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Mythologie
 
 

 

 

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Les Carolingiens

 

CHAPITRE TROISIÈME : La décadence des Carolingiens (814 à 987)


IV : Dernières années des Carolingiens (888 à 987)

 

            1° Eudes, roi de Francie (888 à 898) – L’élection d’Eudes, qui n’était pas un Carolingien[1], permet de constater à quel point l’aristocratie s’était affranchie de l’ancienne dynastie royale en l’espace de quelques décennies.

 

Toutefois, si Eudes avait été officiellement sacré roi de Francie à Reims, en novembre 888, grâce au soutien d’Arnulf, le nouveau souverain restait contesté : ainsi, de nombreux évêques restaient fidèles aux Carolingiens ; en outre, les comtes du sud de la Loire, ne reconnaissant pas Eudes, avaient élu Ranulf comme roi d’Aquitaine (ce dernier s’était emparé de Charles le Simple, âgé de neuf ans).

 

a) Un souverain contesté par Ranulf d’Aquitaine (888 à 889) : en juin 889, Eudes rassembla ses troupes, puis se dirigea vers Poitiers, où résidait Ranulf. Le roi des Francs, craignant une bataille difficile contre une armée ennemie supérieure en nombre, décida de négocier.

 

Ainsi, Eudes s’engagea à reconnaitre Ranulf comme duc d’Aquitaine, ce dernier devant prêter hommage au roi de Francie. Par ailleurs, Ranulf devait remettre Charles le Simple entre les mains d’Eudes[2].

 

b) Un souverain contesté par les évêques (892 à 897) : de nombreux prélats de Francie, menés par Foulques le Vénérable, archevêque de Reims, décidèrent de sauvegarder les droits au trône de Charles le Simple.

 

En septembre 892, les conjurés participèrent à une assemblée, organisée à Verberie. Ces derniers conseillèrent à Eudes de se rendre en Aquitaine, où les frères de Ranulf avaient pris les armes.

Profitant du départ du roi, Charles le Simple reçut la sainte onction des mains de Foulques à l’abbaye Saint Rémy de Reims, en janvier 893.

 

Apprenant la nouvelle, Eudes décida de contre-attaquer, assiégeant Reims au printemps 893. Toutefois, le roi de Francie fut contraint de négocier à l’issue de quelques mois de siège, constatant qu’il ne bénéficiait pas du soutien des grands du royaume (les comtes n’appréciaient guère la montée en puissance du Robertien, qui souhaitait rétablir l’impôt et supprimer l’hérédité des fiefs). C’est ainsi qu’une trêve fut signée en mars 894.

 

A l’issue de la trêve, Eudes mit à nouveau le siège devant Reims, parvenant cette fois-ci à prendre la ville. Toutefois, Charles s’étant réfugié auprès de son cousin Arnulf, le roi de Germanie décida de mettre en place une médiation. Ainsi, Eudes fut reconnu comme souverain de Francie (ce dernier reçut des terres en Champagne) ; le royaume devant être cédé à Charles à la mort du Robertien.

 

c) Guerre contre les Normands : disposant d’un pouvoir qui ne s’étendait que de la Loire à la Seine, Eudes parvint toutefois à poursuivre la lutte contre les Normands.

 

Ainsi, dans les premiers jours de son règne, en juin 888, il remporta la bataille de Montfaucon, en Argonne, mettant en déroute des Vikings qui avaient pillé la Champagne suite au siège de Paris.

Puis, en 892, il battit les Normands dans les plaines de la Limagne, près de Montpensier.

 

A noter toutefois qu’Eudes fut contraint à plusieurs reprises de payer le départ des envahisseurs, qui avaient commencé à s’implanter en Normandie.

 

d) La fin de règne d’Eudes (898) : dix années après son élection au trône de Francie, Eudes mourut à La Fère, en Picardie, et fut inhumé à Saint Denis.

 

N’ayant pas d’enfants (du moins pas d’héritiers légitimes), la couronne de Francie échut à Charles le Simple, conformément aux engagements du défunt.

Robert, comte de Paris, frère cadet du défunt, refusa de réclamer le trône, préférant reconnaitre le souverain carolingien.

 

            2° Charles le Simple et les invasions normandes (911) – Bien qu’étant assis sur le trône de Francie, Charles le Simple ne régnait que sur un territoire s’étendant entre la Seine et la Meuse, même si en théorie son royaume reliait la Manche aux Pyrénées.

En 807, ce dernier épousa Frédérune, qui était peut être la fille d’un comte de Frise. 

Charles le Simple, par Georges ROUGET, 1831, château de Versailles, Versailles.

 

a) Nouvelles invasions normandes (911) : depuis maintenant plusieurs années, les Normands s’étaient installés à l’embouchure de la Seine, perturbant le commerce maritime.

Leur chef était un Viking prénommé Hrolf (francisé en Rollon), qui selon certaines chroniques avait participé au siège de Paris, en 886.

Ce dernier était surnommé Marche à pieds en raison de son poids et de sa taille : l’on racontait qu’il était si grand qu’il ne pouvait trouver de cheval à sa mesure.

 

Rentré d’Angleterre en 911, Rollon attaqua Paris pendant l’été, mais il fut repoussé par les défenseurs de la ville. Les Normands décidèrent alors de se diriger vers Chartres, où ils subirent un nouveau revers.

Alors que Rollon se repliait vers Rouen, harcelé par les troupes de Robert, comte de Paris, Charles le Simple décida d’entamer des pourparlers avec le chef des Vikings.

 

b) Le traité de Saint-Clair-sur-Epte (911) : ainsi, le roi de Francie s’engageait à céder à Rollon les territoires reliant l’Epte à la mer (c'est-à-dire toute la basse-Seine) ; en échange, le Normand devait épouser Gisèle, fille de Charles le Chauve, se convertir au christianisme et prêter hommage[3].

Ces dispositions furent entérinées par le traité de Saint-Clair-sur-Epte.

Baptême de Rollon, extrait des Grandes Chroniques de Saint-Denis, Bibliothèque municipale de Toulouse, Toulouse.

 

A cette occasion, une chronique anonyme nous raconte que Rollon, baptisé de fraîche date, avança vers le roi, accompagné de ses lieutenants. Vint alors le moment de l’hommage, qui prévoyait que le vassal s’agenouille et baise les pieds de son suzerain. Toutefois, Rollon protesta, affirmant qu’il ne se mettrait à genoux devant personne.

Mais, pressé par les dignitaires francs, le Normand finit par s’avancer, empoigna le pied de Charles, et le porta à sa bouche afin de le baiser sans s’incliner.

Cet évènement aurait entrainé de grands éclats de rires au sein de l’assemblée, même si les dignitaires francs ravalèrent l’affront en silence.

 

c) La fin des invasions normandes ? (911 à 930) : par ce traité naissait le duché de Normandie, même si Rollon ne porta jamais le titre de duc.

 

Toutefois, si les historiens du XIX° siècle nous ont présenté le traité de Saint-Clair-sur-Epte comme la fin des invasions normandes, il convient de préciser que les raids vikings ne prirent pas fin en 911.

Ainsi, Rollon le premier tenta d’étendre ses possessions (ce dernier étendit son duché de la Seine au Cotentin) ; en outre, il eut des relations peu cordiales avec ses voisins, particulièrement le comte de Paris et le comte de Flandre (en 925, furent pillées Beauvais, Amiens et Arras).

 

Les Vikings parvinrent toutefois à affirmer leur autorité en Normandie, reprenant à leur compte de système administratif hérité de Charlemagne. L’ordre revenant au fil des années, les terres depuis longtemps abandonnées recouvrèrent leurs anciens habitants, les moines rentrèrent dans leurs monastères, et les évêques dans leurs cités épiscopales.

En l’espace d’un siècle, la Normandie devint l’une des provinces les plus peuplées et les plus riches du royaume.

 

            3° Charles le Simple, héritier de Charlemagne ? (911 à 920) – Suite à la mort d’Arnulf, en décembre 899, la couronne de Germanie échut à son fils, Louis l’Enfant (il fut surnommé ainsi car il n’avait que sept ans lors de son accession au trône).

Cependant, le jeune roi mourut en septembre 911, ne laissant pas d’héritiers.

 

a) Charles le Simple, roi de Lotharingie (novembre 911) : les seigneurs de Germanie se rassemblèrent alors pour élire un roi, cédant la couronne à Conrad I°, duc de Franconie.

Mais les aristocrates de Lotharingie, sous la conduite de Régnier I°, comte de Hainaut, refusèrent la tutelle d’un souverain n’appartenant pas à la famille de Charlemagne. Ainsi, ils décidèrent de faire appel à Charles le Simple, qui s’empressa de recevoir l’hommage de Régnier.

 

Si Charles le Simple ne possédait qu’une autorité nominale sur la Lotharingie (les prélats et seigneurs de cette province étaient à peu près indépendants, tout comme l’étaient ceux de Francie), il considérait cette région comme le berceau de la dynastie carolingienne.

Ainsi, Charles fit de nombreux séjours en Lotharingie, accompagné par sa Cour.

 

b) Charles le Simple et l’Empire (920 à 924) : en 911, Charles le Simple était le dernier représentant de la dynastie carolingienne encore assis sur le trône. En Italie, l’on retrouvait Bérenger, qui descendait de Charlemagne par sa mère ; en Germanie, la couronne avait échu à Conrad I°, dont les ancêtres sont méconnus.

 

La titulature impériale, quant à elle, avait été cédée à Guy de Spolète, puis à son fils Lambert, puis à Arnulf (qui avait chassé Lambert de Rome), puis à Louis l’Aveugle (qui fut couronné roi d’Italie à la mort d’Arnulf).

Toutefois, en 905, Louis l’Aveugle fut déposé et chassé d’Italie par Bérenger de Frioul, qui lui creva les yeux (d’où son surnom).

 

Suite à ces évènements, Charles le Simple affirma ses prétentions à la couronne impériale, pénétrant en Germanie à l’annonce de la mort de Conrad I°. Toutefois, ce dernier fut vaincu près de Worms par les troupes d’Henri l’Oiseleur, duc de Saxe, qui avait été nommé comme héritier par le défunt souverain (920).

En novembre de l’année suivante, les deux souverains signèrent le traité de Bonn, accord de paix dans lequel les deux souverains se reconnaissaient mutuellement. Toutefois, en raison des troubles qui éclatèrent en Francie, Henri l’Oiseleur parvint à annexer la Lotharingie d’ici 925.

 

            4° La déposition de Charles le Simple (921 à 925) – Suite à l’échec rencontré par Charles le Simple en Germanie, les grands du royaume, sous la direction de Robert, comte de Paris, décidèrent de se révolter.

 

a) La révolte de 921 : ces derniers prétextèrent que Charles effectuait de trop longs séjours en Lotharingie ; mais aussi qu’il était dominé par son chancelier, Hanagon (qui était un cousin de la reine Frédérune).

Le roi de Francie, rapidement capturé par les conjurés, fut alors emprisonné.

 

Cependant, Hervé, archevêque de Reims, vint au secours du souverain carolingien. S’appuyant sur les vassaux fidèles, il réunit l’armée royale, puis vint au secours de Charles.
Ce dernier, suite à sa libération, se réfugia dans la citadelle de Laon, que les insurgés ne parvinrent pas à prendre.

 

b) La révolte de 922-923 : toutefois, la coalition se reforma en 922, plus importante et plus redoutable que l’année dernière.

Charles le Simple, vaincu à Laon, fut contraint de fuir en Lotharingie. En juin, profitant de l’absence de son suzerain, Robert se fit couronner roi à Reims par Gautier, archevêque de Sens.

Broches carolingiennes, X° siècle, Neues museum, Berlin.

 

Suite à son sacre, Robert décida de porter la guerre en Lotharingie, assiégeant le château de Chévremont, possession de Gislebert, comte de Maasgau (ce dernier était le fils cadet de Régnier de Hainaut). Toutefois, Charles vint au secours de son vassal et contraint l’armée des insurgés à lever le siège.

En début d’année 923, Robert signa une trêve avec Henri l’Oiseleur, s’attachant sa neutralité, puis rentra dans ses Etats.

 

Au printemps 923, Charles le Simple, à la tête d’une grande armée, décida de marcher vers Soissons, où se résidait Robert.

Ce dernier, menant une charge de cavalerie, fut percé de plusieurs lances dès le début de l’affrontement. Mais son fils, Hugues (surnommé plus tard le Grand), parvint néanmoins à galvaniser les troupes.

Alors que la victoire des insurgés paraissait bien incertaine, l’arrivée d’Herbert, comte de Vermandois, et de Raoul, duc de Bourgogne[4], gendre de Robert, bouleversa l’issue de la bataille.

Charles le Simple, finalement vaincu, fut contraint de sonner la retraite (à noter que certaines chroniques présentent le Carolingien comme le vainqueur de l’affrontement, signe que ses pertes ne devaient pas être plus importantes que celles des insurgés).

 

c) Raoul roi de Francie, la déposition de Charles le Simple (923) : suite à l’affrontement, les insurgés décidèrent d’élire un nouveau roi.

Leur choix se porta sur Hugues, qui préféra décliner cette offre au profit de son beau-frère Raoul, duc de Bourgogne.

En juillet 923, ce dernier fut couronné dans l’abbaye Saint Médard de Soissons par Gautier, archevêque de Sens.

 

Affaibli par la bataille de Soissons, Charles le Simple devait impérativement nouer de nouvelles alliances en vue d’une riposte contre les insurgés.

En juillet 923, soit peu de temps après le sacre de Raoul, il fut attiré dans une entrevue par Herbert, comte de Vermandois, qui prétextait vouloir se rallier au Carolingien. Toutefois, ce dernier captura Charles le Simple, afin de s’en servir comme d’un épouvantail contre Raoul. Le souverain déchu, promené de prison en prison (Saint Quentin, Château Thierry, Péronne.) mourut en 929. Sa dépouille fut inhumée dans l’église Saint Fursy de Péronne.

 

A la mort de Frédérune, en 919, Charles s’était remarié avec Edwige, fille d’Edouard l’Ancien, roi de Wessex[5].

Suite à la capture de son époux, elle se réfugia en Angleterre, emmenant avec elle son fils, Louis (surnommé plus tard d’Outremer).

Ce dernier était le seul fils légitime de Charles (ce dernier n’ayant eu que des filles avec Frédérune), bien qu’ayant eu plusieurs enfants mâles avec ses concubines (ces derniers épousèrent une carrière ecclésiastique, comme le voulait la tradition).  

 

            5° Raoul (923 à 936) – Raoul est un souverain à part dans l’histoire de France. En effet, il fut le seul roi à n’appartenir à aucune des trois grandes familles royales (Mérovingiens, Carolingiens, Capétiens), étant membre de la dynastie des Bosonides[6].

Hugues couronnant Raoul, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

 

Raoul, en 921, nommé duc de Bourgogne suite à la mort de son père[7], avait épousé Emma, fille de Robert, comte de Paris.

 

a) Raoul, un souverain contesté (923 à 929) : Raoul, suite à son couronnement, rencontra de nombreuses contestations. Ainsi, les seigneurs d’Aquitaine refusèrent de reconnaitre le nouveau souverain ; Rollon, fidèle au traité de 921, prit les armes contre le Bosonide ; enfin, Herbert de Vermandois utilisait Charles le Simple pour obtenir plus de terres.

 

Dans un premier temps, Raoul repoussa Rollon vers la Normandie, lui cédant les territoires bordant les rives de l’Orne. En décembre 924, un autre chef viking, Ragenold, qui venait de piller la Bourgogne, fut vaincu à Chalmont, à quelques kilomètres au sud de Paris.

 

En 925, Raoul rassembla une grande armée afin de combattre Rollon, qui avait rompu la trêve signée l’année précédente. Le roi de Francie, assisté par Herbert, comte de Vermandois, et Arnoul, comte de Flandre, parvint à remporter la bataille d’Eu contre les Normands.

 

Toutefois, l’année suivante, les troupes de Raoul furent mises en déroute lors de la bataille de Fauquembergues, près de Thérouanne. Le Bosonide, sévèrement blessé, fut alors contraint de quitter précipitamment le champ de bataille, se réfugiant dans la citadelle de Laon.

Ainsi, les Normands eurent le champ libre pour piller le pays jusqu’aux frontières de la Lotharingie.

 

En 926, Raoul fut contraint de céder la citadelle de Laon à Herbert de Vermandois, qui menaçait de relâcher Charles le Simple si ses exigences n’étaient pas respectées.

 

b) De la mort de Charles le Simple à la mort de Raoul (929 à 936) : la mort de Charles le Simple, en 929, fut un soulagement pour Raoul : nombreux étaient les seigneurs qui avaient refusé de lui prêter hommage, prétextant que leur roi était Charles ; en outre, Herbert de Vermandois n’avait plus désormais de moyens de pression.

Toutefois, l’autorité de Raoul ne fut solide que dans son duché de Bourgogne, et il passa presque tout son règne à cheval et l’épée au poing, tentant de dompter les récalcitrants.

 

En 930, Raoul reçut l’hommage de Guillaume Longue Epée, fils de Rollon ; le duc de Normandie recevant en échange le Cotentin.

La même année, Herbert de Vermandois attaqua le château de Vitry-en-Perthois, appartenant à Boson, frère cadet de Raoul. Ce dernier, s’alliant avec son beau-frère Hugues, marcha sur Reims, chassant Hugues, fils d’Herbert et archevêque de la ville[8].

En 931, recevant le soutien d’Henri l’Oiseleur, roi de Germanie, le comte de Vermandois ravagea la région de Reims et de Laon.

Toutefois, assiégé à Château-Thierry, Herbert fut finalement contraint de faire soumission (935). En contrepartie, Raoul accepta de lui rendre ses Etats, à l’exception de Reims, Laon, et Château-Thierry.

 

La même année, les Magyars (ou Hongrois[9]) firent irruption en Bourgogne, pillant la région. Ces derniers, originaires de la mer Noire, étaient restés païens. La mythologie hongroise ressemblait quelque peu à celle des Normands : le monde, divisé en trois sphères (monde des dieux, monde des humains, monde des esprits), était supporté par Vilagfa, l’arbre de vie.

Raoul, réunissant ses troupes, marcha contre les envahisseurs ; toutefois, ces derniers reculèrent sans combattre.

Pointe de lance et épées franques, IX°-X° siècle, Deutsches historisches museum, Berlin.

 

Raoul, malade, mourut en janvier 936 à Auxerre. Suite à la disparition du roi de Francie, mort sans héritiers, son frère Hugues le Noir récupéra le duché de Bourgogne ; Hugues, comte de Paris, préféra céder la couronne à Louis IV d’Outremer, fils de Charles le Simple, plutôt que de la porter lui-même.

 

            6° Louis IV d’Outremer (936 à 954) – Louis IV, âgé d’une quinzaine d’années (il était né vers 920), quitta l’Angleterre suite à la mort de Raoul.

En juin 936, il fut couronné à l’abbaye Notre Dame de Laon par Artaud, archevêque de Reims. Puis, en juillet, Louis IV donna à Hugues le titre de duc des Francs[10], restaurant une titulature qui avait été portée par les premiers Carolingiens[11].

Le sacre de Louis IV, enluminure issue de l'ouvrage Grandes Chroniques de France, XIV°siècle.

 

Toutefois, le nouveau souverain, ne parlant ni latin ni roman (mais vraisemblablement le vieil anglais), ne connaissant rien de son royaume, ne possédait pas non plus d’importants domaines : en effet, Louis IV ne possédait que quelques cités et abbayes comprises entre Laon, Compiègne, Soissons et Reims.

Louis IV d'Outremer, par le baron STEUBEN, 1837, château de Versailles, Versailles.

 

a) Un début de règne difficile, Louis IV roi de Lotharingie (936 à 941) : suite à son accession au trône, Louis IV tenta de se rapprocher de seigneurs hostiles à Hugues le grands : Hugues le Noir, duc de Bourgogne ; Guillaume Tête d’Etoupe, duc d’Aquitaine ; et Alain Barbetorte, duc de Bretagne[12].

Toutefois, ces soutiens restèrent limités, chacun de ces soutiens préférant lutter dans leurs Etats respectifs.

 

En 939, Gislebert, duc de Lotharingie, était en révolte contre Othon I°, roi de Germanie. Ainsi, il offrit à Louis IV la couronne de Lorraine, tout comme son père l’avait offerte à Charles le Simple.

Le roi de Francie accepta, et recueillit l’hommage de ses vassaux en Verdun.

Toutefois, si à cette date Louis IV n’était qu’à la tête d’un minuscule Etat, Othon, au contraire, avait réussi à imposer son autorité à toute la Germanie. Ainsi, ce dernier parvint à vaincre les insurgés lors de la bataille d’Andernach, en octobre 939.

Gislebert ayant trouvé la mort lors de l’affrontement, Louis IV épousa sa veuve, Gerberge, fille d’Henri l’Oiseleur.

 

Othon, ayant restauré son autorité sur la Lotharingie, décida de se venger du roi de Francie, s’alliant avec Hugues le Grand, Herbert de Vermandois et Guillaume Longue Epée.

Louis IV, rentrant dans Laon à l’hiver 939, découvrit que le comte de Vermandois y avait fait construire une nouvelle citadelle ; l’année suivante, les conjurés parvinrent à s’emparer de Reims (l’archevêque Artaud fut remplacé par Hugues, fils d’Herbert).

 

Alors que les insurgés avaient prêté fidélité à Othon, ce dernier assiégea Laon en 941. A cette occasion, le roi de Germanie repoussa l’armée royale, qui tentait de briser le siège.

Bien que ne s’étant pas emparé de la cité, Othon se plaça en position d’arbitre entre Louis IV et Hugues le Grand, contraignant les deux hommes à faire la paix.

 

b) La révolte normande (942 à 946) : en l’espace de quelques mois, deux des plus importants rivaux de Louis IV moururent : Guillaume Longue Epée, assassiné en décembre 942, et Herbert de Vermandois, mort en février 943.

Le premier laissait un enfant âgé de dix ans, Richard, le second quatre fils déjà adultes.

 

Ainsi, Louis IV se rendit à Rouen, afin de recevoir l’hommage de l’aristocratie normande. Il confia la régence à Herluin, comte de Montreuil, un de ses proches, puis emmena le jeune duc à Laon.

 

Mais à l’été 945, Herluin, faisant face à une révolte, fit appel au roi de Francie, qui se rendit en Normandie. Les deux hommes tombèrent toutefois dans une embuscade près de Bayeux : Herluin fut tué, et Louis IV, parvenant à fuir à Rouen, fut finalement capturé par les Normands[13].

Ces derniers, vraisemblablement manipulés par Hugues, envoyèrent une missive auprès de la reine Gerberge, proposant d’échanger le roi contre ses deux fils, Lothaire et Charles. Toutefois, cette dernière n’accepta de ne céder que son cadet; Gui, évêque de Sens, devait prendre la place de Lothaire.

 

Les Normands refusant le marché, Louis IV fut gardé en captivité pendant plusieurs mois par Thibaud le Tricheur, comte de Tours (il s’agissait d’un vassal d’Hugues).

En 946, le duc des Francs accepta de jouer un rôle de médiateur, exigeant toutefois la ville de Laon en échange de la libération du roi de Francie.

 

c) Une fin de règne sous la tutelle othonienne (946 à 954) : Othon, soucieux de préserver l’équilibre des pouvoirs, décida d’intervenir une fois encore en Francie, cette fois-ci contre Hugues le Grand.

Le roi de Germanie, s’alliant avec Conrad, roi de Bourgogne[14], pénétra dans Reims en 946. A cette occasion, Hugues, le fils d’Herbert de Vermandois, fut chassé de l’archevêché, qui fut restitué à Artaud, déposé en 940.

 

Othon, recevant le soutien de Louis IV et d’Arnoul, comte de Flandre, décida ensuite d’assiéger Paris. Toutefois, ne parvenant pas à prendre la cité, les coalisés avancèrent vers Rouen.

Les Normands, soucieux d’en découdre, affrontèrent l’armée d’Othon lors de la bataille de Rouen, qui s’acheva sur un massacre pour les coalisés (l’affrontement est parfois baptisé bataille de la Rougemare, en raison des mares de sang versées).

Par la suite, Richard parvint à séparer Arnoul (lui ayant fait croire qu’Othon négociait avec les Normands), puis du roi de Germanie, en menant des actions de guérilla.

Louis IV, isolé, se rendit alors à Aix-la-Chapelle en 947, afin de demander de l’aide dans sa lutte contre Hugues le Grand.

 

L’année suivante, un concile fut organisé à Ingelheim, près de Mayence, présidé par Othon.

Louis IV prit alors la parole, dénonçant la fourberie d’Hugues. Ce dernier fut alors sommé de se présenter devant le concile sous peine d’être frappé d’excommunication.

Louis IV à Ingelheim, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

A la même date, Hugues et Thibaud le Tricheur répliquèrent en dévastant Soissons, la région de Reims, ainsi que plusieurs églises situées sur le domaine royal.

En septembre 948, les deux hommes furent excommuniés lors d’un concile organisé à Trèves.

 

En 950, Hugues consentit finalement à rétrocéder Laon à Louis IV. Cependant, à la mort d’Hugues le Noir, en 952, le duc des Francs s’empara du duché de Bourgogne.

Il semblerait qu’à la fin de son règne, Louis IV soit parvenu à restaurer une certaine autorité, voyageant en Auvergne, puis recevant l’hommage des comtes de Mâcon et de Vienne.

  

Mais en 954, Louis IV fit une chute de cheval mortelle, alors qu’il chevauchait entre Laon et Reims. Le défunt fut alors inhumé dans la basilique Saint Rémy de Reims.

La mort de Louis IV, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

Le roi de Francie, de son mariage avec Gerberge, avait eu plusieurs enfants : Lothaire, Charles (mort avant 953), un autre Charles (né à l’été 953), et son frère jumeau Henri (décédé en bas âge).

Contrairement à la vieille coutume franque, l’héritage de Louis IV ne fut pas divisé entre ses fils, mais transmis intégralement à Lothaire. Certains historiens pensent que le royaume était trop amoindri pour être à nouveau divisé ; d’autres qu’il s’agit d’une évolution des vieilles coutumes, car le partage ne se faisait plus en Germanie (toutefois, les rois germaniques n’étaient pas des Carolingiens, contrairement aux rois de Francie).

 

            7° Lothaire (954 à 986) – Lothaire, né en 941, était âgé de treize ans à la mort de son père. Reconnu par Hugues le Grand, il fut sacré en novembre 954 dans la basilique Saint Rémy de Reims, par Artaud, archevêque de la ville.

Le couronnement de Lothaire, enluminure issue de l'ouvrage Grandes Chroniques de France, XIV°siècle.

Lothaire étant trop jeune pour régner, la régence ne fut pas confiée à Gerberge mais à Brunon, archevêque de Cologne et duc de Lotharingie (ce dernier était le frère d’Othon I°, signe d’une tutelle germanique encore présente).

 

A noter que le règne de Lothaire nous est quelque peu méconnu, car l’on constate de grosses lacunes sur certaines périodes de la vie de ce souverain.

 

a) La mort d’Hugues le Grand (juin 956) : deux années après le couronnement de Lothaire, son puissant vassal, Hugues, mourut.

 

Le défunt, de son mariage avec Hedwige, fille d’Henri I° l’Oiseleur, avait eu trois fils : Hugues Capet[15], Othon, et Eudes (plus tard rebaptisé Henri).

L’aîné reçut le comté de Paris ainsi que la titulature de duc des Francs ; Otton eut le duché de Bourgogne. Toutefois, les héritiers d’Hugues le Grand étant encore jeune[16], ils furent eux aussi placés sous la tutelle de Brunon.

 

A cette date, Othon était en position de force, ayant assis sa domination sur les deux familles rivales (à noter que la tutelle othonienne permit à certains vassaux d’Hugues de se révolter, réduisant la zone d’influence du comté de Paris).

 

b) Lothaire et la succession flamande (962 à 965) : en 962, Baudouin, fils d’Arnoul de Flandre, mourut. Ce dernier décida alors de transmettre ses Etats à Lothaire.

Lothaire, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

 

Ainsi, à la mort d’Arnoul, en 965, le roi de Francie se dirigea vers la Flandre afin de prendre possession de ce comté. Toutefois, les seigneurs flamands se déclarèrent en faveur d’Arnoul II, fils de Baudouin.

Lothaire, constatant que les insurgés étaient soutenus par Othon, décida finalement de reculer, conservant toutefois les cités de Douai et Arras.

 

c) Le conflit contre la Germanie (973 à 978) : Othon I° mourut en 973, soit onze années après avoir été couronné Empereur par le pape Jean XII. Avec Adélaïde, fille de Rodolphe II de Bourgogne, le défunt avait eu Henri et Bruno (décédés en bas-âge), ainsi qu’Othon II.

Ce dernier, né en 955, récupéra donc l’héritage de son père (c'est-à-dire la Saxe et le royaume d’Italie[17]), ainsi que la titulature impériale.

 

C’est à cette date que les fils de Régnier III de Hainaut[18], Régnier IV et Lambert, s’attaquèrent aux Hainaut (leur père, participant à la révolte de son oncle Gislebert contre Othon I°, avait été chassé de ses Etats par le souverain germanique).

Les deux frères, marchant contre Péronne, tuèrent les comtes Renaud et Garnier, installés dans le Hainaut par Othon ; toutefois, Régnier IV et Lambert furent repoussés par les troupes germaniques.

En 976, les deux frères formèrent une nouvelle coalition, à laquelle participèrent Hugues Capet et Charles, frère de Lothaire. Ces derniers affrontèrent les troupes d’Othon II lors de la bataille de Mons, affrontement indécis.

Finalement, l’Empereur germanique décida de négocier avec les insurgés, rétrocédant à Régnier IV une partie des Etats de son père ; et à Charles la basse-Lotharingie.

 

Toutefois, le roi de Francie était mécontent de cet arrangement, car son Charles avait accusé d’infidélité Emma, épouse de Lothaire[19].

Ainsi, en juin 978, le roi de Francie monta une expédition contre la Germanie, à laquelle participèrent Hugues Capet, mais aussi son frère Henri (devenu duc de Bourgogne suite à la mort de son frère Othon en 965).

Marchant sur Aix-la-Chapelle, où résidait Othon II, Lothaire ne parvint toutefois pas en s’emparer du roi de Germanie, qui s’était enfui précipitamment. Les Francs pillèrent alors le palais impérial et ses environs pendant trois jours, puis firent rebrousse-chemin.

 

Pour Othon II, l’affront était cuisant, surtout venant d’un petit roi comme Lothaire.

En représailles, l’Empereur marcha vers la Francie en octobre 978, pillant le domaine royal. Lothaire fut alors contraint de se réfugier à Paris, cité défendue par Hugues Capet. A la même date, Charles était proclamé roi de Francie à Laon par Thierry, évêque de Metz[20].

Othon II mit alors le siège devant l’ancienne capitale mérovingienne, mais ne parvint pas à s’en emparer. Le froid arrivant, l’Empereur décida finalement de se retirer, mais ses troupes furent harcelés par les Francs jusqu’au passage du Rhin. A cette occasion, Lothaire parvint à récupérer la cité de Laon.

 

d) Le rapprochement avec Othon II (979 à 983) : en 979, soucieux d’assurer l’avenir de la monarchie carolingienne, Lothaire associa au trône son fils Louis V (né en 967), qu’il avait eu avec Emma.

Quelques années plus tard, en 982, il décida de le marier avec Adélaïde, fille de Foulques II, comte d’Anjou.

Toutefois, le divorce fut prononcé dès 984, vraisemblablement à cause de la différence d’âge des deux époux, Adélaïde ayant vingt ans de plus que Louis.

 

A la même époque, Lothaire se rapprocha d’Othon II, rencontrant son homologue à Margut, sur la Meuse, en 980. A cette occasion, le roi de Francie abandonnant ses prétentions sur la Lotharingie.

Toutefois, non seulement ce rapprochement n’aboutit qu’à placer une fois encore le royaume de Francie dans l’orbite othonienne ; en outre, Hugues Capet n’apprécia guère ce retournement des alliances. Ainsi, ce dernier vint lui aussi à la rencontre d’Othon II, se rendant à Rome au printemps 981.

 

e) Renouveau du conflit contre la Germanie (983 à 986) : en décembre 983, Othon II mourut, après avoir subi un échec contre les Grecs en Italie du sud[21]. De son mariage avec Théophano, nièce de l’Empereur byzantin Jean Tzimiskès[22], le défunt souverain avait eu quatre filles et un fils, Othon III.

L’enfant, né en juillet 980, était trop jeune pour régner, et une régence devait être mise en place.

 

C’est à cette occasion que le jeune Othon III fut enlevé par Henri le Querelleur, duc de Bavière, qui souhaitait être nommé régent.

Ce dernier fut soutenu par Lothaire, entretemps réconcilié avec son frère Charles, qui souhaitait se présenter comme tuteur de la Lotharingie.

Toutefois, Henri le Querelleur fut condamné en 984 par Willigis, archevêque de Mayence, et la régence fut finalement confiée à Théophano.

 

Malgré cet échec, Lothaire noua une alliance avec le duc de Bavière, prévoyant une grande offensive contre la Lotharingie à l’été 985.

Toutefois, le Querelleur ne participa à l’expédition, et Lothaire ne parvint pas à convaincre Hugues Capet d’en faire partie. Le roi de Francie fut toutefois rejoint par Eudes, comte de Blois, et Herbert, comte de Troyes.

Marchant vers Verdun au printemps 985, Lothaire s’empara de la cité, capturant Godefroy, comte de Verdun et du Hainaut, son fils Frédéric, et Thierry, duc de haute-Lotharingie[23].

 

Suite à son retour à Laon, Lothaire demanda à Adalbéron, archevêque de Reims, d’envoyer des troupes en garnison à Verdun ; mais aussi d’écrire aux archevêques de Trèves, Cologne et Mayence, qu’il était favorable au souverain carolingien[24].

Sachant que l’ecclésiastique jouait double-jeu, Lothaire convoqua une assemblée à Compiègne, en mai 985, afin de destituer Adalbéron.

Hugues Capet décida alors d’intervenir, et fit annuler l’assemblée. Lothaire accepta de libérer Thierry, neveu du duc des Francs ; mais Godefroy refusa d’échanger sa liberté contre le comté du Hainaut[25].

 

En mars 986, Lothaire mourut alors qu’il préparait une expédition contre Cambrai, ville rattachée à la Germanie mais dépendant de l’archevêché de Reims.

La mort de Lothaire, par Paul Lehugeur, XIX° siècle (selon l'hypothèse répandue au XIX° siècle, Lothaire aurait été assassiné par sa femme Emma, représentée à gauche sur l'image).

Le défunt fut alors inhumé aux côtés de son père, dans la basilique Saint Rémy de Reims[26].

 

            8° Louis V le Fainéant (986 à 987) – Louis V monta sur le trône suite à la mort de son père, ayant été associé au trône dès 979.

 

a) Le court règne de Louis V (986 à 987) : le jeune homme, âgé de vingt ans, décida de convoquer une assemblée à Compiègne, afin de déposer Adalbéron, archevêque de Reims.

Toutefois, le roi de Francie mourut d’une chute de cheval en mai 987, alors qu’il chassait dans la forêt de Senlis.

Louis V le Fainéant, par Louis Félix ARRIEL, 1837, château de Versailles, Versailles.

 

Décédé après seulement un an de règne, Louis V fut surnommé le Fainéant, car il n’avait eu le temps de rien faire.

Le défunt n’ayant pas eu d’enfants, une assemblée se réunit à Senlis en juin 987, afin d’élire un nouveau roi. Charles, l’oncle de Louis V, fut alors écarté, sous prétexte qu’il avait rendu hommage à un roi étranger (lorsqu’il reçut la basse-Lotharingie des mains d’Othon II).

Les seigneurs cédèrent alors la couronne à Hugues Capet, qui fut sacré dans la cathédrale de Noyon par Adalbéron, archevêque de Reims. C’est ainsi que naquit la dynastie des Capétiens.

 

b) Réflexions sur le changement de dynastie : les historiens du XIX° siècle établirent une analogie trompeuse entre Pépin III, premier carolingien, et Hugues Capet, premier capétien, présentés comme rois sans en porter le titre (d’autant que les deux hommes portaient le titre de duc des Francs).

Toutefois, il convient de faire la différence entre ces deux époques, la prise de pouvoir de ces deux dynasties ne s’étant pas effectuée dans le même contexte.

 

Ainsi, lorsque Pépin III reçut la couronne, en 751, la dynastie mérovingienne ne régnait plus depuis près d’un siècle. En outre, ce dernier régnait sur un royaume intact, même si des révoltes avaient éclaté lors de la prise de pouvoir des Carolingiens. Pépin III, duc des Francs, pouvait donc être considéré comme un roi sans en porter le titre.

 

Au contraire, à la fin du X° siècle, les souverains carolingiens n’étaient ni des fainéants, ni des hommes de paille (contrairement à leurs homologues mérovingiens), même si le royaume avait été considérablement amoindri en l’espace d’un siècle.

Hugues Capet, quant à lui, n’était pas à la tête de l’Empire de Charlemagne, ne régnant que sur le comté de Paris. A ce titre, il n’était qu’un seigneur comme tant d’autres en Francie, et nombreux étaient les nobles plus puissants que lui (le duc d'Aquitaine, qui régnait sur un quart de la Francie, depuis le Poitou jusqu'au Midi ; le duc de Normandie, descendant des Vikings ; le comte de Blois, dont les Etats encerclaient ceux des Capétiens ; etc.).

De ce fait, Hugues Capet, duc des Francs, n’était en rien un roi sans en porter le titre.

   

Afin de légitimer la prise de pouvoir des Capétiens, fondateurs de la France moderne, les historiens du XIX° siècle présentèrent les derniers Carolingiens sous un jour peu glorieux, faisant d’eux les successeurs spirituels des rois fainéants.

A noter que cette lutte de pouvoir entre Carolingiens et Capétiens fit le jeu des souverains germaniques, qui profitèrent de l’affaiblissement de leurs voisins de Francie pour récupérer, en l’espace de quelques décennies, les anciennes provinces de l’Empire de Charlemagne : la Lotharingie, l’Italie, et la Bourgogne. C’est ainsi que se formèrent les frontières entre Francie et Germanie, qui restèrent intactes pendant tout le Moyen-âge.

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[1] Au contraire, il faisait partie de la lignée des Robertiens.

[2] A la mort de Ranulf, en 890, le titre de roi d’Aquitaine ne fut plus porté.

[3] A noter que ce n’était pas la première fois qu’un Carolingien tentait d’installer des Normands dans une région du royaume. Voir l’exemple de Godfried en 882. Pour en savoir plus à ce sujet, voir le b), 5, section III, chapitre troisième, les Carolingiens.

[4] Ce dernier était le fils de Richard de Bourgogne, frère de Boson, roi de Provence. Nous avons mentionné ce personnage en c), 3, section III, chapitre troisième, les Carolingiens.

[5] Pour en savoir plus sur le règne d’Edouard l’Ancien, cliquez ici.

[6] Du nom de Boson l’Ancien, que nous avons présenté en c, 7, section II, chapitre troisième, les Carolingiens.

[7] En 921, la Bourgogne était divisée en deux entités : le duché de Bourgogne, entre les mains de Raoul ; le royaume de Bourgogne, appartenant à Rodolphe II (fils de Rodolphe I°). Ce dernier s’était emparé du royaume de Provence, qui remontait autrefois jusqu’à Besançon.  

[8] Hugues, deuxième fils d’Herbert, n’était âgé que de dix ans.

[9] L’on ne sait guère les origines de ces deux mots. Le terme magyar proviendrait peut être de magyer, une des tribus hongroises qui s’établirent en Pannonie (actuelle Hongrie) à la fin du IX° siècle ; le terme de hongrois proviendrait peut être de Hun (désignant la tribu d’Attila), ou de Onoghour, une tribu originaire du nord de la mer Noire.

[10] A noter que certaines chroniques racontent que cette titulature aurait été portée par Eudes, Robert I° et Raoul. C’est ainsi que ces souverains furent qualifiés, à tort, de duc des Francs par les historiens du XIX° siècle.

[11] Voir à ce sujet le 1, section I, chapitre premier, les Carolingiens.

[12] Ce dernier avait connu Louis IV alors qu’il était lui aussi en exil en Angleterre.

[13] A la même date, Richard parvint à s’échapper de Laon.

[14] Ce dernier était le fils de Rodolphe II de Bourgogne, lui-même fil de Rodolphe I°.

[15] Ce dernier fut surnommé ainsi car il avait l’habitude de porter une cape (peut être la chape d’abbé laïc de Saint Martin de Tours ?).

[16] Les fils d’Hugues le Grand étaient respectivement nés en 940, 945 et 948.

[17] Othon I° avait été couronné roi d’Italie en 951, chassant Bérenger II du trône, petit fils de Bérenger de Frioul.

[18] Régnier III était le petit-fils de Régnier de Hainaut.

[19] Emma était la fille de Lothaire d’Arles et d’Adélaïde, qui avait épousé Othon I° en secondes noces.

[20] Thierry était un cousin d’Othon II.

[21] Pour en savoir plus sur cette offensive, voir le 2, section II, chapitre premier, l’Empire germanique et l’Eglise.

[22] Pour en savoir plus sur le règne de ce souverain, voir le 7, section III, chapitre troisième, l’Empire byzantin.

[23] Ce dernier était le fils de Béatrice, sœur d’Hugues Capet.

[24] A noter qu’Adalbéron était le frère de Godefroy de Verdun.

[25] Qui était toujours réclamé par Régnier IV.

[26] Les historiens du XIX° siècle avancèrent l’hypothèse selon laquelle il aurait été empoisonné par sa femme, Emma, belle-fille d’Othon II. Toutefois, cette théorie ne semble guère crédible aujourd’hui.

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