CHAPITRE PREMIER :
La haute époque
archaïque (XXX° - VIII° siècles avant Jésus Christ)
III: La période mycénienne (XV° - XII° siècles
avant Jésus Christ)
1° Les invasions en Grèce – Comme nous venons de le voir au cours des
deux sections précédentes, les civilisations égéennes et minoennes furent
submergées, dans le courant du II° millénaire, par des envahisseurs
indo-européens en provenance du Danube : les Achéens.
Ces derniers furent les premiers à envahir la
Grèce, s’installant principalement dans le Péloponnèse. Après 1600, les
historiens ont coutume de les nommer les Mycéniens (la ville de Mycènes
étant leur principale cité.). C’est à cette époque que commence l’histoire
de la Grèce antique.
Par la suite, d’autres peuples vinrent
s’installer en Grèce : tout d’abord les Ioniens, qui colonisèrent la Grèce
centrale (l’île d’Eubée, l’Attique et l’Asie mineure.) ; puis vinrent les
Thessaliens et les Éoliens, qui occupèrent des territoires plus au nord,
comme la Thessalie, la Béotie et la Troade.
Les cités de l'époque mycénienne.
Les Achéens quant à eux, continuèrent leur
politique d’expansion, entre le XV° et le XIII° siècle avant Jésus Christ :
à l’est, ils s’installèrent en Sicile et dans le sud de l’Italie ; à l’ouest
ils se répandirent en Crète, à Chypre, en Cilicie et en Syrie.
2° La civilisation mycénienne –
Après leur arrivée en Grèce, au cours du II° millénaire avant Jésus
Christ, les Achéens s’établirent dans le Péloponnèse, fondant de nombreuses
cités : en Argolide, Mycènes, Argos, Tirynthe ; en Attique, Pylos (dans le
site de la future Athènes.) ; en Béotie, Thèbes ; en Thessalie, Iolcos.
Ruines de la cité de Mycènes.
Civilisés, les Achéens connaissaient la
métallurgie, l’élevage et l’agriculture. En outre, en envahissant la Crète,
ils utilisèrent les connaissances de habitants de l’île (architecture,
céramique, écriture, science de la navigation, etc.).
Au XV° siècle avant Jésus Christ, les Achéens
dominaient le monde grec, s’implantant en de nombreuses zones de la
Méditerranée.
3° Les palais mycéniens –
Mycènes, comme nous l’avons dit précédemment, était la plus importante cité
des Achéens.
Organisée autour du palais royal, la ville
était entourée d’imposantes murailles, hautes de six mètres de hauteur (des
centaines d’années après la disparition des Achéens, il ne subsistait plus
d’eux que ces fortification gigantesques. Les Grecs leurs donnèrent alors le
nom de murs cyclopéens, pensant que seuls des Cyclopes auraient pu
bâtir une telle chose.).
Plan de la ville de Mycènes, British Museum, Londres.
Reconstitution de la ville de Mycènes.
Les palais mycéniens suivaient cependant un
plan bien plus simple que ceux de Crète : une fois l’entrée franchie (les
propylées.), l’on atteignait une cour intérieure qui donnait sur un
vestibule. Ce dernier débouchait alors sur le mégaron, la pièce
centrale du palais, d’une superficie de 400 m2, au centre de
laquelle se trouvait un foyer. Autour du mégaron, l’on pouvait trouver de
nombreuses pièces, bien plus petites (chambres, magasins, salles de bains,
sanctuaires, etc.).
Plan du palais de Nestor à Pylos.
A : mégaron; B : vestibule; C : porche; D, M, R : cours; E : propylées; F :
porche à colonnes; G : offices; H, J, K : magasins; K : salle de bains; L :
mégaron de la reine; N : boudoir; P : toilettes; Q : salle des archives.
Les traces écrites concernant cette période
étant extrêmement lacunaires, les historiens durent se référer aux tombes de
l’époque pour en savoir plus sur les Achéens. Au XVI° siècle avant notre
ère, ces dernières étaient encore des fosses, dans lesquelles l’on déposait
un important mobilier funéraire (masques, armes, bijoux, etc.). Ces tombes
témoignent de la richesse des aristocrates achéens de cette époque. On XV°
siècle avant Jésus Christ, les sépultures évoluèrent : les Achéens
construisirent à cette époque, sans doute influencés par les Crétois, des
tholos[1]
de grandes dimensions (10 mètres de hauteur sur dix mètres de diamètre.).
4° La société mycénienne –
Les Mycéniens furent de grands bâtisseurs, mais ils n’en restaient pas moins
des guerriers (contrairement aux Crétois.). L’on ne connaît que peu
l’organisation politique des Achéens, mais le peu de sources que l’histoire
nous a laissé (surtout concernant Mycènes, Pylos et Cnossos.) nous permet de
faire quelques hypothèses : Le roi de la cité, le wanax, avait un
rôle militaire, juridique et religieux. Il était secondé par le Iawagetas,
le chef de l’armée. Le roi était entouré par les telestai, les
propriétaires fonciers, ainsi que par les equetai, les guerriers. Le
royaume était divisé en districts, dirigés par un koreter et un
prokoreter (gouverneur et sous gouverneur.). Au niveau inférieur, le
damokoros s’occupait des communes, tout comme le basileus[2]
(bien que le rôle de ce dernier ne nous soit pas bien connu.).
A l’extérieur du palais, l’on retrouvait le
peuple, le démos. Ces Achéens occupaient divers métiers : paysans,
commerçants ou artisans. Au plus bas de l’échelle sociale se trouvaient les
doulos, les esclaves.
L’agriculture était la même que celle des
Egéens : l’on cultivait des céréales, des oliviers, des vignes ; l’élevage
ovin surpassait largement l’élevage bovin ou porcin.
Les commerçants exportaient sans doute de
l’huile et du textile, en direction de la mer Egée, de l’Egypte, de la
Sicile et de l’Asie mineure (nous savons qu’il y eut des échanges entre ces
régions car l’on y a retrouvé des tablettes d’argiles datant de l’époque
mycénienne.).
L’artisanat était organisé autour du palais.
Les tablettes que l’on a retrouvées nous montrent une division du travail
très complexe (dans le sens où une même personne pouvait avoir plusieurs
activités.). Les artisanats comme le textile, le bronze, la parfumerie, la
poterie étaient florissants.
5° La guerre de Troie a elle eu
lieu ? – Comme nous l’avons vu précédemment[3],
c’est au cours du XIII° siècle avant Jésus Christ qu’aurait eut lieu la
légendaire guerre de Troie : en effet, les archéologues ont trouvé dans
Troie VIIa des jarres cachées, remplies de nourriture, comme si la ville
devait soutenir un siège. Ce dont nous sommes sûrs, c’est qu’à cette
période, un incendie ravagea la ville (fut il déclenché par d’hostiles
Achéens ou bien s’est il déclenché par inadvertance ?), et par la suite,
cette dernière fut désertée pendant près de quatre siècle.
A partir de la, toutes les suppositions sont
permises. La plus probable serait que les dirigeants de Troie (nommée alors
Ilion, d’où le titre de l’œuvre d’Homère, l’Iliade.)
demandaient un droit de péage à ceux qui voulaient emprunter les détroits,
et que les Achéens auraient lancé un raid sur Troie pour mettre fin à ce
système.
5° La fin de la civilisation
mycénienne – Vers l’an 1200 avant Jésus Christ, la civilisation
mycénienne connut une grave crise, qui provoqua sa disparition.
En effet, apparut à cette époque une dernière
vague d’envahisseurs indo-européens : les Doriens. Ces derniers
envahirent la Grèce, ainsi que les Cyclades et l’Asie mineure, dévastant
tout sur leur passage.
S’ouvrit alors une nouvelle période, considérée
comme le ‘Moyen âge’ de la Grèce antique : les âges obscurs.
[1]
Les tholos étaient des tombes collectives circulaires d’origine
crétoise.
[2]
A noter que les rois grecs de la période classique se nommaient
basileus, comme si au fil des siècles, seul cette charge était
parvenue à survivre.
[3]
Voir le 2, section I, chapitre premier, histoire de la Grèce.