Clovis, ou la France chrétienne
Livre troisième |
Les troupes des françois, du Rhein victorieuses,
Attendoient leur grand roy, riches et glorieuses,
Où la Meuse et la Marne, encor foibles ruisseaux,
Humectent les vallons, de leurs naissantes eaux.
Et dé-ja paroissoit la brigade avancée,
Sur la rive d’un bois par le prince laissée,
Dont le chef languissoit d’impatiens soucys,
Lisois, source du sang des grands Montmorancys.
Lisois qui respandit sur son illustre race,
Sa vertu, sa beauté, l’esprit, la belle audace,
Et la boüillante ardeur de courir aux explois,
Et d’immoler sa vie à l’honneur de ses rois.
Des regards de Clovis la bande ranimée,
Va rejoindre avec luy sa triomphante armée ;
Dont soudain les clairons, les cris retentissans,
Les fifres, les tambours, les chevaux hannissans,
Semblent, comme à l’envy, donner au grand monarque
Et de joye et d’amour une fidele marque.
Pour embrasser ses chefs, le prince s’arrestant,
Feint, malgré ses ennuis, un visage content :
Puis avant que la nuit couvre tout de son ombre,
De ses troupes veut voir et l’estat et le nombre.
D’abord le digne fils du fameux Guyemans,
Genobalde suivy de six forts regimens,
Tous chevaliers françois, d’intrepide vaillance,
Baisse devant son maistre et la teste et la lance.
Son barbe au souple corps semble aussi se baisser :
Puis à bonds rebattus on le void s’avancer.
Et du brillant acier ses troupes lumineuses,
Foulent apres ses pas les plaines sablonneuses.
Ricarede, Arembert, Berulfe encore vain
D’avoir seul osé rompre un bataillon romain,
Ulde, Adolfe, et Voltrade aux forces redoutées,
Menoient dans les combas ces bandes indomptées.
Les lances, en marchant, font un flotant amas ;
Comme si sur les eaux voguoient six mille masts.
A tous pend de l’arçon, à leur mode guerriere,
Et la hache tranchante, et la masse meurtriere.
Le valeureux lisois, de plumes ombragé,
Sur un tartare blanc à taches d’orangé,
En monstrant un visage et fier et plein de charmes,
Conduit six escadrons d’invincibles gendarmes,
Dont les chefs courageux, Sisulfe, et Gondoland,
L’un à l’autre en hauts faits à l’envy s’égalant,
Et Varoc et Guerpin, deux lions à la guerre,
Eussent seuls affronté tous les rois de la terre :
Avec les deux jumeaux, beaux entre tous les francs,
Vandalmar et Valdon, que dans les mesmes flancs,
Nature en se joüant forma de traits semblables,
Egalement vaillans, également aimables.
Puis un prince parut sur un cheval danois,
Sigisbert tout brillant de l’or de son harnois,
Chef des forts ubiens, choisis dans Agrippine,
Et des fiers habitans de la Meuse voisine,
Aux corcelets polis, aux casques flamboyans,
Sur de larges roussins, à longs crins ondoyans.
Son pere fut Ausbert, roy de françoise race :
Et son fils Cloderic, plein d’une jeune audace,
Dans un superbe éclat marchoit à son costé,
Faisant bondir sous luy son cheval indompté.
Ces deux princes guerriers, à leur sang favorables,
Avoient joint à Clovis leurs troupes secourables.
Lors passent en baissant leurs chefs et leurs escus,
Les rois qu’aux bords du Rhein n’aguere il a vaincus,
Marcovese et Mammol, maintenant tributaires,
Qui menoient sous le franc leurs bandes volontaires,
Les restes du combat, les soldats genereux,
Contens d’estre conduits par un chef plus heureux.
En suite se monstra le magnanime Aurele,
Sous des armes d’azur, sur un barbe ysabelle,
A crins noirs et frisez, à pas fermes et lents,
Par fois interrompus par de legers élans.
On void dans ses regards, dans sa grave asseurance,
Briller en mesme temps son cœur et sa prudence,
Et le secret couvert, et la constante foy,
Qui font priser en luy l’heureux choix de son roy.
Il conduit les gaulois, dont les troupes vaillantes
Sont au joug des françois soumises, et contentes.
Ces guerriers sous huit chefs marchoient dans les combas.
Le courageux Albert forma son bel amas,
De cinq cens chevaliers, dans sa chere patrie,
Nourrice des troupeaux, la feconde Neustrie.
Vers les bords de la Somme Amalgar fit son choix,
De gendarmes hardis, d’un cœur franc et courtois.
Herpon leva sa troupe entre l’Oise et la Seine ;
Y meslant les débris de la force romaine.
Zaban choisit les siens dans les fertiles champs
De la Beausse alterée, où mille socs tranchans
Fendent les longs guerets, sans qu’arbre ny fontaine
Des laboureurs lassez y soulage la peine.
Eufron fit sa levée où le Loir fait son cours,
Et dans les gras païs et d’Angers et de Tours.
Rodan eut ceux qu’enfante Auxerre la vineuse :
Albin, ceux que produit la Sologne areneuse :
Enfin Sigalde eut ceux qui furent assemblez
Dans la vaste Champagne, où croissent tant de blez :
Et deslors tous les chefs de ces troupes vaillantes
Signaloient d’une croix leurs bannieres volantes.
Mais quelle bande suit ? Avec quels ornemens
Dois-je exprimer l’éclat des fideles amans ?
Cinquante chevaliers, et cinquante guerrieres,
Presque d’âge pareil, de beautez singulieres,
Couple à couple marchoient, armez de pur argent,
D’un blanc pennache épars leurs timbres ombrageant :
Tous sur de blancs genets que fit naistre l’Espagne.
Chaque amant admiroit son aimable compagne.
L’argent brilloit par tout sur leurs caparassons.
Chaque couple, à l’égal ferme sur les arçons,
D’argent portoit aussi la casaque brodée,
Jointe à leurs souples corps, et d’hermine bordée.
Tous dans leurs purs desirs également heureux,
Suivoient à rangs égaux les deux chefs valeureux,
L’invincible Aigoland, et la vaillante Argine :
Et voicy de leurs vœux la loüable origine.
Quand les francs, ennemis d’un paresseux repos,
Du Rhein, leur borne antique, eurent passé les flots,
Pour chercher dans la Gaule un ciel plus favorable,
Et fonder un empire, ample, heureux et durable,
Maints amans combatus de la fureur de Mars,
Et du feu dont le charme attachoit leurs regards
Prés des rares beautez de leurs cœurs adorées,
Sentoient de mille ennuis leurs ames devorées.
Leurs amantes, pour plaire à cette double ardeur,
Voulant de leur courage égaler la grandeur,
Jurerent de les suivre ; et cinquante amazones,
Dignes pour leur valeur d’immortelles couronnes,
Avec cinquante amans, au mespris des dangers,
Passerent d’un accord aux climas estrangers.
Pour monstrer que l’honneur leur audace authorise,
Et que la vertu seule anime l’entreprise,
D’un beau couple d’amans ils firent l’heureux choix,
Pour observer sous eux ces innocentes loix.
Deux fois devoient aux champs choir les javelles blondes,
Et deux fois l’aquilon devoit durcir les ondes,
Avant que nul parvint au nuptial bon-heur,
Apres mille beaux faits de courage et d’honneur.
Alors chacun donnoit son suffrage equitable ;
Et les chefs prononçoient leur arrest redoutable.
L’amant prés de l’amante alloit dans les combas ;
Et cherchoit sa loüange au hazard du trépas.
Les blessures d’un seul à tous estoient sensibles.
L’amour et l’amitié les rendoient invincibles.
Celuy de qui l’honneur seroit jamais terny,
De la troupe à l’instant devoit estre banny :
Mais depuis cent moissons, tous d’un noble courage,
Se maintindrent toûjours francs d’un si grand outrage.
Si l’hymen assembloit deux fideles amans,
Parvenus par la gloire à leurs contentemens,
Ils quittoient la brigade ; et soudain en leur place
Deux amans s’enrolloient de chaste et noble race.
Aux chefs la seule mort ostoit la dignité,
Qui se voüans d’accord à la virginité,
Preferoient les douceurs de cet aimable empire,
Aux licites plaisirs ou tout amour aspire.
Ainsi la belle Argine, et son cher Aigoland,
A leur constante ardeur leur courage égalant,
Tous deux n’ayant encore attaint trente decembres,
Tous deux du sang royal des antiques sicambres,
De sagesse et d’honneur deux modeles parfaits,
Eclatans en beauté, celebres par leurs faits,
Menoient la troupe vierge, et valeureuse, et belle,
Qui fait voler long-temps les regards apres elle.
Telle apres que l’hymen à son joug eut soûmis
Deux genereux amans, autrefois ennemis,
Combatoit le centaure en faveur du lapithe,
La troupe de Thesée, et celle d’Hippolite.
Puis Leubaste paroist, grand escuyer du roy.
Sur un sarde il conduit cent pages sous sa loy ;
Tous sur de grands coursiers, en casaque incarnate,
Sur qui d’or et d’argent la broderie éclate.
Enfin passent de rang deux cens jeunes guerriers,
Nobles, d’un fier regard, pompeux, avanturiers,
Qui sans suivre ny chef, ny guidon, ny cohorte,
Fondent dans les combas où la fureur les porte :
Tels que jeunes lions, terribles aux troupeaux,
Qui seuls osent sans peur attaquer cent taureaux :
Tous, prests d’ouvrir les rangs, de monter aux murailles ;
Et toûjours prés du roy dans le fort des batailles.
Ces escadrons rangez dé-ja couvrent les champs.
Et l’on void les pietons vers le prince marchans.
Arbogaste portant sa longue javeline,
Seul devant ses soldats d’un pas grave chemine.
Ce chef, d’un grand ayeul tiroit son noble sang,
D’Arbogaste, ce fier, cet invincible franc,
Qui durant deux soleils, sous l’alpine Aquilée,
Combattit d’un Cesar la puissance ébranlée :
Enfin rouge et fumeux d’avoir trempé ses mains
Dans le genereux sang des goths et des romains,
Ne ceda qu’à Dieu seul, qui contre son courage,
Des tempestes arma l’impetueuse rage.
Le piquant souvenir de l’antique grandeur,
Respand sur son visage une superbe ardeur.
Il conduit des françois la phalange pressée,
Eclatante d’acier, de piques herissée,
Qui croisant les longs bois, l’un par l’autre affermis,
Estoit impenetrable aux efforts ennemis :
Fiere du vieil orgueil d’une constante gloire,
Tousjours à ses drapeaux attachant la victoire.
Le vaillant Marcomir, en un riche appareil,
De six mille françois commande un corps pareil,
Qui hardis imitoient dans leur verte jeunesse,
De la vieille phalange et la force et l’addresse.
Ce prince genereux se vantoit d’estre issu
D’un fils de Marcomir, dans Mayence conceû,
Au flanc noble et captif d’une belle romaine,
Quand des francs jusqu’au Meyn il poussa le domaine.
Elbinge et Belsonac, dans les armes nourris,
Menoient deux regimens de gaulois aguerris,
Qui de l’arc dés l’enfance avoient appris l’usage ;
Et de traits aux combas répandoient un orage.
Austrin conduit le tongre, affranchy du danger
De se voir asservy sous un joug estranger.
Didier menoit le marse, armé de hallebarde,
Et d’un long coutelas à la pesante garde.
Amalon conduisoit le bructere aux grands corps,
Propre dans les combas à deux sortes d’efforts :
Soit à porter de pres des blessures profondes,
Soit à roüer de loin les dangereuses frondes.
Et le prince Arderic, au visage asseuré,
Neveu de Sigisbert, en corcelet doré,
La pertuisane en main, à pendillantes houpes,
Menoit des ubiens les courageuses troupes,
Tous de fer remparez, et de peaux recouverts,
Contre l’effort de Mars, et l’assaut des hyvers.
Tout se range et s’arreste ; et les pelouses vertes
D’une moisson ferrée à l’instant sont couvertes.
Le monarque en son cœur sent de charmans plaisirs,
Voyant l’amas guerrier, qui prompt à ses desirs,
Peut soulager l’ennuy dont sans cesse il soupire,
Et du vaste univers luy conquerir l’empire.
Aux uns d’une loüange il hausse la fierté.
Un seul mot vaut un sceptre à leur cœur indompté.
D’une honte il punit les armes negligées.
Content il void l’orgueil de ses troupes rangées.
Il les tourne, il les change, en bataillons divers.
Puis voyant que la nuit vient obscurcir les airs,
Du martial plaisir à regret il s’arrache.
L’élite de ses chefs autour de luy s’attache,
Le presse, et le conduit dans le royal sejour.
Un tourbillon poudreux ayde à noircir le jour.
Le reste file en ordre, en marches differentes.
Puis chacun se separe, et s’enferme en ses tentes.
Lors cessent tant de bruits de tambours, de clairons.
Le silence et la nuit regnent aux environs.
Le ciel sembloit dormir, et tout ce qu’il enserre,
Et les feüilles des bois, et les eaux, et la terre.
Des oyseaux émaillez, des troupeaux innocens,
Le paisible sommeil occupoit tous les sens ;
Et par son charme doux, dans les ames humaines
Faisoit dormir aussi les soucis et les peines.
Mais les yeux de Clovis ne trouvent nul repos.
De Clotilde, son cœur repete les propos.
De Sigismond, l’audace en son cœur est gravée.
A toute heure il revoit sa princesse enlevée.
De honte, de courroux, de vangeance brulant,
Il veut porter la guerre au rival insolent ;
Et croit, si son amour ne se peut satisfaire,
Qu’il pourra pour le moins assouvir sa colere.
L’aurore enfin chassa les estoiles des cieux,
Sans chasser de Clovis les soucis ennuyeux.
Aurele qui connoist le mal qui le réveille,
S’approche de son lit, et prudent luy conseille,
Pour oster tout ombrage à tous les autres rois,
Et donner un pretexte aux armes des françois,
De presser Gondebaut, dont l’ame est si couverte,
Faisant de la princesse une demande ouverte.
Si Clotilde, dit-il, a rompu ses sermens,
Si Sigismond s’oppose à tes contentemens,
Si Gondebaut a peur de joindre à ton courage
Celle dont il ravit le pere et l’heritage,
Sur l’injuste refus, tu peux te soulager,
Ravager ses estats, le vaincre, et te vanger.
Malgré le prompt dépit, la raison persuade.
Aurele est destiné pour l’illustre ambassade,
Et le vaillant Lisois, son amy vertueux.
Chacun d’eux à l’envy dresse un train somptueux,
Pour porter dans Vienne une superbe marque
Du rang et des grandeurs de leur puissant monarque.
Tandis que de leur pompe on prepare l’éclat,
De l’eglise de Reims le noble et saint prelat,
En un grave equipage arrive dans la ville,
Remy, le digne fils du sage comte Emile ;
Dont le regard respand une vive splendeur ;
Et dont la sainteté seme une douce odeur ;
Puissant en eloquence, et celebre en miracles ;
Et de qui les conseils semblent autant d’oracles.
Il s’addresse à Clovis, et luy baise la main.
Le grand prince l’embrasse ; et d’un visage humain,
Que suit en mesme temps un genereux langage,
Demande quel besoin a causé son voyage :
Et dé-ja luy promet, par sa douce bonté,
Aux gaulois comme aux siens une égale équité.
Je te demande un bien, et t’en apporte un autre ;
Dit celuy qui des francs devoit estre l’apostre.
Puisque la vertu regne avec un si grand roy,
Dieu dans sa providence, a fait un choix de toy.
Ne souffre aucun forfait : repare toute injure ;
Et des graces du ciel dés l’heure je t’assure.
Alors que tes guerriers vers la Meuse marchans,
Des plaines de Soissons passerent par nos champs,
Par eux deux vases d’or furent pris dans nos temples.
Je sçay que de tels faits ton camp n’a point d’exemples :
Que la plainte suffit, avec la verité,
Pour voir de prompts effets de ta juste bonté.
Fay rendre ces vaisseaux, que pour leur privilege
Respecte toute main qui n’est pas sacrilege.
C’est la grace, ô Clovis, dont tu peux m’obliger ;
Mais aussi dans tes maux je te viens soulager.
Je sçay tous les malheurs de ta pudique flame :
Je sçay tous les ennuis qui regnent en ton ame :
Et tu seras sujet aux ruses des enfers,
Jusqu’au jour que ton cœur sortira de leurs fers.
Mais sçache qu’à tes vœux ta Clotilde est fidelle.
Tu recevras bien-tost cette douce nouvelle.
Fay tenter Gondebaut d’un langage pressant.
Il doit craindre le bras d’un prince si puissant.
Que ton ame, ô grand roy, s’appaise et se console :
Et sois seur que l’effet doit suivre ma parole.
Je n’ay peû que du ciel apprendre ton amour ;
Et le ciel à tes feux promet un heureux jour.
Sur le pontife saint l’œil du prince s’attache,
Honorant son esprit de qui rien ne se cache.
J’admire, luy dit-il, le suprême pouvoir
De ton dieu qui sçait tout, et te fait tout sçavoir.
Je ne veux pas souffrir que des mains temeraires
Gardent un seul vaisseau qui serve à ses mysteres.
Allez, Aurele : allez, Genobalde et Lisois,
Voir dans le camp des francs, dans celuy des gaulois,
Où sont les vases d’or que Remy me demande.
Dites que ma justice ordonne qu’on les rende :
Qu’elle est prompte et severe ; et sçaura bien punir
Qui d’un avare cœur voudroit les retenir.
Les chefs sement l’arrest par des voix éclatantes :
Puis se rendent au camp, et visitent les tentes.
Remy les accompagne ; et guidé de l’esprit
Qu’à ses apostres saints envoya Jesus-Christ,
Monstre le lieu secret, où la prise est cachée.
Chacun dans la recherche a la veuë attachée.
Le guerrier est present, coupable du forfait,
Sans dire et sans nier le crime qu’il a fait.
Dé-ja paroist un vase ; et le voleur est blesme.
L’or brille ; et le larcin éclate par luy-mesme.
Le gendarme est surpris, orgueilleux et mutin,
Voyant de son pouvoir arracher son butin :
Et dans son noir dépit, de sa hache luisante,
Fait tomber sur un vase une attainte pesante.
Il tasche, en se plaignant de la severe loy,
A soulever le camp contre l’ordre du roy.
Une émeute s’allume au milieu de l’armée,
Qui par les sages chefs à l’instant est calmée.
Au trône de Clovis le coupable est traisné :
Par sa juste sentence est soudain condamné ;
Et sa teste aussi-tost par la hache est tranchée,
Par qui du sacré vase une anse fut touchée.
Ainsi le chef hebreu, quand son soin diligent
Trouva le lingot d’or, et les sicles d’argent,
Par achan recelez d’une main anatheme,
Contenta par sa mort le monarque suprême.
Remy voyant du roy la constante équité,
Et sa largesse jointe à sa severité ;
Dieu, dit-il, ô Clovis, regarde ta justice ;
Et la sienne bien-tost te doit estre propice.
Ne crains de Gondebaut ny delays ny refus.
Le ciel rendra tousjours tes ennemis confus.
Et je t’annonce encor ces paroles certaines,
Que tu renonceras à tes idoles vaines.
Que ton prudent esprit reprenne son repos.
Clovis se sent émeû de ces puissans propos.
Puis l’embrassant encor, le laisse avec Aurele,
Qui luy découvre un cœur à Jesus-Christ fidele.
Et le roy, d’un espoir soulageant ses ennuis,
Adoucit la rigueur de ses fascheuses nuits.
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