1 ° La guerre
dans la famille de Henri II – Une des caractéristiques du règne
d’Henri II est la querelle sanglante qui l’opposa à ses fils, au cours
de toute sa fin de règne. Tous les proches du roi d’Angleterre se
dressèrent contre lui : sa femme Aliénor, ses fils, ses belles filles,
etc.
a) Première révolte de
Henri Court Mantel (1173) : Le premier à se révolter fut l’aîné des
fils du roi d’Angleterre, Henri, surnommé Court Mantel, qui avait 16 ans
à l’époque.
Au cours de sa lutte contre
Thomas Becket, Henri II, pour tourmenter le primat, qui était le seul
selon la coutume à avoir le droit de sacrer les rois, avait fait donner
l’onction royale à son fils aîné par l’archevêque de York.
Lors du festin qui
s’ensuivit, Henri II plaisanta en disant qu’il n’était plus le roi, ce
que son fils prit au sérieux.
En 1173, il le somma de lui
céder la couronne. Son père refusant, Henri s’échappa de Normandie et se
réfugia à la cour du roi de France. Vinrent ensuite l’y rejoindre ses
deux frères, Geoffroy et Richard. La reine Aliénor tenta de rejoindre
ses fils, mais son mari ne la laissa pas faire et la jeta en prison.
Copie en plâtre du gisant d'Aliénor
d'Aquitaine, situé dans l'Abbaye
de Fontevrault (la pigmentation a été restaurée récemment.), Victoria &
Albert Museum, Londres.
Louis VII accueillit avec
faste les trois princes, traitant Henri Court Mantel en roi, et lui
promettant le secours de ses armes.
Henri II se
trouvait dans une situation problématique. Seul son fils Jean, encore un
enfant, était auprès de lui. Beaucoup de ses vassaux, vivant en
Normandie ou en Angleterre l’abandonnèrent.
Richard soulevait le Poitou ;
Geoffroy la Bretagne ; le roi de France, associé à Henri Court Mantel et
au comte de Flandre, s’attaquait à la Normandie.
Le roi d’Angleterre décida
alors de se faire vassal du pape, gagnant ainsi son soutien. Puis il
obtint l’excommunication de ses fils rebelles. Enfin, à la tête d’une
armée de mercenaires (Brabançons, Routiers, Cottereaux, etc.), il
réussit, en deux campagnes (1173 et 1174.), à prendre la Normandie, la
Bretagne, le Poitou, et à rétablir partout son autorité.
b ) Henri II pénitent à
Canterbury (1174) : Alors que Henri II venait de remporter de
brillantes victoires, il apprit une nouvelle importante : Henri Court
Mantel et le comte de Flandre, à la tête d’une importante flotte,
allaient mettre le cap sur l’Angleterre, où ils comptaient de nombreux
partisans parmi les barons.
Henri II eut une idée qui lui
permit de se réconcilier avec son peuple : il se rendit au tombeau de
Thomas Becket en habits de pénitent, pieds nus. Il y demeura 24 heures
en prières, à jeun, se faisant flageller.
Cette pénitence, feinte ou
réelle, eut un plein succès. Le peuple, voyant le roi réconcilié avec le
martyr, se rangea sous sa bannière, les seigneurs durent se soumettre.
L’Angleterre fut sauvée d’une nouvelle invasion.
Peu après, Louis
VII abandonna le siège de Rouen, dépité par cette guerre qui ne donnait
aucun résultat, et qui coûtait beaucoup d’argent. Il fit la paix avec
Henri II en 1174.
Richard s’engagea même à
châtier la révolte qu’il avait lui même provoquée en Aquitaine, ce qui
dura deux ans, de 1176 à 1177.
c)
Nouvelle révolte de Henri
Court Mantel, sa mort (1183) :
Cependant, peu de temps après leur réconciliation, les fils du roi
d’Angleterre se brouillèrent entre eux. Et comme Henri II intervint en
faveur de Richard, les deux autres se retournèrent contre ce dernier.
Un jour, il était convenu
d’une rencontre entre le roi et Geoffroy à Limoges. Lorsque Henri II se
présenta, les archers de son fils lui tirèrent dessus.
Un autre jour, un messager
vint l’avertir que son fils Henri, tombé gravement malade, le priait de
venir le voir. Le roi ne bougea pas, ne souhaitant pas tomber dans une
embuscade comme à Limoges.
Un second messager vint
auprès de Henri II peu de temps après. Il lui apprit que son fils était
mort en implorant le pardon de son père, couché sur un lit de cendre
comme marque de repentir.
Le roi en éprouva une vive
douleur, et Geoffroy vint lui faire ses excuses peu de temps après.
d)
Nouvelle révolte de
Geoffroy et Richard :
La bonne entente ne dura que quelques mois.
Le conflit reprit alors que
Henri II refusa d’adjoindre l’Anjou au duché de Bretagne, qui
appartenait à Geoffroy. Ce dernier se retira alors à Paris, où il mourut
au cours d’un duel en 1186.
Après Geoffroy, ce fut au
tour de Richard de devenir l’hôte de Philippe II. Et le fils du roi
d’Angleterre n’hésita pas à lutter contre son père lorsque le roi de
France déclara la guerre au vieux Plantagenêt.
Chaque jour, de nouveaux
barons venaient rejoindre Richard. C’est pourquoi, abandonné de tous,
incapable de défendre ses Etats, Henri II dut demander la paix.
Ainsi fut signé en 1189 le
traité de la Colombière, par lequel le roi d’Angleterre se
reconnaissait homme lige du roi de France, renonçait à toute suzeraineté
sur les villes du Berry, s’engagea à payer les frais de guerre (20 000
marcs d’argent.), et rendait ses bonnes grâces à Richard, permettant à
ceux qui l’avaient suivi de demeurer ses vassaux.
2° Mort de
Henri II (1189) – Au moment de signer le traité, le roi
d’Angleterre, qui était malade et couché, demanda les noms des vassaux
qui avaient suivi Richard dans la révolte. Quand ses proches lui
citèrent le nom de Jean, son plus jeune fils, il en fut profondément
affligé.
Il vécut encore
quelques jours, puis mourut.
Copie en plâtre du gisant d'Henri II,
situé dans l'Abbaye
de Fontevrault (la pigmentation a été restaurée récemment.), Victoria &
Albert Museum, Londres.
A sa mort, ses serviteurs
pillèrent sa maison et l’abandonnèrent. Il fut enterré sans aucune
gloire, n’emportant dans la tombe qu’un vieux sceptre et un anneau de
médiocre qualité.
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