1° La constitution du nouveau
gouvernement – Comme nous l’avons vu lors du chapitre précédent,
Louis XVI monta sur le trône en août 1774. Le nouveau roi de France,
bien que n’étant pas à l’origine destiné à régner,
reçut toutefois une bonne éducation, apprenant plusieurs langues (anglais,
espagnol, latin, etc.), l’économie, l’histoire et la géographie. L’héritier
du trône, au fil des années, afficha un goût prononcé pour la mécanique, la
marine et la chasse.
Louis Auguste de France, par Louis Michel VAN LOO, 1769, château de
Versailles, Versailles.
Marié à Marie Antoinette, fille de l’Empereur germanique François
et de l’archiduchesse d’Autriche Marie Thérèse (le mariage avait
été célébré à la mi-mai 1770.), Louis XVI confia la charge de premier
ministre à Jean Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas (ce dernier
avait été secrétaire d’Etat à la marine sous le règne de Louis XV.).
Marie Antoinette d'Autriche, reine de France, par Elisabeth
Louise VIGEE-LE BRUN, 1784, château de Versailles, Versailles.
S’entourant de ministres compétents (en juin 1774, Charles Gravier,
comte de Vergennes, fut nommé secrétaire d’Etat aux affaires étrangères ; en
août, Anne Robert Jacques Turgot, baron de l’Aulne, fut nommé
contrôleur général des finances.), Louis XVI fit toutefois l’erreur de
reconstituer le Parlement de Paris, qui avait été dissous en 1771 par le
garde des sceaux René Nicolas de Maupéou, marquis de Morangles et de
Bully (ce dernier fut alors renvoyé.).
Charles Gravier, comte de Vergennes (à gauche.) ; et Anne Robert Jacques
Turgot, baron de l'aulne (à droite.).
Les parlementaires, loin d’être reconnaissants envers le nouveau souverain,
ne tardèrent pas à s’opposer au roi. Par la suite, ils firent tout leur
possible pour de s’opposer aux nouvelles réformes portant atteinte aux
privilèges de la noblesse.
Turgot fut le premier à faire les frais de l’hostilité du Parlement de Paris
et de la noblesse. Ne souhaitant pas mettre en place des emprunts, ce qui
ruinerait davantage le pays, Turgot préférait réduire les dépenses de
l’Etat. Ainsi, les corvées
furent abolies, remplacées par une compensation financière. En outre, afin
de développer le commerce, le contrôleur général des finances décida de
s’attaquer aux corporations,
permettant à quiconque d’exercer le métier de son choix.
Louis XVI fut toutefois contraint de renvoyer Turgot en mai 1776.
2° La révolution américaine creuse le déficit – Son
successeur, Jacques Necker (ce dernier était un banquier protestant,
originaire de Genève.), prit ses fonctions au cours d’une période
particulièrement difficile (en effet, la France avait décidé de participer à
la guerre d’indépendance américaine
en février 1778.).
Jacques Necker.
Necker refusa de lever de nouveaux impôts, préférant mettre en place
d’importants emprunts. Ce dernier décida d’abolir le servage, puis supprima
la question préalable (torture qui était infligée aux accusés, avant
leur procès, avant de leur soutirer des aveux.).
Attaqué lui aussi par les parlementaires et l’aristocratie, Necker fut
contraint de démissionner en mai 1781 (à noter que Maurepas mourut en
novembre, et Louis XVI déclara ne plus vouloir de premier ministre.).
Les successeurs de Necker mirent fin aux emprunts, mais en contrepartie
furent contraints d’augmenter les impôts. En novembre 1783, ce fut donc
Charles Alexandre de Calonne qui reçut le poste de contrôleur général
des finances.
Charles Alexandre Calonne.
A
son arrivée au pouvoir, les finances de l’Etat étaient dans une situation
dramatique : les recettes étaient évaluées à 190 millions de livres pour
l’année 1784, mais 180 millions avaient déjà été dépensés ; la dette, quant
à elle, s’élevait à 650 millions.
Calonne, refusant de diminuer les dépenses de l’Etat, décida de mettre en
place un plan de relance d’inspiration keynésienne avant l’heure. Son
objectif était de mettre en place de grands chantiers (aménagement des
ports, création de routes, canaux,
etc.), visant à développer l’économie.
Calonne, en juillet 1786, constata toutefois que sa politique s’était soldée
sur un échec. Il décida alors de mettre en place des réformes en profondeur,
souhaitant mettre en place une libre circulation des grains, abolir les
corvées, diminuer la taille
et la gabelle,
imposer le clergé, et supprimer les douanes intérieures.
En
avril 1787, face à l’opposition quasi-unanime de la noblesse, Louis XVI fut
contraint de renvoyer Calonne.
3° Le Parlement de Paris de plus en plus contestataire –
Ce fut alors Etienne Charles Loménie de Brienne, archevêque de
Toulouse, qui reçut la gestion des finances du royaume, ainsi que la charge
officieuse de principal ministre.
Le Cardinal Lomenie de Brienne
admirant les bas reliefs des ponts jumeaux, par Edouard DEBAT-PONSAN,
1896.
Le
nouveau venu, bien qu’ayant été hostile aux projets de Calonne, dut
toutefois les défendre face au Parlement de Paris. Les parlementaires
répondirent à Loménie de Brienne qu’il ne leur était pas possible de voter
la mise en place d’un nouvel impôt, seul les Etats Généraux en ayant le
pouvoir.
A
partir de cette date, les relations entre la couronne et le Parlement de
Paris ne cessèrent de s’envenimer. En mai 1788, alors que Loménie de Brienne
songeait à se débarrasser des parlementaires, ces derniers
s’autoproclamèrent défenseurs des lois fondamentales, réclamant une fois la
tenue des Etats Généraux (à noter que Louis Philippe II, duc
d’Orléans,
faisait partie des insurgés.).
Buste de Louis Philippe II, duc d'Orléans, anonyme, musée
Carnavalet, Paris.
Louis XVI décida alors de riposter, ordonnant aux gardes-françaises
d’assiéger le Parlement. Finalement, les meneurs acceptèrent de se rendre,
et furent alors emprisonnés.
Au début de l’été
1788, alors que le mouvement de contestation commençait à s’étendre à
plusieurs régions de France, Louis XVI annonça finalement son intention de
convoquer les Etats Généraux le 1er mai 1789,
bien que craignant les dérives auxquelles pouvait mener une telle assemblée.
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