1° L’arrivée
du prince de Condé au pouvoir, le mariage de Louis XV (1723 à 1726) –
Suite à la mort de Philippe d’Orléans, ce fut Louis IV Henri de
Bourbon-Condé, prince de Condé et duc de Bourbon, qui devint le
principal conseiller du jeune roi (né en 1692, le nouveau venu s’était
considérablement enrichi grâce au système de Law.).
Portrait de Louis XV, par Jean Baptiste VAN LOO, XVIII° siècle, château de
Versailles, Versailles.
A noter toutefois que les premiers mois de
règne du prince de Condé ne lui permirent pas de s’attirer la sympathie du
peuple. Ainsi, en février 1724, il procéda à une dévaluation de la monnaie ;
en mai, il confirma l’édit
de Fontainebleau,
soucieux de s’en prendre aux protestants du Midi, qui avaient recommencé à
pratiquer leur culte suite à la mort de Louis XIV (les hommes étaient
passibles d’une condamnation aux galères, les femmes d’une détention
perpétuelle.).
Louis IV Henri de Bourbon-Condé,
prince de Condé et duc de Bourbon, par Pierre GOBERT, musée Condé,
Chantilly.
Ces mesures provoquèrent de nombreux
mécontentements partout en France.
Louis XV, fiancé à Marie Anne Victoire de
Bourbon depuis 1721, était de santé fragile. En outre, sa promise n’avait
que 5 ans en 1723, ce qui retardait d’autant plus l’éventuelle naissance
d’un héritier.
A cette époque, Louis IV craignait que le roi
de France meure sans avoir de fils. Si cela se produisait, la couronne
reviendrait à Louis d’Orléans, fils du défunt régent. Cependant, le
prince de Condé n’appréciait guère les Orléans, et souhaitait donc éviter de
tomber en disgrâce.
Le régent et son fils, école française du XVIII° siècle, vers
1720, château de Versailles, Versailles.
Louis IV décida donc de trouver une épouse à
Louis XV, et qui soit en âge de procréer.
Louis, fils aîné de Philippe V étant décédé
(son épouse, fille du défunt régent rentra en France peu de temps après.),
le prince de Condé eut ainsi un prétexte pour rompre les fiançailles de
Louis XV avec l’infante d’Espagne. Philippe V, apprenant la nouvelle en mars
1725, décida alors de se rapprocher de l’Empereur germanique.
Assisté par sa maîtresse Jeanne,
marquise de Prie, Louis IV examina au cours du printemps 1725 une liste sur
laquelle figurait toutes les princesses à marier. Il jeta alors son dévolu
sur Marie Leszczynska, fille de Stanislas Leszczynski, roi
détrôné de Pologne.
Portrait de Marie Leszczynska, reine de France, par François
SIEMART, XVIII° siècle, château de Versailles, Versailles.
La jeune femme était âgée de 22 ans alors que
le roi de France n’en avait que 15, en outre, son rang était jugé comme bien
trop modeste. Le mariage fut toutefois célébré en septembre 1725, alors
qu’au même moment, des émeutes éclataient partout à cause de la hausse des
prix et des nouveaux impôts.
Toutefois, cette cérémonie ne permit pas au
prince de Condé d’éviter la disgrâce. En effet, ce dernier était de plus en
plus impopulaire, considéré par le peuple comme responsable des maux qui
frappaient alors le pays.
Ainsi, en juin 1726, et ce malgré les
supplications de son épouse, Louis XV décida de se séparer du prince de
Condé (ce dernier se réfugia alors à Chantilly, où il mourut en 1740.).
2° L’action du cardinal de
Fleury (1726 à 1743) – Peu de temps avant la disgrâce de Louis IV, le
jeune Louis XV s’était rapproché de son ancien précepteur, André Hercule
de Fleury, évêque de Fréjus.
André Hercule de Fleury, gravure issue de
l'ouvrage
Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.
Ainsi, suite à l’éviction du prince de Condé,
le roi de France décida alors de faire de Fleury son principal ministre (ce
dernier fut fait cardinal en septembre 1726, à l’âge de 73 ans.). Les
historiens estiment aujourd’hui que la décennie au cours de laquelle Fleury
fut au pouvoir constitua vraisemblablement l’apogée du règne de Louis XV.
Dès son arrivée au pouvoir, Fleury décida de
diminuer l’impôt mis en place par Louis IV. Puis, en février 1727, il fut
confronté à une importante crise diplomatique.
A cette époque, Philippe V s’était rapproché de
l’Empereur germanique, alors que la France et l’Angleterre avaient décidé de
s’allier à la Prusse. Toutefois, soucieux d’installer ses fils dans des
principautés italiennes et de chasser les armées anglaises d’Espagne, le
souverain espagnol avait assiégé Gibraltar.
La Prusse se déclara neutre, ainsi que
l’Empereur germanique Charles VI. Toutefois, l’Angleterre étant alliée à la
France, elle réclama le secours de Louis XV.
Fleury, se retrouvant dans une situation
délicate, proposa alors de céder la couronne de France à Philippe V au cas
où Louis XV mourait sans héritiers. Le roi d’Espagne accepta la proposition
de Fleury, ignorant que le roi de France était alors en bonne santé.
Finalement, les principales puissances
européennes se réunirent à Soissons en juin 1729 afin de mettre un terme au
conflit.
A noter toutefois que le parti anti-autrichien,
mené par Germain Louis Chauvelin, secrétaire d’Etat aux affaires
étrangères, proposa à Philippe V une alliance franco-espagnole contre la
menace anglo-autrichienne.
Germain Louis Chauvelin,
par Jean Baptiste OUDRY, musée du Louvre, Paris.
Peu de temps après, Marie Leszczynska donna
naissance au dauphin Louis, le 4 septembre 1729. A noter que la joie
du roi de France fut grande, le couple royal, au cours des années
précédentes, n’ayant pas encore eu d’héritier mâle (deux jumelles étaient
nées en juillet 1727, puis une troisième fille en août 1728.).
En août 1732, Fleury décida de restreindre le
droit de remontrance du Parlement de Paris (accordé à ce dernier par le
défunt régent.). Les parlementaires protestèrent évidemment, mais ces
derniers, exilés ou arrêtés, furent finalement contraints de se soumettre.
Ainsi, malgré l’opposition du Parlement de
Paris, le cardinal parvint à équilibrer le budget de l’Etat (1738.),
et développa les voies de communications afin de favoriser le commerce
(achèvement en 1738 du canal de Saint Quentin, reliant l’Oise à la
Somme ; construction d’un réseau routier dans la France entière.).
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