1° Le plébiscite (fin décembre
1851) – Conformément à ce qu’il avait annoncé, Louis Napoléon Bonaparte
décida d’organiser un plébiscite le 21 décembre 1851, invitant le peuple à
ratifier la prise de pouvoir du prince-président.
De
nombreux Français, considérant qu’il valait mieux un coup d’Etat organisé
par Bonaparte plutôt que par les monarchistes ou les révolutionnaires, se
prononcèrent en faveur du gouvernement.
Ainsi, pour environ 7 439 2160 « oui », seuls 646 737 « non » furent
comptabilisés (à noter qu’il y eut 1 500 000 d’abstentions.).
2° La constitution de 1852 (janvier 1852) – Suite au
plébiscite, une nouvelle constitution fut adoptée le 24 janvier 1852,
reconnaissant les acquis de 1789 mais rejetant la monarchie censitaire et
l’ancien régime.
Louis Napoléon, homme fort du régime, recevait un mandat présidentiel de dix
ans, ainsi que des pouvoirs sensiblement accrus.
Le
prince-président cumulait les charges de chef des armées, chef du
gouvernement, et responsable de la diplomatie française. En outre, ce
dernier recevait le pouvoir législatif, ayant l’initiative des lois, et
disposant du droit de veto
En
face du président de la république, l’on retrouvait non plus une mais deux
assemblées, le Corps législatif et le Sénat, faisant
respectivement office de chambre basse (260 députés élus pour six ans au
suffrage universel direct.) et de chambre haute (environ une centaine de
membres nommés à vie par Bonaparte.).
Les deux assemblées ne disposaient que de pouvoirs réduits, le Sénat pouvait
publier des senatus consulte, afin de modifier les institutions ou
vérifier la constitutionnalité des lois.
A
noter enfin que le chef de l’Etat avait le pouvoir de dissoudre le Corps
législatif, assemblée potentiellement plus dangereuse que le Sénat (qui
était constituée de favoris de Bonaparte.).
Le
prince-président, soucieux d’être à la tête d’un régime approuvé par le
peuple, modifia la loi restreignant le droit de vote, réduisant de trois ans
à six mois l’obligation de résidence.
Toutefois, les militaires et marins furent inscrits d’office dans leur
commune (ces derniers étant toujours en déplacement, ils ne pouvaient
pratiquement pas voter.) ; en outre, la suppression du droit de vote pour
crime politique fut conservée.
En
outre, les bureaux de vote furent pour la première fois installés dans
chaque commune, et non plus au chef lieu de canton, facilitant l’accès aux
urnes pour de nombreux votants.
3° Vers l’Empire (janvier à décembre 1852) – Les
changements induits par la constitution de 1852 n’étaient pas sans rappeler
les institutions du premier Empire.
a)
Un président impérial : ainsi, Louis Napoléon Bonaparte, bien que
toujours président de la république, commença à prendre les habitudes d’un
monarque, s’installant aux Tuileries (1er janvier 1852.),
rétablissant les aigles impériaux sur les drapeaux, rebaptisant code
Napoléon le code civil (ce qui était son appellation initiale.),
et rétablissant la fête de la Saint-Napoléon le 15 août
(16 février 1852.).
b)
Une série de réformes afin de conforter le nouveau régime : le 9
janvier 1852, 70 députés furent bannis ; 18 autres (dont Thiers et
Changarnier.) furent momentanément éloignés de la capitale.
Puis, le 11 janvier, la Garde nationale fut dissoute (elle ne fut pas
officiellement abolie afin d’éviter un scandale, mais dans les faits elle ne
réapparut qu’en 1870.).
Le
17 février, un décret réorganisa les droits de la presse. Ainsi, une
autorisation préalable était exigée à la fondation d’un journal, ainsi qu’en
cas de changement de directeur, gérant ou de rédacteur en chef.
Plus tard, le 29 février 1852 eurent lieu les élections législatives, qui
furent un succès pour les candidats du gouvernement (les opposants au
régime, alors que la répression battait son plein en province, n’avait pu
faire campagne.).
Toutefois, si une majorité des députés étaient de d’obédience bonapartiste,
l’on retrouvait une trentaine de légitimistes, une dizaine d’orléanistes et
quelques républicains.
c)
La proclamation de l’Empire : à partir du mois de septembre, le
prince-président organisa un nouveau tour de France, à la différence cette
fois ci que Bonaparte visita en priorité les départements qui avaient connu
des troubles suite au coup d’Etat de décembre 1851.
En
passage à Bordeaux courant octobre, le prince-président s’adressa aux
nombreux participants, inquiets d’un probable rétablissement de l’Empire,
annonciateur selon eux de son cortège de guerres. Bonaparte prononça alors
le discours suivant : […] Certaines personnes se disent : l'Empire, c'est
la guerre. Moi je dis : l'Empire, c'est la paix. C'est la paix, car la
France le désire, et lorsque la France est satisfaite, le monde est
tranquille. […] Cependant, j'ai, comme l'Empereur, bien des conquêtes à
faire. […] Nous avons d'immenses territoires incultes à défricher, des
routes à ouvrir, des ports à creuser, des rivières à rendre navigables, des
canaux à terminer, notre réseau de chemin de fer à compléter. Nous avons, en
face de Marseille, un vaste royaume à assimiler à la France. Nous avons tous
nos grands ports de l'ouest à rapprocher du continent américain par la
rapidité de ces communications qui nous manquent encore. Nous avons partout
enfin des ruines à relever, de faux dieux à abattre, des vérités à faire
triompher. Voilà comment je comprendrais l'empire, si l'empire doit se
rétablir. Telles sont les conquêtes que je médite, et vous tous qui
m'entourez, qui voulez, comme moi, le bien de notre patrie, vous êtes mes
soldats.
Suite à son retour à Paris le 17 octobre, Bonaparte convoqua le Sénat le 4
novembre 1852, afin d’examiner une possibilité de changement dans la forme
du gouvernement.
Finalement, en date du 7 novembre, les sénateurs offrirent au
prince-président le titre d’Empereur.
Cette décision fut ratifiée par un plébiscite, organisé le 21 novembre. La
naissance du second Empire était ainsi approuvée par 7 800 000 « oui »
contre 280 000 « non. »
Fut alors
organisée aux Tuileries une grande réception en l’honneur du
prince-président, devenu officiellement Napoléon III, Empereur des
Français, à compter du 2 décembre 1852, date commémorative du coup d’Etat,
d’Austerlitz et du sacre de Napoléon I°.
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