1°
Relations diplomatiques de Charlemagne – Si le sacre impérial ne fit
qu’augmenter la renommée de Charlemagne, il convient de préciser que ce
souverain s’était rendu célèbre bien avant de recevoir le titre
d’Empereur.
Maître de la Gaule, de
l’Italie et de la Germanie, le roi des Francs fut reconnu par de
nombreuses monarchies européennes.
Charlemagne recevant des cadeaux, enluminure issue de l'ouvrage
Grandes Chroniques de France, Paris, France, XIV°siècle.
a) Avec les
anglo-saxons : ainsi, Charlemagne entretenait une correspondance
avec Offa, roi de Mercie (il s’agissait d’un des principaux
royaumes d’Angleterre), et reçu des ambassades venues du royaume des
Pictes (actuelle Ecosse).
b) Avec
Constantinople : comme nous l’avons vu précédemment, les relations
étaient tendues avec les Byzantins, particulièrement après le sacre de
l’an 800.
Toutefois, Charlemagne
reçut plusieurs ambassades de Constantinople : Irène, mère de l’Empereur
Constantin VI, proposa en 781 de marier son fils à Rotrude,
fille de Charles et Hildegarde (les fiançailles furent rompues en 787) ;
en 801, Irène, devenue Impératrice, offrit sa main au roi des Francs.
c) Avec le califat
abbasside de Bagdad : Charlemagne eut de bonnes relations avec le
califat abbasside de Bagdad, à une époque où l’islam, religion encore
mal connue, était parfois assimilée à du paganisme.
Charlemagne restaure les lettres et les sciences, fonde des écoles
pour la jeunesse. Des extrémités de l'Orient, Haroun Al Raschid lui envoie
par des ambassadeurs les clefs du Saint Sépulcre, par Henry-Léopold
LEVY, 1874, le Panthéon, Paris.
En 801, le calife de
Bagdad, Haroun ar-Rachid, envoya au roi des Francs un éléphant
blanc, baptisé Aboulabas (les éléphants albinos, très rares,
étaient considérés en Asie comme une manifestation divine). A cette
occasion, les pèlerins chrétiens reçurent l’autorisation de se rendre à
Jérusalem.
Haroun ar-Rachid envoya
une seconde ambassade auprès de Charlemagne en 806, le roi des Francs
recevant en cadeau une horloge à eau très élaborée.
2°
Charlemagne, un souverain modeste ? – Dans les chroniques de
l’époque, Charlemagne fut présenté comme un souverain simple et modeste,
à l’image de sa Cour.
Ainsi, Eginhard écrit
que le roi des Francs ne revêtait que rarement les habits des grandes
solennités (toge de couleur pourpre, vêtements brodés d’or, diadème,
sandales ornées de pierres précieuses), étant généralement vêtu comme la
plupart des hommes libres : des hauts-de-chausses et une chemise,
par-dessus laquelle était mise une tunique fermée par une ceinture.
Charlemagne, qui
n’appréciait pas les beuveries mais aimait la bonne chère, avait des
divertissements simples : outre les activités culturelles, la chasse et
la natation (rappelons que ce dernier s’était installé à
Aix-la-Chapelle, réputée pour ses sources thermales qui permettaient au
roi des Francs de pratiquer la natation en hiver).
Si le récit d’Eginhard
semble conforme à la réalité, la simplicité de Charlemagne ne fut
vraisemblablement pas un choix mais une contrainte.
En effet, rappelons qu’à
cette époque, le domaine royal était d’une taille modeste, et que les
impôts (accaparés par les comtes) ne rentraient plus. Dans ces
conditions, comment Charlemagne aurait t’il pu entretenir une Cour aussi
luxueuse que celle de Constantinople ?
3°
Dernières années de règne de Charlemagne (810 à 814) – Comme nous
l’avons vu plus tôt, les dernières années de règne de Charlemagne
avaient été assombries par la mort de Pépin, en 810, et de Charles le
Jeune, en 811.
Ainsi, le roi des Francs
décida de faire couronner Empereur son fils Louis, lors d’une cérémonie
organisée à Aix-la-Chapelle, en fin d’année 813.
Le sacre de Louis I° le Pieux par Charlemagne, par Jean Fouquet,
enluminure issue de l'ouvrage Grandes chroniques de France,
Paris, France, XV°siècle.
a) La mort de
Charlemagne : en janvier 814, à l’issue d’une séance de natation,
l’Empereur fut prit de fièvre. Il décida de suivre une diète rigoureuse,
ne buvant qu’un peu d’eau. Cependant, son état ne s’améliora pas et
Charlemagne mourut (vraisemblablement de pleurésie) le 28 janvier.
Ce dernier, âgé de 72
ans, avait régné 47 ans.
Le roi des Francs fut
enterré le jour même dans la basilique d’Aix-la-Chapelle, qu’il avait
fait construire.
b) Descendance de
Charlemagne : Charlemagne avait eu de multiples fils de ses
multiples compagnes : avec sa concubine Himiltrude, il eut Pépin le
Bossu (enfermé dans un monastère en 792) ; sa première femme, Désirée de
Lombardie, fut répudiée sans enfants ; sa seconde femme, Hildegarde, lui
donna Charles le Jeune (décédé en 811), Pépin (décédé en 810) et Louis ;
avec sa troisième femme, Fastrade, il n’eut que deux
filles ; Liutgarde, sa quatrième femme, ne lui donna pas
d’enfants.
En parallèle des épouses
officielles, le roi des Francs eut plusieurs maitresses : Maldegarde,
une maîtresse au nom inconnu, et Gerswinde, qui eurent chacune
une fille ; avec Régina il eut Drogon et Hugues
(l’aîné fut abbé de Luxeuil, le second abbé de Saint-Quentin) ; enfin,
Adelinde enfanta Richbod et Thierry (l’un fut abbé
de Saint-Riquier, l’autre fut clerc).
Louis étant le dernier
héritier légitime de Charlemagne, il monta sur le trône impérial suite à
la mort de son père.
c) La renommée de
Charlemagne : la mort de Charlemagne fut pleurée par les membres de
l’académie palatine, qui saluèrent la politique culturelle menée par le
défunt.
La disparition du roi
des Francs se répandit rapidement dans le royaume, ce qui affecta
vraisemblablement de nombreux sujets (certaines chroniques exagèrent et
présentent un Empire entier en pleurs, des montagnes des Pyrénées
jusqu’aux forêts de Germanie).
Charlemagne, qui avait réussi à conquérir un
territoire s’étendant du Roussillon à l’Oder, en passant par la
péninsule italique, fut présenté par les chroniques comme un puissant
roi, investi d’un droit divin.
Toutefois, ce souverain fut en réalité bien
moins puissant qu’un Clovis, qu’un Louis XIV ou qu’un Napoléon,
en raison de l’indépendance affichée de la noblesse. Ainsi,
comtes et ducs se tinrent tranquilles pendant le règne de Charlemagne,
mais ils n’hésitèrent pas à faire sécession lorsque l’autorité royale
commença à s’effriter.
Ainsi, lors des temps de
crise des siècles qui suivirent, nombreux furent les hommes qui se
souvinrent avec mélancolie du règne de Charlemagne.
A noter que le roi des
Francs fut canonisé en 1165 par l’Empereur Frédéric Barberousse
et le pape Alexandre II.
Plus tard, cette
élévation au rang de Saint fit débat au sein de l’Eglise,
particulièrement à cause de la conversion des Saxons par la force.
Ainsi, au XVII° siècle, Charlemagne fut reconnu comme bienheureux par la
papauté, et son culte fut autorisé.
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