VIII : La dynastie des Lagides (IV° siècle à
I° siècle avant
Jésus Christ)
Le 13 juin 323 avant Jésus Christ,
Alexandre III mourut. Il laissait comme seul héritier un enfant qu’il avait
conçu avec Roxane, mais qui n’était pas encore né.
Les Diadoques devant le
tombeau d'Alexandre,
enluminure du XV° siècle.
A
noter toutefois que le défunt roi de Macédoine, afin d’assurer sa légitimité
sur le trône, avait éliminé quasiment tous les prétendants au trône de
Philippe II, suite au décès de ce dernier.
Alexandre III n’avait épargné que Philippe III Arrhidée, fils de
Philippe II et de Philinna de Thessalie, une de ses épouses.
Tétradrachmes à l'effigie de Philippe III, vers 320 avant
Jésus Christ, Altes museum, Berlin.
Cependant, ce dernier était mentalement déficient, peut être à cause d’un
poison concocté par Olympias, qui aurait voulu débarrasser son fils d’un
rival potentiel (c’est pour cette raison qu’il fut épargné.).
Les anciens généraux d’Alexandre III, qui avaient pris le titre de
diadoques[1],
se trouvaient alors dans une situation délicate. Les uns, comme Perdiccas,
souhaitaient un pouvoir central fort ; les autres, comme Ptolémée,
désiraient mettre en place un système fédéral.
Finalement, Philippe III fut nommé roi à titre provisoire, et les droits de
l’enfant d’Alexandre furent préservés (à sa naissance, il fut proclamé roi
sous le nom d’Alexandre IV.).
En
323 avant Jésus Christ, l’Empire ne pouvant être gouverné ni par Philippe
III, déficient mentalement, ni par Alexandre, qui était encore un bébé, les
diadoques répartirent entre eux la gestion des différentes régions de
l’Empire d’Alexandre III.
Il
faut cependant noter qu’à cette époque, aucun n’imaginait morceler
égoïstement les possessions de leur défunt souverain (contrairement à ce que
l’on pourrait croire de nos jours.). Il s’agissait simplement de répartir
les différentes satrapies entre les principaux généraux d’Alexandre III,
tout en conservant l’unité de l’Empire.
Les onze Diadoques, réunis à Babylone, partagèrent leurs tâches de la façon
suivante : Perdiccas reçut la gestion des satrapies d’Asie ; Cratère, qui
n’était pas un Diadoque et absent lors du partage, fut nommé prostatès,
une sorte d’intendant général (en outre, il reçut la régence[2].) ;
Antipater fut confirmé dans son poste de régent de Macédoine, et conserva la
Grèce ; Cassandre (fils d’Antipater.) fut placé à la tête des
hypaspistes[3]; le général Séleucos reçut le commandement de la cavalerie ;
et l’infanterie fut confiée à un Grec nommé Méléagre.
En
outre, Ptolémée reçut l’Égypte ; Antigone
Monophtalmos
(ce qui signifie ‘le borgne’, ce Diadoque ayant perdu l’usage d’un oeil.)
reçut la Lycie, la Pamphylie et la Phrygie ; Lysimaque reçut la
Thrace (prise à Antipater.) ; Léonnat reçut la Phrygie
hellespontique ; Asandros[4]reçut la Carie ; Eumène de Cardia
eut la Paphlagonie et la Cappadoce ; et Peithon eut la Médie.
D’autres personnes, qui n’étaient pas des
Diadoques, reçurent néanmoins des postes important : la Cilicie fut confiée
à Philotas ; la Syrie fut confiée à Laomédon ; et la Petite
Médie fut confiée à un Perse nommé Antropater. D’autres orientaux
furent maintenus à leur poste, comme Pôrôs en Inde, et Oxyartès en
Bactriane.
Le
fait d’envoyer aux quatre coins du globe tous les Diadoques entraînait deux
choses : d’une part, cela permettait au jeune Empire de s’affermir dans les
régions les moins soumises ; mais, d’autre part, cela engendrait des
velléités autonomistes de la part des différents diadoques.
1° Ptolémée I° Sôter (vers 323 à 283 avant
Jésus Christ) – Ptolémée naquit en Macédoine vers 367 avant Jésus
Christ. Son père, Lagos, avait épousé Arsinoé, une concubine
de Philippe II. Toutefois, certains récits affirment que la jeune femme
était déjà enceinte lors de son mariage, donnant peu après naissance à
Ptolémée (ce dernier serait alors non pas le fils de Lagos mais celui de
Philippe II, mais aussi le demi-frère d’Alexandre III.).
Buste de Ptolémée I° Sôter, III° siècle avant Jésus Christ, musée du Louvre,
restauré au XVIII° siècle, Paris.
Cette thèse aurait vraisemblablement permis à Ptolémée d’asseoir son
autorité sur l’Egypte.
Ami d’enfance d’Alexandre III, Ptolémée participa à l’expédition contre la
Perse. Le jeune homme se distingua en s’emparant de la Carie et
d’Halicarnasse (333 avant Jésus Christ.), alors qu’Alexandre III se trouvait
en Cilicie.
a)
La prise de la Cyrénaïque (323 avant Jésus Christ) : Ptolémée, suite
au partage de Babylone, arriva finalement en Egypte à la fin de l’année 323
avant Jésus Christ.
Rapidement, son attention se porta vers la Cyrénaïque, qui était alors aux
bords de la guerre civile. En effet, le Spartiate Thibron, qui avait
assassiné Harpale[5],
l’ex-trésorier en fuite d’Alexandre, s’était emparé du pouvoir à Cyrène.
Toutefois, chassé par les habitants de la cité, il avait décidé de se venger
en assiégeant la ville.
Des notables de Cyrène vinrent auprès de Ptolémée afin de lui demander de
bien vouloir intervenir en Cyrénaïque, et le diadoque accepta.
Ce
dernier envoya dans cette région un de ces généraux, nommé Ophellas.
Les habitants de Cyrène, qui s’étaient entre temps réconciliés avec Thibron,
furent écrasés (en outre, le Spartiate fut tué au cours de l’affrontement.).
Par la suite, Ophellas devint gouverneur de Cyrénaïque, région qui fut
rattachée à l’Égypte.
A
noter que cette intervention eut lieu sans l’assentiment des autres
diadoques.
b)
L’Empire, expansion et répressions (323 avant Jésus Christ) : à cette
époque, l’Empire d’Alexandre était encore jeune. Il était donc du devoir des
diadoques d’assurer sa pérennité en matant au plus tôt d’éventuelles
révoltes.
Si, en Orient et Egypte, il n’y eut pas d’insurrection à l’annonce de la
disparition d’Alexandre III, les cités grecques ne tardèrent pas à se
révolter contre le joug macédonien.
En
effet, dès 322 avant Jésus Christ (lorsque la nouvelle de la mort
d’Alexandre III fut confirmée.), les cités décidèrent de se liguer contre le
régent Antipater.
Ce
dernier ne disposant que d’une armée de 10 000 hommes, il ne put lutter
contre les coalisés. Perdant la Béotie, Antipater fut contraint de se
réfugier dans la cité de Lamia (d’où le nom que l’on donna à ce conflit : la
guerre lamiaque.).
Bien qu’étant en infériorité, Antipater refusa de se rendre (peut être
comptait il tenir jusqu’à l’arrivée de Cratère, qui était à l’époque sur le
chemin du retour, et se trouvait en Cilicie.).
C’est alors qu’Antipater reçut l’aide de Léonnat, un des Diadoques. Ce
dernier, peu satisfait de sa satrapie, souhaitait épouser Cléopâtre, veuve
d’Alexandre le Molosse et sœur d’Alexandre. Lorsqu’il vit dans quelle
position le régent de Macédoine se trouvait, il jugea qu’il tenait là
l’occasion de redorer son blason par un coup d’éclat militaire (et
éventuellement remplacer Antipater.).
Le
stratège Léosthène, qui commandait l’armée des coalisés, fut tué lors
du siège de Lamia, après avoir reçu sur la tête une pierre jetée du haut des
murs. Antiphile reçut alors le poste du défunt, et parvint à vaincre
Léonnat (ce dernier trouva la mort lors de l’affrontement.).
C’est alors qu’Antipater décida de sortir de la ville, afin de rejoindre les
soldats de Léonnat, qui étaient encore nombreux. Ensemble, ils parvinrent à
se retirer en Macédoine.
Les cités grecques coalisées n’ayant pu vaincre Antipater sur terre, ne
parvinrent pas non plus à le vaincre sur mer. Ainsi, lorsque Cratère et ses
50 000 vétérans arrivèrent en Grèce, les rebelles n’eurent plus la moindre
chance de l’emporter.
Les Macédoniens écrasèrent l’armée des cités coalisées à Crannon, en août
322 avant Jésus Christ.
Suite à cet affrontement, Antipater décida de traiter séparément avec les
cités grecques. Ces dernières furent alors intégrées au royaume de
Macédoine, et la coalition fut dissoute.
A
noter qu’une autre révolte éclata aux confins de l’Empire. En effet, les
soldats de l’armée d’Alexandre III, situés en Bactriane, désiraient rentrer
chez eux après plusieurs années de guerre.
Afin de se faire entendre, ils s’allièrent aux rebelles de la région (contre
lesquels ils étaient censés lutter.) et décidèrent d’en découdre avec les
Diadoques.
Alignant une armée de près de 20 000 hommes, ils furent néanmoins écrasés
par Peithon, satrape de Médie. Après avoir brisé ce mouvement contestataire,
la Bactriane fut confiée à Stasanor, un Chypriote qui était déjà
satrape de Drangiane et d’Arie.
c)
Perdiccas contre l’Egypte (323 à 321 avant Jésus Christ) : comme nous
l’avons vu précédemment, Ptolémée s’était emparé de la Cyrénaïque, en 323
avant Jésus Christ, sans avoir reçu l’aval des autres diadoques. Ce faisant,
il s’attira l’hostilité de Perdiccas, satrape d’Asie (de par ses
possessions, il était le plus puissant des diadoques.).
Perdiccas, suite au partage de babylone, commença par éliminer Méléagre,
responsable de l’infanterie. Toutefois, l’objectif de Perdiccas était avant
tout de se débarrasser de l’encombrant Philippe III Arrhidée, qui voulait
épouser Adéa, petite fille de Philippe II par sa mère (elle était
fille de Cynané et d’Amyntas IV.).
Olympias, dont ses relations avec Antipater étaient toujours exécrables,
invita Perdiccas à venir en Macédoine, lui offrant la main de sa fille
Cléopâtre, veuve d’Alexandre le Molosse. Elle lui demanda aussi de venir
avec la dépouille d’Alexandre.
Cependant, Perdiccas, qui était alors déjà marié à Nicaea, fille
d’Antipater, fut bloqué sur son chemin par Cynané et sa fille Adéa.
Perdiccas envoya alors son frère Alcetas les combattre, et au final,
Cynané fut exécutée. Cependant, les soldats de Perdiccas obligèrent ce
dernier à accepter le mariage entre Philippe III et Adéa (cette dernière
prit alors le nom d’Eurydice.).
Olympias fut extrêmement mécontente de ce résultat, d’autant plus que
Ptolémée, au cours de cet affrontement, s’était arrangé pour s’emparer de la
dépouille d’Alexandre.
Par la suite, le premier conflit important entre Diadoques éclata.
Perdiccas, qui perdit l’appui d’Olympias et de sa fille Cléopâtre,
souhaitait qu’Antigone Monophtalmos lui rende des comptes quand à la gestion
de ses satrapies en Pamphylie, Phrygie et Lycie. Il chargea alors son frère
Alcetas et Eumène de Cardia (qu’il avait aidé à s’installer en Paphlagonie
et Cappadoce.) de s’occuper de ce dernier.
Antigone, effrayé, décida alors se réfugier en Grèce, demandant l’aide
d’Antipater et de Cratère. Ces derniers décidèrent alors d’aider leur
camarade, n’appréciant guère le comportement de Perdiccas.
Toutefois, alors qu’Alcestas et Eumène de Cardia s’attaquaient à Antigone,
Perdiccas, quant à lui, marchait vers l’Egypte. En effet, le diadoque
souhaitait se venger de Ptolémée, qui lui avait dérobé la dépouille
d’Alexandre. Malheureusement pour lui, il échoua devant la cité de Péluse,
et ne parvint pas à faire passer le Nil à son armée.
Finalement, il fut assassiné en 321 avant Jésus Christ, par Peithon,
Séleucos et Antigénès. Par la suite, Ptolémée refusa d’assumer la
régence.
A
noter toutefois que le conflit n’était pas encore achevé en Asie mineure. En
effet, afin de lutter contre Eumène de Cardia, Antipater débarqua à Ephèse ;
Cratère et Antigone, quant à eux, se rendirent dans l’Hellespont. Eumène,
trahi par ses hommes, eut cependant la satisfaction d’apprendre la mort de
Cratère, tué au cours d’une escarmouche.
Toutefois, la situation d’Eumène n’est alors guère
brillante : Antigone avait vaincu sa flotte près de Chypre, et Antipater
était parvenu à rentrer en Cilicie. En outre, quand la nouvelle de la mort
de Perdiccas arriva en Asie, les combattants décidèrent de se rencontrer.
La réunion eut lieu à Triparadisos, en 321 avant
Jésus Christ.
d) Le partage de Triparadisos et la régence
d’Antipater (321 à 319 avant Jésus Christ) : le partage de Triparadisos
fut bien plus animé que celui de Babylone, qui avait eut lieu à peine deux
années auparavant.
Antipater reçut la régence et fut confirmé en
Macédoine ; Peithon fut confirmé en Médie ;Ptolémée fut confirmé en Égypte ; Séleucos reçut la satrapie de
Babylone ; Antigénès (un des assassins de Perdiccas.) reçut la satrapie de
Susiane ; Antigone reçut la Lycaonie (en plus de la Phrygie, la Pamphylie et
la Lycie.), et obtint le commandement de l’armée d’Asie (le titre officiel
était celui de stratège d’Asie.)et la garde des rois ;
Cassandre reçut le commandement de la cavalerie.
Par la suite, les relations entre Antigone et
Cassandre n’étant pas au beau fixe, Antipater donna sa fille Phila en
mariage à Démétrios, fils d’Antigone.
Tétradrachmes à l'effigie de Démétrios Démétrios I° Poliorcète,
vers 300 avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.
Antipater, qui était alors déjà âgé, n’exerça la
régence que pendant deux années.
Antigone, quant à lui, continua la lutte contre
Eumène de Cardia (Alcetas, le frère de Perdiccas, fut tué au cours de ce
conflit.), forçant ce dernier à se réfugier dans la citadelle de Nora, en
Cappadoce, en 319 avant Jésus Christ.
Au cours de l’été 319 avant Jésus Christ,
Antipater mourut, alors âgé de 78 ans.
e)
Affrontements en Grèce et Macédoine suite au décès d’Antipater (319 à 316
avant Jésus Christ) : Antipater, avant de mourir, avait choisi le
général Polyperchon comme successeur, et non Cassandre, qui était
pourtant son fils légitime (sans doute le vieux régent avait-il pensé que
Polyperchon, plus expérimenté que Cassandre, serait plus efficace pour
lutter contre les cités grecques.).
Cassandre, ulcéré par la décision de son père, décida de récupérer ce qu’il
considérait comme son bien légitime. Il se rapprocha alors de Ptolémée et
d’Antigone, qui acceptèrent de l’aider.
Polyperchon, se sentant menacé, décida lui aussi de trouver des alliés. Il
commença par s’attirer les bonnes grâces des cités grecques, se montrant
favorable à la démocratie et blâmant les oligarques. Il se rapprocha aussi
d’Eumène de Cardia (qui était sorti de la citadelle de Nora après avoir
signé un traité signé avec Antigone.), lui conférant le titre de stratège
d’Asie (qui était alors celui d’Antigone.), et envoyant auprès de lui des
vétérans de l’armée d’Alexandre (commandés par Antigénès, un des assassins
de Perdiccas.).
Cassandre attaqua le premier, s’emparant d’Athènes sans que Polyperchon ne
puisse répliquer. Puis, au fil des mois, le fils d’Antipater parvint à
imposer son autorité sur l’ensemble de la Grèce (Polyperchon se réfugia
alors au Péloponnèse.).
Se
rendant ensuite en Macédoine, Cassandre entama des négociations avec la
reine Eurydice (l’épouse de Philippe III.). Cette dernière déchut Polyperchon du titre de régent, qu’elle confia à Cassandre ; elle demanda à
Polyperchon et à Antigone de remettre leurs armées au fils d’Antipater ; et
enfin confia à ce dernier la gestion du royaume.
En
317 avant Jésus Christ, comme Polyperchon n’abandonnait pas le combat,
Cassandre confia la Macédoine à son frère Nicanor, et décida
d’attaquer son rival une nouvelle fois, assiégeant Tégée. L’ex-régent
demanda alors l’aide d’Olympias, qui résidait en Epire.
Cette dernière se rendit ainsi en Macédoine, s’emparant sans combattre de
Philippe III et d’Eurydice (les soldats n’osant pas attaquer la mère
d’Alexandre.).
Par la suite, Olympias fit tuer Philippe III, Eurydice, et les partisans de
ces derniers (dont Nicanor, le frère de Cassandre.).
Cassandre réagit rapidement, lorsqu’il apprit la nouvelle. Il décida de
partir à l’assaut de la cité de Pydna, où Olympias s’était réfugiée (au même
moment, son armée parvenait à s’opposer aux soldats d’Epire, ainsi qu’à
Polyperchon.). Suite à un siège mené pendant l’hiver 317 à 316 avant Jésus
Christ, la ville tomba entre les mains de Cassandre. Ce dernier s’empara
d’Olympias (qui fut mise à mort peu après.), de Roxane et d’Alexandre IV.
Par la suite, Cassandre ne laissa à Polyperchon que le contrôle de quelques
places fortes, puis reconstruisit Thèbes, et fonda les cités de Cassandréis
(il en fit sa capitale.) et Thessalonique (du nom de son épouse
Thessaloniké, une fille de Philippe II.).
f)
Lutte contre Eumène de Cardia (319 à 317 avant Jésus Christ) :
toutefois, si le conflit était réglé en Grèce et Macédoine, il battait
toujours son plein en Asie mineure. En effet, Antigone et son fils
Démétrios, étaient toujours en lutte contre Eumène de Cardia.
Ce
dernier se dirigea vers la Phénicie, afin d’y faire construire une flotte et
de rejoindre Polyperchon en Grèce. Cependant, la flotte de Ptolémée se
faisant menaçante, Eumène décida de quitter la Phénicie, au cours de l’été
318 avant Jésus Christ.
Il
se dirigea alors vers la Babylonie, qui connaissait à cette époque des
troubles importants : en effet, Peithon, satrape de Médie, avait tenté de
s’emparer de la Parthie, afin de la donner à son frère Eudamos.
Cependant, Peithon fut vaincu par Peucestas, satrape de Perse, et dut
se réfugier auprès de Séleucos à Babylone. Eumène demanda alors à Séleucos
et Peithon de le rejoindre dans sa lutte contre Antigone. Ces derniers
refusèrent, mais le laissèrent passer en Susiane, à l’est de Babylone.
Eumène arriva en Mésopotamie au cours de l’été 317 avant Jésus Christ, et
décida d’assiéger Suse (il reçut à cette époque l’aide de Peucestas et de
divers satrapes de la région.). Par la suite, il affronta Antigone à
Paracétène, au cours de l’automne 317 avant Jésus Christ. Antigone fut
vainqueur, mais il perdit plus de soldats que son rival. Aucun des deux
camps ne put donc prendre l’avantage.
C’est alors qu’Antigone eut l’idée de surprendre Eumène dans ses quartiers
d’hiver. Attaquant le campement par surprise, Peucestas et ses hommes
décidèrent de fuir. Eumène, abandonné par ses troupes, fut alors capturé et
exécuté (à noter qu’Antigénès, satrape de Susiane, fut lui aussi éliminé.).
g)
La première coalition contre Antigone (316 à 311 avant Jésus Christ) :Cassandre s’emparait d’Olympias au moment même où Eumène était battu par
Antigone. Par la suite, ce dernier décida de réorganiser l’Asie, nommant de
nouveaux satrapes à la place des anciens (Peucestas fut écarté, Peithon fut
exécuté, Séleucos dut s’enfuir en Egypte lorsque Antigone s’approcha de
Babylone.). En 316 avant Jésus Christ, Antigone était devenu le plus
puissant des diadoques.
Séleucos, réfugié en Egypte, n’eut guère de mal à convaincre Ptolémée du
danger que représentait Antigone. En effet, le Lagide avait des vues sur la
Syrie (qu’il avait occupée par le passé, mais dont s’était emparé
Antigone.).
Cassandre, Lysimaque (satrape de Thrace.) et Asandros (satrape de Carie.)
furent eux aussi contactés peu de temps après, en vue d’une ligue contre
Antigone.
Buste de
Lysimaque, musée archéologique de Selçuk, Turquie.
Ils lui demandèrent d’organiser un nouveau partage des satrapies, donnant la
Syrie à Ptolémée ; la Babylonie à Séleucos ; la Lycie et la Cappadoce à
Cassandre ; la Phrygie hellespontique à Lysimaque. En retour, Antigone
répondit qu’il était prêt à la guerre.
Antigone, afin de lutter efficacement contre les diadoques coalisés, décida
de contacter leurs ennemis. Il contacta alors Polyperchon et son fils
Alexandros ; le roi d’Epire (ce dernier était était fort courroucé de
l’exécution d’Olympias.) ; ainsi que les cités grecques (il proclama alors
leur indépendance[6].).
Alors qu’il avait fait mettre le siège devant Tyr (une cité sous domination
lagide.), Antigone fit la proclamation suivante, en 315 avant Jésus Christ :
il reprocha à Cassandre d’avoir fait reconstruire Thèbes, alors qu’Alexandre
III avait ordonné sa destruction ; l’accusa d’avoir tué Olympias, mère du
défunt souverain de Macédoine ; ainsi que de traiter Roxane et Alexandre IV
comme des prisonniers.
Enfin, Antigone demanda à Cassandre que ce dernier reconnaisse son titre de
stratège d’Asie. Il s’attribua aussi le poste de régent (à la mort
d’Antipater, ce titre était passé entre les mains de Polyperchon.), bien que
ce fut Cassandre qui détenait Alexandre IV.
En
fait, Antigone avait plusieurs raisons de s’attaquer à Cassandre : en effet,
ce dernier n’était pas le plus dangereux d’un point de vue militaire, mais
il l’était d’un point de vue diplomatique. Il avait épousé Thessaloniké, une
fille de Philippe II (et avait donc des liens avec la famille
d’Alexandre.) ; il avait la garde d’Alexandre IV (donc, il apparaissait
comme le régent officiel.) ; et enfin, il était maître de la Macédoine, une
région qui était le cœur de l’Empire. Antigone pensait que si Cassandre
était éliminé, les autres Diadoques ne pourraient plus continuer la lutte.
Les cités grecques étaient plutôt favorables à Antigone, mais Cassandre
parvint à tuer Alexandros, fils de Polyperchon. Ce dernier, dépité, décida
alors de s’allier avec son ancien adversaire.
En
315 avant Jésus Christ, Télesphore, un neveu d’Antigone, parvint à
débarquer en Grèce, s’attaquant au Péloponnèse et à la Béotie. De son côté,
en 313 avant Jésus Christ, Cassandre parvint à vaincre les Epirotes (le roi
Eacide fut tué et remplacé par son cousin Néoptolème II.). Par
la suite, un autre neveu d’Antigone, Polémée, dut se rendre en Grèce
afin de s’opposer à Télesphore, ce dernier commençant à agir suivant ses
propres intérêts.
Par la suite, Polémée s’empara de l’ensemble de la Grèce, et contraignit
Cassandre et Lysimaque à négocier, en 312 avant Jésus Christ.
En
315 avant Jésus Christ, alors que ses neveux s’occupaient de Cassandre en
Grèce, Antigone s’occupait de Ptolémée en Asie. Ce dernier, ne souhaitant
pas prendre le risque d’attaquer son adversaire de front, avait préféré lui
laisser la Syrie. En outre, Ptolémée confia à Séleucos le commandement de la
flotte égyptienne.
Antigone, s’emparant de Tyr en 314 avant Jésus Christ, était toujours dans
une situation précaire, Asandros, satrape de Carie, se faisant toujours
menaçant. Toutefois, après s’être emparé des cités d’Ionie, Asandros décida
de faire la paix avec Antigone (313 avant Jésus Christ.).
En
312 avant Jésus Christ, Ptolémée se rendit alors compte qu’il était temps
d’agir : en effet, si Antigone avait les mains libres en Asie mineure, il ne
tarderait pas à revenir l’affronter en Egypte. Le Lagide décida alors de
passer à l’offensive, parvenant à vaincre Démétrios, le fils d’Antigone,
suite à la bataille de Gaza. Ptolémée put ainsi s’emparer de la Syrie.
Au
même moment, Séleucos s’était emparé de Babylone, et, s’attirant la
sympathie des satrapes de la région, commença à représenter une menace aux
yeux d’Antigone.
Par la suite, Antigone décida de s’attaquer à nouveau à Ptolémée, et au même
moment envoya Démétrios lutter contre Séleucos. C’est à ce moment là que des
émissaires furent envoyés auprès des différents Diadoques, afin de trouver
un terrain d’entente propice à la mise en place d’une trêve.
Tétradrachmes à l'effigie de
Séleucos, vers 300 avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.
Cassandre, Ptolémée et Lysimaque firent donc la paix avec Antigone, qui
souhaitait concentrer ses efforts contre Séleucos, Démétrios ayant échoué
(ce dernier ne fit donc pas partie de ces accords.).
En
fait, le traité de paix proclama le statu quo, chaque Diadoque
conservant ses possessions (Ptolémée dut toutefois abandonner la Syrie.). En
outre, Antigone fut confirmé dans son titre de stratège d’Asie, ce qui
mettait Séleucos dans une situation difficile. De son côté, Cassandre était
nommé stratège d’Europe et régent (mais ces titres étaient somme toute
provisoires, car Alexandre IV approchait de l’âge de la majorité.).
La
liberté des cités grecques fut proclamée, mais cela s’apparentait plus à une
tournure de style qu’à une quelconque réalité dans les faits.
h)
La reprise des conflits (311 à 306 avant Jésus Christ) : la paix de 311
ne fut en réalité qu’une simple trêve, et les diadoques ne tardèrent pas à
s’affronter à nouveau.
En effet, Antigone n’avait signé la paix que pour la bonne et simple raison
qu’il avait besoin d’avoir les mains libres afin de vaincre Séleucos.
Cependant, ce dernier parvint à vaincre Antigone, et par la suite étendit sa
domination sur les satrapies de l’est (Perse, Drangiane, Arie, etc.) jusqu’à
l’Inde.
Les possessions des Diadoques en 302 avant Jésus Christ (vous pouvez faire
un "clic droit" sur la carte afin de faire un zoom).
En 308 avant Jésus Christ, Séleucos dut affronter l’indien Chandragupta
Maurya, et l’affrontement dura jusqu’en 303. Au final, Séleucos
abandonna la Gandhara, ainsi que les parties est de la Gédrosie et de l’Arachosie
(il reçut en échange 500 éléphants de guerre.). Par contre, il s’empara de
la Bactriane, et fonda Séleucie du Tigre en Babylonie.
Buste de Séleucos I° Nicator,
sculpture romaine réalisée au I° ou II° siècle après Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.
Suite à la paix de 311, Cassandre fut confirmé dans son poste de régent.
Seulement, comme nous l’avons dit plus tôt, la majorité d’Alexandre IV
approchait, et cela signifiait que le jeune homme allait bientôt recevoir le
pouvoir des mains de Cassandre.
Toutefois, ce dernier refusant d’abdiquer, il décida de faire assassiner
Roxane et le fils du conquérant en 310 avant Jésus Christ.
Polyperchon, quant à lui, recueillit une ancienne maîtresse d’Alexandre,
Barsine, ainsi que le fils de cette dernière, Héraclès (il aurait
été conçu avec le conquérant.). Levant une armée dans le Péloponnèse, il
décida d’affronter Cassandre. Cependant, ce dernier accepta de négocier,
partageant avec lui la domination de la Grèce.
Par la suite, Polyperchon élimina Barsine et Héraclès.
L'exécution de Barsine et
d'Héraclès, enluminure du XV° siècle.
En
310 avant Jésus Christ, Antigone se trouvait dans une situation tendue. En
effet, il était menacé par Seleucos à l’est, mais aussi par Ptolémée au sud.
Par ailleurs, Antigone était aussi en conflit avec son neveu Polémée, qui
s’était emparé de sa flotte.
Ptolémée décida donc de profiter de cette situation favorable, s’emparant de
la Cilicie, de la Haute Phrygie, ainsi que de plusieurs cités de Carie et de
Lydie.
Cependant, Antigone répliqua en 309 avant Jésus Christ, et parvint à
reprendre la Haute Phrygie.
Par la suite, Ptolémée se rapprocha de Polémée, le neveu révolté, mais se
débarrassa de lui faisant boire de la ciguë. Il conclut alors un pacte avec
Antigone, ce dernier gardant les îles continentales et le Lagide la Grèce
continentale. En effet, Ptolémée décida de s’attaquer à Cassandre, se
dernier ayant fait exécuter Alexandre IV.
Peu de temps après, en 308 avant Jésus Christ, Ptolémée débarqua dans le
Péloponnèse, puis s’empara de Corinthe et de Mégare.
Toutefois, Agathoclès, tyran de Syracuse, parvint à éliminer Ophellas
et s’empara de la Cyrénaïque. Ptolémée, contraint d’assurer ses arrières,
décida alors de faire la paix avec Cassandre (le Lagide conserva cependant
des possessions en Grèce, dont la cité de Corinthe.) et retourna en Egypte.
Par la suite, il envoya son gendre Magas reprendre le contrôle de
cette région.
En
308 avant Jésus Christ, Antigone décida de faire la paix avec Séleucos,
reconnaissant sa domination sur la partie est de l’Empire (à noter que ce
dernier étant occupé à lutter contre Chandragupta Maurya, il ne représentait
plus une menace pour Antigone.).
De
plus, Ptolémée s’étant retiré de Grèce, Antigone, à son tour, pouvait agir
contre Cassandre.
Démétrios s’empara d’Athènes, et de plusieurs cités avoisinantes.
En
outre, Cassandre perdit l’Epire, qui échut à Pyrrhus, fils du défunt
roi Eacide (à noter que le nouveau souverain dut cependant rejoindre
l’Egypte, chassé du pouvoir par Néoptolème II.).
Mais Ptolémée, voyant cette montée en puissance d’Antigone d’un mauvais œil,
décida d’attaquer la Syrie. De ce fait, Démétrios fut rappelé, et vainquit
la flotte du Lagide au large de Chypre, en 306 avant Jésus Christ (cette
défaite mit fin à la volonté de Ptolémée d’établir une thalassocratie
égyptienne.).
Tétradrachmes
portant le nom de Démétrios I° Poliorcète, frappés à Chypre vers 300 avant
Jésus Christ, Altes museum, Berlin.
i)
Les diadoques deviennent rois (306 à 305 avant Jésus Christ) : Alexandre
III n’ayant plus de descendance (sa mère Olympias, sa femme Roxanne, son
fils Alexandre III, et son hypothétique fils illégitime Héraclès ayant été
tués.), Antigone décida de profiter de ses récentes victoires contre
Cassandre et Ptolémée pour se proclamer roi (il prit alors le titre de
basileus[7].).
En outre, Démétrios fut associé au trône.
Séleucos, Cassandre et Lysimaque firent de même peu de temps après.
Ptolémée, par contre, qui avait été vaincu par Démétrios en 306 avant Jésus
Christ, dut attendre l’année suivante pour se faire proclamer roi (en effet,
il parvint à empêcher Antigone de pénétrer en Egypte en 305 avant Jésus
Christ.).
A
cette époque, l’Empire d’Alexandre était divisé officiellement, alors qu’il
l’était de fait, et ce depuis bien des années. Le fait de prendre le titre
de roi était nécessaire pour les Diadoques, qui assuraient ainsi leur
légitimité (en outre, ils ne pouvaient laisser Antigone se présenter comme
l’unique roi.).
A
noter qu’à cette époque, l’Empire d’Alexandre était toujours quasiment
intact, mais les guerres incessantes que menèrent les diadoques et leurs
descendants au cours des siècles entrainèrent son inéluctable morcellement.
j)
La seconde coalition contre Antigone (305 à 301 avant Jésus Christ) :
Cassandre, s’étant fait proclamer roi, décida de reprendre l’offensive
contre Antigone.
Dans un premier temps, il échoua devant Athènes, mais parvint à s’emparer de
la Béotie, de l’Eubée et de la Phocide (Corinthe quitta l’alliance avec
Ptolémée, qui ne pouvait plus la protéger.).
Mais c’est alors qu’arriva Démétrios, qui jusque là avait été occupé par le
siège de Rhodes (depuis des années, les Rhodiens étaient alliés avec
l’Égypte, ce qui ne plaisait pas à Antigone. Ce dernier, en 305 avant Jésus
Christ, envoya son fils assiéger l’île. Démétrios ne parvint pas à prendre
Rhodes, ravitaillée par Ptolémée, Cassandre et Lysimaque, mais les Rhodiens
finirent par faire alliance avec Antigone, sauf contre l’Égypte[8].
Démétrios obtint suite à ce siège son surnom de Poliorcète, ce qui
signifie ‘preneur de villes’.).
Démétrios, arrivant en Grèce, parvint à vaincre Cassandre, s’emparant de la
Béotie, de la Phocide, et de la cité de Corinthe. Enfin, en 303 avant Jésus
Christ, Polyperchon mourut, et Démétrios put ainsi faire main basse sur le
Péloponnèse (il rebaptisa Démétrias la cité de Sicyone, et en fit sa
capitale.).
En
302 avant Jésus Christ, Antigone, de par ses victoires contre Ptolémée et Cassandre,
apparaissait à nouveau comme le plus puissant des diadoques.
Au
printemps 302 avant Jésus Christ, Lysimaque fut le premier à mettre son
armée en marche, s’emparant de la Phrygie hellespontique. Il s’empara aussi
de la Carie et de la Lycie, recevant la soumission de nombreuses cités
(Éphèse, Sardes, etc.).
Antigone décida de marcher contre Lysimaque, et rappela son fils Démétrios.
Ce dernier conclut alors une trêve avec Cassandre, puis débarqua en Asie
mineure (le roi de Macédoine, de son côté, ne se fit pas prier pour briser
l’accord passé avec Démétrios, et s’empara de la Thessalie, de la Phocide,
et progressa jusqu’au Péloponnèse.).
Lysimaque, acculé par la situation (les renforts envoyés par Cassandre
furent écrasés par Démétrios.), décida d’hiverner à Héraclée, attendant
l’arrivée de Séleucos (qui lui hivernait en Cappadoce.). Quant à Ptolémée,
qui se dirigeait vers Séleucos, il préféra rebrousser chemin, ayant appris
d’une source peu fiable qu’Antigone avait remporté la victoire.
L’arrivée de Séleucos et de ses 500 éléphants de guerre[9]
modifia totalement le rapport de force.
L’affrontement décisif eu lieu à Ipsos, en 301 avant Jésus Christ. Les
armées de Séleucos, Ptolémée, Lysimaque et Cassandre se trouvaient face à
celles d’Antigone et de Démétrios Poliorcète. Les deux camps comptaient à
peu près le même nombre de fantassins (environ 60 000 chacun.) et de
cavaliers (environ 10 000 chacun.). Cependant, les 500 éléphants de Séleucos
eurent un rôle déterminant, Antigone n’en possédant que quelques dizaines.
Antigone ne se découragea cependant pas. A la tête de sa cavalerie, il
attaqua Antiochos, le fils de Séleucos, et parvint à le mettre en
déroute. A la manière d’Alexandre, Antigone continua sa percée au sein de
l’armée ennemie, jusqu’à ce qu’il se heurte aux éléphants de Séleucos.
Encerclé, Antigone combattit jusqu’à la mort (percé de lances, il mourut à
l’âge de 84 ans.).
L’armée d’Antigone finit par prendre la fuite, tout comme Démétrios, qui
parvint cependant à rejoindre sa flotte.
k)
Derniers conflits entre diadoques, leur mort (301 à 280 avant Jésus Christ)
: le royaume du vieux roi fut donc divisé entre les quatre vainqueurs
d’Ipsos. Cassandre fut confirmé en Macédoine et en Grèce ; Lysimaque
s’empara d’une partie de l’Asie mineure (Bithynie, Phrygie, Lydie, Carie et
Lycie.) ; Pleistarchos, frère de Cassandre, reçut la Cilicie ;
Ptolémée obtint la Lycaonie et Cappadoce, en plus de ces possessions en
Égypte. Enfin, Séleucos s’empara du reste des territoires d’Antigone
(Galatie en Asie mineure, ainsi que Mésopotamie, Arménie et Syrie en
Orient.).
Ce
fut d’ailleurs au sujet de la Syrie que les Diadoques se brouillèrent : en
effet, Ptolémée voulait cette région depuis des années, mais ces homologues
ne la lui donnèrent pas, vu le rôle peu important qu’il avait tenu lors de
la bataille d’Ipsos (peu de temps avant la bataille, le Lagide avait
rebroussé chemin, croyant qu’Antigone avait remporté la victoire.).
Bien sûr, Démétrios fut exclu du partage, et se dernier ne comptait pas
laisser les Diadoques s’en tirer à si bon compte. En effet, le fils
d’Antigone demeurait encore puissant, contrôlant toute la Grèce du sud
jusqu’au défilé des Thermopyles.
La
première dispute entre Diadoques, comme nous venons de le voir, éclata au
sujet de la Syrie. Ce fut le point de départ d’un conflit latent entre
Lagides et Séleucides.
En
Syrie, Séleucos fonda Antioche, et en fit sa capitale (en remplacement de
Séleucie du Tigre.).
Ptolémée comprit que le Séleucide ne comptait pas lui rendre cette région,
et décida de se trouver des alliés. Il se rapprocha de Lysimaque, et lui
offrit sa fille Arsinoé II en mariage. Ce dernier se sépara alors d’Amastris,
une sœur de Darius III.
Buste d'Arsinoé II, III°
siècle avant Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.
Séleucos, ne désirant pas voir se mettre en place une ligue semblable à
celle qui vainquit Antigone, décida de se rapprocher de Démétrios, dont il
épousa la fille, Stratonice (cette dernière fut par la suite cédée à
Antiochos I°, le fils de Séleucos, tombé sous le charme de la jeune
fille.).
Par la suite, en 299 avant Jésus Christ, Démétrios débarqua en Cilicie, et
s’empara du royaume de Pleistarchos. Ce dernier ce réfugia alors en
Macédoine, mais ne retrouva pas sa possession, Cassandre, alors âgé, préféra
négocier la paix avec Démétrios (ce dernier s’engagea à ne pas attaquer
Cassandre, en échange de la Cilicie.).
Par la suite, Ptolémée, Démétrios et Séleucos se disputèrent au sujet de la
Cilicie, sans qu’un accord ne soit trouvé (ce fut finalement Séleucos qui
parvint à s’en emparer.).
Enfin, Ptolémée décida de s’allier avec Agathoclès, le tyran de Syracuse,
afin d’avoir les mains libres au cas où des troubles surviendraient en
Grèce.
En
298 avant Jésus Christ, Cassandre mourut. L’aîné, Philippe IV de
Macédoine, mourut rapidement, et ses deux frères, Alexandre V et
Antipater, partagèrent le royaume en deux (le premier était le gendre
de Ptolémée, son frère était le gendre de Lysimaque.).
Démétrios décida alors de saisir l’occasion, assiégeant Athènes, puis
s’emparant de Salamine et d’Eleusis.
Ptolémée décida de réagir, et envoya Pyrrhus en Epire. Une fois arrivée, le
jeune homme se débarrassa de son cousin Néoptolème II, puis s’opposa à
Démétrios (il ne remporta cependant pas de grands succès contre ce
dernier.).
Mais les deux frères commencèrent à se disputer, et Antipater fit assassiner
sa mère, la jugeant trop favorable à Alexandre V. En 295 avant Jésus Christ,
ce dernier décida alors d’appeler Pyrrhus à l’aide. Ce souverain accepta
d’aider Alexandre V, à condition que celui-ci lui cède les provinces
limitrophes de l’Epire. Démétrios, appelé lui aussi à l’aide par Alexandre
V, se rendit rapidement auprès du jeune homme, et le fit assassiner (294
avant Jésus Christ.).
Par la suite, Démétrios s’attaqua à Antipater et parvint à le vaincre (le
fils de Cassandre se réfugia chez son beau père et allié Lysimaque, où il
mourut peu après.).
En
294 avant Jésus Christ, Démétrios était parvenu à accomplir le rêve de son
père : s’emparer de la Macédoine.
Par la suite, Démétrios imposa sa domination sur toute la Grèce, mais se
heurta en 290 avant Jésus Christ à l’hostilité de Pyrrhus, roi d’Epire.
En
289 avant Jésus Christ, Pyrrhus profita du fait que Démétrios était malade
pour lancer une attaque contre la Macédoine. Cependant, ce fut un échec pour
le roi d’Epire.
Mais, peu de temps après, Ptolémée (inquiet des visées que Démétrios avait
sur l’Asie.) décida de s’allier avec Séleucos, Lysimaque et Pyrrhus.
En
288 avant Jésus Christ, ces deux derniers envahirent alors la Macédoine. Et,
bien que Démétrios parvint à les vaincre à Amphipolis, ils recueillirent
néanmoins la sympathie des cités grecques. Démétrios dut alors s’enfuir, et
la Macédoine fut partagée entre Lysimaque et Pyrrhus.
Cependant, l’année suivante, Démétrios contre-attaqua, assiégeant Athènes.
Les armées des Diadoques l’obligèrent à abandonner le siège, mais Pyrrhus
décida de s’allier avec Démétrios (reconnaissant ses droits sur la Thessalie
et une partie de la Grèce.), afin de stopper la montée en puissance de
Lysimaque.
Par la suite, en 285 avant Jésus Christ, Lysimaque décida de se rendre en
Asie mineure, son ex-femme Amistris (qui était reine d’Héraclée.)
ayant été assassinée (il s’empara de la ville au passage.).
Démétrios décida alors de se rendre en Asie mineure lui aussi, afin d’en
découdre avec Lysimaque. Cependant, Démétrios fut vaincu par
Agathoclès[10],
le fils de son rival. Peu de temps après, Démétrios se rendit en Cilicie
(que Séleucos lui avait enlevé, en 298 avant Jésus Christ.).
C’est alors que Séleucos fit Démétrios prisonnier (en 285 avant Jésus
Christ.), et ce dernier mourut en captivité deux ans plus tard, en 283 avant
Jésus Christ. Ce fut son fils, Antigone II Gonatas, qui lui succéda.
Tétradrachmes à l'effigie d'Antigone II, vers 270 avant Jésus
Christ, Altes museum, Berlin.
2° Ptolémée II Philadelphe (283 à 246 avant
Jésus Christ) – A partir de 285 avant Jésus Christ, Ptolémée I° décida
décida d’associer au pouvoir son fils
Ptolémée II Philadelphe[11].
Tête de Ptolémée II Philadelphe,
vers 250 avant Jésus Christ, musée du
Louvre, Paris.
Alors qu’il était encore jeune, le vieux souverain avait épousé deux femmes,
Thaïs et Artacama (il épousa cette dernière lors des noces de
Suse, sous l’ordre d’Alexandre[12].).
Toutefois, ces dernières ne lui ayant pas donné de descendance, il épousa
plus tard Eurydice (fille d’Antipater.), puis Bérénice (cette
dernière étant la servante d’Eurydice.).
Ptolémée II, fils de Bérénice, n’était toutefois pas l’aîné. En effet,
Ptolémée I° avait préféré écarter du trône son premier fils, Ptolémée
Keraunos (ce qui signifie « la Foudre. »), ce dernier ayant un
comportement agressif.
a)
Derniers conflits entre diadoques, leur mort (301 à 280 avant Jésus Christ)
: En 285 avant Jésus Christ, Démétrios, capturé par Séleucos, ne
représentait plus une menace pour Lysimaque et Pyrrhus. Ces derniers
lancèrent alors plusieurs attaques contre Antigone II, qui parvint à les
contenir. D’ailleurs, loin d’être acculé, le fils de Démétrios parvint même
à s’emparer de la Thessalie.
Pyrrhus, quant à lui, perdit certaines de ces possessions en Macédoine au
profit de Lysimaque (les soldats macédoniens de Pyrrhus étant plus favorable
à un souverain macédonien qu’à un souverain épirote.).
C’est alors que Lysimaque, trompé par son épouse Arsinoé II (elle était la
fille de Ptolémée I° et de son épouse Bérénice.), fit exécuter son fils
Agathoclès (284 avant Jésus Christ.). En effet, la femme du diadoque avait
réussi à lui faire croire que son fils complotait contre lui[13].
A
noter qu’Arsinoé fut peut être elle-même influencée par son demi-frère
Ptolémée Keraunos, ce dernier ayant quitté l’Egypte récemment (rappelons que
son père, Ptolémée I°, avait préféré donner le trône à Ptolémée II, frère
cadet de Keraunos.).
Ptolémée II et Arsinoé II, III° siècle avant Jésus Christ, musée du Vatican,
Rome.
Cet événement eut des répercussions graves au sein du royaume. Agathoclès
était un prince populaire, contrairement à Lysimaque, qui avait tendance à
accabler son peuple d’impôts en tous genres. Suite à cet évènement, de
nombreux membres de la famille royale s’enfuirent auprès de Séleucos, tels
que l’épouse d’Agathoclès, les fils de Lysimaque (hormis ceux qu’il avait
eu d’Arsinoé II.), ainsi que Ptolémée Keraunos (ce dernier, quittant la
Macédoine, se réfugia alors auprès de Séleucos, poussant ce dernier à
attaquer Lysimaque.).
Les cités d’Asie mineure se révoltèrent, ne cachant pas leur sympathie pour
Séleucos, et Lysimaque décida de monter contre elles une expédition
militaire.
Séleucos, quant à lui, profita de cette situation pour intervenir. En 281
avant Jésus Christ, les deux souverains s’affrontèrent à la bataille de
Couroupédion, en Lydie, et Lysimaque y trouva la mort.
Les possessions des Diadoques
en 281 avant Jésus Christ, à la mort de Lysimaque (vous pouvez faire un
"clic droit" sur la carte afin de faire un zoom).
A
noter que Ptolémée I° mourut en 283 avant Jésus Christ. Lançant les travaux
de construction du phare d’Alexandrie et de la bibliothèque d’Alexandrie,
Ptolémée I° tenta, tout au long de son règne, de préserver les croyances
égyptiennes (restauration et construction de temples.), tout en mettant en
place un certain syncrétisme religieux. Se présentant comme le successeur
des pharaons mythiques de l’Antiquité, ce souverain ordonna au prêtre
Manéthon de rédiger en grec une histoire de l’Egypte. Cet ouvrage, bien
que parfois partial, reste toutefois aujourd’hui une source historique de
premier choix.
Par ailleurs, Ptolémée I° publia ses Mémoires vers 285 avant Jésus
Christ. L’ouvrage, désormais perdu, inspira toutefois plusieurs auteurs de
l’Antiquités[14].
A
sa mort, Ptolémée I° laissait derrière lui un Etat florissant.
En
283 avant Jésus Christ, Séleucos était le dernier diadoque encore en vie.
Suite à sa victoire sur Lysimaque, ce souverain s’était rendu maître de
l’Asie mineure.
Ne
voyant pas d’opposants sérieux en Grèce (Antigone II, fils de Démétrios I°,
n’ayant pas encore affermi sa domination sur la région.), il décida de
marcher contre ce pays, souhaitant ainsi reconstituer l’Empire d’Alexandre
(hormis l’Égypte.).
Toutefois, suite à la mort de Lysimaque, Ptolémée Keraunos était revenu en
Macédoine. Acclamé par l’armée en tant que fils d’un des diadoques, il reçut
la couronne et décida alors d’épouser sa demi-sœur Arsinoé II (il fit alors
tuer tous les enfants qu’elle avait eu avec Lysimaque, son défunt époux.).
L’arrivée de Séleucos en Macédoine représentait donc un réel danger pour
Ptolémée Keraunos. Ce dernier décida donc d’assassiner le dernier des
diadoques, ce qu’il fit en 280 avant Jésus Christ (Antiochos I°, fils
du défunt, succéda alors à son père[15].).
A
noter que Ptolémée Keraunos mourut l’année suivante, tentant de repousser
une invasion gauloise. Suite à sa disparition, Antigone II parvint à
s’emparer des territoires de son défunt rival.
b)
La situation au III° siècle avant Jésus Christ : En 280 avant Jésus
Christ, les diadoques étaient tous morts, et trois grands royaumes
hellénistiques coexistaient : Antigonides en Grèce et Macédoine (ils
descendaient d’Antigone Monophtalmos.), Lagides en Égypte (ils
descendaient de Lagos, père de Ptolémée I°, premier roi d’Egypte.) et
Séleucides en Asie (ils descendaient de Séleucos.).
Ces souverains ne désiraient pas se battre pour rétablir l’Empire
d’Alexandre, qu’ils n’avaient d’ailleurs pas connu.
Cependant, d’autres entités politiques se formèrent à cette époque, en plus
des trois grands royaumes : en Grèce, à côté du royaume Antigonide, furent
créées la Ligue étolienne et la Ligue achéenne. En Asie mineure, une
multitude de petits États émergèrent suite à différentes révoltes menées
contre Antiochos I°, le fils de Séleucos. Naquirent ainsi le royaume de
Bithynie, de Cappadoce, de Pergame (en 263 avant Jésus Christ.), etc. A
noter que certaines cités d’Asie mineure obtinrent leur indépendance, sans
pour autant former un royaume, comme Rhodes ou Halicarnasse. Enfin, l’Egypte
ne fit pas figure d’exception, perdant au fil des années les territoires de
Cilicie (au sud de l’Asie mineure.), la Syrie et l’île de Chypre.
A
partir du III° siècle avant Jésus Christ, les Antigonides ne représentèrent
plus une menace pour les Lagides. Toutefois, ces derniers s’affrontèrent
pendant de nombreuses années contre les Séleucides.
c)
La première guerre syrienne (278 à 272 avant Jésus Christ) : depuis
maintenant des années, les Lagides souhaitaient s’emparer de la Syrie, qui
appartenait alors aux Séleucides (Séleucos I° avait reçu cette région lors
du partage qui avait suivi la bataille d’Ipsos, en 301 avant Jésus Christ[16].).
C’est à partir de cette époque que les Séleucides se rapprochèrent des
Antigonides, afin de se protéger des Lagides. Cette alliance entre
Séleucides et Antigonides, efficace au cours du III° siècle avant Jésus
Christ, perdit toutefois son ampleur au fil des siècles (en effet, les
Antigonides préférèrent se concentrer sur la Grèce plutôt que d’intervenir
loin de leur royaume.).
En
280 avant Jésus Christ, Séleucos I° mourut. Le défunt souverain avait épousé
Apama, fille d’un aristocrate perse, lors des noces de Suse, sous
l’ordre d’Alexandre[17].
Sa seconde épouse fut Stratonice, fille de Démétrios I°. Toutefois,
la jeune femme fut cédée à Antiochos I°, ce dernier en étant tombé amoureux[18].
Seleucos I° n’avait eu qu’un fils, Antiochos I°, issu du fruit de son union
avec Apama. A noter que le jeune homme fut le seul descendant des diadoques
à avoir une mère d’origine asiatique.
Pièce de monnaie à l'effigie
d'Antiochos I°.
Ptolémée II Philadelphe, tout comme son père Ptolémée (mort en 283 avant
Jésus Christ.), souhaitait s’emparer de la Syrie. En effet, cette région
avait appartenu à l’Egypte pendant de nombreuses années, au cours du Nouvel
Empire et de la troisième période intermédiaire.
Cependant, Antiochos I° ne l’entendait pas de cette oreille, et la
première guerre syrienne éclata en 278 avant notre ère.
En
275, le souverain Séleucide dut aussi affronter les Galates, des
celtes s’étant rendus en Asie mineure à l’appel du roi de Bythinie (qui
luttait lui aussi contre Antiochos I°.).
Au
final, bien que parvenant à vaincre les Galates, Antiochos I° ne parvint pas
à s’opposer à Ptolémée II. En effet, en 272 avant Jésus Christ, la paix fut
signée, et le pharaon s’empara de la Phénicie et de la Cilicie.
A
noter toutefois que les déboires d’Antiochos I° ne prirent pas fin suite à
la première guerre syrienne : en effet, une multitude de royaumes
indépendants émergèrent en Asie mineure, tels que le royaume de Bithynie, le
royaume de Pergame (en 263 avant Jésus Christ.), le royaume de Cappadoce,
etc.
En
outre, comme Antiochos I° se concentrait trop sur l’Asie mineure, de
nombreuses provinces de l’est de son Empire firent sécession (Bactriane,
etc.).
Le
roi mourut en 261 avant Jésus Christ, au cours d’un affrontement contre une
de ses provinces révoltées[19].
Son fils, Antiochos II Théos[20],
s’empara alors du pouvoir.
Tétradrachmes à l'effigie d'Antiochos II, III° siècle avant Jésus Christ,
Altes museum, Berlin.
d)
La deuxième guerre syrienne (260 à 255 avant Jésus Christ) : Dès son
accession au trône, le nouveau souverain Séleucide décida de s’attaquer à
l’Egypte, soucieux de récupérer les territoires perdus par Antiochos I°.
La
seconde guerre syrienne éclata en 260 avant Jésus Christ, Antiochos
II s’étant rapproché de son allié, Antigone II, le roi de Macédoine.
Au
cours de ces années de guerre contre Ptolémée II, les trois souverains
connurent victoires et défaites. Mais, à l’issue du conflit, Antiochos II
parvint au final à récupérer la Phénicie et la Cilicie (255 avant Jésus
Christ.).
Suite à cette victoire, le Séléucide épousa Bérénice Syra (fille de
Ptolémée II.), répudiant
sa première épouse, Laodice I° (cette dernière était la fille d’Achaios
I°, hypothétique fils de Séleucos I° et d’Apama.). Toutefois, Antiochos
II décida de rappeler Laodice I°, qui empoisonna son conjoint et fit
exécuter Bérénice Syra.
A
sa mort, en 246 avant Jésus Christ, le défunt souverain était parvenu à
récupérer les territoires perdus à l’ouest par son père. Toutefois,
Antiochos II avait fait la même erreur que son prédécesseur : se concentrant
trop sur ses possessions en Asie mineure, il négligea le danger venant des
provinces de l’est. En effet, en 259 avant Jésus Christ, les Parthes
envahirent le sud de la mer Caspienne, puis créèrent la Parthie.
A
noter que Ptolémée II mourut la même année que son rival, en 246 avant Jésus
Christ.
3° Ptolémée III Evergète I° (246 à 222 avant
Jésus Christ) – Ptolémée II avait eu deux épouses, Arsinoé I°
(fille de Lysimaque.) et sa soeur Arsinoé II (fille de Ptolémée I°
et de Bérénice.).
Fresque à l'effigie de Ptolémée II Philadelphe et de sa soeur et épouse
Arsinoé II, vers 260 avant Jésus Christ, British museum, Londres.
Si
le second ne fut à priori pas fécond, Ptolémée II eut plusieurs enfants avec
sa première femme : Ptolémée III Evergète I° (qui lui succéda.) et
Bérénice Syra (qui épousa Antiochos II.).
Tête de Ptolémée III Évergète,
vers 220 avant Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.
a)
La troisième guerre syrienne (246 à 241 avant Jésus Christ) : le jeune
homme, se faisant proclamer pharaon en 246, prit rapidement la décision de
venger la mort de sa sœur, assassinée par Laodice I°, épouse de feu
Antiochos II (à noter que le défunt souverain avait réussi à prendre à
l’Egypte plusieurs territoires au cours de la deuxième guerre syrienne.).
Séleucos II Callinicos (ce qui signifie « le grand vainqueur. »)
monta alors sur le trône de son père, et renoua son alliance avec les
Antigonides.
Pièce de monnaie à l'effigie
de Séleucos II Callinicos.
Cependant, cette union ne lui fut pas d’une grande aide. Au cours de la
troisième guerre syrienne, Séleucos II se fit écraser par Ptolémée III, qui
parvint même à remonter en Asie jusqu’aux bouches du Tigre.
En
241 avant Jésus Christ, les trois grands royaumes décidèrent de faire la
paix. Ptolémée III, sortant grand vainqueur du conflit, enleva à Séleucos II
toute la Syrie, ainsi que toute la côte de l’Asie mineure ; et il enleva
aussi la Thrace à Antigone II.
Tête de Ptolémée III, III° siècle avant Jésus Christ, musée du Vatican,
Rome.
b)
Le royaume séleucide suite à la troisième guerre syrienne (241 à 222 avant
Jésus Christ) : par la suite, le frère de Séleucos II, Antiochos
Hiérax (« l’épervier. »), se révolta contre son frère, et s’empara de
l’Asie mineure (il passa toutefois de nombreuses années à lutter contre le
royaume de Pergame.). Quant aux régions de l’est de l’Empire, elles
tombèrent les unes après les autres, soit faisant sécession, soit passant
sous la domination des Parthes.
Tétradrachmes à l'effigie
d'Antiochos Hiérax, III° siècle avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.
En
225 avant Jésus Christ, Séleucos II mourut, et ce fut son fils, Seleucos
III Sôter, qui lui succéda. Ce dernier, ayant récupéré les Etats de son
défunt oncle Antiochos Hiérax en 226 avant Jésus Christ, continua de lutter
contre Pergame.
Pièce de monnaie à l'effigie
de Séleucos III Sôter.
Toutefois, le règne de Séleucos III ne dura guère longtemps. En effet, il fut
assassiné en 223 avant Jésus Christ par deux de ses officiers, alors qu’il
menait une nouvelle campagne contre le royaume de Pergame.
A
la mort de Séleucos III, son frère Antiochos III Mégas (« le
Grand. ») s’empara alors du pouvoir.
Pièce de monnaie à l'effigie
d'Antiochos III Mégas.
Ptolémée III mourut l’année suivante, en 222 avant Jésus Christ.
Statue présumée de Ptolémée III, vers 220 avant Jésus Christ, Neues museum,
Berlin (à noter que la partie supérieure, brisée, a été recollée à tort sur
un mauvais socle).
4° Ptolémée IV Philopator (222 à 205 avant
Jésus Christ) – Suite au décès de Ptolémée III, ce fut son fils
Ptolémée IV Philopator[21]
(qu’il eut avec son épouse Bérénice II[22].)
qui s’empara du pouvoir.
Suite à son couronnement, le nouveau souverain fit assassiner plusieurs
membres de sa famille, dont sa propre mère. Puis il épousa sa soeur
Arsinoé III.
Buste de Ptolémée IV
Philopator, III° siècle avant Jésus Christ (à gauche) ; tête d'Arsinoé III,
vers 200 avant Jésus Christ (à droite), musée du Louvre, Paris.
a)
La quatrième guerre syrienne (222 à 217 avant Jésus Christ) : à cette
époque, le royaume séleucide était gouverné par Antiochos III, comme nous
l’avons vu précédemment. Toutefois, l’Etat de ce souverain ne ressemblait en
rien à celui que Séleucos I° avait légué à ses descendants : à l’est,
beaucoup de régions avaient fait sécessions ou avaient été prises par les
Parthes ; à l’ouest, le royaume de Pergame était parvenu à tenir tête à
Antiochos Hiérax et Séleucos III ; enfin, l’Égypte lagide dominait
totalement la partie orientale de la mer Méditerranée.
Désireux de rétablir la puissance Séleucide à son niveau initial, Antiochos
III commença par soumettre la Perse et la Médie, en 221 avant Jésus Christ.
Cette même année, Antiochos III tenta de réprimer une révolte en Asie
mineure, soutenue par Ptolémée IV Philopator (l’objectif du pharaon était
d’affaiblir son adversaire.).
Ainsi éclata la quatrième guerre syrienne. Antiochos III remporta quelques
victoires au début du conflit (il s’empara ainsi de Séleucie.), mais ce fut
son adversaire qui remporta la guerre. En effet, en 217 avant Jésus Christ,
Ptolémée IV vainquit son adversaire à la bataille de Raphia.
Par la suite, Antiochos III dut abandonner une partie de ses possessions en
Syrie.
b)
Le royaume séleucide suite à la quatrième guerre syrienne (216 à 204 avant
Jésus Christ) : cependant, entre 216 et 214 avant Jésus Christ,
Antiochos III parvint à mater le mouvement de révolte en Asie mineure, et
s’empara ainsi de toute la moitié est de cette région.
Une fois les problèmes réglés à l’ouest de son Empire, le Séleucide put s’en
prendre à loisir aux territoires de l’est. Rassemblant une armée digne de
l’époque d’Alexandre (peut être près de 100 000 hommes.), Antiochos III mena
plusieurs campagnes, qui furent victorieuses.
Entre 210 et 205 avant Jésus Christ, le Séleucide s’empara de l’Arménie, de
la Bactriane, et de la Parthie. Il progressa même jusqu’en Inde, où les
souverains de la région, effrayés par une si grande armée, décidèrent de
faire la paix.
Antiochos III, après s’être assuré de la soumission des États de son vaste
royaume, lança une série d’excursions sur les côtes du golfe persique (vers
204 avant Jésus Christ.).
Ptolémée IV, quant à lui, mourut en 205 avant Jésus Christ. Il laissait
derrière lui un jeune enfant, bien incapable de se défendre contre le
menaçant Antiochos III…
A
noter que suite à la disparition de Ptolémée IV, l’Egypte rentra dans une
nouvelle phase de déclin.
5° Ptolémée V Epiphane (205 à 181 avant Jésus
Christ) – Suite au décès de Ptolémée IV, ce fut son fils Ptolémée V
Epiphane[23]
(qu’il avait eu avec sa sœur et épouse Arsinoé III.) qui reçut la
couronne.
Pièce de monnaie à l'effigie
de Ptolémée V Épiphane.
Le
nouveau pharaon étant âgé de cinq ans, le pouvoir échut donc aux ministres
de son père.
a)
La cinquième guerre syrienne (201 à 195 avant Jésus Christ) :
Antiochos III, apprenant la disparition de Ptolémée IV, décida de profiter
de cette faiblesse de l’Egypte, attaquant le pays en 201 avant Jésus Christ.
Victorieux à la bataille de Panion, le Séleucide s’empara de la
Palestine et de la Syrie. Puis, par la suite, Antiochos III parvint aussi à
prendre Éphèse (197 avant Jésus Christ.) ainsi que toute la côte
hellespontique (195 avant Jésus Christ.). Le Séleucide approchant de
l’Égypte, Rome insista pour que les deux royaumes fassent la paix.
En
Égypte, cette cuisante défaite précipita la dynastie lagide vers le déclin,
les ministres de Ptolémée V décidant de confier la régence au sénat de Rome.
En outre, des troubles éclatèrent dans le sud du pays, qui ne furent matés
qu’en 186 avant Jésus Christ, avec l’aide de mercenaire grecs.
Les royaumes des diadoques en 197 avant Jésus Christ
(vous pouvez faire un "clic droit" sur la carte afin de faire un zoom).
b)
Le royaume séleucide suite à la cinquième guerre syrienne, la guerre de
Grèce (195 à 175 avant Jésus Christ) : suite à sa victoire sur l’Égypte,
Antiochos III, sûr de sa puissance, décida de s’attaquer à la Grèce. En
effet, le pays était divisé comme jamais, partagé entre les Romains, la
Macédoine, la Ligue étolienne et la Ligue achéenne. C’est ainsi que débuta
la guerre de Grèce.
Toutefois, le Séleucide fit l’erreur de sous estimer la montée en puissance
de Rome. En effet, en 195 avant Jésus Christ, les Romains avaient assis leur
domination sur les cités grecques, après avoir battus les Illyriens (228
avant Jésus Christ[24].)
et les Macédoniens (196 Avant Jésus Christ[25].).
Antiochos III, qui avait reçu Hannibal à sa cour, en 196 avant Jésus Christ,
apparaissait donc comme suspect aux yeux des Romains[26].
Buste d'Hannibal.
Les Romains, s’opposant à Antiochos III, parvinrent à arrêter ce dernier aux
Thermopyles, en 192 avant Jésus Christ. Vaincu, le Séleucide préféra
rentrer en Asie. Toutefois, Rome décida de poursuivre Antiochos III, qui fut
vaincu par Scipion l’asiatique[27]
à la bataille de Magnésie du Sipyle, en 189 avant Jésus Christ.
Suite à cette bataille, Antiochos III dut signer la paix d’Apamée, en
188 avant Jésus Christ : le Séleucide renonçait à ses possessions en Asie
mineure (que recevait le royaume de Pergame.) ; livra la quasi-totalité de
sa flotte aux Romains ; et fut contraint de payer une indemnité de guerre de
12 000 talents.
La situation politique suite
à la paix d'Apamée, en 189 avant Jésus Christ
(vous pouvez faire un "clic droit" sur la carte afin de faire un zoom).
L’année d’après, en 187 avant Jésus Christ, Antiochos III fut tué par les
habitants d’Elymaïs, tentant de s’emparer du trésor que conservait le temple
de la cité. Ainsi s’éteignait le dernier grand souverain Séleucide.
Ce
fut alors son fils, Séleucos IV Philopater (« qui aime son père. »),
qui monta sur le trône.
Pièce de monnaie à l'effigie
de Séleucos IV Philopater.
Séleucos IV, lorsqu’il arriva sur le trône, trouvait un royaume qui, bien
qu’amputé de l’Asie mineure, avait toutefois affirmé sa domination sur ses
territoires de l’est.
Cependant, l’indemnité de 12 000 talents que le royaume Séleucide était dans
l’obligation de payer à Rome fut un souci constant pour Séleucos IV, tout au
long de son règne (Séleucos IV fut même contraint d’envoyer son fils
Démétrios I° Sôter en otage à Rome.).
En
175 avant Jésus Christ, Séleucos IV eut la mauvaise idée d’envoyer un de ses
ministres s’emparer du trésor du temple de Jérusalem. En effet, à son
retour, ce dernier assassina le roi.
Démétrios I° étant alors trop jeune, ce fut Antiochos IV Epiphane (ce
qui signifie « l’Illustre ».), un autre fils d’Antiochos III, qui s’empara
du pouvoir.
Buste d'Antiochos IV Épiphane,
vers 175 avant Jésus Christ, Altes museum, Berlin.
Antiochos IV, s’emparant du pouvoir en 175 avant Jésus Christ, commença par
faire exécuter l’assassin de Séleucos IV.
A
noter que Ptolémée V mourut en 181 avant Jésus Christ, sans doute
empoisonné. Ce fut un de ses décrets qui fut inscrit sur la pierre de
Rosette.
La pierre de Rosette, British museum, Londres.
6° Ptolémée VI Philométor (181 à 145 avant
Jésus Christ) – Suite au décès de Ptolémée V, ce fut son fils
Ptolémée VI Philométor[28]
(qu’il avait eu avec son épouse Cléopâtre I°[29].)
qui monta sur le trône.
Bague à l'effigie d'un
souverain Lagide, peut être Ptolémée VI Philométor, musée du Louvre, Paris.
Le
nouveau pharaon n’étant qu’un jeune enfant, ce fut sa mère qui décida de
prendre la régence. Cléopâtre I° lutta pendant plusieurs années contre son
propre frère, Antiochos IV, alors à la tête du royaume séleucide.
Tête de reine Lagide, peut être Cléopâtre I°, I° siècle avant Jésus Christ,
musée du Louvre, Paris.
a)
La sixième guerre syrienne (168 avant Jésus Christ) : souhaitant
profiter de la faiblesse de l’Egypte, Antiochos IV décida d’attaquer le pays
(à noter que sa sœur Cléopâtre I° était morte en 170 avant Jésus Christ.).
Le
Séleucide s’empara alors de l’Égypte et fit prisonnier le jeune Ptolémée VI
(le peuple d’Alexandrie le remplaça alors par son frère, Ptolémée VIII
Evergète II (« le Bienfaiteur. »). Toutefois, en 168 avant Jésus Christ,
Antiochos IV fut sommé par Rome de se retirer, ce qu’il fit.
Ptolémée VI retrouva alors son trône, mais fut contraint de le partager avec
sa sœur Cléopâtre II et son frère Ptolémée VIII (les relations entre les
deux hommes furent toujours conflictuelles.).
b)
Le royaume séleucide suite à la sixième guerre syrienne, la révolte des
Macchabés (168 à 162 avant Jésus Christ) : Antiochos IV, suite à la
sixième guerre syrienne, se rendit compte de la puissance de Rome. Il décida
alors d’unifier ses territoires en leur imposant une hellénisation forcée,
seul moyen, selon lui, de résister aux Romains.
Le
principal obstacle à ce mouvement fut la religion juive. Le Séleucide, qui
désirait voir se développer partout les cultes païens, s’empara du temple de
Jérusalem (consacra l’édifice au culte de Zeus.), détruisit les murailles de
la ville, prohiba la circoncision et traqua les opposants à sa politique.
Suite au départ du Séleucide, la révolte des Macchabées embrasa
Jérusalem, en 168 avant Jésus Christ (Macchabée était le surnom donné au
principal adversaire d’Antiochos IV, un juif nommé Juda. En effet, ce
dernier avait fait graver sur son bouclier le mot makabi, formé par
les premières lettres du verset biblique Mi kamo ha ba elim hachem,
ce qui signifie « qui est comme toi, entre les dieux, mon Seigneur. »).
Juda et ses hommes parvinrent à vaincre les troupes envoyées par Antiochos
IV, qui décida alors de se rendre lui-même à Jérusalem. Cependant, il mourut
suite à une chute de cheval, en 163 avant Jésus Christ.
Ce
fut son fils, Antiochos V Eupater (ce qui signifie « né d’un bon
père. »), qui monta alors sur le trône (le nouveau souverain était encore un
enfant.).
Pièce de monnaie à l'effigie
d'Antiochos V Eupater.
Toutefois, ce dernier fut assassiné en 162 avant Jésus Christ par Démétrios
I° Sôter, revenu de Rome où il avait été retenu en tant qu’otage.
Pièce de monnaie à l'effigie
de Démétrios I° Soter.
c)
Troubles dynastiques en Egypte (168 à 154 avant Jésus Christ) :
comme nous l’avons vu précédemment, Ptolémée VI avait été rétabli sur le
trône en 168 avant Jésus Christ, grâce au soutien de Rome. Cependant, il
devait gouverner conjointement avec son frère, Ptolémée VIII.
Mais les deux hommes ne s’entendaient pas. En 164 avant Jésus Christ,
Ptolémée VI fut à nouveau chassé d’Égypte, et décida d’aller se réfugier à
Rome. Le sénat décida alors de partager le royaume lagide entre les deux
frères. En 163 avant Jésus Christ, Ptolémée VI retrouva le trône d’Égypte,
et Ptolémée VIII reçut la Cyrénaïque.
En
154 avant Jésus Christ, Ptolémée VIII tenta, avec l’aide des Romains, de
s’emparer de Chypre, qui appartenait à son frère. Ptolémée VI fut cependant
vainqueur, et, magnanime, se contenta de renvoyer Ptolémée VIII en
Cyrénaïque.
A
noter qu’en 167 avant Jésus Christ, Rome parvint à annexer le royaume
antigonide. En effet, Persée, roi de Macédoine, fut vaincu par les
armées romaines suite à la bataille de Pydna, en 168 avant Jésus
Christ.
Tétradrachmes à l'effigie de Persée, vers 170 avant Jésus
Christ, Altes museum, Berlin.
La
Macédoine fut le premier royaume hérité des diadoques à disparaitre.
d)
Troubles dynastiques en Syrie :depuis qu’il s’était emparé du
pouvoir, Démétrios I° Sôter n’avait eu de cesse de lutter contre les
Macchabées, sans parvenir à les vaincre (les Séleucides avaient beaucoup
perdu de leur puissance, ne parvenant plus à mater la moindre insurrection
locale, alors que 50 ans plus tôt, Antiochos III guerroyait sur les rives de
l’Indus, à la tête d’une armée de 100 000 hommes.).
Démétrios fut alors tué, en 150 avant Jésus Christ. Son assassin, un
usurpateur nommé Alexandre I° Balas, monta alors sur le trône.
Alexandre I° Balas, vers 150
avant Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.
Ce
dernier était un Grec, soutenu par Ptolémée VI, qui se faisait passer pour
un fils d’Antiochos IV. Le Lagide, pour renforcer cette alliance, lui offrit
sa fille Cléopâtre Théa en mariage.
Pièce de monnaie à l'effigie
de Cléopâtre Théa.
Mais, peu de temps après, Ptolémée VI se ravisa et décida de soutenir
Démétrios II Nicator (ce qui signifie « le Vainqueur. »), fils de
Démétrios I° Sôter (le jeune homme épousa lui aussi Cléopâtre Théa.).
Pièce de monnaie à l'effigie
de Démétrios II Nicator.
En
effet, le Séleucide s’était réfugié en Egypte suite à la prise de pouvoir
d’Alexandre I° Balas. Ainsi, Ptolémée VI et son beau fils élaborèrent des
plans contre l’usurpateur. En 145 avant Jésus Christ, ils partirent à
l’assaut de la Syrie, livrant bataille contre Alexandre I° Balas.
L’usurpateur ayant trouvé la mort au cours du combat, son royaume échut à
son fils, Antiochos VI Dionysos.
Tétradrachmes à l'effigie d'Antiochos VI, vers 140 avant Jésus Christ, Altes
museum, Berlin.
Cependant, Ptolémée VI avait été lui aussi mortellement blessé au cours de
l’affrontement, et mourut peu de temps après.
le roi Ptolémée VI offrant de
l'eau à la déesse Ouadjet, vers 150 avant Jésus Christ, musée du Louvre,
Paris.
7° Ptolémée VII Eupator & Ptolémée VIII
Evergète II (145 à 116 avant Jésus Christ) – Ptolémée VII, ayant épousé
sa sœur Cléopâtre II, eurent ensemble plusieurs enfants. L’un de ceux-ci,
Ptolémée VII Eupator (« né d’un père illustre. »), fut alors placé sur
le trône d’Egypte.
Toutefois, Cléopâtre II, incapable de résister aux ambitions de Ptolémée
VIII Ervergète II, fut finalement contrainte de le laisser s’emparer du
pouvoir. Ptolémée VII fut alors assassiné aux ordres de Ptolémée VIII, qui
considérait son neveu comme un rival gênant.
Buste de Ptolémée VIII
Évergète II, Metropolitan museum of art, New York.
A
noter que Ptolémée VIII épousa Cléopâtre II, la femme de Ptolémée VI,
ainsi que la fille de ce dernier, Cléopâtre III.
a)
Troubles dynastiques en Syrie :Démétrios II, quant à lui,
n’avait rien gagné suite à la bataille livrée contre Alexandre I° Balas. En
effet, non seulement Antiochos VI s’était emparé des possessions de son
père, mais en plus Démétrios II avait perdu l’appui de l’Egypte, Ptolémée VI
ayant trouvé la mort suite à l’affrontement.
A
noter toutefois que le jeune Antiochos VI fut rapidement éliminé par le
général Tryphon, qui décida de s’emparer du pouvoir (142 avant Jésus
Christ.).
Pièce de monnaie à l'effigie
de Tryphon.
La
même année, Démétrios II parvint finalement à tuer Tryphon, et monta sur le
trône.
Mais les troubles dynastiques ne prirent pas fin pour autant. En 141 avant
Jésus Christ, alors que Démétrios II était en conflit avec les Parthes, ces
derniers parvinrent à le faire prisonnier. Le roi des Parthes, Mithridate
I°, accueillit convenablement Démétrios II, et ce dernier épousa alors
Rodogune, la fille de son adversaire.
Cette captivité mit un peu plus à mal le royaume séleucide. En effet,
Mithridate I° s’était emparé, au cours de ces 30 dernières années, de la
Médie, de la Perse et de la Babylonie, privant ainsi les Séleucides de
leurs plus riches provinces.
En
outre, lorsque Cléopâtre Théa apprit que son mari Démétrios II avait épousé
une autre femme, elle rentra dans une colère noire.
Cette dernière décida alors d’épouser Antiochos VIISidêtês
(« le Chasseur. »), le frère de son époux. Le nouveau roi se lança lui aussi
dans un conflit contre les Parthes, parvenant à progresser jusqu’à
l’Euphrate. Il fut finalement repoussé par ces derniers et fut tué dans un
affrontement en 127 avant Jésus Christ.
Tétradrachmes à l'effigie d'Antiochos VII, vers 130 avant Jésus Christ,
Altes museum, Berlin.
A
la même époque, Démétrios II fut libéré par les Parthes, et parvint à
retrouver son trône. Toutefois, il ne le conserva guère longtemps : en 125
avant Jésus Christ, il fut tué par Alexandre II Zabinas, un Égyptien
qui se faisait passer pour le fils d’Alexandre I° Balas.
Pièce de monnaie à l'effigie
d'Alexandre II Zabinas.
Le
fils de Démétrios II, Séleucos V Philometor (« qui aime sa mère. »),
réclama le trône, mais fut assassiné par sa propre mère, Cléopâtre Théa, en
124 avant Jésus Christ.
Cette dernière préféra aider son second fils à obtenir le trône,
Antiochos VIII Gryphos (« nez crochu. »).
Tétradrachmes à l'effigie d'Antiochos VIII, vers 120 avant Jésus Christ,
Altes museum, Berlin.
Ce
dernier parvint à renverser Alexandre II, puis le fit exécuter.
Les royaumes de Méditerranée, 128
avant Jésus Christ (vous pouvez faire un "clic droit" sur la carte afin de
faire un zoom).
b)
Ptolémée VIII et les femmes : Ptolémée VIII, comme nous l’avons vu
précédemment, avait épousé Cléopâtre II, veuve de Ptolémée VI, ainsi que
Cléopâtre III, fille du défunt.
Buste de Cléopâtre II (ou III
?), II° siècle avant Jésus Christ ?, musée du Louvre, Paris.
Toutefois, les relations entre les deux épouses, qui étaient mère et fille,
se dégradèrent rapidement. En 130 avant Jésus Christ, Cléopâtre II parvint à
chasser sa fille et son époux de la ville d’Alexandrie. Ptolémée VIII se
réfugia alors à Chypre, et tua Ptolémée Memphitis, le fils qu’il
avait eu avec Cléopâtre II (il fit ensuite parvenir à cette dernière le
corps démembré du jeune garçon.).
Mais, en 129 avant Jésus Christ, Ptolémée VIII parvint à reconquérir
l’Égypte, à l’exception d’Alexandrie, où était réfugiée Cléopâtre II. Le roi
ne parvint à prendre la ville qu’en 126 avant Jésus Christ, et sa rivale
décida alors de s’enfuir en Syrie, à la cour Séleucide (elle se rapprocha de
son autre fille, Cléopâtre Théa, l’épouse du roi Démétrios II.).
Cléopâtre II ne retourna en Égypte qu’en 124 avant Jésus Christ, se
réconciliant avec Ptolémée VIII et Cléopâtre III.
A
la mort de Ptolémée VIII, en 116 avant Jésus Christ, ce fut son fils,
Ptolémée IX Sôter II (« le Sauveur. »), qui monta sur le trône.
Cléopâtre II mourut la même année.
Pièce de monnaie à l'effigie
de Ptolémée IX Sôter.
8° Ptolémée IX Sôter II et Ptolémée X Alexandre
I° (116 à 80 avant Jésus Christ) – Alors que le royaume Séleucide était
agité par une crise de succession, l’Egypte ne tarda guère à l’être aussi.
a)
Nouveaux troubles dynastiques en Egypte : après avoir reçu la couronne
d’Egypte, Ptolémée IX épousa ses deux sœurs, Cléopâtre IV et
Cléopâtre V Séléné, obéissant ainsi à sa mère. Mais, en 107 avant Jésus
Christ, voyant que son fils désirait se débarrasser d’elle, Cléopâtre III
fit monter sur le trône son second fils, Ptolémée X Alexandre I° (il
était alors simple roi de Chypre.).
Tête de Ptolémée X Alexandre
I°, II° siècle avant Jésus Christ, Neues
museum, Berlin.
Ptolémée IX se réfugia alors auprès des Séleucides, et tenta de s’emparer en
vain de la Judée et de la Phénicie. A noter que Cléopâtre III n’eut pas plus
de chance avec Ptolémée X, car ce dernier la fit tuer en 101 avant Jésus
Christ.
En
88 avant Jésus Christ, Ptolémée X provoqua une révolte à Alexandrie, car, en
manque d’argent, il avait profané le tombeau d’Alexandre le Grand. Il fut
tué au cours d’un affrontement contre son frère Ptolémée IX, qui remonta
ainsi sur le trône.
Le
règne de Ptolémée IX ne fut cependant pas glorieux. Il ne parvint pas à
mater les révoltes indigènes qui embrasèrent le sud du pays, et ne parvint
pas non plus à aider Rome dans sa lutte contre Mithridate VI Eupator
(un roi de la province du Pont[30].).
Buste de Mithridate VI, musée
du Louvre, Paris.
A
la mort de Ptolémée IX, en 80 avant Jésus Christ, ce fut son neveu,
Ptolémée XI Alexandre II, qui lui succéda (il était le fils de Ptolémée
X, et fut en fait imposé par le Romain Sylla.).
Buste de Sylla, Glyptothèque
de Munich
.
b)
Troubles dynastiques en Syrie, disparition du royaume séleucide : comme
nous l’avons vu précédemment, Cléopâtre Théa avait décidé de soutenir son
second fils, Antiochos VIII Gryphos (« nez crochu. »), à obtenir le trône
(ce dernier étant alors en lutte contre l’usurpateur Alexandre II, qu’il
parvint à renverser.).
Par la suite, les relations entre Antiochos VIII et sa mère se dégradèrent,
cette dernière regrettant de ne pas avoir soutenu ses enfants nés de son
union avec Antiochos VII Sidêtês, son second époux (Antiochos VIII était le
fils de Démétrios II, premier époux de Cléopâtre Théa.). Antiochos VIII
décida alors de supprimer sa mère et de se lancer dans une lutte contre son
demi-frère, Antiochos IX Philopator (ce dernier était issu de l’union
d’Antiochos VII Sidêtês et de Cléopâtre Théa.).
Pièce de monnaie à l'effigie
d'Antiochos IX Philopator.
Antiochos IX parvint à s’emparer de la Syrie en 114 avant Jésus Christ, puis
de l’ensemble du royaume Séleucide, suite à la mort d’Antiochos VIII en 96
avant Jésus Christ (à noter que ce dernier s’était allié avec l’Egypte, mais
en vain.).
Le
fils aîné d’Antiochos VIII, Séleucos VI Épiphane, décida de
poursuivre la lutte. Ce dernier, bien que ne possédant qu’Antioche et le
nord de la Syrie (son frère, Démétrios III Eukairos (« Heureux. »),
s’était quant à lui emparé de Damas, grâce au soutien de Ptolémée X.),
parvint à vaincre et à tuer Antiochos IX en 95 avant Jésus Christ.
Pièce de monnaie à l'effigie
de Séleucos VI Épiphane (à gauche) et de Démétrios III Eukairos (à droite).
Séleucos VI parvint ainsi à reconstituer le royaume Séleucide (excepté
Damas.). C’est alors qu’Antiochos X Eusèbe (« le Pieux. »), fils
d’Antiochos IX, décida de lutter contre Séleucos VI. Ce dernier ne put
résister aux assauts menés par son adversaire, et fut tué en 93 avant Jésus
Christ, alors qu’il était en train de fuir.
Pièce de monnaie à l'effigie
d'Antiochos X Eusèbe.
Antiochos X fut cependant détrôné en 92 avant Jésus Christ par Antiochos
XI Philadelphe et son frère jumeau, Philippe I° Philadelphe (les
deux hommes étaient les fils cadets d’Antiochos VIII.), et décida alors de
se réfugier chez les Parthes (il y mourut en 75 avant notre ère.).
Pièces de monnaie à l'effigie
d'Antiochos XI Philadelphe (à gauche) et de Philippe I° Philadelphe (à
droite).
Antiochos XI monta alors sur le trône, mais mourut noyé peu de temps après,
en 90 avant Jésus Christ.
Ce
fut donc Philippe I° qui s’empara du pouvoir, mais il se retrouva confronté
à son frère, Démétrios III. Toutefois, les deux hommes durent cesser de se
battre entre eux, lorsque les Parthes envahirent la Syrie.
Le royaume parthe (vers 60 avant Jésus Christ).
Démétrios III fut alors vaincu par Mithridate II, roi des Parthes,
vers 88 avant Jésus Christ. Fait prisonnier par ses vainqueurs, il mourut
l’année suivante.
Philippe I°, quant à lui, fut finalement vaincu par le roi d’Arménie
Tigrane II le Grand, qui s’empara de la Syrie du nord. L’on ne sait pas
si le Séleucide mourut ou s’il survécut à sa défaite.
Finalement, ce fut Antiochos XII Dionysos, cinquième fils d’Antiochos
VIII, qui monta sur le trône (87 avant Jésus Christ.). Son territoire était
celui que son frère Démétrios III avait réussi à se constituer, c'est-à-dire
Damas et le sud de la Syrie.
Pièce de monnaie à l'effigie
d'Antiochos XII Dionysos.
En
84 avant Jésus Christ, il fut tué en tentant de réprimer une insurrection
chez les Nabatéens. Ces derniers s’emparèrent alors de son territoire,
mettant fin à la dynastie séleucide.
9° Ptolémée XI Alexandre II et Ptolémée XII
Aulète (80 à 51 avant Jésus Christ) – Comme nous l’avons vu
précédemment, ce fut Ptolémée XI Alexandre II qui succéda à son oncle
Ptolémée IX. Toutefois, imposé par les Romains, ces derniers l’obligèrent à
partager le pouvoir avec son épouse Bérénice III, fille de Ptolémée
IX et veuve de Ptolémée X.
Un roi ptolémaïque, peut être Ptolémée XI
Alexandre II, I° siècle avant Jésus Christ (à gauche) ; tête de reine
ptolémaïque, peut être Bérénice III, I° siècle avant Jésus Christ (à droite), musée du Louvre, Paris.
Toutefois, Ptolémée XI ne l’entendit pas de cette oreille et fit assassiner
son épouse au bout d’un mois de règne. Immédiatement, le récit de ce meurtre
provoqua une révolte à Alexandrie, et Ptolémée XI trouva la mort au cours
d’une émeute.
Ce
fut donc Ptolémée XII Aulète (« joueur de flûte. »), un fils naturel
de Ptolémée IX, qui monta sur le trône.
Buste de Ptolémée XII Aulète,
I° siècle avant Jésus Christ, musée du Louvre, Paris.
Toutefois, les Romains ne reconnurent pas le nouveau souverain, et firent
valoir leurs droits sur l’Égypte en vertu du testament de Ptolémée XI (sans
doute un faux.). Ptolémée XII du alors envoyer de gros pots de vins à Rome
afin que le sénat le laisse tranquille.
A
noter que Rome, en 68 avant Jésus Christ, décida de recréer artificiellement
le royaume séleucide, mettant à la tête du pays Antiochos XIII Asiaticos,
le fils d’Antiochos X, qui s’était réfugié chez les Parthes en 92 avant
Jésus Christ (les Romains voulaient affaiblir la position du souverain
arménien Tigrane II le Grand dans la région.).
Pièce de monnaie à l'effigie
d'Antiochos XIII Asiaticos.
Mais, en 64 avant Jésus Christ, le général romain Pompée décida de mettre fin à ce
royaume, et la Syrie devint une province romaine. La dynastie des Séleucide
s’éteignit alors une nouvelle et dernière fois.
Buste de Pompée jeune, 70
avant Jésus Christ, musée
du Louvre, Paris.
En
58 avant Jésus Christ, les Romains s’emparèrent de Chypre, qui appartenait
aux Lagides. Ptolémée XII décida de ne pas s’en mêler, laissant son frère
lutter seul (ce dernier était effectivement le roi de cette île.). Cela fit
scandale à Alexandrie, et les habitants de la ville chassèrent leur
souverain, portant au trône sa fille, Bérénice IV, ainsi que son
mari, Archélaos de Cappadoce.
Buste de Bérénice IV, musei
Capitolini, Rome.
Ptolémée XII se réfugia alors à Rome, et versa de nouveaux pots de vins afin
que le sénat romain accepte de le rétablir en Égypte. Finalement, il parvint
à remonter sur le trône en 55 avant Jésus Christ, et faisant exécuter sa
fille Bérénice IV. Une garnison romaine s’étant installée dans la ville, il
n’y eu pas de révoltes jusqu’à la mort de Ptolémée XII, en 51 avant Jésus
Christ.
Ce
fut son fils, Ptolémée XIII Dionysos, qui monta alors sur le trône.
Les royaumes de Méditerranée, 59
avant Jésus Christ (vous pouvez faire un "clic droit" sur la carte afin de
faire un zoom).
10° Ptolémée XIII Dionysos, Ptolémée XIV
Philopator II, Cléopâtre VII, Ptolémée XV Césarion (51 à 30 avant Jésus
Christ) – Ptolémée XIII, en montant sur le trône, fut cependant astreint
à gouverner avec sa sœur, Cléopâtre VII[31],
qu’il épousa.
Statue de Cléopâtre VII, musée du Louvre, Paris.
Cependant, le jeune roi n’était qu’une marionnette entre les mains de ses
ministres, qui s’en prirent à sa sœur. Cette dernière décida alors de
s’enfuir, et, après avoir été vaincue au cours d’une bataille, elle se
réfugia en Syrie (vers 49 avant Jésus Christ.).
a)
César contre Pompée (48 à 45 avant Jésus Christ) : mais, en 48 avant
Jésus Christ, un conflit plus important opposait Jules César à
Pompée.
Buste de
César, anonyme, XVII° siècle, musée du Louvre.
Les deux hommes étaient des généraux romains de premier plan qui se
livraient bataille pour la domination de Rome[32].
A
cette époque, Pompée était dans une situation critique (il avait été vaincu
à la bataille de Pharsale, en Thessalie.), et avait décidé de se
réfugier en Égypte, au cours du mois de juillet. C’est alors que les
ministres de Ptolémée XIII décidèrent de l’assassiner, afin de s’attirer les
bonnes grâces du vainqueur. Mais César ne leur accorda que du mépris.
L'assassinat de Pompée, par Boccace,
enluminure issue de l'ouvrage de casibus, France, XV°
siècle.
Par la suite, César souhaitant que la paix règne en Égypte, il tenta de
réconcilier Ptolémée XIII et Cléopâtre VII. Cette tentative de rapprochement
fut un échec, car le jeune pharaon n’était guère impressionné par les
effectifs de César (à peine 7 000 hommes.).
Au
cours de l’hiver 47-46 avant Jésus Christ, Ptolémée XIII décida d’assiéger
les Romains retranchés dans Alexandrie. Cependant, la chance fut du côté de
César : non seulement il parvint à repousser Ptolémée XIII[33],
mais en outre, ce dernier mourut accidentellement noyé en janvier 47 avant
Jésus Christ.
César, qui se retrouvait en pratique maître de l’Égypte, décida de ne pas
annexer le pays (l’on ne sait aujourd’hui pas en quelle mesure Cléopâtre VII
influença sa décision.).
Cléopâtre
et César, par Jean Léon GEROME, 1866.
Il
décida alors de laisser la dynastie lagide sur le trône, donnant la couronne
d’Egypte à Ptolémée XIV Philopator II (« qui aime son père. »), frère
cadet de Cléopâtre VII (cette dernière fut contrainte d’épouser le nouveau
souverain.).
Par la suite, César quitta l’Egypte, poursuivant les restes de l’armée de
Pompée en Afrique et en Hispanie[34].
Suite à une série de victoires, César rentra à Rome et fut acclamé comme le
maître de la cité (Cléopâtre décida alors de le suivre, cette dernière étant
devenue sa maîtresse).
C’est ainsi que Cléopâtre accoucha d’un fils, Césarion, fruit de son
union avec César.
Rome et les États de Méditerranée, 44
avant Jésus Christ (vous pouvez faire un "clic droit" sur la carte afin de
faire un zoom).
b)
Octave contre Marc Antoine, la bataille d’Actium, la fin du royaume lagide
(44 à 30 avant Jésus Christ) : toutefois, en 44 avant Jésus Christ, César
fut assassiné par un groupe de sénateurs attachés à la République.
L'assassinat de César, par Jean Léon GEROME, 1867.
Apprenant la nouvelle, Cléopâtre VII décida alors de rentrer en Égypte. Par
la suite, elle fit tuer son frère Ptolémée XIV, qu’elle voyait comme un
rival pour son fils.
Quelques années plus tard, en 41 avant Jésus Christ, le général Marc
Antoine se rendit en Égypte. Ce dernier était un des officiers de César,
et avait fait part de sa volonté de lui succéder, en 44 avant Jésus Christ.
Mais Octave, le fils adoptif du défunt, ne l’entendit pas de cette
oreille. Ils parvinrent cependant à trouver un arrangement, Octave dirigeant
l’Occident, Marc Antoine dirigeant l’Orient (voila pourquoi ce dernier
s’était rendu en Égypte.).
Buste de Marc Antoine.
Cléopâtre comprit immédiatement qu’il était dans son intérêt de se concilier
les bonnes grâces du général romain, et devint donc sa maîtresse. Cléopâtre
VII et Marc Antoine eurent ainsi trois enfants, Alexandre Hélios,
Cléopâtre Séléné et Ptolémée Philadelphe.
En
36 avant Jésus Christ, le Romain décida de lancer une expédition contre les
Parthes, ces derniers ayant envahi la Syrie. Cependant, la campagne de Marc
Antoine ne fut pas une réussite. Toutefois, bien que vaincu par les Parthes,
il parvint néanmoins à s’emparer de la Médie et de l’Arménie en 35 avant
Jésus Christ.
Pendant ce temps, Césarion (dont le nom officiel était Ptolémée XV
Philopator Caesar.) régnait avec sa mère.
Statue de Ptolémée XV
Philopator Caesar (dit Césarion), Egyptian museum, Le Caire.
Toutefois, les relations entre Octave et Marc Antoine, déjà peu cordiales,
se dégradèrent au fil des années. Octave, fils adoptif de César, ne pouvait
accepter la présence de Césarion, fils naturel de César, sur le trône
d’Égypte. Il décida alors de se présenter comme le
défenseur de l’Italie et de la civilisation romaine contre l’Orient barbare,
décadent et tyrannique.
Statue d'Octave.
En 32 avant Jésus Christ, Marc Antoine envoya une
lettre de répudiation à son épouse Octavie, la sœur d’Octave, restée
en Italie. Le fils adoptif de César s’empressa alors de déclarer la guerre à
l’Egypte (à noter toutefois que Marc Antoine ne s’attendait pas à un
conflit, car en 33 avant Jésus Christ, il était en train de mettre en place
une nouvelle expédition contre les Parthes.).
Buste d'Octavie.
En septembre 31 avant
Jésus Christ, les deux rivaux s’affrontèrent au cours de la bataille
navale d’Actium. Le récit de cette bataille est souvent confus, car il
fut par la suite enjolivé par les partisans d’Octave.
La bataille d'Actium, par
Lorenzo CASTRO, XVII° siècle.
La flotte de l’héritier
de César, commandée par le général Agrippa, comptait entre 300 et 350
navires ; Marc Antoine et Cléopâtre, par contre, n’en avaient que 300 (voire
peut être moins.).
Les navires d’Octave
formèrent alors une ligne de bataille, empêchant leurs ennemis de rejoindre
l’Égypte. Or, l’objectif de Marc Antoine était de faire passer à l’est son
infanterie et sa marine, afin d’attirer l’ennemi en territoire hostile.
Marc Antoine décida donc
de passer en force, ce qui réussit en partie. En effet, de nombreux navires
ne parvinrent pas à passer, et furent détruits par la flotte d’Octave (les
sources antiques avancent les chiffres de 5 000 à 13 000 morts.). En outre,
l’infanterie ne suivit pas Marc Antoine : soit elle se crut trahie, pensant
que leur chef fuyait ; soit elle fut achetée par les agents d’Octave
(d’ailleurs, la flotte de Marc Antoine, sans doute achetée, se rendit très
vite suite à la bataille, elle aussi.).
Vaincus, Marc Antoine et Cléopâtre VII rentrèrent en Égypte. Marc Antoine ne
fut rien pour stopper la progression de son rival, passant son temps à
donner des fêtes ; Cléopâtre, quant à elle, fit en sorte de mettre son fils
Césarion à l’abri.
En
août 30 avant Jésus Christ, Marc Antoine se suicida, ayant appris qu’Octave
s’approchait. Cléopâtre VII, quant à elle, décida alors de rencontrer son
vainqueur. Ce dernier la laissa libre de ses mouvements, et elle en profita
pour se suicider elle aussi (selon Plutarque, elle se laissa mordre par deux
aspics venimeux.).
Certains égyptologues considèrent que l’Egypte
antique disparut à cette date. Toutefois, d’autre affirment au contraire
qu’elle disparut totalement au VI° siècle après Jésus Christ, lorsque
l’Eglise ordonna la fermeture de tous les temples païens du pays.
Relief nilotique, I° siècle avant Jésus Christ, Altes museum,
Berlin
Par la suite, Octave fit
assassiner Césarion (comme nous l’avons vu précédemment, Octave était le
fils adoptif de César, Césarion son fils naturel. Ce dernier représentait
donc un danger aux yeux du Romain.).
Toutefois, Alexandre
Hélios, Cléopâtre Séléné et Ptolémée Philadelphe furent recueillis par
Octavie (sœur d’Octave et ex-épouse de Marc Antoine.). Cependant, les deux
garçons disparurent peu de temps après (ils furent sans doute assassinés.),
mais la fillette survécut.
En
janvier 27 avant Jésus Christ, Octave déclara sa mission terminée devant le
sénat de Rome. A cette date, le royaume lagide (dernier Etat hérité des
diadoques encore existant.) disparaissait, mais l’Empire romain ne faisait
que naître…
Pièce de monnaie frappée à Nîmes sous le
règne d'Octave, le crocodile enchaîné à un palmier représentant la nouvelle
province romaine d'Egypte (à noter que le crocodile enchaîné est depuis 1535
le blason de la ville de Nîmes, cité sans doute fondée par des vétérans de
la bataille d'Actium.), British Museum, Londres.
[2]
A noter qu’une légende (sans doute postérieure.) raconte
qu’Alexandre, alors sur son lit de mort, aurait choisi Cratère comme
successeur : en effet, quand les Diadoques se rapprochèrent de leur
roi agonisant pour qu’il leur dise qui serait son successeur,
Alexandre aurait prononcé « Cratère. » Cependant, en grec, le nom
‘Cratère’ peut devenir le mot ‘le plus fort’, selon l’intonation de
voix. Selon cette légende, les luttes entre Diadoques découleraient
de cette mauvaise interprétation…
[3]
Les hypaspistes étaient les soldats d’élite de l’armée macédonienne
(nous avons évoqué leur création en 1, section VIII, chapitre
troisième, histoire de la Grèce antique.).
[5]
Harpale, soupçonné d’avoir détourné d’importantes sommes d’argent,
avait décidé de fuir Athènes lorsque ses abus furent découverts.
[6]
La proclamation de l’indépendance des cités grecques fut un
stratagème employé à de nombreuses reprises au cours de l’histoire,
depuis les diadoques jusqu’aux Romains. L’objectif étant de
s’assurer le soutien de la Grèce contre un rival, tout en abreuvant
les Grecs d’illusoires promesses d’indépendance.
[7]
Pour plus de renseignements sur l’histoire et la signification du
titre de basileus, voir le 4, section III, chapitre premier,
histoire de la Grèce antique.
[8]
Par la suite, les Rhodiens érigèrent le colosse de Rhodes, en
souvenir de leur résistance à Démétrios. Vous en saurez plus sur
cette merveille, en consultant la page qui lui est réservée, dans la
partie les sept merveilles du monde.
[9]
Séleucos avait reçu ces éléphants des mains de Chandragupta Maurya,
en échange de l’abandon de certains territoires situés à l’est de
l’Empire d’Alexandre (comme nous l’avons vu en 4, section V,
chapitre quatrième.).
[10]
Ne pas confondre Agathoclès, fils de Lysimaque et Agathoclès, tyran
de Syracuse.
[11]
Philadelphe signifie « qui aime son frère. » En effet, Ptolémée II
épousa sa sœur Arsinoé II en secondes noces.
[12]
Pour en savoir plus sur les noces de Suse, voir le g), 3, section
VII, chapitre neuvième, Histoire de l’Egypte antique.
[13]
A noter qu’Agathoclès, né d’un premier mariage, n’était pas le fils
d’Arsinoé.
[16]
Pour en savoir plus sur la bataille d’Ipsos, voir le j), 1, section
VIII, chapitre neuvième, Histoire de l’Egypte antique.His.
[17]
Pour en savoir plus sur les noces de Suse, voir le g), 3, section
VII, chapitre neuvième, Histoire de l’Egypte antique.
[18]
Ce mariage concrétisait l’alliance entre Séleucides et Antigonides,
comme nous l’avons vu en k), 1, section VIII, chapitre neuvième,
Histoire de l’Egypte antique
[19]
A noter qu’Antiochos fut surnommé Sôter (ce qui signifie « le
Sauveur. ») car il avait vaincu les Galates.
[24]
Pour plus de précisions sur cette guerre entre Rome et les
Illyriens, voir le 2, section VIII, chapitre quatrième, histoire
de la Grèce antique.
[25]
Pour plus de détails sur la victoire de Rome sur la Macédoine, voir
le 4, section VIII, chapitre quatrième, histoire de la Grèce
antique.
[26]
En effet, Hannibal avait commandé les forces carthaginoises au cours
de la deuxième guerre punique, s’attaquant à Rome. Pour en savoir
plus sur ce conflit, voir le 6, section III, chapitre troisième,
Histoire de la Rome antique.
[27]
Scipion l’Asiatique était le frère de Scipion l’Africain, qui avait
vaincu Hannibal, en 202 avant Jésus Christ, mettant ainsi fin à la
deuxième guerre punique.
[29]
A noter que Cléopâtre I° était la fille d’Antiochos III.
[30]
Pour en savoir plus sur Mithridate VI et sa lutte contre Rome, voir
le f), 4, section IV, chapitre troisième, Histoire de la Rome
antique.
[31]
Cléopâtre VII est restée dans l’Histoire comme « la » Cléopâtre.
[32]
Pour en savoir plus sur le conflit opposant César et Pompée, voir le
15, section IV, chapitre troisième, Histoire de la Rome antique.
[33]
Pour cela, il fit probablement mettre le feu à la bibliothèque
d’Alexandrie, réduisant en cendres de nombreux manuscrits…
[34]
Pour plus de détails sur les affrontements livrés par César contre
les Pompéiens, voir les points f) et g), 15, section IV, chapitre
troisième, Histoire de la Rome antique.