IV : La guerre de Trente Ans sous Louis XIII (1618 à 1643)
1° Les origines du conflit –
Depuis l’apparition du protestantisme au début du XVI° siècle, le Saint
Empire romain germanique avait connu de nombreux conflits, opposants
catholiques et réformés.
a)
Le saint Empire romain Germanique, l’Espagne et la France (XVI° siècle) :
en 1555, l’Empereur Charles Quint, soucieux de mettre un terme à
l’alliance unissant le roi de France Henri II et les princes
protestants d’Allemagne, décida de signer la paix d’Augsbourg[1].
Dès lors, les seigneurs du Saint Empire étaient libres d’adopter la religion
de leur choix (catholicisme ou protestantisme), cette dernière devenant la
religion officielle de leurs Etats (cuius regio, eius religio ;
tel prince, telle religion.).
Toutefois, cette liberté de culte ne concernait pas les individus. En effet,
si ces derniers n’acceptaient pas de partager la religion de leur souverain,
deux choix s’ouvraient à eux : l’exil ou la mort.
Quelques cas particuliers étaient à noter. En effet, les évêques ayant
décidé de rejoindre les rangs de la réforme devaient abandonner leurs
évêchés ; en outre, les protestants vivant dans des principautés
ecclésiastiques pouvaient conserver leur foi.
Suite à la mort de Charles Quint, l’Empire espagnol fut divisé en deux
parties. Son fils Philippe II reçut l’Espagne ; le frère du défunt,
Ferdinand I°, reçu le Saint Empire romain germanique.
Au
cours du XVI° siècle, l’Espagne et le Saint Empire n’eurent guère de bonnes
relations avec la France. Les souverains français, empêtrés par les guerres
de religion pendant plusieurs décennies, furent jugés trop indulgents
vis-à-vis des protestants.
b)
Le saint Empire romain Germanique, l’Espagne et la France (début du XVII°
siècle) : Toutefois, si l’Espagne n’avait pas à souffrir des problèmes
religieux (l’inquisition ne disparut qu’au début du XIX° siècle.), en
Allemagne la paix d’Augsbourg n’avait pas réglé tous les problèmes.
En
effet, les tensions étaient toujours palpables entre catholiques et
protestants, et certains évêques ayant rejoint les rangs des réformés
n’avaient toujours pas abandonné leurs évêchés.
Les Empereurs germaniques, issus de la maison des Habsbourg,
préférèrent accroitre leur hégémonie plutôt que de combattre les
protestants.
En
effet, Rodolphe II et son frère Mathias I° (ils étaient les
fils de Maximilien II, fils de Ferdinand I°.) décidèrent d’adopter
une politique conciliante vis-à-vis des réformés.
Portrait de Rodolphe II (à gauche) ; Allégorie du règne de l'Empereur Mathias I°,
par Egidius SADELER, vers 1615,
Deutsches historisches museum, Berlin (à droite).
2° Les évènements déclencheurs de la guerre de Trente Ans –
La guerre de Trente Ans se déclencha en raison des problèmes religieux qui
agitaient le Saint Empire romain germanique. Toutefois, quelques évènements
importants sont à retenir afin de bien comprendre les origines du conflit.
a)
Premier évènement, l’incident de Donauwörth (1606) : en 1606, les
luthériens de la cité de Donauwörth, en Allemagne, empêchèrent les
catholiques de mener une procession.
Outrés, ces derniers en appelèrent à Maximilien I°, duc de Bavière.
Acceptant de venir en aide aux catholiques, le duc se rendit à Donauwörth et
chassa les protestants de la cité.
Portrait équestre de Maximilien de Bavière, vers 1624, Deutsches historisches museum, Berlin.
C’est ainsi que quelques protestants décidèrent de fonder la ligue de
l’Union évangélique, sous la direction de Frédéric V, prince
électeur du Palatinat.
Frédéric V, prince électeur du
Palatinat, par Gerrit VAN HONTHORST, vers 1630, Deutsches historisches museum, Berlin.
Ce
souverain protestant, époux d’Elizabeth Stuart, fille du roi
d’Angleterre Jacques I°, était alors dans la ligne de mire de
l’Espagne. En effet, Frédéric V était à la tête de territoires se trouvant
dans la vallée du Rhin, et que convoitaient les Espagnols afin de faire
passer des troupes vers les Pays Bas révoltés (à noter que l’Espagne et les
Flandres étaient en guerre depuis 1568[2].).
Les Espagnols, ayant perdu le contrôle des mers au profit de l’Angleterre,
étaient dès lors contraints à emprunter une route terrestre pour le
transport des troupes. En effet, il était moins risqué de passer par la
Méditerranée afin de transporter les troupes vers l’Italie, qui ensuite
pouvaient rejoindre les Pays Bas.
En
réaction à la création de l’Union évangélique, les catholiques fondèrent en
1609 la Sainte ligue catholique[3],
sous la direction de Maximilien I° de Bavière.
b)
Second évènement, la défenestration de Prague (mai 1618) : au cours de
la seconde décennie du XVII° siècle, l’Empereur germanique Mathias I°
n’avait toujours pas d’héritiers, bien que se trouvant dans l’hiver de sa
vie.
Ce
dernier, soucieux que le titre impérial reste dans la maison des Habsbourg,
décida de soutenir la candidature de son cousin Ferdinand, archiduc
de Styrie.
L'Autriche en 1570.
Mais ce dernier, élevé par les jésuites, était un catholique fervent qui ne
partageait pas les idées de tolérance religieuse de Mathias I°.
Devenu roi de Bohème en 1617, puis roi de Hongrie en 1618, Ferdinand décida
de rétablir le catholicisme dans ses Etats, et ce qui provoqua plusieurs
insurrections.
Pamphlet contre Ferdinand II (ce dernier est présenté comme un aigle entouré
d'ennemis), vers 1620, Deutsches historisches museum, Berlin.
En
mai 1618 à Prague, des protestants de Bohème rencontrèrent les envoyés de
Ferdinand. Toutefois, les négociations ne tardèrent pas à s’envenimer, et
les émissaires du roi furent alors précipités par la fenêtre du palais par
les réformés.
La défenestration de Prague, par Matthäus MERIAN, vers 1633, Deutsches historisches museum, Berlin.
Les trois hommes (deux négociateurs et leur valet.) ne furent pas gravement
blessés, car ils atterrirent sur des ordures. Cet évènement somme toute
mineur est néanmoins considéré aujourd’hui comme l’évènement déclencheur de
la guerre de Trente Ans (toutefois, il faut noter qu’à cette date, aucun
parti n’avait encore pris les armes.).
c)
Troisième évènement, l’élection de Ferdinand II (1619) : en mars 1619,
Mathias I° mourut. Les protestants de Bohême, révoltés contre Ferdinand
depuis maintenant plusieurs mois, décidèrent alors de lui préférer Frédéric
V, prince électeur du Palatinat.
Toutefois, Ferdinand fut élu Empereur en août 1619 à Francfort (ce dernier
fut couronné sous le nom de Ferdinand II.).
Allégorie du couronnement de Ferdinand II, par Ambrosius FRANCKEN, vers
1619, Deutsches historisches museum, Berlin.
Lorsque la nouvelle de l’élection de Frédéric V lui parvint, Ferdinand II
n’attendit pas et décida de prendre les armes contre son rival.
La
guerre de Trente Ans commençait…
3° La période bohémienne et palatine (1618 à 1625) – Au
début du conflit, l’Empereur Ferdinand II disposait d’atouts solides. En
effet, il avait le soutien de Maximilien de Bavière et de la ligue
catholique, de la papauté, ainsi que des électeurs ecclésiastiques
(archevêchés de Mayence, Trèves et Cologne.).
Frédéric V, quant à lui, avait peu d’alliés. Abandonné par les puissances
étrangères et par l’Union protestante, le prince électeur du Palatinat ne
parvint guère à résister aux troupes de Ferdinand II.
a)
Les premières années du conflit : Louis XIII, quant à lui, était
favorable à l’Empereur catholique. Soucieux de redonner au catholicisme une
place de premier rang, il offrit sa médiation à Ferdinand II en 1620.
Toutefois, en novembre 1620, Jean T’Serclaes, comte de Tilly, parvint
à écraser les troupes de Frédéric V lors de la bataille de la Montagne
Blanche.
Jean T'Serclaes, comte de
Tilly, anonyme, vers 1620-1630, Deutsches historisches museum, Berlin., Deutsches historisches museum, Berlin.
Le
prince électeur de Palatinat, vaincu, fut contraint de prendre la voie de
l’exil[4],
ses Etats et son titre d’électeur étant cédés à Maximilien de Bavière. Les
principaux chefs protestants de Bohème, quant à eux, furent exécutés, et
Ferdinand II décida de mettre en place une importante campagne de
restauration du catholicisme dans le royaume.
Suite à ce conflit, Ferdinand II laissa les Espagnols occuper le Palatinat.
Leur objectif étant, comme nous l’avons vu précédemment, de mettre en place
une route terrestre afin d’acheminer des troupes vers les Pays Bas révoltés.
A
noter que le roi d’Espagne Philippe III mourut en 1621, cédant le trône à
son fils Philippe IV.
Portrait de Philippe IV.
b)
La poursuite de la guerre : toutefois, malgré la récente victoire de
Ferdinand II, plusieurs princes protestants décidèrent de poursuivre la
lutte, tels que George Frédéric, margrave de Bade-Durlach ;
Christian de Brunswick, évêque d’Halberstadt ; et
Peter Ernst II von Mansfeld[5].
Peter Ernst II von Manfeld, par Lucas KILIAN, vers 1620-1637 Deutsches historisches museum, Berlin.
Pendant plusieurs mois, les trois princes (à la tête d’armées comptant plus
de 15 000 hommes chacune.) affrontèrent les troupes catholiques.
Arbalètes à pied de biche, travail
allemand, vers 1620-1640, musée des Invalides, Paris.
Après plusieurs victoires et défaites contre l’armée impériale, toujours
commandée par le comte de Tilly, les protestants furent finalement écrasés
après plusieurs affrontements successifs. En mai 1622, le margrave de Bade-Durlach
fut vaincu lors de la bataille de Wimpfen ; en août 1623, ce fut au
tour de Christian de Brunswick d’échouer face aux troupes catholiques, au
cours de la bataille de Stadtlohn.
La bataille de Stadtlhon,
par Matthäus MERIAN, vers 1635, Deutsches historisches museum, Berlin.
A
la fin de l’année 1623, Ferdinand II sortait grand vainqueur de
l’affrontement contre les protestants insurgés.
Toutefois, les armées avaient commis d’importante déprédation dans les
régions traversées. En effet, les seigneurs combattants, soucieux de
garantir le versement de la solde à leurs soldats, n’avaient pas hésité à
piller, voler ou torturer les populations civiles.
Prise d'Heidelberg par les troupes du comte de Tilly, par
Balthazar MONCORNET, vers 1622,Deutsches historisches museum, Berlin.
4° La période danoise (1625 à 1629) – En 1625,
Christian IV, roi protestant du Danemark, décida d’intervenir contre
l’Empereur Ferdinand II.
Christian IV, par Lucas KILIAN, vers 1630, Deutsches historisches museum, Berlin.
a)
Bonne fortune et revers de Christian IV : rejoint par von Mansfeld et
Christian de Brunswick, le souverain danois lança son offensive au cours du
mois de mai 1625 (à noter toutefois que Christian IV était aussi duc de
Holstein. Son objectif, plus politique que religieux, était de parvenir à
étendre ses territoires en Allemagne du nord.).
A
la tête d’une armée d’environ 20 000 hommes, Christian IV parvint à
remporter quelques batailles contre les troupes catholiques.
Toutefois, en avril 1626, les protestants allemands, alliés au roi du
Danemark, furent vaincus par le mercenaire Albrecht von Wallenstein,
lors de la bataille de Dessau ; en août 1626, Christian IV échoua
face au comte de Tilly, lors de la bataille de Lutter-am-Barenberge.
La bataille de Dessau, vers 1626, Deutsches historisches museum, Berlin.
Suite à ces deux défaites successives, Christian IV fut contraint de se
reculer, poursuivi par le comte de Tilly et Albrecht von Wallenstein.
Ces derniers, pendant l’été 1627, pénétrèrent au Danemark et pillèrent les
régions traversées.
Albrecht von Wallenstein, par Lucas SCHNITZER, vers 1626, Deutsches historisches museum, Berlin.
Christian IV, acculé, fut alors contraint de se rapprocher de son rival, le
roi de Suède Gustave II Adolphe[6].
Ce dernier lança alors sa flotte au secours de la cité de Stralsund, assiégée par Wallenstein. Ce dernier, surpris par cette contre-attaque
dano-suédoise, fut donc contraint de reculer.
Le débarquement de Gustave II en Allemagne, par Georg KOLER,
1632, Deutsches historisches museum, Berlin.
Cette victoire permit à Christian IV de signer la paix de Lübeck dans
des conditions favorables (mai 1629.). Le roi de Danemark s’engageait
à ne plus intervenir dans les affaires de l’Empire, sauf en tant que duc
d’Holstein ; les deux belligérants renonçaient à demander des dommages et
intérêts ; les armées du Saint Empire devaient quitter les territoires
occupés ; et les prisonniers de guerre devaient être libérés immédiatement.
Ce
traité, bien que ne privant pas Christian IV de ses territoires, contraignit
le Danemark à observer une neutralité forcée.
b)
L’édit de Restitution et la diète de Ratisbonne : en mars 1629, fort
de sa victoire, Ferdinand II promulgua l’édit de Restitution.
L’objectif de l’Empereur germanique était de récupérer les biens
ecclésiastiques dérobés par les protestants au cours des dernières
décennies.
Toutefois, ce texte avait aussi comme objectif implicite de rétablir la
puissance impériale dans des régions qui vivaient depuis la disparition de
Charles Quint dans une relative autonomie.
Afin de faire respecter l’édit de Restitution, Ferdinand II avait dépêché
Wallenstein sur les lieux, se dernier étant à la tête d’une armée de
plusieurs de dizaines de milliers d’hommes.
Beaucoup de princes allemands, catholiques comme protestants, étaient
effrayés de la puissance de Wallenstein. Des émissaires français invitèrent
d’ailleurs les princes-électeurs à restreindre les pouvoirs de l’Empereur.
Patente autorisant Wallenstein à de nouveaux soldats, 1627, Deutsches historisches museum, Berlin.
La
diète de Ratisbonne fut rassemblée dans un climat particulièrement tendu
(juillet 1630.), les Français y participaient aussi, espérant trouver une
issue favorable à la guerre de succession de Mantoue.
c)
La guerre de succession de Mantoue : la guerre de succession de
Mantoue est un conflit qui se déroula en périphérie de la guerre de Trente
Ans, opposant la France au Saint Empire romain germanique.
En
février 1612, Vincent I° Gonzague, duc de Mantoue et de Montferrat,
mourut. Ce fut donc son fils, François IV, qui lui succéda.
Toutefois, ce dernier décéda sans enfants en septembre 1622, à l’instar de
son frère Ferdinand (1626.).
Suite à la disparition de ses deux aînés, ce fut finalement Vincent II
qui s’empara du duché. Toutefois, ce dernier étant lui aussi de santé
précaire, il décida de marier sa nièce Marie avec Charles III,
duc de Nevers[7].
En
décembre 1627, alors que le mariage des deux époux était célébré, Vincent II
mourrait.
L’Empereur germanique Ferdinand II, apprenant la nouvelle, décida alors de
rattacher le duché de Mantoue à l’Empire, sous prétexte que la succession
était vacante.
Pour ce faire, il s’allia avec le duc de Savoie Charles Emmanuel I°,
qui avait déjà affronté les Français à plusieurs reprises[8].
Portrait à l'effigie de Charles Emmanuel
I°, duc de Savoie.
Louis XIII, quant à lui, refusait de céder le duché de Mantoue à l’Empire
germanique, afin d’éviter un encerclement progressif de la France.
En
1628, Charles Emmanuel I° lança les hostilités. Accompagné par des troupes
espagnoles, il s’empara de Montferrat, contraignant Charles de Nevers à
reculer.
En
début d’année 1629, Louis XIII se retrouvait dans une situation délicate.
Soit il laissait faire le duc de Savoie, afin de préserver l’alliance
espagnole ; soit il intervenait et s’attaquait ouvertement à l’Espagne.
La
reine-mère était favorable à la première théorie, Richelieu à la seconde. Le
roi de France, soucieux de ne pas laisser les coudées franches à l’Espagne,
décida d’intervenir en Italie.
Le cardinal de Richelieu, par Philippe de CHAMPAIGNE, vers
1639, musée du Louvre, Paris.
Traversant les Alpes à la tête de l’armée du siège de La Rochelle (mars
1629.), le roi de France vint au secours de Charles de Nevers. L’armée
royale fut rapidement confrontée aux troupes du duc de Savoie, et parvint à
mettre l’ennemi en déroute (les Français poursuivirent les Savoyards jusqu’à
Suze.).
L'armée royale poursuivant les Savoyards jusqu'à Suze, gravure issue de
l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
Charles Emmanuel I°, conscient de son infériorité, fut alors contraint de
négocier. Signant le traité de Suze (avril 1629.), il reconnut
Charles de Nevers comme légitime duc de Mantoue et Montferrat. En outre, il
s’engageait à prendre place dans une ligue regroupant la France, Venise,
Mantoue et la papauté contre l’Espagne.
Toutefois, en octobre 1629, Ferdinand II décida d’intervenir dans la guerre
de succession de Mantoue, se jugeant lésé car ni Louis XIII, ni Charles
Emmanuel I° ne l’avaient consulté afin de régler la succession.
Ainsi, ayant occupé les passages alpins, l’armée impériale assiégea Mantoue,
alors que les Espagnols s’attaquèrent à Montferrat, coinçant les Français
dans la forteresse de Casal.
En
mars 1630, les Français parvinrent toutefois à s’emparer de la forteresse de
Pignerol, et décidèrent de s’attaquer au duché de Savoie, jugeant que
Charles Emmanuel I° jouait un double jeu.
Les Français s'emparent de la forteresse de Pignerol, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
En
juin 1630, après avoir envahi la Savoie, Louis XIII décida de marcher contre
le Piémont. En juillet, l’armée royale s’empara de Saluces, et Charles
Emmanuel I° mourut peu de temps après (ce fut alors son fils Victor
Amédée I°[9]qui lui succéda.).
En
juillet 1630, comme nous l’avons vu au point précédent, Ferdinand II décida
de convoquer la diète de Ratisbonne.
Joseph Leclerc du Tremblay (surnommé le père Joseph ou l’éminence
grise, en raison de sa bure de moine capucin.), représentant de la
France, souhaitait régler l’affaire de la succession de Mantoue. Ferdinand
II, quant à lui, souhaitait mettre en place une paix générale qui aurait mit
fin à la guerre de Trente Ans. En outre, il souhaitait recevoir l’accord de
la diète afin de transmettre le titre impérial à son fils[10].
Le père Joseph, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
Ferdinand II, afin de recevoir l’assentiment de la diète, fut contraint de
licencier Wallenstein (ce dernier effrayait les princes allemands par sa
grande puissance rapidement acquise.). Ce dernier décida de s’incliner, et
les effectifs de l’armée impériale furent réduits.
Les Français, quant à eux, signèrent la paix de Ratisbonne en octobre
1630, s’engageant à ne pas aider les ennemis de l’Empereur (Ferdinand II
prit alors le même engagement.).
Richelieu n’apprécia guère cet accord, qui paralysait l’offensive française
en Allemagne.
Toutefois, la guerre contre les Espagnols se poursuivait.
Les Français décidèrent alors de riposter, assiégeant la forteresse de Casal
à l’automne 1630. Cependant, le souverain pontife Pie VIII décida
d’offrir ses services en tant que médiateur, dépêchant sur place le légat du
pape, Girolamo Barberini (ce dernier, neveu du pape, était accompagné
par son ancien élève, Jules Mazarin.).
Mazarin s'interposant entre Français et Espagnols, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
Ce
dernier, comprenant que le commandant des forces espagnoles était plus
enclin à négocier, parvint à mettre en place un accord favorable à la
France.
En
juin 1631, les deux adversaires signèrent le traité de Cherasco.
Charles de Nevers recevait le duché de Mantoue et de Montferrat ; les
Français devaient abandonner le Piémont (à noter qu’en mars 1631, Richelieu
et Mazarin avait négocié un traité secret avec Victor Amédée I°, ce dernier
acceptant de mettre en place une alliance offensive et défensive avec la
France, mais cédant en contrepartie la forteresse de Pignerol et le Val de
Pérouse.).
Finalement, en octobre 1631, la France et le duché de Savoie signèrent le
traité de Mirafiori, par lequel Louis XIII recevait Pignerol et le Val
de Pérouse pour une durée de six mois ou plus.
5° La période suédoise (1630 à 1635) – En 1630, la France
voyait d’un mauvais œil les victoires successives de Ferdinand II sur les
armées protestantes. En effet, si l’Empereur germanique parvenait à
l’emporter sur les réformés, rien ne l’empêchait dès lors de concentrer son
attention vers la France.
Ainsi, Louis XIII et Richelieu décidèrent de prendre contact avec Gustave II
Adolphe, roi de Suède (ce souverain ayant des vues sur la Poméranie, il
n’appréciait guère la montée en puissance de Wallenstein dans le nord de
l’Allemagne.).
Gustave II Adolphe, par Jacob VAN DER HEYDEN, deuxième moitié
du XVII° siècle, Deutsches historisches museum, Berlin.
Les deux partis décidèrent alors de signer le traité de Bärwald, en
janvier 1631. Gustave II Adolphe s’engageait à reprendre la lutte contre le
Saint Empire romain germanique ; la France, occupée par la guerre de
succession de Mantoue, ne fournirait pas de troupes au souverain suédois,
mais lui verserait une indemnité d’un million de livres par an ; la Suède
s’engageait à entretenir une armée de 36 000 hommes en Allemagne pendant
cinq ans, mais devait toutefois respecter le culte catholique.
En
outre, une clause prévoyait des échanges commerciaux entre les deux nations.
a)
L’offensive de Gustave II Adolphe : peu de temps après la signature
du traité de Bärwald, Gustave II Adolphe décida de débarquer dans le nord de
l’Allemagne.
Le
souverain suédois, véritable génie militaire[11],
refusa de livrer bataille contre l’armée impériale, commandée par le comte
de Tilly. Ce dernier, tentant de contraindre son ennemi à combattre, décida
alors d’assiéger Magdebourg (une garnison suédoise se trouvait dans la
cité.).
La
ville, ne résistant guère, fut alors saccagée par les assaillants. Les vols,
viols et meurtres étant si nombreux, la cité perdit près de 80% de ses
habitants.
Le
sac de Magdebourg, de par sa violence, fut vécu comme un véritable
traumatisme par les protestants du Saint Empire.
Le sac de Magdebourg, par Matthäus MERIAN, vers 1631, Deutsches historisches museum, Berlin.
Le
comte de Tilly décida alors de poursuivre Gustave II Adolphe en Thuringe et
en Saxe (les Saxons décidèrent alors de se rallier au roi de Suède.),
l’affrontant finalement au cours de la bataille de Breitenfeld
(septembre 1631.).
Arbalètes à pied de biche, vers
1620-1640, musée des Invalides, Paris.
Le
souverain suédois, utilisant la technique du
feu de salve[12]
contre les tercios[13]de son adversaire, parvint à
l’emporter.
Suite à cet affrontement, Gustave II Adolphe décida de poursuivre vers le
sud, ravageant les régions traversées. Affrontant et écrasant à plusieurs
reprises l’armée impériale, le Suédois s’empara de Nuremberg et de
Donauwörth.
b)
Pendant ce temps, en France : comme nous l’avons vu précédemment,
Gaston s’était réfugié auprès du duc Charles de Lorraine, suite à la journée
des dupes[14]
(rappelons que ce dernier refusait de prêter hommage au roi de France et se
rapprochait du Saint Empire romain germanique.).
Il
y épousa alors la jeune Marguerite, la sœur de Charles.
Louis XIII décida de marcher sur la Lorraine, contraignant le duc à
s’incliner. Ce dernier dut alors céder aux Français les villes de Marsal,
Clermont et Château-Salins pour une durée de trois ans, et laisser libre
passage à l’armée royale.
Gustave II Adolphe se trouvant alors de l’autre côté des Vosges, il invita
le roi de France à mener une attaque conjointe contre le Luxembourg et
l’Alsace.
Toutefois, le roi de France préféra s’abstenir d’intervenir ouvertement dans
le conflit.
Le
souverain suédois, déçu, décida alors d’hiberner à Francfort.
c)
L’offensive de Wallenstein : Ferdinand II, constatant l’échec du comte
de Tilly, décida alors de rappeler Wallenstein, licencié en août 1630.
Ce
dernier, recrutant une nouvelle armée, décida de poursuivre ses propres
plans. En effet, il ne fit pas jonction avec le comte de Tilly, qui fut
vaincu une fois de plus par Gustave II Adolphe lors de la bataille de
Rain am Lech (avril 1632.).
Le
comte de Tilly, gravement blessé lors de l’affrontement, mourut de ses
blessures peu de temps après.
Jean T'Serclaes, comte de
Tilly, par Anton VAN DYCK, vers 1632, Deutsches historisches museum, Berlin.
Les Suédois, quant à eux, décidèrent d’envahir la Bavière. Cette attaque
provoqua la stupeur dans le camp français, car Maximilien I°, duc de
Bavière, n’était pas un allié de Ferdinand II. Louis XIII, craignant que
cette attaque ne rapproche ce duché de l’Empereur, demanda à Gustave II
Adolphe de mettre fin à l’offensive.
Toutefois, le roi de Suède refusa d’obéir et poursuivit sa campagne.
C’est ainsi que Philippe Christophe von Sötern, archevêque de Trêves
et un des princes-électeurs, décida de se placer sous protection de la
France (des garnisons françaises vinrent s’installer dans plusieurs cités de
l’archevêché.).
Wallenstein, quant à lui, décida finalement de se diriger vers Nuremberg.
Les Suédois, tentant de s’attaquer à son camp retranché, furent toutefois
repoussés ; en outre, Gustave II Adolphe décida d’abandonner Nuremberg.
Lettre de Wallenstein concernant l'approvisionnement de ses régiments,
février 1630, Deutsches historisches museum, Berlin.
Peu de temps après, Wallenstein parvint à s’emparer de Leipzig, perturbant
les communications des Suédois avec la baltique.
Siège et capture de Leipzig, vers 1642, Deutsches historisches museum, Berlin.
Les deux belligérants s’affrontèrent alors au cours de la bataille de
Lützen, en novembre 1632.
Mort de Gustave II Adolphe lors de la bataille de Lützen, gravure issue de
l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
Les Suédois parvinrent à l’emporter, mais Gustave II Adolphe mourut au cours
de l’affrontement. Bernard, duc de Saxe-Weimar, reçut alors le
commandement d’une armée suédoise perturbée par la mort de son roi (en
Suède, ce fut la fille du défunt, Christine, qui monta sur le trône.
Toutefois, étant trop jeune pour gouverner, une régence fut mise en place
par le chancelier Axel Oxenstiern. Richelieu décida de se rapprocher
rapidement de ce dernier.).
Bernard, duc de Saxe-Weimar,
école italienne, vers 1660, Deutsches historisches museum, Berlin.
Wallenstein, quant à lui, ne profita pas de l’avantage que lui conférait
cette nouvelle situation. Au contraire, il commença à se rapprocher des
ennemis de Ferdinand II (Suède, France, Saxe, etc.), dans le but de se
constituer son propre royaume.
Finalement, en février 1634, Wallenstein fut assassiné par ses
officiers, achetés par l’Empereur germanique.
La mort de Wallenstein, par
Karl VON PILOTY, vers 1855, Alte Nationalgalerie, Berlin.
Côté français, Louis XIII parvint à s’emparer de Nancy en fin d’année
1633.Le mariage de Gaston et Marguerite fut invalidé, et le duc de Lorraine
accepta d’abdiquer en faveur de son frère, Nicolas II (ce dernier
était alors évêque de Toul.).
Bataille de la guerre de Trente Ans, musée de l'Infanterie, Montpellier.
Suite à la mort de Gustave II Adolphe, le régent Axel Oxenstiern décida de
confier le commandement de l’armée à son gendre Gustave Horn. Ce
dernier rentra très tôt en conflit avec le duc de Saxe-Weimar, qui
n’appréciait guère le nouveau venu.
Du
côté des impériaux, la situation s’améliorait. Ferdinand, roi de
Hongrie et roi de Bohème[15],
assisté par son cousin le cardinal
Ferdinand d’Autriche[16],
parvint à vaincre les protestants lors de la bataille de Ratisbonne
(juillet 1634.), puis les Suédois lors de la
bataille de Nördlingen[17]
(septembre 1634.).
Ferdinand d'Autriche à la bataille de Nördlingen, par Peter
Paul RUBENS, vers 1634, Deutsches historisches museum, Berlin.
Suite à cet échec, le régent Axel Oxenstiern décida de se séparer du duc de
Saxe-Weimar. Toutefois, si la défaite de Christian IV avait réduit à néant
la présence danoise en Allemagne, la défaite de Nördligen ne mit pas un
terme à la présence suédoise.
Axel Oxenstiern, par Johan BORJESSON, 1890.
6° La période française (1635 à 1648) – Jusqu’en 1635, la
France n’avait pas pris officiellement les armes contre le Saint Empire
romain germanique. Le seul conflit qui avait opposé Louis XIII à Ferdinand
II avait été la guerre de succession de Mantoue, un conflit périphérique à
la guerre de Trente Ans.
En
1635, l’Empereur germanique et ses armées étaient parvenus à écraser les
différents princes et souverains protestants ayant tenté de leur résister
(Frédéric V, prince électeur du Palatinat ; Christian IV, roi du Danemark ;
Gustave II Adolphe, roi de Suède.).
Le
fait que le Saint Empire romain germanique retrouve sa puissance d’antan
était particulièrement dangereux pour la France, d’autant plus que Ferdinand
II avait des liens très étroits avec l’Espagne.
Combat équestre, anonyme, vers 1635, Deutsches historisches museum, Berlin.
Louis XIII, bien que luttant contre les protestants en France, fut donc
contraint de s’allier avec les princes réformés d’Allemagne afin de
maintenir l’équilibre.
S’appuyant sur Richelieu, le roi de France envoya de nombreux émissaires
auprès des ennemis de l’Empire germanique et de l’Espagne (particulièrement
aux Pays Bas, les Flamands souhaitant arracher leur indépendance aux
Espagnols.).
Louis XIII et Richelieu, gravure issue de l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
Par ailleurs, les Suédois n’avaient pas été anéantis, suite à la bataille de
Nördligen. Ainsi, en cas d’attaque française, Ferdinand II serait attaqué
sur les deux fronts.
a)
La France déclare la guerre à l’Espagne (1635) : en début d’année
1635, les Espagnols s’attaquèrent aux possessions de Philippe Christophe
von Sötern, archevêque de Trêves et un des princes-électeurs. En effet,
ce dernier s’était mis sous la protection de la France, se qui inquiétait
les Espagnols.
Ces derniers s’emparèrent alors de Philippsbourg, Spire et Landau (janvier
1635.)
Apprenant la nouvelle, Louis XIII se rapprocha d’Axel Oxenstiern, signant le
traité de Compiègne. Ainsi, France et Suède ne devaient pas conclure
de paix séparée. Puis, en mai 1635, le roi de France déclara finalement la
guerre à l’Espagne.
C’est à cette date que les Français formèrent quatre théâtres d’opérations. Le
premier avait comme objectif de s’attaquer aux Pays Bas espagnols ; le
second, à l’est, devait s’attaquer à la Lorraine, l’Alsace et la
Franche-Comté, alors principautés impériales ; un troisième se trouvait dans
le nord de l’Italie ; et un quatrième avait été ouvert sur les Pyrénées,
avec comme objectif de surveiller une éventuelle attaque espagnole.
Les Français remportèrent très vite leur premier succès. Ainsi, en mai 1635,
les Espagnols furent vaincus lors de la bataille d’Avins, en
Belgique.
La bataille d'Avins, anonyme, XVII° siècle, château de
Versailles, Versailles.
Toutefois, les troupes royales commettant des pillages, elles furent
contraints de reculer à cause de la population en colère.
Soldats pillant une ferme, anonyme, vers 1620, Deutsches historisches museum, Berlin.
Toutefois, au même moment, Ferdinand II accepta de signer la Paix de
Prague avec les princes protestants. L’Empereur germanique accepta de
suspendre l’édit de Restitution et gracia tous les insurgés.
Ayant dès lors les mains libres, Ferdinand II put ainsi envoyer ses
troupes vers les Pays Bas.
En
juillet 1635, la France, les duchés de Savoie, Modène, Parme et Mantoue
signèrent le traité de Rivoli, mettant en place une ligue défensive
contre les Espagnols. Louis XIII, afin de s’assurer du soutien de Victor
Amédée I°, lui promit le commandement, la possession du Montferrat, une
partie du Milanais et le titre de roi.
Dans l’est du pays, Louis XIII se rapprocha de Bernard de Saxe-Weimar,
accordant une pension à ce dernier, contre la promesse d’entretenir une
armée prête à lutter contre le Saint Empire romain germanique (octobre
1635.).
Toutefois, l’année 1635 se solda sur un statu quo entre les
belligérants. Sur le Rhin, les Français ne parvinrent pas à l’emporter ; en
Italie du nord, l’invasion du duché de Milan ne put être menée à bien par
les troupes françaises.
b)
L’Espagne prend l’avantage (1636) : l’année 1636 fut un véritable
échec pour le camp français. En effet, au début du mois d’août, les
Espagnols, menés par le cardinal Ferdinand d’Autriche, parvinrent à
s’emparer de Corbie.
Certaines troupes avancèrent alors vers Paris, multipliant les pillages.
C’est dans ce contexte tendu qu’éclata la révolte des Croquants, une
émeute populaire se déroulant entre la Loire et la Garonne (la révolte fut
toutefois rapidement matée.).
Les troupes espagnoles parvinrent à atteindre Pontoise à la mi-août, ce qui
provoqua un mouvement de panique à Paris. Louis XIII, quant à lui, refusa de
quitter la capitale menacée par les Espagnols.
Les enrôlements volontaires se multiplient dans la capitale menacée, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
Toutefois, le roi de France décida de contre-attaquer, assiégeant Corbie fin
septembre 1636.
Au
mois d’octobre, le général suédois Johan
Baner[18]parvint à vaincre l’armée impériale au
cours de la bataille de Wittstock. Cette victoire parvint à
déstabiliser le camp des Habsbourg, toujours menacé par la Suède, et depuis
1635 par la France.
En
novembre, les Espagnols tentèrent de s’emparer de la Bourgogne, mais furent
repoussés grâce à la résistance de la petite place de Saint Jean de Losne.
Les habitants de Saint Jean de Losne jurent de résister aux Espagnols
jusqu'à la mort, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.
Finalement, Corbie tomba à la mi-novembre 1636.
La reprise de Corbie,
anonyme, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.
c)
Le statu quo (1637 à 1638) : en février 1637, Ferdinand II mourut.
Ayant réussi à influencer la diète de Ratisbonne, en juillet 1629, ce fut
son fils Ferdinand III qui lui succéda à la tête de l’Empire
germanique.
Portrait de Ferdinand III.
Le
duc de Savoie Victor Amédée mourut lui aussi la même année, après avoir
livré plusieurs batailles au Espagnols. Ce fut alors son épouse Christine,
sœur de Louis XIII, qui reçut la régence au nom de son fils François
Hyancinthe (mais ce dernier mourut en octobre 1638, et ce fut donc son
frère cadet Charles Emmanuel II qui lui succéda.).
Cette dernière dut alors affronter les intrigues de ces beaux-frères,
Thomas et Maurice, ces derniers ayant décidé de s’allier avec les
Espagnols.
En
France, à la fin de l’année 1637, Anne d’Autriche fut confondue par
Richelieu, ce dernier ayant appris qu’elle entretenait une importante
correspondance avec sa famille d’Espagne.
Anne d'Autriche, par Jean DARMAND, dit LORFELIN, vers 1642, musée du Louvre,
Paris.
Ces échanges ne mirent toutefois pas en danger la sûreté de l’état, car la
reine était tenue à l’écart du conseil du roi.
A
noter que selon certaines sources, c’est en décembre 1637 que fut conçu le
futur Louis XIV (ce dernier naquit en septembre 1638, premier enfant
d’un couple marié depuis 23 années.). Gaston, jusqu'alors héritier
présomptif de la couronne, se rendit compte qu'il ne règnerait probablement
jamais.
Anne d'Autriche présentant le dauphin, futur Louis XIV,
anonyme, XVII° siècle, château de Versailles, Versailles.
En
janvier 1638, Bernard de Saxe-Weimar parvint à franchir le Rhin, et infligea
une défaite à l’armée impériale. En mars, le régent Axel Oxenstiern,
soucieux de resserrer les liens avec la France, signa le traité de
Hambourg.
En
août 1638, les Français remportèrent la bataille navale de Guetaria,
livrée non loin des côtes espagnoles ; toutefois, en septembre, l’Espagne
parvint à progresser dans le sud ouest de la France, écrasant les troupes de
Louis XIII au cours de la bataille de Fontarabie.
Cependant, en décembre 1638, Bernard de Saxe-Weimar parvint à s’emparer de
Brisach, importante cité alsacienne (décembre 1638.). Le passage entre le
duché de Milan et les Pays Bas espagnols s’en retrouvait clôturé.
Dorénavant, l’Espagne se retrouvait contrainte d’envoyer ses renforts par la
mer, quitte à affronter la marine anglaise.
A
noter que le père Joseph, l’éminence grise de Richelieu, s’éteignit en fin
d’année.
Richelieu et le père Joseph, gravure issue de l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
d)
Les Français prennent l’avantage (1638 à 1643) : en mars 1639,
Richelieu accepta d’aider Christine de Savoie, attaquée par ses beaux frères
alliés avec l’Espagne. Toutefois, en échange de l’envoi d’une armée de
renfort, le cardinal exigea de la régente la cessation à la France des cités
de Cherasco, Savigliano et Carmagnole.
Toutefois, en août 1639, les deux beaux frères de la régente se firent
reconnaitre tuteurs de Charles Emmanuel II et administrateurs de l’Etat par
le sénat de Savoie.
Christine se rapprocha alors de Richelieu, et ce dernier lui promit
d’intervenir à condition de céder à la France la cité de Montmélian. La
régente accepta alors la proposition du cardinal.
En
juillet 1639, Bernard de Saxe-Weimar mourut à Neubourg (emporté par la fièvre selon certains, empoisonné selon d’autres.).
Ce
fut Jean Baptiste Budes, comte de Guébriant[19],
qui s’empara du commandement des troupes du duc de Saxe (ce dernier avait
été l’officier en second du défunt pendant plusieurs années.).
Jean Baptiste Budes, comte de Guébriant,
château de Versailles, Versailles.
Ce
dernier persuada alors le gouverneur de Brisach de remettre la cité entre
les mains du roi de France.
Au
cours de l’été 1639, une nouvelle révolte populaire éclata, cette fois ci en
Normandie, menée par les Va nu pieds (ces derniers exprimaient leur
mécontentement à cause d’un nouvel impôt.). Les insurgés appelèrent les
régions avoisinantes à se rebeller, mais Paris ne fut pas touchée par le
mouvement.
Les Va nu pieds, gravure issue de l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
Finalement, il fut décidé d’envoyer une armée punir les rebelles, mais cette
dernière ne fut pas composée de Français, qui auraient peut être été trop
indulgents.
A
la fin de l’automne, les Va nu pieds furent dispersés et les meneurs furent
pendus.
En
mars 1640, soucieux d’assainir les finances du royaume (l’Etat était en
déficit à cause de la guerre.), il fut décidé de créer une nouvelle monnaie
en or, le Louis.
En
août 1640, les Français s’emparèrent d’Arras ; en septembre, Thomas de
Savoie fut contraint de capituler, reconnaissant la protection française sur
le duché de Savoie et rompant avec l’Espagne (c’est ainsi que fut signé le
traité de Paris, en juin 1642.) ; au cours de l’hiver, Guébriant et
l’armée suédoise de John Baner s’attaquèrent à Ratisbonne (les deux hommes
furent toutefois contraints de reculer.).
Toutefois, deux évènements majeurs changèrent considérablement la donne. En
effet, le Portugal proclama son indépendance vis-à-vis de l’Espagne, élisant
Jean IV comme souverain ; la Catalogne décida de reconnaitre Louis
XIII comme comte de Barcelone et du Roussillon (décembre 1640.).
Les Français franchirent alors les Pyrénées afin d’assiéger Tarragone
(dernière cité de Catalogne tenue par Philippe IV.), mais ils durent reculer
en août 1641.
En
début d’année 1642, Louis XIII décida de concentrer tous ses efforts sur le
Roussillon. Ainsi, une fois la cité de Collioure prise, l’armée royale mit
alors le siège devant Perpignan (la cité ne tomba toutefois qu’au mois de
septembre.).
Malgré ces succès, les Français durent abandonner la Catalogne en octobre
1642, bien qu’ayant vaincu les troupes espagnoles lors de la bataille de
Lérida.
Toutefois, Richelieu mourut en décembre 1642, bientôt suivi dans la tombe
par Louis XIII (mai 1643.).
Le
sort des armes souriait aux Français depuis maintenant plusieurs mois, mais
la guerre de Trente Ans était loin d’être gagnée…
[1]
Pour en savoir plus sur la paix d’Augsbourg, vois le 8, section IV,
chapitre deuxième, les Valois-Angoulême.
[2]
Les deux pays combattirent l’un contre l’autre au cours de la guerre
de 80 ans. En effet, l’Espagne souhaitait conserver son hégémonie
sur les Pays Bas ; au contraire, les Flamands souhaitaient obtenir
leur indépendance.
[3]
Ne pas confondre la ligue catholique créée par les catholiques du
Saint Empire en 1609 ; et la ligue catholique, qui fut créée en
France au cours du XVI° siècle.
[4]
Frédéric V, de par son court règne, fut surnommé winterkönig,
le roi d’un hiver.
[5]
Peter Ernst II von Mansfeld, bien que catholique, avait décidé de
rejoindre le camp des protestants. Fils illégitime de Peter I°
von Mansfeld, gouverneur de Luxembourg et de Bruxelles, le jeune
homme avait été légitimé par l’Empereur germanique Rodolphe II.
Toutefois, ce dernier ayant privé Peter Ernst II de son héritage, il
décida de se révolter contre l’autorité impériale.
[6]
Christian IV de Danemark et Gustave II Adolphe s’étaient affrontés à
plusieurs reprises. En outre, la Suède tentait de s’affirmait
vis-à-vis du Danemark, qui au contraire souhaitait conserver son
hégémonie dans la Baltique.
[7]
Ce dernier était le gendre du duc de Mayenne, farouche adversaire
d’Henri IV.
[8]
Pour en savoir plus à ce sujet, voir le a), 2, section III, chapitre
premier, les Bourbons.
[9]
A noter que Victor Amédée était le beau frère de Louis XIII, ayant
épousé sa sœur Christine.
[10]
Rappelons que la couronne impériale était élective et non
héréditaire.
[11]
C’est sous son règne que furent inventés les cartouches de fusil en
papier et les canons en cuir bouilli.
[12]
Le feu de salve était une technique militaire consistant à mettre en
place une longue rangée de soldats, armés de fusils. Pendant que le
premier rang tirait, le second chargeait ses fusils ; lorsque le
premier rang rechargeait ses fusils, le second rand tirait. De sorte
que l’ennemi était exposé à un feu continu.
[13]
Le système des tercios fut inventé par les espagnols. Il était
composé de mousquetaires et de lanciers, ces derniers adoptant une
formation en carré. Ainsi, l’infanterie ennemie était repoussée par
les mousquetaires ; les lanciers, quant à eux, repoussaient la
cavalerie.
[14]
Pour en savoir plus à ce sujet, voir le 3, section III, chapitre
deuxième, les Bourbons.
[15]
Ferdinand était le fils de l’Empereur germanique Ferdinand II.
[16]
Ferdinand d’Autriche était le fils du défunt roi d’Espagne Philippe
III. Sa mère, Marguerite d’Autriche, était la sœur de
l’Empereur germanique Ferdinand II.
[17]
A noter que la principale raison de la défaite suédoise de
Nördlingen fut la mésentente entre Gustave Horn et Bernard de
Saxe-Weimar.
[18]
Ce dernier avait repris le commandement de l’armée suédoise suite à
l’échec de Gustave Horn et de Bernard de Saxe-Weimar lors de la
bataille de Nördlingen (septembre 1634.).
[19]
Le comte de Guébriant était originaire de Bretagne.