Après plusieurs siècles de
prospérité, l’Egypte, suite aux invasions des peuples de la mer, ne parvint
pas à s’adapter à la nouvelle carte géopolitique. En effet, privés de leurs
tributs et de leurs relations commerciales avec le Proche Orient, les
pharaons de la XX° dynastie, bien que parvenant à maintenir les envahisseurs
hors du pays, ne réussirent pas à sortir le pays de la crise.
Cette faiblesse de la monarchie ne fit qu’accroitre le pouvoir du clergé
d’Amon, favorisa les raids libyens contre l’Egypte, et le pillage des
nécropoles prit une ampleur jamais vue jusqu’alors.
Ramsès XI, dernier pharaon de la XX° dynastie, suite à l’usurpation
d’Herihor, au sud, et celle de Nesbanebdjed I°, au nord,
n’était dès lors plus qu’un souverain fantoche, dernier vestige d’un pouvoir
monarchique tombé en déliquescence au cours des cent dernières années.
Fresque représentant Herihor, temple de
Khonsou, Karnak, Egypte.
A
la mort de Ramsès XI, le Nouvel Empire céda sa place à la troisième période
intermédiaire, et Nesbanebdjed I° inaugura la XXI° dynastie.
A
noter toutefois que cette nouvelle lignée fut intimement liée à celle des
prêtres roi de la cité de Thèbes, bien que ces derniers ne fassent pas
partie de la XXI° dynastie (le clergé d’Amon constituait en fait une sorte
de dynastie parallèle à la XXI°.). Ce qui rend plus compliquée l’étude de
cette période...
La
troisième période intermédiaire, qui s’étendit sur près de quatre siècles,
fut aussi la plus longue de toutes. Cependant, il est intéressant de
constater que l’Egypte fut quelquefois unifiée au cours de cette période,
mais pour un laps de temps souvent court.
1° Nesbanebdjed I°
(XXI° dynastie) & Pinedjem I° (dynastie parallèle des prêtres rois) (vers 1070 à 1032 avant
Jésus Christ) – La tradition rapporte que Nesbanebdjed I° était le fils
du grand prêtre d’Amon Herihor, et que ce dernier aurait installé son fils
au pouvoir à Tanis (aujourd’hui, les égyptologues ne disposent pas de
sources fiables afin de confirmer ou d’infirmer la légende.).
Suite au décès de Ramsès XI, qui avait alors perdu tout pouvoir,
Nesbanebdjed I° fit enterrer son prédécesseur, et s’arrogea par la suite
l’autorité royale, créant de ce fait la XXI° dynastie.
Puis, il épousa Tentamon II, une des filles du défunt pharaon (la
tradition égyptienne voulait que le pouvoir se transmette par les femmes.).
Par ailleurs, Nesbanebdjed I° épousa peut être aussi Henouttaoui I°,
dont la lignée est aujourd’hui incertaine (certains égyptologues pensent
qu’elle serait une fille de Ramsès XI, d’autres affirment au contraire
qu’elle serait la fille de Nesbanebdjed I° et de Tentamon II.).
A
noter que le nom grec de ce pharaon est Smendès.
A
cette époque, comme nous l’avons vu précédemment, l’Egypte était à nouveau
divisée : Nesbanebdjed I°, souverain de Tanis, gouvernait le nord, alors que
le grand prêtre d’Amon Piânkh, successeur d’Herihor (il avait épousé
sa fille Hereret.), contrôlait le sud.
Toutefois, vers 1070 avant Jésus Christ, Pinedjem I° (son nom de Sa
Râ signifie « le doux. »), fils de Piânkh et d’Hereret, succéda à son père
en tant que grand prêtre d’Amon (à noter que certains égyptologues pensent
qu’Herihor aurait assuré la régence suite au décès de Piânkh.).
Collier à pendeloques florales, avec
plaquette au nom de Pinedjem I°, musée du Louvre, Paris.
Puis, vers 1054 avant Jésus Christ, Pinedjem I° se fit couronner co-pharaon
avec Nesbanebdjed I°, adoptant dès lors une titulature royale. En outre, il
épousa Henouttaoui I°, fille de Ramsès XI ou de Nesbanebdjed I° selon les
égyptologues.
A
noter toutefois que Pinedjem I° eut deux autres épouses, Isetemkheb II
et Tenetnabekhenou.
En
Haute Egypte, Pinedjem I° se lança dans une politique de fortification des
enceintes des temples (comme à Karnak et Louxor, signe de l’insécurité
ambiante de l’époque.), faisant aussi ériger quelques monuments (à noter
qu’il ne s’agit peut être que d’appropriations.).
Statue de Pinedjem I°, temple de Karnak,
Egypte.
En
outre, Pinedjem I°, en tant que grand prêtre d’Amon, décida de rassembler
les momies de nombreux pharaons dans des cachettes plus sûres, afin que les
restes de ces illustres souverains ne soient pas profanés par des pilleurs
de tombes.
Vers 1050 avant Jésus Christ, la tombe du pharaon Amenhotep II
fut choisie pour accueillir les momies de plusieurs illustres souverains
(les plus célèbres étant Thoutmosis IV, Amenhotep III,
Mérenptah, Sethi II, la reine Taouseret, Siptah,
Sethnakth, Ramsès IV, etc.).
Toutefois, les relations entre le nord et le sud ne devaient pas être
véritablement cordiales, car Pinedjem I° décida de fortifier la cité de
Ta Dehenet (ce qui signifie « la falaise. »), située en Moyenne Egypte,
point clé de la frontière avec la Basse Egypte (Pinedjem I° confia le
contrôle de la ville à son fils
Masaharta,
grand prêtre d’Amon, mais qui mourut avant lui.).
En
1043, la situation politique changea, suite au décès de Nesbanebdjed I°. Ce
dernier fut alors remplacé par l’éphémère Amenemnesout (son nom de Sa
Râ signifie « Amon est le roi. »), dont les origines nous sont méconnues
(certains égyptologues pensent qu’il fut le fils de Nesbanebdjed I°,
d’autres, au contraire, affirment qu’il était le fils d’Herihor.)
Toutefois, ce pharaon mourut vers 1040 avant Jésus Christ, et Pinedjem en
profita pour placer son fils Psousennès I° au pouvoir à Tanis.
A
sa mort, vers 1032 avant Jésus Christ, Pinedjem I° fut inhumé la « cachette
royale » de Deir el Bahari.
2° Psousennès I°
(XXI° dynastie) & Menkheperrê
(dynastie parallèle des prêtres rois)
(vers 1040 à 992/991 avant
Jésus Christ) – En 1032 avant Jésus Christ, suite à la mort de Pinedjem
I°, l’Egypte était divisé en deux principautés. Depuis Tanis, Psousennès I°
(fils du défunt) dirigeait la Basse Egypte ; à Thèbes, Menkhéperrê
contrôlait la Haute et la Moyenne Egypte (ce dernier était le quatrième fils
de Pinedjeb I°, ces deux demi-frères Masaharta et Djedkhonsouefânkh
étant décédés avant lui.).
Cercueil de Djedkhonsouefânkh, musée du
Louvre, Paris.
A
noter que Menkheperrê avait été nommé grand prêtre d’Amon une dizaine
d’années environ le décès de son père (son prédécesseur et demi-frère
Djedkhonsouefânkh était vraisemblablement mort au cours d’une émeute ayant
éclaté à Thèbes vers 1045.).
Au
nord, Psousennès I° avait épousé sa sœur Moutnedjmet, avec laquelle
il avait eu plusieurs enfants, dont Isetemkheb III qui épousa son
oncle Menkheperrê.
Psousennès, souverain du nord mais originaire du sud, décida de faire ériger
un temple d’Amon à Tanis, entouré d’imposantes murailles. Ce fut à cet
endroit qu’il fut inhumé après sa mort, vers 991 avant Jésus Christ. La
tombe de ce souverain, inviolée jusqu’à notre époque, livra de nombreux
trésors aux archéologues (à noter toutefois que les matières organiques ne
survécurent pas aux affres du temps, la sépulture se trouvant dans une
région très humide.).
Masque mortuaire de Psousennès I°, musée
du Caire, Egypte.
Serviteur funéraire de Psousennès I° (un serviteur funéraire était une
statuette à l'effigie du mort, déposée dans sa tombe pour accomplir à sa
place les corvées à accomplir dans le royaume d'Osiris.), musée du Louvre,
Paris.
Menkheperrê, quant à lui, était mort peu de temps avant son frère, vers 992
avant Jésus Christ.
3° Aménopé
(XXI° dynastie) & Nesbanebdjed II (dynastie parallèle des prêtres rois) (vers 992/991 à 983 avant Jésus
Christ) – Psousennès I° et Menkheperrê étant morts à moins d’une année
d’intervalle, ce furent leurs fils respectifs, Aménopé et
Nesbanebdjed II qui leur succédèrent, vers 991 et 992 avant Jésus
Christ.
Au
début du premier millénaire avant Jésus Christ, les relations entre les
cousins du nord et du sud semblent avoir été cordiales.
Toutefois, Nesbanebdjed II (appelé aussi Smendès II.), régnant en
Haute Egypte, eut un règne particulièrement court. Décédant vers 990 avant
Jésus Christ, ce souverain ne laissait derrière lui qu’une fille,
Neskhons, fruit de son union avec sa sœur et épouse Henouttaoui II.
Stèle à l'effigie de Neskhons, servant
Osiris, musée de Petrie, Londres.
La
jeune fille épousa alors son oncle Pinedjem II, le frère du défunt
Nesbanebdjed II (à noter que le nouveau grand prêtre d’Amon avait déjà
épousé sa sœur Isetemkheb IV, fille de Menkheperrê.).
Aménopé, quant à lui, régna plus longtemps que son cousin, mais eut un règne
tout aussi méconnu. S’éteignant vers 983 avant Jésus Christ, ce souverain
fut inhumé dans la nécropole royale de Tanis, située non loin du temple
d’Amon. La tombe d’Aménopé ayant été pillée une vingtaine d’années après le
décès de ce souverain, il fut décidé d’inhumer la momie de ce pharaon dans
la sépulture de son père Psousennès I°.
Les archéologues fouillant la nécropole ont donc retrouvé d’importants
trésors, comme un masque funéraire en or, ainsi que de nombreux bijoux. A
noter qu’à cause de l’humidité de la région, la momie ne se conserva pas
bien, se réduisant à l’état de squelette au fil des années.
4° Osorkon l’Ancien, Siamon
(XXI° dynastie) & Pinedjem II (dynastie parallèle des prêtres rois) (vers 983 à 959
avant Jésus Christ) – Vers 983 avant Jésus Christ, alors que Pinedjem
II régnait sur le sud, au nord, le pharaon Aménopé venait de s’éteindre.
Ce
fut donc Osorkon l’Ancien qui s’empara du pouvoir. Selon certains
égyptologues, ce souverain serait le fils d’Aménopé. Toutefois, d’autres
pensent au contraire qu’Osorkon l’Ancien serait en fait le fils d’un chef
libyen installé en Egypte, et de ce fait oncle de Shoshenq I°,
fondateur de la XXII° dynastie.
Ce
pharaon, dont le règne nous est aujourd’hui très méconnu, s’éteignit vers
978 avant Jésus Christ.
Disparaissant vraisemblablement sans laisser de descendance, ce fut alors
son frère (?), Siamon, fils d’Aménopé, qui lui succéda.
a)
Le règne de Siamon : Siamon (son nom de Sa Râ signifie « fils
d’Amon. ») fut un des plus actifs souverains de la XXI° dynastie.
Sphinx à l'effigie de Siamon, musée du
Louvre, Paris.
A
cette époque, les peuples de la mer
s’étaient installés au Proche Orient depuis près de 200 ans, où, au fil des
siècles, de nombreux royaumes indépendants s’étaient formés (l’Egypte,
frappée par la crise, n’avait rien fait pour s’y opposer.).
Vers 970 avant Jésus Christ, Simaon décida de s’allier avec Salomon,
roi d’Israël. A noter toutefois que ce royaume, présenté comme très puissant
dans la bible, n’était sans doute pas aussi imposant dans la réalité. En
effet, les sources de l’époque ne le mentionnent pas (étonnant pour un
royaume soi disant aussi important ?). Les historiens considèrent donc que
Jérusalem, à cette époque, ne devait être qu’un petit village, rassemblant
environ un millier d’habitants (à noter que d’imposantes murailles, plus
anciennes, ont été retrouvées, mais ces dernières datent d’avant l’arrivée
des peuples de la mer et furent vraisemblablement détruites par ces
derniers.).
Les deux souverains souhaitaient en découdre avec les Philistins, ces
derniers attaquant les navires commerçant entre l’Egypte et les cités
phéniciennes.
Siamon s’attaqua alors à Gezer, une cité philistine qu’il pilla de fond en
comble. Puis, suite à l’affrontement, Salomon épousa une princesse
égyptienne, qui reçut Gezer en dot.
A
noter toutefois que le récit de ces évènements est relaté dans la
bible, bien que Siamon ne soit pas nommé expressément. De ce fait, certains
égyptologues considèrent que le pharaon mentionné dans cet ouvrage ne serait pas Siamon mais un de ses
successeurs.
Toutefois, Siamon eut aussi une importante activité architecturale,
agrandissant le temple d’Amon à Tanis, et érigeant (ou agrandissant ?) le
temple de Mout.
Ce
pharaon fit aussi ériger un monument à Héliopolis, ainsi qu’un temple d’Amon
à Memphis (à noter qu’il y favorisa le clergé de Ptah.).
Généalogie des grands-prêtres de Memphis, vers 940 avant Jésus Christ, Neues
museum, Berlin.
Siamon s’éteignit vers 959 avant Jésus Christ, vraisemblablement sans
laisser de descendance. Inhumé dans la nécropole de Tanis, le tombeau de
Siamon fut vraisemblablement pillé quelques années après la mort de ce
souverain. Puis, les pharaons de la XXII° dynastie décidèrent d’entreposer
les restes de Siamon dans la sépulture de Psousennès I°.
Les archéologues ont retrouvé quelques vestiges : quelques serviteurs
funéraires, des débris de bijoux, et une momie réduite à l’état de squelette
à cause de l’humidité.
b)
La création de la « cachette royale » de Deir el Bahari : au sud, le
grand prêtre d’Amon Pinedjem II s’éteignit vers 969 avant Jésus Christ, se
faisant inhumer dans sa tombe de la vallée des nobles (située non loin de la
vallée des rois.).
Toutefois, suite au décès de Pinedjem II, les membres du clergé d’Amon
savaient que la nécropole thébaine n’était plus protégée contre les pilleurs
de tombes (il y avait eu d’importants pillages sous le règne du défunt grand
prêtre.). Ils décidèrent donc d’entreposer de nombreuses momies dans la
tombe de Pinedjem II. La « cachette royale » de Deir el Bahari fut ainsi
préservée des regards indiscrets jusqu’à la fin du XIX° siècle, date à
laquelle les archéologues y retrouvèrent les momies de pharaons célèbres,
tels qu’Ahmosis, Amenhotep I°, Thoutmosis I°,
Thoutmosis II, Thoutmosis III, Sethi I°, Ramsès II,
Ramsès IX, etc.
5° Psousennès II
(XXI° dynastie) & Psousennès III (dynastie parallèle des prêtres rois) (vers 969 à 945 avant Jésus
Christ) – Suite à la mort de Pinedjem II, vers 969 avant Jésus Christ,
ce fut Psousennès III qui monta sur le trône de Haute Egypte.
En
Basse Egypte, suite au décès de Siamon en 959 avant Jésus Christ, ce fut
Psousennès II qui monta sur le trône.
Aujourd’hui, les égyptologues avouent leur méconnaissance au sujet de
Psousennès II et Psousennès III. En règle générale, la thèse la plus
communément admise voudrait que les deux Psousennès soient les fils de
Pinedjem II et de son époque Isetemkheb IV.
Toutefois, certains égyptologues considèrent que les deux souverains ne
seraient en fait qu’une seule et même personne. En effet, leurs noms de
Nesout Bity, Titkheperourê Setepenrê (ce qui signifie « l’image des
transformations de Râ, l’élu de Râ. ») et de Sa Râ, Pasebakhâenniout
Méryimen (« cette étoile apparue dans la ville, l’élu d’Amon. ») sont
identiques, et leur décès auraient eut lieu la même année.
A
noter que Psousennès est le nom grec qui fut donné à ces souverains.
Psousennès II, régnant au nord, eut deux filles. L’aînée, Maâtkarê,
épousa Osorkon I°
(fils du fondateur de la XXII° dynastie.), la seconde, Tanetsepeh,
épousa Chedsounéfertoum, grand prêtre de Ptah à Memphis.
Le grand prêtre de Ptah,
Chedsounéfertoum, fait une offrande aux dieux Ptah et Sekhmet, musée du
Louvre, Paris.
Les règnes de Psousennès II et Psousennès III, bien que s’étendant sur une
longue période, nous restent aujourd’hui très méconnus.
Psousennès II, décédant vers 945 avant Jésus Christ, fut inhumé dans la
nécropole de Tanis (la tombe ayant été vraisemblablement pillée, la momie de
ce souverain fut alors déplacée dans la sépulture de Psousennès I°.
Les archéologues y ont retrouvé une momie réduite à l’état de squelette (à
cause de l’humidité.), quelques vases canopes et serviteurs funéraires,
ainsi que quelques bijoux.
Psousennès III, quant à lui, mourut la même année que son frère (?), et sa
tombe ne fut pas retrouvée (ce qui semble logique si les deux souverains
n’étaient qu’une seule et même personne.).
A
noter que Psousennès II disparut sans laisser d’héritier mâle. C’est ainsi
que s’éteignit donc la XXI° dynastie.
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