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Mythologie
 
 

 

 

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Les Carolingiens

 

CHAPITRE TROISIÈME : La décadence des Carolingiens (814 à 987)


III : De la mort de Charles le Chauve à la mort de Charles le Gros (877 à 888)

 

            1° Louis II le Bègue, roi de Francie occidentale (877 à 879) – Charles le Chauve, de son mariage avec Ermentrude, fille d’Eudes, comte d’Orléans, avait eu plusieurs fils : Louis II le Bègue ; Charles l’Enfant (décédé en 866) ; Carloman (après s’être révolté contre son père, il fut aveuglé et placé dans un monastère[1]) ; et Lothaire le Boiteux (ce dernier, en raison de son infirmité, fut destiné à la vie monacale).

Ermentrude, école française du XIII° siècle, château de Versailles, Versailles.

 

Ses frères étant morts ou cloîtrés, Louis II récupéra donc l’héritage de son père.

A noter toutefois qu’il ne bénéficia pas de la dignité impériale (qui ne fut plus portée jusqu’en 881) ; et le royaume d’Italie fut cédé à Carloman, roi de Bavière.

Par ailleurs, Louis II fut contraint de faire face à l’hostilité de Richilde, deuxième épouse de Charles le Chauve ; en outre, l’autorité du nouveau souverain fut contestée par de nombreux comtes.

 

Louis II, couronné en décembre 877 par Hincmar, archevêque de Reims, fut sacré une seconde fois à Troyes en septembre 878 par le pape Jean VIII.

Louis II le Bègue, enluminure issue des Grandes Chroniques de France, XIV° siècle, Bibliothèque Nationale, Paris.

Cependant, ce souverain n’eut jamais une grande autorité, mourant en avril 879, seulement deux années après son accession au trône.

 

            2° Louis III et Carloman II, rois de Francie occidentale (879 à 880) – Louis II le Bègue, de son mariage avec Ansgarde, fille du comte de Bourgogne, avait eu deux fils : Louis III (né vers 863) et Carloman II (né vers 867).

Louis III et Carloman régnant ensemble, par le baron STEUBEN, 1837, château de Versailles, Versailles.

Suite à la répudiation de son épouse, le roi de Francie occidentale s’était remarié avec Adélaïde, fille d’Adalhard, comte de Paris. Cette dernière eut un enfant posthume, Charles III le Simple[2]. Toutefois, le second mariage de Louis le Bègue étant jugé illégitime par l’Eglise, l’enfant fut écarté de la succession. 

 

a) Le partage de 879 : suite à la mort de leur père, Louis III et Carloman II furent couronnés par Anségise, archevêque de Sens, dans l’abbaye Saint Pierre et Saint Paul de Ferrières, près de Montargis (septembre 879).

 

Puis, en mars 880, les deux adolescents procédèrent au partage du royaume : Louis III, l’aîné, reçut la Neustrie ; son frère Carloman, quant à lui, eut l’Aquitaine, la Septimanie et une partie de la Bourgogne. 

 

b) Le règne de Carloman de Bavière (876 à 880) : nous avons vu précédemment que le roi Louis le Germanique, à sa mort, avait divisé son royaume entre ses fils : Carloman, roi de Bavière ; Louis le Jeune, roi de Saxe ; et Charles le Gros, roi d’Alémanie.

 

Toutefois, l’aîné fut rapidement la cible de ses deux frères. Ainsi, en 879, Charles le Gros s’empara de La péninsule italique, étant couronné roi d’Italie ; Louis le Jeune, quant à lui, s’arrogea la Bavière, mais aussi la Lotharingie occidentale (qui appartenait à Louis II le Bègue).

 

Carloman mourut l’année suivante, en septembre 880, frappé de paralysie. Ce dernier ne laissait qu’un fils illégitime, Arnulf, qu’il avait eu avec sa maîtresse Litzwinde. Agé d’une trentaine d’année, il fut écarté de la succession, mais récupéra toutefois le duché de Carinthie.

 

c) Le traité de Ribemont (880) : en 880, les quatre souverains carolingiens décidèrent de se rencontrer à Ribemont, afin de mettre un terme aux agitations qui déchiraient l’ancien Empire de Charlemagne : les Normands, qui après quelques années d’accalmie, revenaient à la charge ; Boson, duc de Provence, qui avait pris le titre de roi[3] ; et Hugues, fils illégitime de Lothaire II, qui multipliait les raids en Lotharingie.

 

Louis III et Carloman, soucieux de faire face aux désordres, décidèrent d’acheter la neutralité de Louis le Jeune, reconnaissant sa souveraineté sur la Lotharingie occidentale.

 

Suite à la rencontre, Louis le Jeune et son frère Charles levèrent une armée pour combattre Hugues, qui fut vaincu à Verdun. En 882, le fils illégitime de Lothaire II reçut le duché d’Alsace, mais il se rebella peu de temps après.

En 885, capturé par les troupes de Charles le Gros, il fut aveuglé et enfermé dans le monastère de Prüm, où il mourut en 895.

 

            3° Louis III et Carloman II contre la Provence (880 à 882) – Quelques mois après la mort de Louis le Bègue, plusieurs comtes et ecclésiastiques de Provence se réunirent au cours du concile de Mantaille, en octobre 879.

 

a) Boson, roi de Bourgogne (octobre 879) : ces derniers, contestant les droits à la succession de Louis III et Carloman II, considérés comme des enfants impuissants, décidèrent de choisir comme souverain Boson, duc de Provence[4].

 

Quelques jours après, ce dernier fut proclamé roi de Bourgogne à Lyon, par Aurélien, archevêque de cette ville, puis installa sa capitale à Vienne, en Isère.

Cependant, Boson ne tarda guère à s’attirer les foudres du pape Jean VIII, qui l’accusa d’être un usurpateur, mais aussi des fils de Louis II, spoliés de la partie méridionale de leur héritage.

 

b) Première guerre contre la Provence (880) : suite à la signature du traité de Ribemont, Louis III, Carloman II et leur cousin Charles le Gros prirent les armes contre Boson.

 

Ces derniers, marchant vers la Bourgogne, prirent Autun, Besançon, Chalon, Mâcon et Lyon. Acculé, l’usurpateur fut contraint de se retirer vers Vienne, sa capitale.

Toutefois, à la même date, Charles le Gros fut appelé à Rome pape le pape Jean VIII, qui souhaitait lui remettre la couronne impériale.

Suite au départ de leur cousin pour l’Italie, Louis III et Carloman II décidèrent alors d’abandonner le siège de Vienne.

 

c) Deuxième et troisième guerre contre la Provence (881 à 882) : l’année suivante, Carloman II lança une nouvelle expédition contre le royaume de Bourgogne, alors que son frère combattait les Normands. Puis, en 882, Carloman II assiégea Vienne une fois encore, de concert avec son cousin Charles le Gros.

 

Mais, en août 882, Carloman II fut contraint de lever le siège de Vienne, ayant appris la mort de son frère Louis III. En septembre, il fut reconnu seul roi de Francie occidentale par une assemblée de prélats réunie à Quierzy (Charles le Simple, demi-frère de Carloman II, fut à nouveau écarté).

 

A Vienne, le siège de la ville fut continué par Charles le Gros, qui reçut le soutien de Richard, comte de Bourgogne, frère de Boson. L’usurpateur, quant à lui, parvint à se réfugier en Provence.

 

            4° Louis III et Carloman II contre les Normands (879 à 884) – Les Normands, qui avaient diminué leurs expéditions depuis la fin de règne de Charles le Chauve, lancèrent de nouveaux raids à compter des années 880.

En effet, après une première phase consacrée au pillage (s’étalant de 840 à 860), les envahisseurs organisèrent de véritables opérations militaires à compter de la fin du siècle (ainsi, les Normands s’installèrent en Angleterre à compter de 850[5]).

 

a) Louis III contre les Normands (879 à 881) : en novembre 879, soit quelques semaines après leur couronnement, Louis III et Carloman II attaquèrent une expédition normande qui remontait la Vienne.

Les envahisseurs, vaincus, furent contraint de reculer. Toutefois, ils revinrent l’année suivante, attaquant le nord du pays, pillant Courtrai, Cambrai, Arras, et Amiens.

 

A l’été 881, alors que son frère assiégeait Vienne, Louis III réunit son armée, puis affronta avec succès les Normands lors de la bataille de Saucourt-en-Vimeu, près d’Abbeville.

Cette victoire de Louis III eut un important retentissement en Francie occidentale, les chroniques avançant le chiffre de 8 000 mort côté viking.

 

b) Carloman II contre les Normands (882 à 884) : à la mort de Louis le Jeune, en janvier 882, mort sans héritiers, Carloman II tenta de récupérer la Lotharingie occidentale, qu’il avait cédé au défunt en 880. Toutefois, son cousin Charles, qui avait récupéré l’héritage de son frère, ne voulut rien savoir.

 

Le roi de Francie occidentale n’eut pas plus de succès contre les Normands, qui mirent en déroute l’armée royale près d’Abbeville, en 883, puis pillèrent la Somme.

En 884, Carloman II réunit une assemblée à Compiègne, au cours de laquelle il fut décidé de racheter le départ des Normands. Ainsi, le roi des Francs fut contraint de céder 12 000 livres d’argent aux envahisseurs, une somme considérable pour l’époque.

 

En décembre 884, Carloman II mourut à Bézu, dans l’Eure, à la suite à un accident de chasse. Décédé sans héritiers à l’âge de 17 ans, le roi de Francie occidentale fut enterré aux côtés de son frère, dans l’église Saint Denis, à Paris.

Gisants de Louis III et Carloman, réalisés à la demande de Saint Louis, vers 1263-1264, église Saint Denis, Paris.

 

            5° Charles le Gros seul roi (884 à 887) – Carloman II n’ayant pas eu d’enfants, la couronne de Francie occidentale fut cédée à Charles le Gros, qui officiellement devait assurer la régence jusqu’à la majorité de Charles le Simple.

En début d’année 885, Charles le Gros était Empereur, roi d’Italie, de Lotharingie, de Germanie et de Francie. Après tant d’années de guerres civiles et de troubles, l’Empire de Charlemagne se trouvait reconstitué une dernière fois. L’on attendait beaucoup de Charles le Gros, mais au final, il ne parvint pas à s’imposer.

 

a) Charles le Gros et Boson (884) : suite à la mort de Carloman II, l’Empereur décida de se rapprocher de Boson. Ce dernier, vaincu à Vienne en 882, avait été contraint de se réfugier en Provence, régnant sur une partie de ses anciens Etats.

Charles le Gros lui proposa de le reconnaitre comme roi de Provence ; en échange, Boson devait prêter hommage à son suzerain.

 

A sa mort, en 887, Boson céda le trône de Provence à son fils Louis (surnommé plus tard l’Aveugle), fils qu’il avait eu avec son épouse Ermengarde (il s’agissait de la fille de Louis le Jeune).  

 

b) Les invasions normandes en Lotharingie (882) : à la mort de Louis le Jeune, en 882, les Normands attaquèrent la Lotharingie, affaiblie par la disparition du roi. Les Vikings, menés par leurs chef, Godfried, pillèrent de nombreuses villes : Maëstricht, Lièges, Bonn, Cologne, Trèves, etc.

Réunissant l’armée royale, Charles le Gros assiégea le camp des envahisseurs à Ascaloha, en Frise. Les deux belligérants acceptèrent alors d’entamer des pourparlers : en échange du duché de Frise, Godfried devait se faire baptiser et prêter allégeance à Charles ; en outre, le Normand  épousait Gisèle, fille de Lothaire II.

 

Mais quelques années plus tard, craignant que Godfried ne s’allie avec Hugues, fils illégitime de Lothaire II, Charles le Gros décida d’attirer le Normand à une entrevue, où il le fit assassiner (vers 885).

C’est à cette même date qu’Hugues fut capturé par Charles le Gros, puis aveuglé en enfermé dans le monastère de Prüm.

 

b) Le siège de Paris (885 à 886) : suite à la mort de Godfried, son frère Siegfried décida de reprendre ses raids contre l’Empire carolingien[6]. A noter que le récit de cette expédition nous provient de la chronique Le siège de Paris par les Normands, poème rédigé dix ans après les faits par le moine Abbon, qui avait participé au conflit.

 

Siegfried, à la tête de 700 barques, portant 40 000 hommes[7], s’empara de Rouen en juillet 885, contrôlant désormais l’embouchure de la Seine. Puis il remonta le fleuve en direction de Paris.

En novembre 885, lors de l’arrivée des Normands, l’ancienne capitale mérovingienne n’occupait guère que l’île de la cité. Les habitants des rives vinrent alors se réfugier à l’abri des murs de la ville.

A cette date, Siegfried s’entretint avec Gozlin, évêque de Paris, lui demandant de laisser la flotte normande traverser la Seine, en échange de quoi Paris ne serait pas attaquée. Toutefois, Gozlin refusa de céder.

Les Normands attaquent Paris, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

 

A la fin du IX° siècle, seuls deux ponts reliaient l’île de la cité aux berges de la Seine : le Grand-Pont et le Petit-Pont[8]. Afin de protéger ces constructions, deux forteresses avaient été érigées sur l’île de la cité sous le règne de Charles le Chauve : le Grand Châtelet, protégeant le Grand-Pont ; et le Petit Châtelet, protégeant le Petit-Pont[9].  

Alors que la défense de la capitale avait été confiée à Eudes, comte de Paris[10], les Normands commencèrent à attaquer le Grand-Pont à la fin du mois de novembre 885.

Pendant plusieurs jours, les envahisseurs tentèrent de franchir le pont fortifié, mais ils en furent empêchés par les défenseurs de la ville, qui firent pleuvoir flèches, pierres, poutres et poix fondue sur les Normands.

 

Ayant perdu près de 300 hommes, Siegfried décida de changer de tactique. Ce dernier, établissant un camp retranché à Saint-Germain-L’auxerrois, entreprit alors d’assiéger Paris (toutefois, le blocus fut imparfait, les Normands n’étant pas suffisamment nombreux).

Pendant deux mois, les envahisseurs se consacrèrent à la fabrication de matériel de siège. Dans sa chronique, Abbon mentionne des béliers, des catapultes, mais aussi des chats[11] et des mantelets[12].

Au début du mois de février 886, les Normands s’attaquèrent aux murailles de la ville, mais ils ne parvinrent pas à approcher les béliers des portes de Paris. Ainsi, Siegfried décida d’incendier les ponts de Paris grâce à des brûlots[13] ; toutefois, ces derniers heurtèrent les piles en pierre du Grand-Pont. Les Parisiens éteignirent alors le brasier et s’emparèrent des brûlots.

Le comte Eudes défend Paris contre les Normands, par SCHNETZ, XIX°, château de Versailles, Versailles.

Le 6 février 886, après plus de deux mois de siège, une crue emporta le Petit-Pont, qui reliait le Petit Châtelet à l’île de la cité. Douze défenseurs se retrouvèrent isolés, entourés par les Normands. Pendant toute la journée, ils tentèrent de faire face aux assauts répétés de leurs assaillants. Au crépuscule, alors que la tour était la proie des flammes, les survivants tentèrent une sortie. Ils furent massacrés jusqu’au dernier par les Normands qui se jetèrent sur eux. L’Histoire a conservé le nom de ces douze Parisiens : Aimard, Arnaud, Gui, Hardre, Herland, Hermanfroi, Hervé, Hervi, Jobert, Jossouin, Ouacre, Seuil.

Plaque commémorative du combat, parvis Notre Dame, Paris.

 

Courant février, les Normands délaissèrent le siège de Paris pour attaquer d’autres cités de la région. Ces derniers, repoussés devant Chartres et le Mans, parvinrent toutefois à piller Evreux.

En mars 886, Gozlin et Eudes décidèrent d’entamer des pourparlers avec Siegfried, achetant son départ contre 60 livres d’argent. Payé, le chef des Normands s’attaqua à Bayeux, qui fut rapidement conquise ; toutefois, de nombreux Vikings décidèrent de poursuivre le siège de Paris.

 

Alors que la famine sévissait dans l’ancienne capitale mérovingienne, l’évêque Gozlin mourut de la Peste (avril 886). A cette date, le comte Eudes décida d’aller quérir l’aide de Charles le Gros, qui résidait à cette époque à Metz. Il ne fut pas difficile de sortir de Paris, les Normands ayant dédaigné les travaux d’encerclement.

Ayant rencontré l’Empereur, Eudes rentra non sans mal dans l’ancienne capitale au cours du mois de juin, mais l’armée royale n’arriva à Paris qu’à compter du mois de septembre 886.

Eudes parvient à rentrer dans Paris, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875.

 

A cette date, Charles le Gros entama des négociations avec les Normands : ces derniers recevaient l’autorisation de piller la Bourgogne ; à leur retour, au printemps 887, leur serait cédée une indemnité de 700 livres d’argent.

A noter que ces négociations ternirent considérablement le prestige de l’Empereur. 

Charles le Gros devant Paris, par Paul Lehugeur, XIX° siècle.

 

Les Normands n’ayant pas eu la permission de traverser les ponts de Paris, ils furent contraints de tirer leur navires sur la terre ferme jusqu’aux rives de la Marne.

Ces derniers pillèrent alors l’abbaye de Saint Germain à Auxerre, puis Bèze et Flavigny.

Au mois de mai 887, les envahisseurs retournèrent à Paris, où ils reçurent les 700 livres promises par Charles le Gros. Toutefois, ces derniers repassèrent les ponts de l’ancienne capitale par surprise, dénonçant ainsi l’accord passé avec l’Empereur.

 

            6° La fin de règne de Charles le Gros, sa déposition (887) – Charles le Gros, dont l’autorité sur l’Empire était très instable, commença à souffrir d’obésité et de folie au cours des dernières années de son règne.

C’est ainsi qu’il fut de plus en plus contesté par l’aristocratie, aussi bien en Germanie qu’en Francie.

 

a) Charles le Gros à la recherche d’un héritier (887) : de son premier mariage avec Richarde, Charles le Gros n’avait pas eu d’enfants. A la fin de son règne, l’Empereur tenta donc de faire légitimer son fils Bernard, qu’il avait eu avec une concubine dont nous ne connaissons pas le nom.

 

En mai 887, Richarde, accusée d’adultère, fut répudiée. Charles, quant à lui, tenta de faire légitimer Bernard par la papauté, qui ne voulut rien entendre. Sentant sa fin approcher, l’Empereur décida de reconnaitre comme fils adoptif Louis l’Aveugle, roi de Provence.

Pendant l’été, ce dernier reçut alors la visite d’Eudes, comte de Paris, et de Bérenger, marquis de Frioul[14]. Les deux hommes, sachant le roi malade, souhaitait vraisemblablement récupérer la couronne de leurs Etats respectifs.

 

b) La déposition de Charles le Gros (novembre 887) : en fin d’année 887, Charles le Gros, malade, fut contraint de faire face à la révolte de son neveu Arnulf, fils illégitime de Carloman de Bavière.

 

En novembre 887, Charles le Gros fut déposé lors de la diète de Tribur, puis enfermé dans le monastère de Reichenau (où il mourut en janvier 888[15]). A cette date, Arnulf fut nommé roi de Germanie par une assemblée de prélats.

Bernard, écarté de la succession, se rebella contre Arnulf, mais il fut tué vers 891.

 

En Francie occidentale, la déposition de l’Empereur n’eut pas de conséquences. Ce n’est qu’à la mort du souverain déchu que les grands du royaume procédèrent à une élection, afin de choisir un nouveau roi (le titulature impériale fut abandonnée pendant quelques années).

En Europe, plusieurs souverains émergèrent de ce nouveau morcellement de l’Empire carolingien : en Francie, Eudes, comte de Paris ; En Germanie, Arnulf, duc de Carinthie ; en Italie, Bérenger, marquis de Frioul (ce dernier fut toutefois renversé dès 889 par Guy, duc de Spolète[16]) ; en Provence, Louis l’Aveugle ; en Aquitaine, Ranulf, qui ne reconnaissait pas Eudes ; et en Bourgogne, Rodolphe I°, qui refusait la domination d’Arnulf.

 

A noter que Charles le Gros fut le dernier souverain à réunir l’ancien Empire de Charlemagne (à l’exception de la Bretagne et de la Provence). Sa déposition consacra le morcellement de l’Empire carolingien, mais aussi la lente déchéance de cette dynastie royale.

En outre, il convient de préciser que le règne de ce souverain fut bien plus critiqué par les historiens du XIX° siècle que par les contemporains de Charles le Gros, d’où cette vision quelque peu négative qui prédomine encore aujourd’hui.

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[1] Ce dernier parvint à s’échapper, se réfugiant chez son oncle Louis le Germanique (il y mourut en 876)

[2] A noter que ce surnom n’avait pas une connotation négative (le terme simplex désignant quelqu’un d’honnête ou de doux).

[3] Nous y reviendrons au paragraphe suivant.

[4] Ce dernier était (vraisemblablement) le petit-fils de Boson l’ancien, qui avait donné sa fille Theutberge en mariage à Lothaire II.

[5] Pour en savoir plus sur les invasions danoises en Angleterre, cliquez ici.

[6] A noter que Siegfried ne fut peut être pas le commandant de cette expédition.

[7] Les chiffres exposés ici sont issus de la chronique du moine Abbon. Ils furent vraisemblablement exagérés pour glorifier la résistance des quelques centaines de Francs chargés de défendre la cité.

[8] Les deux édifices de l’époque carolingienne furent détruits au début du XII° siècle. Le Petit-Pont fut reconstruit à l’identique ; le Grand-Pont (devenu pont au Change), au contraire, fut érigé plus à l’ouest.

[9] Le Grand Châtelet fut détruit en 1808 ; le Petit Châtelet en 1782.

[10] Ce dernier était le fils de Robert le Fort, décédé en 866. Voir à ce sujet le c), 4, section II, chapitre troisième, les Carolingiens.

[11] Le chat était très similaire à un bélier, mais était doté de roues ainsi que d’une meilleure protection.

[12] Le mantelet était une planche de bois mobile, qui permettait aux archers d’avancer le plus près possible des murailles ennemies.

[13] Les brûlots étaient des navires chargés de matières inflammables (voire d’explosifs), lancés sur des vaisseaux ennemis afin de les incendier.

[14] Ce dernier était le fils d’Evrard, marquis de Frioul, qui avait épousé Gisèle, fille de Louis le Pieux.

[15] Charles le Gros fut peut être assassiné, comme l’indiquent certaines chroniques.

[16] Ce dernier était un descendant de Lothaire I°.

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