listes n’ayant pas été élaborées, les députés furent choisis par le Sénat. Les sénateurs privilégièrent alors d’anciens révolutionnaires, aussi bien afin de pénaliser les royalistes que de mettre en place une opposition à Bonaparte.

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[1] Cette date est toutefois sujette à controverse. En effet, Napoléon aurait, selon certains historiens, arrangé sa date de naissance afin de « naître » à une époque où la Corse était française (l’île fut en effet cédée par Gênes à la France le 15 mai 1768.).

[2] Ce chiffre est lui aussi sujet à controverse.

[3] Le nom de famille ‘Buonaparte’ fut plus tard francisé en Bonaparte.

[4] Les Bonaparte ne vivaient toutefois pas dans le luxe, bien qu’appartenant à l’aristocratie.

[5] Louis XV et ses ministres décidèrent d’acheter la Corse à Gênes, car l’’île, alors quasiment indépendante, pouvait être un refuge pour la marine anglaise. Pour en savoir plus à ce sujet, voir le 3, section VII, chapitre quatrième, les Bourbons.

[6] Le Directoire fut surnommé ainsi car il était composé de cinq directeurs, chacun prenant le pouvoir à tour de rôle. Ces derniers étaient toutefois soumis aux assemblées : le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des Anciens.

[7] A noter que Sieyès avait participé aux Etats Généraux de 1789, siégeant sur les bancs du tiers état.

[8] Pour en savoir plus sur la première campagne d’Italie, voir le 4, section IV, chapitre quatrième, la Révolution française.

[9] Pour en savoir plus sur la campagne d’Egypte, voir le 6, section IV, chapitre quatrième, la Révolution française.

[10] Il s’agissait d’un des cinq directeurs.

[11] Le Conseil d’Etat existe encore aujourd’hui.

[12] Le Sénat conservateur était en quelque sorte l’ancêtre du Conseil constitutionnel.

[13] Pour en savoir plus sur la Convention, cliquez ici.

 
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