Le règne
de Richard dura dix ans (il monta sur le trône car ses frères
aînés, Henri et Geoffroy, étaient décédés.). Bien que ce dernier fut un mauvais fils et un
mauvais politique, il resta célèbre pour sa vaillance au combat, qui lui
valut son surnom de Cœur de Lion.
Il fit surtout preuve de bravoure au combat lors de la III° croisade.
1°
Troisième croisade (1190 - 1192) – En
Orient, Saladin (de son vrai nom Salâh al Dîn.) écrasa les croisés en
1187 au cours de la bataille de Hattin, avant de rentrer triomphalement
à Jérusalem.
Une croisade fut décidée par
le pape Grégoire VIII, ce fut la
troisième. Richard et le roi de France,
Philippe II Auguste, partirent les premiers. Les croisés allemands, quant à
eux, se dirigèrent vers Constantinople, sous les ordres de l'Empereur
germanique Frédéric
I° Barberousse (mais ce dernier mourut noyé en Terre Sainte au cours
du mois de juin 1190.).
Richard et Philippe II, après
une entrevue où ils arrêtèrent les règlements communs pour assurer la
bonne composition de l’armée et une stricte discipline, se rencontrèrent
avec leurs troupes à Vézelay. De là, ils descendirent ensemble jusqu’à
Lyon, puis se séparèrent pour aller embarquer, l’un à Marseille, l’autre
à Gênes. Le lieu de rendez vous était la Sicile, où ils passèrent
l’hiver 1190-1191.
C’est là que se manifestèrent
les premiers signes de rivalité : Richard, qui s’était fiancé avec
Adèle, sœur du roi de France, l’abandonna pour épouser une princesse de
Navarre. Philippe II ressentit vivement cet affront. Sans doute que les
qualités chevaleresques de Richard excitèrent la jalousie du roi de
France, tout comme sans doute son attitude fière, insolente et brutale.
Cependant, ils se réconcilièrent et se dirigèrent vers l’Orient.
Philippe II débarqua le
premier devant Saint Jean d’Acre, en avril 1191. Etaient déjà réunis là
plus de 100 000 croisés (selon les sources de l'époque, à prendre
évidemment au conditionnel.), qui se mirent sous ses ordres. Le siège de la
place durait depuis deux ans, et le roi de France refusa que l’on donne
l’assaut avant que Richard n’arrive.
Lorsqu’il arriva, la lutte
put reprendre. Mais une fois que la ville fut prise, les deux hommes
recommencèrent à se disputer, manquant même d’en venir aux mains.
Philippe II prétexta alors l’affaiblissement de sa santé et rentra en
France, laissant en Terre Sainte 10 000 hommes et une grosse somme
d’argent.
Richard, quant à lui, ne
resta pas inactif. Il avait pris Chypre, en mai 1191 (qui appartenait
aux Byzantins.), avant d’arriver à Saint Jean d’Acre, qui tomba en
juillet 1191.
Le roi d’Angleterre battit
ensuite Saladin au cours de la bataille d’Arsouf, en septembre 1191, et
le ce dernier accepta de négocier.
Le 2 septembre 1192, une
trêve de trois ans fut signée entre Richard et Saladin, c’est ce qui fut
appelé la paix de Jaffa.
Cependant, en Occident, le
comportement de Richard fit scandale. Non seulement il n’avait pas
repris Jérusalem, mais plus grave, il avait pactisé avec un musulman.
C’est en revenant dans ses
Etats, en 1193, que Richard fut emprisonné sur l’ordre de l’Empereur
germanique Henri VI.
2° La reconquête – Alors que Richard était enfermé, son frère, Jean sans terre, s’entendait
avec Philippe II Auguste afin de le dépouiller. Jean était le dernier fils
de Henri II, qui ne lui avait donné aucun apanage, d’où son surnom. Il
décida alors de profiter de l’absence de Richard pour s’emparer de
l’Angleterre et de la Normandie. Le roi de France décida de le soutenir,
mais à condition que ce dernier lui cède Gisors, Evreux et quelques
forteresses normandes.
Richard fut cependant libéré
en 1194, et il n’appréciait pas d’avoir été dépouillé de ses Etats et
trahi par son frère. Ce dernier, pour acheter son pardon, fit
traîtreusement égorger la garnison française de la ville d’Evreux
(Philippe II se vengea peu après en mettant la ville à feu et à sang.).
3° Guerre de Philippe II contre Richard (1194 - 1199) – La guerre fut déclarée, et elle dura cinq ans. Elle fut plutôt
favorable au roi d’Angleterre. Richard était inférieur à Philippe
Auguste comme politique, mais il le surpassait largement comme soldat.
Par deux fois, Richard mit le
roi de France en déroute. Il le surprit une première fois à Fréteval,
près de Vendôme, en 1195. Philippe II s’échappa de justesse, mais il dut
abandonner ses ornements royaux, son sceau et ses archives, qui ne le
quittaient jamais.
Trois en après, en 1198, il
tomba avec quelques chevaliers, près de Gisors, au milieu des gens de
Richard. Il décampa en vitesse, passant sur un vieux pont qui se rompit
sur son passage, et tomba à l’eau.
Mais Richard ne sut tirer
profit de ces victoires. En 1199, la mort de Richard mit fin inopinément
à cette lutte : ce dernier mourut percé d’une flèche empoisonnée, alors
qu’il assiégeait le château de Chalus, dans le Limousin, son possesseur
ayant refusé de partager avec lui un trésor trouvé sur les terres de la
couronne.