La
première chose à savoir lorsque l’on aborde l’histoire de l’Empire byzantin,
c’est que cette appellation date du XVI° siècle (et est donc bien
postérieure à la chute de ce royaume.). En fait, les Empereurs de
Constantinople se considérèrent toujours comme des Romains, régnant sur un
royaume ayant pour nom Basileía Rômaíôn (ce qui signifie ‘Empire
romain’.).
En effet, l’Empire byzantin sut conserver le
précieux héritage transmis par Rome : utilisation du droit, techniques
agricoles élaborées (irrigation, aqueducs, norias, etc.), savoir faire
urbain (monuments, tout à l’égout, éclairage, etc.), transmission du savoir
de l’Antiquité (médecine, philosophie, Histoire, etc.)…
Une question qui revient fréquemment concerne les
dates de début et de fin de l’Empire byzantin. En ce qui concerne la chute
de ce royaume, la réponse est facile (Constantinople tomba aux mains des
Turcs en 1453, et l’Empire byzantin disparut.), mais en ce qui concerne sa
date de création, le problème est bien plus complexe.
En réalité, il n’y a pas eu de date de naissance
‘officielle’, et l’Empire byzantin à pris la forme que nous lui connaissons
au fil des siècles. Nous pouvons cependant noter quelques dates clefs :
En 285, l’Empereur Dioclétien divisa
l’Empire en deux parties, conservant l’Orient, et confiant l’Occident à son
collègue Maximien Hercule.
En 330, Constantin I°, seul Empereur, fit
de Byzance la nouvelle capitale de l’Empire (la rebaptisant
Constantinople.).
En 395, Théodose, seul Empereur, partagea
l’Empire entre ses deux fils : Honorius reçut l’Occident, et
Arcadius eut l’Orient. Jusqu’à cette date, les deux royaumes avaient
souvent été divisés, mais cette fois la scission fut définitive (bien que
certains souverains tentèrent en vain d’y mettre fin.).
En 476, l’Empire d’Occident chut, et les
ornements impériaux furent envoyés à l’Empereur d’Orient Zénon.
Dans la première moitié du VI° siècle, l’Empereur
Justinien parvint à s’emparer de nombreux territoires perdus depuis
des années (Afrique, sud de l’Hispanie, Italie.). Il fut le dernier
souverain à mettre en place une politique centrée sur la botte italienne.
Au début du VII° siècle, l’Empereur Héraclius fit
du grec la langue officielle de l’Empire byzantin. Il abandonna aussi son
titre latin d’Imperator pour prendre celui de Basileus.
Cette partie, consacrée à l’histoire de l’Empire byzantin, commence donc
avec le règne d’Arcadius, en 395,
et s’achève avec la chute de Constantin XI, en 1453.
1° Arcadius (395 à 408) – Comme nous
l’avons dit précédemment, l’Empereur Théodose,
en 395, divisa son Empire entre ses deux fils, Honorius et Arcadius. Le
premier reçut l’Occident, et le second eut l’Orient.
Buste d'un Empereur romain de l'Antiquité
tardive, peut être Arcadius, vers 400, Altes museum, Paris.
Arcadius resta dans les mémoires comme un souverain indolent, qui fut
toujours dominé par ses proches (né en 377, il était déjà adulte lorsqu’il
accéda au trône, contrairement à son jeune frère.).
Arcadius, dans un premier temps, fut soumis à
l’influence de Flavius Rufinus, le préfet du prétoire.
Dès l’accession d’Arcadius au pouvoir, il le maria à Aelia Eudoxia,
la fille du général franc Flavius Bauto (ce dernier avait participé à
l’usurpation de Maxime contre
Valentinien II.).
Cependant, le tuteur d’Honorius, Stilicon,
tentait de prendre le pouvoir en Orient, et cela inquiéta Rufinus.
Représentation de Stilicon.
Ce
dernier fit alors appel aux Wisigoths du roi Alaric, qui
préférèrent piller la Grèce que défendre le préfet du prétoire (les Huns
attaquèrent l’Empire byzantin au même moment, pillant la Syrie.).
Finalement, Stilicon confia à son ami Gaïnas
la tâche d’éliminer Rufinus. Cela fut fait, et le chambellan Eutrope
s’empara alors du pouvoir.
En 399, ce dernier fut éliminé à son tour, et
Gaïnas et ses auxiliaires goths pénétrèrent dans Constantinople. Ces
derniers furent néanmoins éliminés en 400, et Stilicon n’eut plus de moyens
de pression en Orient.
Par la suite, ce fut Eudoxie qui prit le dessus
sur Arcadius. Cette dernière mena une vie un peu dissolue, et fut vivement
critiquée par Saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople.
Exilé par deux fois par l’Impératrice, il mourut dans le Pont Euxin en 407.
Eudoxie et Arcadius n’eurent pas non plus une vie
plus longue, les deux époux mourant en 401 et 408.
Buste présumé d'Eudoxie, IV° siècle,
musée du Colisée, Rome.
2° Théodose II (408 à 450) –
Suite à la mort d’Arcadius, ce fut son fils Théodose qui monta sur le trône.
Cependant, ce dernier n’ayant que sept ans à l’époque, il fut placé sous la
tutelle d’Anthémius,
le préfet du prétoire.
Par la suite, l’Empereur, aussi faible que l’était son père, fut sous
l’influence de sa sœur aînée Pulchérie (de son vrai nom Aelia Pulcheria.).
Buste de Théodose II.
Cette dernière tint les rênes du pouvoir pendant
près d’un demi-siècle. Très instruite et très pieuse (la cour eut des
semblants de monastère en raison du caractère dévot de Pulchérie.), la sœur
de Théodose II parvint à bien gérer l’Empire byzantin. En 421 fut publié le
code théodosien, contenant toutes les lois romaines promulguées
depuis 312.
En ce qui concerne la religion, deux hérésies
firent leur apparition sous le règne de Théodose II : celle de Nestorius,
patriarche de Constantinople (les nestoriens ne reconnaissaient pas
la maternité divine de Marie.), et celle d’Eutychès (les
monophysites ne reconnaissait pas la nature humaine du Christ.).
En 431, le nestorianisme fut condamné au concile
d’Ephèse ; le monophysisme fut condamné en 451 au concile de Chalcédoine
(sous le règne de Marcien, successeur de Théodose.).
D’un point de vue militaire, le règne de Théodose
vit la victoire de l’Empire byzantin en 421 et 441. Par contre, ce souverain
dut lutter contre les Huns, successivement menés par Ruga, Bleda
et Attila.
Ces derniers commencèrent par s’emparer de la province de Pannonie, dont ils
firent leur point de ralliement. Puis, par la suite, Théodose II dut
accepter de leur payer un lourd tribut annuel, et fut contraint aussi de ne
plus s’allier aux tribus germaines (ennemies des Huns.).
En 447, un tremblement de terre détruisit une
partie des remparts de Constantinople, et Attila décida d’en profiter.
Cependant, alors qu’il assiégeait la ville, Théodose II mourut d’une chute
de cheval (450.).
3° Marcien (450 à 457) – Théodose II, à sa
mort, ne laissait qu’une fille derrière lui, Licinia Eudoxia
(l’épouse de Valentinien III,
l’Empereur d’Occident.).
Pièces de monnaie aux effigies de Valentinien III (à gauche.) et Licinia Eudoxia
(à droite.).
Le général Aspar,
Patrice
et magister militum
(il avait participé aux guerres contre
les Huns et les Perses.), second personnage de l’Etat, ne pouvait prétendre
au trône car il était d’origine alain.
Pulchérie épousa alors le sénateur Marcien et
associa ce dernier à l’Empire.
Pièce de monnaie à l'effigie de Marcien.
Marcien, né en Thrace vers 392, épousa très tôt
la carrière militaire, imitant ainsi son père. Participant aux guerres
contre les Perses, il se fit alors remarquer par Aspar, et devint le
secrétaire de son fils Ardaburius.
Marcien était donc déjà âgé lorsqu’il accéda au
trône (à noter que Pulchérie, âgée elle aussi, accepta de l’épouser, à
condition que leur mariage soit chaste.).
Le nouvel Empereur refusa donc de payer un nouveau
tribut à Attila, lui affirmant qu’il avait de l’or pour ses amis et du
fer pour ses ennemis (un mariage fut néanmoins organisé entre sa fille
Aemilia et Grontus, le fils d’Attila. L’Empereur maria aussi
son autre fille Aelia Marcia Euphemia avec Anthemius, futur Empereur
d’Occident.).
La cour d'Attila, par Olaj
VASZON, 1870, musée de Budapest.
Par la suite, Attila préféra quitter l’Orient afin
de s’attaquer à Valentinien III. Vaincu en Gaule à la bataille des Champs
catalauniques en 451, le roi des Huns envahit l’Italie du nord au
printemps 452. Cependant, il dut se retirer prestement, Marcien en ayant
profité pour l’attaquer sur ses arrières, en Pannonie (Attila mourut l’année
suivante, en 453. A noter que Pulchérie mourut la même année, ce qui permit
à Marcien d’avoir plus de pouvoir.).
Par la suite, Marcien mena peu d’expéditions
militaires. Il s’attaqua aux tribus arabes de Syrie, puis envoya une
ambassade au roi Genséric en 455 (suite à la prise de Rome.),
demandant la libération de la veuve de Valentinien III et de ses deux filles
(à noter que ces femmes ne furent libérées qu’en 464, sous le règne de Léon
I°.).
Pièce de monnaie à l'effigie de Genséric.
Il installa aussi les Ostrogoths en
Pannonie, ces derniers jurant fidélité à l’Empire byzantin.
Orthodoxe, Marcien lutta contre le nestorianisme
et le monophysisme, deux hérésies apparues sous le règne de Théodose II (et
condamnées suite aux conciles d’Ephèse et Chalcédoine.).
Luttant contre la corruption, et tentant
d’assainir les finances de l’Empire, Marcien laissa à sa mort un important
trésor dans les caisses de l’Etat.
Ce souverain mourut en 457 d’une gangrène des
pieds, qui s’était déclarée suite à un pèlerinage religieux.
N’ayant pas d’héritier mâle, la dynastie
théodosienne s’éteignit avec Marcien.
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