1° Le partage de 768 – A la
mort de Pépin III[1],
en 768, le royaume des Francs fut divisé entre ses deux fils, Charles
et Carloman.
Statue dite de Charlemagne (le cavalier pourrait être en fait Louis le Pieux,
fils de Charlemagne.), IX° siècle, musée du Louvre, Paris.
L’aîné, né en 742 ou 747, reçut la Neustrie,
la Burgondie et l’Aquitaine ; il fut proclamé roi à Noyons. Le cadet, né
en 751, eut l’Austrasie, la Thuringe et l’Alémanie, ainsi que
plusieurs territoires tributaires[2] ;
il fut proclamé roi à Soissons.
A noter toutefois que les deux frères ne
s’entendaient guère.
a) Le royaume franc et ses voisins : en
768, le royaume des Francs, s’étendant de la Gaule jusqu’au Rhin,
formait la première puissance européenne. L’Espagne était dirigée par l’émirat
de Cordoue, qui avait obtenu son indépendance vis-à-vis du
califat abbasside de Bagdad[3]
; en Italie régnaient les Lombards, maîtres de la péninsule italique
mais néanmoins affaiblis depuis la constitution des
Etats pontificaux[4] ;
enfin, l’on comptait plusieurs territoires tributaires, en Bretagne et
en Saxe.
Outre ses quelques provinces, l’on retrouvait
quelques Etats sans frontières communes avec le royaume des Francs, tels
que la Bretagne (actuelle Grande-Bretagne), divisée entre sept petits
royaumes[5] ;
les Slaves, installés sur l’Oder ; le royaume des Avars,
en Hongrie[6] ;
ou l’Empire byzantin, affaibli par sa lutte contre les
Bulgares[7].
Quant à la papauté, ne pouvant trouver secours
auprès des souverains de Constantinople, elle fut contrainte de se
tourner en direction de l’occident, brisant peu à peu avec l’Eglise
d’Orient.
b) La question des sources : en ce qui
concerne les sources, force est de constater que si les écrits
concernant le règne de Charlemagne sont plus nombreux que ceux de
l’époque mérovingienne, ils sont toutefois moins exhaustifs.
La principale chronique consacrée à ce
souverain, la Vie de Charlemagne, fut rédigée par
Eginhard, un érudit proche du roi des Francs. A noter que ce
dernier, rédigeant son ouvrage vers 830, soit une quinzaine d’années
après la mort de Charlemagne, rédigea plus une hagiographie[8]
qu’un livre d’Histoire, souhaitant glorifier le règne de ce souverain.
Par ailleurs, alors que le récit d’Eginhard
revient sur une période s’étalant sur près d’un siècle, il reste
particulièrement sommaire (contrairement au récit de
Saint Grégoire de Tours, bien plus
exhaustif).
Enfin, si le fils de Pépin III répondait bien
au nom de Charles (ou Karl), il fut, de son vivant, surnommé
Charles le Grand (Karolus Magnus en latin). Plus tard, cette
appellation latine fut francisée en Charlemagne.
2° Du partage de 768 à la mort
de Carloman (768 à 771) – Nous avons vu précédemment que Pépin III,
suite à une décennie de guerres contre l’Aquitaine, avait réussi à
éliminer le duc Waïfre en 768[9].
a) Guerre contre l’Aquitaine (769) : le
fils du défunt, Hunoald II, décida alors de prendre les armes dès
769.
Toutefois, le nouveau duc d’Aquitaine fut
contraint de fuir devant les armées de Charlemagne. Hunoald II se
réfugia alors auprès de Loup II, duc de Gascogne. Cependant, ce
dernier ne souhaitant pas s’attirer les foudres du roi des Francs, il
décida de livrer son hôte à Charles[10].
Toutefois, Hunoald II parvint à s’échapper, et
demanda alors refuge aux Lombards.
A noter que les récits concernant ces
évènements ne sont pas clairs, les chroniques ne mentionnant qu’un
certain Hunoald. Ainsi, certains historiens pensent que
l’insurrection en Aquitaine ne fut pas menée par Hunoald II mais par son
grand-père Hunoald I°, qui avait été enfermé dans un monastère de
l’île de Ré en 745[11].
b) Brève alliance avec la Lombardie (770) :
sous la pression de Bertrade, mère de Charles et de Carloman, une
alliance fut négociée avec Didier, roi des Lombards (ce dernier
était un aristocrate s’étant emparé par la force de la couronne lombarde
suite au décès d’Astolphe, en 757[12]).
Soucieux de mettre en place une alliance avec
les Francs, Didier donna ses filles en mariage à ses nouveaux
partenaires : en 770, Charles épousa Désirée ; Tassilon III,
duc de Bavière[13],
épousa Liutberge.
A noter que le roi des Francs avait déjà une
concubine, Himiltrude (le couple avait eu un fils en 769, baptisé
Pépin le Bossu), qui fut répudiée à l’occasion.
Cette alliance entre le royaume des Francs et
la Lombardie, vraisemblablement orchestré par Bertrade, fut vivement
critiqué par le pape Etienne III (rappelons que ce dernier
comptait sur les Francs pour lutter contre les Lombards qui menaçaient
Rome).
c) La mort de Carloman, Charles seul roi
des Francs (771) : en décembre 771, Carloman mourut dans son palais
de Samoussy, âgé de vingt ans[14].
Charles, qui n’aimait guère son frère,
s’empressa de récupérer l’héritage du défunt, écartant de ce fait ses
neveux du trône.
Gerberge,
veuve de Carloman, décida alors de se réfugier en Lombardie, afin de
mettre ses enfants, Pépin et Syagrius, hors de portée de
leur oncle.
3° Guerre
contre les Lombards (773 à 774) – En 773, le pape Adrien I°,
qui venait de succéder à Etienne II, implora le secours des Francs, les
Etats pontificaux étant à nouveau menacés par les Lombards.
Charles était en mauvais
terme avec la Cour de Pavie. Ce dernier, qui avait répudié Désirée vers
771 (officiellement pour cause d’infertilité), utilisa comme prétexte à
la guerre l’exil d’Hunoald II et de Gerberge en Lombardie.
a) La campagne de
773-774 : Charles, franchissant les Alpes à l’automne 773, traversa
une ligne de défense formée par les Lombards et assiégea Pavie.
Sa présence n’étant pas
nécessaire au milieu de son armée, Charles se rendit donc à Rome au
cours des fêtes de pâques de l’an 774, où il fut reçu en triomphateur.
Il y renouvela solennellement la donation faite vingt ans plus tôt par
Pépin au Saint-Siège. Quand il revint sous les murs de Pavie, courant
juin, la ville fut obligée de se rendre, accablée par la peste et la
famine.
b) La reddition de
Didier (juin 774) : le roi des Francs, déposant le roi Didier,
enferma son rival dans monastère de Corbie. Son fils, Adalgis,
parvint toutefois à échapper aux Francs, se réfugiant à Constantinople[15].
Hunoald II avait été
lapidé par les habitants de la ville, usés par ce siège ; quant à
Gerberge, veuve de Carloman, elle était parvenue à s’enfuir à Vérone
(elle fut toutefois capturée suite à la prise de la ville par les Francs[16]).
Suite à la conquête de Pavie, Charles ceignit
la couronne de fer[17]des rois Lombards, imposant son
autorité sur la plaine du Pô.
En outre, le duché de Spolète, au sud des
Etats pontificaux, fit soumission à Charlemagne ; le duché de Bénévent,
situé entre la Campanie et le nord des Pouilles, parvint à conserver son
indépendance, mais fut soumis à un tribut (le duc Arigis II,
gendre de Didier, fut contraint de lutter contre les Francs pendant de
nombreuses années, ces derniers souhaitant annexer ses Etats).
c) Les suites de la guerre contre les
Lombards (776) : en 776, les Francs s’emparèrent du duché de Frioul,
aux portes de la Vénétie (Venise était alors sous domination byzantine).
Cette mainmise franque sur l’Italie ne fut
guère au goût des Byzantins, mais ces derniers, empêtrés dans la guerre
contre les musulmans et les Bulgares, ne purent intervenir dans la
péninsule italique.
4°
Guerres contre les Saxons (772 à 804) – Charlemagne, dont le pouvoir
était de droit divin, ne pouvait pas tolérer qu’un peuple tributaire
reste fidèle au paganisme. En effet, cela signifiait qu’ils ne
reconnaissaient pas l’Eglise, et donc qu’ils ne reconnaissaient pas
l’autorité du roi.
C’est ainsi que fut justifiée la guerre contre
les Saxons, qui dura plus de trente ans.
Charlemagne et ses leudes, par Charles et Louis ROCHET, 1882,
parvis Notre Dame, Paris.
a) Les Saxons : les Saxons, installés
entre l’Ems et l’Oder, payaient tribut aux Francs depuis le VI° siècle[18].
Ces derniers s’étaient toutefois révoltés à plusieurs reprises,
particulièrement suite à l’arrivée de la dynastie des Carolingiens.
Toutefois, si les Saxons avaient été tenus en
échec par les Francs, ils étaient parvenus à envahir la Bretagne
(actuelle Grande-Bretagne) de concert avec les Angles, une tribu
apparentée. Luttant contre les populations celtiques, les envahisseurs
parvinrent à établir leur domination sur l’île au cours du VII° siècle[19]
(la région fut rebaptisée Angleterre, la terre des Angles[20]).
A la fin du VIII°
siècle, les Saxons d’Angleterre n’avaient plus de liens avec leurs
cousins de Germanie. Ces derniers, vivaient dans une contrée d’accès
difficile, parsemée de marais et d’épaisses forêts. N’ayant pas de rois,
les Saxons étaient divisés en plusieurs tribus, dont chaque chef était
indépendant dans son canton. Cependant, ces derniers se réunissaient une
fois par an pour discuter de leurs intérêts communs.
L’on comptait quatre
principaux groupes de Saxons, à savoir les Westphaliens, les
Ostphaliens, les Angrariens et les Nordalbingiens
(mieux connus sous le nom de Danois ou Normands).
Les Saxons constituaient
un des rares peuples d’Europe à n’avoir pas épousé la foi chrétienne.
Ainsi, ces derniers étaient restés fidèles au paganisme, qu’ils
considéraient comme le symbole de leur indépendance (à noter cependant
que la papauté envoyait depuis près d’un siècle des missions de
christianisation dans la région).
b) Première campagne
(772), l’Irmenseul : en 772, les Saxons attaquèrent la Thuringe, une
province du royaume des Francs. Charles, soucieux de défendre ses Etats,
mais aussi de combattre le paganisme, décida alors de contre-attaquer.
Réunissant son armée à
Worms, Charles pénétra en Saxe. Ce dernier, remportant la victoire
contre des Saxons désorganisés, entreprit donc de s’attaquer aux lieux
de cultes des vaincus.
Lutte entre Francs et Saxons, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par
François GUIZOT, France, 1875.
Au fond d’une forêt
sacrée, les Francs trouvèrent l’Irmenseul, un arbre gigantesque
représentant vraisemblablement l’Yggdrasil de la mythologie
scandinave (selon la légende, il était le support de l’univers, les neuf
mondes étant soutenus par ses branches[21]).
A noter que l’on ne sait
pas aujourd’hui si l’Irmenseul était un frêne, ou bien un simple tronc
totémique sculpté.
L’arbre étant considéré
comme un symbole du paganisme saxon, Charles ordonna qu’il soit mis à
terre. Ce dernier souhaitait prouver aux vaincus que la supériorité de
la foi chrétienne, car la destruction de l’Irmenseul ne provoquerait pas
l’effondrement du ciel.
c) Seconde campagne
(774 à 775) : si les Saxons avaient fait soumission suite à la
campagne de 772, la destruction de l’Irmenseul ne fit que les inciter à
poursuivre la lutte contre les Francs.
Ainsi, alors que Charles
assiégeait Pavie, en 774, les Saxons envahirent la Frise et la Hesse,
brûlant les églises et saccageant les monastères en guise de
représailles.
Alors occupé en Italie,
Charles, dans un premier temps, envoya des troupes en Germanie, afin de
contenir l’avancée des Saxons. Puis, en 775, convoquant l’ost[22]
à Quierzy, entra en Westphalie afin d’en découdre avec les insurgés.
De retour en Gaule,
Charles monta une nouvelle expédition contre les rebelles en 775.
Franchissant le Weser, le roi des Francs reçut la soumission des
Ostphaliens et des Angrariens ; les Westphaliens, commandés par
Widukind, poursuivirent la lutte, mais déposèrent les armes au bout
de quelques semaines.
La soumission des Saxons, par Paul Lehugeur,
XIX° siècle.
d) Troisième campagne
(777 à 785), l’exécution de Verden : suite à la soumission du duché
de Frioul, en Italie, Charles convoqua une assemblée à Paderborn, en
Germanie (777).
Les Saxons, désormais
vassaux des Francs, s’y rendirent à nombre, à l’exception de Widukind,
qui s’était réfugié chez les Nordalbingiens.
Ce dernier, voyant que
Charles était occupé à guerroyer en Espagne[23],
décida de reprendre les armes à compter de 778.
Organisant la résistance
saxonne, il menaça l’abbaye de Fulda, en Hesse, que les moines
évacuèrent en emportant avec eux les reliques de Saint Boniface[24].
Toutefois, la résistance
de Widukind fut perturbée par un parti pro-franc qui émergea au sein de
l’aristocratie saxonne, Charles ayant annoncé son intention d’instaurer
l’institution comtale en Saxe.
En 782, Widukind parvint
à vaincre l’armée franque au pied du massif des Wiehengebirge, près du
fleuve Weser.
Cette défaite entraîna
une grande opération de représailles, Charles se rendant en personne en
Germanie. Ce dernier, faisant rassembler 4 500 Saxons à Verden, leur
imposa de choisir entre la conversion ou la mort. Les prisonniers ayant
refusé d’abjurer le paganisme, ils furent égorgés suite à un procès
sommaire. En outre, 12 000 femmes et enfants furent déportés dans les
différentes provinces du royaume.
Cet évènement tristement
célèbre fut plus tard baptisé le massacre de Verden.
e) Le capitulaire
saxon, le baptême de Widukind (785) : toutefois, l’annonce du
massacre de Verden ne fit qu’exciter encore plus les Saxons contre la
domination franque. Ainsi, beaucoup de colons francs installés en Saxe
furent assassinés, et de nombreuses églises furent pillées.
La guerre devenant
encore plus violente que par le passé, Charles décida en 785 de
promulguer le capitulaire saxon (ou de partibus Saxonie),
lors de l’assemblée de Paderborn.
Le texte punissait de
mort quiconque refuserait de reconnaître les comtes et les
missi[25],
refuserait de se baptiser ou de payer la dîme aux églises, pratiquerait
la crémation des morts ou les pratiques sacrificielles, violerait le
jeûne du Carême et mangerait de la viande, etc.
Le capitulaire saxon
plongea la région dans un bain de sang (Charles lui-même admit plus tard
la cruauté de cette loi, et en modifia certains passages). Widukind,
isolé, fut alors contraint de faire soumission en 785. Ce dernier,
abandonnant le paganisme, se fit baptiser avec ses troupes à Attigny
(selon certaines chroniques, Charles aurait été le parrain du Saxon).
Charlemagne reçoit à
Paderborn la soumission de Widukind,
par Ary SCHEFFER, XIX° siècle, château de
Versailles, Versailles.
En parallèle de la
conquête de la Saxe, Charles fit ériger plusieurs évêchés, qui devinrent
peu à peu de nouvelles agglomérations. Puis, des routes furent tracées,
afin de relier les nouvelles villes, s’accompagnant d’un développement
des échanges économiques.
C’est ainsi
qu’apparurent plusieurs villes d’Allemagne, telles que Hambourg, Brême,
Minden, Paderborn et Verden. C’est pourquoi Charlemagne est souvent
considéré comme le fondateur de l’Allemagne moderne.
f) Dernières révoltes
saxonnes (792 à 804) : suite à la soumission de Widukind, la Saxe
fut en paix pendant près d’une décennie.
Mais, en 792, les Saxons
se révoltèrent une fois encore, protestant contre le capitulaire.
Widukind, quant à lui, se réfugia une fois encore chez les
Nordalbingiens.
Les insurgés, abjurant
le christianisme, pillèrent les églises et tuèrent de nombreux colons
francs[26].
En 794, Charles décida
de lancer une expédition contre la Saxe, à laquelle participa son fils
Charles le Jeune. L’ost fut alors divisé en deux, le roi des
Francs marchant vers la Thuringe, son fils vers la Westphalie. Les
insurgés déposèrent alors les armes sans combattre.
Quelques années plus
tard, en 798, les Nordalbingiens attaquèrent les Abodrites, un
peuple tributaire des Francs, installé entre l’Elbe et l’Oder.
Cependant, ces derniers
furent rapidement battus. En 799, la Saxe fut définitivement annexée.
En mai 804, Charles
acheva la pacification de la région en faisant déporter les rebelles
Nordalbingiens ; en outre, les Abodrites furent autorisés à coloniser la
rive droite de l’Elbe.
Au final, la guerre
contre les Saxons avait duré plus de trente années, malgré la brève
accalmie des années 785 à 792. Mais la région était désormais soumise,
les Francs ayant imposé par la force la foi chrétienne, à l’issue d’un
conflit parfois considéré comme l’une des premières guerres de religion
en Europe.
Les Saxons se convertissent au christianisme, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par
François GUIZOT, France, 1875.
5°
Guerres contre les musulmans d’Espagne (778 à 812) – Nous avons vu
précédemment qu’à la fin du VIII°, l’Espagne
était dirigée par l’émirat de Cordoue, qui avait obtenu son
indépendance vis-à-vis du califat abbasside de Bagdad[27].
a) La situation en
Espagne à la fin du VIII° siècle : à cette époque, les musulmans ne
menaçaient plus la Gaule, la péninsule ibérique étant déchirée par une
guerre civile opposant l’émirat de Cordoue (fidèle à l’ancienne dynastie
des Ommeyyades) à plusieurs gouverneurs de provinces, représentants de
la nouvelle dynastie des Abbassides.
Un de ceux ci,
Soliman ibn al-Arabi, gouverneur de Barcelone, réclama l’aide de
Charlemagne. Franchissant les Pyrénées, il se rendit jusqu’à Paderborn
en 777 afin de plaider sa cause. Soliman offrit au roi des Francs la
ville de Saragosse, en échange d’une aide militaire.
Charles, qui n’était pas
hostile à l’idée de sécuriser la frontière sud de l’Aquitaine, se
dirigea vers les Pyrénées au printemps 778.
b) Le siège de
Saragosse (printemps à été 778) : avant de franchir les montagnes,
il s’assura de la soumission de Loup II, duc de Gascogne (les Basques
ayant toujours été remuants), puis divisa l’ost en deux moitiés. L’une
franchit la montagne en passant par l’est, l’autre par l’ouest. Les
Francs soumirent la vallée de l’Ebre, puis se rejoignirent devant
Saragosse.
Hélas pour Charlemagne,
le succès ne fut pas au rendez vous. En effet, le gouverneur de la
ville, Hussein, un proche de Soliman qui devait faire soumission
au roi des Francs, refusa finalement de livrer la cité à Charlemagne.
Ce dernier tenta alors
de prendre Saragosse par la force, mais les vieilles murailles romaines
de la ville résistèrent aux assauts des Francs.
Après un mois de siège
(l’ost n’était pas équipé de matériel adapté à la
poliorcétique[28]),
Charles donna le signal de la retraite, ayant organisé le pays conquis
en marches et comtés.
Sur le chemin du retour,
les Francs pillèrent Pampelune, qui avait ouvert ses portes à l’armée
royale lors du chemin aller. A noter que l’on ne sait pas si la cité
était entre les mains des Basques ou des musulmans fidèles au Abbassides
(Charles voulait t’il assurer ses arrières ?).
c) La bataille de
Roncevaux (été 778) et la chanson de Roland : lors de la traversée
des Pyrénées, le gros de l’ost passa les monts sans encombre, mais
l’arrière-garde, commandée par Roland, comte de la marche de
Bretagne, fut surpris dans les gorges de Roncevaux : des Basques,
vraisemblablement soucieux de venger le sac de Pampelune, firent rouler
des quartiers de roche sur les Francs. Ces derniers, avançant en file
indienne, furent décimés par les insurgés.
Aujourd’hui, en raison
de sources lacunaires, nous ne savons ni le lieu de la bataille, ni le
nombre de victimes qui périrent ce jour là.
Scène de la bataille de Roncevaux, copie en plâtre d'une frise de la
cathédrale Saint Pierre à Angoulême, XII° siècle, Cité de
l'architecture, Paris.
Pour les contemporains
de Charlemagne, cette sinistre aventure passa à peu près inaperçue.
Toutefois, elle prit des proportions épiques trois siècles plus tard,
lorsqu’elle fut diffusée dans les Cours d’Europe grâce aux chants des
troubadours.
Dans la chanson de
Roland, la légende prit le pas sur la réalité. Dans le contexte des
premières croisades[29],
le comte devint le modèle du chevalier chrétien luttant avec témérité
contre les perfides Sarrasins.
La chanson raconte avec
mille exagérations la mort de Roland, trahi par son beau-père Ganelon,
qui jalousait les faveurs que Charlemagne accordait au comte de la
marche de Bretagne. Roland, pour que sa vaillante épée Durandal
ne tombe pas entre les mains des infidèles, préfère la briser en la
cognant contre un rocher. Mais cette dernière ouvre une brèche dans la
pierre tant elle est solide. Olivier, le compagnon du comte, armé
de son épée Hauteclaire, pourfend un sarrasin en armure ainsi que
son cheval.
La mort de Roland,
par Achille-Etna MICHALLON, 1819, musée du Louvre, Paris.
Puis Roland tombe, percé
de mille coups, après qu’il eut, afin de prévenir Charlemagne, soufflé
si fort dans son Olifant qu’il s’en fit éclater les tempes.
Roland soufflant dans son cor afin de prévenir Charlemagne, gravure issue
de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT,
France, 1875.
d) Les suites de
l’expédition d’Espagne (778 à 812) : de retour en Gaule,
Charlemagne, prévenu de l’attaque qui avait eu lieu contre
l’arrière-garde, fit arrêter Loup II.
Aujourd’hui, l’on ne
sait pas si le duc de Gascogne était l’instigateur du massacre, ni même
s’il en avait été informé par ses troupes.
Loup II fut
vraisemblablement exécuté après un rapide procès ; son fils, Sanche
Loup, fut gardé en otage à la Cour jusqu’au début du IX° siècle.
Si Charlemagne s’était
emparé de la frange sud des Pyrénées lors de cette expédition, la
domination franque sur ces territoires espagnols n’était pas bien ferme.
De ce fait, si le roi
des Francs n’intervint plus en personne dans la région, les Francs
lancèrent plusieurs expéditions en Espagne, entre 778 et 812.
Ces opérations furent
menées par le prince Louis, troisième fils de Charlemagne. Ce
dernier, s’emparant de la Cerdagne, prit les villes de Barcelone et
Géronne.
Le pays des Basques
devint la marche de Gascogne. Puis, dans la vallée de l’Ebre, fut
mis en place la marche d’Espagne (ou comté de Barcelone[30]).
Toutefois, les Francs ne
parvinrent pas à reprendre Saragosse qui resta aux mains de l’émirat de
Cordoue pendant encore plusieurs siècles.
6° Les
trois royaumes (781 à 787) – En 781, Charlemagne décida de partager
son royaume entre ses fils, qu’il avait eu avec son épouse Hildegarde
(il avait épousé la jeune femme suite à la répudiation de désirée).
Charles le Jeune,
l’aîné, fut nommé roi des Francs ; son cadet Carloman (plus tard
rebaptisé Pépin)reçut le royaume d’Italie ; enfin, Louis,
le benjamin, eut le royaume d’Aquitaine[31].
A noter que Pépin le
Bossu, que Charlemagne avait eu avec Himiltrude, il fut déshérité et
plus tard enfermé dans un monastère.
En 787, le pape Adrien
I° couronna les trois fils de Charlemagne, au cours d’une cérémonie
tenue à Rome.
En raison de leur âge,
les jeunes rois ne gouvernèrent pas leurs royaumes respectifs, qui
furent administrés par Charlemagne jusqu’à la fin du VIII° siècle.
L'Empire de Charlemagne en 814.
7° La
déposition d’Arigis II et de Tassilon III (787 à 788), la guerre contre
les Avars (791 à 796) – Tassilon III, duc de Bavière, n’appréciait
guère la domination de Charlemagne, ce dernier étant à la tête d’une
province qui avait longtemps joui d’une relative autonomie.
a) Les révoltes de
Tassilon III (781 à 787) : le roi des Francs, sachant que son cousin[32]
souhaitait obtenir l’indépendance de ses Etats, convoqua Tassilon en
781, afin de lui faire prêter serment de fidélité.
Puis, en 787, comme le
duc de Bavière faisait mine de se révolter, Charles convoqua l’ost et
contraignit son cousin à se soumettre une fois encore.
De retour à Ratisbonne,
sa capitale, Tassilon III recommença à comploter, vraisemblablement sous
l’influence de son épouse Liutberge.
Soucieux d’être en
mesure de combattre efficacement les armées de Charlemagne, le duc de
Bavière chercha donc des alliés un peu partout en Europe. Ce dernier
envoya alors des délégations en Italie, auprès d’Arigis II, duc de
Bénévent ; mais aussi auprès des Avars, installés sur le Danube, près de
la frontière bavaroise.
b) La déposition
d’Arigis II (787) : l’alliance était en train de se faire quand
Charlemagne apprit la trahison de Tassilon III et d’Arigis II.
Ainsi, dans un premier
temps, le roi des Francs fit marcher l’ost en direction de la pointe sud
de l’Italie.
En 787, le duc de
Bénévent, assiégé dans Salerne, fut alors contraint de faire déposer les
armes, faisant soumission devant Charlemagne. Se reconnaissant vassal du
royaume des Francs, Arigis II se coupa la barbe (symbole de pouvoir chez
les Lombards), et livra son fils Grimoald III en tant qu’otage[33].
c) La déposition de
Tassilon III (788) : accusé de félonie, Tassilon III fut convoqué en
788 à l’assemblée d’Ingelheim, près de Mayence.
A l’issue d’un rapide
procès, le duc de Bavière fut jugé coupable de haute-trahison, et
condamné à mort. Toutefois, Charlemagne accepta de gracier son cousin,
qui fut enfermé dans le monastère de Jubièges.
La femme de Tassilon fut
elle aussi placée dans un couvent, à l’instar des deux enfants que le
couple avait eu.
En 794, Tassilon fut
sorti de son monastère et amené au concile de Francfort. Ce dernier
renonça une fois encore à tout pouvoir sur la Bavière, pour lui et ses
héritiers.
C’est ainsi que la
Bavière et la Carinthie furent annexées au royaume des Francs et
divisées en comtés.
d) Première
expédition contre les Avars (791) : s’étant débarrassé de Tassilon
et d’Arigis, Charlemagne se tourna alors contre les Avars, qui s’étaient
montrés favorables à une alliance avec les rebelles.
Les Avars, repoussés par
les Mérovingiens, les Byzantins et les Bulgares, s’étaient peu à peu
repliés sur le territoire de l’actuelle Hongrie, où ils menaient une
existence plus pacifique qu’autrefois.
Ces derniers, païens et
nomades, n’habitaient pas des villes mais de vastes camps fortifiés,
nommés rings, à cause de leur forme circulaires.
Une première expédition
fut lancée en 791, Charlemagne ayant convoqué l’ost à Ratisbonne. Le roi
des Francs décida alors de diviser son armée en deux moitiés, chacune
devant marcher simultanément sur les deux rives du Danube. Une troisième
force, commandée par Pépin, roi d’Italie, devait prendre l’ennemi à
revers, en l’attaquant par le sud.
Les Francs progressèrent
rapidement en territoire ennemi, mais ne rencontrèrent pas les Avars,
qui avaient adopté une stratégie de terre brûlée. De son côté,
Pépin parvint à s’emparer d’une forteresse, faisant de nombreux
prisonniers.
Finalement, Charles fut
contraint de sonner la retraite courant octobre 791, en raison d’un
manque de fourrage et de problèmes de ravitaillement.
e) L’expédition
avortée de 793 : à l’issue de cette expédition ratée, le roi des
Francs décida de rester en Bavière, bien décidé à en découdre. Pendant
deux années, il prépara une nouvelle offensive contre les Avars.
Tentant de développer
les échanges commerciaux dans la région, Charles fit creuser la fosse
caroline, reliant le Rhin au Danube. Le canal, situé à quelques
kilomètres de Treuchtlingen, est présenté par certaines chroniques comme
une construction militaire, servant permettant au roi de transvaser ses
flottes du Rhin sur le Danube. Il semblerait toutefois que la fosse
caroline n’eut qu’une fonction économique.
Toutefois, en raison de
troubles ayant éclaté en Saxe l’année précédente, l’expédition dût être
annulée.
f) L’expédition de
Pépin (796) : en 795, alors que l’autorité du
Khagan[34]
avar était de plus en plus contestée, plusieurs chefs rebelles se
présentèrent à la Cour de Charlemagne.
L’un d’entre eux,
Tudun[35],
fit soumission auprès du roi des Francs, affirmant sa volonté de se
convertir au christianisme.
L’année suivante, le
Khagan avar fut assassiné. Pépin, fils de Charlemagne décida alors de
lancer une nouvelle offensive contre la capitale ennemie, aux côté d’Eric,
duc de Frioul.
Les deux hommes,
pénétrant en plein territoire avar à la tête de leurs armées, lancèrent
alors l’assaut contre le ring royal, composé de neuf enceintes
circulaires.
Désorganisés, les Avars
n’opposèrent guère de résistance, et les Francs s’emparèrent d’un butin
colossal, fruit de plusieurs siècles de pillages.
Le butin fut si
important (les chroniques évoquent quinze chars remplis d’or et
d’argent) que la valeur monétaire baissa tout à coup, produisant un
phénomène d’inflation.
De retour à
Aix-la-Chapelle, capitale du royaume, Tudun se fit baptiser, devenant
ainsi vassal de Charlemagne. La moitié ouest de l’ancien royaume avar
forma la marche Orientale (la future Autriche.).
g) Les suites de la
guerre contre les Avars (799 à 805) : malgré la soumission de Tudun,
des révoltes éclatèrent à compter de 799, de nombreux Avars refusant de
se soumettre aux Francs.
En représailles,
Charlemagne envoya des troupes dans la région, ces dernières étant
chargées de réprimer l’insurrection. Au cours de ces affrontements, de
nombreux Avars furent massacrés, et les derniers rebelles firent
soumission en 805.
Très affaiblis par la
guerre contre Charlemagne, les Avars du Danube furent par la suite
harcelés par les Bulgares. Ils disparurent des chroniques au cours du
premier quart du IX° siècle.
8°
Dernières expéditions de Charlemagne (début du IX° siècle) – Si le
règne de Charlemagne est resté dans les mémoires pour ses longues
guerres contre les Saxons, le roi des Francs fut contraint de livrer une
série de combats plus mineurs.
a) Contre les
Bretons : depuis l’avènement des Mérovingiens jusqu’à Charlemagne,
les Bretons étaient parvenus à conserver leur indépendance. A noter que
les habitants de la péninsule n’étaient ni des Francs, ni des
Gallo-romains, mais des Celtes, qui avaient quitté la
Grande-Bretagne suite aux invasions anglo-saxonnes du VI° siècle.
Certes, ces derniers
avaient reconnu la suzeraineté de Dagobert[36],
puis de Pépin III ; toutefois, la domination des Francs sur cette
province n’était que théorique.
C’est ainsi que fut
constituée la marche de Bretagne, à la fin du VIII° siècle, constituée
des comtés de Nantes, Rennes et Vannes.
A noter que plusieurs
opérations furent menées contre les Bretons, jusqu’à la fin du règne de
Charlemagne.
b) Contre les Slaves :
les Slaves, à l’origine installés entre l’Oder et la Vistule, avaient
entamé une migration vers le sud à compter du VII° siècle. Ces derniers,
franchissant le Danube, avancèrent alors en direction de la côte
adriatique.
C’est ainsi que furent
érigées deux nouvelles marches : la marche de Carinthie, destinée à
fermer l’entrée de la péninsule italique ; et la marche du Nord, près
des bouches de l’Elbe, pour surveiller les Danois et les Slaves de
Germanie.
A compter du IX° siècle,
plusieurs expéditions furent organisées contre les Slaves, peuple resté
païen. Capturés et emprisonnés par les Francs, de nombreux slaves furent
vendus comme esclaves (le nom de ce peuple à donné esclave en
français, ou slave en anglais).
Néanmoins, la conquête
de ces régions fut accompagnée d’une conversion religieuse.
Il est intéressant de
noter que les Slaves se convertirent soit au catholicisme, soit à
l’orthodoxie.
Ainsi, les Slaves de
l’ouest et de la côte adriatique, adoptant le rite latin, se
rapprochèrent de Rome et du royaume des Francs ; les Bulgares et les
Russes, fidèles à Constantinople, furent plus proches de l’Empire
byzantin.
9° Le
partage de 806, mort des fils de Charlemagne (810 à 811) – A la fin
de son règne, Charlemagne décida de procéder à un ultime partage du
royaume des Francs. Ainsi, Charles le Jeune conservait son titre de roi
des Francs ; Pépin était confirmé en Italie, recevant en outre la
Bavière et la Carinthie ; Louis conservait l’Aquitaine, territoire
agrémenté de la Bourgogne et de la Provence.
Toutefois, les dernières
années de règne de Charlemagne furent assombries par la mort de deux de
ses fils, Pépin (810) et Charles le Jeune (811).
L’aîné était mort sans
héritier ; Pépin, quant à lui, transmit son héritage à son fils
Bernard.
[2] Au fil des siècles, deux grandes entités
s’étaient formées en Gaule : la Neustrie, à l’ouest ; et
l’Austrasie, à l’est.
[3] En 750, les Abbassides avaient réussi à
détrôner les Omeyyade. Abd
al-Rahman I°, dernier survivant de la dynastie vaincue, se
réfugia alors en Espagne, faisant de cette région un émirat
indépendant en 757.
[4] Pour en savoir plus sur la création des
Etats pontificaux, voir le b), 5, section III, chapitre premier,
les Carolingiens.
[5] Cette période est baptisée
l’heptarchie, l'Angleterre
étant alors divisée en sept petits royaumes : l'Essex, le
Sussex, le Wessex, l'Est-Anglie, le Kent, la
Mercie, et la Northumbrie. A noter que cette
appellation n’est pas contemporaine mais date du XII° siècle.
Par ailleurs, tous ces royaumes n’avaient pas une puissance
égale (le Kent et la Mercie étaient bien plus puissants que le
Wessex ou le Sussex). Pour en savoir plus sur cette période,
cliquez ici.
[6] Les Avars avaient été chassés d’Austrasie
par les Mérovingiens, au cours du VI° siècle. Voir à ce sujet le
2, section I, chapitre quatrième, les Mérovingiens.
[7] A cette date, les abbassides avaient
quitté Damas pour Bagdad, préférant se tourner vers la Perse
plutôt que contre les Byzantins.
[8] L’on appelle ainsi les récits consacrés à
la vie des saints.
[9] Pour en savoir plus à ce sujet, voir le
c), 6, section III, chapitre premier, les Carolingiens.
[10] L’on ne sait pas ce qu’il advint
d’Hunoald II par la suite.
[11] Pour en savoir plus sur ce conflit, voir
le 1, section III, chapitre premier, les Carolingiens.
[12] Ce dernier avait été vaincu par Pépin III
en 756. Voir à ce sujet, voir le b), 5, section III, chapitre
premier, les Carolingiens.
[13] Tassilon, fils d’Odilon et d’Hiltrude
(fille de Charles Martel), avait été évincé du duché de
Bavière par Griffon, demi-frère de Pépin III. Ce dernier
cédant plusieurs comtés de Neustrie à Griffon, put alors rendre
le duché de Bavière au jeune Tassilon. Voir à ce sujet, voir le
b), 3, section III, chapitre premier, les Carolingiens.
[14] Certains historiens pensent que Charles
aurait fait empoisonner son frère, mais en l’absence de sources
il est impossible de confirmer cette hypothèse.
[15] Par la suite, ce dernier tenta de lancer
plusieurs expéditions dans le sud de l’Italie, mais en vain. Il
mourut vers 788.
[16] L’on ne sait guère ce qu’il advint de la
famille de Carloman suite à ces évènements.
[17] La couronne de fer, forgée au VIII°
siècle, fut portée par de nombreux souverains, tels que
Charlemagne, Frédéric Barberousse, Charles Quint,
ou Napoléon. Cette dernière est aujourd’hui conservée
dans la cathédrale de Monza, près de Milan.
[18] Voir à ce sujet le a), 1, section III,
chapitre troisième, les Mérovingiens.
[19] Pour en savoir plus sur les invasions
saxonnes en Angleterre,
cliquez ici.
[20] Aujourd’hui encore, les habitants des
îles britanniques sont baptisés les anglo-saxons, du nom des
anciens envahisseurs de l’île.
[21]
Les neufs mondes étaient Asgard, royaume des dieux
Ases ; Vanaheim, royaume des dieux Vanes ;
Lightalfaheim, monde des Elfes;Midgard,
monde des humains ; Jötunheim, monde des géants de
glace ; Svartalfheim, monde des Elfes noirs ;
Muspellheim, monde des géants de feu ; Niflheim,
monde des brumes ; et Helheim, monde des morts. Pour en
savoir plus sur la mythologie scandinave et le mythe d’Yggrasil,
cliquez ici.
[22] Ost provient du latin hostis
(« ennemi »). Pendant le Moyen-âge, le terme fut utilisé pour
désigner une armée ennemie, puis une armée.
[23] Nous reviendrons sur la guerre contre
l’Espagne musulmane. Voir à ce sujet le 5, section I, chapitre
deuxième, les Carolingiens.
[24] Ce dernier, assassiné en 754, avait
participé à l’évangélisation de la Germanie (il avait aussi
couronné Pépin III). Pour en savoir plus, voir le b), 2, section
II, chapitre premier, les Carolingiens.
[25] Nous aborderons le cas des missi
dans le 1°, section II, chapitre deuxième.
[26] A noter que Widukind mourut vers 810,
mais l’on perd sa trace à la fin du VIII° siècle. Déjà âgé, il
ne participa vraisemblablement pas à l’insurrection de 792.
[27] En 750,
les Abbassides avaient réussi à détrôner les
Omeyyade. Abd al-Rahman I°,
dernier survivant de la dynastie vaincue, se réfugia alors en
Espagne, faisant de cette région un émirat indépendant en 757.
[28] Ou technique du siège (qui désigne aussi
bien l’attaque que la défense).
[30] Qui donna plus tard naissance au royaume
d’Aragon.
[31] A noter qu’à cette date, les trois fils
de Charlemagne étaient respectivement âgés de neuf, quatre et
trois ans.
[32] Rappelons que Tassilon était le fils
d’Odilon et d’Hiltrude (fille de Charles Martel).
[33] Arigis II mourut vraisemblablement de la
peste en 788. A cette date, Charlemagne accepta de libérer
Grimoald III en échange d’un serment de fidélité, que le nouveau
duc de Bénévent s’empressa de violer une fois rentré dans ses
Etats.
[34] Ce titre fut utilisé par de nombreux
peuples nomades. Il signifie « Empereur », ou « roi des rois »
(le Khagan étant le chef des Khans).
[35] A noter que ce personnage est nommé ainsi
dans les chroniques de l’époque. Toutefois, Tudun n’est pas un
nom mais un titre de noblesse avar.