1°
Léon I° (457 à 474) – Suite à la mort de Marcien, Aspar favorisa
l’accession au trône de Léon I°, un général d’origine thrace. En
outre, afin d’associer la famille impériale à celle d’Aspar, son fils cadet
Patricius épousa Léontia, la fille de Léon I° et d’Aelia
Verina (francisé en Vérine.).
Buste de Léon I°, vers 470 après Jésus
Christ, musée du Louvre, Paris.
Au final, la principale caractéristique du règne
de souverain réside dans l’intérêt qu’il porta aux affaires d’Occident. En
effet, Léon I° tenta, à plusieurs reprises, de réunifier l’Empire romain,
mais ses efforts furent vains[1].
Lorsque Léon I° fut placé sur le trône, Avitus,
l’Empereur d’Occident, venait d’être déposé par le général Ricimer
(un Suève romanisé.) et le chef de la garde impériale Majorien.
Pièces de monnaie aux effigies d'Avitus (à gauche.) et de Majorien (à
droite.).
Léon I° hésita un temps sur la marche à suivre,
car il désirait réunifier l’Empire. Il décida alors de ne pas donner aux
deux hommes le titre d’Empereur, élevant Ricimer au rang de Patrice, et
décernant la charge de magister militum à Majorien.
Cependant, c’était sans compter les armées
d’Italie, qui proclamèrent Majorien Empereur, en avril 457. Mais ce
souverain ne resta pas longtemps au pouvoir : après avoir livré une guerre
désastreuse contre les Vandales d’Afrique, il fut exécuté par Ricimer en
rentrant en Italie.
Ce dernier, de par son origine barbare, ne put se
proclamer Empereur, et décida alors de placer sur le trône une de ses
créatures, Sévère III (461.).
Pièce de monnaie à l'effigie de Sévère III.
Aucun peuple de ce qui restait de l’Empire
d’Occident ne reconnut le nouvel Empereur, pas même Léon I° qui se proclama
souverain de l’Empire d’Occident.
Cependant, Sévère III mourut en août 465. Ricimer ne lui désigna aucun
successeur, et s’empara alors du pouvoir. Finalement, en avril 467, Léon I°
nomma Anthémius Empereur d’Occident[2]
(ce dernier avait épousé Aelia Marcia Euphemia, la fille de
l’Empereur d’Orient Marcien, qui l’avait nommé Patrice et consul en 455.).
Pièce de monnaie à l'effigie d'Anthémius.
Une fois au pouvoir, Anthémius tenta de lancer plusieurs attaques contre les
barbares qui envahissaient la Gaule et l’Hispanie, en vain. En 472, il fut
assassiné par Ricimer, las de voir cette accumulation de défaites.
Le
nouveau souverain, Olybrius, ne fut pas non plus reconnu par Léon I°.
Pièce de monnaie à l'effigie d'Olybrius.
A
noter qu’à la fin de son règne, Léon I° dut faire face à une insurrection
des Ostrogoths en Pannonie, libérés de la tutelle des Huns (c’est son
prédécesseur, l’Empereur Marcien, qui avait installé ces barbares dans cette
zone.). De ce fait, son attention fut détournée de ce qu’il se passait en
Occident.
A
Constantinople, la situation était elle aussi problématique : les partisans
de Zénon, le beau fils de l’Empereur, n’admettaient pas qu’un barbare
(en l’occurrence Aspar.), puisse avoir autant de pouvoir. Zénon déclencha
alors des émeutes anti-ariennes (Aspar était
arien[3].),
au cours desquelles Aspar et son fils Ardaburius trouvèrent la mort (sans
doute avec la complicité de L’Empereur.).
Léon I° mourut en 474, et ce fut alors Léon II, son petit fils, qui
monta sur le trône.
2° Léon II (474) – Léon II, né en 467, était le
fils de Zénon et d’Aelia Ariadna, fille de Léon I° (son nom fut
francisé en Ariane.). Comme il était encore jeune, son père fut
associé au pouvoir. Cependant, Léon II mourut rapidement, après neuf mois de
règne.
Pièce de monnaie à l'effigie de Léon II.
3° Zénon I° (474 à 491) – A la mort de son
fils Léon II, Zénon fut donc proclamé Empereur (ce dernier, né en 430, avait
comme vrai nom
Tarasicodissa.). Ce souverain était
originaire d’Isaurie, une région située au sud est de l’Asie mineure.
Cependant, bien que cette province fut conquise par l’Empire romain depuis
des siècles, les Isauriens étaient toujours considérés comme des barbares
par les Grecs ; c’est pour cette raison que Zénon ne fut jamais bien accepté
par son peuple.
Pièce de monnaie à l'effigie de Zénon,
British Museum, Londres.
Dès son accession au pouvoir, Zénon décerna le titre de César à Julius
Nepos (ce dernier était gouverneur de Dalmatie, et avait épousé une
nièce de l’Impératrice Vérine, l’épouse de Léon I°.), le chargeant
d’éliminer Glycérius, le remplaçant du défunt Empereur d’Occident
Olybrius (Zénon ne reconnaissait ni l’un ni l’autre.).
Pièces de monnaie aux effigies de Glycérius (à gauche.) et de Julius Nepos
(à droite.).
Julius Nepos parvint
à s’emparer du pouvoir, mais ne fut jamais accepté en Occident, de par ses
origines grecques (il fut déposé en 475 par son général Flavius Oreste,
suite à une campagne désastreuse contre les Wisigoths en Gaule.).
De
son côté, Zénon se heurta à l’impératrice Vérine, qui souhaitait se
remarier. L’Empereur voyait d’un mauvais œil cette hypothétique union, car
cela mettait en lice contre lui un nouveau prétendant au trône.
C’est alors que Basiliscus, le frère d’Aelia Vérine, s’empara du
pouvoir avec l’aide du général Illus, profitant d’un voyage de Zénon
à Antioche (475.). Il prit alors sa sœur de vitesse en tuant son prétendant.
Pièce de monnaie à l'effigie de
Basiliscus.
Vérine se rapprocha alors de Zénon, qui réunit une petite armée avec l’aide
de Théodoric, roi des Ostrogoths.
Basiliscus, qui s’était attiré les foudres des habitants de Constantinople
en soutenant les monophysites, fut alors abandonné par Illus, qui se
rapprocha de Zénon. En 476, les habitants de Constantinople ouvrirent les
portes de la ville à l’Empereur, et Basiliscus, tentant de fuir, fut
capturé. Zénon accepta de lui laisser la vie sauve, et l’exila en Phrygie
avec sa famille (ils y moururent d’inanition.).
A
cette même époque, Romulus Augustule[4]
(un jeune adolescent qui avait été fait
Empereur en octobre 475 par son père Oreste.) fut déposé par Odoacre,
chef des Hérules. Ce dernier envoya alors les insignes impériaux à
Zénon en gage de soumission.
Pièce de monnaie à l'effigie de Romulus Augustule, British Museum, Londres.
Ce
dernier n’eut d’autre choix que de les accepter et nomma Odoacre roi
d’Italie. En effet, si Basiliscus n’avait pas usurpé le pouvoir, Zénon
aurait sans doute eut la possibilité d’intervenir en Italie avant la chute
de Romulus Augustule.
Officiellement, les deux Empires étaient réunifiés ; dans les faits,
l’Empire d’Occident n’existait plus.
Par la suite, Zénon ne put intervenir non plus en Italie, étant aux prises
avec les Ostrogoths. L’Empereur proposa alors à son adversaire de s’attaquer
à Odoacre en Italie, ce que Théodoric, le roi des Ostrogoths, s’empressa de
faire.
Pièce de monnaie à l'effigie de
Théodoric.
A
la même période, Zénon signa un traité avec Genséric, le roi des Vandales
(qui s’était attaqué à l’Epire en 474.), reconnaissant ses possessions en
Afrique, Corse, Sicile, Baléares et Sardaigne, à condition qu’il cesse ses
attaques contre l’Empire byzantin.
Peu de temps après, les heurts entre Zénon et Vérine reprirent. Cette
dernière, tentant de faire assassiner Illus, fut alors exilée. Elle fomenta
une insurrection avec l’aide de ses frères, qui fut matée dans le sang par
Illus en 479.
L’épouse de Zénon, Ariane (qui était la fille de Vérine) insista auprès de
son mari pour faire revenir sa mère, en vain.
En
484, Vérine s’allia avec Illus, et soutinrent l’usurpation de Léontios.
Zénon ne put mettre un terme à cette insurrection qu’en 488, exécutant
l’usurpateur et Illus.
En
482, Zénon publia l’hénotique (Hénotikon en grec.), tentant de
mettre fin à la querelle monophysite en proposant un compromis. Mais à Rome,
le pape Félix III jugea ce texte trop favorable au monophysites, et
lança un anathème contre le patriarche de Constantinople, auteur de ce texte
(484.).
En
avril 491, Zénon mourut. N’ayant pas eu d’autres enfants avec son épouse
(son fils Léon II étant mort en 474.), cette dernière épousa Anastase I°,
un haut fonctionnaire de l’Empire byzantin.
4° Anastase I° (491 à 518) – Anastase I° naquit à
Dyrrachium vers 430. D’origine modeste, il parvint néanmoins à occuper la
charge de silentiaire[5],
et fut ainsi repéré par l’impératrice Ariane, l’épouse de Zénon.
Pièce de monnaie à l'effigie d'Anastase,
British Museum, Londres.
A
la mort de l’Empereur, en 491, Ariane épousa alors Anastase, qui était déjà
âgé. Ce dernier rencontra plusieurs succès contre les Perses, et s’allia
avec Clovis, le roi des Francs[6],
conférant à ce dernier le titre de maître de la milice et de patrice
(l'objectif de l'Empereur était de trouver un adversaire capable de lutter
efficacement contre les Ostrogoths de Théodoric, alors installés en
Italie.).
L'Empire byzantin en 500
(vous pouvez faire un "clic droit" sur la carte afin de faire un zoom).
En outre, Anastase I°
supprima le Chrysargyron, une taxe sur les bénéfices commerciaux,
imposée par Dioclétien au cours du III° siècle. Il éleva aussi un mur de 70
kilomètres entre la Propontide et le Pont Euxin, afin de mieux protéger
Constantinople.
Cependant, le règne de cet Empereur fut agité de nombreux troubles à
l’intérieur des frontières. En effet, Anastase I° étant monophysite, il
tenta de réformer les conciles, persécuta les patriarches de Constantinople,
et finit par rompre avec Rome. Son comportement entraîna de nombreuses
insurrections, qui furent souvent réprimées dans le sang.
Solidus à l'effigie d'Anastase, vers 500,
Neues museum, Berlin.
Anastase mourut en juillet 518, frappé par la foudre selon les sources
antiques.
[1]
Pour en savoir plus sur les règnes des derniers Empereurs
d’Occident, référez vous section II, chapitre septième, histoire
de la Rome antique.
[2]
Comme nous l’avons vu précédemment, le grand père d’Anthémius
avait été préfet du prétoire sous Théodose II (voir le 2, section I,
chapitre premier, histoire de l’Empire byzantin.).
[3]
Les ariens considéraient que Jésus, de par sa nature humaine, ne
pouvait pas être placé sur le même pied d’égalité que Dieu.
[4]
Augustule (Augustulus en latin.) signifie ‘petit Auguste’.
[5]
Les silenciaires avaient pour tâche de faire respecter l’ordre et le
silence autour de l’Empereur. A l’origine, cette charge était
exercée par des esclaves ou des affranchis, mais elle ne cessa de
prendre de l’importance au fil des siècles. Au VIII° siècle, les
silenciaires eurent aussi comme fonction d’accueillir les
dignitaires, négociant avec les souverains, faisant parfois aussi
office de hérauts.
[6]
Pour en savoir plus sur Clovis et les Francs, voir section I,
chapitre deuxième, les Mérovingiens.