1° Les premiers mois à Sainte
Hélène (1815) – L’Empereur déchu, qui s’était rendu à l’Angleterre,
arriva à Sainte Hélène en octobre 1815. Il fut alors installé sur le plateau
de Longwood, en compagnie de quelques fidèles : les généraux
Henri Gatien Bertrand,
Charles Tristan, marquis de Montholon,
et Gaspard Gourgaud
; Emmanuel Augustin Dieudonné Joseph, comte de Las Cases ;
Louis Joseph Narcisse Marchand, valet de chambre ; le mamelouk
Ali ;
et Jean Baptiste Cipriani, ami d’enfance de Napoléon.
Les généraux Bertrand, Montholon et Gourgaud (en haut.) ; Las Cases et Marchand (en bas.).
Le
bâtiment dans lequel vivaient les Français se trouvait en plein centre de
l’île, à près de 600 mètres d’altitude. La température était tempérée, mais
le climat était humide et il pleuvait souvent. Par ailleurs, la demeure de
Napoléon n’avait rien d’un palais. En réalité, il s’agissait d’une ancienne
ferme bâtie en toute hâte et sans fondations.
Longwood house, dernière résidence de Napoléon.
Le
geôlier de l’Empereur déchu, Hudson Lowe, craignait que son
prisonnier ne s’évade de Sainte Hélène comme il s’était échappé de l’île
d’Elbe. Prenant son poste en avril 1816, le nouveau gouverneur de l’île
refusa de s’adresser à l’Empereur Napoléon mais bien au général
Bonaparte. Hudson Lowe causa beaucoup de tracasseries à son prisonnier
(surveillance accrue, censure du courrier, liberté de mouvement réduite,
espionnage, etc.).
Hudson Lowe.
Napoléon, pendant les premières années de sa captivité, resta un homme très
actif, dictant ses mémoires au comte de Las Cases, ou comptant ses récits de
campagnes aux généraux. Le captif de Sainte Hélène refit maintes et maintes
fois la bataille de Waterloo, tentant de comprendre les raisons de son échec
final.
Napoléon à Sainte Hélène.
2° Un captif isolé (1816 à 1819) – Toutefois, les proches
de Napoléon ne tardèrent pas à souffrir du climat et de cette vie en huis
clos. Las Cases fut le premier, dès 1816, à quitter Sainte Hélène. Son
manuscrit, confisqué par Hudson Lowe, ne lui fut rendu qu’après la mort de
Napoléon.
En
mars 1818, ce fut au tour du général Gourgaud de quitter l’île, jaloux de
Montholon, qui « prêtait » complaisamment sa femme Albine à
l’Empereur déchu.
Albine de Montholon.
Quelques mois plus tard, en juillet de la même année, ce fut au tour du
médecin de Napoléon, l’Irlandais Barry Edward O’Meara, de quitter
Sainte Hélène sur ordre d’Hudson Lowe.
Cipriani mourut (peut être empoisonné ?) en février 1819 ; Albine de
Montholon partit en juin de la même année
(accompagnée de sa fille Napoléone, peut être fruit de son union avec
l’Empereur déchu ?).
La salle à manger de Longwood house.
3° La mort de Napoléon (1820 à 1821) – A partir de 1819,
la santé de Napoléon ne cessa de décliner, ce dernier étant resté sans
médecin. Début 1820, il n’arriva plus à monter à cheval, et son estomac
commença à le faire souffrir. Ne cessant de s’affaiblir au fil des mois,
Napoléon fut contraint de s’aliter en avril 1821. Dans les derniers jours de
sa vie, l’exilé de Sainte Hélène dicta son testament à Montholon, ne cessant
de penser à son fils : J’ai sauvé la Révolution qui périssait, je l’ai
lavée de ses crimes, je l’ai montré resplendissante de gloire, j’ai implanté
en France et en Europe de nouvelles idées […]. Que mon fils fasse éclore
tout ce que j’ai semé.
La mort de Napoléon.
Napoléon, atteint d’un cancer de l’estomac (son père, Charles Bonaparte,
était mort à cause des même symptômes.), expira finalement le 5 mai 1821, à
17h49.
Moulage du masque mortuaire de Napoléon, musée de l'Infanterie, Montpellier.
Char funèbre de Napoléon, utilisé à Sainte-Hélène le 9 mai 1821,
musée du château de Malmaison, Rueil-Malmaison.
Ile de Sainte Hélène - le
tombeau de Napoléon, gravure publiée dans Le journal illustré,
1867.
4° Napoléon, entre légende dorée et légende noire – La
nouvelle du décès de Napoléon ne tarda guère à se répandre dans toute
l’Europe. En 1823, Las Cases publia le Mémorial de Sainte Hélène, qui
contribua à l’envol de la légende napoléonienne.
Le
mouvement littéraire du Romantisme ne tarda guère à faire de Napoléon
un héros national, rappelant à tous les exploits qu’avait accompli le
défunt. Dans un contexte économique difficile, et vivant dans un pays aux
frontières amputées depuis 1815, de nombreux Français se souvinrent avec
regret des grands moments de l’époque impériale.
Alors que de nombreuses lithographies étaient diffusées, nombreux furent
ceux qui oublièrent le despote, se remémorant l’homme qui avait prit Vienne,
Berlin, Madrid et Moscou.
Le
corps de Napoléon, enterré sur l’île de Sainte Hélène, fut finalement
rapatrié à Paris en 1840. Il fut alors installé aux Invalides, où l’on peut
encore l’y trouver aujourd’hui.
Le retour des cendres.
Tombeau de Napoléon, dôme des Invalides, Paris.
Depuis le XIX° siècle, le destin de Napoléon n’en finit pas de fasciner et
d’exciter les esprits : Empereur à 35 ans, maître de l’Europe à 43 ans, mort
en exil à 52 ans. Ainsi, l’on estime qu’il fut statistiquement publié un
livre par jour parlant de Napoléon depuis le jour de son décès.
Aujourd’hui encore, Napoléon reste l’homme le plus connu au monde après
Jésus Christ…
Napoléon assis sur un aigle dominant le monde (projet
d'un monument non réalisé pour le centenaire de la naissance de
l'Empereur.), par Louis Léon CUGNOT, 1869, musée d'Orsay, Paris.
|