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Mythologie
 
 

 

 

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Les Carolingiens

 

CHAPITRE DEUXIÈME : Charlemagne (768 à 814)


II : Charlemagne administrateur

 

            1° Ducs, marquis et comtes – Régnant pendant près demi-siècle, Charlemagne se constitua, suite aux nombreuses conquêtes qu’il fit, un véritable Empire. Régnant sur un territoire s’étendant de l’Elbe au Danube, il imposa un tribut à de nombreuses régions : la Bretagne, en Gaule ; le duché de Bénévent, en Italie ; le pays des slaves, entre l’Elbe et l’Oder ; la Bohême, en Germanie ; et le royaume des Avars, au sud du Danube.

Charlemagne, copie d'une peinture du château de Bioule, début du XVI° siècle, Cité de l'architecture, Paris.

 

a) Les comtes : depuis l’époque mérovingienne, le comté formait la base du système administratif. Les comtes (ou comes, « compagnon » du roi), à l’origine nommés par le souverain[1], régnaient sur des circonscriptions, les pagi (qui a donné « pays » en français), dont le découpage était hérité de l’Empire romain.

A noter toutefois qu’au fil des siècles, ces anciennes circonscriptions romaines avaient souvent été divisées entre plusieurs comtes, contrairement aux diocèses ecclésiastiques qui avaient maintenu leur cohérence.

 

Le comte, dont la fonction devint héréditaire sous le règne des Carolingiens[2], possédait d’importantes attributions, étant investi du  pouvoir civil, militaire, financier, et judiciaire.

Il levait certains impôts, rendait la justice, et convoquait les hommes libres pour l’armée royale (depuis la réforme militaire de Charles Martel[3], les vassaux des comtes, gratifiés d’un fief, étaient tenus d’entretenir un cheval de guerre).

A noter que le comte était parfois assisté par un viguier ou vicomte, recevant autorité pour gérer la justice civile et criminelle.

 

b) Les ducs : dès l’époque mérovingienne, les comtes les plus remuants profitèrent de l’affaiblissement du pouvoir royal pour ériger des duchés, territoire regroupant plusieurs comtés (le titre de duc était hérité du latin dux, qui était un titre militaire à l’époque du bas-Empire[4]).

 

c) Les marquis : outre les comtes et les ducs, l’on retrouvait les marquis, comtes titulaires d’une marche située sur une région frontalière. Ces derniers disposaient de pouvoirs militaires exceptionnels, pouvant lever une armée sans le consentement du roi (l’objectif était de réagir au plus vite en cas d’invasion étrangère).

 

Sous le règne de Charlemagne, plusieurs marches furent érigées dans les régions les plus sensibles (nous en avons déjà cité quelques unes précédemment) : la marche de Bretagne, en Bretagne ; la marche de Gascogne, protégeant les Pyrénées ; la marche de Gothie, contre les musulmans d’Espagne ; la marche de Carinthie, destinée à fermer l’entrée de la péninsule italique ; en Germanie la marche Orientale, surveillant les Bavarois et les Avars ; et la marche du Nord près des bouches de l’Elbe, pour surveiller les Danois.

 

Ces marches donnèrent naissance à plusieurs monarchies à l’époque moderne : ainsi, la marche de Gascogne devint le royaume de Navarre ; la marche de Gothie devint le royaume d’Aragon ; la marche Orientale devint l’Autriche ; la marche du Nord devint le Danemark.

 

            2° Les missi dominici – Afin de renforcer l’autorité royale, Charlemagne s’appuya sur les missi dominici[5] (« envoyés du seigneur » en français).

Ces légations étaient composées de deux membres (voire parfois plus), l’un laïque, l’autre ecclésiastique. A noter que jusqu’aux environs de l’an 800, le roi faisait appel à des vassaux de la petite aristocratie ; mais, en raisons de malversations, les missi furent choisis parmi les comtes, ducs et évêques, jugés plus dignes de confiance.

 

Les missi dominici, faisant quatre fois par an des tournées dans leur district, avaient pour fonction de faire respecter l’autorité royale. Ainsi, ces derniers contrôlaient les actes des comtes ; recevaient les serments d’allégeance ; pouvaient casser les décisions et jugements pris par les comtes et les viguiers.

D’un point de vue ecclésiastique, les missi contrôlaient le clergé ; punissaient les abus condamnés par l’Eglise (concubinage, port d’arme, excès de boisson, etc.).

 

Faisant des rapports réguliers à Charlemagne, les missi étaient devaient être hébergés par les habitants du district visité ; en outre, ils pouvaient mener l’armée au combat en cas de conflit[6].

 

            3° L’armée de Charlemagne – Depuis la chute de l’Empire romain, il n’y avait plus d’armée permanente en Gaule. Le service militaire, comme nous l’avons vu précédemment, reposait uniquement sur le principe de la levée en masse.

 

a) Le ban : quand le roi convoquait le ban, il était obligatoire de rejoindre l’ost, c'est-à-dire l’armée royale. Nombreux étaient ceux qui étaient tenus de participer à la guerre : les comtes, ducs et marquis ; les vassaux directs et indirects[7] ; les hommes libres (les grands propriétaires devaient fournir un certain nombre d’hommes selon leur fortune.).

A noter que les évêques aussi devaient envoyer leur contingent, qui était dirigé par des vidames, étant donné qu’il était interdit aux hommes d’Eglise de porter les armes[8].

 

Autre différence avec les anciennes armées romaines, ni le ravitaillement, ni l’équipement des soldats n’était fournie. Ainsi, les combattants devaient s’équiper et se nourrir à leurs frais[9].

La guerre coûtant cher, beaucoup d’hommes libres décidèrent d’aliéner[10] leurs biens afin d’échapper au ban.   

 

b) L’hériban : tout homme libre étant tenu de répondre à l’appel du roi, les réfractaires étaient punis d’une lourde amende, l’hériban, s’élevant à 60 sous d’or[11] (les sommes récoltées permettaient de financier de nouvelles expéditions militaires).

 

c) La modernisation de l’armée : la cavalerie, en plein essor depuis le règne de Charles Martel, se modernisa considérablement suite à l’apparition de l’étrier. Cette invention originaire de Chine, veille de 300 ans, fut introduite en Gaule au cours du VIII° siècle.

 

Conférant une plus grande stabilité au cavalier, l’étrier permit l’apparition de nouvelles unités de cavalerie, telles que les lanciers et les archers à cheval.

Cette modernisation demandant un entrainement plus complexe et un équipement plus lourd, la cavalerie devint l’apanage des aristocrates les plus fortunés. Au fil des siècles, les chevaliers prirent une importance de plus en plus prépondérante.

 

d) Une guerre omniprésente : à la fin du VIII° siècle, les échanges commerciaux avec l’Empire byzantin étaient perturbés par les pirates musulmans, qui avaient lancé plusieurs raids contre la Sicile. Dès lors, la principale source de revenu de Charlemagne provint des butins de guerre.

 

L’ost, d’une taille variant entre 10 000 à 40 000 hommes, se réunissait chaque année au champ de Mars (il s’agissait d’une veille tradition mérovingienne remise au goût du jour par Pépin de Herstal[12], l’ancêtre de Charlemagne).

Il s’agissait de revues militaires où les soldats rendaient hommage au roi des Francs. Dans certains cas, Charlemagne profitait de cette rencontre pour consulter ses vassaux au sujet des futures expéditions militaires[13]. A noter que les évêques participaient eux-aussi aux réunions.

 

d) la transformation de la société rurale : vers la fin du règne de Charlemagne, les expéditions militaires furent moins nombreuses. Les hommes libres, moins fréquemment convoqués, restaient donc dans leurs champs afin de cultiver la terre.

 

Ces derniers firent souvent appel à un protecteur, chargé de défendre les exploitations agricoles en échange du ravitaillement de ses troupes. Au fil des années, de nombreux hommes libres cédèrent leurs terres à un comte, ce qui entraina une montée en puissance de l’aristocratie.

 

En parallèle, l’esclavage, condamné par l’Eglise, fut peu à peu transformé en servage. Ainsi, les serfs étaient associés à une terre qu’ils étaient tenus d’exploiter, fournissant une partie de leur récolte à leur seigneur.

 

Ainsi, au fil des années, la condition des hommes libres et des serfs se rapprochèrent peu à peu. Cette transformation de la société rurale esquissait l’apparition de la féodalité et d’une société en trois ordres, divisée entre laboratores (ceux qui travaillent), bellatores (ceux qui combattent), et oratores (ceux qui prient). 

 

            4° La capitale – Au début de son règne, Charles n’avait pas de résidence fixe, se déplaçant de villa en villa avec sa Cour (en Austrasie Herstal, Metz, Düren, Andernach, la région étant le berceau de la dynastie carolingienne).

Toutefois, en raison de l’agrandissement de l’Empire vers l’est, Charlemagne décida d’installer sa capitale dans une ville plus centrale.

 

Charlemagne choisit Aix-la-Chapelle, qu’il affectionnait pour ses eaux thermales, qui lui permettaient de nager en plein cœur de l’hiver (Pépin III y avait déjà érigé une forteresse).

Le roi des Francs y fit construire un palais et une basilique, ainsi qu’une piscine pouvant accueillir cent personnes. Par ailleurs, il fit venir des statues et des colonnes de Rome et de Ravenne afin de décorer sa nouvelle résidence.

 

C’est ainsi que les vieilles villes mérovingiennes, telles que Paris et Soissons en Neustrie, ou Metz en Austrasie, perdirent considérablement de leur importance.

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[1] Au fil des siècles, les titres de noblesse devinrent héréditaires.

[2] A l’origine, les comtes étaient nommés par le roi.

[3] Pour en savoir plus sur le règne de Charles Martel, cliquez ici.

[4] Le bas-Empire romain correspond à une période s’étalant de 193 (ou 285) à 476 après Jésus-Christ.

[5] Certains historiens pensent que les missi dominici existaient déjà à l’époque mérovingienne.

[6] La fonction de missi dominici, éprouvée par l’affaiblissement du pouvoir royal, disparut au début du X° siècle.

[7] Les vassaux indirects étaient les vassaux des vassaux du roi.

[8] Le vidame fut un titre de noblesse qui resta toujours rare.

[9] Chaque soldat devait rejoindre l’ost avec un à trois mois de ravitaillement.

[10] Une aliénation est une transmission qu’une personne fait d’une propriété ou d’un droit, à titre gratuit ou onéreux.

[11] Soit plus de 10 000 € aujourd’hui.

[12] Pour plus de renseignements sur le règne de Pépin de Herstal, cliquez ici.

[13] Les assemblées du champ de Mars disparurent vers la fin du IX° siècle, suite à l’effondrement du pouvoir royal.

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