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Les mensonges de l'Histoire

 


Adolphe Thiers fut le premier président de la république française

Aujourd'hui encore, Adolphe Thiers est souvent considéré comme le premier président de la république française dans l'inconscient populaire. Cependant, s'il ne fait aucune doute qu'il occupa  cette charge, à compter d'août 1871, fut-il vraiment le premier à s'installer dans le fauteuil présidentiel ?

 

L'histoire de la République remonte à la Révolution française. Peu de temps après la bataille de Valmy, que vous avons évoquée dans un précédent article, les députés réunis à Paris proclamèrent l'abolition de la monarchie, ainsi que la création de la première république, le 21 septembre 1792. Dès lors, il fut décrété que les documents administratifs devraient être datés de l’an I, donnant naissance au calendrier républicain[1]. 

A noter qu'en juin 1793, les députés votèrent la constitution de l'an I, texte très libertaire (l'insurrection était considérée comme un droit, l'esclave était interdit, etc.), qui devait être adopté par référendum (au suffrage universel masculin). A noter qu'il n'existait pas de charge de président de la république, le pouvoir exécutif devait être détenu par un conseil de 24 membres (élus au suffrage direct universel parmi les députés), mais impuissant devant l'Assemblée (pas de veto, pas de droit de dissolution, etc.).

Néanmoins, en raison de la guerre qui faisait rage contre l'Autriche, les députés déclarèrent que la constitution de l'an I ne pourrait être appliquée qu'en temps de paix.

 

En fin d'année 1799, suite au coup d'Etat du 18 brumaire[2], organisé par Napoléon Bonaparte, la constitution de l'an VIII fut rapidement rédigée. Ce texte, bien moins libertaire que le précédent, ne mentionnait ni les droits de l’homme, ni les libertés individuelles. Par contre, le droit de propriété était garanti.

Séance du Corps législatif à Saint Cloud, le 19 brumaire an VIII, par Isidore Stanislas HELMAN, musée Carnavalet, Paris.

Le pouvoir était détenu par trois consuls, qui devaient faire face à trois assemblées : le Tribunat, qui discutait les lois sans les voter ; le Conseil législatif, qui votait les lois sans les discuter ; et le Sénat conservateur, qui avait comme objectif de maintenir la constitution de l’an VIII. Par ailleurs, le suffrage universel masculin était conservé.

Le Consulat entra en vigueur en janvier 1800, et Napoléon, nommé premier consul, fut secondé dans sa tâche par Jean Jacques Régis de Cambacérès et Charles François Lebrun.

En 1802, Napoléon fit adopter la constitution de l'an X, qui contribua à accroitre les pouvoirs du premier consul (mandat à vie, droit de grâce, signature des traités) et ceux du Sénat, au détriment du Tribunat et du Corps législatif. Puis, deux années plus tard, en 1804, Napoléon fit adopter la constitution de l'an XII, qui accordait au premier consul la dignité impériale.

 

Dix ans après, suite à la défaite de Napoléon contre les puissances européennes coalisées, Louis XVIII (il s'agissait du frère cadet de Louis XVI) fut placé sur le trône, donnant naissance à la première restauration. Ce souverain, qui comprenait que la France de son époque n'était plus celle de 1789, promulgua donc la Charte de 1814, texte de compromis reconnaissant les acquis de la Révolution et de l’Empire.

Entrée de Louis XVIII à Paris, le 3 mai 1814, par Pierre Nicolas LEGRAND, musée Carnavalet, Paris.

Ainsi, plusieurs droits et libertés étaient reconnus (droit individuels, droit de propriété, liberté de la presse, liberté d’expression, liberté religieuse, etc.) ; par ailleurs, la noblesse de l'ancien régime était rétablie dans ses titres, la noblesse d’Empire conservant les siens. Par ailleurs, si Louis XVIII détenait le pouvoir exécutif, il devait être secondé par deux assemblées législatives : la Chambre des Pairs (élue à vie) et la Chambre des députés des départements (élue au suffrage censitaire[3]).

A la mort de Louis XVIII, en septembre 1824, ce fut le frère cadet du défunt, Charles X, qui monta sur le trône. Mais ce dernier, qui avait passé la moitié de sa vie à l'étranger, était bien moins ouvert d'esprit, réclamant un retour à la monarchie absolue. Cette intransigeance lui porta préjudice, car il fut contraint de démissionner à l'été 1830, en raison des troubles engendrés par la révolution de Juillet.

Combat de la porte Saint Denis, le 28 juillet 1830, par Hippolyte LECOMTE, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.

Suite au départ de Charles X, le pouvoir fut confié à Louis Philippe d'Orléans[4], qui donna naissance à la monarchie de Juillet. Ce dernier, imitant Louis XVIII, promulgua la Charte de 1830, qui prévoyait l'abolition de la censure, l'adoption du drapeau tricolore, l'initiative des lois partagées entre le roi et l'Assemblée, et conservant un système législatif bicaméral (c'est à dire composé de deux assemblées).

Louis Philippe prêtant serment en présence des chambres de maintenir la charte de 1830, 9 août 1830, château de Versailles, Versailles.

 

Cependant, si Louis Philippe faisait figure de roi libéral, tentant de concilier acquis de la Révolution, prestige de l'Empire et idéaux de la royauté, au sein d'une monarchie constitutionnelle, il fut malgré tout contraint de faire face à plusieurs insurrections populaires tout au long de son règne. La révolution de 1848, se déroulant dans un contexte de crise économique, contraignit Louis Philippe à abdiquer, le 24 février.

Incendie du château d'eau, place du Palais Royal, le 24 février 1848, par Eugène HAGNAUER, musée Carnavalet, Paris.

Toutefois, alors que le souverain déchu pensait organiser une régence, dans l'attente de la majorité de son petit fils[5], les insurgés envahirent le palais Bourbon, siège de l'Assemblée, soucieux de ne pas commettre la même erreur qu'en 1830.

Ces derniers décidèrent alors de nommer un gouvernement provisoire, qui fut constitué à la hâte. Le poète Alphonse de Lamartine, un des chefs de file de l'insurrection, invita ses camarades à proclamer la seconde république, annonçant que le peuple serait appelé prochainement à ratifier la nomination de ce gouvernement provisoire.

Lamartine repoussant le drapeau rouge, à l'Hôtel de ville, le 25 février 1848, par Félix PHILIPPOTEAUX, XIX° siècle, musée CARNAVALET, Paris.

Suite à ce coup d'Etat, le paysage politique se retrouva divisé entre républicains de la veille, minoritaires, mais qui avaient participé à l'insurrection ; et républicains du lendemain, issus de différentes tendances (anciens ministres de Louis Philippe, tels qu'Adolphe Thiers[6], orléanistes, légitimistes[7], etc.). Les monarchies européennes, craignant une « rechute » révolutionnaire, n'intervinrent toutefois pas, à l'époque où le mouvement du printemps des peuples provoqua d'important remous dans toute l'Europe.  

En France, le gouvernement provisoire annonça une série de réformes : rétablissement du suffrage universel masculin (qui avait remplacé par un suffrage censitaire sous Louis XVIII) ; abolition des titres de noblesse, diminution de la durée du travail (abaissée de 11 à 10 heures par jour dans la capitale) ; liberté de la presse ; etc.

Cependant, malgré l'adoption de ces mesures, la crise sévissait toujours. Ainsi, Louis Antoine Pagès (dit Garnier-Pagès.), ministre des Finances, annonça une hausse des impôts, l'établissement d'une taxe sur les portes et fenêtres (touchant les propriétaires), et la restauration de la patente[8].

Ces réformes, très impopulaires, furent sanctionnées lors des élections législatives d'avril 1848. Ainsi, sur 880 députés, l'on comptait une majorité de modérés ; le parti de l'ordre, regroupant monarchistes et conservateurs, comptait 300 sièges ; les républicains de la veille, quant à eux, n'étaient plus qu'une centaine. A noter que Louis Napoléon Bonaparte[9], leader du mouvement bonapartiste, fut élu député grâce à ses élections, cependant, il préféra rester en Angleterre[10].

Le mécontentement populaire se traduisit par une nouvelle insurrection, en juin 1848, qui fut matée dans le sang par le général Eugène Cavaignac. Cette répression contribua à ternir considérablement l'image de la jeune république, qui n'avait pas hésité à tirer sur le peuple. La général Cavaignac, quant à lui, faisant désormais fonction d'homme fort du régime, reçut le pouvoir exécutif suite à l'insurrection, et en l'espace de quelques semaines, tous les acquis de février 1848 furent abolis.

Combats autour du Panthéon, le 24 juin 1848, par Nicolas Edward GABE, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris (à gauche) ; Le général Louis Eugène Cavaignac, par Jean Baptiste Adolphe LAFOSSE, XIX° siècle, musée des Invalides, Paris (à droite).

En septembre 1848, des élections législatives complémentaires entraînèrent une nouvelle fois l'élection de Louis Napoléon Bonaparte, qui cette fois décida de siéger. Par ailleurs, ce dernier décida de se présenter aux élections présidentielles de décembre 1848. Ce dernier faisait face, entre autres, au général Cavaignac et à Alphonse de Lamartine. Cependant, alors que ces deux derniers n’étaient guère appréciés depuis la répression féroce des émeutes, Louis Napoléon partait avec l’avantage de porter un nom particulièrement célèbre et resté –en bien ou en mal- dans toutes les mémoires.

Le scrutin présidentiel se déroula comme prévu le 10 décembre 1848, et consacra la large victoire de Louis Napoléon Bonaparte, élu avec 74,2 % des suffrages. Le général Cavaignac, arrivé second, recueillait quant à lui environ 20 % des voix, les autres candidats ne dépassant pas la barre des 5 %.

Allégorie de la fraternité entourée des partisans du suffrage universel, vers 1848, musée Carnavalet, Paris (au premier plan, devant le drapeau tricolore, l'on reconnait Adolphe Thiers ; en haut, Louis Napoléon, accoudé à la statue ; à droite, contre l'arbre, le général Cavaignac).

 

Bien qu'élu président avec une large majorité, Louis Napoléon se retrouva rapidement confronté à une assemblée lui étant hostile. En effet, la constitution de novembre 1848 confirmait l'existence d'un pouvoir législatif monocaméral. L’assemblée, qui ne pouvait pas être dissoute par le président de la république, bénéficiait d'une grande autonomie : elle pouvait se réunir à son bon vouloir, pouvait voter des lois à son initiative, mais aussi déclarer la guerre et négocier les traités.  

Le président de la république, quant à lui, était élu pour quatre ans. Toutefois, contrairement aux députés qui étaient rééligibles immédiatement (à l'issue d'un mandat de trois ans), le président ne pouvait se représenter à la fin de son mandat.

Souhaitant pouvoir se représenter lors des élections de 1852, Louis Napoléon décida de se rapprocher des membres du parti de l'ordre, dont il ne partageait pas les idées. En avril 1851, l'assemblée vota une révision constitutionnelle, prévoyant l'augmentation de la durée du mandat présidentiel à dix ans, mais une partie des conservateurs, menés par Adolphe Thiers, se rapprochèrent de l'extrême-gauche afin de faire échouer le projet.

Louis Napoléon, faisant face à Thiers, qui voulait faire adopter un décret permettant au président de l’assemblée de prendre le contrôle de l’armée, décida alors de préparer un coup d'Etat à compter de l'été 1851. La date de l'évènement fut fixée au 2 décembre, jour du sacre de Napoléon I°.

Dans un premier temps, le coup d'Etat du 2 décembre se déroula dans de bonnes conditions, le peuple y étant favorable, et les députés les plus hostiles à Louis Napoléon étant rapidement arrêtés. Quelques barricades furent toutefois érigées dans la journée du 3 décembre, mais le mouvement insurrectionnel, peu soutenu par rapport à 1830 ou 1848, fut rapidement maté.

A la fin décembre 1851, le coup d'Etat fut ratifié par plébiscite ; puis, une nouvelle constitution fut adoptée, en janvier 1852. Cette dernière reconnaissait les acquis de la Révolution et de l'Empire, rejetait le suffrage censitaire, et accordait à Louis Napoléon un mandat de dix ans. Ce dernier, homme fort du régime, cumulait les charges de chef des armées, chef du gouvernement, et responsable de la diplomatie française. En outre, Louis Napoléon recevait le pouvoir législatif, ayant l’initiative des lois, et disposant du droit de veto. En face du président de la république, l’on retrouvait non plus une mais deux assemblées, le Corps législatif et le Sénat.

Finalement, en novembre 1852, Louis Napoléon décida d'instaurer le Second Empire, décision qui fut ratifiée par plébiscite à la fin du mois.

 

Pendant les vingt années de règne de Napoléon III, le régime impérial, autoritaire dans un premier temps, se libéralisa au fil des années. Les élections législatives, organisées tous les six ans, consacrèrent à chaque fois la victoire des bonapartistes, mais leur autorité s'éroda au fil du temps. Thiers, leader des orléanistes, fut élu député lors des élections législatives de 1857, 1863 et 1869.

Proclamation des votes à l'Hôtel de ville, gravure publiée dans Le journal illustré, 1869 (à gauche) ; Adolphe Thiers, gravure publiée dans Le journal illustré, 1869 (à droite).

A l'été 1870, la France déclara la guerre à la Prusse, mais l'affrontement se solda rapidement sur un échec. Au début du mois de septembre 1870, l'annonce de la capture de Napoléon III fit grand bruit dans la capitale. Le 4, une émeute à laquelle participèrent plusieurs députés proclama la destitution de l'Empereur et l'adoption de la troisième république. Les députés décidèrent alors de constituer le gouvernement de la défense nationale, présidé par le général Louis Jules Trochu. Thiers, quant à lui, fut chargé de trouver des appuis à l'étranger, mais en vain.  

L'annonce de l'abolition du régime impérial devant le palais du Corps législatif, le 4 septembre 1870, par Jules DIDIER et Jacques GUIAUD, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.

Rappelons qu'à cette date,  la guerre contre la Prusse battait son plein, les troupes françaises accumulant les revers. Les républicains radicaux souhaitaient poursuivre le combat, alors que les conservateurs étaient partisans d'un armistice. Paris, assiégée dès la fin septembre 1870, commença à être bombardée en janvier 1871. A cette date, Trochu annonça sa démission, et le député Jules Favre, qui avait participé à la journée du 4 septembre, fut contraint de négocier un armistice avec la Prusse. Le chancelier Otto von Bismarck, en position de force, imposa de rudes conditions à son interlocuteur : le gouvernement provisoire devait procéder à des élections législatives afin d’élire une assemblée chargée d’entériner le traité de paix ; Paris devait payer une indemnité de 200 millions de francs (qui fut plus tard augmentée à cinq milliards) ; les soldats dans la capitale devaient être désarmés ; l’armée prussienne devait entrer dans Paris ; et enfin, la France devait abandonner l’Alsace et une partie de la Lorraine.  

Comme prévu dans les conditions de l’armistice, les élections législatives se déroulèrent en février 1871 dans des conditions déplorables. La campagne, particulièrement courte, se fit alors que plus d’une quarantaine de départements, occupés par les forces prussiennes, ne pouvaient pas voter, à l’instar des quelques 500 000 soldats français retenus prisonniers en Prusse. La nouvelle assemblée était largement dominée par les partisans de la paix, issus aussi bien des bancs de la droite (400 monarchistes, de tendance légitimiste et orléaniste.) que de la gauche (150 républicains modérés). L’on trouvait aussi quelques députés favorables à la poursuite de la guerre (une cinquantaine de républicains d’extrême-gauche, ainsi que trente bonapartistes).

Les députés, réunis pour la première fois à Bordeaux le 8 février 1871 (ils s'installèrent dès mars à Versailles), confièrent à Adolphe Thiers la charge de constituer un nouveau ministère, le gouvernement de l’Assemblée nationale.

Mais à Paris, l'annonce de l'armistice fit scandale, et une insurrection éclata dans la capitale en mars 1871. Les insurgés, refusant de se séparer de leurs armes, comme le prévoyait l'armistice, formèrent alors la Commune de Paris, prenant possession de l'Hôtel de ville. Les insurgés, nostalgiques de la Révolution française, adoptèrent une série de mesures libérales, au cours du printemps 1871 : adoption de la laïcité, séparation de l’Eglise et de l’Etat, gratuité de l’enseignement, etc.[11]

Entretemps, Thiers, qui avait abandonné la ville aux insurgés, fourbissait ses armes, bénéficiant du soutien de l'assemblée mais aussi de la Prusse. L'armée des Versaillais, composée de 100 000 hommes, partit à l'assaut de la capitale au début du mois d'avril 1871.

La répression de la Commune, particulièrement sanglante, fit près de 30 000 victimes en l'espace d'une semaine (soit deux fois plus de victimes que pendant la Terreur de l'été 1793) ; en outre, de nombreux bâtiments furent gravement endommagés (les Tuileries, l'Hôtel de ville, le Palais d’Orsay, le palais de la Légion d’honneur, etc.).[12] 

La tour Saint Jacques reprise par les troupes versaillaises, mai 1871, par Gustave BOULANGER, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

Thiers, nouvel homme fort du régime, imposa une série de lois conservatrices, restreignant la liberté de la presse, établissant un couvre feu dans la capitale, et augmentant les taxes sur certaines denrées (tabac, sucre, alcool, voitures, etc.). 

A l'été 1871, les députés royalistes contactèrent Thiers, dans l'hypothèse d'un rétablissement de la monarchie. Comme ce dernier n'y était pas hostile, les conservateurs se rapprochèrent alors d'Henri d’Artois, comte de Chambord, petit fils de Charles X. Cependant, ce dernier étant aussi intransigeant que son aïeul, il annonça son intention d'abandonner le drapeau tricolore, ce qui fit scandale à l'assemblée.

Ce projet de restauration monarchique ayant échoué, les députés accordèrent à Thiers le titre de président de la république française le 31 août 1871[13]. Cependant, comme le chef du pouvoir exécutif se prononça finalement en faveur de la république, il subit rapidement les foudres des monarchistes : en mars 1873, la loi Broglie restreignit considérablement sa liberté de parole[14] ; et le 24 mai, suite à une interpellation à son encontre au sein de l'assemblée, Thiers présenta sa démission. Dans la soirée, les députés procédèrent à l'élection du général Patrice de Mac Mahon[15].

 

Au final, si Adolphe Thiers fut incontestablement le premier président de la III° république, il convient de préciser qu'il fut d'abord élu chef du pouvoir exécutif, en février 1871, avant avant d'être finalement nommé président de la république en août. A noter par ailleurs qu'il fut élu non au suffrage universel masculin, mais au suffrage indirect, par une assemblée n'étant guère représentative du peuple français (comme nous l'avons vu plus tôt, une quarantaine de départements ne participèrent pas aux élections législatives).

Quant à la première république, proclamée en septembre 1792 et officialisée l'année suivante lors du vote de la constitution de l'an I, non seulement elle ne fut jamais appliquée ; en outre, elle ne prévoyait pas la création d'une charge présidentielle.

Ainsi, Louis Napoléon Bonaparte, élu au suffrage universel masculin en décembre 1848, peut être considéré comme le véritable premier président de la république.

La raison de cet oubli est principalement due à l'hostilité du personnel politique de la III° république, qui à compter de la fin du XIX° siècle entreprit de dénigrer le règne de Napoléon III, ce dernier étant considéré comme coupable de la « traîtrise du 2 décembre 1852. » Ce souverain, souffrant en outre de l'hostilité de Victor Hugo, qui parvint à diffuser largement l'image de Napoléon le Petit dans l'inconscient populaire, est donc encore aujourd'hui considéré comme un personnage falot et débonnaire. C'est pourtant sous le règne de Napoléon III que Paris fut transformée par le préfet Georges Eugène Haussmann, que la France sortit de son isolement politique, se lança dans une politique de conquête coloniale, et connut une importante période de croissance économique.

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[1] Ce dernier comptait douze mois de trente jours (les semaines duraient dix jours), auxquels étaient rajoutés cinq à six jours en fin d’année (ces journées furent nommées les sans-culottides). A noter enfin que les jours ne portaient pas le nom d’un saint, comme c’est le cas dans le calendrier grégorien, mais d’une plante, d’un objet ou d’un animal. A noter par ailleurs que chaque journée devait être divisée en 10 heures au lieu de 24, comptant 100 minutes de 100 secondes chacune (cependant, ce nouveau système horaire, vivement critiqué, ne fut jamais réellement appliqué).

[2] Nous avons vu dans Les mensonges de l'Histoire, mon premier ouvrage, publié aux éditions l'Harmattan, que le coup d'Etat du 18 brumaire ne s'était pas déroulé le 18, mais... le 19 !

[3] Le cens, impôt payé par les plus fortunés, restreignait l'accès au droit de vote à la bourgeoisie.

[4] Louis Philippe descendait de Philippe d'Orléans, frère cadet de Louis XIV.

[5] Ferdinand Philippe, le fils du roi, était décédé dans un accident en 1842. Ce dernier ne laissait derrière lui qu'un fils, Philippe, né en 1838.

[6] Thiers, né en avril 1797, occupait la fonction de journaliste lors de la révolution de Juillet. Ayant publié une proclamation appelant Louis Philippe au pouvoir, Thiers fut nommé ministre à plusieurs reprises, et obtint par trois fois la charge de chef du gouvernement (1836, 1840 et 1848).

[7] Les légitimistes, partisans de la dynastie des Bourbon, étaient hostiles à Louis Philippe, considéré comme un traître (son père, surnommé Philippe égalité, avait voté en faveur de la mort de Louis XVI lors de son procès).

[8] La patente, impôt crée lors de la Révolution française, est en quelque sorte l’ancêtre de la taxe professionnelle.

[9] Né en 1808, Louis Napoléon Bonaparte était le fils de Louis Bonaparte, frère cadet de Napoléon. Louis avait épousé Hortense, fille de Joséphine de Beauharnais (cette dernière avait eut deux enfants avant d’épouser Napoléon.). Louis Napoléon était donc le neveu de Napoléon, mais aussi son petit fils par alliance.

[10] Rappelons qu’en août 1840, Louis Napoléon Bonaparte avait été arrêté pour avoir tenté de soulever Boulogne sur Mer. Il fut alors retenu captif au fort de Ham, mais parvint à s’échapper après six ans de détention. Par la suite, Louis Napoléon décida de se réfugier en Angleterre.

[11] A noter que ces réformes, rapidement abrogées suite à la liquidation de la Commune, furent adoptées par la troisième république quelques décennies plus tard.

[12] Si certains de ces monuments, détruits suite aux incendies, furent reconstruits, les palais des Tuileries, résidence des souverains français depuis Louis XIV, fut rasé suite aux événements. Aujourd’hui, il ne reste rien de cet édifice.

[13] Jusqu’alors, Thiers était désigné comme chef du pouvoir exécutif, ce qui ne lui plaisait guère (ce dernier disait souvent : chef, c’est un qualificatif de cuisinier !

[14] La loi Broglie interdisait au président de la république de prendre la parole sans une autorisation de l’assemblée, qui ne pouvait être délivrée qu’avec un préavis d’un jour. Par ailleurs, le chef de l’Etat devait prévenir les députés de sa visite par le biais d’un message contresigné et lu par un des membres du gouvernement. Enfin, n’était accordé au président de la république qu’un monologue, la séance étant levée à l’issue de sa prise de parole. A l’annonce de l’adoption de cette loi, Thiers rentra dans une colère noire, n’appréciant guère de devoir se plier à ce qu’il surnomma le cérémonial chinois (comparant ce procédé à la pesante étiquette régissant la vie de la famille impériale de Chine). A noter que depuis l’adoption de la loi Broglie, les présidents de la république ont cessé de prendre la parole devant l’Assemblée nationale. La réforme constitutionnelle de 2008 autorise toutefois le chef de l’Etat à s’adresser aux parlementaires réunis en Congrès (une réunion regroupant sénateurs et députés.). Toutefois, le président de la république reste tenu au monologue, et aucun vote ne peut avoir lieu suite à sa déclaration.

[15] Patrice de Mac Mahon, né en juillet 1808, était issu d’une famille irlandaise réfugiée en France depuis la déchéance du roi d’Angleterre Jacques II Stuart au XVIII° siècle. Intégrant les rangs de l’armée après être sorti de l’école militaire de Saint Cyr, le jeune homme fit carrière en Algérie, où il y obtint ses galons de général. Participant à la guerre contre la Prusse, il fut fait prisonnier par les Prussiens à Sedan.

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