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Les Bourbons (XVI° - XIX° siècle)

 

CHAPITRE DEUXIEME : Louis XIII

 

III : Une neuvième guerre de religion ? (1620 à 1629)

           

            1° Premier conflit religieux (octobre 1620 à octobre 1622) – Les protestants de La Rochelle n’apprécièrent guère la campagne menée par le roi de France au cours de l’été 1620. L’assemblée huguenote décida alors d’organiser la France protestante en huit circonscriptions militaires ; autorisa les gouverneurs protestants à utiliser les impôts royaux pour lever des armées à leur compte ; et confia le commandement de l’armée à Henri II, duc de Rohan[1], et à son frère Benjamin, duc de Soubise.

Le port de La Rochelle au début du XVII° siècle, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

 

Le duc de Luynes préféra une fois de plus la voie du dialogue, mais Louis XIII, vraisemblablement influencé par le prince de Condé, décida de prendre les armes.

Louis XIII, en juin 1621, décida de contre-attaquer, s’emparant de plusieurs places de sûreté protestantes[2].

Louis XIII, par Philippe de CHAMPAIGNE, XVII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

 

Après s’être emparé de Saint Jean d’Angély (que défendait Soubise.), le roi de France décida d’assiéger Montauban, bastion protestant depuis le milieu du XVI° siècle (août 1621.).

Le siège de la cité fut alors confié au duc de Luynes, qui préféra négocier avec le duc de Rohan, chef du parti protestant (ce dernier parvint alors à faire pénétrer des renforts dans la ville assiégée, à l’insu du Luynes.).

Louis XIII, constatant que le siège de Montauban était un échec, décida de lever le camp en novembre 1621 (le duc de Luynes, tombé en disgrâce, fut chargé de rester dans la région afin de mener à bien les opérations de pacification. Il y mourut en décembre 1621.).

 

En mars 1622, Soubise pilla les environs de Monluçon. Louis XIII décida alors de mettre en place une nouvelle expédition, et de dirigea vers Nantes.

L’objectif du roi de France était de barrer aux protestants la route de la Bretagne, et par la même couper leur possibilité de communiquer avec l’Angleterre.

Soubise, surpris par le mouvement de Louis XIII, décida alors d’abandonner ses troupes, qui furent décimées par l’armée royale.

Au cours du printemps 1622, le roi de France et Condé s’emparèrent de Royan et de Négrepelisse. Au même moment, Rohan et Soubise se trouvaient en Angleterre, cherchant de l’aide auprès du roi Jacques I°.

 

Finalement, le duc de Rohan décida de faire soumission au roi de France. C’est ainsi que fut signée la paix de Montpellier, au cours du mois d’octobre 1622. Ainsi, l’édit de Nantes fut confirmé, mais les places de sûreté protestantes furent réduites à deux (La Rochelle et Montauban.). Toutefois, Montpellier ne devait pas abriter de garnison royale ; en outre, Rohan et Soubise devaient recevoir une pension de la part du roi.

A noter que cette paix ne fut qu’une réconciliation de façade…

 

            2° Second conflit religieux (1625 à 1629) – En avril 1624, Marie de Médicis parvint à faire entrer Richelieu au conseil du roi, malgré la méfiance qu’affichait Louis XIII à l’égard de ce personnage (il n’avait à l’origine qu’un rôle consultatif, mais le cardinal ne tarda guère à prendre de l’importance au conseil.).

En novembre 1624, il fut conclu un contrat de mariage entre Henriette, dernière fille d’Henri IV, et le prince de Galles[3] Charles (futur Charles I°.), fils du roi d’Angleterre Jacques I°.

Charles I°, gravure issue de l'ouvrage Cassell's history of England, Angleterre, 1902 ; Henriette Anne d'Angleterre, attribué à Jean NOCRET, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.

Georges Villiers, duc de Buckingham, arriva à Paris en mai 1625, chargé d’accompagner Henriette en Angleterre.

Portrait de Georges Villiers, duc de Buckingham.

Toutefois, il eut le temps de proposer une alliance à Louis XIII, consistant à faire la paix avec les nations protestantes d’Europe, afin de mieux lutter contre l’Espagne et le Saint Empire romain germanique (certaines sources affirment qu’Anne d’Autriche se serait éprise du duc de Buckingham.).

Portraits équestres de Louis XIII et d'Anne d'Autriche, par Juste d'EGMONT, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.

 

Après une brève accalmie, le conflit contre les protestants ne tarda guère à reprendre. En effet, Rohan réclamait le retrait de la garnison royale dans Montpellier, ainsi que le départ des navires du duc de Guise des environs de l’île de Ré (janvier 1625.).

Louis XIII refusant de se soumettre, Soubise décida de s’emparer de plusieurs petites îles de Bretagne, telles que l’île de Ré et l’île d’Oléron.

Rohan, quant à lui, tenta de soulever le Languedoc.

 

En février 1626, poussés par Buckingham, Louis XIII et Richelieu décidèrent de se rapprocher des huguenots, signant la paix de La Rochelle.

Toutefois, loin de constituer une paix définitive, cette réconciliation ne fut en réalité qu’une simple trêve.

 

En juin 1627, Louis XIII et Richelieu firent fortifier l’île de Ré et l’île d’Oléron. En effet, le duc de Buckingham, lassé du double jeu français, oscillant entre alliance anglaise et alliance espagnole, avait décidé d’attaquer la Bretagne.

Les soldats de Louis XIII communient avant d'attaquer la flotte de Buckingham, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

En septembre 1627, les habitants de La Rochelle ayant décidé de s’allier à l’Angleterre, Louis XIII décida de riposter.

Condé fut envoyé dans le Languedoc, tandis que l’armée royale fut chargée d’assurer le ravitaillement de l’île de Ré, assiégée par les Anglais.

 

En novembre 1627, Buckingham, repoussé, décida alors de regagner l’Angleterre. Puis, fin novembre, l’armée royale assiégea La Rochelle (les Espagnols envoyèrent des navires en renfort.).

Louis XIII et Richelieu devant La Rochelle, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

Le siège de la cité fut particulièrement long. En effet, la ville était trop bien fortifiée pour la prendre de force, et elle disposait de vivres en grande quantité.

Louis XIII au siège de La Rochelle, école française, XVII° siècle, musée Carnavalet, Paris.

Toutefois, la famine commença à sévir au cours de l’été 1628.

Buckingham préparait déjà une expédition au secours de La Rochelle, lorsqu’il fut assassiné (septembre 1628.). Toutefois, les Anglais décidèrent de prendre la mer malgré la disparation du duc, apparaissant bientôt sous les murs de La Rochelle.

La flotte anglaise fut cependant repoussée par l’armée royale, et les Rochelais, à bout de forces, décidèrent de capituler (fin octobre 1628.).

Richelieu au siège de La Rochelle.

Suite à la prise de la ville, ses remparts furent rasés, et les églises furent rendues au clergé.

Louis XIII couronné par la Victoire suite au siège de La Rochelle, par Philippe de CHAMPAIGNE, 1635, musée du Louvre, Paris.

 

Le roi d’Angleterre Charles I°, en avril 1629, décida de ne plus aider les protestants en France, et signa avec Louis XIII le traité de Suze.

 

Suite à la prise de La Rochelle, tous les protestants n’avaient pas fait soumission au roi de France. Rohan, abandonné par l’Angleterre, décida alors de se rapprocher de l’Espagne (mai 1629.), qui était devenue ennemie de la France suite à l’affaire de la succession de Mantoue[4].

Le roi d’Espagne Philippe IV accepta de porter secours au duc de Rohan, mais la riposte de Louis XIII fut si rapide que l’alliance conclue entre les protestants et les Espagnols ne fut pas appliquée.

 

En effet, au printemps 1629, le roi de France décida d’intervenir dans les Cévennes, où les huguenots étaient encore nombreux.

Privas fut prise, puis ce fut au tour d’Alès d’être assiégée. Pendant ce temps, les lieutenants de Louis XIII s’attaquaient à Nîmes, Montauban, Castres, etc.

Finalement, Alès tomba en juin 1629. Le roi de France, faisant son entrée dans la ville, signa alors paix d’Alès. Les remparts des villes s’étant insurgées devaient être détruits, l’édit de Nantes était rétabli, et Rohan était exilé (ce dernier se réfugia alors à Venise.).

Armure du roi Louis XIII, vers 1620-1630, musée des Invalides, Paris.

 

Suite à la signature de la paix d’Alès, Montauban, Nîmes et Uzès firent soumission au roi de France (août 1629.).

Au cours de l’été, les forteresses protestantes du Languedoc furent presque toutes démolies, et le culte catholique rétabli partout.

La destruction des murailles des forteresses protestantes, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

 

            3° La journée des dupes (1630) – après avoir réduit à néant la capacité de nuisance des protestants de France, Richelieu souhaitait voir la France intervenir dans la guerre de Trente Ans, un conflit qui secouait le Saint Empire romain germanique depuis plusieurs années.

Toutefois, l’objectif de Richelieu n’était pas de s’allier au catholique Empereur contre les protestants, mais bien l’inverse.

Par ailleurs, la France avait coupé les ponts avec l’Espagne, s’attaquant aux espagnols lors de la guerre de succession de Mantoue (nous reviendrons plus en détail sur ces deux conflits au cours de la section suivante.).

 

Marie de Médicis, proche du parti dévot, était outrée des plans que préparait Richelieu, et demanda son renvoi à Louis XIII. Cette dernière lui demandant alors de remplacer le cardinal par Michel de Marillac, garde des sceaux et proche de la reine-mère.

Marie de Médicis, par Guillaume DUPRE, 1624, musée du Louvre, Paris.

Quant à Gaston, frère du roi de France, l’affaire était pour lui une occasion de s’accaparer davantage de pouvoir.

Gaston, duc d'Orléans, frère cadet de Louis XIII, d'après Antoon VAN DYCK, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.

En effet, ce dernier s’était réfugié auprès de Charles, duc de Lorraine[5], au cours de l’été 1629, et avait refusé d’épouser Marie Louise de Gonzague, fille du duc de Mantoue[6] (contrairement à la demande de Louis XIII.). Gaston, soutenu par sa mère, exigea en compensation de recevoir un apanage constitué de la Bourgogne et de la Champagne. Evidemment, Louis XIII repoussa les avances de son frère.

Toutefois, en janvier 1630, Gaston avait accepté de se réconcilier avec le roi de France et rentra en France, en échange d’une grosse somme d’argent.

 

En novembre 1630, Richelieu, désavoué par la reine-mère, était alors dans une position précaire. En effet, il avait été nommé ministre de Louis XIII grâce au soutien de Marie de Médicis. En outre, le roi de France s’était toujours méfié de lui. 

Toutefois, Louis XIII refusa de céder aux exigences de sa mère, et renouvela sa confiance envers Richelieu. 

 

Michel de Marillac fut alors arrêté, à l’instar de son frère le maréchal Louis de Marillac (ce dernier fut exécuté en mai 1632.).

Marie de Médicis, apprenant la nouvelle, quitta Paris précipitamment  (elle ne revit jamais son fils.). Peu de temps après, elle fut assignée en résidence à Compiègne (la reine-mère s’évada toutefois en juillet 1631, et rejoignit les nations ennemies de la France[7].). Gaston, quant à lui, se retira à nouveau en Lorraine.

 

La journée des dupes, qui ne fut au final qu’une tempête dans un verre d’eau, s’acheva ainsi.
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[1] Le duc de Rohan était un proche du défunt Henri IV, ce dernier ayant participé à de nombreux conflits aux côtés du roi de France. 

[2] Lors de la signature de l’édit de Nantes, Henri IV avait accordé plusieurs places de sûreté aux protestants. Pour en savoir plus, référez vous au d), 2, section II, chapitre premier, les Bourbons.

[3] Si en France, le fils aîné du roi était surnommé le dauphin (car il devait à l’origine reçevoir le gouvernement du Dauphiné.), en Angleterre, ce dernier recevait le titre de prince de Galles (cette tradition remontait au XIII° siècle, date à laquelle le roi Edouard I° le Sec, après avoir conquis le pays de Galles, décida de donner le titre de prince de Galles à son fils Edouard II.). Pour en savoir plus à ce sujet, cliquez ici.

[4] Nous reviendrons sur la guerre de succession de Mantoue au point suivant.

[5] A cette époque, le duc de Lorraine refuser de prêter hommage à Louis XIII, et se rapprochait dangereusement du Saint Empire romain germanique. A noter que ce personnage est parfois appelé Charles III, parfois Charles IV. En fait, les historiens hésitent à tenir compte dans la chronologie du carolingien Charles, duc de Lotharingie.

[6] A noter que Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier et première épouse de Gaston, était décédée en 1627.

[7] Marie de Médicis mourut à Cologne en juillet 1642.

 
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