VI : Les souverains de la XXX° dynastie (IV° siècle avant Jésus Christ)
Profitant de la situation
géopolitique favorable, les souverains de la XXX° dynastie tentèrent de
redorer le blason de l’Egypte, faisant ériger de nombreux monuments et
stimulant le commerce international.
Toutefois, cette nouvelle indépendance de l’Egypte fut aussi courte
qu’illusoire. En effet, dès que les Perses parvinrent à mettre fin au
troubles qui agitaient leur royaume, ils ne tardèrent guère à se tourner
vers l’Egypte, considérée comme une simple satrapie séditieuse.
A
noter par ailleurs que la XXX° dynastie fut la dernière à porter sur le
trône des souverains égyptiens.
1° Nectanebo I° (vers 380 à 362 avant Jésus
Christ) – Comme nous l’avons vu à la fin du chapitre précédent,
Nectanebo I° s’empara du pouvoir vers 380 avant Jésus Christ, déposant (et
exécutant ?) son prédécesseur Nepherites II.
Tête de Nectanebo I°, musée du Louvre, Paris.
A
noter que le nom de Sa Râ de ce souverain était Nakhtnebef, ce qui
signifie « Fort est son maître. » (Nectanebo est le nom que donnèrent les
auteurs grecs à ce souverain.).
Originaire de la cité de Sebennytos, le fondateur de la XXX° dynastie se
présenta très tôt comme un continuateur de la politique saïte.
Ainsi, il fit ériger et restaura plusieurs temples endommagés par le temps
et les invasions perses, à Saïs, à Bubastis et à Héliopolis.
Torse de Nectanebo I°, British museum, Londres.
Il
fit aussi ériger le temple de l’Isis sur l’île de Philae, ainsi qu’une
première colonne à Karnak.
Le temple d'Isis à Philae, Egypte.
Par ailleurs, Nectanebo I° tenta avec succès de relancer le commerce
égyptien, nouant des relations avec la Grèce et le Proche Orient.
Ce
pharaon parvint aussi à maintenir l’indépendance de l’Egypte vis-à-vis de la
menace perse, s’appuyant sur Athènes et Sparte.
Tête de roi, sans doute Nectanebo I°, musée du Louvre, Paris.
Nectanebo I° mourut vers 362 avant Jésus Christ.
2° Teos (vers 362 à 360 avant Jésus Christ) –
Corégent avec son père Nectanebo I°, Teos monta sur le trône suite à
la disparition de ce dernier, vers 362 avant Jésus Christ.
A
noter que le nom de Sa Râ de ce souverain, Djedhor, signifie « la
face qui parle. » (Teos fut le nom que lui donnèrent les auteurs grecs.).
Dès le début de son règne, Teos dut faire face à la menace perse. En effet,
Artaxerxès II n’avait pas résigné à abandonner l’Egypte à son sort.
Le
pharaon, afin de riposter, décida alors d’augmenter les impôts afin de
pouvoir payer ses mercenaires grecs.
Cette mesure rendit Teos très impopulaire et ses opposants politiques
décidèrent d’en profiter. C’est ainsi que son frère Tjahepimou,
gouverneur de Mendes, proclama roi son propre fils Nectanebo II.
Voyant que son rival était soutenu par le roi de Sparte Agésilas II,
Teos se retrouva contraint de fuir à la cour d’Artaxerxès II (le pharaon
déchu y vécut jusqu’à sa mort.).
3° Nectanebo II (vers 360 à 343 avant Jésus
Christ) – Suite à sa prise de pouvoir, Nectanebo II monta sur le trône,
laissé vacant suite à la fuite de Teos.
Horus protégeant un roi, sans
doute Nectanebo II, musée du Louvre, Paris.
a)
Politique culturelle : Le nouveau souverain, soucieux de pérenniser la
politique de son grand père, décida de lancer une politique de grands
travaux.
Stèle de Nectanebo II, retrouvée à Bubastis (cette dernière représente sans
doute certains dieux du panthéon égyptien.), British museum, Londres.
Il fit ainsi ériger plusieurs monuments à travers l’Egypte, à
Philae, Karnak, Memphis, Hérakléopolis, Edfou, etc.
Le temple d'Edfou, Egypte.
b)
Le renouveau de la menace perse : ce fut sous le règne de ce pharaon, en
358 avant Jésus Christ, que le roi de Perse Artaxerxès II s’éteignit, sans
être parvenu à remettre la main sur l’Egypte.
Tombe d'Artaxerxès II.
Un
de ses fils, Artaxerxès III, monta alors sur le trône. Une de ses
premières décisions fut d’éliminer les frères qu’il lui restait, afin de
faire avorter toute éventuelle tentative de sédition.
Le
nouveau souverain, soucieux de redonner à la Perse une place de premier plan
à l’échelle internationale, commença par s’attaquer aux satrapies d’Asie
Mineure, qui vivaient dans une indépendance de fait, depuis maintenant
plusieurs années.
En
354 avant Jésus Christ, Artaxerxès III parvint à l’emporter, battant les
insurgés qui avaient fait appel à des mercenaires grecs.
Une fois la domination perse rétablie en Asie Mineure, Artaxerxès III avait
dès lors les mains libres pour s’attaquer à l’Egypte.
Une première expédition fut menée en 351 avant Jésus Christ, mais elle se
solda par un échec. En effet, Nectanebo II, s’appuyant sur ses mercenaires
grecs, parvint à repousser l’ennemi (à noter que cet échec provoqua un
mouvement de révolte contre la Perse au Proche Orient.).
Les peuples soumis au roi
d'Egypte sur le socle d'une statue de Nectanebo II (quatre peuples du nord
sont enchainés sur l'image du haut, ainsi que cinq peuples du sud sur
l'image de bas. A noter toutefois que ces peuples étaient déjà mythiques
sous Nectanebo II et ne correspondaient à aucun des royaumes de l'époque.),
musée du Louvre, Paris.
Artaxerxès III, après avoir maté la nouvelle sédition, décida de préparer
une nouvelle expédition contre l’Egypte. S’appuyant sur des mercenaires
grecs, le roi de Perse s’attaqua une nouvelle fois à Nectanebo II, en 343
avant Jésus Christ.
S’emparant de la cité de Péluse, point stratégique à l’entrée du delta du
Nil, Artaxerxès III s’empara peu après de Bubastis, puis assiégea Memphis,
ou s’était réfugié Nectanebo II.
Le
pharaon, vaincu, fut ainsi contraint de se réfugier en Haute Egypte, où il
lutta encore pendant quelques années (il se réfugia peut être en Nubie,
disparaissant ainsi de la mémoire des hommes.)
A
noter que les données concernant cette période sont particulièrement
lacunaires. De ce fait, nous ne savons pas aujourd’hui à partir de quelle
date précise les Perses parvinrent à assoir leur domination sur la Haute
Egypte.
Avec la disparition de Nectanebo II se tourna une nouvelle page de l’Egypte,
ce souverain étant le dernier Egyptien à régner sur ce pays. En effet, tous
ses successeurs furent soit Perses (XXXI° dynastie.), soit Grecs (dynastie
des Lagides.).
Certains égyptologues considèrent que d’un certain point de vue, l’Egypte
antique disparut à cette date.