L'Angleterre,
de la chute de Rome à la dynastie de Normandie (VI° - XII°
siècle)
CHAPITRE PREMIER :
Des invasions anglo-saxonnes aux invasions danoises
(III° - X° siècle)
I :
Les invasions anglo-saxonnes (III° - VI° siècle)
1° Les invasions Anglo-saxonnes –
Dès le III° siècle
après Jésus Christ, l'Empire romain commençait à montrer des signes de
faiblesse. Ainsi, mal ou pas payés, et abandonnés par Rome, les Romains
d'Angleterre furent contraints d'organiser eux mêmes leur système de
défense.
Afin
de faire face à la menace des Saxons, les Romains établirent alors la
côte saxonne sur les rives de la Manche. L'objectif était d'ériger une
série de forts, afin de protéger les rives anglaises de l'invasion saxonne
(à noter que certains historiens pensent qu'il ne s'agissait pas de
forteresses, mais bien de comptoirs où les Saxons étaient établis.).
Selon
les sources de l'époque, les Saxons arrivèrent en Grande Bretagne au milieu
du V° siècle après Jésus Christ. Toutefois, vers l'an 500, ils furent
vaincus par les Bretons au cours de la bataille du mon Badon
(certaines chroniques évoquent la présence du légendaire roi Arthur
au cours de l'affrontement.). Cette défaite retarda l'invasion saxonne d'un
siècle environ.
Ainsi, les Saxons lancèrent une nouvelle offensive
au cours du VI° siècle après Jésus Christ. A noter toutefois que les Bretons
donnaient le nom de "Saxon" à leurs envahisseurs, bien que ces derniers
comprennent aussi des Angles,
des Jutes et des
Frisons.
L’organisation sociale des Saxons
était la même que celle des barbares venus de Germanie. L’homme libre était
le seul à avoir des droits, l’esclave n’en possédait aucun. La femme,
soumise à son époux, devait être choisie dans une famille différente de
celle du mari. Chaque famille était responsable collectivement des crimes et
délits de ses membres. Cependant, la vendetta semble avoir laissé dès
cette époque sa place au wergeld, le prix du sang. L’accusé
payait alors à la famille de la victime une indemnité pécuniaire.
L’accusé avait plusieurs moyens
de défense : soit il faisait le serment qu’il n’était pas coupable, en le
garantissant de la parole de plusieurs notables (les cojureurs.) ;
soit il se soumettait au jugement de Dieu (en allemand urtheil,
qui a donné ordalie.). Les ordalies étaient de plusieurs types : le
duel judiciaire (le vainqueur du duel remportait le procès.), l’épreuve du
fer rouge et de l’eau bouillante (si l’accusé guérissait de ses blessures
avant un certain délai, il était innocenté.).
La religion des
envahisseurs était proche, elle aussi, du paganisme des barbares germains.
Ils adoraient le dieu guerrier Tig, Woden, la divinité du
tonnerre Thunor, une divinité féminine nommée Frigg, etc.
C’est de là que proviennent les noms des jours de la semaine : Tuesday
était le jour de Tig, Wenesday jour de Woden, Thursday jour de
Thunor, Friday jour de Frigg, etc[1].
Les Saxons apportaient avec eux
leur langue et leur écriture, les runes. Ces caractères alphabétiques
furent introduits en Grande Bretagne par les envahisseur originaires du
Danemark (ces runes sont les seules traces écrites datant d’avant les
grandes invasions.).
Ces derniers apportèrent aussi
leurs traditions littéraires (l’épopée de Beowulf, héros saxon
légendaire.).
A cette langue, les textes
anciens donnèrent le nom d’englisc.
Les Saxons, s'installant dans
différentes régions de l'Angleterre, donnèrent leur nom au Middlesex
(ce qui signifie 'Saxons du milieu.'), au Sussex ('Saxons du sud.'),
au Wessex ('Saxons de l'ouest.') et à l'Essex ('Saxons de
l'est.'). Au VII° siècle, hormis les Cornouailles, tout le sud ouest de
l'Angleterre était saxonisé.
A partir de ce moment
s’organisèrent de petits royaumes, qui se livrèrent de nombreuses guerres,
sans qu’aucun ne prenne réellement le dessus sur l’autre.
Cette période est aujourd'hui surnommée l’heptarchie, l'Angleterre
étant alors divisée en sept petits royaumes : l'Essex, le Sussex, le Wessex,
l'Est-Anglie, l
2° Evangélisation de l’Angleterre
(VI° - IX° siècle) –
La christianisation des Anglo-Saxons débuta à l’extrême fin du VI° siècle,
date à laquelle le
pape Grégoire I° envoya le moine Augustin de Canterbury en Grande Bretagne. Il trouva un accueil favorable auprès du
roi
du Kent, Ethelbert. Ce dernier avait d’ailleurs épousé une
catholique, Berthe, fille du roi des Francs, Charibert.
Entraînés par l’exemple de leur
roi, les Saxons se firent baptiser, et l’église de Canterbury, dont Augustin
fut le premier évêque, devint la métropole religieuse de la Grande Bretagne.
Les Angles se convertirent eux
aussi, mais cent ans plus tard. York, leur principale ville, devint
alors à son tour un important centre religieux.
[1]
Tig, Woden et Thunor étaient en fait les noms anglicisés de Tyr,
Odin et Thor. Dans les pays latins (France, Italie, Espagne, etc.),
lundi est le jour de la lune, mardi le jour du dieu Mars,
mercredi le jour de Mercure, jeudi le jour de Jupiter,
vendredi le jour de Vénus, samedi le jour de Saturne.
[2]
A noter que le Kent, la Mercie et la Northumbrie furent les royaumes
les plus puissants de l'heptarchie, jusqu'aux environs du VIII°
siècle après Jésus Christ.