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Les mensonges de l'Histoire

 


Henry Ford, patron modèle

Henry Ford, patron de la Ford Motor Company, est resté dans toutes les mémoires comme l'inventeur de la Ford T, qui eut un succès retentissant (dans les années 1910, 9 voitures sur 10 étaient des Ford), et du fordisme, procédé de division du travail dérivé du taylorisme[1] (l'objectif était de diviser au maximum les différentes étapes de la fabrication d'une voiture, afin d'augmenter la productivité[2]). Cependant, cet entrepreneur était-il aussi respectable que ce qu'on pourrait croire ?

 

Ford naquit à Dearborn, dans le Michigan, en juillet 1863. Partant travailler à Détroit à l'âge de seize ans, il intégra la Edison Illuminating Company[3] à compter de 1891, en tant qu'ingénieur mécanicien. Quelques années plus tard, en 1896, le jeune homme parvint à concevoir une petite voiture à essence, la Ford Quadricycle. Puis, en 1903, Ford donna naissance à la Ford Motor Company.

Devenu président de son entreprise en 1906, Ford conçut la Ford T en 1908. Ce modèle, comme nous l'avons indiqué plus tôt, remporta un important succès, grâce à un coût minime (500 $ en 1914, soit environ quatre mois de salaire) et une rapidité de fabrication (environ 93 minutes en 1913). Pendant vingt ans, de 1908 à 1927, plus de 16 millions de Ford T sortirent des usines, un chiffre considérable pour l'époque[4].

 

Toutefois, Ford  ne fut sans doute pas le patron modèle que l'on s'imagine. En effet, le krach de 1929 provoqua une importante crise aux Etats-Unis, qui ne tarda pas à se répercuter en Europe. A cette date, alors que de nombreuses entreprises firent faillite, la Ford Motor Company, implantée sur six continents, ne fut guère touchée par la crise.

Toutefois, comme les conditions de travail des ouvriers n'évoluait guère (le salaire journalier avait peu évolué : 5 $ en 1908, 6 $ en 1919, et 7 $ en 1927), les syndicats (alors interdits au sein de l'entreprise) se firent plus véhéments. Henry Ford, hostile aux communistes, embaucha 2 à 3 000 hommes de main à Détroit (parmi lesquels l'on retrouvait de nombreux repris de justice), donnant naissance au Service Departement, chargé d'interdire l'entrée des usines aux syndicalistes.

Ford tint bon pendant plusieurs années, refusant toute négociation avec les communistes ; mais en 1937, suite à une manifestation syndicale violemment réprimée par le Service Departement, l'entreprise, décrédibilisée dans l'opinion publique, fut contrainte de parlementer avec les syndicats. C'est ainsi qu'un accord fut signé en juin 1941 entre la Ford Motor Company et l'United Auto Workers[5].

 

A noter par ailleurs qu'Henry Ford  était aussi un antisémite notoire. En 1918, il acheta un petit hebdomadaire de Detroit, le Dearborn Independant, dans lequel il publia de nombreux articles hostiles aux juifs. Ce journal, qui à son apogée était tiré à 700 000 exemplaires, fut diffusé jusqu'en Allemagne, où Adolf Hitler[6], féru d'automobiles, mit en pratique les enseignements du fordisme afin de donner naissance à la Kdf Wagen (abréviation de Kraft durch freude, ou « la force par la joie ») en 1938, désignée sous le nom de Coccinelle en France.

En Allemagne, le contenu des articles antisémites de Ford, publiés dans le Dearborn Independant, furent réunis au sein d'un même ouvrage, Le Juif international, le principal problème mondial (quatre tomes furent publiés entre 1920 et 1922). A noter par ailleurs qu'à la même époque Ford fit publier le Protocole des Sages de Sion à 500 000 exemplaires (l'ouvrage, qui contenait les supposés comptes-rendus d'une vingtaine de réunions secrètes, organisées par des juifs, était cependant un faux grossier[7]).

Toutefois, le Dearborn Independant fut mis en accusation par une ligue de défense des juifs, et cessa de paraitre en décembre 1927. Lors du procès, les avocats d'Henry Ford expliquèrent que ce dernier n'était pas au courant du contenu du journal, et que même les articles signés de son nom n'avaient pas été écrits de sa main. Toutefois, Ford ne cacha jamais son antisémitisme dans la sphère privée.

 

Enfin, il convient de préciser que les rapport entre Henry Ford et l'Allemagne nazie dépassèrent de loin le simple échange épistolaire. Hitler, grand admirateur de l'Américain, s'inspira de plusieurs articles du Juif international pour rédiger Mein Kampf, publié en 1925.

Quant à Ford, qui envoyait à Hitler la somme annuelle de 50 000 reichsmark à l'occasion de son anniversaire, il était l'un des principaux bailleurs de fonds du Troisième Reich. Ainsi, il reçut en 1938 la Grand-Croix de l'Aigle allemand, c'est-à-dire la plus haute décoration nazie réservée aux étrangers.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Henry Ford parvint à jouer sur les deux tableaux, grâce à ses usines implantées aux Etats-Unis et en Europe. C'est ainsi que la Ford Motor Company produisit, via sa filiale allemande, Fordwerke, des véhicules militaires pour la Wehchmacht[8]. Ainsi, en 1940, Ford refusa de construire des avions pour l'Angleterre, préférant équiper la Luftwaffe (à noter qu'en 1942, lorsque les alliés bombardèrent l'usine Ford de Poissy, en France occupée, le régime de Vichy fut contraint de dédommager Ford).

 

Ford, qui avait été contraint de revenir à la tête de la Ford Motor Company en 1943, suite à la mort de son aîné, Edsel Ford, présentait toutefois des signes de faiblesse. En effet, ce dernier avait eu plusieurs accidents cardiovasculaires, et n'avait plus toutes ses capacités. Ainsi, en septembre 1945, Ford laissa la direction de l'entreprise à son petit-fils, Henry Ford II. Il mourut deux années plus tard, à l'âge de 83 ans.

La Ford Motors Company fait partie de ces entreprises américaines qui ont joué sur les deux tableaux, collaboré avec l'Allemagne nazie, et n'ont jamais été inquiétées par le gouvernement américain. Ainsi, outre Ford, l'on pourrait citer General Motors (qui continua à fabriquer des véhicules pour le Troisième Reich pendant la guerre) ; IBM (ou International Business Machines Corporation, qui vendit à l'Allemagne nazie des machines permettant de faciliter le recensement de la population) ; ITT (International Telephone & Telegraph, qui produisit du matériel électronique à destination de la Wehrmacht) ; la Standard Oil (qui révéla à son partenaire allemand IG Farben les secrets de fabrication du plomb tétraéthyle et du caoutchouc synthétique) ; etc.        

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[1] Frederick Winslow Taylor, ingénieur américain né en mars 1856, donna naissance à cette théorie à la fin du XIX° siècle.

[2] A noter que l'apparition du travail à la chaîne entraîna un important turnover, car le travail était monotone et extrêmement répétitif. A noter que Ford tenta de pallier à cet inconvénient en augmentant le salaire des ouvriers, qui passa de 2 à 5 $ par jour.

[3] Cette entreprise avait été fondée par Thomas Edison, dont nous avons parlé dans un précédent article.

[4] A noter que le record de modèles vendus revient à la Coccinelle de l'entreprise allemande Wolkswagen, qui produisit plus de vingt millions de véhicules de ce type entre 1938 et 2003 (la Ford T arrive toutefois en seconde position).

[5] L'UAW (de son vrai nom United Automobile, Aerospace & Agricultural Implement Workers of America International Union), syndicat automobile, avait été fondé en 1935.

[6] Hitler, président du parti nazi, avait été nommé chancelier du Reich par le président Paul von Hidenburg en janvier 1933. Au mois de mars, bien que ne disposant pas de la majorité absolue à l'assemblée, il demanda aux députés de voter en faveur de la loi allemande des pleins pouvoirs, première étape vers la dictature nazie. Pour en savoir plus à ce sujet, voir le d), 10, section II, chapitre cinquième, La troisième république.

[7] En effet, le Protocole des Sages de Sion avait été fabriqué au début du siècle par l'Okhrana, la police secrète du tsar de Russie. Nous avons évoqué cette question dans un précédent article.

[8] C'est ainsi que fut baptisée l'armée allemande à compter de 1945 (Wehrmacht signifiant « force de défense » en français). A noter que la Wehrmacht était composée de trois éléments : la Heer(armée de terre), la Luftwaffe (armée de l’air) et la Kriegsmarine (marine militaire).

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